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Pourquoi ne suivez-vous pas directement les Compagnons

 

Mawlana Ilyas Ghuman al-Hanafi

 

 

Abu Hanifa

 

 

Question :

Si vous dites qu’il est nécessaire de procéder au suivi d’un Imam et donc d’une école (Taqleed), alors après le Prophète (salallâhou ‘alayi wassalaam), pourquoi ne suivez-vous pas les Compagnons ? Pourquoi suivez-vous un Imam ? [1] D’après vous, n’y avait-il un Compagnon suffisamment savant pour que vous fassiez son Taqleed ? Pourquoi ne suivez-vous pas directement les Compagnons et les avez vous délaissés pour suivre (par ex.) l’Imam Abu Hanifa ?

Réponse :

Si après le Prophète (salallâhou ‘alayi wassalaam), nous faisons le suivi de saydinna Abu Bakr as-Siddiq (radhia Allâhou ‘anhou), nous aurons un léger problème, parce qu’après lui, nous devrons suivre saydinna ‘Umar (radhia Allâhou ‘anhou), parce qu’Abu Bakr n’a pas fourni l’ensemble des explications de toutes les règles juridiques.  Nous devrons alors procéder à un autre Taqleed. Si faisons le suivi de ‘Umar, alors nous devrons suivre saydinna ‘Uthman (radhia Allâhou ‘anhou) parce qu’Umar n’a pas fourni l’ensemble des explications de toutes les règles juridiques. Et si nous le suivons, alors nous devrons ensuite suivre saydinna ‘Ali (radhia Allâhou ‘anhou) parce que ‘Uthman n’a pas fourni à la Ummah l’ensemble des explications de toutes les règles juridiques. Il est logique et sensé de suivre quelqu’un après qui personne d’autre n’est requis.

Le successeur du Prophète Muhammad était Abu Bakr, puis ‘Umar lui a succédé, puis Uthman lui a succédé, puis ‘Ali lui a succédé, etc…

La Science du Prophète qui a été transmise a Abu Bakr était le Qour’an, la connaissance de la Prophétie et ses propres règles. Saydinna ‘Umar avait le Qour’an, le Hadith, les règles d’Abou Bakr et les siennes. Saydinna ‘Uthman avait le Qour’an, la connaissance de la Prophétie et les règles reçues d’Abou Bakr et de ‘Umar. Quant à ‘Ali, il avait le Qour’an, le Hadith, les règles d’Abou Bakr, de ‘Umar, de ‘Uthman. Saydinna ‘Ali est allé de Médine à Kufa (Irak) et il a emporté tout son savoir avec lui. Allâh a alors fait parvenir une personne à Kufa nommée Nauman bin Thaabit, plus connue sous le nom d’Imam-e-Azam Abu Hanifa (radhia Allâhou ‘anhou) qui avait le Qour’an, la connaissance de la Prophétie, les règles d’Abou Bakr, de ‘Umar, de ‘Uthman et d’Ali et la science des Compagnons ainsi que son propre Ijtihaad (effort d’interprétation). [2]

L’Imam-e-Ahlu Balkh, Khalaf ibn Ayyoub (rahimahuLlâh) a dit :

« Allâh a donné la science au(x) Prophète(s), le Prophète l’a ensuite transmise aux Compagnons, qui l’ont ensuite transmise au Tabi’ins (successeurs) et les Tabi’ins l’ont transmises à Abou Hanifa. »

L’Imam Abu Hanifa fut donc cette personne réunissant toutes ces Sciences, après lui, il était inutile d’aller chercher quelqu’un d’autre. [2]

C’est la raison pour laquelle nous avons suivi l’Imam Abou Hanifa.

Ainsi, si vous êtes en mesure de nous présenter l’ensemble des avis compilés issus des Compagnons alors nous suivrons cela. A vrai dire, la Science des Compagnons n’a pas été compilée … mais l’Imam Abu Hanifa a réalisé ce travail.

C’est la raison pour laquelle nous faisons le Taqleed de l’Imam Abu Hanifa et cela ne devrait pas poser de problèmes.

Notes :

[1] C’est-à-dire l’un des quatre grands Imams : Malik ibn Anas, Ash-Shafé’i, Abu Hanifa et Ahmad ibn Hanbal – qu’Allâh les agréé tous –

[2] Le même schéma s’applique aux 3 autres grands Imams.

