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Le présent inestimable

– S’éduquer et s’apaiser pour trouver l’équilibre dans son foyer –
 
 

بسم الله الرحمن الرحيم

Se remettre en question n’est pas souvent plaisant et pourtant cela peut ouvrir les portes d’une vie bien plus belle. C’est vrai, cela demande du travail, un engagement sincère et constant, une grande motivation. Cependant, n’est-ce pas la raison de notre présence sur cette terre ? Nous sommes extrêmement reconnaissants envers Allah de nous avoir fait entrer dans cette famille de l’islam et de nous avoir donné cette chance d’explorer nos problèmes et nos traumatismes sous le jour du test à passer. Il y a des circonstances que nous ne choisissons pas, dont nous nous empresserions volontiers de nous débarrasser comme d’une braise dans la main, mais elles sont là. Elles sont là pour nous pousser à changer nos habitudes, prendre responsabilité, demander de l’aide et avancer en maturité et en sagesse. Profitons de de ce mois sacré pour explorer trois sujets très importants qui sont le mariage, les enfants et le divorce, car toute perte, changement ou évènement sont des invitations à réfléchir.

C’est sounna de se marier. Néanmoins, cela ne veut pas dire que lorsqu’untel veut se marier, il est capable de le faire. Nous sommes malheureusement issus de sociétés malades, fatiguées et en mal d’amour – au Moyen-Orient également, même si la famille et l’environnement sont un peu plus protégés – ce qui a des répercussions désastreuses dans nos foyers. Beaucoup ne sont pas aptes à vivre en couple, et le nier, c’est foncer droit dans le mur et reproduire son passé dans le présent, voir son mariage se décomposer, se remarier et revivre la même histoire sans jamais comprendre que le problème est en nous et que la situation ne s’améliorera pas tant que nous ne ferons pas face à notre Histoire. Peut-on s’exprimer avec calme et empathie si étant enfant on n’a vu que cri et colère ? Il faut se reprogrammer à travers des thérapies, des cours psychoéducatifs, des groupes sociaux ou autres. 

Le mariage n’est pas une question d’âge ! L’âge n’a en réalité rien avoir là-dedans, mais c’est plutôt l’intelligence et l’équilibre émotionnel qui aideront au succès de celui-ci. Les divorces ne cessent d’augmenter partout dans le monde, ils sont incroyablement élevés, même en Jordanie et ailleurs. Pour quelles raisons ? Le manque de préparation comme il est mentionné plus haut, mais aussi cette utopie dans laquelle beaucoup de gens vivent pensant que le mariage doit être parfait ; que si l’attirance, la passion ainsi que la connexion physique et émotionnelle diminuent, et bien il faut s’arrêter là. Seulement la réalité est tout autre. Le mariage demande travail et tolérance ! Le « tout, tout de suite » de nos sociétés ne nous aide pas à comprendre ce point. Rien n’est parfait dans les relations avec autrui et tout demande patience quelles que soient l’époque et la culture. « Les relations mènent au chemin spirituel ultime, parce qu’elles nous posent constamment le défi d’aimer et d’accepter dans les situations dans lesquelles nous sommes plus enclins à fuir et rejeter. Pour cette raison plus que toutes, les relations sont l’endroit où notre spiritualité apparaît clairement. Vous pouvez en dire plus sur la véritable spiritualité d’une personne par la façon dont il ou elle traite sa (son) partenaire que par sa présence à l’église. » [1] Prendre la décision de s’engager à la hâte, sans vraiment réfléchir ou pour faire plaisir à autrui peut engendrer un autre plus grand problème : avoir des enfants en sous-estimant la responsabilité et les conséquences.

