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L’apprentissage auprès d’un enseignant et l’importance de l’Isnad      

Par le Mufti
  Muhammad ibn Adam Al-Kawthari

 
APPRENDRE

 

Question :

J’ai lu un de vos récents articles et je voulais savoir quelle est la condition légale nécessaire pour que quelqu’un soit  considéré comme un savant compétent de qui nous pouvons prendre la Science? L’Isnad [1] constitue-t-elle l’une de ces exigences et existe-t-il des sources qui prouvent cela?

Aussi, j’ai remarqué que l’Isnad n’est généralement pas mentionnée par les savants comme une condition préalable pour que quelqu’un soit considéré comme un mujtahid [2]. Peut-on être autodidacte?

Réponse :

Au nom d’Allâh, le Très Clément, le Très Miséricordieux,

Votre question comporte deux aspects. Le premier concerne l’importance de la chaîne de transmission (Isnad / Sanad) pour relier les connaissances Islamiques, et le second concerne le statut de l’apprentissage auprès d’un enseignant qualifié. Je vais essayer de faire la lumière, insha Allâh, sur ces deux sujets à la lumière du Coran, de la Sunnah et des déclarations des savants traditionnels.

L’Isnad (chaîne de transmission)

Allâh le Tout-Puissant a honoré la Oumma du meilleur de la création, notre maître Muhammad, par de nombreuses caractéristiques exceptionnelles qui n’ont été données à aucune autre nation avant la nôtre.

Parmi ces faveurs se trouve la caractéristique unique et inégalée de l’Isnad dans la transmission des  diverses Sciences de la connaissance Islamique. L’Isnad était considéré par les Musulmans des 1ères générations (Salaf) comme la première et principale condition pour transmettre n’importe quel aspect de la Shari’ah, même s’il s’agissait de ne rapporter qu’un mot.

En complément, Allâh le Très-Haut a tenu Sa promesse de préserver la Religion (Dine) comprenant le livre d’Allâh, la Sunnah du bien-aimé d’Allâh et les diverses Sciences Islamiques qui sont indispensable pour les comprendre.

Allâh le Très-Haut a dit :

« C’est Nous, en vérité, qui avons révélé le Message, et c’est Nous qui en assurons l’intégrité. » [3]

Le « Message » ici fait référence au livre d’Allâh ainsi qu’à la Sunnah de Son Messager béni, car quoi que dise le Messager d’Allâh, cela provient d’Allâh Tout-Puissant, comme Allâh le Très Haut l’a dit :

« Et il (le Messager d’Allâh) ne dit (aught) rien sous l’effet de la passion. Ce n’est en fait qu’une révélation (wahi) inspirée. » [4]

Le Messager d’Allâh s’expliqua à la fois verbalement et de manière pratique le contenu du livre d’Allâh. Le Coran est très ambigu et limité dans l’énoncé des Lois de la Shari’ah, et la fonction du Messager d’Allâh fut d’expliquer ces préceptes.

Allâh le Très-Haut dit à son Messager :

« Et à toi aussi, Nous envoyons ce Message (Coran), afin que tu expliques clairement aux hommes ce qui leur a été révélé. » [5]

Ainsi, la promesse de préserver le Dine ne se limite pas au Coran, mais plutôt elle englobe la Sunnah, la façon dont les Compagnons l’ont comprise (qu’Allâh soit satisfait d’eux tous) et la compréhension de ceux qui ont pris d’eux.

L’Isnad est une caractéristique unique du Messager de la Oumma d’Allâh. Aucune autre nation, religion ou communauté ne peut revendiquer ou se vanter d’avoir une analyse aussi rigoureuse des différents aspects de sa croyance.

Les premiers savants Musulmans ont examiné et analysé chacune des déclarations qui leur sont parvenues, qu’il s’agisse de déclarations du Messager d’Allâh, de ses Compagnons (qu’Allâh soit satisfait d’eux tous) ou de quelqu’un d’autre. Ils ont étudié la vie et le caractère de ceux qui faisaient partie de la chaîne de transmission (isnad) de la manière la plus stricte possible.

Ainsi, la Oumma a été témoin de l’apparition extraordinaire de la « science de l’étude des rapporteurs de Hadith » (Rijal al-Hadith) qui était sans précédent et demeure sans équivalence aujourd’hui encore. L’enregistrement des noms, dates de naissance, dates de décès, des qualités et des caractéristiques de milliers et de milliers de personnes est quelque chose que seuls les Musulmans possèdent.

Des livres comme Tahzib al-Kamal d’al-Mizzi, Tahzib al-Tahzib d’Ibn Hajar al-Asqalani, Mizan al-I’tidal d’ad-Dhahabi et Lisan al-Mizan d’Ibn Hajar ne sont que quelques exemples de cet extraordinaire phénomène. Il y existe aussi des livres consacrés à la préservation de la biographie des Sahaba, comme Tabqat d’Ibn Sa’d, al-Isti’ab d’Ibn Abd al-Barr, Usd al-Ghaba d’Ibn al-Athir et al-Isaba d’Ibn Hajar, dans lesquels sont traitées les biographies d’environ dix mille compagnons (qu’Allâh soit satisfait d’eux tous).

L’Imam Abd Allâh ibn al-Mubarak a dit [6] :

« La chaîne de transmission (Isnad) fait partie de la religion et s’il n’y avait pas l’Isnad, chacun dirait ce qu’il veut. Quand il est dit (à celui qui parle sans Isnad) : “Qui vous a informé? ” Il reste muet et déconcerté ». [7]

Il (Abd Allâh ibn al-Mubarak) a également déclaré :

« Celui qui souhaite approfondir son dine sans Isnad est semblable à celui qui monte sur le toit sans échelle. »

Soufyan at-Thawri a dit :

« L’Isnad est l’arme d’un croyant. Quand quelqu’un ne possède pas d’arme, alors avec quoi combattra-t-il ? »

Sayyidina Imam Shafi’i a dit :

« L’exemple de celui qui est en quête de Hadith sans Isnad est celui d’une personne qui recueille du bois dans la nuit. Il porte un fagot de bois ne sachant pas qu’il y a un serpent dedans. » (Ce qui signifie qu’il recueille et rassemble tous types de narrations, qu’elles soient authentiques ou forgées).

Baqiyya ibn al-Walid relata une fois à Hammad ibn Zaid certains récits qui étaient dépourvus d’Isnad. Hammad déclara alors : « Si seulement ils avaient des ailes »[8]

L’Imam Ibn Taymiyya a déclaré :

« L’Isnad est une caractéristique unique de cette Oumma et de l’Islam. Et parmi les Musulmans, c’est une spécialité de Ahl al-Sunna wa al-Jama’a. »

(Les déclarations ci-dessus ont été répertoriées par Sheykh Abd al-Fattah Abu Ghudda dans son excellent ouvrage, al-Isnad min al-Din p. 18-20)

Ces exemples, et il existe encore bien d’autres déclarations similaires des prédécesseurs, impliquent que les premiers Musulmans considéraient l’Isnad comme indispensable dans l’acquisition de la Science. Tant et si bien que même pour rapporter une seule parole dans leurs livres, ils mentionnaient toute une chaîne de transmission qui portait sur trois ou quatre lignes.

Il n’a pas été fait mention de l’Isnad que dans la transmission des traditions Prophétiques (hadith), mais plutôt dans toutes les formes de savoir, comme l’exégèse du Coran (tafsir), les histoires de pieux et des croyants, les événements historiques, etc.

Après que les traditions Prophétiques furent recueillies dans les grandes compilations, comme le Sahih d’al-Bukhari, le Sahih de Muslim, etc. ainsi que dans d’autres compilations dans diverses autres Sciences Islamiques, il ne fut plus jugé nécessaire de rattacher chaque déclaration avec une chaîne de transmission remontant à sa source d’origine. Il était alors suffisant d’avoir une Isnad ou Sanad se rapportant à l’auteur. L’Isnad de l’auteur remontant à la source d’origine étant mentionnée dans son livre.

Jusqu’à ce jour, nous avons des savants du monde entier qui rapportent les traditions Prophétiques et les autres branches du savoir Islamique avec une chaîne qui remonte aux auteurs des livres respectifs.

Les six grands livres de Hadith sont généralement enseignés avec une Isnad qui remonte à leurs auteurs, et qui va d’eux au Messager d’Allâh. De nombreux savants sont connus pour avoir voyagé et avoir parcouru de longues distances en vue d’acquérir des Ijazah [autorisations] et une forme supérieure d’Isnad.

En termes d’Isnad, s’agissant des traditions prophétiques (hadith), les savants du sous-continent indien sont (probablement) au premier rang. On accorde là-bas une attention particulière à la science du Hadith et presque tous les élèves qui étudient dans les différentes institutions Islamiques (Dar al-Uloom) sont bénis d’une Isnad dans chacun des grands livres de Hadith. Il est connu que même les grands savants Arabes voyagent en Inde et au Pakistan en vue d’acquérir des Ijazah et des Isnad des grands maîtres du Hadith.

