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L’exagération dans les éloges sur le Prophète

 

Sheykh Muhammad ibn ‘Alawi al-Mâlikî al-Hassanî [1] [2]

 

 

Eloges Prophète

 

 

Certains ont compris la parole du Prophète ﷺ : « Ne me prodiguez pas d’éloges excessifs comme l’ont fait les chrétiens pour Jésus », comme étant une interdiction de lui faire des éloges ﷺ et ont considéré que tout éloge est exagération exécrable faisant tomber dans le polythéisme. Ils estiment donc que toute personne lui faisant des éloges le distinguant des autres êtres humains et citant ses particularités, est hérétique et irrespectueuse de la Sunnah du Maître des Envoyés.

Cette approche est complètement fallacieuse et démontre un manque de lucidité chez celui qui la soutient, car le Prophète ﷺ a interdit de lui prodiguer des éloges comme ceux faits par Chrétiens pour Jésus lorsqu’ils ont affirmé qu’il était fils de Dieu.

Ce qui veut dire que celui qui décrit le Prophète ﷺ comme les chrétiens ont décrit leur Prophète, devient connue eux.

Par contre celui qui fait son éloge en lui attribuant des qualités qui ne le détachent pas de la vérité humaine et donc de son adamisme et qui est convaincu qu’il est le serviteur de Dieu et Son Messager, est à considérer comme un homme dont la conviction en l’Unicité de Dieu, est des plus parfaites.

Le poète dit à ce propos :

« Laisse ce que les Chrétiens ont prétendu à propos de leur Prophète et prodigue lui les éloges que tu veux. Car le mérite du Messager de Dieu n’a pas de limite. On ne peut l’exprimer par la parole. Le summum du savoir le concernant, c’est que c’est un être humain et qu’Il est la meilleure de toutes les créatures de Dieu. »

D’ailleurs Dieu lui même à fait l’éloge de Son Prophète l’Elu ﷺ en disant : « d’un caractère sublime ».

Dieu nous a également ordonné la politesse lorsque nous nous adressons au Prophète, ou nous lui répondons : « Ô vous qui avez cru, n’élevez pas vos voix au dessus de celle du Prophète ».

Dieu nous a aussi interdit de nous comporter avec lui de la même manière que nous nous comportons les uns envers les autres ou de l’appeler de la même façon que nous nous appelons les uns les autres. Il a même critiqué ceux le traitent sur un pied d’égalité avec les autres en disant : « Ceux qui t’appellent (à grands cris) de derrière tes appartements, sont pour la plupart des insensés ».

D’ailleurs, les nobles compagnons du Prophète ﷺ faisaient ses éloges en poésie et en prose.

Ainsi, le grand poète Hassâne ibn Thâbit (RAA) a fait l’éloge du Prophète dans plusieurs poèmes dont nous citons quelques passages :

« Dieu a joint à Son Nom, celui du Prophète, en appelant à la prière le ‘Muezzine’ [3] a attesté de cela. Ô appui de celui qui en a besoin et refuge de celui qui cherche asile, Secours et protecteur de celui qui cherche protection ».

Safia, la fille d’Abdalmouttalib, dans un éloge funèbre à la suite de la mort du Prophète ﷺ a dit :

« Ô Messager de Dieu ! Tu étais notre espoir, et tu étais clément vis-à-vis de nous et tu ne nous a jamais éloignés de toi, Tu étais miséricordieux, guide et enseignant, Que te pleure aujourd’hui tout pleureur ».

Ka’b ibn Zouhayr, faisant l’éloge du Prophète a dit :

« Le Messager est une lumière éclairante, C’est l’épée puissante de Dieu ».

Dans une version, le Prophète ayant entendu le dernier vers a enlevé sa cape et l’a mise sur les épaules du Poète.

Le Prophète ﷺ a même fait ses propres éloges en disant :

– Je suis le meilleur des gens de la droite (Paradis),
– Je suis le meilleur des Prédécesseurs,
– Je suis le plus vertueux des fils d’Adam et le plus noble d’entre eux auprès de Dieu, sans orgueil. [4]

Il a aussi dit :

« Aucun de mes ancêtres n’a connu de rapport sexuel illégal » [5]

L’ange Gabriel (sur lui le salut) a dit :

« J’ai parcouru la terre d’Est en Ouest et je n’ai pas vu un homme meilleur que Muhammad, ni de parents meilleurs que Banû Hachim » [6]

D’après Anas (RAA) :

« La nuit du voyage nocturne, le Prophète voulut monter sur le dos du ‘Bourâqa’ [7], ce dernier se refusa, Gabriel lui dit : Comment oses -tu faire cela avec Mouhammad? Tu n’as jamais porté sur ton dos plus noble que lui auprès de Dieu. Le Bourâq se mit alors à suer très fort ». [8]

Dans un hadith cité par Abou Sa’id, le Messager de Dieu ﷺ a dit:

« Je serai le seigneur des fils d’Adam le jour de la résurrection, je le dis sans orgueil, entre mes mains sera l’étendard de louange, je le dis sans orgueil. Tous les Prophètes, ce jour là, à commencer par Adam, seront sous mon étendard, je serai le premier qui sortira de sous la terre, je le dis sans orgueil » [9]

D’après Anas, le Messager de Dieu ﷺ a dit :

« Lors de la résurrection, je serai le premier des hommes à sortir, en résurrection je serai le chef des ressuscités dans leur marche, leur orateur lorsqu’ils écouteront, leur intercesseur lorsqu’ils seront emprisonnés et leur réconfort lorsqu’ils auront perdu espoir. Ce jour, la dignité et les clefs seront entre mes mains ainsi que l’étendard des louanges. Et je serai le plus noble des fils d’Adam auprès de Dieu, je serai entouré de mille serviteurs semblables à des perles éparpillées » [10]

Enfin, d’après Abou Hourayra, le Prophète ﷺ a dit :

« Je serai le premier à émerger de la terre, on me vêtira d’un habit du Paradis, puis je me tiendrai à la droite du Trône divin, personne d’autre que moi n’atteindra cette position » [11]

Et Allâh est plus Savant.

 

Notes :

[1] Lire la bibliographie du Sheykh Muhammad ibn ‘Alawi al-Mâlikî al-Hassanî
[2] Tiré de l’ouvrage « Acceptions à corriger »
[3] Celui qui appelle à la prière
[4] Cité par At-Thirmidhi et Ad-Darami
[5] Rapporté par ibn ‘Umar al ‘Yni dans son Musnad
[6] Rapporté par Al-Bayhaqi, Abu Nu’ayme, At-Tabarani d’après ‘Aïsha – Que Dieu l’agrée –
[7] Monture envoyée par Allâh pour porter le Prophète
[8] Rapporté par les deux Sheykh (Bukhari et Muslim)
[9] Rapporté par At-Thirmidhi qui a affirmé son authenticité
[10] Rapporté par At-Thirmidhi et Ad-Darami
[11] Rapporté par At-Thirmidhi qui l’a qualifié d’authentique

Les Signes de l’Amour Véritable

 

Les Signes de l’Amour Véritable

 

 

BismiLlâhi ar-Rahmani ar-Rahim,

Quelles sont donc les signes de l’Amour véritable ?

Un de ces signes, c’est que dans cet amour, on désire avoir des partenaires, c’est-à-dire des gens avec qui partager cet amour. Tandis que dans l’amour qui est faux, on ne désire pas avoir de partenaires. Par exemple, si une personne affirme aimer Allâh Subḥānahu wa ta’āla, elle voudra aussi que les autres aiment Allâh. Elle ne dira pas « oh non, non, non je veux que personne d’autre aime Allâh ». Le véritable amour possède cette caractéristique qu’on désire que les autres en profitent et qu’on les encourage.

L’amour de Rassoul Allâh (salallâhou ‘alayhi wassalaam) est un exemple de cet amour véritable ; on désire que les gens partagent cet amour avec nous.

Mais quand il s’agit d’un amour qui est faux, on ne désire pas le partager. Si on nous donne de l’argent, disons… un million d’euros, allons-nous appeler les gens « allez, venez tous partager avec moi » ? Bien sur que non, car en vérité ce n’est pas un amour véritable, c’est un amour cupide. Si un homme célibataire trouve une femme magnifique, intelligente et pieuse en âge de se marier, va-t-il faire une annonce « qu’elle femme merveilleuse, qui veut se marier avec elle ? » Assurément, il essayera plutôt de rester discret et tentera avant tout de se marier avec elle.

