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Al-‘Uthaymin, Ibn Baz et Al-Albani attribuent la course à Allah

 


~ Collection : les erreurs dans la ‘Aqida ~

 

 

Al-‘Uthaimin, Ibn Baz et Al-Albani attribuent la course à Allah

 

 

 

Dans Fatawa al-Aqida, le ‘sheykh’ Salafi Muhammad ibn Salih ibn ‘Uthaymin (RA) est cité disant [1] :

وأي مانع يمنع من أن نؤمن بأن الله تعالى يأتي هرولة

« Qu’est-ce qui pourrait nous interdire de croire que Allâh effectue le jogging (courir) [harwala]? »

Et voici maintenant ce qu’on trouve directement du Comité Permanent des Recherches Scientifiques et de le fatwa du Royaume d’Arabie Saoudite (Ajnatud-Da’imah lil-Buhuthul `Ilmiyyah wal-Ifta) :

citation

فتاوى اللجنة الدائمة للبحوث العلمية والإفتاء ج3ص196 :
( س : هل لله صفة الهرولة ؟
ج : نعم ، على نحو ما جاء في الحديث القدسي الشريف على ما يليق به قال تعالى : إذا تقرب إليّ العبد شبرا تقربت إليه ذراعا وإذا تقرب إليّ ذراعا تقربت منه باعاً وإذا أتاني ماشياً أتيته هرولة . رواه البخاري وسلم ).

Traduction approximative :


Question :

Le jogging (Harwala) est-il un attribut d’Allah?

Réponse :

Oui, comme cela a été démontré dans le Hadith Qudsi al-Shareef … . « … et si il vient à Moi en marchant, je viendrais vers lui en courant. » Rapporté par al-Bukhari et Muslim [2].

Dans ses Fatawa, Ibn Baz cite le hadith et ajoute :  « Interpréter ces hadith métaphoriquement et éviter leurs significations littérales est la pratique de des hérétique Jahmiyyah et Mu’taziliyyah ». [3] Puis à la question : « Est-ce que la course est un attribut d’Allah? », il répond : « Oui, car il a été démontré dans le hadith divine sainte ….. « et si il vient à Moi en marchant, Je vais à lui en courant » (Boukhari et Mouslim).

Al-Albani est quant à lui très explicite sur ce point : « La course [Harwala] est un attribut d’Allah et aucune base ne permet de le nier ».  [5]

 

Commentaire :

De l’autre côté, les grands savants Sunnites comme At-Thirmidhi [6], Qatada [7], Ibn `Abd al-Salam [8], An-Nawawi [9], etc. ont interprétés Harwala comme signifiant la rapidité avec laquelle Allâh accorde Son pardon, Sa miséricorde et le Succès à Son serviteur.

Qu’Allâh nous accorde une compréhension saine et conforme au dogme authentique.

 

Notes :

[1] Dans Fatawa al-Aqida à la page 112
[2] Sahih Al-Bukhari, vol. 9, Book 93, Number 627
[3] Fatawa Ibn Baz, vol. 5, p. 374
[5] Fatawa Al-Albani, p. 506
[6] Dans ses Sunans
[7] Al-Bayhaqi, al-Asma’ wal-Sifat (Kawthari ed. p. 285-286; Hashidi ed. 2:51-54).
[8] Al-Ishara ila al-Ijaz (p. 106)
[9] An-Nawawi, Sharh Sahih Muslim (17:3-4).

Sheykh al Utheymin attribue la lassitude à Allâh


~ Collection : les erreurs dans la ‘Aqida ~

 

Rejeté-lassitude

 

 

 

 

Le Hadith concerné : « Allâh ne se lasse pas jusqu’à ce que vous vous lassez »

 

Bismillâhi ar-Rahmani ar-Rahim,

As-salamou ‘alaykoum wa rahmatûllah wa barakatuhu,

Allâh dit : « Allâh, point de divinité à part Lui, le Vivant, Celui Qui Subsiste par Lui-même. Ni sommeil et ni somnolence ne Le saisissent ». [1]

Comme nous le savons, un groupe de Musulman se réclame successeur des Salafs (les Pieux Prédécesseurs), ça c’est la théorie. Or dans les faits, on constate très souvent que les gens qui appartiennent à ce groupe ont des positions bien éloignées de celles des Salafs us-Salih et de leurs successeurs.

