Sunnisme.com

Le Prophète et les Compagnons forçaient-ils les gens à devenir Musulmans?

 

Sheykh Ilyas Patel

 

 

prophète_compagnons

 

 

Question :

Assalamou alaykoum. Il y a une question qui me tracasse, c’est pourquoi je me permets de vous envoyer ce courriel.

Un non-Musulman m’a envoyé un message en essayant de démontrer que le Prophète ﷺ et les Sahaba (RA) ont forcé des gens à devenir Musulmans.

Dans ce message, pour appuyer ses dires, le non-Musulman m’a fait lire cette citation particulière :

Abou Bakr a dit : « Vous me avez questionné sur le meilleur conseil que je pourrais vous donner, et je vais vous dire. Allâh a envoyé Muhammad avec cette religion et il a lutté pour elle jusqu’à ce que les hommes l’acceptent volontairement ou par force. » (Ibn Ishaq, Sirat Rasul Allah, pp. 668-669)

Cependant, je sais aussi que Allâh déclare dans la sourate Baqara qu’il n’y a pas de contrainte en Islam.

Ibn Ishaq a-t-il vraiment écrit cela et si ibn Ishaq a écrit cela, alors ce qu’il dit est-il vrai?

Réponse :

Wassalamu alaykum wa rahmatullahi wa barakatuhu,

J’espère que vous vous portez bien.

Oui, il aurait pu dire ce qui précède. Loin d’être apologétique ou polémique, le mot « force » n’est pas à prendre dans son sens littéral, mais la signification de celui-ci doit être prise dans son contexte et sa signification large. Voici ce que mentionne en commentaire de ce verset (ndt : le grand exégète) Ibn Kathir :

Abu Dawud et An-Nasa’i ont également rapportés ce Hadith. Quant au Hadith que l’Imam Ahmad a rapporté, dans lequel Anas a dit que le Messager d’Allah ﷺ a dit à un homme, « embrasse l’Islam. » L’homme a répondu, « Je n’aime pas. » Le Prophète a alors dit, « Même si tu n’aimes pas. »

Premièrement, c’est un hadith authentique, avec seulement trois narrateurs entre l’Imam Ahmad et le Prophète. Cependant, il n’est pas pertinent pour le sujet en discussion, car le Prophète n’a pas forcé cet homme à devenir Musulman. Le Prophète invitait simplement cet homme à devenir Musulman, et il a répondu qu’il n’en avait pas le désir. Le Prophète a répondu à l’homme que même s’il n’aimait pas embrasser l’Islam, il devrait l’embrasser, car Allah allait lui accorder la sincérité et la véritable intention.

Mufti Shaf’i a écrit que cette approche de l’Islam montre clairement que l’usage de la force n’est pas requit pour que les gens acceptent et entrent dans l’Islam, loin de là, il s’agit plutôt de supprimer l’oppression du monde. Lorsque saydinna ‘Umar (qu’Allah soit satisfait de lui) a invité une vieille femme Chrétienne à l’Islam, elle lui a dit : « je suis une vieille femme et très proche de la mort » ce à quoi ‘Umar répondit par le verset cité ci-dessus : « Point de contrainte en religion ».

La coercition et la force ne sont absolument pas envisageables car la foi n’est pas liée à l’extérieur, mais à l’intérieur, au cœur. La coercition et la contrainte n’affectent rien d’autre que le physique à l’extérieur et c’est tout ce qui est affecté par le Jihad et le qital (combats). Au final, il est tout simplement impossible que les gens puissent être forcés à accepter la foi selon ces mesures. Cela prouve que les versets du Jihad et du qital ne sont pas en contradiction avec le verset suivant : « Point de contrainte en religion ».

Une célèbre lettre envoyée par 36 savants Musulmans au pape Benoît XVI comportait ce verset :

« Ce verset est reconnu comme appartenant à la période de la révélation Coranique correspondant à l’ascension politique et militaire de la jeune Communauté Musulmane. « Point de contrainte en religion » n’ordonnaient pas aux Musulmans de rester fermes face à la volonté de leurs oppresseurs de les forcer à renoncer à leur foi, mais c’était un rappel aux Musulmans eux-mêmes, une fois qu’ils avaient atteint le pouvoir, pour qu’ils sachent qu’ils ne pouvaient pas forcer le cœur d’autrui à croire ».

« Point de contrainte en religion » s’adresse à ceux se trouvant dans une position de force et non de faiblesse. Les premiers commentaires du Coran (comme celui d’At-Tabari) montrent clairement que certains Musulmans de Médine voulaient forcer leurs enfants à se convertir du Judaïsme ou du Christianisme à l’Islam, et ce verset était précisément une réponse qui leur était adressée de ne pas essayer de forcer leurs enfants à se convertir à l’Islam.

Quant à la déclaration d’Abu Bakr mentionnée dans Ibn Ishaq, elle doit être fiable. Ibn Ishaq, est considéré par l’Imam ash-Shafi’i, Ahmad ibn Hanbal, Yahya b. Ma`in, al-Bukhari, Muslim et beaucoup d’autres comme fiable dans l’ensemble et en particulier en ce qui concerne la Sira.

Et Allâh seul donne le succès,

Wassalam,

Sheykh Ilyas Patel

 

 

Est-il obligatoire de changer de prénom après sa conversion à l’Islam?

 

Ustadh Tabraze Azam et Sheykh Faraz Rabbani

 

 

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Question :

Assalam alaikoum,

Une de mes connaissances a récemment accepté l’Islam. Cette personne était auparavant hindoue et elle voudrait savoir s’il est maintenant obligatoire qu’elle change de nom suite à sa conversion.

 

Réponse :

Wa alaikum assalam wa rahmatullahi wa barakatuh,

Je prie pour que cette réponse vous trouve dans le meilleur état de santé et de foi, incha Allah.

Non, il n’est pas indispensable de changer votre nom après être devenu musulman.

Cependant, c’est une sunnah recommandée de le faire si votre nom possède un sens indigne ou qu’il est peu convenable. [Qari, Mirqat al-Mafatih, citant an-Nawawi; al-Mawsu`ah al-Fiqhiyya al-Kuwaitiyya]

`Aisha (RA) a rapporté que le Messager d’Allah (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix) avait pour usage de changer les mauvaises noms. [at-Tirmidhi]

 

Quelques brèves recommandations concernant les prénoms :

[1] De manière générale, il est permis de prendre un nom tant qu’il n’a pas un sens ou une connotation négative ou problématique.

[2] Il n’y a aucune obligation à changer votre nom, en particulier si le nom n’a pas un sens premier qui soit mauvais.