On aime tous nos parents, et on désire que les autres les aiment et les respectent.  Il en va de même pour le Qour’an, pour les Awliyas, pour les Pieux, etc…

Le second signe qui caractérise le véritable amour, c’est que l’amoureux cherche à satisfaire qui il aime et non à se satisfaire lui-même. Dans l’amour qui est faux, on désire pour soi : « Que vas-tu m’apporter ? Beauté, temps, argent, image, notoriété… ? » Dans l’amour véritable, on ne cherche pas à recevoir mais à donner à celui ou à celle que l’on aime.

Saydinna Bilal ainsi que d’autres compagnons (qu’Allâh les agréés tous), avaient un amour véritable pour Rassoul Allâh (salallâhou ‘alayhi wassalaam). Ils l’aimaient et appréciaient plus que tout être en sa compagnie et tous voulaient  être enterrés à ses côtés à Médine. Mais ils savaient que le Prophète souhaitait que le Message de l’Islam se répande aux quatre coins du monde. C’est pourquoi vous trouvez des Compagnons enterrés en Syrie, en Turquie, en Chine ou ailleurs. La raison en est qu’ils avaient cet amour véritable et par conséquent, malgré leur immense souhait de rester aux côtés du Messager d’Allâh, ils sacrifiaient leur volonté afin de satisfaire celle du Messager d’Allâh (salallâhou ‘alayhi wassalaam).

Qu’Allâh nous accorde l’Amour Véritable.

Mawlid Salafis

 

 

Le Mawlid des Salafis

 

Prophète Muhammad : BIDA’A !
Mohamed ibn ‘Abd al-Wahhab : HALAL !

 

 

 

BismiLlâhi ar-Rahman ar-Rahim,

Comme nous l’avons vu dans nos articles dédiés au Mawlid [1], nos frères (dits) Salafis s’opposent violemment à la commémoration de la naissance de notre bien aimé Prophète, Saydunna, Habibuna, Nabiyyuna, Mawlana Muhammad, Rassul Allâh (salaLlâhou ‘alayhi wasalaam). Dans leur grande majorité, les savants Sunnites ont vu dans cette commémoration une très bonne innovation (bida’a hassana) [2] et la plupart des grands savants ont d’ailleurs autorisé et encouragé ces célébrations [3] faites de réjouissance, de récitation du Qour’an, de Dhikr, de Sama’a, de Salawats, etc.

Pour donner un exemple de ces mises en garde contre le Mawlid, il suffit de regarder dans les ouvrages des références de la Salafiyya, comme ce livre de Bin Baz (rahimahuLlâh) intitulé « Tahdhir mina al bida’a » (mise en garde contre les innovations) où il écrit [4] :

« Commémorer la naissance du Messager d’Allâh (Mawlid) ne fait pas partie de l’Islam mais plutôt des innovations que Allah et son Messager ont ordonné de délaisser et dont il faut se méfier, il ne convient pas à celui qui est raisonnable de se laisser tromper par le grand nombre de gens qui le font partout dans d’autres pays. Parce que la vérité ne se fait pas à partir du grand nombre de ceux qui le pratiquent. »

Dans sa « fatwa », Bin Baz déclare clairement que le Mawlid est célébré partout dans le monde et par un très grand nombre de personnes, mais pour lui le nombre de Musulmans (et parmi eux bien entendu les savants) s’étant mis d’accord ne semble pas compter, malgré les nombreux hadiths qui accordent une grande importance sur le fait de rester accroché à la majorité [5].

Tandis qu’il condamnent fermement ceux qui osent commémorer la naissance du Prophète Muhammad (salaLlâhou ‘alayhi wasalaam), la meilleure créature d’Allâh, envoyée comme miséricorde pour l’Humanité [6], ces mêmes Salafis ne voient aucun problème à commémorer une semaine entière la naissance de leur maître à penser Mohamed ibn abd al-Wahhab (rahimahuLlâh), fondateur de la Wahhabiyya, groupe minoritaire en marge du monde Musulman Sunnite traditionnel.

Bizarrement, lorsqu’il s’agit de Mohamed ibn abd al-Wahhab, cette commémoration ne tombe plus sous l’appellation d’innovation interdite qui mène en enfer, mais devient soudainement une très bonne chose, comme si finalement leur définition de l’innovation ne s’appliquait que lorsqu’il est question de montrer son amour pour le Prophète Muhammad. Comme l’a si bien dit Sheykh Yahiya Rhodus : « Il n’existe pas de meilleur moyen pour détruire le Deen que d’éloigner la Ummah du Prophète ».

Ainsi, voici ce que déclara Bin Baz à l’occasion de cette semaine dédiée à commémorer la naissance de Mohamed ibn abd al-Wahhab :

« Chers frères, chers organisateurs de cette semaine, je me suis langui de votre rencontre et de ma présence parmi vous […] je remercie la famille royale, l’émir Salman fils de ‘Abdou l-‘Aziz, Émir de la région de Riyad pour sa participation à la cérémonie d’ouverture, tout comme je remercie les frères participants pour l’organisation de cette semaine, pour leurs efforts et leur collaboration. » [7]

Surprenant non? On pourrait nous rétorquer que c’est un avis isolé, mais nous allons voir que d’autres ténors de la Salafiyya ont tenu exactement la même position. Ainsi, voici ce qu’a déclaré Ibn ‘Utheymin (rahimahuLlâh) dans un de ses ouvrages intitulé « Fatawa al-‘Aqidah ».

Pour rappel, Ibn ‘Utheymin fait aussi partie de cette poignée de gens qui ont déclaré que la fête du Mawlid est une bida’a (dans le sens de la mauvaise innovation) et que c’est haram (interdit) [8], ce qui sous-entend au niveau de la Shari’ah que ceux qui le font auront mérité d’être châtiés par Allâh et que ceux qui s’en seront abstenus auront mérité d’être récompensés pour s’en être abstenus. Si Ibn ‘Utheymin considère tout à fait normal et légitime qu’un Musulman soit châtié pour s’être réjouit de la naissance du Prophète Muhammad, il ne voit par contre aucun mal à ce que les Musulmans commémorent la naissance de Mohamed ibn Abdal Wahhab et qu’ils en soient récompensés par Allâh dans l’au-delà.

Ainsi, lorsqu’on lui a posé la question sur la différence qu’il peut y avoir entre cette semaine entière consacrée à Mohamed ibn Abdal Wahhab et la commémoration de la naissance du Prophète, il a déclaré :

« Premièrement la semaine de Mohamed ibn Abdal Wahhab, n’est pas considérée comme un acte par lequel on recherche l’agrément d’Allâh. Mais c’est un acte pour lever le doute que certaines personnes peuvent avoir à son sujet, et cela montre ce dont Allâh a comblé les Musulmans par cet homme. »

« Deuxièmement, cela n’est pas quelque chose de répétitif [9] Et ça ne se perpétue pas tout comme se perpétuent les fêtes, et c’est une chose qui est évidente chez les gens. Et c’est pour faire connaître cet homme, à beaucoup de gens, à ceux qui ne le connaissent pas. » [10]

On voit nettement vers qui est portée l’attention des shuyukh Salafis et qui mérite selon eux d’être célébré et connu. Pendant une semaine ils étudieront sans sourciller la sira de cet homme, mais ils condamneront fermement et sans détour ceux qui oseront faire la même chose pour la meilleure des créatures, le Prophète Muhammad (salaLlâhou ‘alayhi wasalaam), le bien-aimé d’Allâh.

Voilà comment d’un coup, ce qui selon la définition qu’ont les Salafis de la bida’a, devrait logiquement être sévèrement blâmé et considéré comme digne du châtiment Divin, devient par « magie » une bonne innovation pour laquelle on se languit et on se réjouit. ‘Ajib !

Je vous pose la question mes frères Salafis : Quelle naissance est donc la plus digne d’être célébrée, celle de Mohamed ibn abd al-Wahhab ou celle du Prophète Muhammad (salaLlâhou ‘alayhi wasalaam)? Qui d’entre ces deux hommes mérite le plus d’être connu, honoré et aimé des Musulmans?

Qu’Allâh nous préserve du sectarisme et augmente notre amour pour celui qui est digne, Mawlana Khayr ul-Khalq, Saydunna Muhammad (salaLlâhou ‘alayhi wasalaam).