Avoir des enfants est une excellente chose en islam, cependant personne n’est obligé d’avoir des enfants (même toute sa vie) et encore moins d’en avoir neuf mois pile après le mariage. Ne mélangeons pas culture et religion. Nous ne nous connaissons pas avant le mariage. Certes, nous avons parlé et nous nous sommes mis d’accord sur de nombreux points de la vie familiale, mais il nous reste à découvrir la personne en face. Alors pourquoi se précipiter ? C’est vrai que cela marche pour certaines personnes, néanmoins il n’y a absolument rien de mal à profiter du mariage à deux, se connaître, apprendre à s’aimer et à s’accepter avant de passer à l’étape suivante. Les enfants ne nous appartiennent pas. Ils nous ont été confié par Allah et c’est notre devoir d’en prendre soin. Un enfant a tous les droits de naître dans un environnement sain où règnent l’amour et la paix. C’est une des pires injustices de ce monde que de commencer sa vie et la plus importante phase de l’existence au sein de gens qui ne sont pas psychologiquement ou émotionnellement stables. Toute sa vie cet enfant va payer les conséquences désastreuses du manque de patience et de discernement de ses parents. Plus tard il aura aussi des problèmes relationnels, il aura à briser le cercle de ce qui lui est arrivé et s’il ne le fait pas sa descendance continuera à souffrir comme il a souffert et ainsi de suite. Cela lui prendra beaucoup de temps pour se reconstruire et trouver un équilibre avec l’aide d’un professionnel. Cet article n’est bien sûr pas réservé qu’aux jeunes. On apprend à tout âge et il y a de fortes chances que si une personne a toujours des relations difficiles avec ses enfants, son époux (se), des membres de sa famille ou qu’elle a vécu plusieurs divorces, qu’il y a des problèmes en elle qu’elle n’a pas réglés. Le temps seul n’arrange rien. Allah nous mettra toujours dans la même situation pour nous montrer que le test n’a pas été passé, même si le traumatisme a eu lieu vingt ans ou quarante ans auparavant. Nous voulons rejoindre Allah dans les meilleures conditions, c’est notre plus noble intention. Nous avons à notre charge la génération suivante et leur donner du bien c’est donner de l’amour au monde, leur donner de la douleur c’est être responsable du mal-être de l’humanité. 

Le divorce était courant chez les Compagnons رضي الله عنهم, et les histoires de couple de certains d’entre eux n’étaient pas des contes de fées, ce qui est une source d’enseignement pour nous. L’imam as-Sakhaoui  رحمه الله mentionne bien dans son encyclopédie des grands érudits et érudites, ad-Daw al-Lami’, de l’Égypte du quinzième siècle, les chaykahte qui étaient mariées, veuves ou divorcées, et le dernier cas revient assez fréquemment. Ils avaient des problèmes comme nous en avons. Néanmoins, le divorce reste le moyen de dernier recours quelles que soient l’époque et la société. Lorsque l’on se marie, l’intention est de construire une vie à deux, ce qui veut dire accepter que l’on ne soit pas toujours en accord avec ce qui a lieu. Une fois encore, il ne faut pas avoir peur de consulter l’aide de professionnels et cerner le problème. Le mariage n’est pas facile, mais abandonner trop vite peut avoir des conséquences émotionnelles et physiologiques graves dans le futur surtout si l’on vient à regretter son choix. Oui, bien sûr, nous croyons tous au destin, mais comme nous le savons également nous avons un libre-arbitre et chaque action a une répercussion. Il est étonnant que dans des situations où le musulman a la possibilité d’agir il prétend s’en remettre complètement à Allah sans rien faire, hors ce n’est pas la signification du tawakkoul. Il y a des gens qui essayeront des dizaines voire des centaines de fois d’atteindre le succès dans un emploi, un projet, une entreprise, etc. mais lorsque l’on parle de mariage, ils abandonnent dans les premiers mois ou premières années. Quelle est la différence ? Le mariage est un projet et il demande du dévouement également. Et quel noble projet ! C’est un jihad contre son ego du matin au soir : la moitié de la foi. Si l’on ne travaille pas sur son mariage, Allah ne nous donnera pas le tawfiq, mais on dira après que c’est le destin ! Pourtant, pour beaucoup un divorce est incroyablement douloureux qu’il y ait des enfants ou non. C’est un lien émotionnel et spirituel qui se brise, c’est une douleur physique, un déphasage, de l’anxiété, du stress, de l’insomnie, des pertes de mémoire incroyables, etc. Nous ne sommes pas encore bien équipés pour nous occuper de ceux qui traversent ces moments difficiles bien qu’ils soient malheureusement extrêmement nombreux. Nous leur disons d’avancer et d’oublier, sans comprendre la peine et le sentiment d’échec qu’ils traversent. Ils ne sont pas prêts à « tourner la page ». Cette expression ne veut vraiment rien dire. Ils n’en ont pas besoin en fait, le pansement des plaies prendra le temps qu’il faudra et leur vie continuera sur cette page ou sur une autre. En revanche, ils ont besoin d’apprendre à se connaître, comprendre le problème et travailler sur eux-mêmes tout en nous ayant comme compagnons fidèles. Bien entendu, le divorce peut avoir du bon, comme toutes les épreuves de la vie, si l’on travaille sur soi et accepte sa part de responsabilité dans l’échec du mariage. Il peut parfois être nécessaire pour nous aider à y voir plus clair, cependant il n’est pas la seule manière possible pour prendre ses distances. On peut se mettre d’accord pour s’éloigner un certain temps, comme le Prophète ﷺ l’avait fait avec ses épouses رضي الله عنهن. Les écoles de jurisprudence détaillent les différentes manières de procéder. Dans tous les cas nous avons le droit à deux divorces révocables – ce qui est un immense cadeau d’Allah – et il est important de divorcer dans les règles et de ne pas se séparer durant la ‘idda

