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Est-il possible de voir le Prophète en état de veille?
Par l’Imam Ibn Hajar al-Haytamî [1]

 

 

Prophete_Muhammad

 

 

Question :

Est-il possible d’avoir une vision du Prophète (salallahou ‘alayhi wassalam) pendant l’éveil ?

 

Réponse :

Certains le nient, et d’autres l’acceptent comme étant possible, et ils ont raison, et beaucoup de personnes dont la vertu est certaine ont rapporté cette expérience, et nous avons trouvé des preuves de ceci dans le hadith rapporté par l’Imam Bukhâri [2] : « Celui qui me voit pendant son sommeil me verra en état de veille (yaqadha) », ce qui signifie, avec les yeux physiques (ceux de sa tête), et certains ont dit qu’il s’agit des yeux spirituels de son cœur.La possibilité que cette « veille » (yaqadha), se réfère à celui du Jour du Jugement est très faible, car dans ce cas il n’y aurait aucun avantage ou objectif dans cette spécification dont le hadith nous renseigne, parce que le Jour du Jugement, sa communauté tout entière le verra – qu’ils l’aient vu ou non avant en rêve. Et dans son commentaire du Sahih Bukhari, Ibn Abi Jamra déclare qu’il privilégie cette interprétation comme applicable à celui qui a le degré de préparation requis grâce au suivi fidèle de la Sunnah, et aussi pour celui qui ne l’a pas, dans un sens non spécifique …

Imam Mouslim inscrit dans son Sahih que les anges avaient l’habitude de saluer ‘Imran Ibn Husayn par honneur pour lui, pour sa patience face à la douleur provoquée par des hémorroïdes, et quand il se cautérisa lui-même, les anges cessèrent de le saluer, et quand il arrêta la cautérisation – ce qui signifie qu’il fut guéri – les anges retournèrent le saluer, parce que la cautérisation – qui est contraire à la Sunnah – empêcha les anges de venir le saluer, même s’il en avait grand besoin, car c’était une faiblesse dans la confiance, la soumission et la patience. Et dans la narration d’Al-Bayhaqi , « les anges avaient pour habitude de lui serrer la main jusqu’à ce qu’il se cautérise lui-même, alors ils arrêtèrent ».

Et Ibn al-Haj Al-Maliki dans son Madkhal dit que voir le Prophète en état de veille est très rare, et que cela se produit uniquement avec ceux qui ont atteint un état [Ndt : spirituel] qu’il est rare de trouver de nos jours, voire même inexistant, bien que nous ne nions pas que cela se produise chez nos grands Saints (Awliya), Allâh leur ayant préservé le caché et l’apparent… certains des savants de l’apparent ont nié cette possibilité, en ce basant sur le fait que l’œil évanescent ne peut pas voir ce qui est perpétuel, à savoir, l’être du Prophète dans le monde de l’éternité, alors que l’œil de celui qui regarde est dans ce monde voué à la disparition.

Et il a répondu et a dit que lorsque le croyant meurt, il voit Allâh qui ne meurt pas, et l’Imam Bayhaqi a fait référence à sa réponse quand il a dit que le Prophète a vu les autres Prophètes lors de l’Ascension nocturne (Mi’raj). Et al-Barizi a dit : « Il a été transmis de manière formelle par un groupe d’Awliya qu’ils ont vu le Prophète au cours de leur existence alors qu’ils étaient éveillés, et ce, après le décès du Prophète … »

En outre, il n’est pas impossible de voir le Prophète après qu’il soit mort, car lui et les autres Prophètes sont vivants, leurs esprits leur ont été restitués et la permission leur a été accordée de quitter leurs tombes et de jouer un rôle dans la partie inférieure et supérieure du royaume spirituel (Malakût) …

Notes du traducteur :

[1] Al-Fatāwā Al-Ḥadīthiyya (p. 212-13)
[2] Dans Kitab at-Ta’bir

Les traits physiques du Messager de Dieu

Extrait d’Al-Chamael al-Mohammadiya d’Al-Hâfizh At-Tirmidhî

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Al-hâfizh Abou ‘Îsa Mohammad ben ‘Îsa ben Sawra at-Tirmidhi déclare : « Abou Rajâ’ Qoteyba ben Sa’ïd nous a tenu le propos d’après Mâlik ben Anas (qui le tient) d’après Rabi’a ben ‘Abd al-Rahmân, d’après Anas ben Mâlik qui a dit :  » Le Messager de Dieu (salallahou ‘alayhi wassalaam) n’était ni sensiblement grand ni petit. Son teint n’était ni très blanc ni très brun. Ses cheveux n’étaient ni crépus ni raides. Dieu Très-Haut l’envoya comme prophète lorsqu’il eut quarante ans. Depuis, il demeura dix ans à la Mecque et dix ans à Médine. Dieu le rappela à Lui lorsqu’il eut soixante ans ; il n’y avait pas alors dans ses cheveux et sa barbe vingt poils blancs. « Anas ben Mâlik relate de même :  » L’Envoyé de Dieu était de taille moyenne, ni très grand ni petit. Il avait un beau physique. Ses cheveux n’étaient ni frisés ni raides. Il était brun. Sa démarche était dynamique. « D’après al-Barrâ’ ben ‘Âzeb :  » Le Messager de Dieu était de taille moyenne. Ses épaules étaient larges. Sa chevelure abondante lui arrivait sous la nuque et jusqu’au lobe des oreilles. Il porta une houlla [1] de couleur rouge ; je n’ai guère vu plus beau que lui. « Al-Barrâ’ ben ‘Âzeb a relaté de même : « Je n’ai pas vu un homme aux cheveux couvrant la nuque porter une houlla rouge, plus beau que le Prophète de Dieu ; ses cheveux retombaient sur ses épaules, sa taille n’était ni courte ni longue. « 

‘Ali ben Abi Tâlib – que Dieu l’ait en son agrément – a dit :  » Le Messager de Dieu n’était ni très grand ni petit. Ses mains et ses pieds étaient fermes (chathan [2]). Sa tête et ses membres étaient grands, ses poils entre la poitrine et le nombril formaient une longue ligne. Sa démarche tendait vers l’avant par son dynamisme ; on aurait dit qu’il dévalait une pente. Je n’ai guère vu semblable à lui, ni avant ni après. »

