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L’euthanasie de l’animal non comestible malade ou gravement blessé

 

 

 

« Le Miséricordieux fait miséricorde à celui qui fait preuve de miséricorde. Donc, faites miséricorde à toutes créatures sur terre pour que Celui qui est au ciel vous fasse miséricorde  »  [1]

 

Concernant l’école Malikite, l’Imām Ahmad ibn Ahmad ad-Dardīr al-Malīkī رحمه الله a dit :

« (en Islam) Il est permis d’abattre (euthanasie) un âne ou une mule si l’on perd l’espoir dans son rétablissement (en raison de sa maladie), il est plutôt recommandé de mettre fin à sa souffrance » [2]

Cet avis de l’école Malikite est également celui de l’école Hanafite.

Ainsi, l’Imam Hanafite Haskafi رحمه الله a déclaré :

« Il est permis d’abattre un chat ou un chien pour un bénéfice. Et il est meilleur d’abattre un chien s’il est proche de la mort. » Et l’Imam Ibn Abidin رحمه الله commente : « … car en abattant le chien, on le soulage de la douleur. Tahtawi a dit que cette règle ne se restreint pas au chien. » [3] De même, on peut trouver dans Al-Fatawa al-Hindiyya la déclaration suivante : « Si un âne devient malade de telle sorte qu’on ne peut plus en tirer bénéfice, alors il n’y a rien de mal à l’abattre pour mettre un terme à ses souffrances. » [4]

A contrario, comme l’a déclaré Sheykh Musa Furber, dans les écoles Shafé’ites et Hanbalites, les shuyukh recommandent plutôt de réconforter l’animal autant que possible et de continuer à prendre soin de lui dans l’espoir d’une guérison ou pour lui faciliter le décès. Mais cela peut s’avérer pénible, surtout si les vétérinaires estiment que c’est sans espoir et que l’animal souffre. L’euthanasie n’est donc pas une option dans ces deux écoles-ci, pour les animaux non comestibles.

Cela est cependant une option légale selon le mu’tamad du madhhab Maliki et selon l’école Hanafite. Les divergences légitimes et respectables entre les savants représentent une véritable miséricorde – pas seulement pour l’humanité, mais également pour toute la création d’Allâh (Subhanahu wa Ta’ala).

 

Notes :

[1]  Hadith Sahih, rapporté par Boukhâriyy
[2] Sharh Mukhtasar al-Khalil avec Hashiyah par l’Imam Muhammad ibn Ahmad ad-Dasuqi 2/108
[3] Radd al-Muhtar ala ’l-Durr al-Mukhtar 6/474, Kitab al-Sayd
[4] Al-Fatawa al-Hindiyya 5/361

LES ATTENTATS DE PARIS

 

MESSAGE DE SHEYKHUNA FARAZ RABBANI

 

 

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« Suite à ces attaques tragiques qui se dont déroulées à Paris et durant lesquelles de nombreuses personnes ont été tuées, beaucoup de Musulmans se sentent bouleversés.

Le croyant est celui est qui est peiné lorsque des gens sont tués. Il est normal de ressentir cette peine, cette tristesse et cette indignation face à ce mal. Nous devons prier pour les familles de ceux qui sont décédés et prier pour la sécurité et le bien.

Bien que tristes, n’oubliez pas que vous n’êtes pas responsables de ce qui s’est passé. L’avez-vous fait? Supportez-vous cela? Êtes-vous d’accord avec cela? Aucun d’entre nous supporte ou cautionne cela. Nous savons tous que ça n’a aucun rapport avec l’exemple du bien aimé, le Prophète Muhammad (salallâhu ‘alayhi wassalaam) qui faisait preuve du meilleur comportement. Donc en tant que Musulmans ne vous sentez pas embarrassés, cela n’a rien à voir avec vous et cela n’a rien avoir avec votre Foi, votre Religion ou votre Prophète.