Pour avancer et garder l'équilibre dans le couple, il est nécessaire de dialoguer et de faire des efforts

Certains psychologues disent que l’anxiété est la raison première des mariages qui se brisent. Il faut apprendre des techniques pour s’apaiser, être pleinement présent, s’occuper de soi et prendre soin de ses besoins régulièrement et ne pas attendre que quelqu’un le fasse pour nous. Le mariage ne règlera pas nos soucis personnels, c’est à nous de le faire avant, car se gérer soi-même est une chose, mais vivre à deux en est une autre ; cela peut provoquer des émotions ou des angoisses longtemps enfouies qui peuvent affecter la vie de couple.

Nous vivons dans une époque que l’on pourrait appeler : « le printemps de la culture », tout est là devant nous, beau, frais, agréable, accessible et gratuit. Nous n’avons absolument aucune excuse de ne pas nous documenter sur la nature de nos problèmes et essayer de les résoudre au lieu de blâmer les autres. Il est temps pour nous de faire de réelles modifications quant à notre façon de voir les choses, d’améliorer l’ambiance familiale et la société dans son ensemble. La génération du Prophète ﷺ avait travaillé si dur pour suivre son exemple et plaire à Allah, devenant ainsi à leur tour des modèles pour les générations suivantes. Mais, nous, que faisons-nous pour nous-mêmes et pour ceux qui prendront notre place ? Rajab est là et la récompense des bonnes actions est multipliée. Quelle serait la récompense de celui qui travaille sur lui (elle)-même, son mariage, sa famille ou aide un couple en crise ou ceux qui traversent un divorce ?  Ramadan approche à grands pas, le deuxième avec le Corona. Serons-nous différents et meilleurs à la fin de celui-ci ? Pouvons-nous être fiers de nos efforts ? Nous demandons à Allah de nous inspirer, de nous montrer la Voie dans tous les aspects de nos vies et de remplir nos cœurs d’Amour et nos actions de sincérité, amine.

Maryam Szkudlarek

Notes :

[1] Citation de Gay Hendricks tiré du livre « The Big Leap ».

A lire sur le même sujet :

Conseils Pour Un Mariage Heureux
7 conseils pour les Maris attentionnés – Mufti ibn Yusuf Mangera

LES ATTENTATS DE PARIS

 

MESSAGE DE SHEYKHUNA FARAZ RABBANI

 

 

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« Suite à ces attaques tragiques qui se dont déroulées à Paris et durant lesquelles de nombreuses personnes ont été tuées, beaucoup de Musulmans se sentent bouleversés.

