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° Le statut de la tolérance
en Islam

Par le Mufti d’Egypte Sheykh Ali Goma’a [1]

 Tolerance

Le Qour’an établit des principes de vie clairs pour l’Humanité. Il déclare sans équivoque que tous les êtres humains ont été créés à partir d’un seul être et qu’ils sont tous unis de par leur origine commune.

Allâh -Ta’ala- dit :

« Ô hommes ! Craignez votre Seigneur qui vous a créés d’un seul être et qui, ayant tiré de celui-ci son épouse, fit naître de ce couple tant d’êtres humains, hommes et femmes ! Craignez Allâh au nom duquel vous vous demandez mutuellement assistance ! Respectez les liens du sang. En vérité, Dieu vous observe en permanence. » [2]

Le Prophète (salallâhou ‘alayhi wassalaam) a aussi dit :

« Tous les hommes sont les enfants d’Adam, et Adam fut créé de poussière. » [3]

Ainsi, d’un point de vue Islamique, tout le monde a le droit de vivre honorablement, sans distinction ni discrimination. L’être humain est honoré dans le Qour’an, sans distinction de religion, de couleur ou de race.

Allâh –Ta’ala- dit : 

« Certes, Nous avons honoré les fils d’Adam. Nous les avons portés sur terre et sur mer. Nous leur avons procuré d’agréables nourritures. Nous leur avons donné la préférence sur beaucoup d’autres de Nos créatures. » [4]

Il n’est pas juste que des gens s’engagent dans des discordes et dans des hostilités basées sur des critères tels que la race, la couleur de peau, la langue ou la religion. Au contraire, cette diversité devrait être une occasion pour apprendre à connaître l’autre et pour collaborer sur des intérêts communs. Ainsi, Allâh -Ta’ala- dit :

« Ô hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous vous avons répartis en peuples et en tribus, pour que vous fassiez connaissance entre vous. En vérité, le plus méritant d’entre vous auprès de Allâh est le plus pieux. Allâh est Omniscient et bien Informé. » [5]

Le seul élément de distinction (entre les humains) avancé par le Qour’an est la contribution qu’une personne peut apporter au bien-être de toute l’humanité : « En vérité, le plus méritant d’entre vous auprès de Allâh est le plus pieux. »

En tant que tel, l’approche Islamique concernant les non-Musulmans et en particulier les gens du Livre (Juifs et Chrétiens), est basée sur une coexistence et sur une coopération, en particulier sur des questions d’intérêts communs fondés sur des valeurs et de l’éthique, qui sont promues non seulement par toutes les religions, mais qui sont aussi acceptées par toute l’humanité.

Le commandement de l’Islam concernant la manière dont il faut se comporter avec les non-Musulmans est résumé dans le verset suivant :

« Allâh ne vous défend pas d’être bons et équitables envers ceux qui ne vous attaquent pas à cause de votre religion et qui ne vous expulsent pas de vos foyers. Allâh aime ceux qui sont équitables. » [6]

Dans ce verset et dans d’autres, l’Islam définit les fondements de l’interaction du Musulman avec les autres : ces interactions trouvent leur origine dans la tolérance, qui est profondément liée au fait de pardonner aux autres leurs erreurs, d’aspirer à l’excellence dans la conduite et d’accroître les œuvres vertueuses.

Le fondement de ce point de vue tolérant vis-à-vis des autres religions provient d’un ensemble de croyances et de vérités que l’Islam inculque dans les cœurs et dans les esprits des Musulmans. Les principaux points étant : l’origine commune de toute l’humanité, la dignité des êtres humains, le fait que les différences religieuses existent par la volonté d’Allâh et le fait que les Musulmans ne sont pas mandatés pour juger les personnes d’autres confessions. En outre, en plus d’interdire les conversions forcées,  l’Islam encourage l’établissement de la justice entre les peuples, ce qui est nécessaire pour une coexistence stable et pacifique.

L’Islam distingue deux niveaux de non-Musulmans :

1/ Un individu non-Musulman ou un groupe de non-Musulmans vivant au sein d’une communauté Musulmane.

2/ Un groupe de non-Musulmans qui depuis l’extérieur traite avec un État Musulman.

L’Islam fournit les plus grands exemples de coexistence avec les non-Musulmans à ces deux niveaux. Il explique la façon de traiter les autres, à la fois en  théorie et en  pratique – et l’histoire humaine témoigne de cela tout au fil des siècles.

Le Prophète a déployé des efforts considérables pour enseigner la miséricorde, la tolérance et le pardon envers les non-Musulmans. Il nous a également mis en garde contre le fait d’être injuste avec eux : « Quiconque est injuste avec un mu’ahid [7], porte atteinte à ses droits, lui demande quelque chose au-delà de ses capacités, ou qui lui prend quelque sans son consentement, j’argumenterai contre lui au Jour du Jugement. » [8]

Lorsque l’Etat islamique fut élargi à l’époque du Prophète, il y avait beaucoup de tribus Arabes Chrétiennes, en particulier à Najran [9], avec lesquelles il avait signé des pactes. Ces pactes leur garantissait la liberté de conscience et de pratique, la protection de leurs lieux de culte, ainsi que leur liberté de pensée, d’éducation et de travail. Le pacte entre le Prophète et les habitants de Najran stipulait : « Le peuple de Najran et de ses environs jouissent de la protection d’Allâh et de Son Prophète. Cela inclut leur vie, leur religion, leurs terres, leurs propriétés – qu’ils y soient présents ou absents -, leurs marchés, et leurs lieux de culte. Aucun évêque ne devra être expulsé de son évêché, ni un ermite de son ermitage, ni un fond de dotation de son état de dotation. Les accords de ce pacte sont pour toujours garantis par la protection d’Allâh et de Son Prophète et ce jusqu’à qu’à ce que l’ordre d’Allâh arrive et aussi longtemps que le peuple de Najran restera fidèle à ce pacte et respectera les conditions formulées pour eux. » [10]

Pendant le califat de ‘Umar Ibn al-Khattâb, les Musulmans ont suivi l’exemple de leur Prophète lorsqu’ils ont signé un pacte avec le peuple d’Aelia (Jérusalem). ‘Umar leur a garanti la liberté de culte, ainsi que l’inviolabilité de leurs temples et de leurs rituels. Il déclara : « Ne prenez rien de leurs églises, ne les détruisez pas et ne portez pas atteinte à l’un d’eux. Ne prenez pas leurs biens, leurs croix ou leurs richesses. Ne les contraignez pas à quitter leur religion, et qu’aucun d’entre eux ne soit lésé, et que nul d’entre les Juifs ne vive à Aelia avec eux. » [11] et [12]

C’est ainsi que les Musulmans ont traité les gens d’autres religions à travers l’histoire.