[3] Il y a des avantages à choisir un nom « Musulman », et c’est généralement une Sunnah fortement recommandée. Par exemple, en prenant les noms des Prophètes, ceux des grands hommes et femmes justes de l’histoire Islamique, et les noms indiquant la croyance en Dieu comme `Abdullâh et` Abd al-Rahman.

[4] Il est permis sans que ce soit détesté de prendre les noms des anges.

[5] Il est permis de prendre les noms d’Allâh, comme Karim ou Hasib, sauf pour ceux qui appartiennent exclusivement à Allâh, comme Rahman, par exemple (ndt : ou alors précédé de ‘Abd al).

[6] Prendre de vilains noms, comme Shaytan et Zalim, ou des noms avec de mauvaises significations ou connotations est fortement détesté.

[7] Vous pouvez utiliser les deux prénoms [celui de naissance et le «nouveau» nom Musulman], selon le contexte (comme garder votre nom de naissance dans les relations avec les parents, la famille et peut-être même des situations professionnelles), ou de façon interchangeable, comme il n’y a rien de mal à avoir plusieurs noms.

Un livre utile sur le sujet : Les noms Islamiques par Muhammad Imran Ashraf Usmani (non traduit en français).

Et Allâh seul donne le succès.

Wassalam,

Tabraze Azam et Sheykh Faraz Rabbani

 

© Traduit avec l’autorisation de l’honorable sheykh Faraz Rabbani (qu’Allâh le récompense)

 

En Islam, un Musulman peut-il devenir végétarien ou végétalien ?

 

Ustadh Salman Younas & Sidi Waseem Hussain
(sous le contrôle de Sheykh Faraz Rabbani)

 

Végétarien

 

 

1/ Devenir végétarien


Question :
 En Islam, un Musulman peut-il devenir végétarien ou végétalien ? Est-ce permis?

Réponse : Assalamu Alaykum Warahmatullah,

Qu’il s’agisse de devenir végétarien ou végétalien, la licéité dépend de l’intention.

Si cela est fait avec une bonne intention, alors il n’y a pas de mal à cela. Donc, si on arrête de manger de la viande parce que les animaux ne sont pas bien traités avant d’être abattus ou quelque chose du genre, alors ce sera une bonne chose.

Mais si la personne exprime par là des choses comme : « nous ne devrions pas manger des animaux » ou « nous ne devons pas tuer la création », alors ce ne sera pas permis.

Le Prophète d’Allah (que la paix et les bénédictions d’Allah soient sur lui) a mangé de la viande et nous ne pouvons donc pas penser que manger de la viande est en soi mauvais.

[Nahlaw, Durar al-Mubaha; Khadimi, Bariqa al-Muhammadiyya]

Et Allâh sait mieux,

Waseem Hussain, vérifié et approuvé par Sheykh Faraz Rabbani


2/ Devenir végétalien


Question :
J’ai récemment vu un documentaire sur les abattoirs et le traitement des animaux et j’ai été horrifié. A partir de là, j’avais pris la décision de devenir végétalien.

Adopter un régime végétalien est-il permis en Islam?

Réponse : assalamu `alaykoum,

Il n’y a rien de mal dans le fait d’adopter un régime végétalien aussi longtemps qu’on le fait sans croire que la consommation de produits d’origine animale est interdite dans l’Islam.

Le Prophète (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix) a dit : « Allâh a prescrit l’excellence en toutes choses … et si vous égorgez, abattez convenablement. » [Muslim]

Il y a un certain nombre d’aspects à respecter pour que l’abattage se fasse correctement, et cela comprend le (ndt : bon) traitement des animaux avant l’abattage. Il est détestable que les animaux soient entassés ensemble, de les abattre en présence des autres, ou de les enfermer d’une manière qui les blesse, les faits sursauter, ou les fait souffrir. Cela ne contredit pas seulement les ordres explicites du Prophète qui ordonne de bien traiter les animaux, mais cela affecte également les bienfaits des aliments que nous consommons.

Bien sûr, avec l’augmentation des abattoirs à grande échelle où sont abattus des centaines d’animaux quotidiennement, il n’est pas étonnant que des infractions se produisent par rapport à ce que notre religion a recommandé en termes de traitement des animaux.

En tant que communauté, nous devons avoir une discussion sérieuse et constructive sur les aspects logistiques de nos abattoirs, ce qui leur permettrait de suivre correctement les directives prescrites par Allâh et le Prophète Muhammad. La question ne concerne pas seulement la licéité qu’il y a à consommer les animaux abattus, mais aussi les bienfaits de ces aliments.

Ustadh Salman Younas, vérifié et approuvé par Sheykh Faraz Rabbani.

 

© Traduit avec l’autorisation de l’honorable sheykh Faraz Rabbani (qu’Allâh le récompense)

 

 

Laisser les vêtements descendre en dessous des chevilles

 

L’avis des 4 écoles de Jurisprudence

Sheykh Rami Nsour

 

 

chevilles

 

 

Question :

Est-il permis de laisser les vêtements descendre en dessous des chevilles en Islam et plus spécifiquement dans l’école Malikite (et les autres) ?


Réponse :

Si un homme porte son vêtement en dessous de ses chevilles par orgueil, alors il ne fait aucun doute que cela est interdit. Si telle n’est pas son intention, ce qui est le cas pour la plupart des gens qui font cela aujourd’hui, il existe une divergence d’opinion disant que cela est soit interdit, détesté ou simplement autorisé. La majorité des savants des quatre madhabs (écoles) disent que ce n’est pas interdit. Vous n’avez donc pas à refaire les prières que vous avez fait alors que votre vêtement descendait en dessous de vos chevilles.

Les Hanafites

Dans Al-Fatawa al-Hindiyyah, il est mentionné que Abu Hanifa avait un habit coûteux et qu’il le portait en dessous des chevilles. Quelqu’un a dit, « Ne nous est-il pas interdit de faire cela? » Il répondit : « Cette interdiction concerne les gens qui sont arrogants et nous ne sommes pas l’un d’entre eux. » Pour plus d’info lire la fatwa de sheykh Faraz Rabbani spécifique à l’école Hanafite.

Les Malékites

Dans le commentaire de Shaykh Al-‘Adawi sur la Risala d’Ibn Abi Zayd, il aborde les deux avis qui existent dans le Madhab Malékite, l’un interdisant cette affaire et l’autre le considérant comme détesté. Il dit : «En conclusion, il existe divers récits sur cette question concernant le vêtement qui est porté en dessous de la cheville sans avoir une intention d’arrogance. Selon la conclusion de Al-Hattab, cela n’est pas interdit, mais plutôt détesté. Selon le Dhakhira [de l’imam al-Qarafi], c’est interdit. L’opinion correcte semble être, que cela est est extrêmement détesté ».