Qu’est qu’une école?

Pourquoi est-il nécessaire d’en suivre une? 

Par Sheykh Nuh Ha Mim Keller

 

Madhaab_Keller

 

 

« Les slogans que nous entendons aujourd’hui et qui parlent de « suivre le Qour’an et la Sunnah plutôt que de suivre les madhhab », visent à tromper les gens … Il s’agit en réalité d’un grand retour en arrière, ceci est un appel à abandonner les travaux Scientifiques minutieux des Savants Musulmans qui pendant des siècles ont étudiés et épluchés le Qour’an et de la Sunnah pour en déduire des avis. ».

Le mot « madhhab » est dérivé d’un mot arabe signifiant « aller » ou « prendre comme direction », et se réfère au choix que fait un imam mujtahid, sur une question particulière, lorsqu’il est face à un certain nombre de possibilités interprétatives, dans son travail d’extraction des commandements d’Allâh à partir des principaux textes du Qour’an et des Hadiths. Dans un sens plus large, un madhhab représente toute une école de pensée d’un imam mujtahid (tel que Abû Hanifa, Malik ibn Anas, ash-Shafi’i ou Ahmad ibn Hanbal) à laquelle s’ajoute de nombreux savants de premier rang qui sont venus après eux, dans chacune de ces écoles respectives et qui ont continué le job en vérifiant les preuves, en les affinant et en perfectionnant leur travail. Ainsi, les Imams mujtahid étaient des interprètes, qui ont rendus opérationnels dans nos vies le Qour’an et la Sunnah dans un ensemble de règles de Shari’ah, connues collectivement sous le nom de Fiqh (Jurisprudence). Le Fiqh ne représente qu’une partie de notre Religion (Deen), car la connaissance religieuse que chacun de nous possède est de trois types. Le premier type est la connaissance générale des principes de la Foi Islamique concernant l’Unicité d’Allâh, Ses anges, Ses Livres, Ses Messagers, la prophétie de Muhammad, etc. Chacun de nous peut tirer cette connaissance directement du Qour’an et des Hadith, comme c’est également le cas du second type de connaissance : celui qui concerne les principes généraux de l’éthique Islamique, qui commandent de faire le bien, d’éviter le mal, de s’entraider dans les bonnes œuvres, etc. Chaque musulman peut extraire (lui-même) du Qour’an et des Hadith ces principes généraux, qui forment la partie la plus large et la plus importante de sa religion. Le troisième type de connaissance est celui de la compréhension spécifique de certaines interdictions et commandements divins qui composent la Shari’ah. Ici, en raison de la nature et de la multiplicité des textes du Qour’an et des Hadiths impliqués, les gens divergent dans leur capacité scientifique, à comprendre et à en déduire eux-mêmes des décisions (Lois). Mais nous avons tous reçu l’ordre de pratiquer ces directives dans nos vies, dans l’obéissance à Allâh. Les Musulmans sont donc de deux types : ceux qui peuvent le faire par eux-mêmes, ce sont les Imams mujtahid, et ceux qui doivent le faire par l’intermédiaire d’un autre, c’est-à-dire en suivant un Imam mujtahid, conformément à la parole d’Allâh dans la sourate an-Nahl : 

« Demandez donc aux gens du rappel si vous ne savez pas. » [1], et dans la sourate An-Nisa : « S’ils la rapportaient au Messager et aux détenteurs du commandement parmi eux, ceux d’entre eux qui cherchent à être éclairés, auraient appris (la vérité de la bouche du Prophète et des détenteurs du commandement) » [2], dans laquelle l’expression « aux détenteurs du commandement », exprimant les mots « alladhina yastanbitunahu minhum », se réfère à ceux qui possèdent la capacité de tirer des conclusions directement à partir de la preuve, ce qu’on appelle en arabe « istinbat ». Ces versets et d’autres, ainsi que des Hadiths obligent le croyant qui n’est pas au niveau de l' »istinbat », c’est-à-dire capable de tirer des conclusions directement du Qour’an et des Hadiths, à poser ses questions à quelqu’un qui à ce niveau et à le suivre dans de telles décisions. Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi Allâh nous a obligés à demander à des experts, car si chacun d’entre nous était personnellement responsable de l’évaluation de tous les textes primaires relatifs à chaque question, une vie d’étude ne suffirait pas pour cela, et l’on serait contraint à choisir entre renoncer à gagner sa vie ou abandonner le Deen, c’est pourquoi Allâh dit dans la sourate at-Tawbah, dans le cadre du djihad :