Le croyant est celui est qui est peiné lorsque des gens sont tués. Il est normal de ressentir cette peine, cette tristesse et cette indignation face à ce mal. Nous devons prier pour les familles de ceux qui sont décédés et prier pour la sécurité et le bien.

Bien que tristes, n’oubliez pas que vous n’êtes pas responsables de ce qui s’est passé. L’avez-vous fait? Supportez-vous cela? Êtes-vous d’accord avec cela? Aucun d’entre nous supporte ou cautionne cela. Nous savons tous que ça n’a aucun rapport avec l’exemple du bien aimé, le Prophète Muhammad (salallâhu ‘alayhi wassalaam) qui faisait preuve du meilleur comportement. Donc en tant que Musulmans ne vous sentez pas embarrassés, cela n’a rien à voir avec vous et cela n’a rien avoir avec votre Foi, votre Religion ou votre Prophète.

Mais nous avons aussi une responsabilité, nous sommes une communauté qui appelle au bien et interdit le mal, donc quand nous voyons tant de laideur répandue au nom de notre religion, qui se retrouve travestie, et que l’horreur est commise au nom de notre Prophète, nous devons réaliser que nous avons une responsabilité collective. Par conséquent, au lieu de rester assis et de regarder les news pendant des heures, réfléchissez à la manière dont vous pouvez agir pour apporter le bien. Certains, dans notre communauté, ont une compréhension laide de notre religion et cela affecte notre jeunesse et cela en conduit quelques-uns à embrasser des chemins erronés. Nous ne sommes pas responsables de leur mauvaise compréhension car cela n’a rien à voir avec notre Religion, mais nous sommes responsables de la manière dont nous pouvons répondre à cela.

A la dureté, nous devons répondre par la compassion, à la laideur, nous devons répondre par la beauté, à l’obscurité, nous devons répondre par la lumière. Chacun doit se poser la question : « que fais-je pour répandre ce chemin de lumière, de miséricorde, de bonté? ». Nous devons nous questionner : « combien d’heures avons-nous dépensé pour servir le bien et appeler les gens à ce chemin de beauté, de vertu et de miséricorde? Chacun doit se poser ces questions et réfléchir. Il y a certes des gens qui font des dégâts partout dans le monde, mais nous sommes beaucoup à faire des dégâts autour de nous, dans nos propres mariages, dans nos propres familles, sur nos propres enfants, sur nos propres parents, dans notre propre communauté, dans nos relations avec autrui.

Nous avons besoin de guérir et d’être acteur de cette guérison. Lorsque nous voyons ce type d’horreur, nous devons prendre conscience qu’il est urgent que nous soyons chacun des ambassadeurs du bien. Connectez-vous au savoir, connectez-vous à la spiritualité, connectez-vous à la serviabilité et devenez profitables aux autres. Devenez un agent du bien. Lorsque vous voyez des choses comme celles-ci, prenez conscience de l’urgence qu’il y a à s’engager dans cette voie. Et si vous n’êtes pas capable de le faire vous-même, supportez activement ceux qui le font (temps, argent, compétences…).

Qu’Allâh nous aide à répandre le bien car c’est là le chemin de notre bien aimé Messager (salallâhu ‘alayhi wassalaam) et n’ayez aucun doute à ce sujet. »

[Résumé d’une vidéo postée le 14/11/15 par le Sheykh – qu’Allâh le préserve]

Le Prophète et les Compagnons forçaient-ils les gens à devenir Musulmans?

 

Sheykh Ilyas Patel

 

 

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Question :

Assalamou alaykoum. Il y a une question qui me tracasse, c’est pourquoi je me permets de vous envoyer ce courriel.

Un non-Musulman m’a envoyé un message en essayant de démontrer que le Prophète ﷺ et les Sahaba (RA) ont forcé des gens à devenir Musulmans.