Un des exemples, ils n’hésitent pas à attribuer à Allâh la lassitude (astarfighoullâh.)

Le ‘théologien’ Salafi sheykh al-`Utheymin a déclaré [2] :

وهذا الملل الذي يفهم من ظاهر الحديث أن الله يتصف به ، ليس كمللنا نحن ، لأن مللنا نحن ملل تعب وكسل ، وأما ملل الله عز وجل فإنه صفة يختص به جل وعلا ، والله سبحانه وتعالى لا يلحقه تعب ولا يلحقه كسل ، قال تعالى : ( وَلَقَدْ خَلَقْنَا السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْضَ وَمَا بَيْنَهُمَا فِي سِتَّةِ أَيَّامٍ وَمَا مَسَّنَا مِنْ لُغُوبٍ ) (قّ:38) هذه السماوات العظيمة والأرض وما بينهما خلقها الله تعالى في ستة أيام : الأحد والاثنين والثلاثاء والأربعاء والخميس والجمعة ، قال (وَمَا مَسَّنَا مِنْ لُغُوبٍ ) يعني ما تعبنا بخلقها في هذه المدة الوجيزة مع عظمها

Traduction approximative :

« Cette malal [littéralement : lassitude] qui est comprise comme étant un attribut d’Allah selon le sens littéral/apparent de la narration, ne ressemble pas à notre lassitude, car notre lassitude constitue de la fatigue et de la paresse. Quant à la lassitude  d’Allah, le Puissant et Exalté, il s’agit d’un Attribut spécial du Tout Puissant et Très Haut, et Allah (swt) n’est ni attribué de la fatigue, ni de la paresse … »

On voit que al-‘Utheymin joue sur les mots (Allâh a une lassitude, mais c’est pas tout à fait une lassitude…) car il est pris en tenaille entre la méthodologie Salafi qui consiste à affirmer le sens littéral strict et la conséquence de cette méthodologie qui revient à attribuer l’imperfection à Allâh puisque la lassitude est caractéristique propre aux créatures impliquant la fatigue, l’épuisement, la paresse, etc.

Sheykh Ibn Baz [rahimahou Allâh] tenait le même discours (que al-‘Utheymine) et il allait encore plus loin allant jusqu’à déclarer qu’on peut attribuer à Allâh le bassin (la taille, c-à-d l’endroit où on attache son pantalon) ou les lombes (région dorsale), pourvue qu’un hadith authentique existe à ce sujet !


D’un autre côté, voici ce qu’en dise les grands Imams Sunnites :

– L’Imam du Salaf (Pieux Prédécesseurs), At-Tahawiyy [radhia Allâhou ‘anhou] a dit dans son célèbre ouvrage « Mouchkil al-Athar » [3] : « Notre réponse et qu’il est exclu d’attribuer la lassitude à Allâh »

Dans cet ouvrage, l’imam At-Tahawiyy explique en outre qu’il est impossible d’attribuer à Allah la lassitude et car c’est une qualité humaine (liée à la fatigue, à l’épuisement, au découragement) et jamais un attribut d’Allâh. Il faut donc prendre le hadith dans son sens métaphorique et jamais dans son sens littéral comme le font les Wahhabiyy.

– L’imam Ibn ‘Abd al Barr [rahimahou Allâh] a dit : « Cela veut dire que celui qui se lasse et arrête d’œuvrer, la rétribution cesse alors à son encontre. Et il est connu qu’Allâh ne Se Lasse pas, que les gens se lassent ou pas, et que la lassitude ne peut Le concerner vis-à-vis de quoi que ce soit (qu’Il soit exempté de cela et exalté par une immense exaltation !), mais l’expression du hadîth est venue selon ce qui est habituel dans la langue des Arabes, car quand ils mettent un terme en face d’un autre terme, en réponse ou en récompense à ce terme, ils le mentionnent par le même terme, même s’il diffère de lui dans le sens ». [4]

Ibn al-Qayyim a dit dans Al-Wâbil Al-Sayyib : « Et Il n’éprouve aucune lassitude devant l’insistance des gens qui l’Implorent pour leurs nécessités ».

