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L’utilisation d’un Ta’wiz (amulette) est-elle permise ?


Réponse de Shaykh Faraz Rabbani

Question :
Certaines personnes disent que les ta’wiz [amulettes] sont interdites et que leur utilisation (pour la protection) implique la mécréance. Quelle est l’opinion de l’Islam Sunnite à ce sujet ? L’utilisation d’un Ta’wiz (amulette) est-elle permise ?

Réponse :
Assalamu alaikum,
Dans le Musannaf d’Abu Bakr ibn Abi Shayba, l’autorisation d’accrocher (NDT : à son cou) un ta`wiz est rapportée par de nombreux Compagnons et premiers Musulmans (Salaf). Parmi eux :
– Sa`id ibn al-Musayyib,
– `Ata’, Mujahid,
– Abd Allah ibn `Amr,
– Ibn Sirin,
– `Abayd Allah ibn Abd Allah ibn `Umar,
– et d’autres (qu’Allâh soit satisfait d’eux tous). [1]
Quant à ce qui est rapporté de certains, dont Ibn Mas`ud (qu’Allah soit satisfait de lui), que suspendre des ta`wiz est du shirk (association), ceci est compris comme renvoyant aux ta`wiz qui ressemblent à ceux qui étaient utilisés dans la Jahiliyya [2], ou s’ils sont utilisés en pensant que c’est le ta`wiz lui-même qui guérit ou protège, et non Allâh, ou s’il contient des invocations interdites ou dont la signification n’est pas connue, comme l’explique Allama Abu Sa`id al-Khadimi dans son al-Bariqa al-Mahmudiyya Sharh al-Tariqa al-Muhammadiyya. [3]

Dans la Fatawa al-Hindiyya, l’une des principales références de l’école Hanafite, il est dit : « Il n’y a rien de mal à accrocher des ta`wiz, mais il faut les enlever avant d’aller aux toilettes et avant les rapports sexuels. » [4]
Dans la Mawsu`a Fiqhiyya (Awqaf, Koweït), il est dit que la signification linguistique de « ta`wif » est dérivée de la recherche de protection ou de refuge. Le type de ta`wiz interdit est celui qui est similaire à ceux utilisés dans les temps préislamiques, et son utilisation est un péché majeur et peut même conduire au kufr. Quant au type de ta`wiz autorisé selon la grande majorité (jumhur) des savants, il s’agit de celui qui contient les paroles d’Allâh (Coran) ou Ses noms, à condition que la personne ne pense pas qu’il a un effet par lui-même ; plutôt, il protège ou guérit par la Volonté et la Puissance d’Allâh [5].
Et Allah sait mieux que quiconque.
Wassalam,
Faraz Rabbani

© Traduit avec l’autorisation de l’honorable sheykh Faraz Rabbani (qu’Allâh le récompense)


Notes :