Dans ce message, pour appuyer ses dires, le non-Musulman m’a fait lire cette citation particulière :

Abou Bakr a dit : « Vous me avez questionné sur le meilleur conseil que je pourrais vous donner, et je vais vous dire. Allâh a envoyé Muhammad avec cette religion et il a lutté pour elle jusqu’à ce que les hommes l’acceptent volontairement ou par force. » (Ibn Ishaq, Sirat Rasul Allah, pp. 668-669)

Cependant, je sais aussi que Allâh déclare dans la sourate Baqara qu’il n’y a pas de contrainte en Islam.

Ibn Ishaq a-t-il vraiment écrit cela et si ibn Ishaq a écrit cela, alors ce qu’il dit est-il vrai?

Réponse :

Wassalamu alaykum wa rahmatullahi wa barakatuhu,

J’espère que vous vous portez bien.

Oui, il aurait pu dire ce qui précède. Loin d’être apologétique ou polémique, le mot « force » n’est pas à prendre dans son sens littéral, mais la signification de celui-ci doit être prise dans son contexte et sa signification large. Voici ce que mentionne en commentaire de ce verset (ndt : le grand exégète) Ibn Kathir :

Abu Dawud et An-Nasa’i ont également rapportés ce Hadith. Quant au Hadith que l’Imam Ahmad a rapporté, dans lequel Anas a dit que le Messager d’Allah ﷺ a dit à un homme, « embrasse l’Islam. » L’homme a répondu, « Je n’aime pas. » Le Prophète a alors dit, « Même si tu n’aimes pas. »

Premièrement, c’est un hadith authentique, avec seulement trois narrateurs entre l’Imam Ahmad et le Prophète. Cependant, il n’est pas pertinent pour le sujet en discussion, car le Prophète n’a pas forcé cet homme à devenir Musulman. Le Prophète invitait simplement cet homme à devenir Musulman, et il a répondu qu’il n’en avait pas le désir. Le Prophète a répondu à l’homme que même s’il n’aimait pas embrasser l’Islam, il devrait l’embrasser, car Allah allait lui accorder la sincérité et la véritable intention.

Mufti Shaf’i a écrit que cette approche de l’Islam montre clairement que l’usage de la force n’est pas requit pour que les gens acceptent et entrent dans l’Islam, loin de là, il s’agit plutôt de supprimer l’oppression du monde. Lorsque saydinna ‘Umar (qu’Allah soit satisfait de lui) a invité une vieille femme Chrétienne à l’Islam, elle lui a dit : « je suis une vieille femme et très proche de la mort » ce à quoi ‘Umar répondit par le verset cité ci-dessus : « Point de contrainte en religion ».

La coercition et la force ne sont absolument pas envisageables car la foi n’est pas liée à l’extérieur, mais à l’intérieur, au cœur. La coercition et la contrainte n’affectent rien d’autre que le physique à l’extérieur et c’est tout ce qui est affecté par le Jihad et le qital (combats). Au final, il est tout simplement impossible que les gens puissent être forcés à accepter la foi selon ces mesures. Cela prouve que les versets du Jihad et du qital ne sont pas en contradiction avec le verset suivant : « Point de contrainte en religion ».

Une célèbre lettre envoyée par 36 savants Musulmans au pape Benoît XVI comportait ce verset :

« Ce verset est reconnu comme appartenant à la période de la révélation Coranique correspondant à l’ascension politique et militaire de la jeune Communauté Musulmane. « Point de contrainte en religion » n’ordonnaient pas aux Musulmans de rester fermes face à la volonté de leurs oppresseurs de les forcer à renoncer à leur foi, mais c’était un rappel aux Musulmans eux-mêmes, une fois qu’ils avaient atteint le pouvoir, pour qu’ils sachent qu’ils ne pouvaient pas forcer le cœur d’autrui à croire ».