 

Enfin, dans ce genre de cas, le mieux c’est encore de réfuter directement par la Parole d’Allâh :

« Nous avons créé les Cieux, la Terre et les espaces interstellaires en six jours, sans avoir ressenti la moindre lassitude. » [5]

Qu’Allâh nous préserve de l’usurpation, de l’égarement et des faux semblants.

Wa Allâhou a’alam,

 

Notes :

[1] Qour’an 2 / 255

[2] Source : http://binothaimeen.net/all/books/article_18024.shtml

[3] « Mouchkil al-Athar », tome 2, page 142

[4] Dans Al-Istidhkâr (5/213) –

Explication : « Cela veut dire que les Arabes utilisent parfois le même terme dans la même phrase pour les besoins de l’éloquence sans que ce même terme utilisé ait pour autant le même sens. Ici, dans le hadîth cité, le mot « malal – lassitude » est utilisé deux fois dans la même phrases, mais pas dans le même sens : le premier terme « mala » est utilisé au sens réel pour les humains, et le second est utilisé au sens métaphorique (majaz) qui sied à la Magnificence d’Allâh. Nous voyons ici la différence entre les wahhabites qui attribuent à Allâh la  » lassitude  » et l’Imâm Ibn ‘Abd Il Barr qui exalte Allâh de cela, et ainsi on voit qu’il a la même position que l’ensemble des Sunnites, et que les wahhabites sont vraiment marginaux en attribuant à Allâh de tels attributs d’imperfection ! Oseront-ils qualifier l’Imâm Ibn ‘Abd Il Barr de négateur (mu’âtil) comme ils le font avec les autres Ash’arites pour avoir fait le ta’wîl de la lassitude dans ce hadîth ?! » (Razes10 d’Aslama.com)

[5] Qour’an 50 / 38

Les Salafis

 

Le Défi Lancé Aux Salafis

 

– Le mythe Salafi de l’avis unique selon le Qour’an et la Sunnah –

 

 

Les Salafis attaquent le suivi des 4 écoles (Malikite, Shafé’ite, Hanbalite et Hanafite) en prétendant qu’il est préférable de suivre « le Qour’an et la Sunnah », comme si les 4 écoles étaient basées sur autre chose que sur le Qour’an et la Sunnah et comme s’il n’existait finalement sur chaque question qu’un seul avis qu’eux seuls détiendraient. Les Salafis ont ainsi trompés les Musulmans en créant l’illusion qu’ils seraient les dépositaires de LA compréhension unique et authentique du Qour’an et de la Sunnah. Derrière les slogans aguicheurs, que se cache-t-il réellement et sont-ils capables d’apporter les preuves de leurs allégations?

 

Les 4 écoles sont en vérité les écoles des Sahabas, elles découlent directement de leur compréhension et de leurs enseignements. Suivre les 4 écoles, c’est suivre le Qour’an et la Sunnah.

Les Salafis prétendent par leur méthodologie unir la Ummah sur un avis unique, supprimant au passage toute possibilité de divergence. En réalité, il ne s’agit que d’un leurre, car lorsqu’on y regarde de plus près, les Salafis ne sont pas un groupe uni, au contraire, ils sont divisés en sept sectes différentes (au minimum).

 

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Photo de la couverture de l’article

 

Dans une fatwa nommée « La prédication Salafis en désordre » [1], Al-Albani reconnait lui-même que la da’awa Salafi est désunie, divisée en groupes et factions, qu’elle est en désordre et part à la dérive à cause du grand nombre de membres qui malgré leur ignorance, se lancent dans la fatwa et se permettent de déclarer halal ou haram telle ou telle chose. Il y a là le triple aveux de la division, de la désunion et de l’ignorance.

Un autre sheykh Salafi nommé Zubair ‘Ali Zai, qui est très connu au Pakistan, a déclaré que rien qu’au Pakistan il existe au moins huit groupes différents de Salafis avec de nombreuses différences et divergences.

Tous ces groupes donnent des avis très différents et se combattent les uns et les autres, car bien entendu chacun se pense mieux guidé que l’autre et n’accepte pas qu’on le contredise ou qu’on puisse être en désaccord avec lui.