[1] Musannaf, 5.439
[2] Période antéislamique caractérisée par son ignorance et la pratique du polythéisme. Les gens à l’époque utilisaient des amulettes en pensant qu’elles les protégeaient ou les guérissaient et non pas Allah et elles pouvaient avoir un contenu interdit (magie noire, mécréance…). 
[3] al-Bariqa al-Mahmudiyya Sharh al-Tariqa al-Muhammadiyya 4.171-172
[4] Fatawa al-Hindiyya 5.356
[5] Tout comme le médicament n’agit pas de lui-même, mais par la Volonté et la Puissance d’Allâh
Les savants font l’analogie entre l’utilisation d’un médicament et celui d’une amulette. L’utilisation du médicament est permise et ne va pas à l’encontre du concept de confiance en Allah (tawakkul) ou du monothéisme Tawhid. Cependant, il n’est pas permis de considérer le Ta’wiz comme étant efficace en soi, tout comme il n’est pas permis de considérer les médicaments comme étant efficaces en soi. Quant au fait de porter ou de faire porter un ta`wiz (à un enfant par exemple), en état d’impureté rituelle, Ibn Abideen stipule qu’il est dit dans Al-Mujtaba (texte de référence dans le fiqh Hanafite) qu’il n’y a rien de mal à porter un ta`wiz tant que celui-ci est enveloppé (dans un tissu ou du papier). On retrouve le même avis dans le Fiqh Malikite (y compris pour la femme en état de menstrues), le tout est que le contenu soit bien protégé et ne puisse pas être atteint par les impuretés ou la saleté. S’il est autorisé de porter un ta`wiz qui contient des paroles du Qur’an et bien que la divergence existe, il demeure cependant plus prudent d’adopter la position selon laquelle il n’est pas permis de porter le Qur’an en entier (réf : Résumé du Fiqh de l’école des maîtres Malikites de Sheykh Muhammad al-‘Arabi al-Qarawi). A noter que certains savants rajoutent la condition que ce soit écrit en Arabe. Certains savants permettent aussi l’utilisation de Ahadith
L’Imam Ibn Taymiyya رحمه الله écrit dans ses Fatawa : « Il est permis pour une personne malade ou troublée, que certains versets du Coran soient écrits avec de l’encre pure, puis elle est lavée et donnée à boire au malade ». 
Il est rapporté de Sayyiduna Ali رضى الله عنه qu’il a dit : « Ce Dua devrait être écrit et attaché au bras de la femme. Nous avons expérimenté qu’il n’y a rien de plus étonnant que cela » (Fatawa Ibn Taymiyya, 19/65).
L’élève de l’Imam Ibn Taymiyya, l’Imam Ibn al-Qayyim رحمه الله, rapporte également la licéité de l’utilisation des Ta’wiz d’un certain nombre de Salafs dont le grand Imam Ahmad ibn Hanbal رحمه الله. Par la suite, Ibn al-Qayyim cite lui-même plusieurs Ta’wiz (Zad al-Ma’ad, 3/180).
Le Mufti Muhammad ibn Adama al-Kawthari rajoute un point important :
« Aujourd’hui, nous avons des gens qui font preuve de démesure. Il y a des gens qui déclarent tous les types de Ta’wiz comme étant Shirk et Kufr et d »autres qui pensent que les Ta’wiz sont tout. Ces deux types de compréhension sont incorrects.
L’utilisation des Ta’wiz est permise, mais avec modération. Normalement, il est préférable de réciter les Duas qui sont prescrits pour chaque problème et maladie, et en même temps de recourir à un traitement médical. Cependant, si les Ta’wiz sont utilisés parfois, alors c’est permis.
S’il y a une crainte qu’une personne commence à penser que le Ta’wiz est efficace en soi, alors on ne devrait pas lui donner un Ta’wiz. C’est à la personne qui donne le Ta’wiz de décider, et non à nous de le faire pour elle.
Il y a beaucoup de gens qui ne font jamais de Dua et qui négligent les injonctions de la Charia, mais qui dépendent toujours des Ta’wiz. Pour ces personnes, il est préférable de ne pas leur donner de Ta’wiz, mais plutôt de les diriger vers le droit chemin.
Une fois, une sœur m’a demandé de lui mentionner une Dua ou d’écrire quelque chose pour elle afin qu’elle se marie avec quelqu’un qu’elle désire, et elle a également mentionné que ses Duas n’étaient pas exaucées. Je lui ai demandé : « Te couvres-tu lorsque tu sors de chez toi ? » Non, fut la réponse. J’ai dit : « Accomplis-tu tes Salat (prières) ? » Encore une fois, « non » fut la réponse. J’ai dit : « A partir de demain, fais ce Dua spécial après la Salat Fajr, et continue à le faire pendant 6 mois, et Insha Allah ton Dua sera accepté. Un autre Ta’wiz très important est de réciter un (certain) Dua et souffler sur ton foulard et de porter ce foulard lorsque tu sorts de chez toi » !
En conclusion, il est généralement permis d’utiliser des amulettes (ta’wizes) en respectant les conditions mentionnées ci-dessus. Cependant, s’il y a quelque chose d’interdit, alors cela ne sera pas permis. »
Notons également que nos shuyukh nous ont informés que le Ta’wiz était surtout destiné aux personnes n’étant pas en capacité de lire ou d’apprendre (enfants, illettrés…) et qu’il est donc préférable pour celui qui est en capacité, de réciter les Adhkar quotidiens de protections.
Wa Allâhu a’alam.

Comment protéger les enfants des mauvaises influences de la société?

 

Sheykh Habib Umar bin Hafiz

 
 
Umar bin Hafiz

 

 

Question :

As-salaamu ‘alaykoum,

Comment pouvons-nous protéger nos enfants des mauvaises influences de la société dans laquelle nous vivons? Nous craignons pour leur foi.

 

Réponse :

Assalaamu ‘alaykum wa rahmatullâh,

[Prendre des mesures]

Il est bon d’avoir peur pour nos enfants car la corruption est partout, surtout dans les sociétés dont les valeurs sont éloignées des valeurs Islamiques. Cette crainte ne doit cependant pas conduire au désespoir, mais elle devrait plutôt nous amener à prendre des mesures. Allâh a donné aux croyants un modèle dans la vie de l’épouse de Fir`awn (Pharaon). En dépit du fait qu’elle ait vécu avec Fir`awn dans son palais, elle sera récompensée en étant une épouse du Prophète (paix et bénédictions sur lui) dans la vie prochaine à cause de sa sincérité, de sa patience et de sa fermeté.