« Point de contrainte en religion » s’adresse à ceux se trouvant dans une position de force et non de faiblesse. Les premiers commentaires du Coran (comme celui d’At-Tabari) montrent clairement que certains Musulmans de Médine voulaient forcer leurs enfants à se convertir du Judaïsme ou du Christianisme à l’Islam, et ce verset était précisément une réponse qui leur était adressée de ne pas essayer de forcer leurs enfants à se convertir à l’Islam.

Quant à la déclaration d’Abu Bakr mentionnée dans Ibn Ishaq, elle doit être fiable. Ibn Ishaq, est considéré par l’Imam ash-Shafi’i, Ahmad ibn Hanbal, Yahya b. Ma`in, al-Bukhari, Muslim et beaucoup d’autres comme fiable dans l’ensemble et en particulier en ce qui concerne la Sira.

Et Allâh seul donne le succès,

Wassalam,

Sheykh Ilyas Patel

 

 

A propos du Djihad, des attentats suicides et des droits des femmes en Islam
 
Sheykh Al-Habib ‘Ali Zain Al ‘Abidin Al-Jifri [1]

 

 

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Dans cet entretien accordé au Washington Post, le Sheykh al-Habib Ali Zain al-‘Abidin Al-Jifri répond aux questions concernant les sujets très controversés que sont le Djihad, les attentats-suicides, et les droits des femmes dans l’islam.Qu’est-ce que le Djihad? Dans quelles circonstances l’islam autorise-t-il l’utilisation de la force? Que dites-vous des kamikazes qui justifient leurs actions en prétextant l’Islam?La tradition islamique condamne sans équivoque tout type d’agression envers des civils innocents. L’islam ne permet pas la lutte armée, sauf pour s’opposer à un agresseur qui occupe une terre qui n’est pas la sienne ou dans le but d’aider les peuples opprimés à éliminer l’oppression.La notion de Djihad dans la tradition islamique implique le sens de rassembler l’ensemble des moyens et des énergies disponibles en vue de parvenir à la réalisation de la vérité, la volonté  de faire des sacrifices dans l’unique but de faire le bien, faire preuve de bonté envers son prochain, sans rien attendre en retour si ce n’est l’Agrément de Dieu.L’étymologie du mot «Djihad» en arabe renvoie à la lutte (l’effort) ou l’endurance dans l’épreuve; la dépense d’énergie et de ressources. Lorsque cela est appliqué au contexte Islamique, il devient alors l’effort pour faire progresser le bien et l’accomplissement spirituel (litt : illumination). C’est la compréhension doctrinale originelle définit par les textes religieux.

L’expression la plus importante du Djihad est l’effort spirituel (Mujahada) contre son ego pour parvenir à l’épanouissement et à la purification spirituelle. Ce Djihad est connu chez les musulmans comme étant le « le Grand Djihad ».


Il existe d’autres formes de Djihad, comme celui de la «parole», le Qour’an nous dit : « et emploie toi, à l’aide du Qour’an, à les combattre vigoureusement. » [2]. Le Prophète (salallahou ‘alayhi wassalaam) a dit : « Le meilleur Djihad est le fait de dire la vérité à un dirigeant injuste » [3]. Parmi les autres formes on trouve également le Djihad de l’éducation, le Djihad de l’édification d’un système économique fonctionnel et de l’éradication de la pauvreté, le Djihad dans la création d’une politique, d’une diplomatie et d’un gouvernement constructifs. Cependant, c’est le Djihad contre l’injustice, incluant en dernier recours et sous certaines conditions, la lutte armée, qui de nos jours est mis sous les projecteurs. La réalité du Djihad ayant pour objectif l’atteinte de la vérité, l’accomplissement du bien et le bon comportement envers son prochain, on comprend bien que la lutte armée n’a pas vraiment sa place ici, sauf dans deux cas précis :
1/ La défense contre un agresseur (sous condition d’une conduite éthique juste), ou

2/ Afin de garantir aux personnes la liberté de choisir leur propre voie vers la vérité religieuse.