Mais nous avons aussi une responsabilité, nous sommes une communauté qui appelle au bien et interdit le mal, donc quand nous voyons tant de laideur répandue au nom de notre religion, qui se retrouve travestie, et que l’horreur est commise au nom de notre Prophète, nous devons réaliser que nous avons une responsabilité collective. Par conséquent, au lieu de rester assis et de regarder les news pendant des heures, réfléchissez à la manière dont vous pouvez agir pour apporter le bien. Certains, dans notre communauté, ont une compréhension laide de notre religion et cela affecte notre jeunesse et cela en conduit quelques-uns à embrasser des chemins erronés. Nous ne sommes pas responsables de leur mauvaise compréhension car cela n’a rien à voir avec notre Religion, mais nous sommes responsables de la manière dont nous pouvons répondre à cela.

A la dureté, nous devons répondre par la compassion, à la laideur, nous devons répondre par la beauté, à l’obscurité, nous devons répondre par la lumière. Chacun doit se poser la question : « que fais-je pour répandre ce chemin de lumière, de miséricorde, de bonté? ». Nous devons nous questionner : « combien d’heures avons-nous dépensé pour servir le bien et appeler les gens à ce chemin de beauté, de vertu et de miséricorde? Chacun doit se poser ces questions et réfléchir. Il y a certes des gens qui font des dégâts partout dans le monde, mais nous sommes beaucoup à faire des dégâts autour de nous, dans nos propres mariages, dans nos propres familles, sur nos propres enfants, sur nos propres parents, dans notre propre communauté, dans nos relations avec autrui.

Nous avons besoin de guérir et d’être acteur de cette guérison. Lorsque nous voyons ce type d’horreur, nous devons prendre conscience qu’il est urgent que nous soyons chacun des ambassadeurs du bien. Connectez-vous au savoir, connectez-vous à la spiritualité, connectez-vous à la serviabilité et devenez profitables aux autres. Devenez un agent du bien. Lorsque vous voyez des choses comme celles-ci, prenez conscience de l’urgence qu’il y a à s’engager dans cette voie. Et si vous n’êtes pas capable de le faire vous-même, supportez activement ceux qui le font (temps, argent, compétences…).

Qu’Allâh nous aide à répandre le bien car c’est là le chemin de notre bien aimé Messager (salallâhu ‘alayhi wassalaam) et n’ayez aucun doute à ce sujet. »

[Résumé d’une vidéo postée le 14/11/15 par le Sheykh – qu’Allâh le préserve]

 

Les versets du Coran qui
commandent de tuer

[Réponse aux extrémistes et aux Islamophobes]

Par le Mufti  Siraj Desai

 


 

 

Question :

 

J’ai récemment participé à une discussion religieuse au travail avec un de mes collègues Chrétiens et il m’a demandé de lui expliquer un verset du Coran avec lequel il semblait avoir un problème. Il s’agit des versets 89-90 de la 4ème Sourate, dans lesquels Allâh ordonne aux musulmans à deux occasions différentes de tuer les non-croyants. Je lui ai dit que comme je n’étais pas un expert dans l’explication du Coran, j’allais me renseigner auprès de mes respectés Savants et que je reviendrai ensuite vers lui au sujet de ces versets. S’il vous plait, le Mufti Saheb peut-il m’expliquer et me donner un commentaire (tafsir) détaillé de ces versets afin que je puisse répondre à mon collègue non-Musulman de la manière la plus correcte? Pouvez-vous s’il vous plaît me donner aussi d’autres versets du Coran dans lesquels Allâh ordonne que les non-croyants soient bien traités?


Réponse :

 

A : Explication des versets 89 et 90 de Sourate 4 (An-Nisaa)
Commençons par une traduction littérale de ces versets :

4.89 : « Ils voudraient qu’à leur instar vous sombriez dans la mécréance afin que vous en soyez au même point (sawâ’) qu’eux. Ne les prenez pas pour alliés tant qu’ils n’auront pas émigré pour la cause de Dieu et s’ils se détournent, emparez-vous d’eux et tuez-les où que vous les trouviez. Et ne les prenez ni pour alliés ni pour partisans ! »

4.90 : « [tuez-les où que vous les trouviez] à l’exception de ceux qui visitent une tribu (qawn) à laquelle vous êtes liés par un traité ou de ceux qui viennent vous trouver le cœur serré à l’idée de vous combattre ou de combattre leur tribu ; si Dieu l’avait voulu, Il les aurait rendus maîtres de vous et ils vous auraient combattus. Aussi, s’ils vous évitent, ne vous combattent pas et vous offrent leur soumission, Dieu ne vous permet pas de leur témoigner de l’hostilité. »