Il est important de noter que les Coptes Egyptiens jouissent d’un statut spécial parmi les Musulmans, en particulier parmi les Musulmans Egyptiens. Umm Salama (qu’Allâh soit satisfait d’elle) rapporte que le Prophète a conseillé avant sa mort : « Je vous recommande par Allâh les Coptes d’Egypte. Vous les vaincrez et ils seront pour vous un appui matériel et un renfort dans le chemin d’Allâh. » [13]

Dans une autre narration, le Prophète dit : « Vous conquerrez une terre où l’on traite du qirât. Soyez pleins d’égard envers sa population car elle dispose d’une dhimmah et d’un lien de parenté [14]. » [15]

Tous ces exemples documentés, et bien d’autres encore qui sont trop volumineux pour être ici mentionnés, illustrent la tolérance de l’Islam et des Musulmans dans leur patrimoine, dans leur pensée et dans leur perspective vis-à-vis des  non-Musulmans.

Notes  :

[1] La Biographie de Sheykh ‘Ali Gomaa est disponible ICI
[2] Qour’an – Sourate An-Nisa, n°4, verset 1
[3] Sunan Abu Dawud 331/4, at-Tirmidhi 735/5
[4] Qour’an – Sourate Al-Isrâ ‘, n°17, verset 70
[5] Qour’an – Sourate Al-Hujurât, n°49, verset 13
[6] Qour’an – Sourate Al-Mumtahana, n°69, verset 8
[7] Le terme « mu’âhid » désigne aussi bien le non-Musulman résidant en terre musulmane que le non-Musulman résidant dans la terre non-Musulmane qui est liée par un traité de paix avec la terre Musulmane
[8] Sunan Abu-Dawud 170/3, al-Tirmidhi 336/3
[9] Une ville au sud-ouest de l’Arabie-Saoudite actuelle
[10] Dala‘il al-Nubuwwah by Imam al-Bayhaqi
[11] “History of al-Tabari“ 449/2
[12] Aelia est l’ancien nom de Jérusalem. Pour plus d’infos, lire cet article.
[13] At-Tabari 265/23
[14] Les liens de parenté mentionnés ici sont ceux de Hajar, qui fut Egyptienne
[15] Sahih Muslim 1970/4

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Les caricatures et offenses visant l’Islam et son Prophète

Par Sheykh Abd Allâh bin Bayyah

 

Muhammad

 

 

Comment l’infâme peut-il bloquer la lumière du soleil, ou comment le ruisseau putride peut-il polluer l’eau limpide de la vie? Les chiens enragés aboient à la lune, mais la caravane passe. Ils sont les ennemis de la paix, les ennemis de la prospérité, les ennemis de l’humanité.

Tes détracteurs faisaient allusion à quelqu’un d’autre, un produit de leur vile imagination. Ces gens ne méritent pas d’être mentionnés par leur nLes jours et les nuits passent, tout comme défilent les siècles et les générations successives. Ta lumière brille toujours et le parfum de ton souvenir pénètre toute chose, ta cascade coule à travers, en douceur et ton appel à l’humanité reste intemporel et universel : « Ô hommes! Craignez votre Seigneur qui vous a créés d’un seul être » (Qour’an).om, et nous ne nous soucions pas parler avec eux. Au contraire, nous nous adressons aux gens doués de raison et de compréhension. Nous nous adressons aux croyants, et nous nous adressons aux Musulmans, avec ces trois pensées :

1) Pour les gens doués de raison et de compréhension : Nous demandons à ce que chacun réfléchisse sur les multiples conséquences que les provocation d’un petit groupe de gens qui ne désirent et ne recherchent ni la paix ni la fraternité entre les membres de l’humanité, peuvent avoir alors qu’ils se permettent délibérément de heurter la sensibilité de plus d’un milliard de personnes.

Cela constitue une menace à la paix dans le monde sans qu’aucun avantage tangible ne soit réalisé. N’est-il pas nécessaire dans le monde d’aujourd’hui que les Nations Unies adoptent une résolution criminalisant l’irrévérence envers les symboles religieux? Nous demandons à toutes les autorités religieuses et politiques, ainsi qu’aux personnes douées de raison de se rassembler pour mettre un terme à cette absurdité qui ne profite à personne.

2) Pour les Musulmans du monde : Exprimer l’indignation face à la calomnie visant Allâh ou le Prophète Muhammad (salallahou ‘alayhi wassalaam) est un droit moral, car la foi ne peut être dénuée de sentiments et impassible face à la provocation. Aimer le Prophète Muhammad plus que nos richesses, plus que nos ceux que nous chérissons et même plus encore que nous-mêmes fait partie de notre Foi. Il fait aussi partie de notre amour complet pour lui que nous suivions les commandements d’Allâh, en particulier lorsqu’Il dit : « Et que la haine pour un peuple ne vous incite pas à être injuste. Pratiquez l’équité : cela est plus proche de la piété » et « Aucune âme ne porte les péchés d’un autre âme » et « Quiconque tue un être humain non convaincu de meurtre ou de sédition sur la Terre est considéré comme le meurtrier de l’humanité tout entière » (Qour’an). Par conséquent, nous vous supplions de n’être la cause d’aucune violence, qu’il s’agisse de délégations étrangères ou autre. Vous ne devez pas détruire des biens ou bafouer les valeurs et principes que vous défendez et chérissez tant. Attaquer des innocents ou tuer des diplomates ou des ambassadeurs étrangers, enfreint l’ordre politique, mais enfreint avant tout les principes moraux et religieux. Il est important de ne pas oublier que le Prophète Muhammad a fait l’éloge de ceux qui font preuve de retenue plutôt que de céder à la colère. Vous devez empêcher ces individus qui agissent de manière imprudente de commettre ces actions qui sont déraisonnables et immorales. Nous demandons à la jeunesse Musulmane d’être disciplinée, en paroles et en actes, et à ce qu’elle agisse de manière appropriée.