Rien que si vous prenez les avis des trois principales références de la da’awah Salafiyya, à savoir al-Albani, Ibn Uthaymeen and Ibn Baz, vous constaterez les innombrables divergences qui existent entre eux, à tel point que même dans la ‘Aqidah ils ne sont pas d’accord. Ceci  amena les Salafis à essayer de trouver quelle méthodologie pourrait bien mettre tout le monde d’accord, ce qui engendra encore davantage d’avis et donc de divergences.

Vous pouvez trouver quelques-unes de ces divergences dans un livre écrit par Sa’d ibn Abdillâh al-Buraykqui nommé « al-Ijaz fi ba’dh ma Ikhtalafa fihi al-Albani wa ibn Uthaymin wa ibn Baz » qui compte deux volumes et pas moins de 1222 pages! Et il ne s’agit là que d’un abrégé. Imaginez si on se mettait à écrire un livre exposant ce sur quoi chaque prédicateur Salafi a divergé… assurément, il faudrait une bibliothèque entière pour contenir toutes ces divergences.

 

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Couverture de « Al-Ijaz fima Ikhtalaf fihi al-Albani wa ibn Uthaymin wa ibn Baz »

 

Imaginez, ces trois références Salafis sont incapables de se mettre d’accord en termes de ‘Aqida, comme c’est rapporté dans le 3ème chapitre de l’ouvrage [2] qui expose quelques-unes de leurs divergences en la matière. De l’autre côté, les 4 écoles (Malikite, Shaféite, Hanafite et Hanbalite) n’ont aucune divergence en matière de ‘Aqida! Les savants des 4 écoles sont tous Ash’arites ou Maturidites, les deux écoles de Croyance d’Ahl as-Sunnah wa-l Jama’a, issues directement des Salafs as-Salihin et tous possèdent la même Croyance. Les seules divergences qui existent au sein de ces deux écoles sont minimes et uniquement sémantiques [3]. Les Salafis eux divergent sur le cœur même de la ‘Aqida. Qu’Allâh nous préserve d’un tel bricolage scientifique.

On a donc d’un côté des milliers et milliers de savants des 4 écoles qui sont en accord sur la ‘Aqida et possèdent la même Croyance sur plus de 1000 années et de l’autre à peine une dizaine de savants contemporains incapables de se mettre d’accord sur ce qu’est la Croyance Musulmane. On voit là de manière flagrante l’amateurisme et les limites de la méthodologie Salafi.

Au lieu d’importuner la Ummah en faisant la promotion d’une pseudo unification d’interprétation du Qour’an et de la Sunnah, les Salafis devraient en premier lieu s’occuper de donner ce conseil à leurs propres savants afin qu’ils commencent à se mettre d’accord entre eux sur leur croyance.

Al-HamduliLlâh, Ahl as-Sunnah wa-l Jama’a est préservé d’une telle errance dans la ‘Aqida.

Il est normal qu’il y ait des divergences dans le Fiqh, on retrouve d’ailleurs ces divergences saines au sein des 4 écoles, chacune pouvant avoir plusieurs avis sur une même question. Mais en terme de ‘Aqida, c’est tout simplement inconcevable et inacceptable.

Ces gens clament haut et fort suivre une seule et unique interprétation du Qour’an et de la Sunnah alors même que leurs savants sont incapables de se mettre d’accord sur une interprétation unifiée du Qour’an et de la Sunnah. C’est pourtant cette divergence qu’ils reprochent aux 4 écoles. La différence, c’est que les 4 écoles viennent directement de la compréhension et de l’enseignement des Sahabas, qu’elles ont directement été élaborées par des Salafs et que le travail considérable qui y a été effectué a ensuite été complété et affiné par des milliers de grands savants de ces écoles. De l’autre côté, la da’awah Salafi est constituée d’une petite poignée de savants contemporains, tristement connus pour ne pas rapporter leur science par chaine de transmission et qui se sont mis en marge de la Ummah tant dans sur la Croyance (‘Aqida) que dans la Jurisprudence (Fiqh) ou dans le rejet des sciences de la Tazkiyya (Purification).