A partir de cette traduction littérale et d’une lecture réfléchie des versets cités ci-dessus, il apparait clairement que l’ordre de tuer est contraint et conditionné à certaines circonstances particulières. Normalement, les versets du Coran doivent être compris dans un certain contexte. Lu hors de ce contexte, le sens est alors faussé. Les Chrétiens ainsi que d’autres antagonistes de l’Islam interprètent le Coran de manière erronée et déformée, car ils ignorent le contexte des versets et ils le font soit par négligence pure, soit par dissimulation délibérée. Par contexte, nous entendons le sens commun dérivé d’un groupe de versets. Au lieu de prendre un verset et de le citer hors contexte, la procédure correcte consiste à examiner les versets se trouvant avant et après dans le but d’obtenir une signification correcte de ce que dit réellement le Coran. En second lieu, pour comprendre certains versets complexes, il est nécessaire que le lecteur recoure à des commentaires officiels et authentiques du Coran.
Nos amis non-Musulmans doivent aussi réaliser que le Saint Coran contient des principes fondamentaux et généraux sur la façon de gouverner, le culte, les transactions et ainsi de suite. Mais les détails sont fournis par les hadiths du Prophète Muhammad ﷺ. La raison de cette diversification est de veiller à ce que la nation Musulmane ne se limite pas au Saint Coran pour être guidée, mais intègre également les Hadith (ou traditions du Prophète). Ainsi, le Prophète Muhammad devient une figure de proue majeure dans l’Islam et une personnalité qui doit être vénérée.
La parole du Prophète Muhammad (c.-à-d. ses Traditions [Hadith]) a été tenue à l’écart et séparée de la Parole de Dieu (c.-à-d. Le Coran) afin de mettre en évidence la grande différence entre la Parole Pure de Dieu et la parole de l’homme, contrairement à la Bible qui contient un mélange de la Parole de Dieu et de la parole de l’Homme. Finalement, il devient difficile de faire la différence. Le système Islamique a protégé les Musulmans afin qu’ils ne tombent pas dans le même piège.
Dans les versets se trouvant ci-dessus, il y a plusieurs indicateurs qui montrent clairement le contexte et l’application du sens transmis. L’explication qui suit va éclairer ce fait :
1. Ces versets ont été révélés à Médine, après que le Messager d’Allâh ait posé les fondations du nouvel Etat Musulman. C’est dans le contexte de ce jeune État Islamique (NDT : ici on parle d’un vrai Etat et non d’un groupuscule de barbares sanguinaires ayant usurpé cette appellation) que les versets ci-dessus ont été révélés. Par conséquent, le premier principe qui apparait est que ces versets sont adressés à l’Etat Islamique et non à des Musulmans individuels. Toute personne intelligente comprendra que le pouvoir donné à un Etat ou à l’administration est beaucoup plus ferme, global et étendu que celui dont jouit un individu. Cependant, même dans ces règles, l’Etat Islamique n’a pas reçu carte blanche pour tuer les non-croyants selon ses quatre volontés, comme cela sera ensuite expliqué.
2. La partie « tant qu’ils n’auront pas émigré pour la cause de Dieu » nous donne une autre indication de l’application de ce verset. Le verset ne peut pas se référer à des non-Musulmans car la migration dans le sentier d’Allâh n’est pas un acte que peuvent faire les mécréants ou les non-Musulmans. Nulle part dans le Saint Coran il est demandé aux non-Musulmans d’émigrer ou de quitter leur ville natale pour le bien de l’Islam. Il est donc évident que « tant qu’ils n’auront pas émigré pour la cause de Dieu » fait référence à des gens qui prétendent être Musulmans. Ceci fait référence aux hypocrites, c’est-à-dire les gens qui proclamaient extérieurement être Musulmans, mais qui intérieurement ne l’étaient pas. Ils étaient parmi la communauté Musulmane des imposteurs et des espions, présents pour semer la zizanie et créer des conflits. Ces traîtres se sont également rendus coupables d’inciter d’autres communautés et nations à attaquer les Musulmans, comme cela mentionné dans plusieurs livres d’histoire. Le verset avant celui-ci, qui est le verset 88 stipule clairement : « Qu’avez-vous donc à vous scinder en deux partis au sujet des hypocrites …….? » Le contexte de cette section du chapitre nous montre clairement que le verset 89 fait référence aux hypocrites et non pas aux non-croyants comme les Juifs, les Chrétiens ou Arabes païens.
3. Le verset 89 dit : « et s’ils se détournent, emparez-vous d’eux … » Cette instruction signifie que si ces hypocrites, après avoir embrassé la foi Islamique, renoncent à la Religion et se rebellent contre la communauté Musulmane, alors ils doivent être saisis, c’est-à-dire arrêtés, puis tués. Mais la mise à mort ne prend pas la forme d’une exécution sommaire. Les commentaires stipulent qu’ils seront arrêtés, jugés, et [seulement] si reconnus coupables, exécutés. Ils seront exécutés car ils auront commis le péché impardonnable de trahison, qui, dans tout Gouvernement ou Pays est un crime grave puni de mort. Cette loi s’applique à l’Etat Musulman et n’est pas une autorisation faite à tout Musulman d’aller tuer librement les non-Musulmans. Certains pourraient argumenter que ces détails ne sont pas mentionnés dans le Coran et que par conséquent les Musulmans qui lisent le Coran pourraient être induits en erreur et croire que toute personne peut aller tuer tout non-Musulman qui renonce à sa religion. Eh bien, il doit être bien entendu que ces détails sont donnés aux communautés Musulmanes à travers différents moyens tels que les madrassas (écoles religieuses), les plates-formes de questions/réponses, les conférences publiques, les brochures, les écrits, et les bulletins d’informations publiés de manière régulière. Les Musulmans sont donc bien au courant des règles qui s’appliquent et c’est la raison pour laquelle vous ne trouverez pas de Musulmans recourant à de telles méthodes malgré plusieurs incidents connus de prétendus Musulmans se détournant de l’Islam.
4. Les mots « où que vous les trouviez » doivent être pris conjointement avec les deux phrases citées avant, à savoir « emparez-vous d’eux et tuez-les ». Cela signifie que les auteurs de la trahison doivent être pourchassés et capturés partout où ils se cachent, et que la peine de mort doit être prononcée. Il s’agit d’une injonction dédiée au gouvernement compétent et à l’application des lois. N’importe quel gouvernement devra avoir la capacité et l’expertise permettant de traquer les grands criminels au sein de ses structures. Une administration qui n’est pas en mesure d’atteindre cet objectif devient la risée de tout un chacun.
 