[Fermer les portes de la corruption]

Cette crainte doit nous conduire à créer des environnements qui protègent nos enfants et à fermer les portes à la corruption autant que possible. Nous devrions organiser des activités de groupe pour nos enfants selon leur âge. Ces activités devraient être agréables et exemptes de tout dommage. Nous devons également leur donner une partie d’adhkar à lire et leur donner ce qui illumine leurs esprits.

[Se déplacer]

S’il est possible de partir vers un environnement qui est meilleur pour nos enfants alors nous pouvons le faire aussi longtemps que cela ne nous mène pas à négliger les responsabilités que nous avons à l’endroit où nous vivons actuellement. Autrement, nous devrions rester là où nous sommes et suivre les principes mentionnés.

 

De l’Ordre de demander le pardon, la protection, la grâce, l’agrément et la patience à Allâh
  

Par l’imam Abd Al-Qâdir al-Jîlânî
   

dou'a

 

 

Ne demande rien d’autre à Allâh que le pardon pour les péchés passés et la protection (’ismâ) qui immunise contre eux dans les jours à venir; ainsi que la grâce (tawfiq) pour une adoration convenable, l’obéissance à l’Ordre, là satisfaction devant l’amertume du destin, la patience face aux difficultés et aux épreuves, la reconnaissance pour les bienfaits et les dons ; enfin une mort « scellée par le bien » [1] et la réunion avec les Prophètes, les Véridiques, les martyrs et les vertueux. En effet quelle excellente compagnie ils constituent !

Et ne Lui demande pas ce bas monde, ni la cessation de la pauvreté et des épreuves pour les remplacer par la richesse et la tranquillité. (Demande) plutôt la satisfaction de ta part et de ce qu’Il décide. Et implore Sa Protection (hifz) [2] continuelle dans l’état où Il t’a placé et éprouvé, jusqu’à ce qu’Il te déplace à un autre état différent. Car tu ne sais pas dans lequel réside le bien: dans la pauvreté ou dans la richesse, dans l’épreuve ou dans la tranquillité. Il a replié devant toi la science des choses, de sorte qu’Il est seul à connaître leurs avantages et leurs nocivités.

Il est rapporté que ‘Umar Ibn al-Khattâb a dit :

« Peu m’importe dans quel état je me retrouve ; qu’il me soit désagréable ou agréable, car j’ignore dans lequel des deux gît le bien ». Il s’est exprimé ainsi à cause de sa parfaite satisfaction de la direction d’ Allâh et de la quiétude quant à Son Choix et de Son Décret.

Allâh dit : « Le combat vous est prescrit bien que vous ne l’aimiez pas. Vous pouvez ne pas aimer ce qui vous est bon et aimer ce qui vous est mauvais. Allâh sait et vous ne savez pas » [3].

Demeure dans cette position jusqu’à-ce que disparaisse ta passion et se brise ton nafs [4]. Elle deviendra humble, vaincue et docile. Ensuite s’évanouiront ta volonté propre et tes souhaits individuels. Les mondes créés (akwân) sortiront de ton cœur, il n’y restera plus rien sinon Allâh Ton cœur se remplira de l’Amour d’Allâh et ta volonté deviendra sincère dans Sa recherche.

Le vouloir te sera rendu par Son Ordre pour la demande d’un plaisir de ce monde ou de l’autre. Mais alors tu demanderas conformément à Son Ordre. S’Il te donne, tu remercieras et tu jouiras de ton lot. S’Il te prive tu ne t’irriteras pas, ni ne changeras intérieurement par rapport à Lui. Tu ne l’accuseras pas d’avarice pour autant. Car tu ne l’auras pas imploré par passion et volonté propre, ayant le cœur libre de ces choses, ne désirant rien, mais agissant pour te conformer à Son Ordre d’exercer la demande.

Que la paix soit sur toi !

 

Notes :

[1] Car les actes de toute une vie vont dépendre pour leurs conséquences finales de la manière dont celle-ci va s’achever. Un hadith dit que certaines personnes accomplissent les actions des gens destinés au Paradis pendant presque toute leur vie, mais finalement tombent dans les actions des gens de l’enfer, dans lequel ils sont précipités après leur mort. Et inversement d’autres, après une vie répréhensible, accèdent au Paradis du fait d’actions louables accomplies à la fin de leur existence terrestre.

[2] Hifz est utilisée pour la protection qui enveloppe les awliyâ (saints) et ‘ismâ pour celle qui accompagne les anbiyâ’ (prophètes).

[3] Qur’ân, sourate n°2, verset 216.

[4] Nafs peut être traduit par égo ou âme charnelle.