 

♡♡♡ Allâhumma salli ‘ala Saydinna Muhammad wa ‘ala ‘alihi wa as-Sahbihi wa Sallim ♡♡♡

 

Notes :

[1] Voir notre dossier consacré au Mawlid
[2] Voir notre article consacré à la définition de ce qu’est l’innovation (bida’a)
[3] Voir notre article consacré aux savants qui ont autorisé la célébration du Mawlid
[4] Voir les scans ici : 1 – 2
[5] Voir notre article sur la nécessité de suivre le Groupe majoritaire (as-Sawad al-Azam)
[6] Qour’an : s21, v107
[7] Voir les scans ici : 123 – 4
[8] Voir les scans ici : 12 – 3
[9] Cette commémoration semble pourtant se répèter chaque année
[10] Voir les scans ici : 12

Ps : Notons que d’autres commémorations sont fêtées en Arabie Saoudite, comme par exemple la fête nationale qui célèbre la naissance du royaume. Voir ici et

 

L’essence de la Daawa

 

 

DAWAA ISLAMIYA

 

 

Une nuit, au tout début de sa Prophétie, alors qu’il marchait dans La Mecque, Saydunna Muhammad (salallâhu ‘alayhi wassalaam) entendit quelqu’un pleurer dans une maison. La plupart d’entre nous, lorsque nous entendons ou voyons quelqu’un en difficulté, nous partons en courant. On se dit que ce ne sont pas nos affaires et on se cache derrière cela pour ne pas aider la personne. Mais Rassoul Allâh n’est pas comme cela, si une personne est en difficulté, il viendra l’aider.

Le Prophète frappa à la porte et un homme d’origine africaine lui ouvrit. Le Prophète put voir que l’homme pleurait et il lui demanda alors : « que se passe-t-il ? Est-ce que quelqu’un te frappe? Pourquoi pleures-tu, tu sembles seul dans cette maison pourtant ? » L’homme lui répondit : « Je travaille pour mon maître durant le jour et la nuit il me donne un ou deux sacs de grains à moudre. » A l’époque cela se faisait entre deux grosses pierres et il fallait faire tourner celle du dessus pour que ça fonctionne et que les graines se transforment en farine. L’homme dit au Prophète : « Je pleure, car demain il me frappera et je ne peux pas me reposer la nuit et faire en plus ce travail ». Il (salallâhu ‘alayhi wassalaam) lui rétorqua alors : « Écoute, je ne suis pas assez riche pour te racheter afin de te libérer, sinon je l’aurai fait et ton maître ne m’apprécie pas vraiment. Il ne m’aime pas, donc si j’essaye de le convaincre de te traiter avec bonté il ne m’écoutera pas et risque de te torturer encore davantage. Ce que je peux faire pour t’aider, c’est que tu vas te reposer et que moi pendant ce temps là, je vais terminer de moudre le grain restant. » L’esclave s’endormit, pendant que le Messager d’Allâh s’affairait à moudre le grain. Il n’avait alors pas prononcé un seul mot concernant l’Islam ou pour dire qu’il était le Prophète d’Allâh. Il moulu le grain durant la nuit, jusqu’à ce qu’il eu terminé sans que l’esclave ne puisse dire quand il était parti.

La nuit suivante, le Prophète Muhammad revint voir l’esclave et lui dit : « Va te reposer je vais terminer de moudre le grain ». Il revint ainsi de nombreuses nuits, mais jamais il ne parla, de qui il était, car sa seule préoccupation était la recherche de l’Agrément d’Allâh. Après toutes ces nuits, l’homme finit par lui demander : « Mais qui es-tu ? » Le Prophète Muhammad lui répondit : « Je fais partie des Quraysh ». L’homme dit : « Il y a beaucoup de gens parmi les Quraysh, d’où es-tu ? » Le Prophète répondit : « Je fais partie des Banu Hashim », etc. sans que jamais il ne parle du fait qu’il était le Messager d’Allâh. Jusqu’au moment où l’esclave vint à dire : « As-tu entendu parler de cet homme qui dit être un Prophète de Dieu ? ». Le Prophète répondit : « Oui, Muhammad ibn AbduLlâh », puis il finit par lui dire : « Je suis cette personne ». L’esclave ne pouvait plus bouger ses yeux du visage de Rassoul Allâh et il dit alors : « Si tu es le Messager d’Allâh, alors je témoigne que tu es le Messager d’Allâh et je témoigne qu’il n’y a pas d’autre Dieu qu’Allâh. » Plus tard, cette personne fut connue sous le nom de Saydunna Bilal (radhia Allâhou ‘anhou).

Les gens se demandent souvent pourquoi il aimait autant le Prophète. Bilal ne devint pas un amoureux du Prophète comme ça spontanément, en tout premier lieu, le Prophète lui donna un océan d’amour et cet amour revint comme une vague vers le Prophète et personne n’aima plus le Prophète que saydunna Bilal. Dans un premier temps, le Prophète Muhammad aima la Ummah, les Compagnons, les Mecquois, les Arabes, les non-Arabes, en premier il leur donna de l’amour et la plupart de ces gens lui rendirent ensuite cet amour. Ceci est l’essence de la Daawa.

 

La Patience et la Douceur du Prophète avec les Enfants

 

bébé_musulman

 

 

Il est rapporté que le Prophète Muhammad ﷺ a dit :

« Parfois, je commence une prière avec l’intention de la prolonger, mais lorsque j’entends les pleurs d’un enfant, je l’écourte car je sais que les pleurs de cet enfant troublent sa mère. » [1]

« Il (le Prophète ﷺ  priait. Quand il effectua le sajdah (prosternation), Hasan et Hussein sautèrent sur son dos. Quand les gens essayèrent de les arrêter, il leur fit signe de laisser. Après avoir terminé sa prière, il les plaça sur ses genoux et dit : « Celui qui m’aime dois aimer ces deux là. » [2]

Notre meilleur exemple est le Prophète ﷺ. Ces hadiths illustrent l’attitude qu’il avait ﷺ lorsqu’il fut en présence d’enfants dans la Mosquée.

Il est également rapporté :

« Le Messager d’Allâh ﷺ sortit un soir pour nous diriger pour les prières du soir (maghrib ou ‘isha’), et il portait Hassan ou Husain. Le Messager d’Allah s’avança et mit (l’enfant) à terre, puis il prononça le takbir (Allâhu Akbaar) et commença à prier. Pendant la prière, il se prosterna et resta prosterné longtemps.

Mon père me dit: « Je levai la tête et vis l’enfant sur le dos du Messager d’Allâh, alors qu’il était prosterné. Je retournai à ma prostration. »

Quand le Messager d’Allâh termina la prière, les gens lui dirent : « Ô Messager d’Allah, pendant la prière, tu te prosternas si longtemps que nous pensions que quelque chose était arrivé, ou que tu recevais la Révélation. »

Il dit : « Il ne se passa rien du tout, mais mon fils était monté sur mon dos et je ne voulais pas le déranger jusqu’à ce qu’il en ait assez. » [3]

« Le Messager d’Allah faisait la prière alors qu’il portait Umâma bint Zaynab sa propre fille. Selon Abû al-‘Âss ibn Rabî’a ibn Abdi Chams, quand il se prosternait, le Prophète déposait l’enfant et quand il se levait, il la portait (sur son cou). » [4]

Abdullâh ibn Amr ibn al-Asr, a rapporté que le Messager d’Allâh ﷺ a dit :

« Ordonnez à vos enfants d’accomplir la prière dès l’âge de sept ans, et corrigez-les [5] dès l’âge de dix ans (s’ils refusent de l’accomplir) et séparez les dans les lits (entre les filles et les garçons). » [6]

Il est rapporté que le Messager d’Allah ﷺ a déclaré :

« Traitez votre enfant avec équité, traitez votre enfant avec équité, traitez votre enfant avec équité. » [7]

Il est aussi rapporté que le Prophète Muhammad ﷺ a dit : « Traitez vos enfants de manière égale lorsque vous leur distribuez des cadeaux ». [8]

An-Nu’man ibn Bashir a déclaré :