En ce qui concerne les autres branches scientifiques telles que la science du Tajweed, le Fiqh, etc, il est connu que les savants Arabes sont au premier rang dans la transmission et l’enseignement des différents livres avec Isnad.  Les grands savants en Syrie et ailleurs, ont une chaîne dans la récitation et la mémorisation du Coran qui remonte au Messager d’Allâh via l’ange Jibril depuis Allâh Tout-Puissant Lui-même.

Les livres majeurs de Fiqh Hanafi (et des autres écoles Juridiques) sont enseignés avec une Isnad/Sanad remontant à leurs auteurs et à Sayyidina Imam Abu Hanifa  rahimahullaah.gif lui-même. Les livres dans les autres sciences sont également enseignés et liés d’une manière similaire.

En conclusion, l’Isnad (ou Sanad) est une caractéristique unique par laquelle notre Oumma a été bénie. L’Isnad a toujours été considérée comme étant indispensable à l’enseignement et la recherche du Savoir. Les savants mentionnent que même aujourd’hui, l’acquisition des connaissances doit se faire auprès d’un savant qui a une chaîne de transmission, ou au moins avec un professeur qui a été élève d’un tel savant. Avoir une chaîne de transmission complète n’est pas un pré-requis pour l’enseignement. Cependant, ce qui est nécessaire, c’est que celui de qui on prend le savoir, soit parmi ceux qui ont étudié auprès d’autres Shouyoukh. Ceci est discuté dans la section suivante.

L’apprentissage auprès d’un enseignant qualifié


Allâh le Très-Haut a créé l’homme différent des animaux. Contrairement à l’homme, les animaux ne sont pas dans le besoin d’un enseignant ou d’un formateur. Nous observons par exemple que, quand un poisson nait, il commence automatiquement à nager sans qu’on ne lui ait appris à le faire. S’il venait l’idée à un homme de prendre exemple sur le poisson et de jeter son bébé nouveau-né dans la rivière pensant qu’il va se mettre à nager, on dirait de cette personne qu’elle est folle ; autant un poisson n’a pas besoin d’un instructeur pour lui apprendre à nager, autant un homme a besoin d’un tuteur pour lui apprendre à nager.

Prenez l’exemple du poussin nouveau-né, au moment où il sort de l’œuf, il commence à grignoter des aliments sans qu’on le lui ait appris. Toutefois, un bébé humain ne saura pas comment manger avant qu’on lui ait enseigné de façon pratique comment consommer les divers types d’aliments.

Il s’agit de la Sunnah (la Voie) d’Allâh Tout-Puissant qui a façonné des êtres humains de telle sorte qu’ils sont dans le besoin de formation pratique auprès d’un professeur pour l’apprentissage de toutes  sciences, techniques ou métiers. Du moment où l’on nait, on a besoin d’enseignement pratique et de conseils, et ce, dans tous les aspects de la vie.

Il y a un consensus quasi total sur le fait qu’il soit littéralement impossible de maîtriser une science ou un art dans ce monde sans les conseils et la tutelle d’un enseignant qualifié avec lequel apprendre en mettant en pratique les principes fondamentaux de cette science. Il n’est pas possible d’acquérir une expertise dans un domaine à moins de se soumettre à la direction d’un enseignant.

Prenez par exemple la science de la médecine. Si quelqu’un se mettait à imaginer qu’il lui suffirait de lire et d’étudier les livres sur la science médicale dans le confort de sa maison, pour ainsi devenir  un médecin, alors pratiquement tout le monde considérerait que cette personne à perdu la raison. Si cette personne devait effectuer un acte chirurgical sur un patient ou commençait à traiter les gens, il est alors certain que ses patients ne se retrouveraient nuls  par ailleurs que dans un cimetière!

Même si cette personne est très talentueuse et compétente, la direction d’un tuteur est indispensable. Supposons que cet individu soit capable de comprendre les livres de la science médicale et qu’il maîtrise la langue dans laquelle les livres sont écrits, il ne sera malgré tout toujours pas autorisé à travailler en tant que médecin ou chirurgien tant qu’il n’aura pas étudié sous la direction d’une personne qualifiée dans le domaine de la science médicale. Aucun gouvernement ne permettra à  cette personne d’accéder à la profession médicale, en raison du fait qu’il n’a pas suivi la méthode requise pour maitriser cette profession.

C’est la même chose avec toutes les autres sciences du monde qui nécessitent la direction d’un enseignant. Personne ne vous autorisera à pratiquer le droit tant que vous n’aurez pas fréquenté une école de droit et apprit auprès d’un avocat qualifié. Ce qui est valable pour les sciences majeures, l’est même pour un art comme la simple cuisine dont la maitrise ne s’obtient pas uniquement par la simple lecture d’un livre. Il existe plusieurs livres publiés qui expliquent les méthodes de cuisson des différents types d’aliments. Si une personne qui n’a jamais cuisiné de sa vie, cuisinait en se contentant de la lecture de la procédure de cuisson mentionnée dans le livre, alors vous pouvez imaginer quel pourrait être le résultat!

En fait, l’homme est ainsi fait qu’il est incapable d’acquérir des connaissances simplement à partir des livres à moins qu’il ait un professeur et un guide pour le former et le guider. Il a besoin de rester en compagnie d’un professeur qualifié qui puisse l’aider et l’assister dans chacune des étapes et qui le préserve des erreurs qui peuvent être commises. Cela s’applique à toutes les sciences, aux arts et métiers, et les sciences sacrées et religieuses ne font pas exception. Il n’est pas possible d’acquérir les sciences sacrées à moins que l’on soit formé par un professeur et guide qualifié.

Tel est le secret, jamais un livre ou une écriture n’a jamais être révélée, sans qu’Allâh le Tout-Puissant n’envoie un Messager pour expliquer son contenu. Il existe de nombreux exemples dans lesquels un Prophète a été envoyé par Allâh le Tout Puissant sans qu’aucun livre ou Écriture ne lui soit révélé, mais il n’existe pas un seul cas où un livre a été révélé sans un Prophète qui l’accompagne.

La simple et bonne raison derrière cela est que si un livre était envoyé seul, l’homme ne possèderait pas la capacité de le comprendre sans l’enseignement d’un Prophète. Si Allâh voulait, Il aurait très bien pu envoyer le livre de Sa propre initiative. Chaque individu aurait alors trouvé un livre le matin au réveil, et une voix du ciel aurait déclaré : « Obéissez à ce qui est dans ce livre », mais Allâh, le Créateur de l’humanité, qui est pleinement conscient de l’instinct de l’homme, a choisi d’envoyer le livre avec un professeur qui puisse expliquer le contenu du livre, à la fois d’une manière pratique et verbale.

Allâh le Très Haut explique ce concept dans le verset suivant :

« Allâh a été d’une extrême bonté envers les croyants en choisissant parmi eux un Prophète pour leur réciter les versets divins, les purifier de leurs péchés et leur enseigner le Livre et la sagesse, bien qu’ils fussent autrefois dans un égarement manifeste.. » [9]

De même, Allâh le Très Haut dit :

« Et à toi aussi, Nous envoyons ce Coran, afin que tu expliques clairement aux hommes ce qui leur a été révélé. » [10]

Par conséquent, ces deux moyens dédiés à l’orientation de l’humanité font partie de la Sunnah d’Allâh le Tout-Puissant. Le premier par l’intermédiaire de Ses livres (kitab Allâh) et l’autre grâce aux Prophètes et à leurs successeurs. Ainsi, à la fois le livre d’Allâh (kitab Allâh) et les hommes d’Allâh (Rijal Allâh) sont nécessaires à l’orientation. Se suffire de l’un des deux conduirait sans aucun doute à l’égarement.

À ce stade, il serait utile de citer le grand savant des Usul, l’Imam al-Shatbi . Ce qui suit est le point crucial de ce qu’il a déclaré à ce sujet dans son célèbre ouvrage al-Muwafaqat :

« La manière la plus bénéfique et la plus efficace permettant d’acquérir des connaissances est de l’apprendre de ceux qui sont maîtres dans leurs domaines. Il est nécessaire d’avoir un enseignant dans les aspects de la connaissance qui nécessitent des explications et des interprétations. Il n’est pas impossible pour quelqu’un d’acquérir des connaissances sans professeur, toutefois, on constate normalement que l’enseignant est d’une importance capitale. C’est quelque chose de convenu par les savants.

Les Savants ont dit : « La Science Sacrée était dans le cœur des hommes, puis elle s’est déplacée dans les livres et les clés de ces livres sont dans les mains de savants (Rijal) ». Cela implique la nécessité d’acquérir la connaissance auprès de ceux qui la maîtrisent.