D’après Ibrâhim ben Mohammad, de la descendance de ‘Ali ben Abi Tâlib- que Dieu l’ait en son agrément : « Lorsque ‘Ali décrivait le Prophète, il disait : « Le Messager de Dieu n’était ni extrêmement grand ni trapu. Sa taille était moyenne parmi les gens. Ses cheveux n’étaient ni crépus ni raides, mais ondulés. Son visage n’était ni plein ni rond, mais quelque peu arrondi, avec une blancheur mêlée de couleurs. Ses yeux d’un noir vif étaient surmontés de longs cils. La tête [3] de ses os ainsi que la partie centrale entre ses omoplates étaient imposantes. Il n’était guère velu et ses poils entre la poitrine et le nombril formaient une ligne. Ses mains et ses pieds étaient fermes [4]. Son pas était  énergique, on aurait dit qu’il dévalait une pente. Lorsqu’il se retournait, il se retournait entièrement. Le sceau de la Prophétie apparaissait entre ses épaules, alors qu’il fut lui-même le Sceau des prophètes. Il était l’homme le plus bienveillant, le plus véridique, dont la nature était la plus douce, et le plus munificent pour son peuple.

Qui le voyait pour la première fois [5], en éprouvait une grande révérence. Qui le fréquentait par connaissance, l’aimait. Qui l’a décrit a déclaré : « Je n’ai guère vu semblable à lui, ni avant ni après. »

D’après al-Hasan ben ‘Ali – que Dieu les ait tous deux en son agrément :  » J’ai demandé à mon oncle maternel, Hind ben Abi Hâla qui savait fort bien décrire, ce qu’il en était des traits du Prophète . Je souhaitais vivement qu’il m’en décrive une part à laquelle je m’attacherais. Il répondit :

– Le Messager de Dieu était imposant et révéré. Son visage rayonnait comme brille la pleine lune. Il était plus grand que l’homme de taille moyenne et plus petit que l’homme de très grande taille. Sa tête était grande et ses cheveux lisses. Si ses cheveux pouvaient être séparés facilement, il les séparait par une raie au milieu; autrement, ils ne dépassaient pas le lobe des oreilles, s’il les ramenait vers la nuque.

Son teint était d’une clarté rayonnante. La partie supérieure à ses tempes était grande. Ses longs sourcils minces et arqués ne se rejoignaient pas ; le pli entre ceux-ci se gonflait lorsqu’il était courroucé. Son nez était long et mince et très légèrement busqué par le milieu de son arête qui semblait briller, au point que celui qui ne l’observait pas de près pouvait penser que son nez était juste droit.

Sa barbe était bien fournie, ses joues n’étaient ni creuses ni rondes. Sa bouche était large et ses incisives centrales du haut, séparées. Ses poils entre la poitrine et le nombril formaient une ligne mince. On aurait dit que son cou était celui d’une figurine, telle la clarté de l’argent. Sa constitution était équilibrée, sa chair ferme et bien formée.

Son ventre et sa poitrine s’alignaient sur un même plan. Sa poitrine et ses épaules étaient larges et ses articulations [6] imposantes.

Ce qui paraissait de son corps rayonnait. Des poils entre le milieu de sa poitrine et le nombril semblaient former une ligne. Sa poitrine et son ventre en étaient dépourvus alors que des poils couvraient ses avant-bras, ses épaules et le haut de sa poitrine. Ses avant-bras étaient longs et ses paumes bien grandes. Ses mains et ses pieds étaient fermes et ses doigts éployés (sâïl) [7] [ou, dit celui qui rapporte cette relation : et ses doigts relevés (châïl)]. Sa voûte plantaire était bien courbée et la plante de ses pieds bien lisse, au point que l’eau s’en écoulait facilement.

Ses pas étaient énergiques, sa démarche tendait vers l’avant par son dynamisme. Il marchait avec sérénité. Ses pas étaient grands et rapides, on aurait dit qu’il dévalait une pente [8] Lorsqu’il se retournait, il retournait tout son corps. Il baissait le regard qui regardait plus la terre que le ciel. Il regardait le plus souvent du côté de l’angle externe des yeux. Il marchait derrière ses Compagnons et commençait le premier le salut avec les personnes rencontrées. « 

.… Cho’ba nous l’a rapporté d’après Simâk ben Harb qui a déclaré :  » j’ai entendu Jâber ben Samora dire :  » La bouche du Messager de Dieu était large (dalî’ alfam) Il y avait une légère rougeur dans le blanc de ses yeux (achkal al- ‘aynayn) et ses talons n’étaient pas charnus (manhoûs al ‘aqib). « 

Cho’ba ajoute :  » Je demandai à Simâk :

– Qu’est-ce que dalî’ al-fam ?
– Une bouche large, répondit-il.
– Qu’est-ce que achkal al-‘aynayn ?
– De grands yeux dont la forme est allongée [9]
– Qu’est-ce que manhoûs al-‘aqib ?
– Un talon ayant peu de chair. »

Jâber ben Samora a de même relaté :  » J’ai vu le Prophète, par une nuit claire, porter une houlla [1] rouge. Je les regardais, lui et la lune; il était manifeste pour moi qu’il était plus beau que celle-ci. »

D’après Abou Ishâq :  » Un homme posa cette question à al-Barrâ’ ben ‘Azeb :  » Est-ce que le visage de l’Envoyé de Dieu était comme [l’éclat de] l’épée ?
– Non! plutôt comme la [clarté [10] de la] lune, lui répondit-il. « 

D’après Abou Houreyra :  » Le Messager de Dieu avait le teint clair ; c’est comme s’il fut formé à partir d’argent. Ses cheveux étaient lisses. « 

Jâber ben ‘Abdallah relate que l’Envoyé de Dieu a dit :  » On me présenta les prophètes. Moïse – que le salut soit sur lui – m’apparut comme un homme des Chanoû’a [11] J’ai vu Jésus fils de Marie – que le salut soit sur lui : la personne que j’ai vue lui ressembler le plus est ‘Orwa ben Mas’oûd [12] J’ai vu aussi Abraham – que le salut soit sur lui : la personne que j’ai vue lui ressembler le plus est votre homme [c’est-à-dire (le Prophète) lui-même (ajoute Jâber)]. J’ai vu de même Gabriel – que le salut soit sur lui : la personne que j’ai vue lui ressemblant le plus est Dihya [13].