Les Shafé’ites

Dans son commentaire du Sahih Muslim, l’Imam an-Nawawi dit : « Il n’est pas permis de porter les vêtements en dessous des chevilles par arrogance. Si cela n’est pas fait par arrogance, alors c’est détesté. Le sens apparent des hadiths montrent que l’interdiction est spécifique à ceux qui le font par arrogance. » Certains Shafi’ites, comme Adh-Dhahabi et Al-Hafidh Ibn Hajar, ont choisi l’opinion stipulant que cela est interdit.

Les Hanbalites

Selon le Hanbalites, comme on le trouve dans les livres Al-Iqnaa ‘et Al-Moughni, cela est considéré détesté. Sheykh Ibn Taymiyya a également choisi l’opinion stipulant que cela est détesté.

Conseils

Nous sommes une nation du juste milieu et nous devons donc maintenir un terrain d’entente. Nous ne devons pas permettre à nos communautés d’être divisées sur cette question, nous ne devrions pas en faire un problème alors qu’il existe beaucoup de questions plus importantes à traiter. Dans le même temps, nous ne devrions pas regarder vers le bas la Sunnah ou ceux qui la suivent. Ceux qui ont la force de suivre la Sunnah de garder les vêtements au-dessus des chevilles qu’ils le fassent. Dans le même temps, nous ne devons pas faire de cette question une question centrale à tel point que la religion se réduise à la longueur de votre vêtement ou de votre barbe.

Un gaucher peut-il manger avec sa main gauche? [Malikite]

Ustadha  Saira Aboubakr

 

 

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Question :

Si quelqu’un est gaucher et mange avec la main gauche, est-ce un péché?


Réponse :

Qu’Allâh vous récompense pour votre question.

Dans l’école Malikite, manger avec la main gauche n’est pas considéré comme un péché. Cependant, manger et boire avec la main droite est une Sunnah du Messager d’Allâh (salallâhou ‘alayhi wassalaam). Cela est vrai pour les gauchers comme pour les droitiers. Abandonner une Sunnah est détestable (makruh).

Il n’y a pas de mal à écrire avec la main gauche. Traditionnellement les Savants n’ont pas découragé les enfants qui voulaient écrire avec la main gauche. [1]

En général, les actions considérées comme importantes dans la religion doivent être effectuées avec la main droite. C’est particulièrement vrai si ces actions ont été mentionnées dans les récits prophétiques comme étant méritoires.

Dans la Risalah de l’Imam Ibn Abi Zayd al-Qayrawânî l’auteur mentionne ce qui suit :

Si vous avez (l’intention de) manger et de boire alors il est requis (une Sunnah confirmée – mu’akkadah) de dire BismiLlâh [2] et de prendre (ce que vous allez manger ou boire) avec la main droite (c’est également une Sunnah confirmée). Lorsque vous avez terminé (de manger ou de boire), dites ensuite :  Al-hamduliLlâh (en silence) [3]. Il est recommandé de se lécher les doigts (mais pas en les mettant à fond dans la bouche) avant de vous essuyer les mains.

Une des étiquettes (adab) de manger, consiste à laisser un tiers de votre estomac pour les aliments, un autre tiers pour la boisson et le dernier tiers pour la respiration (c’est à dire vide). Si vous mangez avec une autre personne (dans la même assiette ou le même plat), alors prenez de ce qui est juste en face de vous et ne prenez pas un autre morceau jusqu’à ce que vous ayez terminé le précédent. Ne respirez pas dans le verre (récipient) quand vous buvez. [4]

Il est important de noter que :

Une Sunnah confirmée est un acte que le Messager d’Allâh (salallâhou ‘alayhi wassalaam) effectuait avec constance et délaissait rarement. Il y a grande récompense associée à un acte de Sunnah. [5]

Il est déconseillé de délaisser une Sunnah confirmée (mais ce n’est pas un péché). C’est le jugement de base.

Cependant, l’un des meilleurs moyens permettant de se rapprocher du Messager d’Allâh (salallâhou ‘alayhi wassalaam) est de suivre ses pratiques.

Il est rapporté que le Messager d’Allâh a dit : « Une personne est avec celui qu’il aime » [6]

En entendant cela, Sayydina Anas, le serviteur de notre bien-aimé Prophète a dit : « Il n’y a rien qui nous ai rendus plus heureux (que d’entendre cette déclaration). »

Après avoir entendu le Messager d’Allâh dire cela, ils avaient maintenant l’immense espoir d’être à ses côtés dans l’Au-Delà.

Saira AbuBakr

Vérifié & Approuvé par Sheykh Rami Nsour

 

Notes du traducteur :

[1] Il est rapporté que Sayyidunâ ‘Umar Ibn al-Khattâb [radia Allâhou ‘anhou] écrivait de la main gauche.

[2] Sheykh Esa Henderson commente en disant que le fait de dire BismiLlâh à voix haute, si vous mangez avec d’autres personnes, permet de faire un rappel et d’inviter ceux qui ne l’ont pas dit à le faire également.

[3] Sheykh Esa Henderson commente en disant que le fait de dire Al-hamduliLlâh en silence permet, si vous mangez en groupe, que les autres personnes ne sachent pas que vous avez fini de manger, car cela pourrait créer en eux un sentiment de gène s’ils avaient encore faim et désiraient par conséquent continuer à manger. Si par contre vous êtes le dernier à finir où que tout le monde a fini en même temps et que vous êtes sur que personne n’a encore envie de manger, vous pouvez dire Al-hamduliLlâh à voix haute dans l’espoir que cela invite les autres personnes à le dire également.

[4] Risalah de l’Imam Ibn Abi Zayd al-Qayrawânî (RA), extrait du chapitre relatif aux étiquettes du manger et du boire

[5] Une Sunnah mu’akkadah, littéralement une Sunnah confirmée, est une tradition à laquelle le Prophète était très attaché et qu’il accomplissait toujours sauf dans quelques rares exceptions.