 

Nous lançons maintenant un défi à ceux qui se réclament Salafis :

Conformément à vos prétentions, présentez-nous UNE SEULE ET UNIQUE interprétation du Qur’an et de la Sunnah sur laquelle vos savants soient en accord! On ne vous demande pas que cette interprétation soit celle de la Ummah entière, juste celle de vos savants de référence. C’est un défi vraiment simple pour un groupe minoritaire tel que le vôtre. Dépêchez-vous de relever ce défi, car al-Qiyamah (le Jour du Jugement) arrive à grand pas et vous n’aurez toujours pas relevé ce défi, inshaa Allâh.

 

Nous espérons que ceci suffira à éclairer les esprits et à réveiller les frères et sœurs endormis par le discours de la da’awah Salafiyya.

Nous espérons que vous aurez compris que les slogans tels que « akhy, akhy, il faut uniquement suivre le Qour’an et la Sunnah » ne sont que des mots et ne reflètent aucune réalité.

Qu’Allâh nous sauve de cette fitna
Qu’Allâh nous fortifie dans le suivi des grandes écoles
Qu’Allâh nous maintienne dans notre attachement à nos ainés bien guidés

 

PS : L’article est désormais également dispo en vidéo sur notre chaîne YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=NLFBdfFqtv0

 

Notes :

Basé sur un travail de Sheykh Muhammad Yasir Al-Hanafi

[1] « The Salafi Da’wah is now in disarray », article de 5 pages écrit par Sheykh Nasir ad-Din al-Albani
[2] Page 53 du livre.
[3] Sémantique : Qui concerne le sens des mots.

Falsifications et manipulations des avis d’Ibn Taymiyya et d’Ibn Kathir concernant le Mawlid

 

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Voici une démonstration de la manière dont certains falsifient ou manipulent les avis de grands savants afin de faire croire aux Musulmans que ces sommités en Sciences Islamiques partagent les mêmes avis marginaux qu’eux-mêmes.

Dans le cas présent, nous allons voir que sheykh al-‘Utheymin rahimahullaah.gif omet de diffuser l’ensemble des avis d’ibnou Taymiyya concernant le Mawlid et également comment l’Imam Ibnou Kathir est utilisé à tort par sheykh Al-Fawzan pour soutenir l’avis de l’interdiction du Mawlid an-Nabawi. 

 

Quand on cherche sur le web des avis concernant Al-Mawlid, on a de grandes chances de tomber sur un des nombreux sites wahhabis dont le net francophone pullule. Parmi ceux-là vous trouverez une fatwa de sheykh al-‘Utheymin tirée de al-dhiyâ’ ul-Lami’ou minal-Khotbi al-djawâmi’ (page 36).

Dans ce texte visant à démontrer l’invalidité du Mawlid, le sheykh nous cite l’avis d’Ibnou Taymiyya (RA) sur cette question.

 

Voici ce qui est cité de lui dans cette fatawa :

« Le Sheikh al-Islâm Ibn Taymiyya (qu’Allah lui fasse miséricorde) a dit dans son ouvrage intitulé :  » Iqtidâ As-Sirâte Al Mustaqîm : Mukhâlafatu Ashâb Al Jahîm » :

« L’institution, par certains, d’une fête commémorant la naissance du Prophète malgré les divergences existant quant à sa date exacte -et qui vise, soit à ressembler aux chrétiens dans leur commémoration de la naissance de ’Îssa (‘alayhi salam), soit à exprimer leur amour et leur vénération pour le Prophète SAW – n’était pas pratiquée par les anciens bien qu’ils aient eu raisons de le faire et que rien ne les en empêchait.