La tradition islamique interdit le suicide. Elle interdit toute forme d’atteinte envers des personnes innocentes et préconise l’Etat de Droit dans les termes les plus forts.

Si l’islam interdit de prendre la vie d’une personne, qu’est ce qui conduit les kamikazes à commettre de tels actes?

La question des attentats-suicides est trompeuse, puisqu’elle à tendance à mettre l’accent uniquement sur le nature « suicidaire » de l’acte. Cependant, il y a quelque chose de plus grave, au cœur de cela. C’est le problème de la trahison de la confiance à laquelle toutes les personnes innocentes sont supposer prétendre dans le cadre d’une dépendance mutuelle dans l’ordre social. Cette observation, à son tour, mène à une autre question. Cela est-il plus (ou moins) atroce que l’acte d’une personne assise derrière un bouton sur lequel elle appuie – provoquant la mort et la destruction de milliers de personnes -, puis retourne à son quotidien, sans une réflexion postérieure? Non, les deux sont épouvantables et  requièrent que l’humanité se réveille et assume la responsabilité de ses actions.

Deux choses ici nécessitent d’être éclaircies, l’une d’elles est acceptable, l’autre est un point de divergence.

1/ Le point sur lequel nous sommes tous d’accord c’est que le crime de ces gens provoque la mort de personnes innocentes et engendre des ravages considérables. C’est quelque chose qui a été interdit par la loi Islamique (Shari’a) il y a de cela 14 siècles, et ce n’est que bien plus tard que cela a été rejeté par la conscience humaine moderne.

2/ Le point de divergence, réside ici dans le silence relatif à cette question que personne ne pose, à savoir : qui est responsable de l’immense désespoir atteint par ces jeunes à tel point qu’ils soient prêts à se faire exploser et à entraîner d’autres personnes avec eux?


Sont-ils seuls dans la perpétration de pareils actes? Ou bien, pouvons-nous ajouter à la liste des parties responsables l’absence d’enseignement islamique mature et holistique [4]. Une absence qui a laissé, chez ces personnes, des lacunes dans la compréhension de leur religion et que les extrémistes se sont empressés de remplir par de la désinformation dont les kamikazes se sont inspirés ensuite pour passer à l’acte. L’un des enseignements de l’Islam (qui échappa aux auteurs de ces actes), est que, quelques soient les difficultés et les peines qu’une personne puisse connaître, cela ne peut jamais justifier une chose qui soit en contradiction avec l’éthique Islamique.

Sera-t-il un jour possible que les gens puissent se sentir à l’abri d’être accusés de « terrorisme »? Alors pourra-t-on peut-être simplement se poser des questions concernant les injustices extrêmes et l’oppression vécues par les sociétés dans les pays en voie de développement de l’hémisphère sud.  Des injustices conduites sous la pression de milieux exerçant une influence abusive sur la communauté internationale et ses institutions, les rendant incapables de protéger les citoyens de ces iniquités, à tel point que les jeunes désespèrent d’avoir (un jour) un système juridique ou des institutions internationales équitables. Ces jeunes se retrouvent alors à écouter ceux qui appellent à la vengeance, justifiant leurs propos par des interprétations erronées des textes Sacrés, promettant à ces jeunes le Paradis, en échange de leur misérable situation.  Partout où l’injustice et le désespoir règnent en maître, vous y trouverez le suicide. 

Lors des affaires criminelles ordinaires, nous donnons une grande importance à l’expertise judiciaire et au contexte (mobile) du crime. Nous demandons des comptes à la société qui a engendré la personnalité criminelle, tout en tenant le criminel responsable de ses actes. Dans le cas des crimes perpétrés par ces kamikazes notre responsabilité est encore plus grande et la nécessité d’une investigation et d’une analyse est d’autant plus importante. C’est une triste situation  à laquelle nous sommes arrivés et si nous voulons obtenir l’amélioration et la guérison, il faudra le courage et la maturité de toutes les communautés.

Je le répète : l’Islam condamne catégoriquement les actes commis par les poseurs de bombes sur les Tours Jumelles à New-York, les trains à Madrid, les attentats de Londres et toutes les autres attaques visant des innocents.