[6] Dans un autre Hadith Sahih, d’après Abu Musa al-Ash’ari et rapporté par Muslim et Bukhari : « L’homme sera avec ceux qu’il a aimés [au jour de la résurrection] »

Le Jeûne de la Langue  [1]

 

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Le Jeûne de la langue est vraiment important, il consiste à se tenir éloigné des discussions immorales, qui ne vous concernent pas ou qui vous sont nuisibles [2]. Il faut arrêter ce type de discussion et s’en tenir éloigné [3]. Le Jeûne consiste à s’abstenir de tout ce qui déplait à Allâh ta’ala, et pas seulement de la nourriture, de la boisson et des rapports. Imaginez un père qui dit à son enfant : « Ne bois pas de lait ». Puis le père rentre du travail et voit son enfant boire de l’alcool, verre après verre, prendre de la drogue. Il luit dit alors : « Qu’es-tu en train de faire? » et son enfant lui répond : « Tu m’as dit de ne pas boire de lait, je ne bois pas de lait ». Que pourra répondre le père? Il n’y a aucun avantage à ne pas boire du lait [4] alors qu’on ne délaisse pas l’alcool. De la même manière, quel bénéfice y a-t-il à s’abstenir de manger et de boire (des choses qui sont normalement hallal), alors que notre langue continue à consommer ce qui est haram (illicite).

Il a été rapporté dans le Musnad de Ahmad رضي الله عنه, que la médisance annule le jeûne (du moins sa récompense) : « Deux femmes jeûnaient au temps du Prophète ﷺ et elles ont failli mourir de soif. Ceci fut rapporté au Prophète ﷺ, mais il refusa [de leur permettre de rompre le jeûne]. Puis on lui mentionna ces deux femmes de nouveau, et il les fit appeler et leur ordonna de vomir, c’est-à-dire de vider leur estomac. Elles ont vomi et ont rempli un bol de pus, de sang purulent et des morceaux de chair. Alors le Prophète ﷺ dit : « Ces deux femmes se sont privées de ce qu’Allâh leur a autorisé, mais elles ont annulé leur jeûne en faisant ce qu’Allâh a rendu illicite pour elles. L’une d’entre elles s’est assise avec l’autre et elles se sont mises à manger de la chair des gens. »

Ce qui s’est passé avec ces deux femmes en présence du Prophète ﷺ lorsqu’elles ont vomi ces choses affreuses et détestables, cela fait partie des miracles qui se sont produits dans la main du Prophète ﷺ pour montrer aux gens les effets néfastes de la médisance. Et Allâh a dit : « et ne médisez pas les uns des autres. L’un de vous aimerait-il manger la chair de son frère mort ? » [5]

Ce hadith montre donc que la médisance annule le jeûne, mais c’est une annulation au sens figuré, c’est-à-dire que cela annule la récompense du jeûne.

‘Aicha (qu’Allah sois satisfait d’elle) rapporte : J’ai dit au messager d’Allâh ﷺ : « Vois-tu comme Safiyya est faite [6], il m’a répondu : Tu viens de dire une parole qui, si elle était mélangée à l’eau de mer, l’aurait polluée. » [7] et [8]

Toutes ces mauvaises paroles nous suivent dans la tombe et sont susceptibles d’entrainer une punition, c’est la raison pour laquelle Rassoul Allâh ﷺ mettait en garde ses Compagnons (hommes et femmes), contre les désastreuses conséquences des mauvaises paroles, dans l’au-delà.

L’Imâm Abû Hâmid Al-Ghazâli [Rahimahou Allâh] a déclaré que les scorpions et les serpents qui se trouvent dans les tombes et assaillent les gens ne sont rien d’autre que les péchés accumulés dans cette vie.

Par conséquent, il convient de protéger notre jeûne, sinon comment le jeûne pourra-t-il à son tour nous protéger?

Que la paix et les bénédictions d’Allâh soient sur notre Prophète Muhammad, sa famille et ses Compagnons.


Notes :

[1] Article basé en partie sur un discours de Sheykh Ahmad Dabbagh [Hafidahou Allâh]
[2] Car elles contiennent des péchés comme la médisance, le mensonge, la calomnie, les grossièretés, etc.
[3] Ceci est bien évidemment valable en dehors du mois de Ramadan
[4] Pour par ex. éviter le gras, l’intolérance au lactose, etc.
[5] Qour’an – Sourate Al-Hujurat, verset 12
[6] En référence à sa te petite taille
[7] C’est-à-dire la médisance (ghayba)
[8] Sahih, Abou Dawud et at-Tirmidhi

° Principes du Tasawwuf

Source : Tariqa Muhammadiyah

 

 

 

Objectifs et Principes de la Voie (Tareeqah) de l’auto-purification et de l’excellence dans l’adoration et l’obéissance complète à Allâh, l’Exalté (Al-Ihssan-fi-Uboudiyah)

L’ensemble des enseignements et des injonctions de l’Islam sont connus sous le nom de Shari’ah. Ceci inclut à la fois les actes exotériques (commandements et interdictions liés au corps) et ésotériques (commandements et interdictions liés au cœur, à l’esprit et à son moi intérieur). Dans la terminologie des premières autorités de la Shari’ah, le terme Fiqh (Loi Islamique ou Jurisprudence) était synonyme du mot Shari’ah. Ainsi l’imam Abou Hanifa (radhia Allâhou ‘anhou), définit le Fiqh comme « la reconnaissance de ce qui est bénéfique et nuisible à soi-même. »

Plus tard, dans la terminologie des autorités ultérieures de la Shari’ah, le terme Fiqh a été utilisé pour cette branche (Science) de l’Islam qui se rapporte aux actes exotériques, tandis que la branche se rapportant aux actes ésotériques devint connue sous les appellations Zuhd, Tazkiyah, Tasawwuf et ‘Ilm ul-Ikhlaq. Les voies ou méthodes de réforme des lois ésotériques sont appelées Tareeqah.

Tareeqah est un terme dérivé du verset Coranique : « Et s’ils s’étaient maintenus sur la bonne voie (Tareeqah), Nous les aurions comblés de Nos faveurs » (72:16). Le sens de « voie » dans ce verset trouve son explication dans le hadith du Prophète (salallâhou ‘alayhi wassalaam), rapporté par Boukhari et Mouslim, ordonnant à ses disciples de suivre sa Sunnah et la Sunnah de ses successeurs. Comme Tareeqah dans le verset, le sens de la Sunnah dans le hadith est « voie » et « chemin ». Tareeqah peut donc être un terme appliqué à des groupes d’individus appartenant à l’école de pensée suivie par un savant particulier ou par un « Sheykh ». Alors, Tareeqah signifie At-tareeq Ilallâh (La Voie vers la Satisfaction d’Allâh, le Majestueux) telle qu’elle est enseignée par notre grand Maître Saydunna Muhammad (salallâhou ‘alayhi wassalaam) et qui est basée sur le Qour’an et la Sunnah.