5. Le verset 90 est un autre indicateur clair de la justice et de l’équité défendues par l’Islam et réfute la notion que les Non-musulmans ont faussement déduits du verset précédent, selon laquelle les Musulmans ont pour ordre de tuer les non-croyants où qu’ils se trouvent. Dans ce verset, il est demandé au Gouvernement Musulman de suivre les directives suivantes :
a) honorer ses traités, pactes et engagements pris avec les autres nations.
b) Respecter également les amis de ceux avec qui un pacte ou un traité existe.
c) Même les renégats et les traîtres doivent être épargnés et honorés s’ils sont liés d’amitié avec une nation qui a un pacte avec les Musulmans.
d) Ne pas combattre ou tuer ceux qui viennent à eux avec des intentions pacifiques et offrent leur amitié.
e) Il est interdit aux Musulmans de combattre les gens qui proposent une trêve.
f) On ne recourt au combat que quand il y a un acte de violence ou d’agression venant de l’autre partie.
Les susdits éléments font partie de la justice Divine qui est réellement profonde en Islam. Sur cette base, les critiques adressées à l’Islam par ses antagonistes sont totalement abusives, injustifiées, et découlent de l’ignorance de la véritable signification du Saint Coran.
6. Dans le verset qui suit (91), une autre règle claire est mentionnée : « S’ils ne vous évitent pas, s’ils ne vous offrent pas leur soumission et ne cessent de vous combattre, emparez-vous d’eux et tuez-les où que vous les trouviez ». Ce commandement confirme ce qui est rapporté ci-dessus, à savoir que même pour les hypocrites et les renégats la paix est garantie à condition qu’ils s’abstiennent de l’agression et de la violence. Encore une fois, c’est le mandat accordé à un Etat, dont le devoir est de maintenir l’ordre public et de protéger les droits des personnes.