« Mon père me donna la charge d’un esclave comme cadeau. Il m’emmena voir le Messager d’Allah ﷺ, pour qu’il soit témoin. Le Messager d’Allâh dit alors : « As-tu donné un cadeau à chacun de tes fils de la même manière que tu l’as fait pour An-Nu’man? Mon père répondit : « Non ». Le Messager d’Allâh lui dit : « Sois conscient de ton devoir envers Allah et sois juste à l’égard de tes enfants. » Au retour, mon père renonça à son cadeau ». [9]

Oussama bin Zaid (ra) a rapporté :

« Le Messager d’Allâh ﷺ avait pour habitude de me placer sur (l’une de) ses cuisses et Hasan bin ‘Ali sur son autre cuisse, puis il nous embrassait et disait : « Ô Allâh, sois Miséricordieux avec eux, comme je suis miséricordieux avec eux. » [10]

Un jour, le Prophète envoya Anas faire une course et Anas a rapporté l’anecdote suivante :

« J’y suis allé, mais en chemin je suis tombé sur des enfants qui jouaient dans la rue. Puis, le Messager d’Allâh arriva et il me saisit la nuque par-derrière. Je le regardai et le vit souriant, et il me dit : « Unays (Le surnom d’Anas), es-tu allé là où je t’avais demandé d’aller ? » Je répondis : « Ô Messager d’Allâh, oui, j’y vais. » Anas a dit en outre : « J’ai été au service du Prophète pendant sept ou neuf ans et jamais je ne l’ai entendu dire de quelque chose que j’avais fait : ‘Pourquoi as-tu fait cela ?’ Ni à propos de quelque chose que je n’avais pas fait : ‘Pourquoi ne l’as-tu pas fait ?’ » [11]

Le Prophète Muhammad n’a pas grondé Anas malgré l’oubli de la commission, ni même d’ailleurs pour quoi que ce soit d’autre en neuf années.

Dans un autre exemple, un garçon fut emmené au Prophète parce qu’il avait jeté des pierres sur les arbres et qu’il avait volé des dates.

Le Prophète dit : « Ô garçon, pourquoi as-tu jeté des pierres sur les palmiers ? » L’enfant répondit : « Pour manger ».  Le Prophète dit : « Ne jettes pas des pierres sur les palmiers, mais mange ce qui en est tombé ». Ensuite, il passa ses mains sur la tête du garçon et dit : « Ô Allâh, remplit son ventre ». [12]

Plutôt que de réprimander ou de punir, le Prophète invoqua Allâh en faveur du petit.

Qu’Allâh nous permette d’aimer notre Prophète comme il se doit. Amine. Et il est bon de rappeler que cet amour passe par le suivi de ses nobles manières.

 

Notes :

[1] Rapporté par Boukhari
[2] Rapporté par Ibn Khuzaimah et al-Bayhaqi
[3] Rapporté par an-Nasaa’i, Ibn Asaakir et Haakim
[4] Rapporté par Boukhari et Muslim
[5] « Corriger » ne veut pas forcément dire utiliser la violence, le terme renvoi aussi à la notion de rétablissement de ce qui est correct. (Faire disparaître une erreur, un défaut, en rétablissant ce qui est exact, bon, correct : Corriger une faute d’orthographe. Essayer de corriger une mauvaise habitude – Larousse)
[6] Abu Dawud
[7] Ahmad, Abu Dawud, Ibn Hibban
[8] At-Tabarani
[9] Boukhari et Muslim
[10] Boukhari
[11]Rapporté par Muslim n°2310 et Abû Dâwud
[12] Rapporté par Abu Dawud

La question Où est Allâh fait-elle partie de la ‘Aqida

 

 

Ou_est_Allâh_question

 

BismiLlâhi ar-Rahmani ar-Rahim [1],

La question « Où est Allâh » fait-elle partie de la ‘Aqida (Croyance Musulmane) ?

Il est important que cette question soit étudiée et abordée car il y existe aujourd’hui une confusion et une mauvaise compréhension et certains prétendent à tort que cette question concerne la Foi ou le Credo. Nous verrons dans cet article qu’il en est autrement.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, je voudrais évoquer quelques points, en introduction.

Il y a consensus parmi les savants sur le fait qu’en matière de Croyance, seuls les récits dits « Mutawatir » peuvent être pris en compte. De quoi parle-t-on quand on emploie de terme Mutawatir ? Il s’agit en fait de Hadiths rapportés dans la période bénie du Salaf (par les Sahabas, les Tabi’ins et les Tab at-Tabi’ins), sans interruption et par un nombre de transmetteurs tellement large qu’il est impossible qu’ils aient pu faire une erreur ou mentir. Tous les savants sont d’accord sur le fait qu’en matière de Croyance, seuls les récits dits « Mutawatir » peuvent être pris en compte.

Il existe une légère divergence concernant les récits dits « Wahid ». De quoi parle-t-on quand on emploie de terme Wahid ? Il s’agit en fait de Hadiths rapportés dans la période bénie du Salaf (par les Sahabas, les Tabi’ins et les Tab at-Tabi’ins) sans interruption, mais rapportés par seulement un ou deux narrateurs. Ainsi, leur nombre ne suffit pas à atteindre le statut de Mutawatir. Il existe une légère divergence entre les savants quant à savoir si on peut prendre en compte les récits dits « Wahid » concernant les questions de Croyance.

Dans son commentaire du Sahih de Boukhari (al-Fath al-Bari) [2], l’Imam ibn Hajar al-‘Asqalani (rahimahouLlâh) mentionne qu’à chaque fois que l’Imam al-Boukhari (rahimahouLlâh) aborde, dans son Kitab at-Tawhid [3], la ‘Aqida (concernant les Attributs d’Allâh ou toute autre chose), il mentionne également un verset du Coran. En agissant ainsi, l’Imam al-Boukhari indique que son madhhab (école), c’est qu’en terme de ‘Aqida, il faut des récits dits « Mutawatir », car le Coran est Mutawatir.

J’aimerai maintenant que nous analysions un Hadith dans lequel il est rapporté que le Prophète Muhammad (salallahou ‘alayhi wassalam) demanda à une esclave/servante « Ou est Allâh », ce à quoi il est dit qu’elle répondit : « Dans le ciel (fi as-sama) », après quoi le Prophète répondit : « Libérez la, car c’est une croyante ».

Ce Hadith a été rapporté dans différentes versions et les savants en ont donné plusieurs interprétations. Dans le Muwatta du grand Imam du Hadith, l’Émir des Croyants dans le Hadith, l’Imam Malik ibn Anas (radhia Allâhou ‘anhou), il mentionne [4] que quand le Prophète questionna la servante sur « Ou est Allâh », elle répondit : « Dans le ciel (fi as-sama) », après quoi il demanda : « Qui suis-je ? » et elle dit : « Tu es le Messager d’Allâh » ; et il dit : « Libérez la, car c’est une croyante » [5]

L’Imam Malik mentionne ensuite le Hadith dans une version différente. Dans cette version, le Prophète ne pose pas à l’esclave la question « Où est Allâh », il lui demande : « Témoignes-tu qu’il n’y a pas d’autre divinité qu’Allâh ? » et elle répondit que oui. Il lui demanda : « Témoignes-tu que je suis le messager d’Allah ? » et elle acquiesça une nouvelle fois. Il dit alors « Libérez-la ! » [6]

C’est donc une des variantes, rapportées ici par l’Imam Malik.

De la même manière, dans « Nayl al-Awtaar », l’Imam ash-Shawakani (rahimahuLlâh) [7] rapporte également différentes versions de ce Hadith dit « de la servante ». Dans une des narrations, rapportée par l’Imam Ahmab ibn Hanbal (radhia Allâhu ‘anhu) et l’Imam an-Nasa’ï (rahimahuLlâh), il est dit que le Prophète demanda : « Qui est ton Seigneur ? » à quoi elle répondit : « Allah », puis il reprit : « Et qui suis-je ? » ce à quoi elle répondit : « Tu es le Messager d’Allah », après quoi il déclara : « Libérez là, car c’est une croyante ». [8]

Toujours dans « Nayl al-Awtaar » [9], l’Imam ash-Shawakani (rahimahuLlâh) rapporte que le Prophète demanda à la servante « Ou est Allâh », suite à quoi elle pointa son doigt vers le ciel. A aucun moment elle ne dit « Dans le ciel (fi as-sama) », elle se contenta de pointer son doigt vers le ciel.

