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Sheykh Ibn Baz dit que Allah a une limite

 


~ Collection : les erreurs dans la ‘Aqida ~

 

Rejeté6

 

 

Voici les paroles de ‘sheykh’ Ibn Baz sur son ‘commentaire’  de al-`Aqida at-Tahawiyya :

فمراده بالحدود يعني التي يعلمها البشر، فهو سبحانه لا يعلم حدوده إلا هو سبحانه

« Par Hudood (limites) l’auteur signifie celles connues par les humains alors que personne à part Allah Tout-Puissant connaît Ses limites. » [1]

Donc selon Ibn Baz, Allah a des limites que Lui seul connait, alors que le grand Imam du Salaf, at-Tahawi, auteur de la Tahawiyyah dit clairement et de manière absolue que Allah n’a pas de limites.

Et Ibn Baz dit plus loin :

وهكذا قوله (لا تحويه الجهات الست كسائر المبتدعات) مراد الجهات الست المخلوقة، وليس مراده نفي علو الله واستواءه على عرشه، لأن ذلك ليس داخلا في الجهات الست بل هو فوق العالم ومحيط به. وقد فطر الله عباده على الإيمان بعلوه سبحانه وأنه في جهة العلو

« De même, la parole de l’Imam at-Tahawi (« les six directions n’englobent pas Allâh pas contrairement à l’ensemble des créatures ») signifie les six directions créées. Il ne veut pas dire qu’Allah n’est pas élevé et qu’Il n’est pas établi sur Son Trône, car cela ne fait pas partie de ces six directions : Il est au dessus de l’univers, et Il l’entoure. Allah a créé Ses serviteurs en leur inspirant la croyance en Son élévation et en le fait qu’Il est dans la direction du haut. »

Selon Ibn Baz, Allah serait dans une direction du haut qui n’est pas comprise dans les 6 directions car celles-ci sont crées. Donc pour lui, Allah est dans une direction incréée. Non seulement il croit qu’Allah est dans une direction mais en plus il croit qu’il y a des directions incréées ! ‘Ajib !

Le sheykh Salafi Salih al-Fawzan dit la même chose dans son propre commentaire de la ‘Aqida at-Tahawiyyah.

Pour en revenir à la notion de limite, il faut savoir qu’avant Ibn Baz, sheykh Ibn Taymiyyah déclara également la limite concernant Allâh :

« Il (Allah) n’a pas une limite que nous connaissons, mais Il a une limite que Lui connait ».

Et il dit aussi :

« La parole sur laquelle se sont mis d’accord les Musulmans et les mécréants, c’est que Allah est au ciel et ils L’ont limité par cela ». [2]

Comment peut-on imaginer un seul instant que cette croyance puisse avoir été celle enseignée par le Messager d’Allâh (salallâhou ‘alayhi wassalam) puis par Ses Compagnons?


Commentaire :

Pour des gens qui se réclament de la compréhension du Salaf, les contredire dans la Croyance ne semble pourtant pas être un problème!

Pour rappel, voici quelques-unes des déclarations faits sur le sujet par des grands savants Musulmans :

L’imam Al-Ghazaliyy : « Il n’est pas délimité par la mesure… » ou encore « Il n’est pas délimité par les directions » [3]
L’imam At-Tahawiyy : « Il est exempt de toutes délimitations » [4]
L’Imam ‘Aliyy Ibn Abî Tâlib : « Celui qui prétend que notre Seigneur est limité, alors certes il n’a pas connu le Créateur, Celui Qui mérite d’être adoré » [5]
L’imam ‘Alî Ibn l-Housayn Ibni `Alî Ibni Abî Tâlib : « Certes, Allâh n’est pas limité » [6]
L’imam as-Saffarini a écrit : « Gloire à Lui ! Il S’est « établi » (istawâ) comme Il l’a mentionné, sans comment – Exalté soit-Il du fait d’être limité. » [7]
L’imam al-Bayhâqi : « Allâh est exempt des limites » [8]
L’imam ibn Hajar al-‘Asqalani : « La déclaration des anthropomorphistes est nulle car ‘Istiqrar’ (s’asseoir) est l’attribut d’un corps, il Lui serait alors nécessaire de résider ou occuper Sa création et d’être limité. Or, ceci est impossible pour Allâh, car cela ne convient qu’aux créatures. » [9]
L’imam Qâdi ‘Iyyadh : « Allâh est exempt des limites » [10]

Etc…

Qu’Allâh nous accorde la bonne croyance.

 

Notes :

[1] Le commentaire complet de Ibn Baz peut être trouvé sur ce site salafi en PDF.
[2] Sans son livre Al-Mouwafaqah Sarihi l-Ma’qoul li Sahihi al-Manqoul , tome 2 page 29 et 30. Voir les Scans 1234
[3] ‘Ihya ‘Ulum ad-Din
[4] Al-‘Aqidat ul-Tahawiyyah, point 38
[5] Rapporté par Aboû Nou`aym
[6] Rapporté par l’imâm Mourtadâ az-Zabîdîdans ‘Ithâfou s-Sadâti l-Mouttaqîn
[7] Dans son un célèbre poème de ‘Aqida Hanbalî : Ad-Durrah al-Madiyyah
[8] Dans Al-Asma wa as-Siffât
[9] Dans al-Fath al-Bâri, page 460
[10] Dans Ash-Shifa, Ed. Dar al-Kotob Al-Ilmiyyah, Beirut Lebanon, page 131

Al-Albani

Sheykh al-Albani est-il une référence à suivre?

 

 

 

« Certes cette science (allusion à la science du hadith) est une religion, regardez donc de qui vous la prenez. » – ibn Sirin (sharh Sahih de Muslim, an-Nawawî)

 

 

Le Sheykh Al-Albani (rahimahouLlâh) est la référence contemporaine dans la science du Hadith chez nos frères Salafis. A ce titre, certains lui attribuent le plus haut degré de savoir dans cette science, n’hésitant pas à le placer au dessus des plus grands maîtres comme al-Boukhari ou an-Nawawî. Mais le rang qui lui est donné est-il justifié? Sheykh al-Albani est-il une référence à suivre? Peut-on dire de lui qu’il fut un savant du Hadith? A-t-il véritablement suivi les traces bénies des Pieux Prédécesseurs (as-Salaf as-Salih)? C’est ce que nous allons voir dans cet article inshaa Allâh.

Nous précisons que cet article ne vise pas à dénigrer gratuitement un homme qui a donné sa vie pour l’Islam et encore moins à juger de son intention, mais il vise à rétablir la vérité sur son rang au sein de cette science et donc sur la pertinence et la qualité de ses divers travaux et ouvrages. Qu’Allâh fasse miséricorde au Sheykh Al-Albani, qu’Il lui pardonne ses erreurs et qu’Il le récompense pour ses pieuses actions.

 

Sommaire :

 

1/ Sheykh Al-Albani était-il un Mouhaddith ?
2/ Sheykh Al-Albani peut-il être suivi dans la Jurisprudence (Fiqh)?
3/ Sheykh Al-Albani et l’interprétation (ta’wil) faite par l’Imam Al-Boukhari concernant « El-Wajh »
4/ Le ta’wil de l’Imam Ahmad ibn Hanbal
5/ Le Tawwassul de l’Imam Ahmad ibn Hanbal
6/ Une anecdote qui en dit long…

 

1/ Le Sheykh Al-Albani était-il un Mouhaddith ?

 

La science s’apprend auprès des savants. Le Prophète Muhammad ﷺ a pris le Qour’an de Jibril (‘alayhi salaam) puis il l’a ensuite enseigné à ses Compagnons [ra] qui ensuite l’ont à leur tour transmis à leur successeurs (tabi’in puis tab-tabi’in), et ainsi de suite jusqu’à nos savants aujourd’hui qui ont pu acquérir les Sciences Islamiques par ces chaines ininterrompues. C’est grâce à cette transmission que notre religion a été préservée des innovations, des graves erreurs et des falsifications comme on en trouve dans les autres religions.

Aujourd’hui, par ignorance, on donne du crédit à n’importe qui, sous prétexte qu’il vient d’Arabie Saoudite ou qu’il se réclame suivre les Salafs. Mais il ne suffit pas de s’autoproclamer « sur la voie des salafs » pour que cela soit vrai … encore faut-il le prouver de manière irréfutable.

Concernant Sheykh Nâsir ad-Dîn al-Albânî, avec tout le respect qu’on lui doit, il ne peut pas être qualifié de savant du Hadith car il est connu de lui que c’est un autodidacte, hors toute Science Islamique se reçoit de la bouche de savants compétents et reconnus l’ayant eux même reçue de savants compétents et reconnus. Le Messager d’Allâh ﷺ a été très clair à ce sujet : « Celui pour qui Allâh veut le bien, Il lui facilite l’apprentissage de la religion, certes la science de la religion est par transmission orale ». [rapporté par Al-Boukhary]

Pour plus d’infos sur ce sujet, lire l’article « La Science Sacrée peut-elle s’obtenir simplement à partir des livres?« .

Or, Sheykh Al-Albani n’a pris connaissance des hadiths qu’en consultant des ouvrages dans des bibliothèques. A cela, se rajoute le fait que Sheykh Al-Albani ne rapporte pas un seul hadith par chaîne de transmission (Sanad) le reliant à Rassoul Allâh ﷺ, or, pour être ne serait-ce qu’un Hafidh il faut en avoir reçu (avec les chaines de transmissions) et mémorisé à la lettre prêt, au minimum 100 000, pour un Muhaddith le chiffre monte à 400 000 ! Malgré cela il y en a qui n’ont pas hésité a le qualifier de grand Muhaddith du siècle !

Cette méthode d’apprentissage qui consiste à étudier seul sans passer par des savants qui enseignent et valident les acquis de l’élève tout au long de leur parcours est une grave innovation et a valu à Sheykh Al-Albani de commettre d’innombrables et gravissimes erreurs dans l’authentification et l’interprétation des Hadiths. Comment d’ailleurs peut-on se permettre d’authentifier ou d’affaiblir des Hadiths ou des narrateurs alors que l’on a même pas une chaîne de transmission remontant à Rassoul Allâh ﷺ? Et malgré cela, Sheykh Al-Albani s’est permis de remettre en cause les travaux de sommités du Hadith comme An-Nawawi, Al-Boukhari, Al-‘Asqalani et d’autres.

Dans les livres de Hadith de Sheykh Al-Albani, on trouve par ailleurs de nombreuses aberrations. Ainsi il n’est pas rare qu’il donne un statut particulier à un Hadith et que quelques pages plus loin dans ce même livre ou dans un autre il donne un statut différent à ce même Hadith! Dans une de ces réfutations et analyse concernant le travail de Sheykh Al-Albani, le grand savant du Hadith Hassan ‘ali Al-Saqqaf a compté pas moins de 500 contradictions! [1]

Dans cette vidéo disponible sur notre chaîne YouTube, le Sheykh Muhammed Yasir al Hanafi donne un exemple concret de la manière dont Al-Albani joue avec le statut des narrateurs de Hadith selon ce qu’il a besoin d’appuyer ou d’affaiblir pour soutenir son opinion!

Des dizaines de shouyoukh du Hadith comme al-Ghumari, al-A’dami, as-Sakaf, abu-Ghudda, Sheykh Mamdouh Saïd (qui l’a réfuté dans un ouvrage de 6 tomes) on écrit des livres entiers pour dénoncer ses graves et nombreuses erreurs … Parmi ces réfutations, on peut citer :

1- Le très connu savant du hadith Indien Habib al-Rahman al-A’zami (raa) qui a écrit : – Al Albani Shudhudhuh wa Akhta’uh (Les erreurs et les aberrations de Albani) en quatre volumes.

2 -Le savant syrien Sa’id Ramaban Al Buti qui a écrit les deux classiques : – Al-Lamadhhabiyya Akhtaru Bid`atin Tuhaddidu al-Shari`a al-Islamiyya (le non suivi d’une école de jurisprudence est l’innovation la plus dangereuse menaçant la loi sacrée islamique) – As-Salafiyya Marhalatun Zamaniyyatun Mubaraka La Madhhabun Islami (Du temps des pieux prédécesseurs c’était une époque historique bénie, pas une école islamique de la pensée)

3- Le savant du hadith marocain ‘Abd Allah Ibn Al Siddiq Al-Ghumari qui a écrit : – Irgham al-Mubtadi` al-Ghabi bi Jawaz al-Tawassul bi al-Nabi fi al-Radd `ala al-Albani al-Wabi (réfutation d’Al Albani en ce qui concerne le tawassul du Prophete) – al-Qawl al-Muqni` fi al-Radd `ala al-Albani al-Mubtadi` (le discours persuasif dans la réfutation d’Al-Albani l’innovateur) – Itqan al-Sun`a fi Tahqiq Ma`na al-Bid`a (ouvrage sur la signification précise de ce qu’est l’innovation).

Dans sont ouvrage « It-haf Ul Adhkiya fi Jawaz It Tawassoul bil Anbiya wal Awliya » il écrit à son propos :

« Pour résumer, j’affirme que le Shaykh Al Albânî (qu’Allâh le pardonne) est motivé par des objectifs et des désirs autres que ceux qu’il prétend se donner. Si, dans ses lectures, il rencontre un hadîth ou un propos [d’un compagnon] (athar) qui ne s’accorde pas avec son point de vue, alors, il s’efforce de le considérer comme faible (da’if). Par la ruse et les artifices, il essaie ensuite de faire croire à ses lecteurs que son point de vue est le bon; alors qu’il se trouve complètement dans l’erreur.Il est plutôt un pécheur et un fraudeur. Par sa duplicité, il a réussi à égarer ceux qui lui faisaient confiance et qui pensaient qu’il était fiable […] Al Albânî a bien lu la remarque de Al Hâkim, mais elle ne lui a pas plu. Il a donc préféré, de manière obstinée et malhonnête, se focaliser sur la supériorité de la version rapportée par ‘Awn, qui est en réalité faible […] Malheureusement, Al Albânî est opiniâtre et maladivement obstiné, comme le sont tous les gens qui l’ont suivi […] Il y a une autre chose que je voudrais démontrer ici: on ne peut pas compter sur la fiabilité du jugement de Al Albânî sur l’authenticité ou la faiblesse des ahâdîth, car il a pour habitude d’employer tout un arsenal de tactiques de falsification, et il ne dédaigne pas mentir dans ce qu’il rapporte des savants en déformant leurs paroles ou en travestissant le sens de leurs propos. Il a l’audace de s’opposer au consensus et de réclamer l’abrogation (naskh) de textes sans preuve. Il commet énormément d’excès à cause de son ignorance des fondements [du fiqh] et des règles sur l’inférence et la déduction (istinbat) (des preuves tirées du hadîth) […] Les opinions incongrues et hétérodoxes de Al Albânî, résultats de ses recherches individuelles impies, sa tromperie, son absence d’honnêteté dans son classement des hadiths en authentiques ou faibles selon son bon vouloir, sa déformation des propos de savants et des illustres personnages de l’Islâm; tout cela en réalité est un châtiment d’Allâh, mais il ne s’en rend pas compte.Il fait ainsi partie de ceux qui pensent faire le bien, alors qu’ils sont dans l’erreur. Nous demandons à Allâh de nous préserver de la maladie dont il a affecté Al Albânî, et nous recherchons refuge en Lui contre son mal. Toutes les louanges vont à Allâh, le Seigneur des Mondes. » [2] 

4- Le savant du hadith marocain ‘Abd al-‘Aziz ibn Muhammad ibn al Siddiq Al-Ghumari qui a écrit : – Bayan Nakth al-Nakith al-Mu`tadi (l’exposition de la trahison du rebelle).

5- Le savant du hadith syrien ‘Abd Al-Fattah Abu Ghudda qui a écrit : – Radd `ala Abatil wa Iftira’at Nasir al-Albani wa Sahibihi Sabiqan Zuhayr al-Shawish wa Mu’azirihima (réfutation des fabrications de nasir al Albani, de son ami Zuhayr al Shawish et de leurs défenseurs)

6- Le savant du hadith égyptien Mohammad Awwama qui a écrit : – Adab Al-Ikhtilaf (les règles pour exprimer la divergence d’opinion).

