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Transcender les voix du mal
(waswas)

 

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Par Maryam Szkudlarek

Les murmures du chaytan (sing.waswas pl.wasawis en arabe) peuvent devenir un vrai calvaire si l’on n’y met pas fin le plus rapidement possible. Beaucoup de musulmans pratiquants en souffrent de manière violente. En effet, le meilleur moyen de déstabiliser celui ou celle qui aime la religion et souhaite la pratiquer de la meilleure des manières est de constamment lui murmurer qu’elle n’a pas bien fait ce qu’elle souhaite tant faire. Il n’y a rien de plus déplorable pour iblis que de voir quelqu’un s’éloigner de lui et de ses soldats pour se rapprocher d’Allah, car il a promis qu’il passerait son temps à nous dérouter, nous faire douter, pour enfin, nous faire sortir de l’islam. Cependant, il est possible de se sortir de ce tourbillon de négativité et de souffrance. Ô combien de chouyoukh, chaykhate, Asatidha [1] et Ustadhate sont passés par là. Ce ne sont bien sûr pas des cas isolés, mais il faut reprendre le contrôle le plus vite possible.

« Les ‘oulema sont d’accord sur le fait qu’en cas de doute,
il est important de considérer que l’action a été faite quoi qu’il en soit. »

Les wasawis sont de différents types et tout le monde en a. Néanmoins, ceux qui dérangent le musulman dans ses ‘ibadate sont très courants parmi ceux qui se convertissent, souhaitent revenir à la pratique ou pratiquer plus. Malheureusement, chez certains, cet engrenage peut durer des années et violemment importuner. Tout d’abord, apprendre sa religion correctement avec une sanad [2] pour avoir une bonne connaissance de fiqh est primordial. Les ‘oulema sont d’accord sur le fait qu’en cas de doute, il est important de considérer que l’action a été faite quoi qu’il en soit. Ensuite, les awrad après le fajr et le maghrib sont une protection ainsi que les invocations avant de dormir, de sortir, d’aller aux toilettes, avant les rapports conjugaux, etc. Le verset du trône est à mémoriser absolument, car c’est celui qui est récité le plus dans la journée : après la prière (la récompense est le Paradis), en sortant (protection contre tout mal), avant de dormir (protection contre les djinn malfaisants), etc. Ce verset est extrêmement puissant contre les créatures malveillantes, c’est un cercle lumineux douloureux pour quiconque s’approche. Le Qur’an est bien entendu la lumière par excellence, la guérison et la protection ultime. Celui qui récite le Qur’an quotidiennement en voit les bénéfices, surtout avant la prière de l’aube ou juste après. La rouqia que l’on peut se faire, seul ou accompagné, est la suivante : réciter al-fatiha, ayatoul-koursi, les deux derniers versets de souratoul-baqara, souratoul-falaq et souratoun-nas régulièrement. Être en état de pureté le plus souvent possible et se coucher avec ses ablutions est également un moyen efficace pour se débarrasser des wasawis. Dans le madhhab chafi’i, il est sounna de se couvrir les cheveux aux toilettes, c’est une protection en plus contre le waswas. Bien sûr, répéter le nom d’Allah tout au long de la journée aide énormément : bismillah, a’oudhou billahi, etc.
Pour ceux qui font tout ce qui est au-dessus, mais ne voient pas de résultats ou très peu, il y a un autre travail à faire. En psychologie, il est dit aux personnes qui souffrent d’intenses émotions et/ou de réactions démesurées de reprogrammer leur système nerveux à l’aide de techniques particulières. Le cerveau s’est habitué à une certaine manière de faire et il n’en connaît pas d’autres, donc il a besoin de créer de nouvelles voies plus bénéfiques. En islam, c’est exactement ce que le Prophète nous a dit en ce qui concerne les wasawis : de se faire violence pour ne pas les écouter, encore et toujours, faire le contraire de ce qui est murmuré, ignorer jusqu’à ce que le cerveau s’habitue et ne fasse plus attention. Si cela perdure, il y a peut-être un travail plus profond à faire à l’aide d’un thérapeute ou d’un coach. De nombreux programmes, thérapies et cours en ligne proposent des solutions pour lutter contre l’anxiété et le stress. Respirer plus fort, faire attention à son souffle, aident à revenir au moment présent et à faire le changement adéquat. Avoir une bonne alimentation et une activité physique en plein air aident à avoir un certain contrôle sur son corps et son esprit. On a plus de force, de volonté et les idées plus claires. Apprendre à être présent lorsque l’on fait les ‘ibadate et toute activité de manière générale, aide à créer un nouveau comportement au lieu de reproduire ce que l’on fait machinalement depuis un certain temps. J’ai vu des toulaboul ‘ilm [3] se rendre malade à cause des wasawis : unetelle se lavait, se relavait et se relavait encore une fois le visage durant le woudhou, un autre posait des questions très poussées sur la propreté en fiqh sans jamais prendre en compte ce que le chaykh lui expliquait. Ce n’est ni aux murmures, ni au woudhou, ni à la prière ni même à la perfection que nous vouons un culte, mais à Allah. Ses commandements et la sounna du Prophète sont ce que nous devons suivre, pas notre nafs [4], ni le chaytan. À ce stade, il est aussi bénéfique de se détacher dans sa prière, de ne pas chercher la concentration à tout prix, ni la perfection, mais plutôt de laisser les choses venir, pour ne pas se stresser inutilement. En prenant un peu de recul, on peut repartir sur des bases plus saines.

Aidons-nous les uns les autres, et ne laissons pas les wasawis détruire notre vie. Les conséquences peuvent être désastreuses si l’on n’y remédie pas. Dans les cas les plus graves, les gens peuvent s’éloigner de nous, on peut également être constamment importuné dans ses cours, au travail, dans son mariage, sa vie sociale etc. Ce qui est sûr, c’est que lorsqu’on en sort, et que l’on reste vigilant, on atteint un autre niveau dans la pratique de la religion. C’est une autre dimension où le serviteur ressent une paix nouvelle, il est plus confiant et plus fort. Il est un roc et non plus un épi de blé, il savoure sa victoire et peut aider les autres.
 

Notes : 

 

[1] Pl. d’Ustadh (enseignant).
[2] Chaine ininterrompue qui remonte au Prophète . Vois l’article : L’apprentissage auprès d’un enseignant et l’importance de l’Isnad      
[3] Lit. Les chercheurs de la connaissance (les étudiants de la connaissance sacrée).
[4] Ego.