Comme mentionné précédemment lorsque de notre maître (Hadrat) Jibril (‘alayhi Salam) a demandé au Prophète (salallâhou ‘alayhi wassalaam) ce qu’était l’Ihssan, le Prophète (salallâhou ‘alayhi wassalaam) a répondu « D’adorer Allâh comme si tu Le voyais ». Tareeqah est juste un autre nom pour l’Ihssan et la méthode permettant d’atteindre l’Ihssan.

Bien que les Shuyukhs appliquaient différentes méthodes dans la formation de leurs élèves, le cœur du programme de chacun était identique. La situation n’était pas sans rappeler ce qui se passe aujourd’hui dans les institutions de médecine et de droit. Les approches des diverses universités peuvent être différentes, mais le corps de la loi et la pratique de la médecine restent essentiellement les mêmes. Lorsqu’ils obtiennent leur diplôme de ces facultés, chaque élève porte le cachet de l’école particulière qu’il a fréquenté.

Tout comme il y a les masaa’il (règlements) relatifs au Fiqh, il y a de même les masaa’il relatifs à la Tareeqah. En général, les savants connaissent les masaa’il du Fiqh, donc le moyen le plus facile pour une personne consiste simplement à leur demander et à agir selon leurs instructions. Si ces personnes n’agissent pas selon leurs instructions, alors cela devient une preuve contre eux.

Par exemple, si une personne lambda va consulter un savant afin de se renseigner à propos d’une question particulière, comme si elle n’est pas certaine de savoir comment faire les ablutions, le rôle du Savant sera de lui présenter la solution correcte. La personne doit ensuite aller faire les ablutions comme cela lui a été enseigné. Cependant, si elle n’agit pas selon l’opinion du savant et ne fait pas les ablutions, alors elle ne sera pas en état de pureté.

De même, dans la voie de l’auto-purification (Tareeqah) la façon la plus simple d’avancer consiste juste à suivre un guide et Murshid (professeur), car ici nous avons affaire aux règles relatives à la  purification intérieure qui sont encore plus complexes. Par conséquent, on a besoin de plus de diligence. Le devoir de l’aspirant consiste simplement à présenter son état au guide spirituel ou Sheykh. Le devoir du Sheykh est alors de lui prescrire la solution. L’aspirant doit alors simplement agir selon les instructions données. C’est aussi simple que cela. Après un moment, l’aspirant doit progressivement essayer et apprendre un certains nombre de principes relatifs aux masaa’il (règles) de la Tareeqah.

Lorsqu’une personne débute, elle n’a pas d’autre option que de simplement suivre les instructions qui lui sont fournies, qu’elle comprenne ou non. C’est le principe de toute science. Quand un élève débute dans n’importe quelle science, il a juste à suivre le professeur jusqu’à un certain niveau. Après cela, il pourra peu à peu commencer à comprendre la raison et le but de l’enseignement.

Si une personne n’est pas informée des principes de base tels que le Fard (l’obligatoire), Wajib (Le nécessaire : degré en dessous du Fard dans le madhhab Hanafi), Mustahab (le recommandé) etc, alors cela est utile. Par exemple, si elle connait le Fard ou le Wajib de la prière, alors elle peut elle-même corriger les fautes et n’a pas besoin d’aller consulter les savants pour résoudre son problème. De même, dans la science de l’auto-purification ou Tareeqah il y a aussi des masaa’il qui sont connues comme principes de la Tareeqah. Un aspirant doit connaître les principes de base afin qu’il puisse résoudre les problèmes pour lui-même et pour les autres, et pour qu’il puisse devenir plus autonome à un certain niveau.

Si une personne n’est pas informée des principes, des moyens et des exercices que les aspirants ont a effectuer, l’effort qui est attendu d’eux, alors cette personne est sur la voie de la destruction et mourra dans la jahiliyyat [ignorance] en assumant et en croyant en d’autres choses qui ne faisaient pas partie de l’objectif ou du but. Si vous connaissez les tenants et les aboutissants de la Tareeqah, les états, les moyens, les objectifs, etc, vous ne pouvez pas être perdus, même si Shaytaan vient à vous dans un rêve et dit qu’il est Dieu ou un Saint.

Wa Allâhou a’alam.

Islam et abolition de l’esclavage


Par Sheykh
‘Abd Allâh bin 
Hamid ‘Ali 

 

esclave

 

 

Question :

Quand je lis le Qour’an, j’ai l’impression que la libération des esclaves est considérée comme quelque chose de moralement bien. Mais le Qour’an ne semble jamais catégoriquement condamner l’esclavage. L’esclavage pur est considéré comme l’une des points sombres de l’histoire humaine, et l’Occident tire une grande fierté à l’avoir aboli. Je me demande pourquoi ni le Qour’an ni le Prophète Muhammad n’ont déclaré l’esclavage illicite ?

 

Réponse :

Il n’est pas facile de répondre à cette question surtout parce que nous n’avons aucune trace d’une réponse claire sur ce point dans les sources Islamiques. Par conséquent, tout ce que je peux offrir comme réponse à cette question difficile est mon analyse personnelle à partir de ma connaissance de l’esprit des enseignements Islamiques. Cela étant dit, je crois qu’il est important de commencer par rappeler certaines réalités se rapportant à l’esclavage colonial, car c’est le côté grotesque et épouvantable de ce système qui généralement suscite l’indignation morale en raison du fait que lorsqu’on évoque l’esclavage, la plupart des gens pensent automatiquement à des personnes d’origine Africaine et à leur situation difficile. Cette indignation se justifie pleinement car c’est principalement en « Occident » que le mot « Noir » est devenu synonyme « d’esclave » à partir du début du 17ème siècle.

A l’époque du Prophète Muhammad ﷺ la plupart des esclaves en Arabie étaient aussi des Africains noirs, mais il ne s’agit pas d’un hasard, compte tenu de la proximité de l’Afrique et de l’Arabie. En dehors de cela, il n’existe aucune preuve de l’existence d’une loi générale ou d’une interprétation stipulant que seuls les Africains noirs étaient susceptibles de devenir esclaves, même si cette même tendance a pu se développer dans le monde Musulman à la même époque ou après que ce soit devenu très répandu en Amériques.

Les esclaves d’Amériques n’avaient généralement pas le droit de se marier. Ils ne pouvaient pas posséder des biens car ils étaient eux-mêmes considérés comme des biens. Ils pouvaient être achetés et vendus à volonté, voire même être séparés de leurs enfants. Il n’y avait pas de lois protégeant les esclaves des violences physiques. Et les propriétaires d’esclaves n’avaient aucune obligation légale de les nourrir, de les habiller, ou de leur fournir des lieux d’habitations convenables. Les esclaves Africains étaient traités comme on traitait les animaux [1].