D’après Sa’îd al-Joureyri :  » j’ai entendu Abou Tofeyl dire :

– J’ai vu le Prophète, et il ne reste plus sur cette terre un autre que moi l’ayant vu [14]
– Décris-moi le, lui demandai-je alors.
– Il avait, répondit Abou Tofeyl, le teint clair. Il était beau et de taille moyenne. « 

D’après Ibn ‘Abbâs :  » Le Messager de Dieu avait les incisives centrales du haut séparées. Lorsqu’il parlait, la lumière semblait paraître entre ses incisives. « 

Note :

[1] « houlla » : un ensemble constitué de la tunique, du manteau sans manches ridâ’ porté sur les épaules, et du turban … ; cela peut être aussi l’ensemble constitué de deux grandes pièces de tissu, l’une servant de pèlerine et l’autre de pagne (Lisân al- ‘Arab, T.11, 172). La couleur rouge semble désigner des raies rouges sur le tissu, comme il apparaît d’autres relations.
[2] Le terme aurait exprimé la callosité si d’autres relations n’avaient évoqué la douceur de ses mains, (Cf.
Fath al-Bâri d’Ibn Hajar, T. 6, hadith 3561).
[3] Tels l’arrondi des épaules (comme il est surtout question ici), les genoux, les coudes.
[4] L’auteur, qui, à la suite de ce hadith, explique ses termes difficiles, précisent que ce sont ses doigts et ses orteils qui l’étaient.
[5]  » badîlha « , autre sens possible « de manière impromptue « .
[6] Tels les genoux, l’arrondi des épaules, les coudes.
[7] C’est-à-dire non recroquevillés, ni courts et ni flasques.
[8] Son énergie donnait à penser qu’il marchait avec le devant de ses pieds, comme le fait celui qui dévale une pente. (Lisân al-Arab, T. 1, 517).
[9] Cependant, les commentateurs l’expliquent selon son sens commun, tel qu’il a été traduit plus haut, Cf. Charh
Sahîh Mouslim d’an-Nawawi, T. 15, 93).
[10] La comparaison est relative au rayonnement du visage mais aussi à sa forme, (cf, Fath al-Bâri, hadith 3552).
[11] Ou les Azd Chanoû’a, tribu du Yémen.
[12]  ‘Orwa ben Mas’oûd al-Thaqafi. Un des principaux personnages de Taef. Il adhéra à l’islam l’an neuf de l’Hégire et revint le prêcher à son peuple qui le tua.
[13] Dihya ben khalîfa al-Kalbi. Compagnon du Prophète, il porta son message à Héraclius, en 6H/628. Il mourut près de Damas, sous Mo’âwia.
[14] Abou al-Tofeyl, ‘Âmer ben Wâthila, mourut le dernier parmi les Compagnons, entre les années cent et cent dix de l’Hégire, à la Mecque. Rappelons que le Prophète est mort à Médine le lundi 12 rabî’ 1er, l’an 11 H. (juin 632).

.
Le Prophète Muhammad parle de sa communauté

 

 

Le Messager de Dieu (salallahou ‘alayhi wassalaam) a dit : « les Gens du Livre (les Chrétiens et les Juifs) se sont divisés en soixante-douze groupes, et ma communauté se divisera en 73 groupes, tous sont au Feu, sauf une, qui est la Jamâ’ah (Le Groupe) »

 

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Il est malheureux de constater qu’à partir de l’interprétation erronée de ce hadith, certains y puisent l’autorisation d’enfreindre tous les commandements Divins et prophétiques concernant le respect de la sacralité du musulman qui pourtant fait l’unanimité.Ce hadith, beaucoup d’ignorants aiment l’utiliser comme arme et argument contre d’autres musulmans. Ils s’appuient dessus pour tenter inlassablement de démontrer que le Prophète a voulu parler de tels et tels groupes. Ceci est une interprétation erronée, construite sur leurs passions, leurs rancœurs et va à l‘encontre de l’analyse que font de ce hadith les plus grands savants sunnites toutes époques confondues.Plutôt que de vouloir absolument condamner les membres de cette communauté bénie à cause de l’interprétation abusive et tronquée d’un hadith (qui rappelons le manque de clarté au niveau de son authenticité), ne serait-il pas préférable de se respecter et de croire en la parole de notre noble Prophète Muhammad lorsqu’il dit :

« Vous êtes les derniers de soixante-dix communautés. Vous êtes la meilleure et la plus honorable selon le jugement d’Allâh » [1]

Et aussi : « Il n’y a pas eu une communauté sans qu’une partie d’entre elles soient au Feu et une partie soit au Paradis sauf pour ma communauté, car elle est tout entière au Paradis. » [2]

Le Prophète a dit : « Lorsque ce sera le Jour Dernier, Allâh octroiera pour chaque membre de cette communauté une personne mécréante, il lui sera dit :  » Celui-là est ta rançon qui te rachète du Feu.  » » [3]

Il a dit aussi  : « Ma communauté-ci est une communauté bénie, elle n’a pas de châtiment au Jour dernier, car son châtiment est dans ce monde à travers les épreuves, les tremblements de terre, les guerres et les calamités. » [4]

Il a dit également  : « La punition de cette communauté a été placée en ce monde. » [5]

Et il a dit encore  : « Cette communauté est une communauté bénie, son châtiment est entre ses mains, lorsque ce sera le Jour du Jugement, il sera présenté à chaque musulman un homme parmi les associateurs et il lui sera dit :  » Celui-là te sert de rançon contre le Feu.  » » [6]

Rassoul Allâh dit aussi : « Je jure par Allâh que je n’ai pas peur que le chirk vous touche aprés moi ». [7]

Quant à ceux qui préfèrent propager la discorde, la division et la mauvaise opinion d’autrui dans le rang des musulmans, ils feraient mieux de méditer sur ces autres paroles du Prophète :

Il a dit : « Les plus aimés de Dieu parmi vous sont ceux dont les caractères sont les meilleurs, ceux qui sont d’un abord facile, qui s’entendent bien avec autrui et avec qui on s’entend bien. Les plus détestés de Dieu parmi vous sont ceux qui colportent les propos portant la dissension, qui recherchent les faux pas chez autrui et provoquent la désunion entre les frères. » [8]

De même, il est rapporté que le Prophète a dit : « Ne vous informerai-je pas sur les meilleurs et les pires ? Les meilleurs d’entre vous sont ceux dont on peut espérer leur bien et dont on ne redoute pas de leur mal et les pires d’entre vous sont ceux dont on ne peut espérer leur bien et dont on redoute de leur mal. » [9]