Nous appelons les autorités religieuses Musulmanes, les gouvernements, les dirigeants communautaires et les dirigeants d’association à élaborer une stratégie pour faire face à l’avenir à de telles situations. Ces situations se reproduiront probablement, il est donc important de gérer le conflit en amont. Nous appelons les assemblées qui vont effectuer la prière du Vendredi à prier et à chercher les bénédictions sur le Prophète Muhammad et à informer la communauté internationale sur la gravité de la situation.

3) Pour nos voisins occidentaux : Notre Seigneur nous enjoint à respecter et à traiter équitablement nos voisins, sans distinction de race ou d’appartenance religieuse. Jésus (sur lui la Paix) a également parlé de l’amour à donner à son prochain. Nous resterons toujours voisins. Aucune personne raisonnable ne peut conclure qu’il serait possible que l’un ou l’autre d’entre nous disparaisse de la surface de la Terre. Par conséquent, pourquoi ne pas coopérer à l’établissement de bonnes relations de voisinage dans le but de créer un espace pour la liberté et la prospérité mutuelles?

Nous sommes extrêmement préoccupés par cette petite minorité active dans vos pays qui cherchent à perpétuer une situation de conflit et de guerre.

Nous estimons que de tels objectifs ne servent pas l’intérêt général. Par conséquent, nous espérons que vous réviserez votre position et rendrez illégal le dénigrement des symboles religieux, car de telles provocations ne servent pas les principes de la liberté d’expression, principes que vous comme nous cherchons à maintenir.

Sheykh Abd Allâh bin Bayyah

Vice-président de l’Union internationale des savants Musulmans (IMUS)
Président du Centre Mondial pour le Renouveau et l’Orientation
Professeur de Jurisprudence Islamique à l’Université du Roi Abdul-Aziz à Jeddah

 

Les Salafis sont-ils majoritaires dans le monde Musulman ?

Réponse du Mufti Muhammad ibn Adam al-Kawthari

  masjid-kristal

 

 

Question :

Je vis en Angleterre et je me sens vraiment déprimé. Partout où je me rends, je ne rencontre que des salafis et des gens ayant un penchant pour le salafisme. Ces deux dernières années, j’ai cherché à me marier, mais là aussi, le résultat est identique.

Je me suis alors senti perdu et très isolé. J’ai appris que la voie traditionnelle est celle de la majorité, mais mon expérience personnelle me démontre le contraire.

Je suis séduit par la relative ouverture d’esprit et par la voie spirituelle de ces savants qui appellent au chemin traditionnel. Cependant, je n’arrive pas à rencontrer de telles personnes. Au contraire, je ne croise ici que des esprits étriqués, comme les salafis et comme ceux qui attaquent les autres Musulmans (qui suivent une école de Jurisprudence et la ‘Aqida Maturidi) à cause d’avis tels que celui de la non-célébration du Mawlid, etc.

J’ai rencontré des Musulmans du Moyen-Orient et ils sont également portés vers le salafisme. Il semblerait que seuls les Musulmans du sous-continent indien ne le soient pas.

Comment puis-je être certain que la voie que j’ai choisie soit la bonne? Le fait que les salafis/wahhabis aient le contrôle des deux villes Saintes, ne signifie-t-il pas que Allâh les a favorisés? J’étais persuadé que l’innovation (bida’a) ne pouvait pas exister à Médine.

Je m’excuse si ces questions peuvent sembler un peu étranges, mais je suis très perturbé et cela commence à affecter ma santé mentale.

Réponse :

Au nom d’Allâh, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux,

C’est juste que vous avez eu la malchance de rencontrer les mauvaises personnes. Il est inexact de dire que la majorité des Musulmans sont des Salafis et que seuls les Musulmans du sous-continent indien ne le sont pas. Le fait est que, plus de 85% des Musulmans suivent le chemin traditionnel de l’orthodoxie Sunnite du courant majoritaire d’Ahl al-Sunna wa al-Jama’a. C’est le chemin suivi depuis plus de mille ans et ce n’est que récemment (au cours des 30 dernières années) que la secte (dite) Salafi est apparue.

La majorité des Musulmans d’Inde, du Pakistan, des Émirats arabes unis, d’Asie, de Turquie, de Syrie, d’Irak, et de nombreux autres pays suivent le Madhab (l’école) Hanafi. Les Musulmans d’Indonésie, de Malaisie, du Sri Lanka, du Yémen, d’Égypte et d’une partie de la Syrie suivent généralement l’école Shafi’ite. L’école Malikite est principalement pratiquée dans les pays d’Afrique du Nord, comme la Tunisie, l’Algérie, la Mauritanie, le Maroc, la Libye, etc. On peut trouver des Hanbalites dans certaines parties de l’Arabie saoudite, au Koweït, au Bahreïn, en Syrie et dans d’autres pays. Les Écoles de Croyance (‘Aqida) Ash’arite et Maturidite sont également très répandues dans ces terres musulmanes.

Il est par conséquent totalement erroné de supposer que les Musulmans Sunnites sont en minorité, alors qu’au contraire, ils ont toujours été et demeurent encore aujourd’hui le courant traditionnel et majoritaire.

Sayyiduna ‘Abd Allâh ibn ‘Umar rapporte que le Messager d’Allâh (salallâhou ‘alayhi wassalaam) a dit : « Certes, Allâh n’unira jamais cette communauté dans l’égarement. La Main d’Allâh est avec la majorité, vous devez donc suivre le groupe le plus large, car celui qui en dévie est guidé vers l’enfer. » [1]

Par conséquent, soyez assuré que le bon chemin est celui que vous avez choisi, et c’est celui suivi par la majorité des Musulmans. En Angleterre, il y a beaucoup de savants Sunnites, en fait, la majorité des Mosquées (Masjids) et des Imams sont Sunnites. Je vous recommande de sortir du cercle étroit et limité dans lequel vous vous trouvez actuellement.

Quant aux différends qui peuvent exister entre Musulmans suivant tous une même voie Sunnite traditionnelle et suivant un Madhaab et la ‘Aqida Maturudi (ndt : ou Ash’ari), c’est certainement quelque chose qui est très regrettable. Il faut expliquer à ces personnes d’une manière agréable et douce que ces questions sont sans importance et qu’elles doivent être laissées de côté (car nous ne serons pas interrogés dessus le Jour du Jugement) et qu’il est préférable de se concentrer davantage sur les bases de l’Islam. Vous devez également éviter de tomber dans des discussions de ce type et comprendre que le fait d’être entouré de telles personnes ne devrait jamais vous dissuader de suivre la voie Sunnite.