 

B : Voici quelques-uns des Versets du Saint Coran commandant le bon traitement envers les non-croyants :

1. « Supporte avec patience les propos des infidèles et au moment de les quitter, prends soin de ménager leurs susceptibilités ! » [Sourate 73, verset 10]

2. «  … fais donc preuve d’une noble indulgence » [Sourate 15, verset 85]

3. « Ne discutez avec les gens du Livre (Juifs et Chrétiens) que de la manière la plus courtoise » [Sourate 29, verset 46]

4. « Appelle à la Voie de ton Seigneur avec sagesse et par de persuasives exhortations. Sois modéré dans ta discussion avec eux » [Sourate 16, verset 125]

5. « Sois bon envers les autres comme Dieu l’a été envers toi ! Ne favorise pas la corruption sur la Terre » [Sourate 28, verset 77]   

6. « Ne prends pas un air arrogant en abordant tes semblables et ne marche pas sur terre avec insolence car Dieu n’aime pas les vaniteux insolents » [Sourate 31, verset 18]


7. « Dieu ne vous défend pas d’être bons et équitables envers ceux qui ne vous attaquent pas à cause de votre religion et qui ne vous expulsent pas de vos foyers. Dieu aime ceux qui sont équitables » [Sourate 60, verset 8]


8. « Et s’ils (les païens) renoncent (à vous combattre), alors ne leur témoignez plus d’hostilité, sauf contre ceux qui ont un comportement inique » [Sourate 2, verset 193]


9. « Et s’ils (les ennemis) sont enclins à la paix, accède à leur requête » [Sourate 8, verset 61]


10. « Et si l’un des non-croyants demande ta protection accorde-la afin qu’il écoute la parole de Dieu puis fais-le reconduire en lieu sûr » [Sourate 9, verset 6]

Il ne s’agit là que d’un petit échantillon des nombreux versets qui expliquent les relations cordiales à tenir envers les non-croyants, qu’ils soient épris d’amour et de paix ou bien  qu’ils fassent preuve d’hostilité.
Le Messager d’Allâh ﷺ a dit : « Le véritable croyant, c’est celui dont l’humanité n’a à craindre ni la langue, ni la main » [Hadith authentique rapporté par an-Nasa’ï]
Mufti Desai Siraj

© Traduit avec l’autorisation du
Darul-Ouloum Aboubakar, Malabar, Port Elizabeth, Afrique du Sud

 

En lien avec cet article :

Fatwa contre le terrorisme, par le Darul Uloom de Deoband
Le Djihad, les attentats suicides, les droits des femmes par Al-Habib Al-Jifri
Le statut de la tolérance en Islam – Par le Mufti d’Egypte Sheykh Ali Goma’a
Le Coran nous demande t-il de détester les mécréants – Sheykh Faraz Rabbani
Message de Sheykh Faraz Rabbani après les attentats de Paris
Déclaration de Sheykh Rajab Deeb suite aux attentats de Paris

 

Voir également les deux vidéos suivantes : 

 

Tuer les mécréants au nom de l’Islam? Sheykh Saqib Shaami 

 

Ô Messager d’Allâh qu’est ce qu’un vrai Musulman? Sheykh Ahmad Dabbagh 

Un apostat doit-il être mis à mort ?

Par Sheykh 
Ahmad Kutty

 

 

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Question :

Respectables savants, Que la paix soit sur vous. Est-il vrai que dans l’Islam, une personne doit être mise à mort si il ou elle se convertit à une autre religion? Jazakum Allâhu khayran.

 

Réponse de Sheikh Ahmad Kutty :

Wa ‘alaykum as-salamu wa rahmatullâhi wa barakatuh.
Au nom d’Allâh, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
Toutes les louanges et remerciements vont à Allâh Ta’ala, et que la Paix et les Bénédictions soient sur Son Messager (salallahou ‘alayhi wassalaam).