On observe donc que ce Hadith a été rapporté dans de nombreuses variantes. Dans certaines, le Prophète Muhammad demande « Ou est Allâh », dans d’autres il demande « Témoignes-tu qu’il n’y a pas d’autre divinité qu’Allâh »… il y a donc plusieurs versions.

La version la plus authentique, celle dans laquelle il n’y a pas de changement de mots, celle qui doit donc être privilégiée, est celle qui est rapportée par l’Imam Muslim (rahimahuLlâh) dans son Sahih. Rappelons-nous néanmoins que ce hadith fait aussi partie des récits dits « Wahid » et non des récits dits « Mutawatir ».

Si on regarde dans le Sahih de Muslim [10], l’Imam mentionne cette narration dans laquelle le Prophète interrogea l’esclave.

Il est important de comprendre qu’aucun savant parmi les Muhaddithun n’a commenté ce hadith en disant qu’il se rapporte à la Croyance (‘Aqida) ou à la Foi (Imane). Strictement aucun !

Le grand savant du Hadith, l’Imam an-Nawawi (rahimahuLlâh), qui est l’auteur d’un des meilleurs commentaires du Sahih de Muslim, a écrit que :

«  Le but était de tester la jeune esclave : était-elle une monothéiste qui affirme que le Créateur, Celui qui Dispose, Celui qui Fait, est Allah seul et que c’est Lui qui est invoqué quand une personne adresse sa demande (du’a) en se tournant vers le ciel  – de la même façon que celui fait la prière (salat) se dirige vers la Kaaba, car le ciel est la qibla des suppliants comme la Kaaba est la qibla des prieurs – ou était-elle une adoratrice des idoles qu’ils plaçaient devant eux ? Ainsi, lorsqu’elle a dit « dans le ciel », il était clair qu’elle n’était pas une adoratrice des idoles. » [11]

Quant au grand savant Malikite, al-Qadi ‘Iyad (rahimahuLlâh), une autorité pour les Muhaddithun, il rapporte l’Ijma (le consensus) suivant :

«  Il n’existe pas désaccord parmi les musulmans, du premier jusqu’au dernier – leurs savants de la jurisprudence, leurs savants du hadith, leurs savants en théologie, à la fois ceux capables d’un effort de déduction scientifique et ceux qui suivent la doctrine d’un autre – que les preuves scripturaires qui mentionnent qu’Allah serait « dans le ciel », comme Ses mots : « Êtes-vous à l’abri que Celui qui est au ciel vous enfouisse en la terre » et d’autres, ne sont pas tels que leur sens littéral (dhahir) semble signifier, mais plutôt, tous les savants les interprètent autrement que dans leur sens apparent. » [12]

Dans un de ses ouvrages, l’Imam ‘Ali Qari (rahimahuLlâh) cite aussi l’imam al-Qadi ‘Iyad déclarant que lorsque le Prophète questionna la servante par « Où est Allâh », son intention n’était pas de définir un endroit pour Allâh, car Allâh n’est pas concerné par l’endroit, Il est le Créateur des endroits, Il n’a nul besoin de l’endroit, de la même manière qu’Allâh n’est pas concerné par le temps qui est aussi une de Ses créatures. Le Prophète Muhammad voulait savoir si cette femme était une croyante ou une associatrice (mécréante) car les mécréants avaient pour habitude d’adorer des idoles fabriquées et de les voir en face d’eux. Cette question permettait donc de savoir si oui ou non elle était croyante [13].

L’Imam Qourtoubi (rahimahuLlâh) et l’Imam Baydawi (rahimahuLlâh) ont également mentionné la même chose en commentaire de ce Hadith.

Dans le commentaire du Sahih de Muslim [14] de l’Imam Muhammad ibn Khalifa (rahimahuLlâh), on trouve exactement la même explication que celles données par les autres grands Imams.

Le Hadith dont nous discutons peut aussi être trouvé dans Abu Dawud (rahimahuLlâh) dans une version similaire à celui se trouvant dans le Sahih de Muslim. Lorsque l’on regarde dans le très bon commentaire (sharh) des Sunnans d’Abou Dawud [15], écrit par Muhammad al-Khatabi (rahimahuLlâh), on peut y lire l’explication qu’il donne concernant ce Hadith. Il dit que cette question posée par le Prophète Muhammad ne concernait pas l’Imane ou la ‘Aqida, mais plutôt qu’il cherchait un signe lui permettant de savoir si cette femme était ou non croyante. L’Imam al-Khatabi apporte ensuite des preuves. Il dit : « Si un non croyant vient vers nous et qu’il souhaite accepter l’Islam et qu’il dit simplement « Allâh est dans le ciel », il ne deviendra pas Musulman. Il ne deviendra pas Musulman car cette déclaration ne fait pas partie de la Foi Musulmane. S’il souhaite devenir Musulman il devra dire le Kalima, il devra prononcer la Shahada [16] et c’est uniquement à ce moment-là qu’il deviendra Musulman. » Ceci est un dalil (preuve) très fort prouvant que cette question ne concerne pas la ‘Aqida.

De même, lorsque le Prophète Muhammad fut questionné par sidna Jibril (‘alayhi salaam) à propos de la Foi (Imane), jamais il n’évoqua cette question. Il dit : « Al-Imane, c’est que tu aies foi en Allah, en Ses Anges, en Ses Livres, en Ses Messagers et en le Jour Dernier. Que tu aies foi aussi en la destinée, que cela concerne le bien ou le mal. »


Il apparaît donc clairement que :

1/ la question « Ou est Allâh » n’a strictement rien à voir avec la ‘Aqida (Croyance), ni avec la Foi (Imane) ou avec le Credo.

2/ le hadith de la servante a été étudié et interprété par de très grands et très nombreux Muhaddithun (an-Nawawi, al-Qourtoubi, al-Qadi ‘Iyad, Mula ‘Ali Qari, al-Baydawi, al-Khattabi, Badr Ad-Deen Al-Ayni…).

3/ ce hadith est « Wahid » et il est très difficile de prendre ce type de narrations concernant la ‘Aqida, comme stipulé par l’Imam al-Boukhari.

4/ au regard des interprétations qui ont été faites de ce Hadith, il est impossible d’arriver à la conclusion qu’il concerne la ‘Aqida et d’ailleurs aucun de ces Muhaddithun n’a dit qu’il concernait la ‘Aqida.

Certains frères utilisent un livre de l’Imam Ad-Dhahabi (rahimahuLlâh) [18] pour argumenter leur point de vue, mais même là, quand on regarde dans son livre, on voit qu’après avoir cité les différentes versions du Hadith, l’imam conclu en disant que : « la seule chose qu’on peut conclure à partir de ces narrations, c’est que poser la question « Ou est Allâh »  est permis (jai’z ou moubah) ».

Qu’est-ce qu’une chose permise ? Si vous l’accomplissez, vous ne récoltez aucune récompense et si vous ne la faites pas, vous ne récoltez aucun péché.

Pour donner un exemple : manger une pomme après salat ad-Dhur est permis.

Maintenant, imaginez qu’une personne vienne et affirme que manger une pomme après salat ad-Dhur est obligatoire (fard), que cela fait partie de la ‘Aqida, que cette personne fait le tour des gens pour leur dire qu’ils doivent manger une pomme après salat ad-Dhur, parce que c’est obligatoire. Il  insiste, puis ils leur posent la question : « pourquoi ne manges-tu pas une pomme après la salat » ? Il sera facile de conclure que cette personne est une fiteen (qui sème le désordre/la discorde).

Il est établi dans le Sahih de Muslim que le Prophète a posé cette question, mais il est également établi que cette question n’a vraiment rien à voir avec la Croyance mais qu’elle est juste une chose permise, rien de plus. De même, la réponse fournie par la servante dans une des versions ne constitue en rien un élément constitutif de la ‘Aqida.


Alors, pourquoi en faire une question si importante ? Ceci est une bida’a !

Certains objecterons : « Es-tu en train de dire que le Prophète Muhammad a fait une bida’a ? » Non, non et encore non ! Le Prophète Muhammad a posé cette question, mais il ne l’a pas fait avec une intention de ‘Aqida ou d’Imane.