7- Le savant de hadith égyptien Mahmud Sa`id Mamduh qui a écrit : – Wusul al-Tahani bi Ithbat Sunniyyat al-Subha wa al-Radd `ala al-Albani (la confirmation mutuels que les Dhikr avec des Perles sont une Sunna dans la réfutation d’Al-Albani) – Tanbih al-Muslim ila Ta`addi al-Albani `ala Sahih Muslim (avertissement aux musulmans concernant l’attaque de Al Albani sur le sahih muslim)

8- Le savant du hadith Saoudien Isma’il ibn Muhammad Al-Ansar qui a écrit : – Ta`aqqubat `ala « Silsilat al-Ahadith al-Da`ifa wa al-Mawdu`a » li al-Albani (critique du livre de hadith de Al-Albani) – Tashih Salat al-Tarawih `Ishrina Rak`atan wa al-Radd `ala al-Albani fi Tad`ifih (établissement en tant que correct de salat Tarawih en vingt Rak`as et la réfutation de son affaiblissement par Al-Albani) – Ibahat al-Tahalli bi al-Dhahab al-Muhallaq li al-Nisa’ wa al-Radd `ala al-Albani fi Tahrimih (Le fait qu’il est licite pour la femme le port de bijoux contrairement à la refutation d’Al Albani)

9- Le savant syrien Badr al-Din Hasan Diab qui a écrit : – Anwar al-Masabih `ala Zulumat al-Albani fi Salat al-Tarawih (éclaircir l’obscurité d’Al-Albani sur la prière du Tarawih).

10- Le directeur des activités religieuses à Dubaï ‘Isa ibn ‘Abd Allah ibn Mani’Al-Himyari qui a écrit : – al-I`lam bi Istihbab Shadd al-Rihal li Ziyarati Qabri Khayr al-Anam (l’avis en ce qui concerne la recommandation de se deplacer pour visiter la tombe du Prophete) – al-Bid`a al-Hasana Aslun Min Usul al-Tashri (la bonne innovation est une des sources de législation islamique)

11- Le ministre des affaires islamiques et religieuses des Emirats Arabes Unis Shaykh Muhammad Ibn Ahmad al Khazraji qui a écrit : – L’article : al-Albani : Tatarrufatuh (les Positions Extrémistes d’Albani).

12- Le savant syrien Firas Muhammad Walid Waysdans son édition : – Ibn al-Mulaqqin’s Sunniyyat al-Jumu`a al-Qabliyya (les prières Sunna qui doivent précéder salat Al-Jumu`a).

13- Le savant syrien Samer Islambuli qui a écrit : – Al-Ahad, Al-Ijma`, Al-Naskh.

14- Le savant jordanien As`ad Salim Tayyim qui a écrit : – Bayan Awham al-Albani fi Tahqiqihi li Kitab Fadl al-Salat `ala al-Nabi

15- Le savant jordanien Hassan ‘ali As-Saqqaf qui a écrit les deux volumes : – Tanaqudat al-Albani al-Wadiha fi ma Waqa`a fi Tashih al-Ahadith wa Tad`ifiha min Akhta’ wa Ghaltat (les erreurs qu’Albani a commises en ce qui concerne l’authentification des hadiths authentiques et faibles) – Ihtijaj al-Kha’ib bi `Ibarat man Idda`a al-Ijma` fa Huwa Kadhib (le recours du perdant à l’expression: que celui qui réclame le consensus est un menteur!) – al-Qawl al-Thabtu fi Siyami Yawm al-Sabt (le discours ferme en ce qui concerne le jeûne du samedi) – al-Lajif al-Dhu`af li al-Mutala`ib bi Ahkam al-I`tikaf (« le jeu dangereux contre lui qui joue avec les régles d’I`tikaf) – Sahih Sifat Salat al-Nabi ﷺ (Les critères authentiques de la prière du Prophete) – I`lam al-Kha’id bi Tahrim al-Qur’an `ala al-Junub wa al-Ha’id Talqih al-Fuhum al-`Aliya (l’inculcation du discernement élevé) – Sahih Sharh al-`Aqida al-Tahawiyya (l’explication correcte de la ‘aquida tahawiyya).

Jamais un « savant » du Hadith n’a été autant réfuté. Il faut bien comprendre que c’est la science de la transmission qui a protégé notre religion, cette science qui n’existe dans aucune autre religion. Comme l’a dit le grand imam Ibn al-Mubarak, qui est élève de Sufyan at-Thawri, de Malik ibn Anas et de Abu Hanifa et qui fut un grand spécialiste du hadith ayant le statut de Amir al-Mouminin dans la science du Hadith : « La chaîne de transmission fait partie de la religion et s’il n’y avait pas la chaîne de transmission, chacun dirait ce qu’il veut ».

Alors Al-Albani peut-il êtres qualifié de savant du Hadith ou mieux encore de mouhaddith ?

– Un mouhaddith qui n’a pas de sheykh en hadith et qui est autodidacte
– Un mouhaddith qui est perdu sans ses livres
– Un mouhaddith qui ne connait pas par cœur 10 hadiths avec leur chaîne de transmission.
– Un mouhaddith qui ne cite même pas un hadith par chaîne de transmission jusqu’au Prophète ﷺ.
– Un mouhaddith dénoncé par les spécialistes du hadith et dont les ouvrages de réfutation contre lui ne se comptent plus.

Une telle personne n’est pas un mouhaddith.

Le sheykh al-Albany (rahimahu Allâh) était un chercheur dans la science du hadith (à son niveau), mais on ne peut pas dire de lui qu’il fut un spécialiste du hadith ou un mouhaddith, car il ne transmet aucun hadith par chaîne de transmission et sa science n’est pas non plus transmise par chaîne de transmission !

 

2/ Le Sheykh Al-Albani peut-il être suivi dans la Jurisprudence (Fiqh)?

 

Sheykh Nâsir ad-Dîn al-Albânî, une des grandes références du wahhâbisme et ils le considèrent comme le plus grand savant du hadîth, malgré ses grandes lacunes en la matière. Loin de se limiter à cette discipline, le Sheykh s’est également lancé dans la Fatwa, mais là aussi sans posséder la formation et les compétences nécessaires, faute d’avoir étudier auprès de savants. Cet apprentissage basé sur l’autodidaxie lui a valu d’émettre des Fatwas complètements absurdes et dangereuses pour les Musulmans.

Jadis, le Sheykh Bin Baz fut interrogé sur une parole d’Al-Albani concernant la zakat (scan -> ICI), il a dit que Al-Albani n’est qu’un muhaddith (sous entendu qu’il ne connait pas le fiqh car la question concerne le fiqh) et il précise qu’il (Al-Albani) n’a pas étudié auprès des Shuyukh (savants), mais qu’il a appris dans les livres. Donc, même Ibn Baz qui est du même mouvement (wahhabite) que Al-Albani reconnait que ce dernier n’a pas de Sheykh. Maintenant, la question qui se pose est comment peut on prétendre que cet homme est un mouhhadith (selon certains, il aurait été le mouhaddith de notre temps) alors qu’il n’a pas de Sheykh?

Voici quelques-unes de ses pires fatâwâ, afin d’attirer l’attention des musulmans sur les dérives de cet homme, d’une part, et d’autre part pour avertir ceux qui ne le connaissent pas ou peu :

1/  » Les femmes du Prophète  peuvent tomber dans la fornication «  [silsilat al ahâdîth as-sahîha, hadîth 2507, tome 6, P.26 première édition Maktabat al-Ma`ârif li an-Nachr wa at-Tawzî` – ar riyâdh].

2/  » Le fondateur du mouvement Salafî c’est Allâh «  [Fatâwî al-Albânî fî al-Madînah wa al-Imârât, p.18, première édition Dâr ad-Diyâ’, Egypte].

3/  » Il est interdit à la femme qui a des poils qui poussent au degré que ça devienne une barbe de se raser «  [Fatâwî al-Albânî fî al-Madînah wa al-Imârât, p.248, première édition Dâr ad-Diyâ’, Egypte].

4/  » L’étonnement est un Attribut d’Allâh «  [Ach-Chaykh Al-Albânî wa manhajuhu fî taqrîrî masâ’il al-I`tiqâd – Muhammad Sarrûr Cha`bân p. 243, première édition, dâr al-Kiyân Ar-Riyadh].

5/  » Quand la parole du Prophète contredit son acte, on favorise son acte «  [Fatâwî al-Albânî fî al-Madînah wa al-Imârât, p.39, première édition Dâr ad-Diyâ’, Egypte].

6/  » Appel à la destruction de la coupole qui couvre la tombe du Prophète  et à faire sortir la tombe du Prophète  de sa mosquée «  [Tahdhîru as-Sâjid, ach-Chaykh Al-Albânî, p.58, 3 ème édition, Al-Maktabatu al-Islâmîy, Bayrûth].

7/  » Le Prophète  n’est pas la meilleure des créatures «  [At-Tawassul Anwâ`uhu wa Ahkâmuhu, Al-Albânî, p. 149, première édition, Maktabat al-Ma`ârif li an-Nachr wa at-Tawzî` – ar riyâdh]. Le scan de la couverture : ICI et le scan du passage en question : ICI

8/  » Le fait de fêter le Mawlid est tiré de la célébrations des nasârâ (chrétiens) et un suivi de leur actes «  [Fatâwî al-Albânî fî al-Madînah wa al-Imârât, p.155, première édition Dâr ad-Diyâ’, Egypte].

9/  » Il est interdit de suivre une école précise comme l’école Châfi`ite ou Hanafite «  [Fatâwî al-Albânî fî al-Madînah wa al-Imârât, p.43, première édition Dâr ad-Diyâ’, Egypte].

10/ Le fait de faire la ressemblance entre le fiqh Hanafite et l’évangile [Mukhtasar Sahîh Muslim d’Al-Mundhirî, Tahqîq Al-Albânî, Hadîth n° 2060, p.543, 3ème édition Maktabat al-Ma`ârif li an-Nachr wa at-Tawzî` – ar riyâdh].

11/  » La Jamâ`a du Tablîgh est un groupe de soufis moderne. Elle ne se base ni sur le Livre ni sur la Sunna du Prophète «  [Fatâwî al-Albânî fî al-Madînah wa al-Imârât, p.31, première édition Dâr ad-Diyâ’, Egypte].

12/  » Il est interdit d’embrasser le Coran car c’est une bid`a et un égarement «  [Risâlat Kayfa yajib `alaynâ an-nufassira al-Qur’ân al-Karîm, Al-Albânî, p.28, première édition Al-Maktaba al-Islâmiyya, Jordanie].

13/  » Dire « Sadaqa Allâhu al-`Adhîm  » après la lecture du Qur’ân est une bid`a «  [Fatâwî al-Albânî fî al-Madînah wa al-Imârât, p.163, première édition Dâr ad-Diyâ’, Egypte].

14/  » Il est interdit de faire le Adhan (l’appel à la prière) en utilisant le micro et le haut parleur «  [Al-Ajwiba an-Nâfi`a `an as’ilati lujnati masjidi al-Jâmi`ati, Al-Albânî, p.18, deuxième édition, Al-Maktab al-Islamîy, Bayrûth].

15/  » Le Mihrâb dans la mosquée est une bid`a «  [Silsilat al-ahâdîth ad-Da`îfa, Al-Albânî, hadîth n°448, tome 1 p.641, deuxième édition, Maktabat al-Ma`ârif li an-Nachr wa at-Tawzî` – ar-Riyâdh].

16/  » Interdiction aux femmes savantes et aux dâ`iyyât (prêcheuses) de donner des cours aux femmes dans les mosquées «  [ référence : Al Albânî dans son ouvrage  » silsilat al ahâdîth as-sahîha, hadîth n°2680, tome 6, P.401 première édition Maktabat al-Ma`ârif li an-Nachr wa at-Tawzî` – ar riyâdh].

17/  » Celui qui prie at-Tarawîh 20 raka`a contredit la Sunna «  [Al-Hâwi min fatâwî ach-Chaykh Al-Albânî, Abû Hammâm al-Misrîy, tome 1, p.326, Al-Matba`a al-`Ilmiyya – Egypte].

18/  » Il est interdit de dire à une personne après le cours « fais moi du`â’ «  [Qâmus al-Bida` Mustakhraj min Kutûb al-Albânî, Machhûr as-Salmân wa Ahmad Ach-Chukûkânî, p. 702, troisième édition, Dâr al-Imâm Al-Bukhârî – Qatar].

19/  » Interdiction à l’imâm pendant le prêche de faire du`â’ pour les mujâhidîn (combattants) et ceux qui combattent pour défendre l’Islâm «  [Al-Ajwiba an-Nâfi`a `an as’ilati lujnati masjidi al-Jâmi`ati, Al-Albânî, p.72, deuxième édition, Al-Maktab al-Islamîy, Bayrûth].

20/  » Le peuple Palestinien doit quitter la Palestine et ne doit pas rester sous l’autorité sioniste «  [Fatâwâ Ach-Chaykh Al-Albânî, `Ukkâchatu `Abdu al-Mannân, p.18, deuxième édition, Dâr al-Jîl, Bayrûth].

21/  » L’intifâda Palestinienne contre l’occupation sionniste est un acte harâm et n’est pas autorisé » [Enregistrement audio Al-Hudâ wa an-nûr ach-Chaykh al-Albânî].

22/  » Allâh a deux yeux «  [Al Fatwâwî Al-Kuwaytiyyatu Al-Albânî, p.43, première édition, Dâr Ad-Diyâ’ – Egypte].

23/  » Le rire est un Attribut d’Allâh «  [silsilat al ahâdîth as-sahîha, hadîth 2810, tome 1, P.738 première édition Maktabat al-Ma`ârif li an-Nachr wa at-Tawzî` – ar riyâdh]. Pour une bonne compréhension du Dahik [Rire] d’Allâh, voir notre article sur le sujet.

24/  » Allâh a réellement une main «  [Ach-Chaykh Al-Albânî wa manhajuhu fî taqrîrî masâ’il al-I`tiqâd – Muhammad Sarrûr Cha`bân p. 216, première édition, dâr al-Kiyân Ar-Riyadh ].

25/  » L’infaillibilité des prophètes n’est pas absolue «  [Fatâwî al-Albânî fî al-Madînah wa al-Imârât, p.18, première édition Dâr ad-Diyâ’, Egypte].

26/  » Il est possible que le Prophète  oublie les versets qu’il a cité aux gens «  [Al Fatwâwî Al-Kuwaytiyyatu Al-Albânî, p.30-31, première édition, Dâr Ad-Diyâ’ – Egypte].

27/  » Il est harâm d’embrasser la main de son père et de sa mère, car cela fait partie des innovations «  [Qâmus al-Bida` Mustakhraj min Kutûb al-Albânî, Machhûr as-Salmân wa Ahmad Ach-Chukûkânî, p. 718, troisième édition, Dâr al-Imâm Al-Bukhârî – Qatar].

28/  » Il est harâm de rendre visite chaque vendredi à ses parents décédés car cela fait partie des innovations « . [Ahkâm Al-Janâ’iz wa bida`ihâ, p.258, quatrième édition, Al-Maktab al-Islâmiy – Bayrût].

29/  » Il est harâm aux femmes de porter tout or en bijoux formant un cercle, comme les bagues, les bracelets, les colliers, les ceintures, etc. «  [Âdâb az-Zafâf Al-Albânî, dans l’introduction de l’ouvrage et à la p.222, première édition, Maktabat al-Ma`ârif lî Nachri wa at-Tawzî` – Ar-Riyâdh].