La liberté de conscience est l’un des droits fondamentaux de l’homme garanti dans le Qour’an, il est donc absurde de prétendre que l’islam autorise de mettre des gens à mort simplement parce qu’ils se convertissent à une autre religion.

Même un lecteur occasionnel du Qour’an ne manquera pas d’être impressionné par l’accent mis sur la liberté de conscience, pierre angulaire de sa structure morale. Pour citer quelques versets :

« Point de contrainte en religion maintenant que la Vérité se distingue nettement de l’erreur. Désormais, celui qui renie les fausses divinités pour vouer sa foi au Seigneur aura saisi l’anse la plus solide, sans crainte de rupture. Dieu est Audient et Omniscient ». [1]

« Et si ton Seigneur l’avait voulu, tous les hommes peuplant la Terre auraient, sans exception, embrassé Sa foi ! Est-ce à toi de contraindre les hommes à devenir croyants » . [2]

« S’ils te contredisent, dis-leur : «Je me soumets à Dieu, moi et ceux qui me suivent.» Après quoi, demande à ceux qui ont reçu l’Écriture et aux non-initiés : «Et vous? Êtes-vous soumis à Dieu?» S’ils se déclarent soumis à Dieu, c’est qu’ils ont pris la bonne voie, mais s’ils s’en détournent, rappelle-toi que ton rôle se limite à transmettre le Message. Dieu observe constamment Ses serviteurs ». [3]

« Obéissez donc à Dieu ! Obéissez au Prophète ! Prenez garde ! Mais si vous vous détournez du Seigneur, sachez que Notre Prophète n’a d’autre mission que de vous transmettre clairement le Message ». [4]

« S’ils se détournent de toi, sache que Nous ne t’avons pas envoyé pour assurer leur sauvegarde. Tu n’es chargé que de les avertir. Lorsque Nous accordons à l’homme quelques faveurs de Notre part, il s’en réjouit, mais aussitôt qu’un malheur l’atteint pour le punir de ses fautes, il fait preuve d’une grande ingratitude ». [5]

Je voudrais également préciser que tous les enseignements moraux du Qour’an sont fondées sur la notion de responsabilité morale, ce qui implique la liberté de choix. Par conséquent, déclarer qu’untel doit être mis à mort pour avoir choisi de ne pas croire [ndt : c’est-à-dire de ne pas être musulman] ne ferait qu’infirmer l’intégralité de l’édifice moral du Qour’an.

En outre, le Qour’an ne permet à personne de porter préjudice à ceux qui partent en paix, peu importe la religion à laquelle ils se raccrochent. Ce principe a clairement été énoncé dans le Qour’an :

« Si donc ces gens-là se tiennent à l’écart, et au lieu de vous attaquer vous offrent la paix, Dieu ne vous donne plus aucun droit de les inquiéter ». [6]

En conformité avec cette politique, le Prophète a lancé des directives claires à ses soldats de ne jamais déranger ceux qui sont engagés dans toute forme de culte. La politique de vivre et de laisser les autres vivre est fermement ancrée dans les versets suivants :

« Dis : «Ô négateurs ! Je n’adore pas ce que vous adorez,  pas plus que vous n’adorez ce que j’adore ! […] À vous votre religion, et à moi la mienne ! ». [7]

En pleine conformité avec les enseignements ci-dessus, ni le Prophète, ni aucun des quatre Califes bien guidés qui lui ont succédé n’avaient l’habitude de traquer les gens et de les exécuter pour un simple changement de leurs religions. Au contraire, ils se sont abstenus de le faire, sauf dans de rares cas impliquant la trahison. La trahison, toutefois, est une autre affaire. La punition pour la trahison dans le Qour’an est aussi stricte que dans la Bible Hébraïque. Mais elle ne doit jamais être confondue avec un simple changement de religion.

En conclusion, il est absurde de prétendre que l’islam préconise de tuer des gens qui se convertissent à une autre religion.



Notes :

[1] Qour’an : Al-Baqarah 2:256
[2] Qour’an : Yunus 10:99
[3] Qour’an : Al ‘Imran 3:20
[4] Qour’an : Al-Maidah 5:92
[5] Qour’an : Ash-Shura 42: 48
[6] Qour’an : An-Nisa 4:90
[7] Qour’an : Al-Kafirun 109 :1-3, 6