En ce qui concerne votre dernier point évoquant le contrôle de Haramayn par les Salafis, il convient de garder à l’esprit que le contrôle des terres sacrées n’est pas en aucune manière une preuve que l’on est sur la vérité. Il existe dans l’histoire de nombreux exemples durant lesquels des usurpateurs avaient le contrôle sur ces terres sacrées.

Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, les terres saintes étaient sous le contrôle des savants Sunnites. On pouvait assister dans les Mosquées sacrées de Makkah al-Mukarrama et de Madina al-Munawwara à quatre assemblées pour chaque Salat, en conformité avec les quatre Ecoles Sunnites traditionnelles de loi Islamique. Beaucoup de grands savants y ont vécu et y ont enseigné pendant des siècles. Ceci jusqu’à ce que Muhammad ibn Abd al-Wahhab et ses disciples viennent imposer leurs idéologies dans ces terres.

Il est pertinent de rappeler qu’il y a de grands savants Sunnites qui vivent encore aujourd’hui sur ces terres, malgré la vigilance rigoureuse du gouvernement et des groupes tournés vers le Salafisme/Wahhabisme. Des Savants tels que, Sheykh Muhammad al-Awwama (Un Syrien, grand savant Hanafi), Sheykh Habib Zayn (Un Yéménite, grand savant dans l’école Shafi’ite et dans le Tasawwuf), Sheykh Abd al-Hafidh al-Makki (un grand savant Hanafi et Soufi, originaire du Pakistan), Sayyidi Alawi al-Maliki (à Makka al-Moukarrama) et bien d’autres, qui résident et enseignent dans ces terres bénies.

L’imam Indien Muhammad Zakariyya al-Khandahlawi, un des grands savants du Hadith et de l’école Hanafite, a passé de nombreuses années de sa vie à Madina al-Munawwara. Ses élèves et disciples sont très nombreux. Mon propre Sheykh, Mawlana Sheykh Muhammad Yusuf Mutala (qu’Allâh le préserve) a été l’un de ses principaux élèves. J’ai personnellement entendu mon Sheykh dire que, dans les années soixante-dix, celui qui était à la tête des Imams de Haram à la Mecque, Sheykh Muhammad ibn Abd Allah as-Subayl (qui était aussi un Imam à l’époque) venait régulièrement assister aux rassemblements de Dhikr et de Tasawwuf de Sheykh Muhammad Zakariyya.

Enfin, rappelez-vous le Hadith du Messager d’Allâh :

Sayyiduna Abd Allâh ibn ‘Umar rapporte que le Messager d’Allâh a dit : « Ô Allâh, bénis pour nous la Syrie ! Ô Allâh, bénis pour nous le Yémen ! » Les gens (présents) dirent alors : « Et le Najd ? ». Il reprit : « Ô Allâh, bénis pour nous la Syrie ! Ô Allâh, bénis pour nous le Yémen ! » Ils dirent : « Et le Najd ? », et je crois qu’à la troisième fois il dit : « A cet endroit, il y aura des tremblements de terre et des séditions, et c’est également à cet endroit qu’apparaîtra la corne du diable. » [2]

Et Allâh est plus Savant.

[Mufti] Muhammad ibn Adam al-Kawthari
Darul Iftaa
Leicester, Royaume-Uni

Notes :

[1] Hadith rapporté par Ahmad, Sunan Tirmidhi, n° 2167 [2] Hadith authentique rapporté par al-Bukhari

Lire également les articles suivants :

– Les savants salafis eux-mêmes admettent qu’ils sont un groupe ultra minoritaire

– La nécessité de suivre le Groupe majoritaire

A voir : Dans cette courte vidéo sous titrée en français, sheykh Yussuf al-Qaradawi évoque également le sujet.

 

Interdiction rigoureuse du commérage (namîma)

Par l’Imam An-Nawawi

 Medisance

 

 

Les Hadiths :

168. (105) On rapporte qu’ayant été informé qu’un certain homme colportait les propos malveillants pour semer la discorde, Hudayfa dit :  « J’ai entendu le Messager d’Allâh (salallahou ‘alayhi wassalam) dire : « Il ne sera point admis au Paradis de commère. » »

169. (…) Hammâm ibn al-Hârit dit : « Un homme rapportait les propos des gens à l’émir. Nous étions assis une fois dans la mosquée quand les gens dirent : « Celui-là fait partie de ceux qui rapportent les propos des gens à l’émir. Ensuite, cet homme s’approcha et prit place parmi nous. Alors Hudayfa dit : J’ai entendu le Messager d’Allâh  dire : « Le rapporteur n’entrera pas au Paradis. » »

170. (…) Hammâm ibn al-Hârit rapporte : « Nous étions assis avec Hudayfa dans la mosquée, quand un homme vint s’asseoir avec nous. On dit alors à Hudayfa : Celui-là est un rapporteur du gouvernant. Hudayfa dit alors spécialement à son intention : J’ai entendu le Messager d’Allâh dire : « Le rapporteur n’entrera pas au Paradis. » »

Commentaire de l’Imam An-Nawawi :

Il est dit dans une version [n°168] du hadith : « Il ne sera point admis au Paradis de commère (nammâm) ». Et dans l’autre [n°169-170] : « Le rapporteur (qattât) n’entrera pas au Paradis ». Les deux termes ayant la même signification.