Le fondement pour cela est le hadith qui stipule :

« C’est par la mort des savants qu’Allâh enlève la science et non pas en la retirant des gens; et quand il n’y a plus de savants les gens prennent comme chefs des ignorants et à qui ils posent des questions auxquelles ils répondent sans science, causant ainsi leur propre égarement et celui des autres ». [11]

Si tel est le cas, alors les savants sont sans aucun doute les clés de cette connaissance. » (Al-Muwafaqat)

L’Imam al-Shatbi mentionne en outre trois signes et caractéristiques que possède un enseignant expert qualifié :

1) Il pratique ce qu’il enseigne,

2) Lui-même a été formé par un savant qualifié,

3) Ses étudiants le suivent et poursuivent ses traces, car si ses élèves ont généralement tendance à ne pas le suivre, alors c’est un signe qu’il y a quelque chose qui ne va pas avec lui. (Ibid)

Il y a beaucoup de bénéfices et de sagesse dans l’apprentissage auprès d’un enseignant : Une bonne compréhension des textes, l’interprétation correcte, être préservé des erreurs dans la compréhension des textes (car chaque science a des terminologies qui leurs sont propres), obtenir les réponses aux interrogations qui peuvent survenir , l’application pratique des connaissances et l’obtention de la Baraka et de la lumière inhérente à l’orientation de cette relation particulière entre l’enseignant et l’élève n’en sont que quelques exemples.

En conclusion, il est nécessaire que celui désire apprendre, prenne sa Science auprès d’un savant de Science, pieux et sage et qui lui-même a suivi l’enseignement et la formation d’un savant de la sorte. Cela ne signifie pas qu’à chaque fois qu’un individu prend un livre, il doive trouver un savant pour le lui enseigner, mais plutôt qu’il est nécessaire d’étudier les fondements de chaque science avec ceux qui sont qualifiés et ainsi se familiariser avec les différentes terminologies, termes et expressions utilisées. Par la suite, on peut étudier un livre par soi-même en se référant toujours à des savants reconnus lorsque quelque chose n’est pas clair.

Et Allâh est plus Savant.


Muhammad ibn Adam Al-Kawthari
Darul Iftaa
Leicester, UK

Notes du traducteur :

[1] Isnad : Dans la transmission des Sciences Islamiques il s’agit des chaines de transmission reliant les élèves à leurs maitres. Cette chaîne permet d’authentifier si la personne qui enseigne telle ou telle science l’a bien reçue d’un maître (sheykh) authentique l’ayant lui-même reçue d’un maître, etc. Ce sont ces mêmes chaines qui ont permis de protéger les Hadiths de toute falsification et invention. En effet cette chaîne des rapporteurs et la fiabilité que l’on attribue à ceux-ci permettent d’évaluer le degré de recevabilité du Hadith.

[2] Le Mujtahid est le savant reconnu par ses pairs, ayant atteint un niveau d’érudition très avancé, lui permettant de prononcer une interprétation personnelle (ijtihâd) sur un point de droit dans l’Islam. Peu de savants ont atteints ce niveau, on compte parmi eux des Imam comme Abou Hanifa, Malik ibn Anas, Ahmad ibn Hanbal, ash-Shafé’i. On estime qu’aujourd’hui il n’existe pas de savants Mujtahid, c’est pourquoi les ‘Ulamas des écoles se réunissent en comité afin de réunir leurs compétences pour étudier les questions nouvelles.

[3] Coran : Sourate al-Hijr, verset 9
[4] Coran : Sourate al-Najm, versets 3 et 4
[5] Coran : Sourate al-Nahl, verset 44

[6] L’Imam ‘Abd Allâh ibn al-Moubarak, fût l’élève de Sufyan at-Thawri, de Malik ibn Anas et de Abu Hanifa. Il fut un grand spécialiste du hadith ayant le statut de Amir al-Mouminin (commandeur des croyants) dans la science du Hadith.

[7] Voir : Introduction de Sahih Muslim, 1/87, al-Jami ‘li akhlaq al-Rawi wa Adab al-sami’ et autres)

[8] « Si seulement ils avaient des ailes » : Dans le sens où si les mots pouvaient voler, ils nous parviendraient directement, sans que nous ayons besoin de vérifier la chaine des transmetteurs. Cette expression peut aussi signifier : « Je n’en crois pas un mot ». Ces deux possibilités allant dans le sens du peu de crédibilité accordée aux propos rapportés sans Isnad.

[9] Coran : Sourate Ali Imran, verset 164
[10] Coran : Sourate Al-Nahl, verset 44
[11] Sahih al-Bukhari et Sahih Muslim

Pourquoi apprendre auprès d’un professeur?

Par Sheykh Faraz Rabbani

 

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Question :

Pourquoi est-il important d’étudier la jurisprudence (fiqh) auprès des savants, plutôt qu’en se contentant de lire le texte soi-même, surtout si le texte est écrit ou commenté par des savants fiables? Que peut-on obtenir auprès d’un enseignant qu’on ne puisse obtenir à partir de ces textes fiables?

Réponse :

Au Nom d’Allâh, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.

1. Une solide compréhension : Il y a beaucoup plus de chances qu’une personne tombe dans l’erreur sans professeur pour la guider dans la compréhension et l’apprentissage. Étant donné que la connaissance religieuse est une chose très importante, on ne peut pas se reposer sur une personne dont les connaissances sont prises uniquement à partir des livres. L’enseignant (sheykh) est en mesure de contrôler (tester) la compréhension d’une personne et de la reprendre sur ses erreurs ; quant à l’élève, il est en mesure de poser des questions et de vérifier ainsi s’il a correctement compris l’ouvrage.

2. Une juste compréhension : Même dans les meilleurs livres on peut parfois trouver des usages terminologiques spécifiques, des positions faibles, des erreurs, des arguments incorrects, etc. Il arrive également que ces ouvrages ne mentionnent pas (toutes) les conditions ou les implications, manquent de détails, etc. Sans un enseignant expliquant la signification réelle des textes et la manière dont il faut les interpréter, il est à peu près certain que le lecteur tombera dans des erreurs grossières.

3. Des progrès satisfaisant : Si vous n’êtes pas suffisamment instruit, il est probable que vous ayez peu de connaissances ou de compétences pratiques sur la façon d’acquérir des connaissances de manière efficace. L’enseignant guide l’élève dans son chemin d’apprentissage, et concentre les efforts des élèves afin qu’ils puissent acquérir des connaissances de manière efficace.

4. Comprendre le contexte, la sagesse et la façon d’appliquer les connaissances théoriques. Tout ne peut être appliqué à la lettre (littéralement)…

5. L’apprentissage de l’adab et de l’humilité : en soumettant sa supposée compréhension et en la confrontant à la compréhension d’un héritier du Prophète (salallâhou ‘alayhi wassalaam).

6. Suivre la sunna des Prophètes, qui ne se sont pas restreints à imprimer et distribuer aux gens un « livre à suivre » : ils ont enseigné, et leurs compagnons ont appris et suivi.

7. La baraka de cette relation enseignant-élève. Il y a de grands secrets en elle. Les Prophètes eux-mêmes étaient des « étudiants » de Jibril (‘alayhi salam).

8. Bénéficier de la proximité des savants ; de leurs mœurs, de leur caractère et de leurs habitudes.

Wassalam,

Faraz Rabbani

© Traduit avec l’autorisation de l’honorable sheykh Faraz Rabbani (qu’Allâh le récompense)


La Science Sacrée peut-elle s’obtenir simplement à partir des livres?

 

Par  Sunnisme.com [1]

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Question :

Certaines personnes ont déclaré que le système des ijazas [2] et les Isnads [3] d’un savants sont essentielles alors que d’autres disent qu’il n’est pas nécessaire de posséder des Isnads ou des ijazas pour être un savant et que la science peut être obtenue simplement à partir des livres (comme c’est le cas pour sheykh al-Albani). Quelle est l’opinion correcte et qu’elles en sont les preuves?

Réponse :

Afin d’acquérir la Science, il est absolument essentiel de se placer sous l’expertise d’un professeur qualifié (Sheykh). Ne pas le faire entraîne généralement un égarement absolu. En fait, cela [ndt : la transmission orale] a été l’usage des Prophètes (Anbiyâ) et de nos pieux prédécesseurs (as-Salafs as-Salih).

1. Le Saint Coran a été révélé par Allâh Ta’ala le Tout puissant pour que la Oummah puisse bénéficier de la connaissance et de la bonne Guidée. Mais, sans les explications de Rassoulullâh (salallahou ‘alayhi wassalaam) il y aurait certainement eu des incompréhensions sur les significations. Allâh Ta’ala s’adresse au Messager de Dieu dans le Coran : « Et Nous avons fait descendre sur toi le Coran, de sorte que tu expliques aux gens ce qui leur a été révélé ». Il s’agit là de la plus importante et plus évidente preuve de notre point de vue.

2. Allah Ta’ala mentionne dans le Coran : « Demandez aux gens de savoir si vous ne savez pas ».

3. Il est dit que Sayyidina Daoud (‘Alayhi salam) aurait énormément bénéficié de Luqmaan al-Hakim (‘Alayhi salam), avant que Daoud ne reçoive la prophétie. [4]

4. Le séjour de Sayyidina Moussa (‘Alayhi salam) chez Sayyidina Khidhr (‘Alayhi salam) est bien connu et inscrit dans le Saint Coran.