Lorsqu’il a été interrogé sur cette fatwa, le sheykh Wahbaal-Zu aylī a déclaré :

« En effet, la déviation de certains qui s’occupent par la Science ou ceux qui apprennent par eux-mêmes sans un enseignant n’a pas de valeur en termes de Sciences ou de Shari’ah et leurs avis sont exclus et rejetés. Déclarer l’Or interdit (harām) pour les femmes est à la fois une déviation Islamique et intellectuelle, car le Noble Coran a clairement fait savoir dans le Aya : « Cet être (la fille) élevé au milieu des parures et qui, dans la dispute …». [43:18] qu’il fait partie de sa nature et de sa disposition qu’une femme se pare de bijoux. Il a également été établi dans la Sunnah Prophétique que le Prophète a dit : « L’or et la soie sont halal (autorisé) pour les femmes et haram (interdit) pour les hommes » [Musnad de l’Imam Ahmad b. Hanbal, vol.14, pp. 499-500, Hadith #19407, Dar al-Hadith, Edition du Caire]. Dire que c’est haram c’est aller à l’encontre de l’ijma’ (consensus des Savants). Je n’ai pas lu le livre Âdâb az-Zafâf, mais s’il contient de tels avis, il ne mérite pas qu’on s’y attarde. » [3]

30/  » Il est autorisé à une femme d’allaiter directement par le sein un homme étranger à elle «  [Enregistrement audio Al-Hudâ wa an-nûr ach-Chaykh al-Albânî].

31/  » Il est harâm de réciter la Fâtiha pour un mort et ou de réciter le Qur’ân en ayant l’intention que les hasanât soient destinées au mort «  [Ahkâm Al-Janâ’iz wa bida`ihâ, p.256, 257, 259, quatrième édition, Al-Maktab al-Islâmiy – Bayrût].

32/  » Il est harâm de présenter sa ta`ziyya (condoléances) à la famille d’un mort devant les tombes ni dans un endroit précis et il est interdit de limiter cela à trois jours «  [Ahkâm Al-Janâ’iz wa bida`ihâ, p.255, quatrième édition, Al-Maktab al-Islâmiy – Bayrût].

33/  » Il est harâm d’inscrire le nom du mort ainsi que la date de sa mort sur sa tombe «  [Ahkâm Al-Janâ’iz wa bida`ihâ, p.265, quatrième édition, Al-Maktab al-Islâmiy – Bayrût].

34/  » La masturbation pendant le mois de Ramadan n’annule pas le jeûne « . [Tamâm al-Minnah Al-Albânî p.418, cinquième édition, Dâru ar-Râyah – Ar-Riyâdh].

35/  » Il est harâm de s’habiller en pantalon pour les hommes comme pour les femmes «  [Fatâwî al-Albânî fî al-Madînah wa al-Imârât, p.18, première édition Dâr ad-Diyâ’, Egypte et également dans l’enregistrement audio Al-Hudâ wa an-nûr ach-Chaykh al-Albânî].

36/  » Il est Sunna de mettre la montre à la main droite «  [Fatâwî al-Albânî fî al-Madînah wa al-Imârât, p.149, première édition Dâr ad-Diyâ’, Egypte].

37/  » Il est harâm de rendre le jour de vendredi comme un jour férié «  [Al-Ajwiba an-Nâfi`a `an as’ilati lujnati masjidi al-Jâmi`ati, Al-Albânî, p.65, troisième édition, Al-Maktab al-Islamîy, Bayrût].

38/  » Il est harâm de dire  » Bismi Allâhi ar-Rahmâni ar-Rahîm  » avant de manger, il faut juste dire  » Bismi Allâh «  ». [silsilat al ahâdîth as-sahîha, hadîth 346, tome 1, P.681 première édition Maktabat al-Ma`ârif li an-Nachr wa at-Tawzî` – ar riyâdh].

39/  » Il est harâm de faire salât sur le Prophète lorsqu’on est étonnée d’une chose «  [Qâmus al-Bida` Mustakhraj min Kutûb al-Albânî, Machhûr as-Salmân wa Ahmad Ach-Chukûkânî, p. 701, troisième édition, Dâr al-Imâm Al-Bukhârî – Qatar].

40/  » Il est harâm de voyager spécifiquement pour rendre visite au Prophète  «  [Fatâwî al-Albânî fî al-Madînah wa al-Imârât, p.12, première édition Dâr ad-Diyâ’, Egypte et dans Ahkâm Al-Janâ’iz wa bida`ihâ, p.265, quatrième édition, Al-Maktab al-Islâmiy – Bayrût]. ].

41/  » Donner des noms aux mouvements et groupes musulmans est une bid`a sauf le mouvement Salafi «  [Fatâwî al-Albânî fî al-Madînah wa al-Imârât, p.27, première édition Dâr ad-Diyâ’, Egypte].

42/  » Il est harâm de louer les appartements aux soufis s’ils déclarent qu’ils sont soufis «  [Fatâwî al-Albânî fî al-Madînah wa al-Imârât, p.136, première édition Dâr ad-Diyâ’, Egypte].

43/  » Il est harâm au musulman de boire debout «  [silsilat al ahâdîth as-sahîha, hadîth 177, tome 1, P.340 première édition Maktabat al-Ma`ârif li an-Nachr wa at-Tawzî` – ar riyâdh].

Qu’Allâh lui fasse Miséricorde, lui pardonne et nous pardonne.

 

3/ Sheykh Al-Albani et l’interprétation (ta’wil) faite par l’Imam Al-Boukhari concernant « El-Wajh »

 

Il est connu que les salafis interdisent formellement toute interprétation (ta’wil) des Textes sacrés, préférant une lecture purement littéraliste. Pourtant, les plus grands savants et parmi eu les Salafs, ont parfois eu recours à l’interprétation. Observez ce que dit sheykh Al-Albani [rahimahou Allâh] de ceux qui font le ta°wil du mot Wajh dans le verset 88 de la sourate el-Qassas.

Il dit : « un croyant ne peut pas dire une chose pareil » !!

Or, parmi les savants qui utilisent l’interprétation, nous trouvons par exemple l’imam Al-Boukhari [rahimahou Allâh]. Voici dessous les scans des pages.

Tout d’abord la parole de l’imam Al-Boukhari disant que El-Wajh (parfois traduit par Visage ou Face) signifie la Royauté :

a1

 

Puis, le scan des paroles de Al-Albani donnant son opinion qui est que ceux qui font le ta’wi ne peuvent être croyants :

a2

a3

Ainsi, il apparait que des dits « salafis » (ou wahhabis) ne suivent pas ceux dont ils se réclament sur des questions aussi importantes que la ‘Aqida (croyance). Pour sheykh Al-Albani, celui qui fait le ta’wil (interprétation) du mot El-Wajh, ne peut être qualifié de Musulman. On ne tombera pas dans le raccourci de dire qu’Al-Albani fait directement le takfir du grand savant al-Hafidh al-boukhari, mais les propos demeurent très graves car par cette parole, il excommunie de très nombreux savants, des Compagnons et un nombre considérable de Musulmans !

Pour d’avantages de précision sur al-Wajh, lire l’article : L’interprétation du Wajh [Face] d’Allâh selon quatre Tafsirs qui font autorité – [ Ibnou Kathir, Ibn ‘Abbâs, At-Tabari, Al-Qurtubi ]

 

4/ Le ta’wil de l’Imam Ahmad ibn Hanbal

 

On a vu précédemment que Sheykh al-Albani [rahimahou Allah] condamnait ceux qui pratiquent l’interprétation (ta’wil) de certaines expressions ou mots du Coran et que pour lui par exemple, celui qui faisait le ta’wil de al-Wajh ne pouvait pas être Musulman. Or, il se trouve que la grande majorité des savants acceptent ces interprétations si elles sont conformes à la langue arabe et à la Majesté d’Allâh ta’ala. Et contrairement à ce que disent les wahhabis, certains savants du Salaf ont pratiqué le ta’wil comme ce fut le cas d’al-Boukhari [radhia Allâhou ‘anhou].

Nous allons voir maintenant qu’un autre grand Imam du Salaf, l’Imam Ahmed ibn Hanbal [radhia Allâhou ‘anhou] pratiquait également le ta’wil. Il est à noter que les « savants » Salafis se réclament de lui et de son école. Voici un passage du célèbre livre de l’imam ibnou Kathir [rahimahou Allah] « el-Bidaya wa el-Nihaya »  – le début et la fin -, dans lequel il exprime et relate clairement le ta’wil (l’interprétation) de l’attribut de « la venue d’Allâh » faite par l’imam Ahmed ibn Hanbal concernant le verset 22 de la sourate el-Fajr « et ton Seigneur vint » « و جاء ربك » en disant qu’il s’agit de la venue de Ses Récompenses.

Encore une fois nous constatons qu’un très grand imam du Salaf et de plus qui est l’imam dont se réclament les salafis fait lui aussi le ta’wil des attributs d’Allâh, comme cela est le cas de beaucoup de savants parmi les plus grands.

J’adresse ici une question à nos frères et sœurs qui suivent le minhaj dit « Salafi », allez-vous suivre al-Albani et dire que l’imam Ahmed ne mérite plus la qualification de Musulman [astarfighu-Llâh]?

Voici le scan :

Ahmad

 

5/ Le Tawwassul de l’Imam Ahmad ibn Hanbal

 

L’Imam Ahmad a dit à Abou Bakr al-Marwazi : « yatawassalu bi al-nabi fi dou’a’ih »« Que celui qui fait des Dou’as utilise le Prophète ﷺ comme cause (wassilah). » Le même récit se retrouve dans le Manasik de l’Imam Ahmad tel qu’il est rapporté par son élève Abou Bakr al-Marwazi. Le fait que l’Imam Ahmad ibn Hanbal ait encouragé à faire le Tawassul à travers RassouluLlâh lors des dou’as est aussi rapporté par l’imam ibn Taymiyya dans ses fatawas (volume 1 page 140, voir aussi Mafaahim page137). Sheykh ibn Taymiyyah lui-même a mentionné la narration d’al-Marwazi prise de son livre sur les Manasik (rites du Hajj) que l’imam Ahmad lui a écrit en lui disant: « Que celui qui fait des Dou’as utilise le Prophète comme cause (wassilah). ». Se référer à : Qa’idah fit-Tawassul wal-Wassila (p. 98 and 155).

Quant à Sheykh al-Albani, il a dit : « L’Imam Ahmad à permis le Tawassul par le biais du Messager seul, et d’autres tels que l’imam As-Shawkani ont permis le Tawassul par son intermédiaire, celui d’autres prophètes et par les Pieux. [Notez au passage qu’il omet de mentionner l’Imam Malik et l’Imam Shafi’i comme autorisant aussi le Tawassul] Cependant, nous [c’est-à-dire Albani et ses semblables], comme c’est le cas dans tous les domaines où il y a désaccord, nous suivons tout ce qui est appuyé par la preuve quelle qu’elle soit, sans suivre aveuglement l’opinion des hommes ». [al-Albani, At-Tawassul page 38]. Voir le scan ICI.

Alors que les salafis proclament suivre l’imam Ahmad, lorsque sa position ne leur plait, ils délaissent son avis. Ainsi, Sheykh al-Albani a dit en substance : « On ne suit pas l’Imam Ahmad sur son tawassoul, même s’il l’a fait car on n’est pas Ahmadiyyine ».

Ceci prouve :

1/ que l’Imam Ahmad (imam du Salaf, Imam Mujtahid al-Mutlaq, qui a eu des dizaines et des dizaines de shouyoukh parmi des sommités incontestables des premières générations et qui a mémorisé et rapporté plus de 1 million de Hadith) faisait le tawassoul et donc qu’il l’approuvait.

2/ que les Salafis se réclament de gens qu’ils ne suivent que sur ce les points qui valident leur propre doctrine.

Voici une preuve solide et supplémentaire que malgré leurs dires, Al-Albani et ses semblables ne suivent pas les Salafs us-Salih mais prennent uniquement ce qui va dans le sens de leur doctrine, loin de la Voie des Salafs as-Salih, celle qui se trouve aujourd’hui répartie dans les deux écoles de ‘Aqida (Ash’arite et Maturidite), les quatre écoles de Fiqh (Malikite, Shafe’ite, Hanafite et Hanbalite) et les Turuqs authentiques de Tassawuf.

Plus d’infos dans cette vidéo : ICI

 

6/ Une anecdote qui en dit long…

 

Pour terminer, nous allons narrer un récit qui illustre parfaitement tout ce que nous avons rapporté dans cet article, prouvant encore une fois l’incompétence de Sheykh al-Albani dans les Sciences Islamiques. Ce témoignage que mentionne l’immense érudit et océan de savoir, le Sheykh Mohammed Âwama (Hafidahoullah) souligne également l’importance de la science reçue par chaîne de transmission. Il rapporte cela dans son livre « L’impact du noble Hadith sur la divergence des Imams Juristes qu’Allah les agrée », page 47, il dit :

« [la situation me pousse à vous raconter cette anecdote], de ces choses qui font rire et pleurer en même temps, rapportant cela de notre Sheykh, l’érudit de la ville de Homs (Syrie) et sa singularité, le Cheikh des Lectionnaires et le garant de la Fatwa, le lectionnaire, l’exégète, le Juriste et l’ascète, le Sheykh Abdul Aziz Ôyoun Al-Soud, mort en 1399 de l’hégire, qu’Allah Le Très Haut lui accorde Sa Miséricorde.

Il m’a raconté cette anecdote il y a 9 ans environ, à mon domicile à Alep (Syrie). Il a dit : est entré à la mosquée, juste avant l’Adhan du « Dhohr », près de moi un homme que je ne connaissais pas, et qui m’a été nommé plus tard, et notre Sheykh me l’a nommé, c’est le Sheykh Nasser Al-Albani ! Il s’est assis, attendant l’Adhan, et quand le Muezzin a dit : « Allahou Akbara Allahou Akbara », cet homme a réagi énergiquement et avec colère, en disant : « ceci est faux, ceci est Bid’â (innovation) » ! Alors notre Sheykh lui a dit : « qu’est-ce qui est faux et Bida’â ? » Il a répondu : « ceci est contraire au Sahih de Mouslim » ! Alors notre Sheykh lui a répété la question : « et qu’est-ce qui est dans Sahih Mouslim » ? L’homme dit alors : « ce qui est dans Sahih Mouslim : « Allahou Akbarou Allahou Akbarou » avec Dhama sur le Ra’a. A ce moment notre Sheykh lui dit, avec son Adab (noblesse de caractère) connu et sa sérénité : « vous avez reçu Sahih Mouslim de vos Chouyoukhs qui l’ont reçu de leurs Chouyoukhs, jusqu’à l’Imam Mouslim, qu’il a rapporté le Hadith avec la Dhama sur le Ra’a ? Ou bien ceci (ce que vous mentionnez là) est l’impression de l’éditeur » ?! Notre Sheykh a dit : « il s’est tu et je me suis tu, puis il pria et s’en alla ». »

 

Nous espérons que cet article servira de lumière éclairante pour ceux qui cheminent sincèrement sur le Chemin d’Allâh Exalté, de Son bien aimé Messager ﷺ digne de confiance dans la révélation, de sa famille pure et parfumée, de Ses nobles Compagnons bon guides et bien guidés, des Awliyas Ses fidèles Alliés et de Ses Savants dévoués.

 

 

Notes :

– Basé en partie sur les travaux de l’équipe d’Aslama.com, de sheykh Gibril Fouad Haddad et d’autres Shuyukh – qu’Allâh les récompense –

[1] Sur le site Masud.co.uk vous trouverez exposées 50 erreurs et contradictions de Al-Albani. Cela confirme la médiocrité de ses travaux en terme de Hadith.

[2] Source : at-Tahwid.net

[3] Dans Fatāwa Mu’āsira de Sheykh Wahba al-Zuhaylī, pages 203-204, Dār Al-Fikr, Damas, 2003

– Sur le même sujet, lire également : Les ijazas de Ibn Baz et de Al-Albani – Par Sheykh Nuh Ha Mim Keller

– A écouter (anglais) : Who was Nasiruddin Albani Salafi?