Et si une telle démarche comportait un bien, qu’il soit absolu ou même prépondérant, ces derniers seraient plus en droit de l’appliquer que nous. L’amour et la vénération qu’ils avaient à l’égard du Prophète SAW étaient en effet bien plus intense que les nôtres et ils étaient on ne peut plus soucieux que nous de pratiquer le bien. Leur amour et leur vénération s’exprimaient donc uniquement dans leur mise en conformité avec la voie du Prophète, l’obéissance qu’ils lui vouaient, l’application de ses commandements, la revivification tant dans la forme que dans le fond- de sa Sunna, la propagation [du message] avec lequel il fut dépêché et enfin dans tous les efforts qu’ils déployèrent dans leur coeur, par leur langue ou par les actes- dans cette voie. Or, force est de constater que la plupart de ces personnes soucieuses de pratiquer de telles innovations sont dans une totale léthargie lorsqu’il s’agit d’œuvrer là où l’ordre du Prophète SAW leur est parvenu. On ne peut que les comparer à ceux qui ornent et embellissent le Coran sans le lire ou encore à ceux qui le lisent sans l’appliquer. »

Voici le scan de cette fatwa de sheykh al-‘Utheymin :

 

Outheymin_Mawlid

 

Cependant, il existe un autre avis d’Ibnou Taymiyya rapporté dans son encyclopédie de Fatawa (Majma’ Fatawi Ibn Taymiyya) Vol. 23, p. 163 dans lequel il déclare : « fa-t’adheem al-Mawlid wat-tikhaadhuhu mawsiman qad yaf’alahu ba’ad an-naasi wa yakunu lahu feehi ajra `adheem lihusni qasdihi t’adheemihi li-Rasulillahi, salla-Allahu `alayhi wa sallam » .

C’est-à-dire :

« Célébrer et honorer la naissance du Prophète (salallâhou ‘alayhi wassalaam) et en faire un moment exceptionnel, comme le font certains, est une bonne chose en laquelle réside une grande récompense, à cause de la bonne intention d’honorer le Prophète ».

L’avis du Sheykh Ibn Taymiyya semble donc bien plus nuancé que ce qui est rapporté dans la Fatwa de Sheykh ‘Utheymin.

Voici le scan des propos tenus par sheykh Ibn Taymiyya :

 

Ibn_Taymiyya_Mawlid

Voyons maintenant le cas d’Ibnou Kathir, le grand exégète, l’un des élèves les plus connus d’Ibnou Taymiyya :

Dans une de ces fatwas attaquant le Mawlid, sheykh al-Fawzan utilise une citation tirée d’un livre d’Ibnou Kathir.

Sheykh Fawzan commence en disant :

« Ces différentes manières de célébrer l’événement ont en commun leur caractère d’innovation prohibée inventée par les fatimides après les trois meilleurs siècles (de l’Islam) … »

Il cite ensuite plusieurs paroles de savants dont celle d’Al-Hafidh ibnou Kathir disant à propos de la biographie d’Abou Said Kazkabouri : « Il organisait une grande cérémonie au mois de Rabi I à l’occasion de l’anniversaire de la naissance du Prophète. Al-Bast a dit : un des participants à l’une des cérémonies organisées par al-Moudhaffar m’a raconté que ce dernier faisait étaler sur une nappe 5 000 (moutons), méchoui, 10 000 poulets, 100 000 coupes à crèmes, 30 plats de gâteaux […]. Il organisait un concert (religieux) pour les soufis et dansait avec eux du début de l’après-midi jusqu’à l’aube ». [al-bidaya wa an-nihaya (13/137)]

Puis sheykh Al-Fawzan conclue en déclarant :

« Voilà la genèse de la célébration de l’anniversaire de la naissance (du Prophète). Elle date d’une époque récente et fut accompagnée de manifestations de divertissement, d’excès, de gaspillage des biens et du temps, le tout fondé sur une innovation qu’aucun argument tiré de la révélation d’Allah ne permet de soutenir. Il convient au musulman de s’employer à faire vivre les pratiques enseignées par la Sunna et à faire disparaître les innovations et de n’engager aucune action avant de connaître le jugement d’Allah à son propos ».

En citant ici cette parole issue d’un ouvrage d’Ibnou Kathir, Sheykh Al-Fawzan décrit le Mawlid comme une gigantesque fête blâmable, constituée de gaspillages, de chants et de danses.

Lorsque des actes non conformes avec la Shari’ah sont constatés lors d’un événement, il est normalement plus logique de condamner ces actes plutôt que d’interdire l’événement. Il suffit de regarder comment se déroulent aujourd’hui certains mariages Musulmans, dans lesquels on trouve de la musique de discothèque, de la mixité, des danseuses du ventre, de l’alcool, etc. Pour autant, il serait absurde d’interdire aux gens de se marier à cause des excès commis par certains. Le travail du savant consiste plutôt à expliquer les erreurs commises et les actes à proscrire lors d’un tel événement.