5. En outre, durant l’époque des Tabi’ine, chaque fois que quelqu’un prétendait avoir n’importe quelle connaissance, il était interrogé au sujet de la personne auprès de qui il l’avait apprise. [5]

6. Muhammad Ibn Sirine a dit : « Méfiez-vous des livres car ceux d’avant vous ont été induits en erreur par les livres »

7. Les Salaf avaient l’habitude de dire aux gens : « Et qui est votre Savant, ou bien où sont vos Savants et ils détestaient celui qui n’avait pas de Savant et qui prenait sa science directement dans les livres »

8. Il a été rapporté que les Salaf disaient aussi : « Celui qui entre seul dans la connaissance, en sortira seul »

9. Imam Adh-Dhahaabi a déclaré à propos de Ali Ibn Rizwan : « Il n’a pas eu d’enseignant (sheykh). Au lieu de cela, il a prit sa science uniquement à partir des livres. Il est l’auteur d’un livre sur l’acquisition d’une compétence ou d’un métier uniquement par la lecture de livres dans lequel il déclare que cela est plus approprié pour l’élève. Mais c’est faux. »

10. Ibn Butlan a dit : « Il est interdit et détesté par les Salaf de faire cela (prendre la science uniquement des livres), parce que ce qui peut se produire, pour une personne qui est un débutant dans la recherche de la Science, c’est qu’elle peut facilement confondre un mot avec un autre (en raison de l’arabe de l’époque dans lequel il n’y avait pas de symboles pour les voyelles). Le Savant qui est fermement ancré dans sa connaissance sera en mesure de prendre des livres (et de comprendre ce que l’élève ne peut pas) et l’étudiant lui permettra de lire le livre et de lui expliquer »

11. As-Safadeee à déclaré : « Pour cette raison, les Ulémas ont dit ne pas prendre de Science d’une personne qui l’a acquise à partir des livres »

12. Hafiz Khatib al-Baghdadi, le célèbre Muhaddith du 5ème siècle, affirme dans son livre  » Taqyidul ‘Ilm  » : « Beaucoup de savants de l’époque classique ont – à l’approche de la mort – soit eux-mêmes détruits leurs livres, soit ont ordonné qu’on le fasse. Cela était dû à la crainte que ces ouvrages puissent finir entre les mains d’ignorants qui ne comprendraient pas ses verdicts et ne feraient qu’en prendre le sens apparent ». Il a ensuite rapporté plusieurs épisodes, d’érudits classiques, l’ayant fait. Parmi eux : l’Imam Abeda al-Salmani, l’Imam Shu’bah ibn Hajjaj, l’Imam Abu Qilabah et l’Imam Eesa ibn Younous. [6]

13. Les Imams Muhammad ibn Sirine, Hakam ibn Atiyyah et Waki Ibnul Jarrah ont tous déclaré que la cause première de l’égarement des Banu Israël était les livres qu’ils avaient hérités de leurs ancêtres. [7]

14. L’Imam al-Awzaa’iee a déclaré : « La Science était sublime aussi longtemps qu’elle était obtenue de la bouche des savants. Mais quand elle s’est retrouvée dans les livres, son Noor (lumière divine) a disparu ». [8]

Note : Le but des 3 citations précédentes est de démontrer que la simple étude de livres constitue une erreur et que cette méthode est dénuée de l’assistance divine. L’idéal serait d’étudier les livres en question sous la tutelle d’un Savant. En aucun cas, notre intention n’est celle de rabaisser les ouvrages de Shari’ah.

15. On a questionné l’Imam Malik sur le fait que la connaissance puisse être acquise auprès d’un homme qui ne s’est pas assis en compagnie des Savants (et qui au contraire, s’est uniquement contenté de livres). Il a répondu par la négative et a dit : « La Science ne doit être acquise qu’auprès de celui qui a mémorisé [ndt : apprit], qui a accompagné les Savants, qui a pratiqué sa connaissance et qui possède en lui la piété ». [9]

16. Sheykh Muhammad Awamah (un Muhaddith contemporain inégalé) mentionne de manière admirable dans son livre  » Adabul Ikhtilaf  » : « Ils (les Ulémas) n’ont jamais eu pour habitude de prêter attention à celui qui n’a pas eu d’Ustadh (enseignant), ni ils n’auraient considéré une telle personne digne de s’exprimer en raison des erreurs qu’elle puisse commettre ». Il dit encore : « Le Qadi ‘Iyad et d’autres ont rapporté que quand l’Imam Ahmad Ibn Hanbal fut questionné par le dirigeant de son temps (al-Mu’tasim) pour discuter d’une certaine question avec Ibn Abi Du’ad, il (l’Imam Ahmad) détourna son visage et dit : « Comment puis-je discuter avec une telle personne alors que je ne l’ai jamais vu à la porte d’aucun Savant (‘Alim) ! ». [10]

17. Le grand Saint, Sayddi ‘Abd al-Qadir al-Jilaniyy (rahimahuLlâh) a déclaré : « La Science s’apprend de la bouche des hommes ». [11]

Par ailleurs, de nombreux Hadiths nous indiquent le fait que l’acquisition de la Science doit se faire par transmission orale :

Le Prophète a dit : « Ô Abou Dharr, si tu te déplaces et apprends une ‘ayah du Qour’an, tu seras plus récompensé que si tu pries cent rak’ah des prières surérogatoires ; et si tu te déplaces et apprends un chapitre de la connaissance, tu seras plus récompensé que si tu pries mille rak’ah des prières surérogatoires ». [Rapporté par Ibnou Majah]

Le Prophète a dit : « Celui qui est sorti pour acquérir la science de la religion, celui-là est en train d’agir pour rechercher l’agrément de Allah jusqu’à ce qu’il revienne ». [Rapporté par At-Tirmidhiyy]

Quel serait le sens de ces déplacements si ce n’était pour aller chercher la Science là où elle se trouve c’est-à-dire aux pieds des Savants ?

Puis il y a ces autres Hadiths très explicites :

Le Prophète a dit : « Est excellent parmi vous celui qui apprend le Qour’an et l’enseigne aux autres ». [rapporté par Al-Boukhariyy]

Le Prophète a dit : « Celui qui interprète le Qour’an selon son avis personnel, il commet une erreur même si ce qu’il a dit est correct ». [Rapporté par At-Tirmidhi]

Le Messager de Allâh a dit : « Celui pour qui Allâh veut le bien, Il lui facilite l’apprentissage de la religion, certes la science de la religion est par transmission orale ». [rapporté par Al-Boukhary]

Le Prophète a dit : « Ô gens, apprenez. Certes, la science vient par l’apprentissage et la science de la religion par transmission orale. Celui pour qui Allah veut du bien, Il lui fait apprendre la science de la religion ». [Rapporté par At-Tabarany]

Si les livres peuvent constituer un bon support d’apprentissage, il n’en demeure pas moins que la Science ne peut s’apprendre qu’auprès d’un Savant (Sheykh) ayant lui-même reçu cette Science d’un Savant, etc… Le Prophète Muhammad a reçu l’Islam de L’ange Jibril (‘Alayhi salam), puis Il l’a ensuite enseigné à ses Compagnons (Radhia Allâhou ‘anhoum) qui ensuite ont transmis à leurs successeurs, et ainsi de suite jusqu’à nos savants d’aujourd’hui. C’est grâce à cette transmission orale et à cette mémorisation que notre religion a été préservée des innovations, des hérésies et des falsifications,comme on peut en trouver dans les autres religions. Comme l’a dit le grand Savant Ibn al-Moubârak (118-181 AH) : « La chaîne de transmission fait partie de la religion et s’il n’y avait pas cette chaîne n’importe qui le voudrait pourrait dire n’importe quoi ».

A-t-on déjà vu un chirurgien autodidacte? Non, c’est impossible et quand bien même il aurait lu tous les livres qui existent sur la médecine et la chirurgie, ca ne fera de lui ni un médecin, ni un chirurgien. Il pourra se présenter dans n’importe quel établissement hospitalier, il est impossible qu’il trouve un poste et à coup sur il se fera claquer la porte au nez. Jamais personne ne confierait sa vie ou celle d’un de ses proches à une telle personne si pour des raisons médicales une opération chirurgicale s’avèrerait nécessaire. Quiconque possédant un esprit sain aura bien trop peur des résultats catastrophiques engendrés par une telle opération, et sur ce point on ne pourra que lui donner raison.

Alors pourquoi ne pas appliquer pour l’Islam ce que l’on applique pour sa santé ? La religion d’Allâh est-elle moins importante que notre santé pour que nous la mettions entre les mains de gens qui ne sont pas qualifiés ?

Nous espérons que les points évoqués ci-dessus sont suffisants pour convaincre et satisfaire toute personne qui a l’idée saugrenue de se suffire à l’étude exclusive des livres sans la supervision d’un professeur compétent (Ustadh).

Nous terminerons cette explication avec la traduction d’un célèbre poème qui est attribué à l’Imam ash-Shafi’i et qui est très célèbre dans la bouche des Oulémas :

« Oh, mon frère,
Tu ne pourras jamais acquérir la Science,
Sans ces six choses,
L’intelligence, le désir, la pauvreté,
le Séjour, la tutelle d’un Maître,
ainsi qu’une longue période régulière (d’étude sous sa direction) » [12]

Et Allâh Ta’ala est plus Savant.