– Pour les arabophones, voici lire ce livre complet en PDF : Les aberrations et les erreurs de Al-Albani de Sheykh Habibur Rahman A’zami

° Le statut de l’Imam Abou Hanifa dans le Hadith [1]

 

Hanifa

 

 

Nous sommes aujourd’hui à une époque où l’Islam est attaqué de partout, que ce soit par des non-Musulmans ou que ce soit par des groupes qui se réclament de notre Religion. Le nom des Salafs (Pieux Prédécesseurs) est sali par un groupe prétendant les suivre à la lettre et trompant les gens par des slogans aguicheurs mensongers comme celui-ci : « l’Islam ( le Qour’an et la Sunnah) selon compréhension des pieux Prédécesseurs ». Un des leaders de ce groupe, sheykh Al-Albani (RA) a soutenu et propagé l’information erronée selon laquelle le grand Imam du Salaf, Abou Hanifa (RA) ne serait pas un narrateur fiable dans la transmission du Hadith. Insha Allâh, nous allons démontrer par cet article qu’il n’en est rien.

Ayant vécu à une époque où des Sahabas étaient encore en vie, l’Imam Abu Hanifah (80-150 H) fait partie de la génération des Tabi’in. Il a d’ailleurs vu Anas ibn Malik (mort en 93 H), même s’il n’est pas authentique qu’il ait rapporté d’après lui ou d’après tout autre Sahabi. L’Imam as-Suyûtî mentionne, dans Tabyid as-Sahifah [2] que Ibn Hajar al-‘Asqalani a dit : « Ibn Sa’d a rapporté avec une chaine (Sanad) dans laquelle il n’y a pas de détérioration que Abou Hanifah a vu Anas ». Ibn Hajar poursuit en mentionnant que ceci distingue Abu Hanifah de tous les autres Imams des principales villes de ses contemporains comme al-Awza’i, Hammad ibn Zayd, Hammad ibn Salamah, at-Thawri, Malik, Muslim ibn Khalid and al-Layth ibn Sa’d.

L’autorité de l’Imam Abu Hanifah [radhia Allâhou ‘anhou] dans la Jurisprudence (Fiqh) est acceptée par tous au sein de Ahl us-Sunnah, à la fois par ses partisans que par ses détracteurs. Cependant, certains insistent encore en jetant le doute sur sa fiabilité dans la narration des hadiths. L’Imam Abu Hanifah n’a pas rapporté un grand nombre de hadiths car sa préoccupation était le Fiqh et l’enregistrement de ses masa’il [3], mais sa dépendance à l’égard des hadiths et athars ressort de manière évidente de ses avis et en ce sens il fait partie des mukthirin – c’est-à-dire de ceux ayant rapporté de grandes quantités de hadith [4].

Al-Khatib al-Baghdadi a rapporté dans son Tarikh Baghdad [5] avec une chaîne de narration authentique [dans laquelle tous les rapporteurs, al-Khallal, al-Hariri, an-Nakha’i et Muhammad ibn Isma’il al-Farisi sont thiqat (dignes de confiance)] à partir de Makki ibn Ibrahim (126-214 H), qui rapporte de Abu Hanifah et qui est l’un des plus vieux Sheykhs de l’Imam Bukhari et qui rapporte les six célèbres collections de hadith. Il est décrit par Ibn Hajar comme un « thiqah thabt » dans al-Taqrib, ce qui est un des plus hauts niveaux de fiabilité. Il a déclaré à propos de Abu Hanifah : « Il était le plus savant des gens de son temps ». (kana a’lama Ahli zamanihi) « La Science » (al-‘ilm) à ce moment-là était la connaissance du Qour’an et de la Sunnah, cela démontre que Abu Hanifah avait une vaste connaissance des hadiths, mais sa préoccupation n’était pas de rapporter. L’Imam ad-Dhahabi a écrit : « La logique, la dialectique et la philosophie des anciens n’existaient pas, par Allâh, ceci ne faisait pas partie des sciences des Sahabah, des Tabi’in , de al-Awza‘i, d’at-Thawri, de Malik et de Abu Hanifah. Plutôt, leurs sciences étaient le Qour’an et le Hadith. » [6]

La fiabilité de l’Imam Abu Hanifah dans la narration des hadiths a été transmise par ces cinq Imams de la science de al-Jarh wa l-Ta’dil (la critique et l’éloge) :

1. Abu Dawud as-Sijistani (202-275 H), l’auteur des Sunan Abu ‘Umar ibn’ Abd al-Barr (368-463 H) rapporte ce qui suit [7] :

‘Abd Allâh ibn Muhammad ibn ‘Abd al-Mu’min ibn Yahya (al-Qurtubi), qu’Allâh lui fasse Miséricorde, nous a raconté que : Abu Bakr Muhammad ibn Bakr ibn ‘Abd ar-Razzaq, connu sous le nom de Ibn Dasah, nous a raconté : « J’ai entendu Abu Dawud Sulayman ibn al-Ash‘ath ibn Ishaq as-Sijistani, qu’Allâh lui fasse Miséricorde, dire : « qu’Allâh fasse Miséricorde à Malik , il était un Imam. Qu’Allâh fasse Miséricorde à ash-Shafi’i, il était un Imam. Qu’Allâh fasse Miséricorde à Abu Hanifah, il était un Imam ».

‘Abd Allâh ibn Muhammad ibn ‘Abd al-Mu’min al-Qurtoubi est fiable (Saduq) tel que mentionné dans Lisan al-Mizan (4:587), qui indique également qu’il « fait partie des plus anciens sheykhs d’Abou Omar (Ibn ‘Abd al-Barr) ». Ibn Dasah (m. 346) est digne de confiance (thiqah) et c’est un rapporteur des Sunan de Abu Dawud as-Sijistani (Siyar A‘lam al-Nubala). La chaîne de transmission est donc bonne (hassan).

Le terme « Imam » a des significations différentes, mais quand il est utilisé dans le contexte de la science du hadith et de la critique du rapporteur, il équivaut à « digne de confiance » (thiqah) et « argument » (hujjah) et « solide » (thabt) , tel que mentionné par as-Sakhawi dans son Sharh Alfiyyat al-‘Iraqi [8]. Al-Hafiz Ibn Hajar al-‘Asqalani donne également le statut de « Imam » à Abu Hanifah lorsqu’il note sa fiabilité dans Taqrib al-Tahdhib, indiquant que ce terme est suffisant pour établir la fiabilité.

2. Ali ibn ‘Abd Allâh al-Madini (161-235 H), le grand Imam d’Al-Jarh wa l-Ta’dil

Muhammad ibn al-Husayn ibn Ahmad ibn al-Husayn Abu l-Fath al-Azdi al-Mawsili (M. 374) a mentionné dans son livre al-Du’afa , « ‘Ali ibn al-Madini a dit : At-Thawri , Ibn al-Moubarak, Hammad ibn Zayd, Hushaym, Waki ‘ ibn al-Jarrah, ‘ Abbad ibn al-‘Awam et Ja’far ibn Awn ont rapportés d’après Abou Hanifah. Il est digne de confiance (thiqah) , il n’y a aucun mal (risque) en lui. » [9]

Abu l-Fath al-Azdi l’a rapporté sans chaîne, mais sa manière de rapporter (utilisant le sighat al-jazm – une manière de procéder de type « Il a dit ») indique que selon lui, il est authentique.

3. Shu’bah ibn al-Hajjaj (85-160 H), le créateur de la science d’Al-Jarh wa l-Ta’dil

Ibn ‘Abd al-Barr a rapporté via Hakam ibn al-Mundhir via Abu Ya’qub Yusuf ibn Ahmad ibn Yusuf Ibn al-Dakhil d’après Ahmad ibn al-Hasan al-Hafiz via ‘Abd Allâh ibn Ahmad ibn Ibrahim al-Dawraqi : Yahya ibn Ma’in a été interrogé sur Abu Hanifah tandis que j’écoutais. Il a dit : « [Il est] digne de confiance (thiqah), je n’ai entendu personne affaiblir (son statut). Voici Shu’bah ibn al-Hajjaj, lui écrivant et lui conseillant de rapporter. Et Shu’bah est Shu’bah ! » [10]

Ad-Dawraqi est digne de confiance (thiqah) selon ad-Daraqoutni et fiable (Saduq) selon Ibn Abi Hatim [11]. Le reste des narrateurs est connu comme étant des Huffaz et des Muhaddithin mais leur fiabilité est inconnue. Ce récit est donc soit faible (da’if) soit bon (hassan), selon les principes utilisés.

Shu’bah ibn al-Hajjaj ne rapporterait de personne d’autre que de narrateurs dignes de confiance, donc si la narration citées ci-dessus est bonne, cela reviendrait à déclarer, selon Shu’bah, que Abu Hanifah est digne de confiance.

4. Yahya ibn Ma’in (158-233 H), le grand savant d’al-Jarh wa l-Ta’dil

Ahmad ibn Muhammad ibn al-Qasim ibn Muhriz, un étudiant d’Ibn Ma’in, a rapporté dans sa transmission de Ma’rifat al-Rijal d’Ibn Ma’in de Yahya ibn Ma’in qu’il a dit : « Abou Hanifah, il n’y avait pas de mal en lui. » Et il a dit une fois : « Abou Hanifah faisait partie, selon nous, des gens intègres. Il n’a pas été accusé de mensonge. Ibn Hubayrah l’a frappé après qu’il ait refusé le poste de juge et il a refusé d’être juge » [12]

La fiabilité de Ibn Muhriz est inconnue (il est majhul al-hal), mais ses récits d’après Ibn Ma’in sur les rapporteurs de hadiths ont généralement été acceptés par les savants du Rijal, et cette transmission de lui est corroborée par d’autres narrations (mentionné ci-dessous). Il est bien connu que la déclaration d’Ibn Ma’in « il n’y avait pas de mal en lui. » est équivalente à sa déclaration « digne de confiance » (thiqah), tel que mentionné dans Tadrib al-Rawi. Ce récit prouve par conséquent que l’imam Abou Hanifah est digne de confiance selon Ibn Ma’in.

Al-Khatib al-Baghdadi rapporte : (Abu l-Hasan Muhammad ibn Ahmad ibn Muhammad ibn Ahmad) ibn Rizq (325-412) nous a raconté : Ahmad ibn ‘Ali ibn ‘Umar ibn Hubaysh al-Razi nous a raconté : J’ai entendu Ahmad ibn Muhammad ibn ‘Isam (m. 313) dire : J’ai entendu Muhammad ibn Saad al-‘Awfi dire : J’ai entendu Yahya ibn Ma’in dire : « Abou Hanifah était digne de confiance. Il ne narrait pas un hadith s’il ne l’avait pas mémorisé et il n’aurait pas narré ce qu’il n’avait pas mémorisé ».

Ibn Rizq est digne de confiance selon al-Khatib et al-Barqani. Ahmad ibn Ali ibn ‘Umar ibn Hubaysh est digne de confiance [13]. La fiabilité de Ahmad ibn Muhammad ibn ‘Isam est inconnue. Il est mentionné dans Tarikh Asbahan d’Abou Nou’aym. Muhammad ibn Sa’d al-‘Awfi est faible (layyin) selon al-Khatib , mais selon ad-Daraqoutni : « il n’y avait pas de mal en lui. » La narration est donc faible (da’if) ou bonne (hassan), mais plus probablement bonne comme cela est soutenu par des avis similaires de Ibn Ma’in comme les deux narrations mentionnées ci-dessus.

Hafiz al-Mizzi (654-742), le professeur d’ad-Dhahabi, écrit dans l’ introduction de son ouvrage majeur sur les narrateurs (Tahdhib al-Kamal) : « Là où nous n’avons pas parlé de la chaîne de transmission entre nous et son locuteur : c’est là où il y a la certitude (sighat al-jazm) [c’est-à-dire là où il utilise le mode actif, comme « il a dit », « il a rapporté »], c’est donc lorsque nous n’avons pas constaté de problème dans la chaîne de transmission depuis le locuteur auquel il est relié, quant à ceux que vous trouverez sous la forme d’ incertitude (sighat al- tamrid) [c’est-à-dire en utilisant la forme passive, comme « il a été dit », « il a été rapporté »], alors c’est qu’il y a probablement un problème dans la chaîne de transmission jusqu’à son locateur … » [14]

Dans Tahdhib al-Kamal, sa biographie de Abu Hanifah, il mentionne les deux narrations citées plus haut, sans isnad, et aussi une troisième : « Salih ibn Muhammad al-Asadi al-Hafiz a dit : J’ai entendu Yahya ibn Ma’in dire : « Abu Hanifah était digne de confiance dans le hadith. » [15] Salih ibn Muhammad ibn ‘Amr ibn Habib al-Asadi  (m. 293) est digne de confiance comme le mentionne ad-Daraqoutni , al-Khatib et d’autres [16]. Par conséquent, cette narration est authentique selon al-Mizzi.

Il existe d’autres récits d’Ibn Ma’in déclarant Abu Hanifah digne de confiance, comme mentionné dans Tarikh Baghdad, mais ils contiennent des faiblesses (dans les chaines).

Sur la base de ces quatre récits susmentionnés (d’après de ad-Dawraqi , Ibn Muhriz, Salih ibn Muhammad al-Asadi et al-‘Awfi), les savants ultérieurs ont accepté que l’opinion préservée (Mahfuz) de Yahya ibn Ma’in est qu’Abu Hanifah est digne de confiance. Cela ressort clairement de la relation des seules trois narrations précitées par al-Mizzi dans son Tahdhib al-Kamal, suivi par ad-Dhahabi dans son Siyar et par al-‘Asqalani dans Tahdhib al-Tahdhib. Dr. Bashshar Awwad mentionne également dans ses notes de bas de page de Tarikh Baghdad que l’opinion préservée (Mahfuz) de Yahya ibn Ma’in est que Abou Hanifah est digne de confiance. Aucun des savants ultérieurs comme Mizzi, ad-Dhahabi et al-‘Asqalani n’a mentionné une quelconque critique d’Ibn Ma’in à propos d’Abou Hanifah, indiquant ainsi qu’ils avaient pour croyance que la critique formulée à son encontre est inauthentique ou peu fiable.

Il y a cependant une narration avec une chaîne authentique de Ibn Ma’in, comme rapporté par ‘Adi , dans son Kamil fi Du’afa al-Rijal de ‘Ali ibn Ahmad ibn Sulayman (227-317) qui est thiqah (digne de confiance) selon Ibn Yunus (Siyar A’lam al-Nubala) d’après Ahmad ibn Sa’d ibn Abi Maryam (m. 253) qui est Saduq (fiable) selon Ibn Hajar dans al-Taqrib : « J’ai demandé à Yahya ibn Ma’in (son avis) à propos de Abu Hanifah et il a déclaré : « Ses hadiths ne sont pas écrits. » Ce récit se trouve également dans Tarikh Bagdad. Critiquer cette narration en raison de (la présence de) Ahmad ibn Sa’d ibn Abi Maryam comme l’a fait l’imam al-Kawthari dans son Ta’nib al-Khatib est incorrect, comme il ressort des notices biographiques sur Ahmad ibn Sa’d ibn Abi Maryam. De le même façon que l’expression « Ses hadiths ne sont pas écrits » n’indique pas nécessairement une faiblesse selon l’usage d’Ibn Ma’in ; si cela est accepté comme un affaiblissement (tad’if), cela entrerait en contradiction avec les narrations plus fiables et plus nombreuses mentionnées ci-dessus, et serait donc (considéré) comme shâdhdh (une anomalie) et donc rejeté par rapport aux récits mahfuz de Ibn Ma’in. Il y a une autre narration racontée dans Tarikh Baghdad [17] d’après Ibn Ma’in qui a dit que (le statut de) Abu Hanifah  « a été affaibli » mais que cela est sans aucun doute fabriqué en raison d’un narrateur particulier dans la chaîne (Uthman ibn Muhammad ibn Abi Shaybah).