Qu’est-ce que l’innovation (bida’a) ? Ce n’est pas juste le fait d’apporter quelque chose de nouveau dans la Religion. Les savants ont clairement stipulé que le fait d’élargir ou d’affaiblir quelque chose qui est déjà établi est aussi une bida’a. Ainsi, rabaisser le statut de quelque chose de Fard (obligatoire) vers un statut de Sunnah est une bida’a. De même, donner le statut d’obligatoire à quelque chose qui est Sunnah est aussi une bida’a.

Alors que dire de faire passer quelque chose du statut de « permis », qui est son statut maximum selon l’imam ad-Dhahabi, au statut d’élément fondamental de la ‘Aqida ? Ceci constitue une innovation blâmable.


Enfin, pour conclure, je voudrai poser la question suivante :

Si vraiment cette question « Où est Allâh » et sa réponse « Dans le ciel (fi as-sama) » faisait vraiment partie de la ‘Aqida, alors pourquoi l’Imam Muslim aurait-il placé ce Hadith dans le chapitre de la Salat (Kitab as-Salat) ? Pourquoi n’en a-t-il pas fait mention dans le chapitre de la Foi (Kitab al-Iman)? Quand on analyse ce chapitre de la Salat, on trouve que tous les Hadiths qui se situent avant et après celui dont il est question parlent effectivement de la Salat. Pourquoi l’Imam Muslim ne l’a-t-il pas placé dans le 1er chapitre, celui qui concerne la Foi ? Par ce choix délibéré, l’Imam Muslim confirme et informe lui-même le lecteur que ce Hadith et cette question n’ont aucun rapport avec la ‘Aqida ou la Foi, sinon il est évident qu’il aurait placé le Hadith dans ce chapitre.

Tous ces éléments sont suffisants pour que le croyant sincère comprenne que :

1/ cette question n’a rien à voir avec la Croyance,

2/ la réponse fournie par la servante dans l’une des versions (dans le ciel), n’est en rien un argument pouvant servir à localiser Allâh dans un endroit ou dans une direction (qu’Allâh nous préserve d’une telle croyance).

 

Al-HamduliLlâh !

Qu’Allâh nous donne la bonne compréhension de Sa Religion.


Notes :

[1] Article basé sur un travail de Sheykh Muhammad Yasir al-Hanafi
[2] Al-Fath al-Bari, volume 13, pg. 410
[3] Le livre de l’Unicité (concernant la Croyance)
[4] Malik ibn Anas, Muwatta, pg. 540
[5] Le même Hadith peut être trouvé dans le Sahih de Muslim, 5 vol. Le Caire, 1376/1956. Édition. Beyrouth : Dar al-Fikr, 1403/1983, 1.382: 538
[6] Ce Hadith peut également être trouvé dans Al-Musannaf, 11 vol. Beyrouth : al-Majlis al-Ilmi, 1390/1970, 9.175: 16814
[7] Imam ash-Shawakani, Nayl al-Awtaar, vol. 5 & 6
[8] Ce Hadith peut également être trouvé dans Al-Ihsan fi taqrib Sahih Ibn Hibban, 18 vols. Beyrouth : Muassasa al-Risala, 1408/1988, 1.419: 189 (avec une chaîne de transmission bien authentifiée (hasan).
[9] Imam ash-Shawakani, Nayl al-Awtaar, vol. 7 & 8
[10] Sahih de Muslim, pg. 372 et pg. 204
[11] Sahih de Muslim bi Sharh an-Nawawi. 18 vols. Le Caire 1349/1930. Édition (18 vols. en 9). Beyrouth : Dar al-Fikr, 1401/1981, 5.24
[12] Sahih de Muslim bi Sharh al-Nawawi, 5.24
[13] Dans Mirqat al-Mafatih Sharh Mishkat al-Masabih 11 vol par ‘Ali al-Qari
[14] Muhammad ibn Khalifa al-Washtani al-Ubbi, Ikmal Ikmal al-mu’allim, pg. 338, vol 2
[15] Ma’alim as-Sunan Sharh Kitab Sunan Abu Dawud, par Abu Suleyman Hamd ibn Muhammad al-Khatabi al-Busti
[16] C-à-d- : Ash-hadu An-Laa Ilaha Illa-Allaah wa Ash-hadu Anna Muhammadan Rasool-Allaah
[17] Kitab Sharh Musnad Abu Dawud par l’Al-Imam Badr Ad-Deen Al-Ayni Al-Hanafi
[18] Imam Dhahabi – Kitaab al-Arsh

Le Tawassul à travers les Awliya (Saints) est-il permis?

 

Sheykh Faraz Rabbani

 

tawassul

 

Question :

J’ai lu vos arguments concernant le tawassul [1] effectué via le Prophète (sallallâhou ‘alayhi wa salam). Je n’ai pas, cependant vu aucune preuve concernant l’intercession via les Saints … existe-t-il des preuves et sinon, alors comment pouvons-nous dire que c’est permis?

Réponse :

Walaikum Assalam,

Le Tawassul par les Awliya et par les croyants pieux est permis selon les quatre écoles de Jurisprudence Islamiques Musulmanes Sunnites, pour les mêmes raisons que le Tawassul par le Prophète (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix) est autorisé.

Le Prophète (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix) a promis qu’il y aura toujours un groupe dans sa communauté pour rendre la vérité manifeste [2] jusqu’à ce que le dernier jour arrive. Il nous a aussi demandé d’être avec le groupe principal des croyants (majoritaire) et de s’en tenir au groupe [3]. Il nous a aussi dit que les savants sont les héritiers des Prophètes. En tant que tel, ce que nous savons du Coran et de la Sunnah, c’est que les gens de la vérité ne sont pas un concept théorique, mais une réalité vivante: ce sont les savants de  la compréhension majoritaire et traditionnelle de l’Islam. Dès les premières générations, ça a été le chemin des quatre écoles juridiques Sunnites de Fiqh [4].

L’Imam Muhammad Zahid al-Kawthari (qu’Allah soit satisfait de lui) a dit :

Ceux qui le nient ont le livre d’Allâh, la Sunnah, la pratique continue de la Ummah et la raison contre eux comme preuve (de sa licéité).

En ce qui concerne le Livre d’Allâh, cela inclut Sa Parole : « efforcez-vous de trouver le moyen (wassila) de vous rapprocher de Lui ! » [Coran, 5: 35] Et wassila (un moyen de se rapprocher) dans son indication générale inclue le Tawassul (intercession) par des personnes et par des actions. En fait, le sens apparent de Tawassul dans la Loi Sacrée est tout cela, malgré les revendications de ceux qui mentent et trompent.

La distinction [faite par certains] dans cette affaire entre les vivants et les morts ne peut venir que de celui qui croit dans le dépérissement des âmes [suite à la mort], ce qui conduirait à nier la Résurrection, et à affirmer que la capacité des âmes à discerner les détails se termine lorsqu’elle quitte le corps, ce qui constitue un déni de la principale preuve affirmant cela.

[F: Sheykh Wahbi Ghawji est cité dans Fakhr al-Din al-Razi (dans les notes), disant que les âmes restent après la mort des corps et que c’est une question convenue par le Prophète, les Awliya, et par les sages. (Usul ad-Din, 20), puis Ibn al-Qayyim est cité d’après son « al-Ruh », en renfort] [Mahq al-Taqawwul fi Masalat al-Tawassul]

Walaikum Assalam,

Sheykh Faraz Rabbani

© Traduit avec l’autorisation de l’honorable sheykh Faraz Rabbani (qu’Allâh le préserve)

Notes :

[1] Le Tawassoul, c’est demander à Allâh qu’une chose profitable se réalise ou qu’une chose nuisible cesse par l’évocation du nom d’un Prophète ou d’un Saint, en honneur pour celui par le degré duquel est effectué le Tawassoul. Aucun savant n’a remis en cause cette pratique légiférée depuis des siècles jusqu’à ce qu’ibn Taymiyyah s’oppose seul à ce consensus. Les salafis le suivront ensuite sur ce point.
[2] Muslim, d’après Thawban
[3] Lire l’article : La nécessité de suivre le Groupe majoritaire
[4] Malikite, Shafe’ite, Hanafite et Hanbalite

Pour plus d’informations sur le sujet, lire l’article : Le Tawassoul – par le Mufti ibn Adam al-Kawthari
Pour les anglophones : Tawassul through the Awliyā – Shaykh Gibril Fouad Haddad

Visiter La Mecque, Médine et le Prophète

 

Sheykh Faraz A. Khan

 

Médine

 

 

Question :

(1) Inshaa Allah, nous avons l’intention d’accomplir la Omra durant Ramadan (treize derniers jours) quelle est le bon adab (comportement)? Devons-nous effectuer la Omra, puis aller à Médine Munawara ou vice versa?