 

Notes :

[1] Article réalisé par l’équipe de Sunnisme.com à partir d’une fatwa du Mufti Mohammed ibn Haroun Abassomer et d’autres articles de Fiqh. Le Sheykh Mohammed ibn Haroun Abassomer est né et a grandi en Afrique du Sud. Après avoir terminé huit années de rigoureuses études islamiques sur place, il a ensuite continué afin de se spécialiser dans le domaine du hadith sous la tutelle de l’un des savants les plus renommés dans les sciences du Hadith, Sheykh Fadl al-Rahman al-Azami (Qu’Allâh le préserve). Plus tard, il continua son voyage afin d’approfondir encore plus sa spécialisation dans le Hadith avec le savant renommé Sheykh Muhammad Awwama, à la Munawwarah de Médine.

[2] Ijaza : autorisations délivrées par les Savants à leurs élèves une fois qu’ils ont parfaitement maitrisés la matière qui leur a été enseignée.

[3] Isnad : Dans la transmission des Sciences Islamiques il s’agit des chaines de transmission reliant les élèves à leurs maitres. Cette chaîne permet d’authentifier si la personne qui enseigne telle ou telle science l’a bien reçue d’un maître (sheykh) authentique l’ayant lui-même reçue d’un maître, etc. Ce sont ces mêmes chaines qui ont permis de protéger les Hadiths de toute falsification et invention. En effet cette chaîne des rapporteurs et la fiabilité que l’on attribue à ceux-ci permettent d’évaluer le degré de recevabilité du Hadith.

[4] Tafsir al-Qurtubi

[5] Mouslim

[6] Ibid pages 61-62

[7] Voir Taqyidul ‘Ilm page 61et ses notes.

[8] Ibid page 64

[9] Cf : Adabul Ikhtilaf page145

[10] Ibid page144

[11] Dans Al-Fath Ar-Rabbani Wa l-Faydh Ar-Rahmani, page 348 (Enseignements Soufis, ed. al-Bouraq)

[12] Adabul Ikhtilaf pages 142 – 143

Sheykh Faraz Rabbani

 

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Sheykh Faraz Fareed Rabbani est née à Karachi au Pakistan et a grandi à Toronto, au Canada. Bénéficiaire d’une pleine bourse d’étude, il entra à l’Université de Toronto où il passa avec succès son baccalauréat d’Economie et Commerce en Mai 1997. Alors qu’il était au Canada, Sheykh Faraz était engagé dans diverses organisations et projets, comme la gestion du mensuel « The Muslim Voice » [1] dont il est l’un des fondateurs et il était le Vice-Président du MSA de l’Université de Toronto de 1994 à 1996 [2]. Pendant qu’il était à Toronto, il a participé à divers cercles d’études islamiques et programmes éducatifs, dont ceux de :

– Sheykh Ahmad Talal al-Ahdab,
– Sheykh Faisal ‘Abd al-Razzaq,
– Sheykh Muhammad Zahid Abu Ghudda.

Après avoir obtenu ses diplômes, Sheykh Faraz a voyagé avec sa famille à Damas, en Syrie, afin d’obtenir une formation Islamique en bonne et due forme. A Damas, il a étudié l’Arabe, la ‘Aqida, la Mantiq [3], le Fiqh Hanafi, le Fiqh Shafi’i, les Usul al-fiqh, et le Hadith avec un certain nombre de savants dont :

– Sheykh Haytham Idilbi,
– Sheykh ‘Abd al-Rahman Kharsa,
– Sheykh ‘Abd al-Haleem Abu Sha`r,
– Sheykh Umar al-Sabbagh,
– Sheykh Jihad Brown,
– Sheykh Mu’min al-Annan,
– Sheykh Hassan al-Hindi,
– Sayyidi Sheykh Adib Kallas,
– Sheykh Muhammad Jumuah,
– Sh. ‘Abd al-Razzaq al-Halabi,
– Sheykh Haytham,
– Ustadh Mahmoud al-Bayruti,
– Sheykh Nuh Keller, qui est l’actuel professeur et guide spirituel de Sheykh Faraz Rabbani.

Durant l’été 2000, il s’installe à Amman, en Jordanie. Après s’être rendu en Jordanie, ses professeurs lui conseillèrent de se concentrer sur l’enseignement de ce qu’il venait d’apprendre. Enseignement pour lequel ils lui donnèrent la permission (Ijaza) et des encouragements. Ils lui conseillèrent également de poursuivre ses recherches personnelles et de continuer à étudier.

Il a publié deux livres :

– Sufism & Good Character
– Absolute Essentials of Islam : A Basic Hanafi Primer on Faith, Prayer, & the Path of Salvation [4].

Il dirige également le blog « Seeker’s Digest » et dispose d’une chronique régulière dans « Islamica Magazine ». Il est le Directeur Educatif du site « SeekersGuidance » [5], où il enseigne également le Fiqh, la ‘Aqida, et d’autres sujets. Il vit actuellement à Toronto au Canada avec sa femme et ses trois enfants, et enseigne à travers l’Institut Razi [6].

Lors d’une interview le Sheykh Faraz Rabbani fut questionné à propos de son travail. On l’interrogea notamment sur les Madrassas en ligne, et lors de sa réponse, il insista sur l’importance de bénéficier de l’enseignement d’un Sheykh :

« La relation enseignant-élève est essentielle dans la transmission saine des connaissances, car elle permet la transmission d’une bonne compréhension et de l’attitude saine à avoir envers la Connaissance Sacrée. Elle permet aussi l’apprentissage de la dévotion envers Allâh, de la sincérité, des caractères et du comportement des personnes de science. Cette relation est l’une des clefs de la Sunnah du Messager d’Allâh (salallahou ‘alayhi wassalaam). Les Compagnons du Prophète ont été la meilleure des générations, car ils ont bénéficié de la compagnie du Prophète. Leurs disciples ont été la seconde meilleure génération, car ils ont bénéficié de la compagnie des Compagnons (qu’Allâh soit satisfait d’eux tous). D’une manière générale, les savants et les Awliya sont devenus ce qu’ils étaient par le biais du maintien de la compagnie des gens de la réalisation. Si nous cherchons une connaissance utile, ou à parcourir le chemin spirituel, la voie du succès réside dans la recherche de vrais savants, en suivant leurs conseils, leur exemple et leur enseignement. »

Le Sheykh fut également interrogé sur ce qu’il considère être les principaux défis auxquels les musulmans sont aujourd’hui confrontés en terme d’éducation religieuse :

« Nous avons besoin de savants qui ont une érudition traditionnelle profonde, et une connaissance de la vie moderne, de la culture et de la société. Afin de favoriser l’émergence de tels savants, nous devons sensibiliser à la nécessité d’avoir des institutions éducatives Islamiques et recueillir le soutient en leur faveur. Dans le même temps, nous avons besoin de savants et de musulmans engagés, aux cœurs vivants – la connaissance sans la lumière de la foi et la piété dans le cœur est de peu d’avantages. C’est pourquoi les authentiques manifestations de la spiritualité Islamique sont la clef du succès de la communauté Musulmane. Beaucoup de gens qui cherchent à se rendre à l’étranger pour apprendre, par exemple, ne cherchent pas la connaissance autant qu’ils essaient de se trouver. La façon de se trouver soi-même est de réaliser la réalité de la pleine soumission à la Volonté d’Allâh, et ensuite de vivre et d’aimer selon les implications de cette réalisation. »

Le Sheykh termina son interview par le conseil suivant :

« Trouvez des savants en vie dont le Cœur est vivant. Apprenez d’eux; imitez leur exemple; sollicitez leurs conseils, et efforcez-vous d’être comme ils sont. Et Allâh seul donne le succès. »

Qu’Allâh bénisse et récompense généreusement le Sheykh Faraz Fareed Rabbani pour sa science, sa sagesse, sa  modestie et son dévouement pour la Oumma. Ameen.

Notes :

[1] « The Muslim Voice », ou en français : La Voix Musulmane.

[2] MSA : Muslim Students’ Association, ou en français : Association des Etudiants Musulmans.

[3] Al-Mantiq, science de la Logique.

[4] White Thread Press, 2004.

[5] L’adresse du site : www.SeekersGuidance.com

[6] L’adresse du site : www.TheRaziInstitute.org


S
heykh Muhammad Sayyid al-‘Alawî al-Mâlikî

Par son élève Fakhruddin Owaisi al-Madani

 

AL-ALAWIMALIKI-copie-1

 

Introduction

 

Parmi les grands érudits de l’Islam traditionnel de l’époque contemporaine, As-Sayyid Muhammad Ibn Alawi al-Maliki fut, sans l’ombre d’un doute, le savant le plus respecté et aimé de la ville sainte de la Mecque. Il fut un descendant du Prophète (salallahou ‘alayhi wassalaam), chef des Ahl ul-Bayt, Imam du hadith de notre époque, une autorité dans les quatre Madhhabs, un guide spirituel de la plus haute station, appelant à Allâh et ayant une réputation sans précédent dans le monde de la science islamique traditionnelle.