5. Abu ‘Abd Allah al-Hakim al-Naysaburi (321-405 H), l’auteur d’al-Moustadrak

Abu ‘Abd Allah al-Hakim al-Naysaburi, l’un des premiers à écrire sur le sujet de « Ulum al-Hadith », a écrit dans son ouvrage fondamental Ma’rifatu ‘Ulum al-Hadith [18] que, « Ce type de science est la connaissance des imams bien connus  et dignes de confiance (al-a’immat al-thiqat al-mashhurin) appartenant aux Tabi’in et à leurs successeurs [c’est-à-dire les deuxième et troisième générations] de ceux dont les hadiths sont collectés pour la mémorisation, la révision et la recherche de bénédiction à travers eux. Nous allons les énumérer, de l’est à l’ouest. » (P. 642) Dans sa liste des « fameux imams digne de confiance » de Kufa, il a mentionné « Abu Hanifah al-Nu’man ibn Thabit al-Taymi » (p. 649).

En bref, il est donc établi à partir de Yahya ibn Ma’in, Abu Dawud as-Sijistani et de al-Hakim qu’ils considéraient Abu Hanifah comme étant digne de confiance et fiable dans la narration de hadith. La narration de Shu’bah n’est pas aussi fortement établie, tandis que la narration de Ibn al-Madini est bonne selon Abû al-Fath al-Azdi. Une fois qu’il est établi par les savants fiables d’al-Jarh wa l-Ta’dil qu’un narrateur est digne de confiance (thiqah) comme c’est le cas ici, toute critique inexpliquée (Jarh mubham) ne sera pas acceptée, sur la base des principes reconnus de cette science. Par conséquent , la déclaration d’al-Boukhari « ils l’ont abandonné » (« sakatu ‘anhu » qui, pour al-Boukhari est équivalent à « tarakuhu »), d’an-Nasa’i « il n’est pas fort » (laysa bi l- Qawi), l’évaluation de Muslim dans son al-Kuna wa l-Asma [19] qu’il est « confus dans hadith » (mudtarib al- hadith) et « Da’if » d’après ad-Daraqoutni ne seront pas acceptées étant donné qu’elles sont inexpliquées. La critique expliquée, mentionnée dans la version imprimée de Mizan al-I’tidal d’ad-Dhahabi dans lequel il est mentionné : « an-Nasa’i et d’autres l’ont affaibli en raison de sa mémoire », est une insertion, ajoutée plus tard par un scribe, comme cela est établi par des éléments (preuves) internes (ad-Dhahabi a dit qu’il n’aurait pas mentionné les biographies des quatre imams de fiqh) et externes ( al-‘ Asqalani ne le mentionne pas dans Lisan al-Mizan , qui est une extension des travaux d’ad-Dhahabi et les premiers manuscrits de Mizan al-I’tidal ne contiennent pas de biographie d’Abu Hanifah ) . Ceci a été détaillé par Abu Ghuddah dans ses notes de al-Raf’ wa l-Takmil.

Ibn Ma’in, en fait, nous fournit aussi une explication de la raison de la critique d’Abou Hanifah faite par d’autres muhaddithun. Ibn ‘ Abd al-Barr rapporte : « ‘Abd ar-Rahman ibn Yahya nous a rapporté : Ahmad ibn Sa’id nous a rapporté : Abu Sa’id ibn al-A’rabi a rapporté : ‘Abbâs ibn Muhammad ad-Duri nous a rapporté : J’ai entendu Yahya ibn Ma’in dire : « Nos compagnons sont allés trop loin dans [leurs préjugés] contre Abu Hanifah et ses compagnons. » On lui a dit : «Abou Hanifah ment-il » Il dit : « Il était plus noble que cela. » [20] L’éditeur Abu al-Ashbal al-Zuhayri a dit : « Son isnad est sahih. » Cela indique que les muhaddithun avaient un parti pris contre Abu Hanifah et ses élèves en raison de ce qu’ils ont perçu comme l’émission excessive de décisions fondées sur l’opinion, donc il convient de prendre leur critique avec précaution. Hafiz Ibn ‘Abd al-Barr (d. 463 H) a écrit : « Ceux qui ont rapporté d’après Abou Hanifah , et l’ont déclaré digne de confiance, et on fait son éloge , sont plus nombreux que ceux qui le critiquaient , et ceux qui le critiquaient parmi les savants du hadith, l’ont fait pour la plupart pour son immersion dans l’opinion juridique, l’analogie et l’Irja’ [et ces critiques sont incorrectes]. » [21]

La critique expliquée (Jarh mufassar) a cependant la préséance sur l’accréditation (ta’dil).

Certains savants d’al-Jarh wa l-Ta’dil ont expliqué leur critique d’Abou Hanifah. Ibn Abu Dawud (230-316) a dit, comme cela est rapporté par al-Khatib [22] que Abou Hanifah rapporta 150 hadiths et se trompa sur la moitié d’entre eux. Cependant, on sait qu’il y a eu des personnes qui ont fabriqué des narrations avec des chaînes passant par Abu Hanifah, et c’est probablement ces récits que ces savants ont critiqués. Ceci est connu pour avoir été le cas avec Ibn ‘Adi qui a rapporté des narrations de Abu Hanifah à travers Abba ibn Ja‘far al-Najirami qui était actif dans le troisième siècle de l’Hégire et qui rapportait des hadiths fabriqués à travers Abu Hanifah [23]. Beaucoup de ses faux hadiths sont inclus dans le Musnad Abi Hanifah de Abu Muhammad al-Harithi (257-340). Al-Najirami est probablement la raison pour laquelle Ibn Abi Dawud a pensé que Abu Hanifah a commis des erreurs et s’est embrouillé dans ses narrations. En outre, il existe une question concernant l’intégrité de Ibn Abi Dawud lui-même, comme mentionné dans Lisan al-Mizan.

Il existe, cependant, une autre narration de Ibn al-Madini comme rapporté par al-Khatib dans Tarikh Baghdad (15:581) : ‘Ali ibn Muhammad (ibn al- Hasan) al-Maliki m’a informé : ‘Abd Allah ibn ‘Uthman as-Saffar nous a rapporté : Muhammad ibn ‘Imran as-Sayrafi nous a rapporté : ‘Abd Allah ibn ‘Ali ibn ‘Abd Allah al-Madini nous a raconté : « J’ai questionné mon père concernant Abu Hanifah , le champion de l’opinion, et il l’a gravement affaibli et a dit : « S’il était en face de moi, je ne le questionnerai sur rien. Il a relaté cinquante hadiths avec erreur. » Il s’agit d’une critique expliquée, l’affaiblissement étant dû à des erreurs trouvées dans ses narrations. Tous les narrateurs sont dignes de confiance, en plus de sheykh al-Khatib, Ali ibn Muhammad ibn al-Hasan al-Maliki (350-437 H) qui est fiable (Saduq) tel que mentionné dans Tarikh Baghdad (13:584), et du fils d’Ibn al-Madini dont la fiabilité est inconnue. Cette narration a donc une chaîne discutable. En outre, elle est contredite par la narration mentionnée ci-dessus de Ibn al-Madini selon laquelle Abu Hanifah est digne de confiance dans le hadith. Elle est également contredite par la narration de Yahya ibn Ma’in mentionnée ci-dessus dans lequel il dit : « Je n’ai entendu personne l’affaiblir », et Ibn al-Madini était un contemporain. Cette narration de Ibn al-Madini est donc une offense (munkar) par rapport à son Matn (texte), d’autant que les spécialistes ultérieurs dans le domaine de la critique des narrateurs qui ont eu une connaissance des narrations de hadiths disponibles d’Abu Hanifah dans le Masanid, Kitab al-Athar et dans d’autres ouvrages, comme les imams al-Mizzi , ad-Dhahabi, Ibn Kathir et Ibn Hajar al-‘Asqalani, n’ont fait que des éloges de lui et l’ont évalués comme étant solide dans le hadith, et s’ils avaient trouvé un grand nombre d’erreurs dans ses hadiths par rapport aux hadiths d’autres narrateurs, ils n’auraient pas fait à son sujet une telle évaluation.

Ce qui précède est une analyse détaillée de la majeure partie de l’information authentique des premiers savants concernant explicitement la fiabilité d’Abu Hanifah dans la narration de hadith. Il y a bien sûr beaucoup d’autres narrations relatives à la piété et à la connaissance de l’Imam Abu Hanifah, et d’autres l’ont critiqué par rapport au fiqh et à religion, mais cela n’a pas beaucoup d’importance quand il s’agit de sa fiabilité dans le hadith. Cependant, de nombreuses preuves concernant la connaissance de Abou Hanifah, son honnêteté et sa mémoire étayent la conclusion qu’il était digne de confiance dans le hadith.

En somme, il est établi qu’Abu Hanifah est digne de confiance selon Yahya ibn Ma’in, Abu Dawud et al-Hakim, et probablement selon Shu’bah ibn al-Hajjaj et Ibn al-Madini, par conséquent la critique ambiguë de certaines muhaddithun ne sera pas acceptée sur la base du principe selon lequel une critique inexpliquée est rejetée à la lumière de l’accréditation, alors que les déclarations authentiques de Ibn Abi Dawud et Ibn ‘ Adi expliquant la critique de Abu Hanifah sur ces [prétendues] erreurs peuvent être expliquées par les fabrications délibérées contre Abu Hanifah qui circulaient à cette période. Il ne fait aucun doute que les grands savants prémodernes ultérieurs, ceux qui ont eu un accès complet à toutes les sources primaires et les ont utilisées dans leurs travaux, comme al-Mizzi (dans Tahdhib al-Kamal), ad-Dhahabi (dans Siyar A’lam an-Nubala et Tadhkirat al-Huffaz ) et al-‘Asqalani (dans Tahdhib at-Tahdhib), ont tous accepté Abu Hanifah comme étant digne de confiance dans le hadith, en se fondant sur une analyse complète des preuves. Il doit donc être admis que Abou Hanifah était digne de confiance dans la narration de hadith. Les détracteurs modernes de Abu Hanifah, comme al-Albani, ont déterré des déclarations critiquant Abu Hanifah après que la oumma se soit mise d’accord pour les rejeter et sans avoir aucune connaissance apparente des principes d’al-Jarh wa l-Ta’dil. Ces gens présentent ces déclarations comme étant une preuve concluante que Abu Hanifah était faible dans la narration de hadith. Si on analyse cette affaire de manière rigoureuse et scientifique, en tenant compte de tous les éléments de preuves et des principes énoncés par les savants d’al-Jarh wa l-Ta’dil, sans prendre parti en faveur d’Abou Hanifah ou contre lui, il apparait clairement qu’il était un transmetteur fiable de hadith.

Notes du traducteur :

[1] Article réalisé à partir des travaux du Muhaddith Pakistanais, ‘Abd ar-Rashid an-Nu’mani, pouvant être trouvés en arabe et parfois en anglais (extraits).
[2] Mahmud Muhammad Mahmud Hasan Nassar ed. p. 34
[3] Règles Juridiques
[4] Voir Abu Hanifah wa Ashabuhu l-Muhaddithun, pp. 19-23
[5] Dr. Bashshar ‘Awwad Ma’ruf ed. 15:473
[6] Tadhkirat al-Huffaz, 1:192
[7] Dans son al-Intiqa fi Fada’il al-A’immati l-Thalathat al-Fuqaha (Abd al-Fattah Abu Ghuddah ed. pp. 66-67)
[8] Dans a-Raf’ wa l-Takmil, p. 75-6
[9] Cité dans par Ibn ‘Abd al-Barr dans Jami‘ Bayan al-‘Ilm wa Fadlih, Abu al-Ashbal al-Zuhayri ed., p. 1083
[10] Al-Intiqa fi Fada’il al-A’immat al-Thalathat al-Fuqaha, p. 197
[11] Misbah al-Arib 2:133
[12] Ma’rifat al-Rijal, Muhammad Kamil al-Qassar ed., vol. 1, no. 230; et al-Khatib avec une chaine dans Tarikh Baghdad 15:580
[13] Tarikh Baghdad 5:510
[14] Tahdhib al-Kamal, Bashshar ‘Awwad Ma‘ruf ed., 1:153
[15] Tahdhib al-Kamal 29:424
[16] Misbah al-Arib , 2:93
[17] Tarikh Bagdad 15:581
[18] Dans « écrit 49 des Sciences du Hadith », p. 642
[19] N° 963 ed. ‘Abd al-Rahim Muhammad Ahmad al-Qashqari
[20] Jami‘ Bayan al-‘Ilm wa Fadlih, Abu al-Ashbal al-Zuhayri ed., p. 1081
[21] Jami‘ Bayan al-‘Ilm wa Fadlih, cité dans les notes d’al-Intiqa’ fi Fada’il al-A’immat al-Thalathah, p. 185
[22] Tarikh Bagdad 15:576
[23] Lisan al-Mizan 1:231

L’Imam an-Nawawi était Ash’arite

 

– Une réfutation des fausses allégations –

 

Par Abu Layth ash-Shâfi’î [1]

 

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Au nom d’Allâh, le Très-Miséricordieux, le Tout Miséricordieux,
Une des allégations du mouvement Salafi [Wahhabi] est de déclarer que l’Imâm an-Nawawi (radhia Allâhou ‘anhou) n’était pas Ash’arite dans la croyance [‘Aqîda]. C’est un postulat supplémentaire dans leur tentative de réécrire l’histoire afin de la faire pencher en leur faveur. Avant de prouver que l’Imâm an Nawawi était bel et bien Asha’rite, nous devons analyser pourquoi les pseudo-salafis émettent de telles allégations. L’Imam an-Nawawi est un Mujtahid dans l’école Shafi’ite jouissant du plus haut rang, juste après l’Imam ash-Shafi’i ! L’Imam an-Nawawi est respecté par tous les savants Sunnites et même non-Sunnites! Ses ouvrages ont été lus, mémorisés et préservés par chaque génération venant après lui. Il est sans doute l’un des savants les plus connus et les plus présents à l’esprit de la communauté Musulmane. Son commentaire du « Sahih de Muslim » est considéré par beaucoup comme étant le meilleur commentaire de l’histoire de l’Islam. Son livre « al Majmu’ » est considéré comme le seul livre pouvant rivaliser avec al-Moughni d’Ibn Qudama. Si les pseudo-salafis prétendent qu’il est anthropomorphiste et en accord avec leur croyance littéraliste, c’est parce qu’ils ont en face d’eux un savant hautement respecté au sujet duquel il n’existe aucune divergence sur son rang élevé en Islam. C’est pour cette raison que le groupe déviant pseudo-salafi fait tout son possible, n’hésitant pas à utiliser le mensonge, pour prétendre que l’Imam an-Nawawi est un des « leurs ».

Passons en revue les allégations des pseudo-salafis (prétenduments suiveurs des Salafs) :
1) L’Imam an-Nawawi n’est pas cité [comme référence] dans le domaine de la ‘Aqida car il n’est pas en accord avec la méthode des pieux prédécesseurs [Salaf as-Salih] en matière de croyance. Ou en d’autres termes, il n’est pas en accord avec ce que l’intervenant estime être le credo d’Ahl us-Sunnah ! L’Imam An-Nawawi réfute lui-même cette allégation comme vous le verrez par la suite.
2) An-Nawawi aurait « réfuté » le kalam (ou ‘ilm al kalâm). Ils avancent pour cela le fait qu’un Ach’arite ne peut être qualifié ainsi qu’à partir du moment où il adopte le kalâm. Ce n’est pas tout à fait exact, vu qu’il est connu qu’il existe deux méthodes dans l’école des Ach’arites pour aborder le sujet des Attributs d’Allâh.

La position de l’Imâm an-Nawawi selon les gens de la Sunnah (Ahl us-Sunnah)
Il y a 3 façons de déterminer la croyance de l’Imâm an-Nawawi.
1) Analyser ce qu’on dit de lui ses contemporains, tels que ses étudiants, ses compagnons, les autres enseignants, etc…
2) Analyser ce qu’ont dit les savants qui sont venus après lui, concernant sa croyance et son statut chez les Sunnites.
3) Examiner ses ouvrages et déterminer ensuite sa position vis-à-vis du kalâm.
C’est ce que nous allons faire dans cet article.