Non! En fait, la façon dont ils ont été traités était bien pire que celle dont les gens traitaient leurs chiens de chasse. La maltraitance la plus importante était de nature psychologique. Les esclaves n’avaient pas le droit d’apprendre à lire ou à écrire. Ils ont été contraints à changer leurs noms d’origine, leurs pratiques religieuses et leurs croyances. Ils ont été forcés de changer de noms pour qu’on puisse les identifier comme étant la propriété des familles dont ils étaient les esclaves. On leur a fermé les portes de la connaissance de leur passé, on leur a dit qu’ils étaient des bons à rien, et qu’historiquement ils n’avaient en rien contribué à la civilisation. En outre, on leur a appris qu’ils étaient par nature inégaux avec les personnes de race blanche et ce dans tous les domaines. Nonobstant ces faits, il n’est pas évident difficile de juger une période antérieure de l’histoire humaine avec les normes morales d’aujourd’hui. L’esclavage, pour une grande partie de notre histoire fut universelle.

Il n’y a pas que des blancs qui ont asservis des noirs, des noirs ont asservis des noirs. En fait, il est bien établi que de nombreux noirs libres vivant en Amérique avant l’émancipation possédaient eux-mêmes des esclaves noirs. Des Africains réduits en esclavage par d’autres Africains, des Européens réduits en esclavage par d’autres Européens, etc. Tout cela avant la propagation de la doctrine qui a forcé le destin des noirs à devenir des esclaves potentiels, à la fois en Amérique et dans les autres régions du monde dites « civilisées ».

Il existait également une règle générale selon laquelle si des personnes étaient vaincues lors d’une guerre, les survivants qui avaient la chance de ne pas être sauvagement assassinés pouvaient être réduits en esclavage pour le reste de leur vie. Il semble qu’il s’agissait là d’une des façons les plus courantes de devenir un esclave. Il y avait, cependant, d’autres situations qui pouvaient conduire les gens à devenir esclaves. Parmi elles : 1) les attaques dans les villages après lesquelles ses habitants étaient enlevés, vendus ou forcés à la servitude; 2) les déportations qui résultaient de décisions judiciaires de gouvernements Africains corrompus qui cherchaient les récompenses financières des marchands d’esclaves; 3) lorsqu’une personne se retrouvaient endettée en raison d’un manque de fonds pour payer ses dettes elle pouvait devenir l’esclave de ses créanciers ; 4) le manque de ressources pouvait conduire des familles à se mettre au service des propriétaires terriens et autres en échange de moyens de subsistance.

Dans la tradition Islamique, seul un prisonnier de guerre pouvait être amené à devenir esclave. Le Qour’an enseigne que lors des batailles, les vainqueurs Musulmans avaient la possibilité de rendre gratuitement leur liberté aux prisonniers de guerre ou de leur accorder cette liberté en échange d’une rançon [2]. Dans la tradition Prophétique, il existe quelques cas où des prisonniers de guerre ont été exécutés. Ce précédent a établi le droit de tuer les prisons de guerre sous certaines conditions, et lorsque l’esclavage est juxtaposé à cette option, sa gravité est atténuée dans une certaine mesure. Pour certains la question devient, est-il préférable de prendre une vie ou de l’asservir? Un débat contemporain similaire existe parmi les philosophes du droit pénal et les moralistes, et il a trouvé sa place dans les débats sur l’utilité et les conséquences éthiques de l’application de la peine de mort pour certains crimes.

Étonnamment, quand on réfléchi sur ce qui a eu lieu par le passé, lorsque l’esclavage était universellement accepté, on observe que ceux qui étaient réduits en esclavage évitaient la plupart du temps les tentatives d’évasion. Il existe beaucoup d’histoires de propriétaires d’esclaves envoyant leurs esclaves dans des entreprises commerciales uniquement dans le but de voir ces esclaves revenir avec les profits pour lesquels ils avaient été envoyés. Bien sûr, cela ne veut pas dire que tous les esclaves et que toutes les formes d’esclavage engendrent une vision ou une réalité utopique, de même, cela ne prouve pas l’inexistence des révoltes de temps à autre. Il se trouve simplement que lorsque certaines pratiques deviennent normatives dans la psyché collective des gens, l’histoire a montré à maintes reprises que les humains possèdent une capacité à endurer, supporter et surmonter les conditions difficiles et extrêmement désagréables dans lesquelles ils se trouvent alors.

Maintenant, pour comprendre pourquoi ni le Qour’an, ni le Prophète Muhammad ﷺ n’ont interdit l’esclavage, réfléchissons tout d’abord sur les points suivants :

1/ Comme dans la tradition Occidentale, les esclaves étaient considérés comme la propriété légitime de leurs propriétaires, même si le Qour’an est moins explicite sur ce point que les livres de jurisprudence Islamique.
2/ Une personne ne pouvait devenir esclave que suite à sa capture en temps de guerre.
3/ Seuls les adversaires non-Musulmans pouvaient être contraints à la servitude, même si (dans les faits) les Musulmans n’ont pas toujours été à la hauteur de cet idéal.
4/ N’importe qui pouvait devenir esclave, pas seulement les Africains noirs.
5/ Les esclaves pouvaient être achetés ou vendus, mais les membres d’une même famille ne pouvaient pas être séparés les uns des autres, de même, un membre d’une famille ne pouvait pas être l’esclave d’un autre membre de sa famille.

L’Islam exigeait des propriétaires d’esclaves qu’ils respectent les règles suivantes :

1/ Il était exigé des propriétaires d’esclaves qu’ils aient la capacité matérielle de nourrir, vêtir et de fournir un abri à leurs esclaves.
2/ Les propriétaires avaient l’obligation de nourrir et de vêtir leurs esclaves avec de la nourriture et des vêtements de qualité égale à celle qu’ils utilisaient pour eux-mêmes. Le prophète Muhammad ﷺ a dit : « Nourrissez-les de ce que vous mangez, et les habillez-les de ce que vous portez » [3].
3/ Le prophète Muhammad ﷺ a interdit de punir et de maltraiter les esclaves. Lors de son Pèlerinage d’adieu, il a déclaré : « S’ils commettent un péché que vous jugez impardonnable, vendez les esclaves de Dieu. Mais ne les punissez pas » [4].
4/ Il était interdit de contraindre les esclaves à changer leurs noms.
5/ Les esclaves étaient autorisés à posséder leur propre richesse, et à offrir leurs services à d’autres personnes avec la permission de leurs propriétaires.
6/ Les esclaves étaient autorisés à se marier, et le Qour’an encourageait les propriétaires d’esclaves à trouver des partenaires compatibles parmi eux. [5]
7/ La valeur d’un esclave croyant pouvait être rendue égale à celle d’un croyant libre, si la liberté de l’esclave était acquise en réparation du meurtre accidentel d’un croyant libre [6].
8/ Les propriétaires d’esclaves ne pouvaient pas se considérer comme des « maîtres » (asyād). Au contraire, ils devaient se considérer comme des « patrons » (Mawāli).
9/ Un(e) esclave pouvait racheter sa liberté, et un certain nombre d’options permettant l’affranchissement existaient [7].
10/ Le Qour’an a fait la promotion de l’affranchissement comme étant un idéal moral [8].
11/ L’Islam a consolidé la relation entre les propriétaires d’esclaves et les esclaves en attribuant à chacun d’eux une partie de l’héritage de l’autre si l’un d’eux venait à décéder au cours de la vie de l’autre. Le prophète Muhammad ﷺ a dit : « Le patronage [9] n’est le droit que de celui qui affranchit » [10].