 

Sa Famille

 

Descendant de la noble et célèbre famille Al-Maliki Al-Hasani de La Mecque, le Sayyid est directement relié au Prophète bien-aimé lui-même, par l’intermédiaire de son petit-fils, l’imam al-Hassan Ibn Ali, puisse Allâh être satisfait de lui. La famille Maliki, l’une des plus respectées de la Mecque, a vu plusieurs de ses membres se succéder depuis des siècles au poste d’enseignant à la Mosquée Sacrée dont cinq des ancêtres du Sayyid furent même imams d’obédience malikite dans cette dernière.Son grand-père, As-Sayyid Abbas al-Maliki fut le Mufti de la Mecque ainsi que Qadi (juge), Imam et Khatib [1] de la Mosquée Sacrée. Il occupa ce poste durant l’époque Ottomane puis hachémite, et continua à le tenir après que le royaume saoudien fut créé. Le défunt roi Abd al-Aziz ben Saoud avait beaucoup de respect pour lui. Pour en savoir plus sur lui, on peut consulter Nur al-Nibras Asanid fi as-Sayyid al-Jadd Abbas par son petit-fils as-Sayyid Muhammad al-Maliki.Son père, Alawi as-Sayyid al-Maliki fut, quant à lui, l’un des plus grands savants de la Mecque du siècle précédent. Il enseigna diverses sciences islamiques traditionnelles à la Mosquée Sacrée de la Mecque pendant près de 40 ans! Parmi les centaines d’étudiants venus du monde entier bénéficier de ses enseignements à la Mosquée Sacrée, nombreux occupent aujourd’hui des postes religieux. Le défunt roi Faysal ne prenait aucune décision sur Mekkah sans consulter préalablement as-Sayyid ‘Alawi. Il décéda en 1971 et ses funérailles furent les plus importantes à la Mecque en 100 ans! Pendant les trois jours qui ont suivi sa mort, les stations de radio locales saoudiennes diffusèrent uniquement des récitations du saint Coran. C’est un événement qui lui fut entièrement dédié. Pour en savoir plus sur Sayyid al-Alawi, il est possible de consultez sa biographie appelée Safhat Mushriqah min Hayat al-Imam as-Sayyid al-Sharif ‘Alawi bin Abbas al-Maliki écrite par son fils, le savant érudit as-Sayyid Abbas al-Maliki, qui est le jeune frère de Sayyid al-‘Alawi al-Maliki, beaucoup plus connu, en Arabie Saoudite, pour sa belle voix dans la récitation de Qassaid. Cette ouvrage contient des articles écrits sur Sayyid al-‘Alawi par des chercheurs à travers tout le monde islamique.

 

Sa Naissance et son éducation

 

As-Sayyid Muhammad al-Hasan Ibn ‘Alawi Ibn Abbas Ibn Abd al-Aziz naquit en 1946, dans la ville sainte de la Mecque. Issu de la célèbre famille de savants traditionnels et de Sayyid : al-Maliki al-Hasani, il eut le privilège d’avoir pour père et premier professeur le savant le plus reconnu de la Mecque. Il reçut son éducation au domicile familial et au sein de la Mosquée Sacrée (à la Mecque) où il mémorisa le Saint Coran à un jeune âge, et fut autorisé à enseigner les livres étudiés avec son père. Il étudia également les différentes sciences islamiques traditionnelles telles que la Aquida, le Tafsir, le Hadith, le Fiqh, le Usul, Mustalah, Nahw etc, auprès d’autres grands érudits de la Mecque et de Médine, qui lui accordèrent tous l’autorisation (ijaza) afin de transmettre ces sciences qu’il maîtrisait parfaitement. A l’âge de 15 ans il enseignait déjà les livres de Hadith et de Fiqh à la Mosquée Sacrée de la Mecque aux autres étudiants, et ce sur ordre de ses maîtres ! Après avoir terminé son éducation traditionnelle dans sa ville natale, son père l’envoya à al-Azhar, en Égypte, où il poursuivit ses études, et devint, à l’âge de 25 ans, le premier et le plus jeune saoudien à obtenir son doctorat au sein de cette université. Sa thèse sur le hadith fut excellente et très appréciée par les éminents ulémas d’al-Azhar de l’époque, dont l’imam Abu-Zahra.

 

Ses voyages en quête de la connaissance

 

Il est de la tradition de tous les grands ulémas de parcourir le monde pour s’enquérir de la science. Le Sayyid ne fit pas exception à la règle et, dès son plus jeune âge, voyagea à cette fin. Il parcourut ainsi l’Afrique du Nord, l’Égypte, la Syrie, la Turquie et le sous-continent Indo-Pakistanais afin d’apprendre auprès des grands savants, de rencontrer les Awliyas, de visiter des mosquées et sanctuaires, et de recueillir des manuscrits et des livres. Dans chacune de ces terres, il rencontra d’éminents savants et Awliyas dont il bénéficia immensément et qui furent en retour impressionnés par ce jeune étudiant de Makkah à qui ils donnèrent une attention particulière. Nombre d’entre eux tenaient déjà son père en grande estime et furent donc honorer de l’avoir pour étudiant.


Ses Ijazas

 

Le système traditionnel d’enseignement est fondé sur l’Ijaza ou la « permission de transmettre des connaissances ». Ainsi, seul celui qui obtient une Ijaza certifiée par des savants reconnus est autorisé à enseigner. Chaque branche de la connaissance et chaque livre de Hadith, Fiqh, Tafsir etc., possède une Sanad ou « chaîne de transmission » remontant à l’auteur de l’ouvrage lui-même en passant par ses élèves et étudiants. Beaucoup de Sanads, telles que celles relatives au Coran, Hadith, Tasawwuf remontent jusqu’au Prophète bien-aimé lui-même.Ainsi, si as-Sayyid Muhammad al-Maliki était honoré d’être le Sheykh qui, à son époque, possédait le plus grand nombre de Ijazahs, il avait également la plus courte « chaîne de transmission » remontant jusqu’à son ancêtre, le Prophète Muhammad. Cette faveur divine, ajouté au fait que le Sayyid avait, au cours de ses voyages et dans son pays d’origine, obtenu plus de 200 Ijazas des plus grands érudits de son temps, fit dès lors de sa propre Ijaza l’une des plus rares et prestigieuses au monde, reliant ses étudiants à de nombreux grands savants. Les Shouyoukhs qui lui délivrèrent leurs Ijazas étaient parmi les grands savants de tous les coins du monde islamique. Nous tenons à en mentionner quelques-uns ici :


De La Mecque :

– Son érudit père et premier enseignant, al-Sayyid Alawi bin Abbas al-Maliki
Sheykh Muhammad Yahya Aman al-Makki
– Sheykh al-Sayyid Muhammad al-Arabi al-Tabbani
– Sheykh Hasan Sa‘id al-Yamani
– Sheykh Hasan bin Muhammad al-Mashshat
– Sheykh Muhammad Nur Sayf
– Sheykh Muhammad Yasin al-Fadani
– As-Sayyid Muhammad Amin Kutbi
– As-Sayyid Ishaq bin Hashim ‘Azuz
– Habib Hasan bin Muhammad Fad‘aq
– Habib Abd-al-Qadir bin ‘Aydarus al-Bar
– Sheykh Khalil Abd-al-Qadir Taybah
– Sheykh Abd-Allah al-Lahji

De Médine :

– Sheykh Hasan al-Sha‘ir, Sheykh al-Qurra of Madinah
– Sheykh Diya-al-Din Ahmad al-Qadiri
– As-Sayyid Ahmad Yasin al-Khiyari
– Sheykh Muhammad al-Mustafa al-Alawi al-Shinqiti
– Sheykh Ibrahim al-Khatani al-Bukhari
– Sheykh Abd-al-Ghafur al-Abbasi al-Naqshbandi

De la région de Hadramawt, au Yémen :

– Al-Habib Umar bin Ahmad bin Sumayt, Grand Imam de Hadramawt.
– Sheykh al-Sayyid Muhammad Zabarah, Mufti duYemen
– Sheykh al-Sayyid Ibrahim bin Aqeel al-Ba-Alawi, Mufti de Ta‘iz
– Imam al-Sayyid Ali bin Abd-al-Rahman al-Hibshi
– Al-Habib Alawi ibn Abd-Allah bin Shihab
– As-Sayyid Hasan bin Abd-al-Bari al-Ahdal
– Sheykh Fadhl bin Muhammad Ba-Fadhal
– Al-Habib Abd-Allah bin Alawi al-Attas
– Al-Habib Muhammad bin Salim bin Hafeez
– Al-Habib Ahmad Mashhur al-Haddad
– Al-Habib Abd-al-Qadir al-Saqqaf

De Syrie :

– Sheykh Abu-al-Yasar ibn Abidin, Mufti de Syria
– Sheykh al-Sayyid al-Sharif Muhammad al-Makki al-Kattani, Mufti de l’école Malikite
– Sheykh Muhammad As‘ad al-Abaji, Mufti de l’école Shafi‘ite
– Sheykh al-Sayyid Muhammad Salih al-Farfur
– Sheykh Hasan Habannakah al-Maydani
– Sheykh Abd-al-Aziz ‘Uyun al-Sud al-Himsi
– Sheykh Muhammad Sa‘id al-Idlabi al-Rifa‘i

D’Egypte :

