L’incroyable île de Jangala
Connaissez-vous l’île de Jangala?
Sur cette île perdue au milieu de l’océan, le principe était simple et clair : le premier homme qui y posait le pied après le jour de l’an devenait le roi de l’île pour une année. L’homme en question devenait ainsi le maître et pouvait demander ce qu’il voulait, puisque toute l’île se mettait à son service pour une année complète. Par contre, il y avait une contre-partie : une fois l’année terminée, l’homme choisi était capturé, puis on le jetait dans la jungle un peu plus loin. Là-bas, un homme seul n’avait aucune chance de survivre et tous se faisaient dévorer par les animaux sauvages et les nombreuses bestioles qui vivaient dans cette jungle.
Un jour, un voyageur arriva sur l’île, tout le village l’accueillit avec joie, musique, colliers de fleurs, mets délicieux… et on le mit au courant du fonctionnement de ce village. L’homme accepta de suite cette offre qu’il jugea miraculeuse et il profita au maximum de tout ce qu’il pouvait avoir durant cette année complète (femmes, nourritures, boissons, richesses, pouvoir, luxe, etc.). Une fois l’année arrivée à son terme, comme prévu, l’homme fut capturé puis jeté dans la jungle et il y mourut dévoré, tout comme ses prédécesseurs.
Au début de l’année suivante, arriva sur l’île un homme, qui était connu pour être quelqu’un de sage et qui ne convoitait rien des richesses ou des choses de ce bas-monde. Il fut le premier de l’année à arriver sur l’île et comme il était de coutume, l’homme fut accueilli par une immense fête en son honneur et on l’informa de sa fonction de roi du village. Bien entendu, il refusa sur le champ cette responsabilité, mais sur cette île, cette tradition ne pouvait pas être refusée, il n’avait donc pas le choix. Il fut par ailleurs informé qu’au terme de cette année durant laquelle il pouvait faire et demander ce qu’il voulait, il serait jeté dans la jungle hostile, là d’où aucun homme n’était revenu.
Contraint, mais pas abattu, l’homme sage accepta finalement de bénéficier de ce statut de roi. Soucieux de tirer le meilleur de cette année qui lui était offerte, il analysa la situation avec recul, prudence, intelligence et sagesse. Fort de son pouvoir de roi, il pouvait demander ce qu’il voulait, à part bien entendu de changer cette loi. Ainsi, il demanda aux villageois de se rendre dans cette jungle où il allait être jeté et de commencer à débroussailler l’endroit. Chaque jour, il leur demanda de venir travailler sur place, d’enlever tout ce qui était dangereux, de planter des arbres, etc. et l’endroit fut vite débarrassé de tout ce qui était hostile et sauvage. Il y fit faire encore bien d’autres arrangements.
L’année terminée, comme le prévoyait la loi de l’île, le sage fut jeté dans la jungle à l’endroit indiqué. Sauf qu’à la place de la jungle sauvage et hostile, il trouva un endroit entièrement débarrassé des animaux sauvages et de toutes les choses dangereuses. La jungle était devenue un grand et magnifique parc, agréable, doté de jardins merveilleux, d’arbres fruitiers de toutes sortes et de fleurs aux parfums délicieux. Par ailleurs, il y avait fait construire un palais, dans lequel il avait déposé ses richesses et où l’attendait toute une équipe de serviteurs dévoués qu’il avait pris soin d’engager.
Chers frères, chères sœurs, ce bas-monde (duniya) est comme cette île et au moment où vous posez le pied sur cette terre, Allâh vous donne la liberté de faire tout ce que vous voulez. Vous êtes comme un roi qui dirige son propre royaume. Vous voulez faire le bien, vous le pouvez, vous préférez faire le mal, vous le pouvez également. Mais rappelez-vous que chaque chose que vous faites est comptabilisée, et ce, jusqu’à votre mort. De la même manière que le roi est jeté dans la jungle après l’année terminée, n’oubliez pas que la mort arrivera un jour et que vous serez déplacés vers al-Akhira (l’au-delà) et que là-bas peuvent vous attendre des serpents, des scorpions, le feu, le châtiment Divin, etc.
Chacun d’entre nous est certain que ce moment va arriver. Personne n’imagine échapper à la mort. Mais comme ces rois idiots que nous évoquions précédemment, nous nous perdons dans la recherche des plaisirs de ce bas-monde jusqu’au moment où le dernier jour arrive. C’est bien malheureusement ainsi que la majorité d’entre nous agit. Nous savons ce qui arrivera, nous savons ce qu’il faut faire, mais nous sommes trop négligents, occupés par le travail, la carrière, les amis, les divers plaisirs, etc. Nous oublions et lorsque les anges arrivent, si nous avons perdu notre temps, que nous n’avons pas obéi à Allâh et réalisés ce qu’Il attendait de nous, ils nous prennent et nous jettent dans la jungle du barzakh, là où se trouvent les serpents et les scorpions.
Si on place des capteurs sur la tête de quelqu’un pour étudier l’activité cérébrale, on constate que chez une personne en vie, il y a des pics d’activité puis des périodes plus calmes, etc. (ça monte et ça descend). Par contre, lorsqu’une personne décède, l’activité s’arrête et on voit sur l’écran la courbe descendre et devenir plate. Aussi incroyable que cela puisse paraitre, des chercheurs ont récemment constaté qu’après 2 ou 3 minutes, les capteurs montrent que l’activité cérébrale réapparait chez la personne qui est morte, comme si elle était de nouveau consciente pour quelques instants. Les scientifiques ne sont pas en mesure d’expliquer ce qui se passe à ce moment-là, mais notre Prophète, saydunna Rassoul Allâh (salallâhou ‘alayhi wassalaam) nous a informés sur cela. Il nous a en effet enseigné que très rapidement après la mort, la personne communique avec les anges de la mort. Puis l’activité cérébrale s’arrête de nouveau, mais cette fois-ci pour toujours.
Alors, réfléchissons et ressaisissons-nous avant qu’il ne soit trop tard !
Quel genre de roi désirons-nous être ? Un de ceux qui profitent au maximum des plaisirs offerts durant ce court laps de temps, pour finalement être jetés dans la jungle et finir dévorés et torturés ? Ou bien un de ceux qui font preuve de courage, de sagesse, d’intelligence et de persévérance et qui profitent de cette opportunité qu’Allâh leur offre pour construire le plus merveilleux et le plus accueillant des Paradis (en récompense de leur obéissance et de leurs bonnes actions) ?
Qu’Allâh nous facilite, nous renforce et qu’Il nous accorde la réussite.
Notes :
Librement interprété à partir d’une histoire racontée par Mawlana Djalâl ad-Dîn Rûmî (rahimahuLlâh) et rapportée dans un dars par ash-Sheykh Ahmad Dabbagh (HafidhahuLlâh).