Il y a d’autres choses qu’il faut prendre en considération, mais laissez-moi vous dire ce qui suit en guise de résumé. La mission ultime du Prophète Muhammad ﷺ, était d’apporter le salut à l’humanité dans l’au-delà. Dans l’accomplissement de cette mission, il a certifié avoir fourni tous les outils et les connaissances nécessaires pour que chaque croyant puisse atteindre cet objectif. Le cadeau le plus important qu’il nous ait enseigné fut la connaissance que Dieu accepte uniquement les bonnes œuvres qui sont effectuées avec une intention pure. Le fait que les esclaves furent considérés comme propriété privée de leurs propriétaires au cours des époques pré-modernes aurait pu constituer un défi de taille si cela avait permis l’émancipation universelle mettant hors la loi la possession d’esclaves. La guerre civile Américaine nous rappelle cependant les conséquences potentielles qu’il peut y avoir lorsque l’on dépouille des personnes de leurs biens, même s’il est estimé que cette possession est illégale.

Il ne s’agit pas de déprécier le bien qui a résulté de la bravoure de Lincoln et de sa conviction en ce qui concerne les esclaves de l’Amérique. Mais, on est en droit de se demander pourquoi il y a eu jusqu’à ce qu’à ce jour tant de résistance à l’ascension sociale des Noirs depuis l’époque de la Proclamation d’Emancipation. Il suffit juste d’observer toutes les politiques soutenues par le gouvernement, les lois, et les efforts entrepris pour saper le succès des Noirs depuis la fondation des États-Unis d’Amérique. Je dirais précisément que c’est parce que les propriétaires ont été forcés de céder à contrecœur leurs esclaves, après plus d’un siècle d’endoctrinement qui consistait à leur faire croire d’une part que leur race était supérieure à toutes les autres et que d’autre part les noirs ne pourraient jamais être leurs égaux. La législation de Lincoln et le décret présidentiel ne portaient que sur une partie du problème. Pour assurer une paix et un progrès durable dans la société Américaine, il aurait fallu une quantité importante d’introspection et de réalignement mental, incluant l’abandon par Lincoln lui-même de sa propre croyance en l’infériorité des Noirs. Les autres problèmes qui ont fait suite à la proclamation de Lincoln étaient par ex. que d’anciens esclaves étaient abandonnés sans garanties de nourriture, de logement, de travail, de sécurité, et étaient laissés à la merci des anciens propriétaires d’esclaves furieux du nouvel arrangement. Lincoln, en outre, plaidait pour le renvoi des Noirs vers l’Afrique.

Ce que le Prophète Muhammad ﷺ a fondamentalement essayé de faire était de créer une société mentalement et émotionnellement mature et suffisamment préparée pour recevoir en son sein d’anciens esclaves comme partenaires égaux dans la formation du bien-être global de la vie publique et privée. Quand un propriétaire d’esclaves se perçoit non pas comme un « maître » (sayyid), mais comme le « patron » (Mawla) de son esclave, il est alors plus facile pour se propriétaire de voir en l’esclave à la fois un privilège et une responsabilité. Quand on a le devoir de partager sa fortune avec ses esclaves, de les habiller de manière semblable à ce qu’on porte nous-mêmes et de les nourrir avec la même qualité de  nourriture que celle que l’on consomme, il est difficilement imaginable que cette personne nous puissions (en parallèle) avoir le droit d’abuser de lui (ou d’elle). Puis, quand on sait que le propriétaire se voit attribuer une part de la richesse de son esclave et que le principe de réciprocité exige que l’esclave puisse être l’héritier des biens de son/sa propriétaire, il est difficile d’imaginer que le Prophète Muhammad ﷺ ait voulu créer autre chose qu’un climat de fraternité et de solidarité permettant une transition plus facile de la condition d’esclave vers celle de non-esclave.

En agissant ainsi, le ou la propriétaire d’esclave s’assure une place spéciale dans le Paradis de Dieu étant donné sa volonté et de sa décision délibérée d’affranchir cet esclave de ces liens. De l’autre côté, la personne sous obligations ne nourrit dans son cœur aucune rancune pour son ex-propriétaire qui le libère après qu’il l’ait utilisé de manière relativement digne. Je crois que c’est pour ces raisons que ni le Qour’an ni le Prophète Muhammad ﷺ n’ont catégoriquement interdits l’esclavage. L’objectif était de créer les conditions qui ne garantiraient pas seulement une rupture durable de la pratique. Il s’agissait également d’enseigner que toute vie humaine est égale par essence. L’esclavage, selon les enseignements prophétiques était une alternative bien plus attrayante que ce que nous avons trouvé en Amériques. Et gardez à l’esprit que les esclaves n’étaient pas tous noirs.

Was Salam

Abdullâh

 

Notes :

Ps : Ce Hadith n’ayant pas été cité, il est important de rappeler au lecteur cette parole du Prophète ﷺ qui a déclaré : « O les hommes ! Celui que vous adorez est un, et votre père est un. Pas de supériorité à un Arabe sur un non-Arabe, ni à un non-Arabe sur un Arabe, ni à un blanc sur un noir, ni à un noir sur un blanc. La seule supériorité qui compte [auprès de Dieu] est celle de la piété. Ai-je transmis le message ? » [Hadith rapporté par Ahmad, n° 22 978, authentifié par al-Arna’ût : bas de page sur Zâd al-ma’âd, 5/158]

[1] Ces esclaves étaient même moins bien traités que des animaux, car leurs maîtres avaient parfois une haine profonde envers eux et faisaient preuve d’une cruauté extrême.