« Mais il n’est nullement souhaitable que les croyants partent tous en expédition. Il serait bon que, de chaque groupement, un certain nombre d’hommes s’emploient à parfaire leur éducation religieuse, afin d’en faire profiter leurs compagnons après leur retour, et de les amener ainsi à se tenir sur leur garde. » [3] 

Les slogans que nous entendons aujourd’hui et qui parlent de « suivre le Qour’an et la Sunnah plutôt que de suivre les madhhab », visent à tromper les gens, car de toute manière nous sommes tous d’accord sur le fait que nous devons suivre le Qour’an et la Sunnah du Prophète. Le fait est que le Prophète n’est personnellement plus en vie pour nous enseigner (ndt : l’Islam), et tout ce que nous avons de lui, que ce soit les Hadiths ou le Qour’an, nous a été transmis par les savants de l’Islam. Donc, la question n’est pas de savoir si oui ou non nous devons prendre notre Deen des savants, mais plutôt de quels savants devons-nous le prendre. Et c’est la raison pour laquelle en Islam nous avons les madhhabs : parce que l’excellence et la supériorité des Imams mujtahid a été associée au travail des savants traditionnels qui ont suivi leurs écoles et qui après eux ont évalués et améliorés leur travail et parce que cet ensemble a rempli les conditions de l’investigation scientifique et gagné la confiance de pensée et de pratique des Musulmans de tous les siècles qui composent la grandeur Islamique. 

La raison pour laquelle les madhhab existent (leur bénéfice passé, présent et futur), c’est qu’ils fournissent des milliers de réponses fiables, basées sur la Science, qui permettent aux Musulmans de trouver des réponses aux questions qu’ils se posent sur la manière dont ils doivent obéir à Allâh. Les Musulmans ont compris que suivre un madhhab signifie suivre un savant exceptionnel, possédant non seulement une connaissance approfondie des textes du Qour’an et des Hadiths en rapport à chacune des questions sur lesquelles il a été amené à émettre un avis, mais ayant également vécu à une époque proche de celle du Prophète et de ses Compagnons, époque où la taqwa -la crainte d’Allâh- était la norme -. Deux critères en opposition saisissante à ce qu’on peut trouver aujourd’hui chez les savants.

Si l’appel à un retour au Qour’an et à la Sunnah est un slogan attrayant, il s’agit en réalité d’un grand retour en arrière, ceci est un appel à abandonner les travaux Scientifiques minutieux des Savants Musulmans qui pendant des siècles ont étudiés et épluchés le Qour’an et de la Sunnah pour en déduire des avis. C’est un travail colossal, très sophistiqué, qui résulte de l’effort interdisciplinaire des mujtahids, des spécialistes du Hadith, des exégètes Coraniques, des lexicographes, et d’autres maîtres des sciences juridiques Islamiques. Abandonner les fruits de cette recherche, la Shari’ah Islamique, pour suivre des shouyoukhs contemporains qui, malgré leurs prétentions, ne sont pas au niveau de leurs prédécesseurs, revient à vouloir remplacer quelque chose de prouvé et d’éprouvé pour quelque chose de douteux.

Le discours qui promeut le suivi de la Shari’ah sans suivre de madhhab particulier est comparable à une personne qui va chez un vendeur d’automobiles pour acheter une voiture, tout en insistant pour que celle-ci ne soit pas d’une marque reconnue – ni une Volkswagen, ni une Rolls-Royce, ni une Chevrolet – mais plutôt pour que celle-ci soit « une voiture, purement et simplement ». Une telle personne ne sait pas vraiment ce qu’elle veut ; les voitures présentent sur le parking ne tombent pas du ciel. Il est probable que le vendeur esquisse un léger sourire, tout en soulignant que des produits sophistiqués proviennent de moyens de production sophistiqués, d’usines disposant d’un département d’étude, d’un personnel qualifié qui teste et d’autres collaborateurs qui produisent et qui assemblent les nombreuses parties du produit final. C’est la nature de ces efforts collectifs humains qui permet de produire quelque chose de largement supérieur à ce que nous ferions si nous devions nous en charger nous-mêmes (élaborer et construire cette voiture) en partant de zéro, même si on nous donnait une usine métallurgique et des outils, et que nous disposions de que cinquante ans, voire même d’un millier d’années. Et il en est de même de la Shari’ah, qui est beaucoup plus complexe que n’importe quelle voiture, car celle-ci traite de l’univers des actions humaines, ainsi que d’un vaste éventail d’interprétation des textes sacrés. C’est pourquoi rejeter la Science monumentale des madhhab, lesquels ont rendu opérationnels le Qour’an et de la Sunnah, en vue d’adopter à la place (ndt : sa propre) compréhension ou celle d’un sheykh contemporain n’est pas seulement une opinion erronée. Cela revient à détruire une Mercedes pour en faire un déambulateur !