Le Prophète a dit : « Ne vous informerai-je pas sur celui qui sera interdit au Feu demain ? Il s’agit de toute personne d’abord facile, douce, amicale et tolérante. » [10]

Abu Hurayra radiallahanhou.gif a dit :   «  J’ai demandé: ‘Ô Messager d’Allah, qui sera la personne la plus heureuse et qui aura ton intercession au Jour de la Resurection?’ Le Messager d’Allâh répondit : « J’étais sur que personne ne poserai cette question avant toi car je conais bien ton gout des hadith. Eh bien la personne la plus heureuse et avec mon intercession au Jour de le Resurrection sera celui qui dit « Il n’y a pas d’autre divinité qu’Allâh » sincerement et avec le coeur. » [11]

Wa l-Lâhou a’lam [et Dieu est plus savant].
Notes :
[1] Rapporté par Ahmed, Tirmidhi, Ibn Majah, al-Hakim selon Mou’awiya ibn Haïda (qu’Allah l’agrée) – Hadith classé bon (hassan)

[2] Rapporté par al-Khatib al-Baghdadi selon Ibn ’Omar (qu’Allah l’agrée) – Hadith classé authentique (sahih)

[3] Rapporté par Mouslim selon Abou Moussa (qu’Allah l’agrée) – Hadith classé authentique (sahih)

[4] Rapporté par Abou Daoud, Tabarani, al-Hakim, Baïhaqi selon Abou Moussa (qu’Allâh l’agrée) – Hadith classé authentique (sahih)

[5] Rapporté par al-Hakim selon ‘Abdallah ibn Yazid (qu’Allah l’agrée) – Hadith classé authentique (sahih)

[6] Rapporté par Ibn Majah selon Anas (qu’Allah l’agrée) – Hadith classé authentique (sahih)

[7] Rapporté par l’imam al-Boukhari – numéro 3596 – Hadith classé authentique (sahih)

[8] Rapporté par Abou Bakr al-Khatib dans « Tarikh Baghdad » selon Anas ibn Malik (qu’Allah l’agrée)

[9] Rapporté par Ibn Hibban, Ahmed, Tirmidhi selon Abou Houreyra (qu’Allah l’agrée)

[10] Rapporté par Abou Ya’la selon Jabir et Tirmidhi, Tabarani selon Ibn Mess’oud – Hadith classé authentique (sahih)

[11] Rapporté par al-Bukhari

Pour plus d’informations voir le dossier complet :

 

A propos du hadith des 73 sectes et du Groupe sauvé

 

 

Preuves que l’obéissance au prophète est une obéissance à Dieu


Par l’imam Djalâl ad-Dîn As-Suyûtî

 

 

Mohamed

 

 

Dieu a dit : « Ceux qui te prêtent serment d’allégeance (réf au Prophète) ne font que prêter serment à Dieu. » [1]

Et Il a dit aussi : « Quiconque obéit au Messager aura obéi à Dieu » [2]

Al-Shâfi’î commente : « Dieu leur a fait savoir que l’allégeance à Son prophète était une allégeance à Lui et que l’obéissance à ses ordres était une obéissance à Lui. »

Dieu a dit encore : « J’en jure par ton Dieu, ils ne croiront point avant de t’avoir établi comme arbitre de leurs différends. Ta décision lèvera leurs doutes et ils acquiesceront d’eux-mêmes » [3]

Al-Shâfi’î commente : « Il nous a été rapporté, wa-llâhu a’lam, que ce verset a été révélé à la suite d’un litige entre Zubayr et un autre homme, litige lors duquel le prophète ﷺ avait tranché en faveur de Zubayr. Et ce jugement du prophète est une Sunna et non pas un texte précis du Coran. »

Bukhârî et Muslim rapportent en effet par le biais de ‘Abdullah Ibn Zubayr qu’un homme parmi les « soutiens » (Al-ansâr) s’était disputé avec son père au sujet du cours d’eau qui descendait des collines et qui leur servait pour l’irrigation des palmeraies. L’homme dit à Zubayr : « Laisse libre cours à l’écoulement de l’eau ! » Mais Zubayr refusait. Et lorsqu’ils portèrent leur litige devant le prophète, ce dernier dit à Zubayr : « Irrigue tes terres puis laisse l’eau couler chez ton voisin. »

L’homme dit alors : « Ô messager de Dieu ! Serait-ce parce qu’il est ton cousin ! » Alors, rouge de colère, le prophète dit à Zubayr : « Irrigue tes terres puis empêche l’eau de dévaler. »

Zubayr disait : « Par Dieu! Je suppose que ce verset a été révélé à cette occasion. »

Bukhârî et Muslim rapportent aussi par le biais de Abû Hurayra que le prophète ﷺ a dit : « Celui qui m’obéit, obéit à Dieu et celui qui me désobéit, désobéit à Dieu. »

Bukhârî rapporte selon Djâbir Ibn ‘Abdillâh que des Anges vinrent chez le Prophète ﷺ alors qu’il dormait. Certains dirent: « Il dort! » Mais d’autres ont répondu: « Ses yeux dorment mais son cœur est éveillé. » Et ils ajoutèrent : « Donnez à votre compagnon la parabole qui lui convient. » Les premiers renchérirent : « Il dort ! » Mais les seconds assurèrent : « Ses yeux dorment mais son cœur est éveillé. » Ils dirent : « Son exemple est celui d’un homme qui a bâti une somptueuse demeure et y a organisé un banquet; puis il a chargé un annonciateur d’inviter les gens. Celui qui répond donc à l’invitation de l’annonciateur entrera dans la demeure et mangera du repas et celui qui n’y répond pas n’entrera pas dans la demeure et ne mangera pas du repas! » Ils dirent : « Interprétez-la lui afin qu’il comprenne ! » Ils dirent : « Il dort ! » Mais les autres rassurèrent : « Ses yeux dorment mais son cœur est éveillé. » Ils dirent : « La demeure : c’est le Paradis et l’annonciateur : c’est Muhammad ! Celui qui obéit à Muhammad obéit à Dieu et celui qui désobéit à Muhammad désobéit à Dieu. Muhammad est celui qui sépare entre les hommes. »

Bukhârî rapporte aussi par le biais de Abû Hurayra que le Prophète ﷺ a dit : « Toute ma communauté entrera au Paradis sauf celui qui refuse !» Ses compagnons s’exclamèrent: « Mais qui osera refuser ô messager de Dieu? » Il dit: « Celui qui m’obéit entrera au Paradis et celui qui me désobéit le refuse. »

