Allâh dit : « Demandez aux gens de sience, si vous ne savez pas! »
Sheykh Nuh Ha Mim Keller mentionne dans une de ces conférences que, dans la Tariqa Shadhili le Sheykh n’a pas une importance énorme. Le Murshid Shadhili (guide spirituel) exige seulement une chose, le suivi strict de l’une des quatre écoles Juridiques.
Simple n’est-ce pas? Presque! Cela signifie plusieurs choses :
A) Il faut d’abord apprendre le madhab (l’école)- au moins ses règles de base.
B) Il faut ensuite suivre le célèbre principe du Tasawwuf : ‘amal bil-Ilm ou agir avec la connaissance.
C) Il faut avoir at-Taqwa fid-din [3]. Cela signifie que l’on ne peut pas piocher les avis qui nous plaisent juste dans le but de satisfaire nos moindres passions. Plutôt, on doit craindre Allâh et suivre les Mujtahideen du madhaab. Certains croient à tort qu’un Madhaab dans le Fiqh ne représente que les opinions d’un seul imam. Conclure à une telle chose est de la bêtise. Lisez n’importe quel travail, disons, de Fiqh Hanbali, on y trouvera au moins 10 grands Mujtahideen mentionnés. Une école de droit est composée de nombreux Mujtahideen qui cherchent à soutenir ou à réfuter les opinions de leurs « collègues » antérieurs.
Quels sont les avantages majeurs à suivre un Madhaab ?
1) La sécurité dans la pratique de ma religion (Deen).
Dans cette ère de « l’information », chacun s’efforce – surtout s’il est influencé par nos frères Wahhabites – de parvenir jusqu’à l’avis correct. Mais comment atteindre cet avis correct lorsque l’on est un novice, juridiquement ignorant des normes du Fiqh, sans connaissance des bases des Usoul et Furu de la Législation, asbaab-an-Nuzul, Ilm-al-hadith (en particulier Jarh et Ta’deel), du Tafsir et donc du Qour’an et que l’on ne maîtrise pas la langue arabe, etc…
Comment le choix d’un madhaab peut-il être bénéfique à une personne? Savoir que l’on suit constamment un avis fondé sur des preuves solides, sans même devoir les mémoriser, est un avantage énorme! Savoir que l’avis suivi provient de personnes qualifiées dans la Jurisprudence, qui après avoir maîtrisé les 20 sciences et plus de l’Islam, sont arrivé à cet avis par le biais nécessaire de l’Ijtihad. Savoir que plus de 1200 années de profonde érudition soutiennent une telle position. Sans oublier que cet avis- que vous avez pris de votre madhaab – a résisté à l’épreuve du temps. Lorsque les ennemis des madhaab écrivaient des réfutations sur ces avis, votre madhaab répliquait à leurs exposés avec argumentations et preuves à l’appui.
2) L’acquisition de l’entraînement spirituel.
Quand on doit passer au crible les avis, on est constamment fatigué par cette recherche et le risque que l’on a de suivre un avis non valide. Cette énergie dépensée est inutilement gaspillée. L’énergie dépensée en effectuant ces recherches pourrait être redirigée vers des actes d’adoration ou vers l’exécution de ce qui est connu comme étant une opinion valable dans la Shari’ah. La sécurité provoque ainsi une chance pour le demandeur d’agir au lieu de simplement « d’étudier ». En effet, l’apprentissage n’a aucune signification si ce qui est appris n’est pas appliqué.
3) Le suivi des Salafs.
En suivant un madhab, on suit vraiment les Salafs. J’ai entendu les pseudos-salafis prétendre qu’ils suivaient les Salafs. Je me demande ce que l’imam Ash-Shafi’i dirait à propos de ces gens qui n’ont pas mémorisé le Qour’an, maîtrisé la langue, appris les 20 sciences et plus de l’Islam, mais pensent qu’ils peuvent déchiffrer ce qui dans la Jurisprudence relève du haqq ou du batil. Voudriez-vous qu’un avocat diagnostique si oui ou non vous avez un cancer? Existe-il une question plus importante que celle qui concerne votre au-delà?
Regardez les hommes qui sont venus avant nous. Par exemple les Hafidhs (ce terme signifie qu’ils ont mémorisé minimum 100.000 hadiths avec formulation et chaîne) : Ibn Khouzayma, Taqiy-ud-Dîn As-Subki, Ibn Hajar Al-‘Asqalani et Haytami, l’imam An-Nawawi, Al-Boukhari, Al-Muzani, As-Suyuti, Al-Bayhaqi, An-Nasaa’i, et des centaines d’autres, faisaient tous partie d’un madhaab (ici l’école Shafé’ite)! J’utilise seulement cet exemple pour montrer que ces incroyables savants, maîtres du hadith, docteurs en droit, plaçaient leur confiance et leur âme dans l’Ijtihad de ces Imams [4]. Pourtant, à notre époque, des Musulmans rejettent avec arrogance et même condamnent leurs avis juridiques, comme s’ils étaient eux juridiquement autorisés à le faire.
Posez-vous simplement cette question : Combien de hadiths (à la fois le texte et les chaînes) avez-vous mémorisé? Maintenant, comparez cela aux plus de 100.000 hadiths mémorisés par chacun de ces hommes mentionnés ci-dessus, tous membres de l’école Shafé’ite.
Êtes-vous meilleur qu’eux dans la compréhension Juridique? Dans le Hadith? Dans la Langue?
Ces sommités dans le Hadith et diverses sciences Islamiques, ont pourtant tous choisi de suivre l’une des quatre écoles Juridique et ce malgré leur immense bagage scientifique.
Je pense que ceux qui ont abandonné les quatre Madhaab ont en fait abandonné la science des Compagnons. C’était leur érudition qui a conduit à l’incarnation de ce qui est connu aujourd’hui comme étant le « Fiqh ». C’était leur sang qui a été versé pour l’édification de la Jurisprudence. Pourtant, les pseudos-salafis se moquent de leurs sacrifices en accablant la position des Salafs, et en essayant de hisser leurs propres avis au-dessus des avis des Salaf-us-Salih (les Pieux Prédécesseurs).
Je demande à Allâh d’ouvrir nos cœurs à Sa Loi et de nous raffermir sur Sa Religion! Qu’Allâh déverse Ses Bénédictions sur notre maître bien-aimé Muhammad , sa famille et ses Compagnons. Ameen!
Notes :
[1] Article élaboré à partir d’une réflexion du frère Abu Layth de SeekingIlm.
[2] Jusqu’au début du siècle, il y avait autour de la Kaaba les 4 maqams représentant les 4 écoles Sunnites de Fiqh, jusqu’à leur destruction par les wahhabites en 1917. Ces maqams servaient aux pèlerins qui pouvaient venir y questionner un Mufti de leur école. Le nombre de pèlerins augmentant chaque année on peut comprendre la nécessité qu’il y avait à faire de la place autour de la Kaaba. Cependant ces 4 maqams n’ont pas été déplacées mais tout simplement détruites, pour des raisons évidentes d’incompatibilité avec la vision unilatérale et sectaire qu’ont les Wahhabites de l’Islam.
[3] La crainte révérentielle (délaisser les interdits, chercher la satisfaction d’Allâh).
[4] Malik ibn Anas, Ahmad ibn Hanbal, Abou Hanifa, Ash-Shafi’I et leurs successeurs (Qu’Allâh leur fasse Miséricorde).