(2) Aussi, combien de jours faut-il rester à la Mecque (Muqarrama) et à Médine (Munawara)?

(3) Il semble que les gens choisissent de rester à Médine pour quelques nuits et qu’ils passent une majorité de nuits à La Mecque (Muqarrama). Y a-t-il une raison derrière tout cela?

 

Réponse :

Assalamu alaikum wa rahmatullah,

Je prie pour que cette réponse vous trouve dans le meilleur état (physique et spirituel).

(1) L’imam Shurunbulali a déclaré : « Visiter le Prophète (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix) est une Sunnah, avant ou après le Hajj. » [Maraqi ‘l-Sa’adat]

La même chose s’applique à la Omra : il est bien de visiter Médine avant ou après la Omra.

En outre, notez que l’Imam a dit : « Visiter le Prophète (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix) … » qui constitue la première intention, tandis qu’on doit aussi aller visiter sa mosquée bénie. [Haskafi, Al-Durr al-Mukhtar]

(2) On peut rester autant de jours qu’on le souhaite aussi longtemps que c’est facile et possible, à la fois à la Mecque et à Médine.

(3) Je ne sais pas pourquoi les gens font cela … peut-être parce que la prière dans la Mosquée Sacrée de la Mecque est multipliée 100.000 fois par rapport à une prière normale, tandis que dans la mosquée du Prophète c’est 1000 fois. [Tabarani Kabir; Musnad Bazzar]

Cependant, notre Bien-Aimé (qu’Allâh le bénisse et lui accorde la paix) à quant à lui choisi de rester à Médine après l’Ouverture de la Mecque et il a quitté ce monde en étant à Médine.

Et comme nos savants le mentionnent, tandis que la Mecque dans son ensemble est réputée meilleure que Médine, il existe une exception qui est le sol qui est honoré par le corps béni du Messager d’Allâh (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix) …

Car en effet, la terre qui touche ses membres bénis est meilleure que le reste de la création, y compris la Ka’aba, le Kursi et le Trône (Arsh) d’Allâh le Très-Haut. [Tahtawi, Hashiyat Maraqi’ Falah; Ibn Abidin/Haskafi, Radd al-Muhtar ala Durr al-Mukhtar]

Et Allâh est plus savant.

Wassalam

 

Sheykh Faraz A. Khan, réponse vérifiée et approuvée par Sheykh Faraz Rabbani et publiée avec son autorisation.

 

Explication du Hadith de la descente d’Allâh (an-Nouzoul)

 

Les paroles des grands Savants de l’Islam

 

 

hadith descente nouzoul

 

 

Il fait partie de la croyance (‘Aqida) de tout Musulman d’affirmer qu’Allâh existe sans endroit ni espace, mais alors que dire du hadith dit de la « descente d’Allâh » (Nouzoul)?
Depuis quelques années, une poignée de savants contemporains se réclamant des Pieux Prédécesseurs ainsi que ceux qui les suivent, tentent de faire en sorte que les Musulmans adoptent leur lecture strictement littéraliste. Ils affirment pour Allâh l’endroit, le déplacement, le fait de s’asseoir, etc. faisant croire ainsi à leurs adeptes qu’il s’agit là de la croyance et de la méthodologie des Salafs (Pieux Prédécesseurs). Nous allons (inshaa Allâh) démontrer dans cet article que cette affirmation n’a jamais existé, ni chez les Prédécesseurs, ni chez leurs successeurs.

 

Explication du Hadith de la « descente » d’Allâh (an-Nouzoul)

 

Abu Hurayra رضي الله عنه  a rapporté que le Messager d’Allah ﷺ a dit : « Abû Hurayra, qu’Allah l’agrée, que le prophète ﷺ a dit :

« A partir du dernier tiers de la nuit, notre Seigneur descend au ciel le plus proche de la terre et dit : « J’exauce les invocations de celui qui M’invoque, Je donne à celui qui Me demande et pardonne à celui qui Me demande le pardon ». [1]

Il existe deux opinions des savants concernant cette narration (hadith). On peut ainsi l’interpréter des deux manières suivantes :

1) Sa miséricorde, Son Ordre et les anges descendent  (de même que nous pouvons dire en anglais « le Roi a construit cette ville », c’est à dire qu’il a ordonné que la ville soit construite, bien qu’en réalité ce soit si les ouvriers qui aient fait le travail). [2]

Il a été rapporté de (l’Imam) Malik رضي الله عنه qu’il a interprété (le hadith an-nouzoul) de cette manière. Ainsi, il a dit qu’il s’agit de la descente de Sa miséricorde (la Miséricorde d’Allâh) et (la descente) de Son Ordre ou de Ses Anges, tout comme on dit « Le Roi a fait telle chose » c’est-à-dire que ce sont ses subordonnés qui l’ont fait sur son ordre » [3]

2) C’est une métaphore exprimant Sa douceur envers ceux qui invoquent (c’est-à-dire à cette heure de la nuit) et c’est la réponse qu’Il leur donne. [4]

Ainsi, dans son livre Fath al-Bari [5], l’imam Ibn Hajar al-‘Asqalani رحمه الله a expliquer ce hadith de la manière suivante :

« Quant à sa parole « Yanzilou Rabbouna ‘ila s-Samaa’i d-Dounya », les anthropomorphistes se sont basés dessus pour confirmer une direction à Allah et ils disent que c’est la direction du dessus (al-oulouww) et cela a été renié par les savants (al-joumhour), parce que parler ainsi revient à limiter Allâh, qui est exempt de cela. Puis les gens ont divergé sur le sens de an-nouzoul : certains l’ont pris selon le sens apparent et en réalité, ce sont les anthropomorphistes (al-Mouchabbihah), et Allah est exempt de ce qu’ils disent. Certains ont carrément nié la véracité de tous les hadiths parvenus à ce sujet, ceux-là sont les Khawarij et les Mou’tazilah et ceux-là sont vraiment étonnants parce que d’un côté ils interprètent ce qui est parvenu dans le Qour’an qui est du même ordre, et d’un côté ils renient ce qui est parvenu du hadith soit par ignorance, soit par entêtement.

Certains sont passés sur ces textes comme ils ont été révélés en y croyant dans leur globalité et en exemptant Allah du comment des anthropomorphistes, et ceux-là sont la majorité des savants du Salaf. [Par ailleurs], al-Bayhaqi ainsi que d’autres, ont rapporté des quatre imams, des deux Soufyan, des deux Hammad, de al-Awza’i, de al-Layth, et d’autres, qu’ils ont interprété (ta°wîl) ce texte selon ce qui est digne concernant Allah et qui est utilisé dans la langue des Arabes. Certains autres sont allés tellement loin dans l’interprétation que cela revenait à une sorte de distorsion. Certains autres ont fait la différence entre ce qui est une interprétation « proche » c’est-à-dire utilisée dans la langue des Arabes, et ce qui serait éloigné, et par conséquent, ils ont interprété dans certains cas et ils ont fait le tafwid [laisser le sens à Allah] dans certains cas, et cela a été rapporté de l’imam Malik. Il a été confirmé par Ibn Daqiq al-Id, de parmi les savants de la nouvelle génération, que al-Bayhaqi a dit que la plus saine [de toutes ces voies] est d’y croire sans comment et de passer sous silence ce qui est visé. »

En outre, Ibn Hajar al-`Asqalani رحمه الله, le célèbre commentateur du Sahih al-Bukhari (Fath al-Bari), mentionne une citation de l’imam Baydawi dans laquelle il dit que ce qui est entendu par la « descente » est la lumière de Sa miséricorde et non pas le fait qu’Il se déplace d’un endroit à un autre.

Quant à l’Imam an-Nawawi رحمه الله, voilà ce qu’il dit :

« Ce hadith fait partie des hadiths sur les attributs. Il a suscité deux opinions célèbres parmi les savants, que nous avons détaillées dans le livre de la foi. En résumé, la première opinion est celle de la majorité des savants parmi les pieux anciens et quelques théologiens dogmatiques, qui estiment qu’il faut croire que cette descente est vraie d’après ce qui sied à Allah, sans la comparer, dans son sens apparent, à la descente des créatures.