Al-Shâfi’î ajoute parmi les preuves coraniques le verset qui dit : « Ne considérez pas l’appel du messager comme un appel que vous vous adresseriez les uns aux autres. Dieu connaît certes ceux des vôtres qui s’en vont secrètement en s’entre cachant, Que ceux, donc, qui s’opposent à son commandement prennent garde qu’un malheur (fitna) ne les atteigne, ou que ne les atteigne un châtiment douloureux » [4]

Et Al-Bayhaqî rapporte que Sufiân disait en guise d’interprétation de la « fitna » : « Dieu scellera leurs cœurs. »

Bukhârî et Muslim rapportent qu’Ibn Mas’ûd disait : « Que Dieu maudisse celles qui tatouent et celles qui se font tatouer, et celles qui s’épilent les sourcils, et celles qui espacent leurs dents pour se faire belles, celles qui modifient en elles la création de Dieu. »

Et lorsqu’une certaine Ummu Ya’qûb entendit ses propos, elle vint à lui et lui dit : « J’ai entendu dire que tu soutenais telle et telle chose!» Il répondit: « Et qui m’empêcherait de maudire celles que le prophète a maudites, et que le Coran mentionne? » La femme lui rétorqua: « J’ai lu le Livre du début à la fin et je n’ai pas trouvé pareille chose ! » Il lui répondit: « Si tu avais médité dans ta lecture tu l’aurais alors trouvée ! N’as-tu pas considéré le verset qui dit : « Prenez ce que le Messager vous donne, et ce qu’il vous interdit, abstenez-vous en » [5] Et bien, le Prophète a interdit ces choses-là. »

Al-Shâfi’î a dit aussi : « Dieu a clarifié le fait que le prophète guide les gens dans le droit chemin, Il a dit : « En vérité tu guides vers un chemin droit, le chemin de Dieu. » [6]

Al-Shâfi’î ajoute : « Et le devoir de lui obéir est tout aussi formel pour ceux qui l’ont vu que pour ceux qui sont venus après. »

Al-Bayhaqî rapporte que Maymûn Ibn Mahrân disait en guise d’interprétation du verset suivant : « Portez vos différends devant Dieu et Son messager, si vous croyez en Dieu et au jour dernier. » [7]

« Porter les différents devant Dieu, c’est-à-dire devant Son Livre et les porter devant le prophète après sa mort, c’est-à-dire devant sa Sunna. »

Al-Bayhaqî a ensuite cité le hadith rapporté par Abû Dâwûd selon Abû Râfi’ qui dit que le Prophète ﷺ a dit : « Que je ne prenne l’un de vous assis sur son siège, et lorsqu’on lui rapporte mes propos ordonnant une chose ou interdisant une autre, il répond: « Je n’en suis pas sûr ! Je préfère m’en tenir au Coran ! »

Al-Shâfi’î commente : « Ce hadith ratifie l’argumentation de la Sunna et avise de l’obligation de se conformer à elle même si on ne trouve pas sur le sujet un texte du Coran qui l’atteste. »

Al-Bayhaqî a aussi cité le hadith rapporté par Abû Dâwûd selon ‘Irbâd Ibn Sâriya qui dit : « Lorsque nous nous sommes établis à Khaybar [8], son chef, qui était imberbe et laid, est venu voir le Prophète  et lui dit : « Ô Muhammad ! Vous est-il permis d’égorger nos bêtes, de manger nos provisions et de battre nos femmes ? » Le Prophète s’est alors fâché et lança : « Ô Ibn ‘Awf ! Monte sur ton cheval et appelle les gens à se rassembler pour la prière. » Puis, une fois les gens rassemblés et la prière terminée, il se leva et dit : « Est-ce que l’un de vous, bien installé sur son siège, croirait-il que Dieu n’a interdit que ce qui est indiqué dans le Coran ? Sachez, par Dieu, que j’ai ordonné, exhorté et interdit des choses qui sont aussi nombreuses que celles contenues dans le Coran, sinon plus. Et Dieu ne vous a certainement pas permis d’entrer dans les demeures des gens du Livre sans leur permission, ni de frapper leurs femmes, ni de manger leurs provisions du moment qu’ils payent leur tribut. »

Notes :

[1] Coran, chap. 48, vers. 10
[2] Coran, chap. 4, vers. 80
[3] Coran, chap. 4, vers. 65
[4] Coran, chap. 24, vers. 63
[5] Coran, chap. 59, vers. 7
[6] Coran, chap. 42, vers. 52 et 53
[7] Coran, chap. 4, vers. 59
[8] Ville d’Arabie à environ cent-cinquante kilomètres de Médine. Elle était du temps du prophète le fief des juifs qui avaient manigancé en l’an 5H (626) la fameuse coalition armée judéo païenne contre les musulmans.

Le bon caractère du Prophète Muhammad

Extrait d’Al-Chamael al-Mohammadiya

Al-Hâfizh At-Tirmidhî

 

ProphetMuhammad

 

 

D’après Kbârija, fils de Zeyd ben Thâbet, des hommes entrèrent chez Zeyd ben Thâbet et lui Dirent :  » Parle-nous de hadiths de l’Envoyé de Dieu. De quel hadith pourrais-je vous parler? J’étais son voisin. Lorsque la Révélation descendait sur lui, il me faisait appeler et j’écrivais celle-ci. Lorsque nous évoquions le bas-monde, il l’évoquait avec nous. Lorsque nous évoquions la vie dernière, il l’évoquait avec nous. Lorsque nous parlions de nourriture, il en parlait avec nous. Tout cela peut vous donner une idée sur le Prophète. « ‘Amrou ben al-‘Aç a dit :  » L’Envoyé de Dieu lorsqu’il s’exprimait, adressait son regard et ses paroles aux moins méritants, afin de les amadouer. Ainsi [1], il tournait sa face vers moi, en même temps qu’il s’exprimait, au point que je pensai que j’étais le meilleur de tous, et j’en vins à lui demander :- Messager de Dieu ! qui est meilleur, moi ou Abou Bakr?
– Abou Bakr, répondit-il.
– Messager de Dieu ! qui est meilleur, moi ou ‘Omar?
– ‘Omar.
– Messager de Dieu ! qui est meilleur, moi ou ‘Othmân?
– ‘Othmân.
Après avoir ainsi interrogé le Prophète qui me répondit avec cette franchise, je souhaitais ne pas lui avoir demandé cela. « Anas ben Mâlik [2] a dit :  » J’ai servi le Prophète de Dieu pendant dix ans. Il ne m’a guère dit une seule fois » fi  » ( » ouf »), ni m’a dit d’une chose que je fis, pourquoi l’as-tu faite, ni d’une chose que je délaissai, pourquoi l’as-tu délaissée. Le Prophète était de ceux qui avaient le meilleur caractère. Je n’ai guère touché de martre (khazz [3]) ni de soie ni autre chose plus douce que la main du Messager de Dieu. Je n’ai guère senti de musc ni d’autre parfum plus agréable que la sueur du Prophète.  »