Les ulémas définissent « namîma » comme étant le colportage des propos des gens, des uns aux autres, dans le but de semer la discorde entre eux. Dans son célèbre ouvrage Ihyâ’ ulûm ud-dîn, l’imam Abu Hâmid al-Ghazâlî rahimahullaah.gif dit ceci: Sache que (namîma) est un terme qui désigne généralement le colportage des propos d’autrui à celui qui en le sujet. Tel que dire: Untel dit de toi ceci et cela. Il ajoute que : Ce colportage ne se limite pas à cela, bien plus et plus précisément, ce genre de commérage consiste justement à révéler ce qui détestable à dévoiler et à tirer au grand jour, ou pour le destinataire, ou pour le destinateur ou pour le colporteur et indépendamment du fait que cette révélation se fasse par l’allusion, le signe ou le geste. Car, le commérage (namîma) est en réalité le dévoilement du secret et la violation de l’intimité qu’on déteste révéler. Ainsi, même si on voit quelqu’un cacher son propre argent et qu’on le révèle à autrui, ce sera certes du commérage (namîma). Aussi, celui à qui on rapporte des commérages en lui disant : Untel dit de toi telle chose ou veut te faire ceci et cela, doit observer six règles :

1. D’abord, il ne doit pas le croire car le colporteur des propos malveillants est foncièrement une personne perverse.

2. Il doit lui défendre le colportage, l’exhorter et lui montrer l’infamie de son acte.

3. Il doit le haïr partant de l’amour de Dieu (Exalté soit-Il), car le colporteur ou la commère est haïssable pour Dieu (Exalté soit-Il). Or, il est obligatoire de haïr ceux que Dieu (Exalté soit-Il) hait.

4. Il doit se garder de penser du mal de son frère absent.

5. Il doit également éviter que ces commérages le poussent ou l’incitent à espionner autrui ou a faire des recherches pour s’assurer de leur véracité.

6. Il doit refuser de commettre lui-même l’acte qu’il interdit au colporteur, par respect de sa propre personne. Autrement dit, il doit s’élever au-delà de la réplique qui l’entraîne à devenir lui-même commère quand il dit par exemple : untel a dit de moi ceci et cela. Il faut donc éviter de commettre soi-même l’acte qu’on interdit à autrui. [Fin de citation d’al-Ghazâlî rahimahullaah.gif].

Tout ceci s’applique au colportage des propos en dehors du cas où cela sert une cause légale. Car lorsque la nécessité l’exige, il n’est certes pas interdit d’y recourir. C’est le cas, par exemple, d’informer quelqu’un que tel individu compte porter atteinte à sa personne, à sa famille ou à ses biens. C’est le cas aussi d’informer le gouvernant, ou les représentants de l’autorité que tel individu commet tel acte de nuisance à l’intérêt public ou pratique et diffuse telle chose qui provoque le désordre, tel que dénoncer un abus. Et alors, les autorités compétentes se doivent de dévoiler ces abus et les faire cesser. Ainsi, dans les cas similaires, rapporter les faits n’est pas interdit, voire même, cela peut s’avérer obligatoire ou recommandé selon le cas.

Dans le hadith: « Il ne sera point admis au Paradis de commère ou de rapporteur (nammâm) ». L’interdiction d’accès au Paradis s’interprète de deux façons différentes comme on l’a déjà vu dans des exemples des chapitres précédents :

Première interprétation : Cette privation d’accès au Paradis s’applique uniquement au rapporteur (croyant, cela va de soi) qui renie l’illégalité de son acte, sans se fonder sur une justification légale, notamment l’interprétation d’un texte, tout en sachant sa prohibition par la Loi.

Deuxième interprétation : Le rapporteur (croyant) n’entrera pas au Paradis, en premier lieu, avec les Bienheureux élus.

Wa Allâhou a’alam.

 

° Le Tabac et la cigarette en Islam

Par  Sunnisme.com

 

Tabac

 

 

Question :

As-salamou ‘alaykoum, je n’ai pas connaissance de versets ou de hadiths qui interdisent la consommation de tabac. Sur quels critères les savants de l’Islam se basent-ils pour interdire la cigarette ?

Réponse :

Wa ‘alaykoum salam wa Rahmatullâhi wa Barakatuhu,

Si aucun texte ne vient clairement interdire le tabac (en le citant), aucun texte ne vient non plus interdire les drogues. L’analogie (al-Qiyas) trouve ici toute sa place, car il est admis de tous que la consommation de toute sorte de drogues est formellement interdite par la Shari‛a, car le Prophète ﷺ a dit : « Tout ce qui enivre est vin et tout vin est interdit » [1] et aussi « Tout ce qui provoque l’ivresse en grande quantité est interdit ne serait-ce qu’une petite quantité ».

Jadis, certains savants comme l’Imam Laknawi considéraient le tabac comme déconseillé, voire comme permis, comme ce fut le cas de l’Imam Abdul-Ghani al-Nabulsi. C’était bien avant que l’industrie du tabac n’existe et ne vienne rajouter des dizaines de substances toxiques, cancérigènes et addictives dans les cigarettes. C’était également bien avant que les avancées scientifiques ne nous permettent de mettre en avant les effets dévastateurs de la cigarette. Ces positions antérieures ne sont donc plus applicables aujourd’hui.

Différents cancers, maladies cardio-vasculaires, troubles respiratoires chroniques, problèmes gastriques, vieillissement cutané, etc. Voilà ce que le tabac provoque chez ceux qui en consomment.

Durant le XXe siècle, le tabac a causé 100 millions de morts dans le monde entier et ce nombre risque de s’élever à 1 milliard pour le XXIe siècle si rien ne change [2]. En France, le tabagisme est la première cause de mortalité évitable, avec environ 75 000 décès chaque année, soit un mort sur huit [3]. Il faut savoir que 90% des cancers du poumon sont provoqués par le tabac et qu’il engendre aussi un cancer de la vessie sur deux. De même, 80% des victimes d’infarctus du myocarde âgées de moins de 45 ans sont des personnes qui fument, etc.

Le tabac est un fléau qui touche également de près nos enfants puisqu’une étude récente démontre qu’en France, en fin de 3ème, un élève sur deux aura fumé au moins une cigarette et que plus de 15% seront devenus des fumeurs quotidiens [4].

Allâh dit : « Et il leur rend licite les bonnes choses et leur interdit les mauvaises » [5].

Comment l’Islam, dont l’un des objectifs supérieurs (al-Maqâssid) est de préserver la vie pourrait autoriser la cigarette quand on sait qu’elle rend la personne dépendante, nerveuse, stressée et qu’elle nuit aussi gravement à sa santé? L’OMS classe d’ailleurs la cigarette dans les drogues addictives « dont il est difficile de se débarrasser ». L’OMS indique également que le tabac tue la moitié de ceux qui en consomment et qu’une personne environ meurt toutes les six secondes du fait de ce fléau, ce qui représente un décès d’adulte sur 10 !

Allâh nous dit dans le Qour’an : « Et ne vous jetez pas par vos propres mains dans la destruction » [6].

De même Allâh Ta’ala dit : « Et ne vous tuez pas vous-mêmes. Allah, en vérité, est Miséricordieux envers vous » [7].