Qu’ont dit ses étudiants, ses camarades et ses successeurs sur l’acceptation de sa Croyance ?
Le Sheykh ‘Alā’ud-Dīn ibn Al-‘Attār (d. 724 a.h), élève de l’Imām an-Nawawī et un de ses nombreux biographes, témoin de ses prodiges [karamāt] et qui a pris part à beaucoup de ses assises de science, a dit à son sujet :
« … Il était un Savant (‘Ālim), un Adorateur émérite (Rabbānī), sur qui les savants s’accordent concernant son savoir et son rang d’Imām… »
Il a dit aussi :
« Mon Sheykh m’a raconté qu’il donnait 12 cours par jour, afin de lire et d’expliquer à ses élèves les textes. Deux cours pour parler du « Wasit », un cours pour son « Muhadhhab », un cours pour les deux Sahih [i.e. Bukhari and Muslim], un cours spécialement pour le Sahih Muslim, un cours pour le « Luma’ » de ibn Al-Junni, un cours pour revoir Islah al-Mantiq [logique] de Ibn As-Sikkit رحمه الله, un cours sur la langue, un cours sur le Tasrif, un cours de Ussoūl al-Fiqh [fondements de la jurisprudence], un cours sur les « noms des hommes » dans le hadith [أسماء الرجال], et un cours sur les Ussoūul [fondements] de la Religion » [2]
Il a aussi rapporté à ses élèves les différents livres de hadith, comme le rapporte Ibn ‘Attar.
Il y a deux choses à retenir concernant ces paroles de Ibn ‘Attar :
1/ Il y avait un consensus à son époque concernant son rang d’Imâm et au sujet de sa science (alors que les wahhabi veulent nous faire croire qu’il n’est pas une référence en matière de croyance). Ibn ‘Attar exprime ici très clairement qu’il y avait ittifaq [agrément] des savants à propos de sa science, et qu’il était digne de confiance et qu’il comptait parmi ceux chez qui les gens prenaient la science. On reviendra sur ce point plus bas.
2/ Il apprenait et enseignait le kalam (voir l’introduction du  itab At-Tahqiq publié par la Dar Al-Jil page 18) et la logique [al mantiq], un fondement du Kalâm Sunnite. Dans le sunnisme, personne ne peut enseigner cette science sans être bien instruit à son sujet et sans la connaitre en profondeur. Ceci réfute les affirmations de ceux qui disent qu’il n’était pas un savant dans le kalam!

Le titre de Sheykh ul-Islam qui lui a été attribué à l’unanimité prouve que l’on peut prendre de lui dans la ‘Aqida et qu’il a enseigné des ouvrages Asha’rites
Les étudiants, compagnons et successeurs de l’Imâm an-Nawawi lui ont attribué le titre de “Sheykh ul-Islam”. Le titre de Sheykh ul-Islam démontre qu’il a maîtrisé toutes les sciences de l’Islam, et si tel est le cas, alors l’argument des pseudos-salafis selon lequel il n’est pas une référence en ‘Aqîda est rejeté, car ce statut donné par les savants prouve qu’il est une référence dans toutes les sciences. On peut souligner que nous parlons ici de l’agrément des savants Musulmans sur ce titre. Comme l’a remarqué l’Imam as-Sakhawi رحمه الله, il est vrai que certains individus ont exagéré dans l’éloge de quelques Savants en leur attribuant ce titre, sans qu’ils ne le méritent.
L’Imām as-Sakhāwī déclare que “Sheykh ul-Islām” désigne celui qui suit le Livre [Kitāab] et la Sunnah, qui a maîtrisé les Ussoūul [fondements] de la religion, qui s’est plongé en profondeur dans les différents avis qui existent entre les savants de façon à être apte à extraire les arguments légaux à partir des textes, et qui a compris les textes avec brio. [3]
Concernant l’Imam An-Nawawi, l’Imam ash-Sharif Muhammad ibn Al-Hasan Al-Wasiti al-Husayni رحمه الله (d. 776 A.H) a déclaré [4] :
« Le Sheykh, l’Imam, le ‘Alim [savant], le Rabbani, le Hafidh [maître des sciences du Hadith], le Faqih [juriste], le Sheykh ul-Islam de son époque, et d’après son époque. Il a fait partie des savants qui détenaient une connaissance immense et qui ont appliqué [leur savoir]. Il était du nombre des ascètes véridiques, des amis d’Allâh et de ceux qui le connaissent [‘arifin] … »
L’Imam Muhammad Al-Wasiti mentionne aussi ce qu’a dit Ibn Al-‘Attar de tous les cours qu’il avait dans une journée. Il précise qu’en matière de Ussoūl al-Fiqh il aurait passé en revue al-Luma’ de Abi Ishaq et le Muntakhi de l’Imam Fakhrud-Din ar-Razi رحمه الله, et pour les Ussoūl ad-Din, le Irshad de l’Imam al-Haramayn al-Juwayni رحمه الله! Le titre arabe complet du Irshad est : al-Irshad ila qawati’ Al-Adillat fi Usual al-’Itiqad. Le Irshad est un texte de Théologie Sunnite (Kalam) d’un niveau assez avancé écrit par l’un des Maîtres Asha’rites, l’Imam Al-Haramayn Abdul Malik Al-Juwayni, un livre maitrisé, enseigné et propagé par l’Imâm an Nawawi dans ses assises de Science.
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Trois points sont à retenir des textes ci-dessus, concernant notre discussion :
1/ L’Imam an-Nawawi a appris et a enseigné des textes Asha’rites, plus précisément de l’Imam al-Haramayn, et a reçu des ijazaat (permissions d’enseigner). C’est une preuve claire qu’il soutenait l’école Asha’rite, vu qu’il aurait aisément pu apprendre et enseigner d’autres ouvrages.
2/ Il a maîtrisé le Kalam, car enseigner le Irshad nécessite d’atteindre le niveau de Mutakallim (maître du kalâm, théologien) pour l’enseigner correctement! C’est la raison pour laquelle il a reçu de la masse des Musulmans de son époque l’agrément en ‘Aqidah et qu’ils n’ont pas contesté le fait qu’il enseigne ce type de travaux et est attesté qu’il (rahmatullâh ‘alayh) a clairement promulgué les positions de l’école Asha’rite.
3/ Il était un Maître de toutes les sciences de la religion, y compris des Ussoūl ad-Din (Les principes fondamentaux de la religion), science communément nommée ‘Aqida. Ce point réduit à néant l’argument des pseudos-salafis disant qu’il n’est pas une référence dans cette science ! Il a été appelé « Sheykh ul-Islam » par ces contemporains, ses étudiants et ceux qui lui ont succédé.
Parmi ceux qui lui ont attribué le titre de « Sheykh ul-Islam », nous pouvons citer entre autres l’Imam as-Sakhawi (Hayat Al-Imam an-Nawawi), l’Imam as-Suyuti [qui lui-même a reçu ce titre par d’autres savants] (voir Minhaj as-Sawi), l’Imam as-Subki dans ses Tabaqat, l’Imam Ibn Qadi Shuhbah et bien d’autres encore.