En outre, ils estiment qu’il ne faut pas essayer de l’interpréter tout en sanctifiant et en purifiant Allah des attributs des humains comme le fait de changer de place, de faire des mouvements et autres caractéristiques humaines.

La deuxième opinion est celle de la majorité des théologiens dogmatiques ainsi que de certains groupes de pieux anciens. Cette opinions est rapportée par Mâlik et El-Azwâ’ï qui estiment que cette descente doit être interprétée d’après ce qui sied a Allah et en fonction de ces lieux.

A la suite de quoi, ils ont interprété ce hadith de deux façons :

La première est celle de Mâlik Ibn ‘Anas et d’autres savants ; elle soutient la miséricorde d’Allah, Son ordre ou Ses anges; c’est comme on dit :

{ Le Diable a fait ceci, lorsque ses suppôts font quelque chose par ses ordres.}

La deuxième est à prendre au sens métaphorique dans un sens métaphorique, et elle signifie se tourner vers ceux qui invoquent avec l’exaucement et la douceur, et Allah et plus savant.

Et sa Parole :

« Cela durera jusqu’à la pointe de l’aurore »; signifie la prolongation du temps de la miséricorde et de la douceur totale jusqu’à ce que pointe l’aurore. Il y a là une incitation à rechercher les invocations et le pardon durant tout le temps mentionné jusqu’à ce que pointe l’aurore. Ce hadith stipule aussi que le dernier tiers de la nuit est le moment le plus propice pour la prière, les invocations et la demande de pardon; il est meilleur que son début. » [6]

L’Imam al-Haramayn رحمه الله a dit dans son épître al-Nizamiyya, en page 20 :

« Celui qui possède un iota de raison n’a aucun doute sur le fait que le changement, le déplacement et le mouvement sont parmi les attributs des corps. »

L’Imam Al-Qurtubi رحمه الله a dit que le hadith est élucidé par ce qui est rapporté par an-Nasa’i dans ses Sunan al-Kubra et dans ‘Amal al-Yawm wa al-Layla selon lequel le Prophète ﷺ a dit :

« Allah attend jusqu’à ce que la première partie de la nuit soit terminée, alors Il ordonne à un héraut (munadiyan) de dire : Est-ce qu’il y a quelqu’un invoquant de sorte qu’une réponse puisse lui être apportée, quelqu’un qui demande pardon afin qu’il puisse lui être pardonné, tout requérant afin que sa demande puisse être satisfaite? »  [7]

La narration cité plus haut est confirmée par le hadith de `Uthman ibn Abi al-`As al-Thaqafi qui rapporte du Prophète ﷺ qu’il a dit :

« Les portes du ciel sont ouvertes au milieu de la nuit et un héraut appelle : Est-ce qu’il y a quelqu’un qui invoque de sorte qu’une réponse puisse lui être apportée? Est-ce qu’il y a quelqu’un qui demande de sorte qu’il puisse lui être accordé? Est-ce qu’il ya quelqu’un d’affligé de sorte qu’il puisse être délivré? A ce moment, il n’y a pas un Musulman qui invoque, sans qu’Allâh lui réponde, à l’exception de la femme adultère qui court après son plaisir et son compagnon intime. » [8]

L’Imam Abu al-Walid al-Baji رحمه الله a stipulé dans son commentaire du Muwatta  de l’Imam Malik :

« Si le Prophète ﷺ dit que notre Seigneur Exalté descend chaque nuit au ciel le plus proche c’est dans le but de nous informer qu’une réponse est apportée à la supplication formulée à ce moment particulier, les demandeurs se voient dotés de ce qu’ils demandent, et ceux qui demandent le pardon sont pardonnés. Cela nous averti quant au grand mérite de ce moment-là et nous encourage à faire des invocations abondante, des demandes, et à se repentir et demander pardon à ce moment. […] »

L’Imam Ibn al-`Arabi al-Maliki رحمه الله a déclaré :

« Il est rapporté que les innovateurs ont rejeté ces hadiths, les Salafs les ont transmis tels qu’ils sont venus, et d’autres les ont interprétés, et ma position est la dernière. La parole : «Il descend » se réfère à Ses actes, et non pas Son essence. En effet, c’est une expression pour Ses anges qui descendent avec Son ordre et Son interdiction. Et tout comme la descente peut se rapporter au corps, elle peut également se rapporter à des idées ou des notions spirituelles (ma`ani). Si l’on prend le hadith pour se référer à un phénomène physique, alors la descente correspondrait à l’attribut de l’ange envoyé pour exécuter un ordre. Si on le prend pour se référer à un événement spirituel, il cela correspondrait à : Il n’a pas agi, puis Il a agi : ce serait appelé une descente d’un grade à un autre, et c’est un sens arabe authentique. »

Le grand Imam de la ‘Aqida du Salaf Abu Mansur al-Maturidi (رضي الله عنه  m. 333) a dit :

« Suggérer un endroit pour Allah est de l’idolâtrie. » [9]

L’auteur d’Ash-Shifa, Al-Qadi `Iyad رحمه الله a dit :

« Ce qui est signifié par Sa descente est l’approche de Sa Miséricorde, l’augmentation de Sa bonté envers Ses serviteurs, et l’acceptation de leur repentir, comme il est de coutume pour les rois généreux et les Seigneurs cléments quand ils s’approchent près d’une personne en souffrance, d’un nécessiteux, et d’un faible. » [10]

Enfin, on peut citer l’Imam Ibn Al-Jawzi رحمه الله, le grand spécialiste des chaînes de transmission du hadith (Hafidh), l’exégète (Moufassir), le grand savant de l’école Hanbalite qui a dit dans son livre « Saydou l-Khatir » :

« Tu trouves des gens qui entendent les nouvelles concernant les attributs [de Allah] et qui leur donnent le sens physique, comme certains qui déclarent que Allah descend au ciel ou qu’Il se déplace. Ceci est une mauvaise compréhension car celui qui se déplace, se déplace d’un endroit à un autre et cela implique que l’espace soit plus grand que lui, cela implique aussi le mouvement alors que tout cela est impossible au sujet de Allah (Al-Haqq) ‘azza wa jall ».

Qu’Allâh nous accorde une bonne croyance, une bonne compréhension, et qu’Il nous préserve de Lui attribuer ce qui ne sied pas à Sa Majesté.

Et Allâh est plus savant.

 

Notes :

Réf : Sheykh Faraz Rabbani et de Sheykh Gibril Fouad Haddad, etc.

[1] Sahih al-Bukhari, Hadith Qudsi
[2] Sheykh Faraz Rabbani
[3] Rapporté par le Sheykh Az-Zourqani Al-Misri Al-Azhari Al-Maliki, dans son commentaire d’al-Mouwatta
[4] Ibn Hajar al-`Asqalani dans Fath al-Bari Sharh Sahih al-Bukhari et Nawawi dans Sharh Sahih Muslim
[5] Fath al-Bari, volume 3, p. 23 – Scan dispo ICI
[6] Réf : Somme de Hadith Qudsi avec les commentaires d’Ibn Hajjar Al-‘Asqalani et d’an-Nawawi, Ed. Iqra
[7] D’après Abu Sa`id al-Khudri et Abu Hurayra par al-Nasa’i dans al-Sunan al-Kubra (6:124 #10316) et `Amal al-Yawm wa al-Layla (ed. Faruq Hammada p. 340 #482). Al-Qari l’a déclaré authentique dans Mirqat al-Mafatih (1994 ed. 3:299).
[8] Narré par al-Bazzar, Kashf al-Asrar (4:44); at-Tabarani, al-Kabir (9:51). Al-Haythami l’a déclaré authentique dans Majma` al-Zawa’id (10:209). Egalement  rapport – avec une chaine faible – par Ahmad dans son Musnad
[9] Cité dans le Kitab al-Fiqh al-Akbar bi Sharh al-Qari d’Abu Hanifa (Caire: Dar al-Kutub al-`Arabiyya al-Kubra, 1327/1909) p. 16; cf. al-Maturidi, Sharh al-Fiqh al-Akbar in Majmu`a Rasa’il (Hyderabad: Matba`at Majlis Da’irat al- Ma`arif al-Nizamiyya, 1903).
[10] Al-Qari, Mirqat al-Mafatih (1892 ed. 2:136-137, 1994 ed. 3:298-301).]