D’après Anas ben Mâlik :  » Il y avait en présence de l’Envoyé de Dieu un homme ayant sur lui une trace jaune (de safran). Or, le Prophète n’osait pas s’adresser à une personne par ce qui pouvait la contrarier. Ainsi, lorsque cet homme se leva et partit, il dit à ceux qui étaient présents :  » Si seulement vous lui disiez de délaisser le jaune (du safran [4]).  »

D’après ‘Aïcha :  » Le Messager de Dieu n’était ni grossier de caractère ni se rendait grossier, et n’était point crieur dans les souks. Il ne rendait pas la mauvaise action par une mauvaise, mais pardonnait et effaçait.  »

‘Aïcha a de même relaté :  » L’Envoyé de Dieu n’a rien frappé de sa main, sauf lorsqu’il faisait le djihad dans la voie de Dieu. Il n’a jamais frappé un serviteur ou une femme.  »

D’après ‘Aïcha :  » Je n’ai jamais vu le Prophète essayer d’avoir gain de cause pour ce qui est d’une injustice le touchant, tant que les interdits de Dieu n’étaient en rien violés. Mais si on portait atteinte à ceux-ci, il se montrait le plus irrité vis-à-vis de cela. Il ne lui a point été donné de choisir entre deux choses qu’il n’ait choisi la plus facile, tant que celle-ci n’était point un péché.  »

‘Aïcha a déclaré :  » Un homme demanda à entrer auprès de l’Envoyé de Dieu alors que je me trouvais chez lui.
Il dit alors : – Quel mauvais fils, ou quel mauvais frère, pour les siens!
Suite à quoi, il l’autorisa à entrer et lui tint des propos bienveillants.
Lorsque l’homme sortit, je demandai : – Messager de Dieu ! tu as dit ce que tu as dit [sur cet homme], puis tu lui as tenu des propos bienveillants. Il répondit:
– ‘Aicha, la personne la plus néfaste est celle que les gens évitent, ou dont ils s’écartent, de crainte de sa grossièreté.  »

D’après al-Hasan ben ‘Ali :  » Al-Houseyn (mon frère) ben ‘Ali a dit: – J’ai demandé à mon père quelle était la conduite du Prophète avec ceux qui s’asseyaient avec lui. Il répondit :
– Le Messager de Dieu était toujours souriant, de nature accommodante et était bienveillant. Il n’était ni rustre, ni dur, ni crieur, ni grossier, ni dénigreur, ni difficile. Il ne prêtait guère attention à ce qui n’avait pas d’intérêt. On ne désespérait pas de lui et il ne décevait pas.
Il y a trois choses dont il s’abstenait: la contradiction, l’excès [5] et ce qui ne le regardait pas. Il s’est abstenu de même de trois choses, pour ce qui concerne les gens : il ne critiquait ni dénigrait personne ; il ne cherchait à dévoiler l’intimité de personne ; il ne parlait que pour ce dont on espère une rétribution divine.
Lorsqu’il parlait, les assistants restaient totalement silencieux ; on aurait dit que les oiseaux étaient sur leurs têtes. Lorsqu’il se taisait, ils parlaient alors. Ils ne s’opposaient jamais en sa présence. Quand l’un d’entre eux s’exprimait, ils restaient silencieux jusqu’à ce qu’il termine. Leur propos auprès de lui restait (attractif) comme celui du premier d’entre eux à avoir parler.
Il riait en même temps que leur rire et s’étonnait en même temps que leur étonnement. Il prenait patience avec les étrangers lorsque leur langage et leurs demandes semblaient rudes, et ses Compagnons les faisaient venir [6].
Il disait;  » Lorsque vous voyez quelqu’un demander à ce qu’on réponde à sa nécessité, assistez-le ! « .
Il n’acceptait d’éloge que de quelqu’un qui marquait ainsi un geste réciproque au sien. Il ne coupait la parole à personne, sauf en cas de transgression où il l’interrompait alors en l’interdisant ou en se levant.  »

D’après Mohammad ben al-Mounkader :  » J’ai entendu Jâber ben ‘Abdallah dire ; – On n’a guère demandé quelque chose à l’Envoyé de Dieu où il ait répondu par «  non ».  »

Ibn ‘Abbas a dit :  » Le Messager de Dieu était le plus généreux en bienfaits. C’est durant le mois de ramadan, jusqu’à son terme, qu’il l’était le plus. Gabriel venait alors le trouver et lui faisait réviser le Coran, et lorsque Gabriel le rencontrait, le Prophète était plus généreux que le vent bénéfique.  »

Anas ben Mâlik a relaté :  » Le Prophète ne mettait rien en réserve pour le lendemain.  »

D’après ‘Omar ibn al-Khattab :  » un homme vint trouver le Prophète et lui demanda de lui donner quelque chose. Il lui répondit ; – Je n’ai rien, mais cependant, achète sur mon compte et lorsque des ressources me parviendront, je réglerai.
‘Omar dit ; – Messager de Dieu ! tu lui as déjà donné. Dieu ne t’a guère chargé de ce qui n’est pas dans ta possibilité.
Le Prophète n’apprécia pas les propos d’Omar. Un homme des Ançar dit alors ; – Envoyé de Dieu ! fais généreuse dépense et ne crains pas de pauvreté, eu égard au Seigneur du Trône!
Le Prophète sourit et on pouvait voir le contentement sur son visage, suite aux paroles de l’Ançarite.
Puis il dit:
– C’est ainsi qu’on m’a commandé d’agir!  »

D’après ‘Aicha, le Prophète acceptait les cadeaux et les rétribuait.