Ses positions dans la ‘Aqîda correspondent parfaitement à l’école d’Abul-Hasan Al-Asha’ri
L’Imam as-Subki stipule qu’il existe deux méthodes dans l’école d’Abul Hasan Al-Asha’ri concernant les Sifat d’Allâh (attributs), qu’il a également attribué à l’Imam al-Juwayni dans son ouvrage Risalat an-Nithamiyyah :
1/ Al-Imrar (passer sur les textes comme ils sont parvenus, sans en aborder le sens) et laisser la compréhension/le sens de ces textes à Allâh, tout en reniant tout ce qui ne sied pas à Allâh comme la ressemblance avec les créatures, l’anthropomorphisme, etc… Cette méthode est communément appelée at-Tafwid.
2/  At-Ta’wil qui consiste à interpréter les textes qui sont problématiques (ambigus) dans le sens où leur lecture littérale entraine l’anthropomorphisme, tout en restant en accord avec ce qui est connu dans la langue Arabe. [5]
L’Imam An-Nawawi a suivit ces deux chemins disant qu’ils étaient tous deux la voie des Salaf [pieux prédécesseurs], concernant les textes. Il n’a jamais dit qu’il fallait prendre ces textes au sens littéral strict, comme le disent les pseudo-salafis, et il a même renié cela, comme nous allons le voir plus bas. Vous verrez aussi que l’Imam an-Nawawi a utilisé le kalam (credo et preuves rationnelles) pour réfuter les anthropomorphistes.
Voici le commentaire qu’il fait concernant la « descente » d’Allâh (an-nouzoûl) [6] :
هذا الحديث من أحاديث الصفات، وفيه مذهبان مشهوران للعلماء: أحدهما وهو مذهب السلف وبعض المتكلمين أنه يؤمن بأنها حق على ما يليق بالله تعالى وأن ظاهرها المتعارف في حقنا غير مراد، ولا يتكلم في تأويلها مع اعتقاد تنزيه الله تعالى عن صفات المخلوق وعن الانتقال والحركات وسائر سمات الخلق، والثاني مذهب أكثر المتكلمين وجماعات من السلف وهو محكي هنا عن مالك والأوزاعي على أنها تتأول على ما يليق بها بحسب مواطنها، فعلى هذا تأولوا هذا الحديث تأويلين أحدهما: تأويل مالك بن أنس وغيره، معناه تنزل رحمته وأمره وملائكته، كما يقال فعل السلطان كذا إذا فعله أتباعه بأمره، والثاني: أنه على الاستعارة ومعناه الإقبال على الداعين بالإجابة واللطف.
« Ce hadith fait partie de ceux qui traitent des attributs d’Allâh. Il y a au sujet de ces hadith, deux voies principales (madhhab) au sujet de la croyance, que nous avons déjà clarifié dans le livre au sujet de la Foi [c.a.d. le chapitre de la Foi dans le recueil de hadith de Muslim], et le résumé en est :
1/ L’un de ces madhhabs est celui de la plupart des Salafs, et de quelques-uns des Mutakallimin [c’est-à-dire des théologiens, qui sont venus après le salaf], qui consiste à croire en ces textes comme étant véridiques, en fonction de ce qui convient à Allâh, et que leur sens apparent (dhahiriha) que nous connaissons, n’est pas le sens visé, et évitant de parler de son interprétation, avec la conviction que Allâh est exempt des attributs des créations, et entièrement exempt du mouvement, du déplacement, et du reste des autres états de la création.
2/ La seconde voie est le madhhab de la plupart des Mutakallimin et d’une partie du Salaf, et qui est rapportée de Mālik, et d’al-Awza’i. Elle consiste à interpréter les textes en fonction de ce qui est digne de Allâh. Ils l’ont fait et ils ont interprété ce hadith avec deux explications : l’une d’entre elles est un ta’wil (interprétation) par Mālik ibn Anas et d’autres, qui a dit : « il s’agit de Sa Miséricorde (Rahmah), Son Ordre (amr) et Ses anges qui descendent, comme on peut dire: “le Sultan a fait ceci” alors que cela a été fait effectivement par des personnes sous son commandement [et non par lui personnellement] ». Le deuxième type d’explication est que ceci est au sens figuré, c’est-à-dire que le sens serait que ceux qui L’invoquent seront acceptés et qu’il seront exaucés et recevront des “bonnes choses” (al-lotf) de la part d’Allâh. » [7]
Remarquez que l’Imam an-Nawawi rejette complètement le sens littéral, qui est la méthode empruntée par les pseudo-salafis, concernant la « descente » d’Allâh, et dit que la voie des Salafs et des Mutakallimin se limite au tafwid et au ta’wil. Notez qu’ici il adopte uniquement les deux méthodes de l’école Ash’arite (ndt : celle des Salafs et de leurs successeurs), rejetant tout autre façon d’aborder la chose, comme l’indique sa parole “deux opinions”… En d’autres termes, rien d’autre !
L’Imam an-Nawawi a cité également l’Imam Malik ailleurs dans son commentaire du Sahih de Muslim concernant la question de la « descente » d’Allâh,
فقد سئل الإمام مالك رحمه الله عن نزول الرب عزّ وجلّ، فقال “ينزل أمره تعالى كل سَحَر، فأما هو عزّوجلّ فإنه دائم لا يزول ولا ينتقل سبحانه لا إله إلى هو
L’Imam Malik fut questionné concernant la « descente » d’Allâh et il dit : « Allâh, Majestueux, Son ordre (commandement) descend chaque nuit, et comme pour Allâh ‘azza wa jall, il est éternel, il ne bouge pas, ni ne se déplace, qu’Il soit glorifié, et il n’y a point de divinité en dehors de Lui ! » [6/37]
Quant il a été questionné sur  le hadith de la femme esclave (ou hadith de la servante), laquelle à la question « Où est Allah ? » aurait répondu par « dans le ciel », l’Imam Malik a déclaré :
هذا الحديث من أحاديث الصِّفات، وفيها مذهبان تقدَّم ذكرهما مرَّات في كتاب الإيمان: أحدهما : الإيمان به من غير خوض في معناه، مع اعتقاد أنَّ الله ليس كمثله شيء،وتنزيهه عن سمات المخلوقات.
والثَّاني:تأويله بما يليق به. فمن قال بهذا – أي التأويل – قال: كان المراد امتحانها هل هي موحِّدة تقرُّ بأنَّ الخالق المدبِّر الفعَّال هو الله وحده، وهو الَّذي إذا دعاه الدَّاعي استقبل السَّماء، كما إذاصلَّى المصلِّي استقبل الكعبة،وليس ذلك لأنَّه منحصر في السَّماء، كما أنَّه ليس منحصراً في جهة الكعبة، بل ذلك لأنَّ السَّماء قبلة الدَّاعين، كما أنَّ الكعبة قبلة المصلِّين.
أو هي من عبدة الأوثان العابدين للأوثان الَّتي بين أيديهم، فلمَّا قالت: في السَّماء علم أنَّها موحِّدة وليست عابدة للأوثان.
« Ce hadith fait partie des hadiths sur les attributs d’Allâh. Il a suscité deux opinions (madhhab) que j’ai toutes deux mentionnées dans le chapitre de la Foi. La première est d’y croire sans en chercher le sens, tout en gardant à l’esprit que rien n’est semblable à Allâh et qu’Il est exempt des attributs propres aux créatures. Et la seconde opinion consiste à interpréter d’une façon qu’il Lui sied. » [… puis il cite les interprétations …] » [8]
Encore une fois ici, l’Imam an-Nawawi ne fait aucune mention de l’école des littéralistes qui s’engouffrent dans le sens littéral des textes et qui affirment ceci pour Allâh! L’Imam cite seulement les deux méthodes qui sont conformes à l’école Ash’arite!
Il dit également dans son commentaire (Sharh) du Sahih de Muslim :
إن الله تعالى ليس كمثله شيء وإنه منزّه عن التجسيم والانتقال والتحيز في الجهة وعن سائر صفات المخلوق
« Certes rien n’est semblable à Allâh ta’ala, il est exempt du tajsim (corporalité), du déplacement, et de la localisation, et du reste des attributs propres aux créatures. » [3/19]
C’est exactement les termes de l’école Ash’arite dans leurs textes quand il est question d’Allâh.
Et c’est en contradiction totale avec la croyance d’Ibn Taymiyya رحمه الله qui déclarait ne pas nier le “jism“ [le corps/la corporalité] pour Allâh. Il a dit :
« Il est bien connu que le Livre (Qour’an), la Sunnah, et le Consensus ne mentionne nulle part que tous les corps [ajsaam] sont créés, et il est dit nulle part qu’Allâh Lui-même n’est pas un corps ! Ni aucun des Imams parmi les Musulmans n’a jamais dit une telle chose. Par conséquent, si je choisis également de ne pas le dire, ça ne m’expulse pas de la fitra ni de la Shari’ah! ». [9]
De telles absurdités ne font que démontrer l’ignorance d’Ibnou Taymiyya en matière de ‘Aqida. Il est dit dans « Le Livre » qu’Allâh n’est pas un corps quand Il dit « Rien ne lui est semblable, et Il est As-Sami’ al-Basir! ». C’est un verset qui rejette toute notion de similitude entre Allâh et la création! Pour la raison que le jism [corporalité/corps] est un attribut des créatures, et constitue un tamthil [ressemblance]. Allâh ne s’est jamais attribué un corps [jism], alors qu’Ibn Taymiyyah est plus qu’heureux de lui en attribuer un, qu’Il soit Exalté de ce que ces gens déviants lui ont attribué !
Allâh a dit dans le Qour’an :
فَمَنْ أَظْلَمُ مِمَّنِ افْتَرَىٰ عَلَى اللَّهِ كَذِبًا أَوْ كَذَّبَ بِآيَاتِهِ
« Qui est plus injuste que celui qui forge des mensonges sur le compte de Allâh, ou qui traite Ses signes d’imposture? » [10]
Le Qour’an affirme donc qu’Il n’est pas un corps. Une question reste à poser aux partisans du Tajsîm (car c’est clairement du tajsîm) : Où Allâh s’est-Il donc attribué un « corps » ? Quelle preuve avez-vous ? Ou bien est-ce dû au fait que vous preniez les versets parlant de « main », « tibia », « hauteur », « pied », « œil » au sens littéral, imaginant ainsi Allâh à la manière des chrétiens païens, comme un corps [jism], mais différents des autres corps. En d’autres termes, avec une main plus grande que celle des humains. Ces gens ont inventé un mensonge sur Allâh en Lui attribuant de qu’Il a rejeté pour Lui-même! [11]
L’Imam an-Nawawi est à l’opposé de la croyance d’Ibn Taymiyyah. En fait, l’Imam an-Nawawi ne reconnait même pas l’école [méthodologie] d’Ibn Taymiyyah comme faisant partie d’Ahl us-Sunnah, comme vous pouvez le voir dans son commentaire du Sahih de Muslim, où il rejette le sens littéral et ce qu’il laisse entendre.
L’Imam an-Nawawi dit aussi dans son Sharh (commentaire) du Sahih de Muslim :
من العلماء من يمسك عن تأويلها ويقول نؤمن بأنها حق وأن ظاهرها غير مراد ولها معنى يليق بها وهذا مذهب جمهور السلف
وهو أحوط وأسلم والثاني أنها تتأول على حسب ما يليق بتنزيه الله تعالى وإنه ليس كمثله شيء
« Et parmi les savants il y a ceux qui s’abstiennent de faire le ta’wil [interprétation] et qui disent  : « nous croyons que c’est la vérité et que le sens littéral n’est pas celui visé, et que la signification [le sens] est celui qui sied à Sa Majesté et c’est là la voie de ma majorité des Salafs, et cette voie est la plus sûre et la plus saine ». La seconde méthode est celle qui consiste à interpréter les textes d’une manière qui convient à Sa Majesté, en rejetant toute imperfection au sujet d’Allâh ta’ala, et en se rappelant que « Rien n’est tel que lui »! » [16/166]
L’Imam an-Nawawi cite également l’Imam al-Mazari رحمه الله, le Malikite Asha’rite, en réfutation de la croyance d’Ibn Qutaybah selon laquelle Allâh procède une « image pas comme les autres images », en se basant sur le hadith qui dit « Allâh a créé Adam à Son image… ».
Il déclare :
ال المازري وقد غلط بن قتيبة في هذا الحديث فأجراه على ظاهره وقال لله تعالى صورة لا كالصور وهذا الذي قاله ظاهر الفساد لأن الصورة تفيد التركيب وكل مركب محدث والله تعالى ليس بمحدث فليس هو مركبا فليس مصورا قال وهذا كقول المجسمة جسم لا كالأجسام لما رأوا أهل السنة يقولون الباري سبحانه وتعالى شئ لا كالأشياء طردوا الاستعمال فقالوا جسم لا كالأجسام والفرق أن لفظ شئ لا يفيد الحدوث ولا يتضمن ما يقتضيه وأما جسم وصورة فيتضمنان التأليف والتركيب وذلك دليل الحدوث قال العجب من بن قتيبة في قوله صورة لا كالصور مع أن ظاهر الحديث على رأيه يقتضي خلق آدم على صورته فالصورتان على رأيه سواء فإذا قال لا كالصور تناقض قوله ويقال له أيضاً إن أردت بقولك صورة لا كالصور أنه ليس بمؤلف ولا مركب فليس بصورة حقيقة وليست اللفظة على ظاهرها وحينئذ يكون موافقا على افتقاره إلى التأويل واختلف العلماء في تأويله فقالت طائفة الضمير في صورته عائد على الأخ المضروب وهذا ظاهر رواية مسلم وقالت طائفة يعود إلى آدم وفيه ضعف وقالت طائفة يعود إلى الله تعالى ويكون المراد إضافة تشريف واختصاص كقوله تعالى ناقة الله وكما يقال في الكعبة بيت الله ونظائره والله اعلم
Il rejette l’approche littéraliste de ce hadith, comme celle d’Ibn Qutaybah رحمه الله. Remarquez qu’il utilise le kalâm Sunnite des Asha’rites qui dit qu’une « image » implique automatiquement le tarkib [être composé d’éléments ou de parties] et tout ce qui a un tarkib est muhdath [crée], et Allâh ta’ala n’est pas créé. C’est ici un argument de Kalâm rationnel et c’est une autre preuve contre les anthropomorphistes, et il est utilisé ici par l’Imam an-Nawawi pour réfuter cet insolent credo!
Un autre texte très clair de l’Imam an-Nawawi professe le credo Asha’rite vis-à-vis des Attributs d’Allâh dans son œuvre monumentale « al-Majmu‘ ».
Il y déclare :
اختلفوا في آيات الصفات وأخبارها هل يخاض فيها بالتأويل أم لا؟ فقال قائلون تتأول على ما يليق بها، وهذا أشهر المذهبين للمتكلمين، وقال آخرون: لا تتأول بل يمسك عن الكلام في معناها ويوكل علمها إلى الله تعالى ويعتقد مع ذلك تنزيه الله تعالى وانتفاء صفات الحوادث عنه، فيقال مثلاً: نؤمن بأن الرحمن على العرش استوى، ولا نعلم حقيقة معنى ذلك والمراد به، مع أنا نعتقد أن الله تعالى ليس كمثله شيء، وأنه منزه عن الحلول وسمات الحدوث، وهذه طريقة السلف أو جماهيرهم وهي أسلم
« Il y a une divergence concernant les versets traitant des attributs d’Allâh et leur narration. Doit-on les interpréter ou non ? Une partie des savants disent qu’ils doivent être interprétés en accord avec ce qui sied à Allâh, et c’est l’opinion la plus répandue parmi les deux écoles des Mutakallimīn. L’autre groupe soutient qu’on ne doit pas interpréter,  et qu’on doit plutôt s’abstenir de parler des significations et de confier le sens à Allâh tout en croyant en l’absence d’attributs propres aux créatures à Son sujet. Ils disent par exemple « Nous croyons que ar-Rahman ‘alal ‘arsh istâwa – [littéralement traduit par : « le Miséricordieux s’est Etablit sur le Trône »], et nous ne connaissons pas la réalité du sens visé par ces paroles, et nous y croyons tout en croyant également que rien n’est tel que Allâh, et qu’Il n’est pas concerné par le Hulūl et les caractéristiques des choses créées [al-hudūth], et c’est la voie des Salafs, en majorité, et c’est la voie la plus sûre. »
Al-Hulul est le fait de « résider dans » ou l’incarnation du Divin dans une chose créée, qu’il s’agisse d’un endroit ou d’une qualité. On retrouve ici encore citées les deux écoles [méthodes] des Ash’arites, qui sont le « tafwid » et le « ta’wil », ainsi que le rejet (à nouveau) du sens littéral. Regardez comme Sheykh ul-Islam l’Imam an-Nawawi emprunte l’école des pieux Salafs (le tafwid), et non la voie des littéralistes!
Une autre preuve indiquant l’Ash’arisme de l’Imam an-Nawawi est l’ éloge qu’il fait de l’école d’Abul Hasan al-Asha’ri dans « Tahdhib al-Asma’i wal-Lughat », dans son introduction concernant Ustadh Abū Isḥāq Al-Isfrā’īnī رحمه الله :
وكان الأستاذ أحد الثلاثة الذين اجتمعوا في عصر واحد على نصر مذهب الحديث والسنة في المسائل الكلامية , القائمين بنصر مذهب الشيخ أبي الحسن الأشعري , وهم الأستاذ أبو إسحاق الإسفراييني والقاضي أبو بكر الباقلاني والإمام أبو بكر بن فورك
« Ce professeur [Ustadh Abū Isḥāq Al-Isfrā’īnī] était l’une des trois personnes qui ont se sont réunie à l’époque pour secourir le madhdhab du Hadīth et la Sunnah dans les questions de Kalām, et ils ont été constants dans leur support de l’école du Sheykh Abil Hasan Al-Asha’rī  et ils [les trois] étaient al Ustādh Abū Isḥāq Al-Isfrā’īnī, le Qāḍī Abū Bakr al-Bāqilānī, et l’Imām Abū Bakr ibn Fūrak. »
L’Imam an-Nawawi décrit ici l’école Ash’arite comme « le madhhab du hadith et de la Sunnah dans les questions de Kalam », il s’agit là d’un éloge évident en faveur de l’école Ash’arite.

Conclusion : Les Déclarations l’Imam Adh-Dhahabi et de l’Imam as-Sakhawi
L’Imām adh-Dhahabī رحمه الله a dit dans son « Tārīkh al-Islām » concernant l’Imām an-Nawawī :
إن مذهبه في الصفات السمعية السكوت ، وإمرارها كما جاءت ،وربما تأول قليلاً في شرح مسلم.
« En vérité, son école [sa méthodologie] pour aborder les attributs était as-sukūt [de rester silencieux]. Ils les citaient comme ils sont venus et il les a interprété un petit nombre de fois dans son commentaire du Saḥīḥ de Muslim! »
L’Imam As-Sakhawi a cité ces mêmes paroles et a ensuite ajouté [dans sa biographie de l’Imam An-Nawawi] :
كذا قال، و التأويل كثير في كلامه
« C’est ce qu’il disait! Et on trouve beaucoup de ta’wīl (interprétations) dans ses paroles ! »
Il a également dit page 36,
وصرح اليافعي والتاج السُّبكي  رحمهما الله  أنه أشعري
« Il était Ash’arite comme l’ont rapporté l’Imam al-Yafi’i et At-Taj As-Subki [qu’Allâh leur fasse miséricorde] »
Et les mots exacts d’as-Subki dans ses « Tabaqat ash-Shafi’yya » sont :
فإن النووي أشعري العقيدة
« … et en vérité, An-Nawawi était Ash’arite dans la ‘Aqîda! »

Une réponse à une affirmation des pseudos-Salafis
Nous sommes tombés sur un article qui présupposait que l’Imam an-Nawawi ne pouvait être Asha’rite car il a critiqué certains des Mutakallimin (ceux qui utilisent le kalam) qui ont dit qu’il est nécessaire d’utiliser le kalâm pour atteindre la connaissance d’Allâh. L’Imam an-Nawawi a violemment critiqué cette position, aucun doute là-dessus et il a précisé que ce n’est pas la position de la majorité. Cependant, sa condamnation de ces Mutakallimin soutenant cet avis prouve également que l’Imam an-Nawawi était un Asha’rite et un Mutakallim.
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 » … et cette opinion (qawl) est tenue par plusieurs Mu’tazilites, et certains de nos compagnons Mutakallimin, et il s’agit d’une erreur évidente … »
Il qualifie ici les « Mutakallimin » comme étant « ses compagnons ». L’Imam an-Nawawi dans son Majmu’ utilise le terme “As-habnaa” pour qualifier les gens de son école (Shafé’ite) et il utilise la même formule ici pour son école Ash’arite! C’est clairement une déclaration d’appartenance à la même école de kalâm!
Et il a utilisé ce terme à plusieurs reprises dans son Sharh du Sahih de Muslim. Il dit à un autre endroit :
ومنها إثبات كرامات الأولياء وهو مذهب أهل السنة خلافاً للمعتزلة ، وفيه أنّ كرامات الأولياء قد تقع باختيارهم وطلبهم ، وهذا هو الصحيح عند أصحابنا المتكلمين
« … et ceci [dans le texte] est l’affirmation des prodiges [karamât] des amis d’Allâh [awliya’] et c’est le madhhab d’Ahl us-Sunnah, en opposition avec le credo Mu’tazilite […] et c’est l’opinion correcte [sahih] selon nos compagnons Mutakallimin! »
Il dit également dans son Sharh al Muhadhhab :
قال أصحابنا المتكلمون
« Nos compagnons Mutakallimin ont dit » (1/174)
Ceci concorde complètement avec tout ce que nous avons démontré et avancé tout au long de cet article ; c’est-à-dire que l’Imam enseignait le Kalam, l’utilisait et approuvait la méthode des Asha’rites. Il suffit pour vérifier cela de regarder dans son Sharh (commentaire) du Sahih Muslim et dans son « al Majmu’ » la manière dont il traite des Attributs d’Allâh. Il est, sans aucun doute, comme l’ont dit les Imams al-Yafi’i et Taj As-Subki, un Imam Asha’rite!
Tout ceci prouve clairement que les salafis ont menti sur l’Imam an-Nawawi – tout comme certains d’entre eux ont coupé des pans entiers dans ses ouvrages comme dans les Adhkaar! Cela est pour eux une nécessité compte tenu du fait que les Imâms de l’Islam n’ont pas la même croyance qu’eux, ils doivent donc déformer (ou supprimer) les paroles et opinions de ces Imams pour justifier leurs tendances anthropomorphistes! Mais Allâh a dit : « La malédiction d’Allâh est sur les menteurs » !