Notes : 

[1] Qour’an 16:43
[2] Qour’an 4:83
[3] Qour’an 9:122

Qui suit la Sunnah ?

Par le Darul Ouloum AbouBakar

 

 

Hanafi

 

 

Question :

Certains Salafis disent : « le Messager d’Allâh (salallahou ‘alayi wassalaam) a-t-il dit qu’il faille suivre Abou Hanifa (RA)? Alors, pourquoi est-ce que vous (les Hanafis), le suivez-vous? » Quelle réponse donner à ces personnes?

Réponse :

Il y a plusieurs réponses à ces piètres et puériles revendications.

1) En effet, le Prophète d’Allâh n’a pas dit « suivez Abou Hanifa », mais de la même manière il n’a jamais dit « suivez les Imam Boukhari, Mouslim, Abou Dawoud ou Ibnou Taymiyya », etc. Pourtant, les gens qui font ces revendications suivent tous ces Imams et plus encore. En fait, nous suivons un seul Imam, alors qu’ils en suivent plusieurs [1]. Ainsi, cela montre que leurs revendications sont fondées sur des préférences personnelles (nafasani). S’ils disent qu’ils ne suivent pas ces Imams, alors nous aimerions savoir pourquoi ils acceptent sans preuves les déclarations que font ces Imams concernant la validité et l’authenticité des Hadiths.

A titre d’exemple, lorsque l’Imam Boukhari écrit dans son livre que Rassoul Allâh levait les mains au moment du takbir après l’inclinaison (ruku’), ils l’ont tous accepté. Cette acceptation signifie qu’ils suivent l’Imam Boukhari dans l’établissement d’une Sunnah. Donc, si nous suivons l’Imam Abou Hanifa quand il dit que Rassoul Allâh ne levait pas les mains dans le takbir après le ruku’, quel péché commettons-nous? Si le Prophète n’a jamais dit : « Suivez Abou Hanifa » il n’a jamais dit non plus « Suivez Boukhari ». Si vous pouvez suivre Boukhari, pourquoi ne pouvons-nous suivre Abou Hanifa ou Ash-Shafé’i? S’ils font valoir que Abou Hanifa n’avait aucune preuve (ndt : arguments), nous pouvons fournir de quoi les laisser pantois. S’ils veulent avoir connaissance des « preuves », ils doivent se rapprocher des Oulémas Hanafis.

2) Tous les grands Imams ont extrait la Sunnah à partir de la Vie de Rassoul Allâh et de ses Sahaba. Ils ont pratiqué cette Sunnah et l’ont transmise aux gens. C’est également ce qu’ont fait les Sahaba, ainsi que les Imams qui leur ont succédé. Par conséquent, si l’on suit les Imams, on se conforme à la Sunnah que ces Imams ont dérivé des Hadith. C’est ce qui s’est produit pendant des siècles et c’est à cent pour cent correct.

3) Comment connaîtrons-nous la Sunnah? Nous n’avons jamais vu le Messager d’Allâh pratiquer l’une ou l’autre de ces Sunnah. Nous sommes obligés de compter sur les gens qui ont mentionnés et enseignés cette Sunnah d’une génération à l’autre.

Tout homme a un Maître (Ustaad) qu’il suit. C’est ce qu’il doit faire s’il veut apprendre sa Religion (Deen). Il n’existe aucun autre moyen pour que les gens apprennent leur Deen si ce n’est par le suivi d’un ‘Alim ou d’un Sheykh. Le Qour’an dit : « Suivez la personne qui s’est tournée vers moi. » (Sourate Luqman) « Demandez aux gens du savoir si vous ne savez pas. » (Sourate Ambiyaa) « Ô croyants! Obéissez à Allâh, obéissez à Son Messager, et obéissez à ceux en charge de vos affaires (Les Oulémas) ». Ces versets prouvent qu’il est autorisé, ou en définitive qu’il nous est ordonné de suivre un Imam, un ‘Alim, un Sheykh, etc.