De plus, les chiffres évoqués plus haut ne peuvent lui permettre de parler de gaspillage, sans savoir le nombre de personnes présentes.

La quantité est fonction des personnes présentes. Par conséquent, si la quantité dépasse de beaucoup le besoin de restaurer tout le monde, on peut parler de gaspillage, mais sans avoir de détails précis, cela reste de la pure spéculation de la part de sheykh Al-Fawzan. Le principe en Islam est d’accorder la bonne opinion à autrui et penser le bien implique ici qu’on imagine que ce qui est cité plus haut était en prévu en fonction des besoins nécessaires permettant insha Allâh de restaurer tout le monde. Il faut également rappeler que nourrir les gens, y compris les pauvres qui n’ont pas beaucoup l’occasion de manger de la viande, est quelque chose de louable. En effet, notre religion incite à « It’âme al ta’âme« , c’est-à-dire faire preuve de générosité en nourrissant quelqu’un, en partageant son repas, en offrant le couvert à des amis ou à des pauvres, etc.

Selon ‘Abd-Allâh ibn ‘Amr : Un homme ayant demandé au Messager d’Allâh (salallâhou ‘alayhi wassalaam) quel était le meilleur Islam ? Celui-ci répondit : « Donne à manger et salue ceux que tu connais et ceux que tu ne connais pas ». [Hadith rapporté par Mouslim].

Idem concernant les « chants Soufis », que peut-il donc reprocher alors qu’il ignore de quels chants il est question ainsi que le détail des paroles. Peut-il dire si elles comportaient ou pas quelque chose de blâmable alors que tout cela n’est pas évoqué dans la citation d’Ibn Kathir? Là encore lorsque l’on regarde attentivement les critiques d’Al-Fawzan, on se rend compte que ce ne sont que des conjectures or l’Islam a interdit les conjectures.

Allâh n’a-t-Il pas dit : « Ô vous qui avez cru ! Évitez de trop conjecturer (sur autrui) car une partie des conjectures est péché. » [Coran – Sourate 49, verset 12]

De même, Abû Hurayra (RA) a rapporté que l’envoyé d’Allâh  a dit : « Évitez de conjecturer sur autrui, car la conjecture est la plus mensongère des paroles. […] ». [Hadith rapporté par l’Imam Boukhari]

On peut également noter qu’Al-Fawzan oublie de mentionner le fait que non seulement l’Imam Ibnou Kathir ne condamne pas le Mawlid, mais qu’en plus il y est favorable. Il a d’ailleurs écrit tout un ouvrage dans lequel il démontre que c’est un acte de bien.

Celui qui a atteint le rang d’Amir al-Mu’minin dans le hadith, Ibn Hajar al-‘Asqalani rahimahullaah.gif rapporte que l’Imam Ibn Kathir le célèbre Mufassir rédigea un livre sur le Mawlid qu’il nomma : Dhikra Mawlid Rassul Allâh lors du dernier jour de sa vie. Le hafidh Ibn Hajar dit : « Il le traita en long et en large ». Ceci se trouve dans son livre Durar al Kamina fi al-Mi’at al-Thamina.

Voici le scan du livre écrit par l’Imam Ibnou Kathir :

 

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Au passage, il s’agit là également d’une preuve que ces deux grands Imams (ibn Taymiyya et Ibn Kathir) ne classaient pas comme « mauvaises » toutes les innovations (bida’a) dans la religion, ce qui est la position majoritaire des savants sur cette question.

 

Tout ceci démontre à quel point il faut être vigilant, car il arrive malheureusement que des gens se trompent ou ou manipulent quelque peu les textes dans le but de faire pencher l’opinion du lecteur dans un sens ou dans l’autre.

Qu’Allâh nous pardonne et nous préserve de l’erreur et de l’égarement.

 

Notes :

Article réalisé en collaboration avec Aslama.com

A lire sur le sujet : L’avis des savants Sunnites sur la commémoration de la naissance du Prophète Muhammad [Al-Mawlid]