On sait aujourd’hui également que le tabac est néfaste sur les gens qui entourent le fumeur (tabagisme passif) ainsi que sur le fœtus, dans le cas d’une femme enceinte. Le Prophètea dit : « On ne doit faire du tort ni à soi-même, ni aux autres » [8]. Il a également dit : « Que celui qui croit en Allâh et au jour dernier ne dérange pas son voisin » [9].

De plus, la personne qui fume dégage une odeur désagréable à cause de la puanteur persistante du tabac froid sur ses vêtements, ainsi qu’au niveau de l’haleine. Le fumeur qui se rend à la mosquée dérange donc la quiétude de ses coreligionnaires. On peut, là aussi, faire aisément l’analogie avec l’avis concernant la consommation d’ail, d’oignon et de poireau issu du Hadith Sahih, rapporté par Boukhâry et Muslim, dans lequel Rassoul Allâh ﷺ a dit : « Que celui qui mange de l’ail, de l’oignon ou du poireau, n’approche pas notre mosquée et qu’il prie chez lui ». L’Imam Mâlikite Ibn Abî Zayd Al-Qayrawânî (RA) rajoute à cette liste, le poivron.

On connait aussi l’interdiction du suicide en Islam, or, fumer c’est un suicide à petit feu qui mène dans de nombreux cas à la maladie, puis à la mort. C’est d’ailleurs indiqué en toutes lettres sur les paquets : FUMER TUE !

Le Prophète de l’Islam ﷺ nous a enseigné la chose suivante : « Ton Seigneur à un droit sur toi, ton corps à un droit sur toi et ta famille (ton épouse) à un droit sur toi, alors accorde à chacun son droit. ». Ce Hadith, rapporté par l’Imam Boukhâry est authentique et démontre lui aussi l’importance de préserver sa santé.

Enfin, on peut aussi citer le cout exorbitant du paquet de cigarettes qui pèse lourd dans le budget des fumeurs. Aujourd’hui, pour une personne qui fume un paquet par jour, cela représente un budget mensuel de 265 € par mois, soit 4380 € par an. Même si les taxes rapportent de l’argent à l’État, les diverses maladies qu’entraînent le tabac ont également un coût pour la société qui doit ensuite prendre en charge les malades. Cet argent pourrait servir à bien d’autres choses.

Allâh Ta’ala nous met en garde contre le gaspillage lorsqu’Il dit dans le Qour’an : « Et ne gaspille pas indûment, car les gaspilleurs sont les frères des diables; et le Diable est très ingrat envers son Seigneur » [10].

Il s’agit là de quelques-uns des arguments qui sont avancés par les savants Musulmans, comme le Dar ul-Ifta d’Egypte, le Mufti Ebrahim Desai, le Dar ul-Ifta de Déoband en Inde, Sheykh al-Hajj Mâlik Sy et bien d’autres, pour interdire la consommation de cigarettes.

Qu’Allâh Ta’ala nous aide tous à fuir les mauvaises habitudes et à acquérir les bonnes, c’est-à-dire celles qui Lui plaisent et nous rapprochent de Lui. Ameen

Wa Allâhou ‘alam.

 

Notes :

Il va s’en dire que la même chose s’applique à la CHICHA dont on sait qu’elle est encore bien plus dangereuse pour la santé que ne l’est déjà la cigarette. Voir ici

[1] Hadith Sahih rapporté par Muslim
[2] Source : http://www.tabac-info-service.fr
[3] Source : https://www.tdg.ch/monde/tabac-cause-mort-huit-france/story/16933226
[4] Source : HBSC & OMS
[5] Qour’an – Sourate 7, verset 157
[6] Qour’an – Sourate 2, verset 195
[7] Qour’an – Sourate 4, verset 29
[8] Hadith rapporté par Ahmad
[9] Hadith rapporté par Boukhâry
[10] Qour’an – Sourate 17, versets 26 et 27

 

Commandement de faciliter la religion et d’éviter d’en inspirer la répulsion aux gens

Commentaire de l’Imam An-Nawawi

 

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Abû Musâ dit : « Lorsque le Messager d’Allâh envoyait l’un de ses compagnons en mission, il lui disait : « Annoncez la bonne nouvelle et évitez d’inspirer la répulsion aux gens. Et facilitez les choses au lieu de les rendre difficiles ».

D’après Abu Burda : « Son père rapporte que le Prophète (salallâhou ‘alayhi wassalaam) l’ayant envoyé en mission avec Mu’ad au Yémen, il leur dit : « Facilitez les choses et évitez de les rendre difficiles. Annoncez la bonne nouvelle et évitez de faire repousser les gens. Accordez-vous et ne divergez pas ».

Dans le hadith d’Anas ibn Mâlik : « Le Messager d’Allâh dit : « Facilitez les choses au lieu de les rendre difficiles et suscitez la quiétude au lieu de la répulsion ».

Le Prophète mentionne conjointement et simultanément, dans ces divers hadiths, la chose et son contraire. Car il se peut qu’on fasse une chose et son contraire à des moments respectivement différents. Ainsi, s’il s’était restreint à recommander la facilité cela s’appliquerait à l’individu qui emploie la facilité une ou plusieurs fois tout en l’employant dans la majorité des cas. Mais ayant ajouté : « Ne rendez pas les choses difficiles », l’imposition de la difficulté a été niée dans tous les cas et de toutes les façons. Ce qui est le but visé par cette formulation. Ceci s’applique aussi aux recommandations faites à Mu’ad et au père d’Abû Burda : « Facilitez les choses et évitez de les rendre difficiles. Annoncez la bonne nouvelle et évitez de faire repousser les gens. Accordez-vous et ne divergez pas ». Pour éviter qu’ils ne s’accordent à un moment en divergents par d’autres, ou qu’ils s’accordent sur un sujet en divergent sur d’autres.