 

Notes :

[1] ‘Amrou (m. en Égypte, 43 H/663). Il avait adhéré à l’islam en l’an 8 H. D’une intelligence et d’une habileté légendaire, les Qoreych l’avait notamment envoyé comme ambassadeur auprès du Négus, pour demander l’extradition des premiers émigrés musulmans en Abyssinie. Le Prophète le nomma comme émir à l’expédition de Dhât al-Salâsil (8 H.) et gouverneur à Oman. Plus tard, il fut gouverneur de Palestine puis d’Égypte, sous ‘Omar, puis Mo’awia.

[2] Anas ben Mâlik (m. à Basra, 93H1712) fut mis par sa mère Oum Souleym au service du Prophète, à dix ans. De nombreux hadiths (2286, dont les variantes d’un même hadith) ont ainsi été rapportés par son intermédiaire.

[3] Le terme désigne aussi la soie grège, la bourrette ou l’étoffe en soie et laine (telle la popeline).

[4] Son utilisation par les hommes, sur la peau ou les habits, ayant le caractère » non-appréciable » (makrouh). Deux explications y sont données: c’était un parfum pour femmes; sa couleur jaune. Cf. Fath al-Bâri, T.I0, had. 5846.

[5] L’excès (al-ikthâr) d’argent ou de paroles. Dans une autre relation, il y a le terme al-ikbâr, signifiant la condescendance.

[6] Ils souhaitaient profiter des questions que posaient les bédouins venant à Médine.

Le train de vie du Prophète Muhammad 

Extrait d’Al-Chamael al-Mohammadiya d’Al-Hâfizh At-Tirmidhî [1]

 

 

muhammad_alayhi_s-salam

 

 

D’après Mohammad ben Sîrîn :  » Nous étions chez Abou Houreyra – que Dieu l’ait en son agrément ; il portait deux vêtements en lin, teints à l’argile rouge. Il se moucha dans l’un des deux et dit :  » Vous vous rendez compte !Abou Houreyra se mouche dans du lin ! Il m’arrivait autrefois de tomber évanoui entre le minbar du Messager de Dieu (salallahou ‘alayhi wassalaam) et l’appartement de ‘Aicha – que Dieu l’ait en son agrément ; quelqu’un venait alors mettre son pied sur mon cou, en s’imaginant que j’étais pris d’un accès de folie. Or, ce n’était guère la folie, mais seulement la faim ! « Mâlik ben Dinar a rapporté :  » L’Envoyé de Dieu ne s’est guère rassasié de pain ni de viande, sauf lorsqu’il en mangeait avec de nombreuses personnes (‘ala dafaf). Mâlik ben Dinar ajoute:  » J’ai demandé à un homme parmi les bédouins ce qu’était dafaf. Il répondit :
– Cela signifie de prendre son repas avec les gens. »

D’après Simâk ben Harb :  » J’ai entendu al-No’mân ben Bachîr dire : – N’avez-vous donc pas de nourriture et de boisson comme vous en voulez ? J’ai vu votre Prophète – alors qu’il ne trouvait point comme dattes dures de quoi remplir son ventre ! « 

‘Aicha a dit :  » Nous restions, la Famille de Mohammad, un mois sans allumer un feu. Il n’y avait que des dattes et de l’eau. « 

Abou Talba a relaté :  » Nous nous plaignîmes de la faim auprès du Messager de Dieu et chacun montra qu’il mettait contre son ventre une pierre. Le Prophète montra alors deux pierres qu’il avait sur le ventre. « 

Abou ‘Ysa (at-Tirmidhi) note:  » Ce hadith est de caractère » singulier »(gharîb [2]), au niveau d’Abou Talha. Nous ne le connaissons que par cette voie. Le sens de ses termes:  » chacun montra qu’il mettait contre son ventre une pierre « , est qu’ils serraient une pierre à leur ventre du fait de l’effort et de la faiblesse qu’ils enduraient, en raison de la faim. « 

D’après Abou Houreyra : «  Le Prophète sortit à une heure où il n’avait pas l’habitude de sortir [3] et où personne ne venait le trouver. Or, Abou Bakr arriva à sa rencontre et il lui dit:  » Qu’est-ce qui t’a fait venir, ô Abou Bakr ?
– Je suis sorti en comptant trouver le Messager de Dieu, regarder son visage et le saluer. Peu après lui, vint ‘Omar. Il lui demanda aussi :
– Qu’est-ce qui t’a fait venir, ô ‘Omar?
– La faim, ô Messager de Dieu !
– Moi aussi, dit le Prophète, j’ai ressenti une part de cela. Ils allèrent alors vers le domicile d’Abou al-Haytham ben al-Tayhân l’Ançarite. C’était un homme qui possédait de nombreux dattiers et beaucoup de bétail, mais qui n’avait pas de serviteurs ; c’est pourquoi, ils ne le trouvèrent pas. Ils demandèrent à sa femme : – Où est ton compagnon ?
– Il est parti nous chercher de l’eau douce.
Ils n’attendirent guère longtemps qu’Abou al-Haytham arriva avec une outre dont le poids le faisait tituber. Il la posa, puis vint serrer le Prophète entre ses bras, en disant :
– Que mon père et ma mère soient ta rançon !
Puis, il les emmena dans son clos, étendit pour eux un tapis sur le sol et se dirigea vers un palmier dont il cueillit un régime de dattes qu’il déposa devant eux.
Le Prophète dit alors : « Pourquoi n’as-tu point choisi parmi ceux qui sont tous mûrs ? »
– J’ai voulu, ô Messager de Dieu, que vous choisissiez vous-mêmes entre les dattes mûres et celles qui le sont moins. Ils mangèrent alors et burent de l’eau dont nous avons parlé; le Prophète dit ensuite : « Cela, par Celui qui détient mon âme en Sa Main, fait partie des bienfaits dont vous serez interrogés, le jour de la Résurrection ; ombre rafraîchissante, dattes excellentes et eau fraiche ! »
Abou al-Haytham alla ensuite leur préparer un repas.
Le Prophète dit alors :
– N’égorge point de bête laitière pour nous!
Il immola alors une chevrette ou un chevreau à leur intention, puis vint avec par la suite, et ils mangèrent. Après quoi, le Prophète lui demanda :
– As-tu un serviteur ?
– Non, répondit-il.
– Lorsque des captifs nous seront amenés, viens nous trouver, ajouta le Prophète
Après cela, on amena deux captifs au Prophète et Abou al-Haytham vint le voir.
Le Prophète lui dit alors : « Choisis entre eux deux ! »
– Ô Envoyé de Dieu ! choisis pour moi.
– Celui à qui on demande conseil doit être digne de la confiance mise en lui. Prends celui-là ! Je l’ai vu faire la prière. Traite-le de manière convenable.
Abou al-Haytham alla trouver son épouse et la mit au courant des propos du Messager de Dieu. Elle lui dit alors :
– Tu ne parviendras à appliquer vraiment ce que le Prophète a dit à son sujet que si tu l’affranchis.
– Qu’il soit affranchi! dit alors Abou al-Haytham.
Le Prophète dit alors : « Dieu n’a suscité de prophète ou de souverain sans qu’ils n’aient deux sortes d’entourage. Un entourage qui leur recommande le bien et leur interdit le mal et un entourage qui ne manque pas de vouloir les corrompre. Celui qui est préservé de l’entourage pernicieux, celui là aura été sauvegardé. »