Enfin, je suis reconnaissant envers ceux qui ont ouvert un canal de dialogue entre les personnes qui cherchent à travailler afin de construire des ponts entre individus lucides dans le but de récupérer le manteau d’hégémonie des mains des extrémistes de tous bords qui ne souhaitent qu’entraîner notre monde dans la discorde et l’instabilité. Accroître le cercle du dialogue, comprendre et la clarifier les différents points de vue est un indicateur rassurant pour l’avenir de notre petite et intime planète bleue.

Quels sont les droits des femmes dans l’Islam? Le point de vue de l’Islam sur l’égalité des hommes et des femmes diffère-t-il de la vision occidentale?

L’équité prévaut sur toute forme d’égalité.


La maltraitance et les abus (physiques, mentaux et sociaux) de la femme prennent de multiples formes. Certaines de ces formes sont basées sur une mauvaise compréhension et un détournement des enseignements religieux. Il devrait pourtant être connu que toute personne qui maltraite une femme ou une jeune fille n’a d’autre appellation, dans le cadre  juridique de notre Charia, que celle de criminel.

Cependant, il y a un amalgame qui est fait entre l’oppression des femmes opposée à la philosophie d’égalité radicale d’une part et la différenciation accablante entre une sorte d’égalisation uniforme accompagnée d’une indifférence totale envers le rôle immense que les femmes jouent dans la société en tant que mère, éducatrice, travailleuse social et femme au foyer de l’autre.

La véritable égalité est de donner le même respect aux rôles que seule une femme peut jouer dans la société, qu’à celui accordé à d’autres rôles socio-politiques, rôles qu’elle à très souvent  gardé la capacité d’effectuer pourvu que les mêmes opportunités se présentent. C’est véritablement une des injustices de notre époque que les critères de « réussite » et de « valeur » aient été centrés sur tout, sauf sur les qualités et les prouesses de nos mères, celles qui s’occupent de nous, nous transmettent notre identité, et élèvent nos enfants.

Nous ne devons toutefois pas négliger la condition de beaucoup beaucoup de femmes à travers le monde qui n’ont d’autre choix que de jouer à la fois le rôle de la mère et du père, d’élever les enfants et de subvenir aux besoins financiers de la famille, en raison de leur situation extrêmement difficile.

Pour ces raisons, j’éprouve le besoin de souligner que c’est l’accomplissement mutuel qui devrait être le fondement de la relation entre les sexes; plutôt que les débats cacophoniques auxquels nous assistons aujourd’hui dans les discours sur les droits entre les sexes.


Notes :


[1] Le Sheykh al-Habib Ali Zain al-‘Abidin Al-Jifri est né en 1971 en Arabie Saoudite au sein d’une famille Yémenite dont la généalogie remonte à l’Imam al-Hussayn ibn ‘Ali Ibn Abi Talib. Issu de l’école islamique de Hadramawt au Yémen, Sheikh Al-Habîb `Alî Al-Jifrî éveille les cœurs par ses prêches qui visent à revivifier la spiritualité et l’attachement à Allâh dans le cœur et le quotidien des musulmans. Dans ses exhortations émouvantes, il aborde la purification de l’âme, l’amour et l’observance d’Allâh, l’attachement ferme à la Sunnah du Prophète, le cheminement permanent vers Dieu et l’humilité envers les savants de la communauté.

[2] Qour’an, Sourate 25, Verset 52

[3] Hadith rapporté par Abou Dawoud, at-Tirmidhi et Ibn Madja, qu’Allâh leur fasse Miséricorde

[4] Holistique, du grec holos,  » le tout « , ce terme désigne toutes les approches de la vie, ou toutes les techniques thérapeutiques qui prennent en compte la globalité de l’individu. Par exemple, une vision holistique de l’être humain tient compte de ses dimensions physique, mentale, émotionnelle, familiale, sociale, culturelle, spirituelle.