Par ailleurs, le hadith enjoint d’annoncer la bonne nouvelle de la grâce d’Allâh, de Sa grande rétribution, de Ses larges faveurs et de l’ampleur de Sa miséricorde. Alors qu’il interdit, à l’opposé, d’inspirer aux gens la répulsion en leur évoquant les affres du jugement dernier, les menaces d’Allâh, et Ses Châtiments, de façon séparée, sans évoquer comme annexes, conjointement à l’annonce de la bonne nouvelle. En fait, le hadith recommande de gagner les cœurs des nouveaux convertis à l’Islam, de mieux les disposer en faveur de la religion, et de s’abstenir de l’emploi de la rigueur avec eux. Il en est de même envers les enfants qui s’approchent de la puberté ou qui viennent juste d’atteindre la puberté, ainsi qu’envers tous les repentis. Ces catégories de gens doivent être traitées avec ménagement et indulgence afin qu’ils accèdent à la piété et aux œuvres de dévotion progressivement. Aussi, lorsqu’on facilite la pratique de la religion pour un nouveau ou un futur adepte, on l’encourage en fait à l’entreprendre et il finit généralement par s’y appliquer davantage. Alors que si on lui rend les choses difficiles et qu’on y emplie trop de rigueur, il risquera de la pas y adhérer, ou encore, s’il y adhère, il risquera de ne pas persévérer à pratiquer, sinon du moins, il n’y trouvera pas goût. Le hadith commande aux gouvernants d’être bienveillants, comme il commande aux co-gouvernants de s’accorder, de s’entendre et d’être en harmonie. Ceci étant l’une des questions d’importance majeure. Car la majorité des affaires ne s’accomplissent que s’il y a accord et entente. Et s’il y a désaccord ou divergence, on manque de réaliser l’intérêt recherché. L’Imam (ou chef de la nation) doit donner des consignes et des directives aux gouverneurs même s’ils sont des gens de mérite et de vertu à l’instar de Mu’ad et Abu Burda. Car le rappel profite aux croyants.

Wa Allâhou a’alam.

Est-il permis d’injurier ceux qui insultent les Musulmans?

Par Ustadh Tabraze Azam

 

Injures

 

 

Question :

Est-il « correct » d’insulter les non-Musulmans ou même les Musulmans qui nous insultent, ou qui offensent nos communautés, nos femmes, que ce soit verbalement ou physiquement? Est-il interdit (Haram) de les insulter en retour par des mots tels que, porc, chien, etc.?

Réponse :

Assalamu ‘alaykum wa rahmatoullâhi wa barakatouhou,

J’espère que vous allez bien, insha Allâh.

Pour faire court, la réponse est : Non !

Ibn Hajar al-Haytamî note dans sa liste des choses immorales : « blâmer ou insulter avec virulence un Musulman ou encore attaquer son honneur » [1].

Nahlawi explique que ridiculiser autrui implique qu’il y est du dédain ou du mépris à son égard, d’une manière qui provoque le rire. Ceci est également interdit [2]. Allâh le Très-Haut dit : « Ô vous qui croyez ! Ne vous moquez pas les uns des autres, car parfois ceux qui sont tournés en dérision valent mieux que ceux qui les raillent. Que les femmes ne se moquent pas non plus les unes des autres, car, là encore, les raillées sont parfois meilleures que leurs railleuses. Ne vous dénigrez pas et ne vous donnez pas de sobriquets injurieux. Quel vilain caractère que la « perversion » qui s’allie mal avec la foi ! Ceux qui ne se repentent pas sont les vrais injustes » [3].

Le Messager d’Allâh (salallâhou ‘alayhi wassalaam) a dit : « Le Musulman est le frère du Musulman. Il ne lui fait pas d’injustice, ne le méprise pas et ne lui refuse pas son secours; la piété est ici (en désignant sa poitrine trois fois de suite). Il suffit à quelqu’un, pour être mauvais, de mépriser son frère Musulman. Tout Musulman est sacré pour tout autre Musulman : son sang, ses biens et son honneur » [4].

En outre, Allâh le Très-Haut dit : « Malheur à tout calomniateur à la langue acérée » [5].

Le Messager d’Allâh fut attaqué, maltraité et on lui causa du tort de la plus odieuse des manières, mais il ne répondit jamais, si ce n’est avec la plus belle des conduites, de manière digne et modérée.

Qu’Allâh nous donne une partie de cette beauté prophétique.

Et Allâh seul accorde le succès.

Wassalam,

Tabraze Azam

– Vérifié et approuvé par Sheykh Faraz Rabbani. Publié avec son autorisation –

Notes :

[1] et [2] Keller, Reliance of the Traveller
[3] Qour’an 49/11
[4] Hadith rapporté par Muslim
[5] Qour’an 104/1

Le mensonge dans la plaisanterie
 
Par Ustadha Shaista Maqbool et Sheykh Faraz Rabbani

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Question :

Assalamu ‘alaykum,

Est-il permis de mentir quand on blague, tout en sachant que les gens qui écoutent savent bien que ce qui est dit n’est pas vrai?

Réponse :

Wa ‘alaikum assalaam wa rahmatu Allâh,

La plaisanterie est permise, mais comme d’autres actes permis, il peut devenir louable si on y met la juste intention. Par exemple, lorsqu’on plaisante pour égayer l’environnement, pour ses camarades ou ses invités, c’est louable.

L’Imam an-Nawawi, grand juriste Shafi’ite, érudit dans le Hadith, mentionne dans son Kitab ad-Adhkar :

« Les savants ont dit que la plaisanterie interdite est celle qui est excessive et incessante, car elle provoque le rire [excessif], le durcissement du cœur, la négligence de l’invocation d’Allâh le Très-Haut et de la réflexion sur les questions importantes de la Religion … Ce qui est exempt de cela est permis ».

Par conséquent, il est permis de mentir lorsqu’on plaisante (avec modération), bien que la Sunnah soit de ne pas le faire. Les Compagnons ont demandé au Prophète (salallâhou ‘alayhi wassalam), « Plaisantez-vous avec nous? » Il répondit : « [Oui], mais je ne dis que de la vérité » [1]. On peut citer en exemple la fois où le Prophète Muhammad dit à une vieille femme qui lui demandait si elle irait au Paradis : « Les femmes âgées n’entreront pas au Paradis » . Il s’agissait d’une plaisanterie, car il est connu qu’Allâh restituera leur jeunesse aux habitants du Paradis [2].

Bien entendu, si le « mensonge » est utilisé lors d’une plaisanterie, les auditeurs doivent au final être informés de la vérité. De même, une blague ne doit pas glisser jusqu’à devenir mensongère, ni arriver au point de créer des tensions ou des sentiments blessants ou négatifs.

Quant à son statut dans l’école Hanafite, la plaisanterie y est admissible à condition qu’elle soit exempte de mensonges ; cela ne se limite donc pas à être Sunnah [3].