Qays ben Hâzem a relaté qu’il entendit Sa’d ben Abi Waqqâç dire : «  Je suis le premier homme à avoir fait couler du sang dans la voie de Dieu [4], le premier homme à avoir tiré une flèche dans la voie de Dieu. Or, il m’arrivait d’être en expédition avec un groupe de Compagnons de Mohammad et nous ne mangions alors que des feuilles d’arbre et des gousses d’acacia, au point que les commissures de nos lèvres devenaient ulcéreuses et que les selles de certains d’entre nous ressemblaient à ce qu’expulsent le mouton et le chameau. Et maintenant, les Banou Asad me font des remontrances sur ma religion, auquel cas (s’ils disaient vrai) ce serait mon malheur, ma perte et la ruine de mes actes [5]! « 

D’après ‘Amrou ben ‘Ysa al-iAdun : « j’ai entendu Khâled ben ‘Omeyr et Chouweys Abou Raqqâd relater :
– ‘Omar ben al-Khattab envoya en mission ‘Otba ben Ghazwân et lui dit:
– Cheminez, toi et ceux qui sont avec toi, jusqu’à ce que vous atteigniez l’extrémité de la terre des Arabes et la région la plus proche du pays non arabe …
Ils se mirent donc en route jusqu’à ce qu’ils parvinrent à al-Mirbad où ils remarquèrent comme de la roche tendre et blanche ; ils se dirent alors :
– Qu’est-ce donc que cela ?
– De la roche gypseuse (al-baçra [6]), dirent certains. « 
Puis ils poursuivirent leur chemin jusqu’à proximité du Petit pont.
– Voilà le lieu qui vous a été stipulé ! affirmèrent-ils. Et ils y descendirent alors …
[Ceux qui l’ont rapporté ont mentionné ensuite toutes les circonstances de ce récit …[7]]
…’Otba ben Ghazwân dit : « Alors que je fus le septième à suivre le Prophète de Dieu, il arrivait que nous n’avions à manger que des feuilles d’arbres, au point que les commissures de nos lèvres devenaient ulcéreuses. Il m’arriva aussi de trouver une pèlerine (bourda) que je décidai de partager en deux avec Sa’d (ben Abi Waqqâç). Aujourd’hui, il n’y a pas un seul d’entre nous sept qui ne soit gouverneur d’une province. Plus tard, vous pourrez voir comment agiront les autres gouverneurs. »

Anas a relaté : « L’Envoyé de Dieu a dit :  » Dans la voie de Dieu, j’ai été inquiété pendant que personne ne l’était et subi des torts pendant que nul n’en subissait. J’ai connu trente jours consécutifs pendant lesquels ni moi ni Bilal n’avions à manger ce dont se nourrit une créature ayant un foie, sauf une quantité (si petite) que l’aisselle de Bilal aurait pu cacher. »

D’après Anas ben Mâlik, il ne s’est pas trouvé chez le Prophète de déjeuner ou de dîner où le pain et la viande furent réunis, sauf lorsqu’il y avait de nombreux convives (‘ala dafaf).

‘Abdallah (ben ‘Abd al-Rabmân al-Dârimî) note (à propos de ‘ala dafaf) : « On l’explique par la présence de nombreuses personnes au repas. »

Nawfal ben lyas al-Hodbali a déclaré : «  On s’asseyait souvent en présence de ‘Abd al-Rahmân ben ‘Awf [8]et quelle belle compagnie que la sienne!
Un jour qu’il nous emmena chez lui, nous entrâmes donc et lui à notre suite. Il alla se laver puis revint. On nous apporta un grand plat contenant du pain et de la viande. Lorsqu’il fut posé, ‘Abd al-Rahmân pleura. Je lui demandai :  » Ô Abou Mohammad ! qu’est-ce qui te fait pleurer?
– Le Messager de Dieu est mort, répondit-il, alors que ni lui ni les gens de sa Maison ne se rassasièrent de pain d’orge. Je ne pense donc pas qu’on nous ait laissés encore (après eux) pour ce qui est préférable pour nous. « 

 

Notes :

[1] Disponible en français sous le titre : Les Qualités sublimes du Prophète Mohammad (La morale du Prophète)
[2] C’est le hadith qui, à au moins un niveau de sa chaîne de transmission, n’est rapporté que par une seule personne. Ici, seul Abou Talha (au niveau de la génération des Compagnons, dans la chaîne) a relaté le hadith.
[3] Les détails du hadith et les habitudes du pays semblent indiquer qu’il s’agit de l’heure suivant la prière du début d’après midi (dhohr).
[4] Aux premiers temps de la prophétie, à la Mecque, Sa’d, qui faisait clandestinement la prière avec un groupe de croyants, avait blessé avec une mâchoire de chameau un des polythéistes qui tentaient de les en empêcher.
[5] Sa’d ben Abi Waqqâç (m. à Médine, en 55H/675), un des dix Compagnons à qui le Prophète r fit l’annonce du paradis, participa à toutes les batailles avec lui, et plus tard, à la conquête de l’Iraq et de la Perse. Le hadith fait allusion aux critiques tendancieuses dont il fut l’objet lorsqu’il fut gouverneur d’al-Koufa, sous ‘Omar.
[6] Une des définitions d’al-baçra, qui peut être aussi de l’alabastrite ou du tuffeau blanc.
[7] Al-Tirmidhi se limitant au sujet du chapitre en cours. ‘Omar avait envoyé ce détachement pour fonder une ville garnison qui prit le nom d’al-Baçra (au sud de l’Iraq), comme il est fait allusion dans ce hadith.
[8] Un des dix Compagnons à qui Je Prophète r fit l‘annonce du paradis. Il mourut à Médine, en 32H.