– Sheykh al-Sayyid Muhammad al-Hafiz al-Tijani, Imam et savant du Hadith en Egypt
– Sheykh Hasanayn Muhammad Makhluf, Mufti d’Egypte
– Sheykh Salih al-Ja‘fari, Imam d’al-Azhar
– Sheykh Amin Mahmud Khattab al-Subki
– Sheykh Muhammad al-‘Aquri
– Sheykh Hasan al-‘Adawi
– Sheykh al-Sayyid Muhammad Abu-al-‘Uyun al-Khalwati
– Sheykh Dr.Abd-al-Halim Mahmud, Recteur d’al-Azhar

D’Afrique du Nord ( Maroc, Algérie, Libye, Tunisie) :

– Sheykh al-Sayyid al-Sharif Abd-al-Kabir al-Saqali al-Mahi
– Sheykh al-Sayyid Abd-Allah bin al-Siddiq al-Ghimari, Imam et savant du Hadith
– Sheykh al-Sayyid Abd-al-Aziz bin al-Siddiq al-Ghimari
– As-Sharif Idris al-Sanusi, Roi de Libye
– Sheykh Muhammad al-Tahir ibn ‘Ashur, Imam de Zaytunah, Tunisie
– Sheykh al-Tayyib al-Muhaji al-Jaza’iri
– Sheykh al-Faruqi al-Rahhali al-Marrakashi
– Sheykh al-Sayyid al-Sharif Muhammad al-Muntasir al-Kattani

Du Soudan :

– Sheykh Yusuf Hamad al-Nil
– Sheykh Muddassir Ibrahim
– Sheykh Ibrahim Abu-al-Nur
– Sheykh al-Tayyib Abu-Qinayah

Du sud-continent Indo-Pakistanais :

– Sheykh Abu-al-Wafa al-Afghani al-Hanafi,
– Sheykh Abd-al-Mu‘id Khan Hyderabadi
– Imam al’Arif Billah Mustafa Rida Khan al-Barelawi, Mufti d’Inde
– Mufti Muhammad Shafi’ al-Deobandi, Mufti du Pakistan
– Mawlana Muhammad Zakariyyah al-Kandahlawi, Imam et savant du Hadith
– Mawlana Zafar Ahmad Thanawi
– Sheykh al-Muhaddith Habib-al-Rahman al-‘Azami
– Sayyid Abu-al-Hasan Ali al-Nadawi

 

Les savants cités ici ne sont que les plus célèbres ayant accordé leur Ijaza à notre Sheykh, mais il y en a encore beaucoup d’autres. En Sayyid Muhammad al-‘Alawi, on pouvait trouver ce qu’il y avait de meilleur dans tous ces Shouyoukhs de divers horizons.

 

Sa carrière d’enseignant

 

A l’instar de tous les shouyoukhs traditionnels et de ses ancêtres avant lui, le Sayyid était, dans ses activités, exclusivement animé par l’Amour d’Allâh, et n’enseignait que pour Lui. La notion de « carrière » ne se trouve donc pas adapter à son cas, cette dernière étant étroitement lié à des gains matériels. Il hébergeait un grand nombre d’étudiants dans sa propre résidence, leur assurant nourriture, boissons, abris, vêtements, livres, etc., en contrepartie de quoi ceux-ci étaient tenus de suivre les règles et l’éthique dont doit faire preuve tout étudiant en Science Sacrée. Ses élèves restaient avec lui pendant de nombreuses années, apprenant les différentes branches de la connaissance islamique, avant de retourner dans leurs pays d’origine. Ainsi, nombre d’étudiants reçurent son enseignement, devenant à leur tour savants de l’Islam et de l’Ihsan dans leur propre pays, en particulier en Indonésie, en Malaisie, en Egypte, au Yémen et à Dubaï.A son retour d’al-Azhar, il fut nommé professeur d’études islamiques à l’université Umm al-Qura de La Mecque, où il enseigna à partir de 1970 et en 1971, il fut, suite au décès de son père, désigné pour lui succéder dans l’enseignement à la Mosquée Sacrée. Il hérita ainsi du poste occupé par sa famille depuis plus d’un siècle.Il lui arrivait également d’enseigner dans le Haram de Médine, et ses cours étaient les plus fréquentés dans les deux Harams. Toutefois il dut, au début des années quatre-vingt, quitter son poste d’enseignant à l’université Umm al-Qura ainsi que sa présidence à l’enseignement au sein du Haram en raison des fatwas de certains savants fanatiques de la secte wahhabite, qui considérèrent sa présence comme une menace à leur idéologie extrémiste et à leur autorité. Il enseigna dès lors les grands livres de Hadith, Fiqh, Tafsir Tasawwuf à son domicile et à la mosquée de la rue al-Maliki dans le quartier de Rusayfah à Makkah où il recevait, lors de ses cours publiques entre le Maghreb et la ‘Isha, pas moins de 500 personnes par jour, dont beaucoup d’étudiants de l’Université. Le cours durant la nuit précédant son décès fut également très rempli.Très respecté par le gouvernement saoudien Sayyid Muhammad ‘Alawi al-Maliki fut souvent consulté par le considéré Roi lui-même sur d’importantes affaires. Il fut également, durant trois années consécutives, désigné comme chef du jury à la compétition internationale de Qira’at (lecture du Coran) à La Mecque.

 

Ses écrits

 

Ecrivain prolifique, le Sayyid a rédigé près d’une centaine d’ouvrages traitant de sujets religieux, juridiques, sociaux et historiques. Nombre de ses livres sont considérés comme des chefs-d’œuvres et sont prescrits en tant que manuels dans les instituts islamiques du monde entier.


Mentionnons ici quelques œuvres sélectionnées sur divers sujets :

Aquida :

– Mafahim Yajib ‘an Tusahhah
– Manhaj al-Salaf fi Fahm al-Nusus
– Al-Tahzir min al-Takfir
– Huwa Allah
– Qul Hazihi Sabeeli
– Sharh ‘Aqidat al-‘Awam

Tafsir :

– Zubdat al-Itqan fi ‘Ulum al-Qur’an
– Wa Huwa bi al-Ufuq al-‘A’la
– Al-Qawa‘id al-Asasiyyah fi ‘Ulum al-Quran
– Hawl Khasa’is al-Quran

Hadith :

– Al-Manhal al-Latif fi Usul al-Hadith al-Sharif
– Al-Qawa‘id al-Asasiyyah fi ‘Ilm Mustalah al-Hadith
– Fadl al-Muwatta wa Inayat al-Ummah al-Islamiyyah bihi
– Anwar al-Masalik fi al-Muqaranah bayn Riwayat al-Muwatta lil-Imam Malik

Sirah :

– Muhammad al-Insan al-Kamil
– Tarikh al-Hawadith wa al-Ahwal al-Nabawiyyah
– ‘Urf al-T ‘arif bi al-Mawlid al-Sharif
– Al-Anwar al-Bahiyyah fi Isra wa M’iraj Khayr al-Bariyyah
– Al-Zakha’ir al-Muhammadiyyah
– Zikriyat wa Munasabat
– Al-Bushra fi Manaqib al-Sayyidah Khadijah al-Kubra

Usul :

– Al-Qawa‘id al-Asasiyyah fi Usul al-Fiqh
– Sharh Manzumat al-Waraqat fi Usul al-Fiqh
– Mafhum al-Tatawwur wa al-Tajdid fi al-Shari‘ah al-Islamiyyah

Fiqh :

– Al-Risalah al-Islamiyyah Kamaluha wa Khuluduha wa ‘Alamiyyatuha
– Labbayk Allahumma Labbayk
– Al-Ziyarah al-Nabawiyyah bayn al-Shar‘iyyah wa al-Bid‘iyyah
– Shifa’ al-Fu’ad bi Ziyarat Khayr al-‘Ibad
– Hawl al-Ihtifal bi Zikra al-Mawlid al-Nabawi al-Sharif
– Al-Madh al-Nabawi bayn al-Ghuluww wa al-Ijhaf

Tasawwuf :

– Shawariq al-Anwar min Ad‘iyat al-Sadah al-Akhyar
– Abwab al-Faraj
– Al-Mukhtar min Kalam al-Akhyar
– Al-Husun al-Mani‘ah
– Mukhtasar Shawariq al-Anwar

Divers :

– Fi Rihab al-Bayt al-Haram (Histoire de Makkah)
– Al-Mustashriqun Bayn al-Insaf wa al-‘Asabiyyah (Etude de l’orientalisme)
– Nazrat al-Islam ila al-Riyadah (Le sport en islam)
– Al-Qudwah al-Hasanah fi Manhaj al-Da‘wah ila Allah (Méthode de Dawah)
– Ma La ‘Aynun Ra’at (Description du Paradis)
– Nizam al-Usrah fi al-Islam (L’islam et la famille)
– Al-Muslimun Bayn al-Waqi‘ wa al-Tajribah (Le monde musulman contemporain)
– Kashf al-Ghumma (Les vertus dans l’aide des concitoyens musulmans)
– Al-Dawah al-Islahiyyah (Appel pour la réforme)
– Fi Sabil al-Huda wa al-Rashad (Ensemble de discours)
– Sharaf al-Ummah al-Islamiyyah (La supériorité de la Oumma musulmane)
– Usul al-Tarbiyah al-Nabawiyyah (La méthode prophétique dans l’éducation)
– Nur al-Nibras fi Asanid al-Jadd al-Sayyid Abbas
– Al-‘Uqud al-Lu’luiyyah fi al-Asanid al-Alawiyyah (Ensemble des Ijazahs de son grand-père)
– Al-Tali‘ al-Sa‘id al-Muntakhab min al-Musalsalat wa al-Asanid (Ensemble de Ijazahs)
– Al-‘Iqd al-Farid al-Mukhtasar min al-Athbah wa al-Asanid (Ensemble de Ijazah)