L’Imam An-Nawawi a mis en garde les profanes sur l’apprentissage du Kalâm Sunnite
L’Imam an-Nawawi, tout comme l’Imam al-Ghazzali, a mis en garde les gens de la masse (non avertis) sur le fait de plonger dans le kalâm, sans qu’il n’y ait une nécessité (pour dissiper un doute à ce sujet par ex.).
Voici les paroles de l’Imâm an Nawawi, traduites par le Sheykh Asha’ri et Sufi Nuh Keller dans son ouvrage « Reliance of the Traveller ». (Les « A » entre crochets [] sont les commentaires du Sheykh Abdul-Wakil Durubi).
« Comme pour les obligations de base de l’Islam, et ce qui concerne les principes de la foi, toute personne doit croire avec conviction ce qu’a rapporté le Messager d’Allâh sans émettre aucun doute à ce sujet. Quiconque procède ainsi n’est pas tenu d’apprendre les preuves de la scolastique. Le Prophète n’a exigé pas exigé davantage que ce que nous avons mentionné, ni d’ailleurs les 4 premiers Califs, ni les autres compagnons du Prophète, ni les premières générations de Musulmans venus juste après eux. Il convient plutôt au commun des gens et à la grande majorité de ceux qui apprennent la Science Sacrée d’éviter de discuter des subtilités de la théologie scolastique, de peur qu’une corruption difficile à éliminer prenne place dans leurs convictions religieuses de base. Il est plutôt préférable pour eux de se limiter de ce qu’on a mentionné plus haut avec certitude. Notre Imam Shafi’i a même été plus loin en disant que s’engager dans la théologie scolastique est interdit. [A : Il est ici question de la théologie scolastique hérétique qui proliférait à son époque et plaçait les théories rationnelles au dessus du Qour’an et de la Sunnah, et non la science de la théologie (`ilm al-tawhid) avec laquelle les savants Ash’arites et Maturidites ont clarifié et détaillé les principes de la foi de l’Islam Sunnite qui constitue une part importante des sciences Islamiques]. Il a insisté sur son interdiction, sur la punition sévère qui attend ceux qui s’y engagent, sur la disgrâce de s’y adonner et sur l’énorme péché que cela représente. Il a dit :
« Il est meilleur pour un serviteur de rencontrer Allâh avec n’importe quel péché hors idolâtrie (shirk) que de Le rencontrer coupable de théologie scolastique »
Il existe d’autres paroles, nombreuses et bien connues, dans lesquelles il exprime la même opinion. Mais si quelqu’un à des doutes [qu’Allâh nous en préserve] sur un des principes de la foi dont la croyance est obligatoire et que ces doutes ne peuvent être effacés par un autre moyen que l’étude des preuves des théologiens alors il devient obligatoire pour la personne d’apprendre afin de dissiper ces doutes et d’acquérir une croyance correcte sur cette question.
Un cas similaire a été rapporté par un élève de l’Imām ash-Shāfi’i (l’Imam al-Muzanī), qui démontre à la fois la nécessité de défendre la vérité de manière équivalente et dans les différences d’intelligence et de compréhension qu’Allâh a octroyée :
« J’ai débattu avec un homme qui m’a posé des questions qui m’ont fait douter dans ma religion. Je suis allé voir l’Imam ash-Shafi’i et je lui ai exposé l’affaire. Il m’a dit : « Où es-tu ?! », j’ai répondu « dans la mosquée ! ». Il m’a dit : « Non ! Tu es à Taran [un tourbillon dans la mer Rouge] et ces vagues se sont écrasées sur toi ! C’est la question favorite des athées et de leurs pairs [puis il donna à l’Imam Muzani la réponse]. Il vaut mieux pour un homme d’être jugé avec tous les maux de la terre que d’être jugé avec du Kalâm! »
L’Imam Al-Bayhaqi رحمه الله a commenté cette histoire dans son « Manāqib » :
« Ceci démontre l’excellente connaissance de l’Imam ash-Shāfi’i sur la de la question et l’obligation d’exposer les ambiguïtés des athées en cas de besoin. Par le mot kalam, il vise l’athéisme des athées et les hérésies des innovateurs, et Allâh est plus Savant! » [12]
Ainsi, lorsque le besoin s’en faisait sentir, l’Imam An-Nawawi ne se contente pas de recommander Kalam, il le rend wâjib [obligatoire] ! Que ceux qui disent que l’Imam an-Nawawi n’était pas Asha’rite méditent là-dessus : il a rendu obligatoire le Kalâm Sunnite des Ash’arites quand cela a été nécessaire [13], alors comment pourrait-il le considérer comme illégitime alors qu’il l’a rendu par ailleurs obligatoire en cas de besoin? L’Imam an-Nawawi était bel et bien un Asha’rite, qui a supporté cette école, utilisé ses preuves et ses travaux. Il a été cité par les savants de cette école et a déclaré qu’il était nécessaire d’apprendre les arguments si besoin.
Et notre succès suprême est auprès d’Allâh!
Que les bénédictions d’Allâh soient sur le Prophète Muhammad (salallâhou ‘alayhi wassalaam), sa famille et ses disciples ! Ameen.

Notes :
[1] Le frère Abu Layth ash-Shâfi’î est étudiant en Sciences Islamiques et également webmaster du site www.Shafiifiqh.com.
Article traduit en collaboration avec l’équipe francophone de Shafiifiqh (Ilhem Al-Mâlikiyya). Baraka Allâhou fikoum.
[2] Al-Minhaj As-Sawi fi Tarjamat Imam An-Nawawi, pages 57-60
[3] Al-jawahir wad-durar
[4] Al-Matalib Al-’Aliyyah fit-Tabaqat ash-Shafi’iyya
[5] Tabaqat Ash-Shafi’iyyah 5/191
[6] Sharh du Sahih de Muslim
[7] Sharh Sahih Muslim – Kitab Salat al-Musafirin
[8] Pour plus d’information sur le hadith de la servante, appelé aussi hadith de la femme esclave, lire l’article se trouvant ICI 
[9] At-Ta’sis 1/118
[10] Qour’an, sourate 7, verset 37
[11] Ceci est confirmé par ce récit, rapporté par le Sheykh Nuh Ha Mim Keller, dans lequel Mawlana Abdullâh Kakakhail, un savant d’Islamabad spécialiste de la Croyance Islamique (usûl ad-din) raconte une discussion qu’il a eue alors qu’il était étudiant, avec le vice-recteur de l’Université Islamique de Médine en 1966. Mawlana se souvient avoir parlé avec le vice-recteur des  mutashabihat, c’est-à-dire des versets Coraniques et hadiths dits « équivoques ». Lorsqu’ils en sont arrivés à parler de la « Main » d’Allâh, Mawlana déclara au vice-recteur, « Vous dites que  la main est connue, mais que son comment (kayf) est inconnu ». « Que signifie donc l’inconnu de ce comment ? » Le vice-recteur répondit : « Cela signifie que nous ne savons pas si la main est noire ou blanche, ni si elle est longue ou courte ». Ce vice-recteur se nommait Ibn Baz, et c’est ce qui était proposé à l’époque comme da’wa (appel à l’Islam) – c’est-à-dire une croyance (‘Aqida) semblable à celle qui inspira le plafond de la chapelle Sixtine.
[12] Manaqib Al-Imam Ash-Shafi’i page 458
[13] Pour plus d’informations sur l’école Ash’arite et son histoire, lire l’article suivant : Introduction à la croyance ash’arite « l’école du tawhîd sunnite »

Falsifications et manipulations des avis d’Ibn Taymiyya et d’Ibn Kathir concernant le Mawlid

 

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Voici une démonstration de la manière dont certains falsifient ou manipulent les avis de grands savants afin de faire croire aux Musulmans que ces sommités en Sciences Islamiques partagent les mêmes avis marginaux qu’eux-mêmes.

Dans le cas présent, nous allons voir que sheykh al-‘Utheymin rahimahullaah.gif omet de diffuser l’ensemble des avis d’ibnou Taymiyya concernant le Mawlid et également comment l’Imam Ibnou Kathir est utilisé à tort par sheykh Al-Fawzan pour soutenir l’avis de l’interdiction du Mawlid an-Nabawi. 

 

Quand on cherche sur le web des avis concernant Al-Mawlid, on a de grandes chances de tomber sur un des nombreux sites wahhabis dont le net francophone pullule. Parmi ceux-là vous trouverez une fatwa de sheykh al-‘Utheymin tirée de al-dhiyâ’ ul-Lami’ou minal-Khotbi al-djawâmi’ (page 36).

Dans ce texte visant à démontrer l’invalidité du Mawlid, le sheykh nous cite l’avis d’Ibnou Taymiyya (RA) sur cette question.

 

Voici ce qui est cité de lui dans cette fatawa :

« Le Sheikh al-Islâm Ibn Taymiyya (qu’Allah lui fasse miséricorde) a dit dans son ouvrage intitulé :  » Iqtidâ As-Sirâte Al Mustaqîm : Mukhâlafatu Ashâb Al Jahîm » :

« L’institution, par certains, d’une fête commémorant la naissance du Prophète malgré les divergences existant quant à sa date exacte -et qui vise, soit à ressembler aux chrétiens dans leur commémoration de la naissance de ’Îssa (‘alayhi salam), soit à exprimer leur amour et leur vénération pour le Prophète SAW – n’était pas pratiquée par les anciens bien qu’ils aient eu raisons de le faire et que rien ne les en empêchait.

Et si une telle démarche comportait un bien, qu’il soit absolu ou même prépondérant, ces derniers seraient plus en droit de l’appliquer que nous. L’amour et la vénération qu’ils avaient à l’égard du Prophète SAW étaient en effet bien plus intense que les nôtres et ils étaient on ne peut plus soucieux que nous de pratiquer le bien. Leur amour et leur vénération s’exprimaient donc uniquement dans leur mise en conformité avec la voie du Prophète, l’obéissance qu’ils lui vouaient, l’application de ses commandements, la revivification tant dans la forme que dans le fond- de sa Sunna, la propagation [du message] avec lequel il fut dépêché et enfin dans tous les efforts qu’ils déployèrent dans leur coeur, par leur langue ou par les actes- dans cette voie. Or, force est de constater que la plupart de ces personnes soucieuses de pratiquer de telles innovations sont dans une totale léthargie lorsqu’il s’agit d’œuvrer là où l’ordre du Prophète SAW leur est parvenu. On ne peut que les comparer à ceux qui ornent et embellissent le Coran sans le lire ou encore à ceux qui le lisent sans l’appliquer. »

Voici le scan de cette fatwa de sheykh al-‘Utheymin :

 

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Cependant, il existe un autre avis d’Ibnou Taymiyya rapporté dans son encyclopédie de Fatawa (Majma’ Fatawi Ibn Taymiyya) Vol. 23, p. 163 dans lequel il déclare : « fa-t’adheem al-Mawlid wat-tikhaadhuhu mawsiman qad yaf’alahu ba’ad an-naasi wa yakunu lahu feehi ajra `adheem lihusni qasdihi t’adheemihi li-Rasulillahi, salla-Allahu `alayhi wa sallam » .

C’est-à-dire :

« Célébrer et honorer la naissance du Prophète (salallâhou ‘alayhi wassalaam) et en faire un moment exceptionnel, comme le font certains, est une bonne chose en laquelle réside une grande récompense, à cause de la bonne intention d’honorer le Prophète ».

L’avis du Sheykh Ibn Taymiyya semble donc bien plus nuancé que ce qui est rapporté dans la Fatwa de Sheykh ‘Utheymin.

Voici le scan des propos tenus par sheykh Ibn Taymiyya :

 

Ibn_Taymiyya_Mawlid

Voyons maintenant le cas d’Ibnou Kathir, le grand exégète, l’un des élèves les plus connus d’Ibnou Taymiyya :

Dans une de ces fatwas attaquant le Mawlid, sheykh al-Fawzan utilise une citation tirée d’un livre d’Ibnou Kathir.

Sheykh Fawzan commence en disant :

« Ces différentes manières de célébrer l’événement ont en commun leur caractère d’innovation prohibée inventée par les fatimides après les trois meilleurs siècles (de l’Islam) … »

Il cite ensuite plusieurs paroles de savants dont celle d’Al-Hafidh ibnou Kathir disant à propos de la biographie d’Abou Said Kazkabouri : « Il organisait une grande cérémonie au mois de Rabi I à l’occasion de l’anniversaire de la naissance du Prophète. Al-Bast a dit : un des participants à l’une des cérémonies organisées par al-Moudhaffar m’a raconté que ce dernier faisait étaler sur une nappe 5 000 (moutons), méchoui, 10 000 poulets, 100 000 coupes à crèmes, 30 plats de gâteaux […]. Il organisait un concert (religieux) pour les soufis et dansait avec eux du début de l’après-midi jusqu’à l’aube ». [al-bidaya wa an-nihaya (13/137)]

Puis sheykh Al-Fawzan conclue en déclarant :

« Voilà la genèse de la célébration de l’anniversaire de la naissance (du Prophète). Elle date d’une époque récente et fut accompagnée de manifestations de divertissement, d’excès, de gaspillage des biens et du temps, le tout fondé sur une innovation qu’aucun argument tiré de la révélation d’Allah ne permet de soutenir. Il convient au musulman de s’employer à faire vivre les pratiques enseignées par la Sunna et à faire disparaître les innovations et de n’engager aucune action avant de connaître le jugement d’Allah à son propos ».

En citant ici cette parole issue d’un ouvrage d’Ibnou Kathir, Sheykh Al-Fawzan décrit le Mawlid comme une gigantesque fête blâmable, constituée de gaspillages, de chants et de danses.

Lorsque des actes non conformes avec la Shari’ah sont constatés lors d’un événement, il est normalement plus logique de condamner ces actes plutôt que d’interdire l’événement. Il suffit de regarder comment se déroulent aujourd’hui certains mariages Musulmans, dans lesquels on trouve de la musique de discothèque, de la mixité, des danseuses du ventre, de l’alcool, etc. Pour autant, il serait absurde d’interdire aux gens de se marier à cause des excès commis par certains. Le travail du savant consiste plutôt à expliquer les erreurs commises et les actes à proscrire lors d’un tel événement.

De plus, les chiffres évoqués plus haut ne peuvent lui permettre de parler de gaspillage, sans savoir le nombre de personnes présentes.

La quantité est fonction des personnes présentes. Par conséquent, si la quantité dépasse de beaucoup le besoin de restaurer tout le monde, on peut parler de gaspillage, mais sans avoir de détails précis, cela reste de la pure spéculation de la part de sheykh Al-Fawzan. Le principe en Islam est d’accorder la bonne opinion à autrui et penser le bien implique ici qu’on imagine que ce qui est cité plus haut était en prévu en fonction des besoins nécessaires permettant insha Allâh de restaurer tout le monde. Il faut également rappeler que nourrir les gens, y compris les pauvres qui n’ont pas beaucoup l’occasion de manger de la viande, est quelque chose de louable. En effet, notre religion incite à « It’âme al ta’âme« , c’est-à-dire faire preuve de générosité en nourrissant quelqu’un, en partageant son repas, en offrant le couvert à des amis ou à des pauvres, etc.

Selon ‘Abd-Allâh ibn ‘Amr : Un homme ayant demandé au Messager d’Allâh (salallâhou ‘alayhi wassalaam) quel était le meilleur Islam ? Celui-ci répondit : « Donne à manger et salue ceux que tu connais et ceux que tu ne connais pas ». [Hadith rapporté par Mouslim].

Idem concernant les « chants Soufis », que peut-il donc reprocher alors qu’il ignore de quels chants il est question ainsi que le détail des paroles. Peut-il dire si elles comportaient ou pas quelque chose de blâmable alors que tout cela n’est pas évoqué dans la citation d’Ibn Kathir? Là encore lorsque l’on regarde attentivement les critiques d’Al-Fawzan, on se rend compte que ce ne sont que des conjectures or l’Islam a interdit les conjectures.

Allâh n’a-t-Il pas dit : « Ô vous qui avez cru ! Évitez de trop conjecturer (sur autrui) car une partie des conjectures est péché. » [Coran – Sourate 49, verset 12]

De même, Abû Hurayra (RA) a rapporté que l’envoyé d’Allâh  a dit : « Évitez de conjecturer sur autrui, car la conjecture est la plus mensongère des paroles. […] ». [Hadith rapporté par l’Imam Boukhari]

On peut également noter qu’Al-Fawzan oublie de mentionner le fait que non seulement l’Imam Ibnou Kathir ne condamne pas le Mawlid, mais qu’en plus il y est favorable. Il a d’ailleurs écrit tout un ouvrage dans lequel il démontre que c’est un acte de bien.

Celui qui a atteint le rang d’Amir al-Mu’minin dans le hadith, Ibn Hajar al-‘Asqalani rahimahullaah.gif rapporte que l’Imam Ibn Kathir le célèbre Mufassir rédigea un livre sur le Mawlid qu’il nomma : Dhikra Mawlid Rassul Allâh lors du dernier jour de sa vie. Le hafidh Ibn Hajar dit : « Il le traita en long et en large ». Ceci se trouve dans son livre Durar al Kamina fi al-Mi’at al-Thamina.

Voici le scan du livre écrit par l’Imam Ibnou Kathir :

 

Ibn_Kathir_Mawlid

 

 

Au passage, il s’agit là également d’une preuve que ces deux grands Imams (ibn Taymiyya et Ibn Kathir) ne classaient pas comme « mauvaises » toutes les innovations (bida’a) dans la religion, ce qui est la position majoritaire des savants sur cette question.

 

Tout ceci démontre à quel point il faut être vigilant, car il arrive malheureusement que des gens se trompent ou ou manipulent quelque peu les textes dans le but de faire pencher l’opinion du lecteur dans un sens ou dans l’autre.

Qu’Allâh nous pardonne et nous préserve de l’erreur et de l’égarement.

 

Notes :

Article réalisé en collaboration avec Aslama.com

A lire sur le sujet : L’avis des savants Sunnites sur la commémoration de la naissance du Prophète Muhammad [Al-Mawlid]