Baraka Allâhu feekum,

Écrit par Ustadha Shaista Maqbool, puis vérifié et approuvé par Sheykh Faraz Rabbani.

Notes :

[1] Hadith rapporté par at-Tirmidhi et Ahmad
[2] « C’est nous qui les avons créées à la perfection, et nous les avons faites vierges, gracieuses, toutes de même âge » [Qour’an S56 – V35 à 37]

[3] Nahlawi, Ad-Durrar al-Mubahah

Jurisprudence des Femmes

Partie 4

 

La femme qui meurt pendant l’accouchement est-elle chahîda (martyr)?

La femme qui meurt pendant l’accouchement est considérée comme chahîda ainsi que celui qui est tué ou qui meurt noyé, ou brûlé, ou celui qui meurt écrasé par une construction. Tous ces cas entrent dans le cas de la chahâda mais qui ne concerne absolument pas le cas du vrai chahîd (celui mort dans la guerre fî sabîli Allâh) cité dans le Qur’ân et qui a un statut spécifique d’être vivant après être chahîd.

Quel est le sens du hadîth : « on demande la main d’une femme pour 4 raisons »

« Les hommes choisissent leur femme pour une des quatre raisons : sa beauté, son argent, sa religion ou sa noblesse. Choisis celle qui est pieuse, tu seras gagnant ». A partir de là, il est fortement recommandé à celui qui veut se marier de choisir une femme pieuse car toute chose disparaît avec le temps sauf la crainte d’ Allâh et Son adoration. Une femme pieuse comme l’a défini le Prophète صلى الله عليه و سلم c’est celle qui quand tu la regardes elle te satisfait et quand tu es absent elle protège tes biens et sa personne.

Il est évident pour la femme aussi de choisir celui qui craint Allâh et pratique sa religion.

Est-il autorisé de manger ce qui est égorgé par une femme ?

Il est autorisé qu’une femme égorge un animal et d’en consommer.

Est-il autorisé de demander la main d’une femme en période de viduité ?

Il est strictement interdit de demander la main d’une femme dans sa période de viduité par contre il est autorisé de laisser comprendre indirectement qu’on demande sa main. Il faut savoir aussi que si l’homme fait un `aqd (mariage religieux) pendant la période de viduité d’une femme et qu’il l’embrasse et la touche même sans rapport elle lui est interdit définitivement à vie. Par contre s’il a fait son `aqd pendant la période de viduité mais il ne la touche pas jusqu’à ce que sa période de viduité termine elle n’est pas interdite définitivement pour lui, il patiente jusqu’à ce que sa période de viduité finisse totalement et il refait son `aqd. Dans ce cas il faut les séparer jusqu’à ce qu’elle termine sa période de viduité.

Quelles sont les âdâb que le couple doit observer pendant et après les rapports ?

1/ il est interdit d’être vu par quiconque pendant les rapports
2/ il est recommandé avant les rapports de dire « bismi Allâh » et demander la protection d’ Allâh contre Chaytân.
3/ il est interdit qu’il y ait pénétration par derrière
4/ il est recommandé au couple s’ils ne font pas les grandes ablutions après un rapport de faire les petites ablutions avant de dormir, de boire ou de manger.
5/ il est obligatoire que chacun d’eux garde le secret de ce qu’ils ont vécu pendant les rapports et qu’ils ne le disent à quiconque de cela.
6/ il faut que l’un se donne à la satisfaction de l’autre tout en prenant en considération l’état de santé ou de fatigue du partenaire.

L’obligation de répondre à la demande des rapports

Il est obligatoire pour la femme de répondre à la demande de son mari quand il l’appelle au lit comme il est obligatoire à l’homme de répondre à la demande de sa femme sauf si l’un ou l’autre à un alibi de santé ou de fatigue et dans ce cas là il faut qu’il explique les raisons de son refus.

Quelle est la fréquence des rapports recommandé ?

Chaque couple doit connaitre la fréquence moyenne des rapports qui préserve le couple dans l’harmonie afin d’éviter le manque ou l’abus.
Il est nécessaire pour l’homme comme pour la femme d’avoir une connaissance minimum de ce qui satisfait l’un ou l’autre surtout en prenant tout le temps dans les préliminaires et ne pas se précipiter à limiter les rapports qu’à la pénétration.
Les fuqahâ (spécialistes de la Jurisprudence) ont appelé ces préliminaires « la mudâ`aba » المداعبة

Les droits et devoirs dans le couple

1/ Il faut que le respect mutuel s’installe entre le couple et que chacun connaisse son rôle sans abus car par exemple il existe des hommes qui ne considèrent la femme que comme un objet sexuel ou une femme de ménage comme il existe des femmes qui négligent les tâches ménagères au degré de ce mettre au même niveau de l’homme. Il est évident qu’un homme sage et compréhensible doit aider sa femme comme il est important que la femme n’abuse pas de cette aide au degré que ces tâches deviennent le quotidien de l’homme.

2/ il est obligatoire pour l’homme de prendre soin de sa femme, d’être doux avec elle, compréhensif et à son écoute. Comme il est obligatoire pour la femme d’obéir à son mari tant qu’il se comporte dans le cadre de la charî`a.

3/ il est obligatoire pour l’un comme pour l’autre d’éviter ce qu’il déteste ou le met en colère.

4/ la femme ne peut jeûner sans l’accord de son mari, bien sûre cela afin d’éviter un déséquilibre dans l’harmonie sexuel du couple. Et cela est aussi évident pour l’homme.
Par exemple, un homme n’a pas le droit de passer tout son temps à prier la nuit et à jeûner le jour car sa femme à un droit aussi et il doit la satisfaire et lui donner de son temps et s’occuper d’elle.

La viduité d’une femme qui a perdu son mari

La durée de viduité d’une femme qui a perdu son mari est de 4 mois et 10 jours. Pour celle qui a perdu un mari dans un voyage et qu’elle n’a su sa mort qu’après deux mois par exemple, elle doit compter sa période de viduité à partir de sa mort et non du jour où elle a su sa mort. Tout en rappelant que dans cette période de viduité il lui est interdit de se faire belle tout en restant propre et correct ; elle n’a pas à passer des nuits en dehors du foyer conjugale dans cette période sauf en cas de force majeur et elle ne sort de chez elle que par nécessité.

 

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