4) Ces gens revendiquent haut et fort suivre la Sunnah du Messager d’Allâh, mais quand nous disons que l’Imam Abou Hanifa ou l’Imam Shafé’i suivent la Sunnah, ils rejettent cela ! Ils veulent nous faire croire qu’ils sont les seuls à suivre la Sunnah, mais ils rejettent la notion selon laquelle l’Imam Abou Hanifa ou l’Imam Malik, etc., suivent également la Sunnah. Cela est irrationnel et c’est un signe d’obstination. Sont-ils les seuls dans le monde à suivre la vraie Sunnah de notre cher Nabi? Ils ne sont aucunement comparables à ces grands Imams, mais ils ont pourtant l’audace de prétendre que leur « Sunnah » est l’unique Sunnah et que les grands Imams ne suivent pas la Sunnah! Ça sent la fierté et l’arrogance.

Qu’Allâh nous préserve d’une telle ignorance à la frontière de l’incrédulité.

 

© Traduit avec l’autorisation du Darul-Ouloum Aboubakar, Malabar, Port Elizabeth, Afrique du Sud

 

 

Notes du traducteur :
[1] : Lorsque l’on suit l’école d’un des quatre grands Imams (Abou Hanifa, Malik ibn Anas, Ash-Shafé’i, Ahmad ibn Hanbal), on suit non seulement la méthodologie qu’ils ont mis au point pour déduire des avis religieux à partir des preuves textuelles, mais on suit également leurs précieux ijtihads, ainsi que l’ijtihad des milliers de savants de l’école qui ont ensuite étudiés, renforcés ou réfuter les avis du madhaab. Ces gens qui suivent leurs passions, piochant ou bon leur semble, alors qu’ils n’ont même pas reçu pour la plupart d’entre eux les bases d’un enseignement Islamique, s’imaginent qu’il suffit de prendre un hadith authentique (Sahih) pour s’en faire une pratique fiable, sans même prendre en compte d’autres Hadith qui, tout aussi authentiques peuvent parfois entrer en contradiction et dans certains cas prévaloir. Ils ne regardent pas non plus la critique ou l’analyse que d’autre savants ont pu faire de ces textes, concernant leur authenticité, leur spécificité, leur contexte, etc.

.La nécessité de suivre le Groupe majoritaire

(as-Sawad al-Azam)

 

groupe

 

 

Définition :

Sayyid Ahmad Allamah at-Tahtawi, a dit : « As-Sawad al-Azam (la masse), c’est à dire la majorité des musulmans, sont sur la voie des fuqahas [1]. Ceux qui s’écartent de leur chemin brûleront dans le feu de l’Enfer. O croyants! Suivez l’unique groupe qui est protégé contre l’enfer! Et ce groupe est celui que l’on appelle « Ahlou as-Sunna wa-l’Jamâ’ah ». En effet, l’aide, la protection et l’orientation d’Allâh, sont pour les adeptes de ce groupe, et Son courroux et Son châtiment sont pour ceux qui se séparent de ce groupe. Aujourd’hui, ce groupe de Salut se réunit dans les quatre écoles (Madhhabs). »

Al-hafiz as-Suyuti (RA) explique le terme « As-Sawad al-Azam » comme désignant : « L’assemblée constituant la majorité et regroupant ceux qui, au niveau des fondements, convergent sur ce qui est correct  » à savoir Hanafite, Malékite, Shafi’i, et Hanbali. » [2]

Le grand Sheykh Shah Wali’uLlâh Muhaddith Dehlawi (RA) a dit dans Aqdul Jayyad : « Comme le Prophète (salallâhou ‘alayhi wassalaam) l’a déclaré, suivez ce « Sawâd al-Azam », et alors que les quatre Madhhabs sont dans le Sawad al-Azam alors suivre l’une d’entre ces (quatre) écoles, c’est suivre de le Sawad al-Azam. Par conséquent, réfuter l’une d’entre elles c’est réfuter Sawâd al-Azam ».