 

Il s’agit d’une liste sélective des travaux que le Sayyid a écrit et publié. Il existe de nombreuses autres publications qui ne sont pas mentionnées ici et de nombreux travaux qui doivent encore être publiés. Ne sont pas non plus mentionnées les nombreuses et importantes œuvres classiques que le Sayyid a repérées, étudiées et publiées avec des notes et commentaires. Considérée dans sa totalité, la contribution du Sayyid dans ce domaine a été gigantesque. Bon nombre de ses œuvres ont été traduites en langues étrangères. [2]

 

Ses autres activités

 

Le Sayyid fut également un ardent propagateur de la véritable orientation islamique et de la spiritualité et voyagea dans toute l’Asie, l’Afrique, l’Europe et l’Amérique en appelant les gens à accepter la Parole d’Allâh et de Son dernier Messager Muhammad.Afin de faire face aux activités des missionnaires chrétiens, il fonda plus de 70 écoles islamiques en Asie du Sud-Est, qu’il géra personnellement. A la simple vision de la lumière Muhammadienne sur son visage, de nombreux chrétiens et bouddhistes embrassèrent l’Islam. Partout où il se rendait, savants et habitants le recevaient avec jubilation et il s’adressait souvent à des foules de centaines de milliers de personnes.Il fut, non seulement du fait de son affiliation généalogique au Prophète mais aussi pour son immense savoir, sa sagesse, ses nobles manières et son charisme spirituel, tendrement aimé et chérit à travers le monde musulman. Il était connu pour être très généreux de ses connaissances, de ses richesses et de son temps.

 

L’approche du Sayyid

 

Le Sayyid suivait et préconisait de suivre l’importante majorité traditionnelle de l’islam : la voie des Ahl al-Sunna wa al-Jama’ah, la marque de ce qu’est la tolérance et la modération, la connaissance et la spiritualité, et l’unité dans la diversité. Il croyait en l’adhésion sans fanatisme aux quatre Madhhabs (écoles) reconnus et enseignait le respect des grands ulémas et awliyas du passé.Il désapprouvait la pratique de certaines sectes contemporaines consistant à jeter l’anathème (déclarer mécréant) de manière hâtive ou d’accuser d’associationnistes (mushriks) ses coreligionnaires. Il était également très critique à l’égard des soi-disant réformateurs du 20ème siècle qui, d’après lui, veulent tout simplement, au nom de « l’islam pur » effacer l’islam des générations précédentes.Il considérait la condamnation de tous les Ash’aris, ou de tous les Hanafis, Shaffi’is et Malikis ou de tous les soufis, comme certaines sectes le font de nos jours, comme une condamnation de l’ensemble de la Oumma islamique des dix derniers siècles et comme l’attitude d’un ennemi de l’islam, et non celle d’un ami.

Le Sayyid était fermement convaincu que les éminents savants Sunni-Soufi s’inscrivant dans le suivi d’un madhhab des cent dernières années, sont notre lien au Qour’an et à la Sunnah, et non une barrière comme certains voudraient le faire croire. La juste compréhension du Qur’an et de la Sunnah se trouve en effet dans l’interprétation de nos grands savants de l’Islam et non dans les caprices et fantaisies de ces extrémistes modernes qui n’hésitent pas à condamner la majorité des Musulmans du monde entier. Il considérait la majorité de cette Ummah comme étant bonne, et soutenait que c’était aux groupes fanatiques minoritaires qu’il appartenait de vérifier leurs idéologies extrémistes.

Le Sayyid fut également un partisan du soufisme authentique basé sur la Shari’a, le soufisme des grands awliyas et Saints de cette Oumma, et était lui-même un maître spirituel de la plus haute qualité, lié à la plupart des grands ordres spirituels de l’Islam, par l’intermédiaire des Shouyoukhs de la Tariqah. Il considérait que la récitation du Dhikr, seul et en assemblée, fait partie intégrante du bien-être spirituel du musulman, et tous ses étudiants étaient tenus de prier salat at-Tahajjud et de lire, matin et soir, leurs Awrads. [3]

Le Sayyid estimait enfin que les musulmans doivent fournir les efforts nécessaires et utiliser leurs ressources pour l’essor de la Oumma tant d’un point de vue spirituel que social et matériel et ne pas gaspiller leurs temps précieux à se battre pour des questions sans importance. Aussi, les musulmans ne doivent pas se condamner les uns les autres sur des questions qui ont été source de divergence entre les ulémas mais plutôt se donner la main dans la lutte contre le mal et le péché.

Les opinions du Sayyid sont illustrées dans son ouvrage le plus célèbre Mafahim Yajib un Tusahhah (concepts qui doivent être corrigés), un livre qui fut accepté dans le monde islamique, et très apprécié dans les cercles de science.

 

Dernières remarques

 

Sayyid Muhammad al-‘Alawi fut et reste une bénédiction pour cette Oumma. Cet héritier biologique et spirituel du bien-aimé Prophète, était tendrement aimé par les habitants de la Mecque et de Médine, comme l’a prouvé son enterrement, et par toute personne qui venait à le rencontrer. Sa maison dans la ville sainte de La Mecque était ouverte durant toute l’année aux savants, étudiants, et milliers de personnes venant le visiter. Généreux avec ses hôtes, il était également connu pour son franc-parler et ne craignait pas de dire la vérité, ce qui lui valut de vivre de très durs moments. Le soutien d’Allâh semblait, néanmoins, toujours etre avec lui. Radiy Allâhu wa anhou ardaah. Ameen.Pour en savoir plus sur la vie et les réalisations du Sheykh al-Imam Dr as-Sayyid Muhammad Ibn ‘Alawi al-Maliki, vous pouvez consulter son excellente biographie intitulée : Al-Maliki ‘Alim al-Hijaz écrite par le célèbre écrivain et historien de la Mecque, le Dr Zuhayr Kutbi.

 

Sa mort

 

Il est décédé le vendredi 15 du mois de Ramadan (et il avait toujours souhaité rendre l’âme au mois de Ramadan) en état de jeûne, dans sa maison à La Mecque. Sa mort fut soudaine. Voici quelque chose que j’ai écrit à un ami après sa Janazah (pour laquelle j’ai du venir de Médine précipitamment) :Oui ! … c’est une perte énorme …… les condoléances sont venues de l’ensemble du monde musulman, et les prières de Janaza ont été réalisés partout. Il est décédé durant le mois de Ramadan, un vendredi !J’ai été à sa Janaza (dans la Chambre d’abord grâce à son frère Sayyid Abbas .. puis au Haram par l’Imam Subayl )…… des milliers et des milliers de personnes ont participé à ses funérailles … tout le monde pleurait et était ému … il s’agit d’une scène inoubliable … Allâhu Akbar ….

Quel homme … Quelle perte … Quelle immense Janaza … Je sais que mes yeux n’ont jamais vu quelqu’un comme lui …. jamais vu quelqu’un tant aimé par les gens que lui… jamais vu un savant de son niveau et de sa connaissance et de sa sagesse …

Il y avait au moins 500 soldats déployés par le gouvernement saoudien au cimetière Ma’ala afin de contrôler les milliers de personnes sous le coup de l’émotion ….. même la famille royale était présente.

Les gens étaient en train de crier haut et fort la Kalima tout au long de la procession qui remplissait les rues de La Mosquée sacrée jusqu’au cimetière. Le Sayyid a été enterré à côté de son père, près de la tombe de son ancêtre Sayyida Khadijah.

Avant son décès, il avait téléphoné à un ancien étudiant de l’Indonésie et lui a demandé s’il pourrait venir à La Mecque pendant le Ramadan? Quand il a dit non … le Sayyid a dit : « ne participeras-tu pas à mes funérailles?! » En effet, il est décédé pendant le Ramadan, un vendredi matin … de quel signe de plus de l’acceptation d’Allâh a-t-on besoin?

Makkah le pleure, l’Arabie le pleure … le monde islamique tout entier le pleure.

Puisse Allâh lui accorder la place la plus élevée dans al-Jannah à côté de son ancêtre bien-aimé, Sayyidina Rasulillah. Ameen.

 

 


Notes :

[1] Khatib, celui qui fait la khoutba (le prèche qui a lieu lors de la prière du vendredi)

[2] Nous pouvons malheureusement remarquer qu’aucun des livres du noble Sheykh n’ont été traduit en langue française.

[3] Pluriel du mot wird, signifiant litanie de Dhikr ( Récitation de Coran, invocations, supplications, …)

 

Traduit par le frère Bilal. G (Qu’Allâh le bénisse et le récompense)
Le texte original en Anglais, écrit par son élève sheykh Fakhruddin Owaisi al-Madani : http://qa.sunnipath.com/is sue_view.asp?HD=7&ID=4342& CATE=22