 

Voici une compilation de hadith sur la nécessité de suivre le Groupe majoritaire (as-Sawad al-Azam) :


Le Prophéte Muhammad (salallahou ‘alayhi wassalaam) a dit :

 

   » En vérité ma communauté ne s’accordera jamais sur l’égarement. A chaque fois que vous assistez à un désaccord, accrochez vous fermement au groupe le plus large «  [3]

   » Suivez la voie du plus large groupe de musulmans! Car celui qui s’écarte de ce groupe sera envoyé en enfer! «  [4]

   » J’ai demandé à mon Seigneur de protéger ma communauté d’apostasier dans sa majorité, et Il me l’a accordé «  [5]

   » Et lorsque vous verrez beaucoup de divergences, attachez-vous alors à la grande majorité «  [6]

 » Celui qui souhaite avoir les largesses du paradis, alors qu’il s’attache à la majorité «  [7]

   » Le diable poursuit les hommes sans relâche comme un loup poursuit des moutons. Le loup ose seulement attaquer les moutons qui se sont séparé du reste du troupeau et qui sont seuls. Et donc, mes suivants et dévoués , préservez-vous de vous laisser prendre dans les pièges de l’égarement et demeurez fermement avec le groupe de musulmans le plus large et le plus connu ! «  [8]

 » Celui qui dévie du groupe de musulmans le plus large, même d’un empan, a coupé lui-même sa connexion avec l’Islam. «  [9]

 » Celui qui se sépare de la majorité et méprise le gouverneur rencontrera Allah en ayant perdu tout honneur. «  [10]

 » Deux est mieux qu’un seul, trois est mieux que deux, et quatre est mieux que trois. Vous devez vous accrocher à la majorité, parce qu’Allah n’unie pas ma communauté si ce n’est sur la guidance. «  [11]

 » Reconnaître les bienfaits d’Allah est une gratitude, les rejeter est une mécréance. La communauté [unie] est une miséricorde, et s’en séparer n’entraîne que tribulations. «  [12]

   » Que celui qui voit son émir faire quelque chose de répréhensible prenne patience, car quiconque se séparera de la Communauté de la distance d’un empan mourra de la mort des idolâtres antéislamiques. «  [13]

« Allâh n’unira jamais cette communauté dans l’égarement. La « Main » d’Allâh est avec la majorité, vous devez donc suivre le groupe le plus large, car celui qui en dévie est guidé vers l’enfer. » [14]

« Allâh ne permettra jamais que ma communauté s’unisse sur l’égarement et les croyances incorrectes. La miséricorde d’Allâh, Ses bienfaits et Sa protection sont avec le Groupe le plus large de musulmans. Et celui qui dévie de ce large groupe sera envoyé en enfer «  [15]


N
otes :

[1] « Les fuqahas« , c’est-à-dire les spécialistes de la jurisprudence musulmane
[2] Sayyid Ahmad Allamah at-Tahtawi dans son « Hashiya al-Durr al-Mukhtar« 
[3] Rapporté par Ibn Majah dans ses Sunans
[4] Rapporté par Ibn Majah
[5] Rapporté par Ibn Hajar al-‘Asqalaniy dans Fathou l-Bari (commentaire de Boukhariy), V.8, P. 221, Chapitre sur la discorde dans la communauté et l’obligation de s’attacher à la tradition prophétique. Il est aussi dans Al-Mou’djam al-‘Awsat de l’Imam at-Tabaraniy, V.2
[6] Rapporté Ibn Majah dans ses Sunans V.2 ; hadith n° 3950. Il est également dans Mousnad ach-Chamiyyin de at-Tabaraniy ; V.3 ; P. 196
[7] Rapporté par at-Tirmidhiyy, Al-Hakim et Al-Bayhaqiyy
[8] Rapporté par Ahmad
[9] Rapporté par Abou Daoud et Ahmad
[10] Rapporté par Ahmad
[11] Rapporté par Ahmad
[12] Rapporté par Ahmad et at-Tabaraniy
[13] D’après Ibn ’Abbâs , Sahîh de Muslim n° 3438 [Arabe uniquement]
[14] Rapporté par an-Naysaburi dans al-Mustadrak
[15] Rapporté par at-Tirmidhi


Pour plus d’informations voir le dossier complet :
A propos du hadith des 73 sectes et du Groupe sauvé