[2] Qour’an, s47-v4

[3] Hadith Sahih, rapporté par Muslim

[4] Hadith rapporté par Ibn Saad

[5] Qour’an, s24-v32 : « Mariez les célibataires qui vivent parmi vous, ainsi que vos serviteurs vertueux des deux sexes. S’ils sont pauvres, Allâh pourvoira, par Sa grâce, à leurs besoins, car Il est Plein de largesses et Sa Science n’a point de limite. »

[6] Qour’an, s4-v92 : « Aucun croyant n’a le droit de tuer un autre croyant, si ce n’est par erreur. Si un tel acte se produit, le coupable devra affranchir un esclave croyant et verser à la famille de la victime le prix du sang, à moins que les ayants droit n’en fassent remise. Si la victime est un croyant qui appartient à un groupe hostile, le meurtrier affranchira seulement un esclave croyant , mais si la victime appartient à un groupe auquel vous êtes liés par un pacte, la remise du prix du sang à la famille et l’affranchissement d’un esclave croyant seront exigés du meurtrier. Si ce dernier n’en a pas les moyens, il devra observer un jeûne de deux mois consécutifs, à titre d’expiation prescrite par Allâh, l’Omniscient, le Sage. »

[7] Qour’an, s24-v33 : «  Que ceux, cependant, qui, faute de moyens, ne peuvent pas se marier observent la continence jusqu’à ce que Allâh, dans Sa générosité, pourvoie à leur indigence. Établissez un contrat d’affranchissement en faveur de ceux de vos esclaves qui en expriment le désir, si vous les en jugez dignes. Faites-les bénéficier d’une part des biens dont le Seigneur vous a gratifiés. N’obligez pas vos jeunes esclaves, par esprit de lucre (appât du gain), à se prostituer alors qu’elles veulent rester chastes. Si une telle contrainte est exercée sur elles, Allâh leur accordera Son pardon et Sa miséricorde. »

[8] Qour’an, s90-v12-13 : « Mais sais-tu bien ce qu’est la voie ascendante? C’est la pente qu’on gravit en libérant un être humain »

[9] Patronage : Soutien accordé par une personne importante, par une organisation.

[10] Muslim

 

L’obligation Islamique de préserver la femme

Par Sheykh Musa Furber [1]

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Ce que nous avons appris récemment en lisant les journaux indiens est horrible et déchire le cœur : deux victimes présumées de viols collectifs sont décédées. L’une de ces jeunes femmes ayant succombé à ses blessures avait 23 ans, quant à l’autre fille, elle avait 17 ans et elle s’est suicidée après avoir subi des pressions pour qu’elle épouse l’un de ses agresseurs présumés.

Ces histoires sont horribles, mais malheureusement, elles nous rappellent également d’autres cas similaires que nous avons pu observer au cours de l’année 2012.

Ces cas comprennent la jeune fille marocaine de 16 ans qui s’est suicidée après avoir été condamnée par la cour à épouser l’homme qui l’aurait violée, ainsi que d’autres cas similaires en Jordanie impliquant des jeunes filles de 14 et 15 ans. Dans ce type d’affaires, les sociétés concernées – et leurs systèmes juridiques – préconisent de gracier les violeurs si un accord peut être trouvé leur permettant d’épouser leur victime. Le Maroc possède sa clause 457 (dont les origines remontent à la loi française et qui se destine uniquement aux cas de relations sexuelles effectuées avant le mariage consensuel). Quant à la Jordanie, elle a son article 308. Des lois similaires existent dans d’autres pays où apparemment, l’honneur d’une femme se répercute sur sa famille d’une manière perverse, et où les stigmates du viol l’emportent sur le caractère sacré de la vie de la femme et de sa dignité.

Quand je lis ces affaires, je demeure perplexe sur la façon dont les Musulmans peuvent permettre à un violeur d’obtenir le pardon en épousant sa victime, souvent en faisant pression sur leurs victimes et leurs familles afin qu’ils coopèrent. En tant que spécialiste du droit Musulman, je sais que ces cas constituent des violations flagrantes des enseignements de l’Islam concernant les droits des victimes, la définition de la justice et le sens du mariage.

La conception Islamique est claire en ce qui concerne l’auto-défense qui est un droit et une obligation ainsi que sur le fait qu’on doit défendre autrui contre les attaques visant sa personne et sa dignité. C’est particulièrement le cas pour les agressions sexuelles, où une femme est obligée de repousser son agresseur et où les passants ont pour obligation de venir à son aide. Certains savants préconisent que la légitime défense de la femme s’étende même aux séquelles consécutives à une attaque, ce qui comprend le fait de les aider à retrouver leur sentiment de sécurité, de traiter le traumatisme émotionnel, et de leur permettre d’avorter (ndt : si la victime le souhaite) si le viol entraine une grossesse. Ceux qui soutiennent cette position disent que c’est compatible avec les objectifs nobles de la Loi Sacrée qui place la protection de la vie et de l’intelligence de la femme au-dessus de la protection de la lignée, de la propriété et de la réputation. La Loi Sacrée est également claire sur le fait que le mariage est une relation basée sur l’affection, le respect mutuel, l’intimité, la confiance, la bonté, et que c’est un refuge contre le désir charnel incontrôlé.

Contraindre une victime de viol à épouser son violeur (supposé ou condamné) revient à lui refuser la possibilité de se défendre et l’expose à d’autres attaques contre sa personne, son intelligence et sa dignité. Cela l’oblige aussi à vivre dans une relation qui est fondée sur la haine, l’aliénation, la violation et l’abus, et cela récompense son agresseur pour sa violence.

Les exhortations à la miséricorde sont enracinées dans l’Islam. Pardonner aux violeurs qui acceptent d’épouser leurs victimes et les contraignent à le faire, c’est l’antithèse de la miséricorde.

Nous avons déjà observé que contraindre les victimes à épouser leurs violeurs conduit bien souvent au suicide des victimes. Les obliger à se marier ainsi, place la dignité familiale au dessus de sa propre vie, de son intelligence et de sa dignité – ce qui est contraire à l’ordre des priorités assignées par la Loi Sacrée -. Comment peut-on concilier cette inversion des priorités avec la conception Islamique qui considère la propagation de la corruption et la prise illicite d’une seule vie comme semblable au meurtre de l’humanité dans son intégralité, et qui considère que sauver une seule vie s’apparente à sauver l’humanité dans son intégralité ? [2]

Certains défenseurs de ces pratiques le font sous prétexte que c’est culturel et utilisent la flexibilité de l’Islam envers la culture et les coutumes locales. La culture locale met une telle honte sur le viol (qu’il soit supposé ou prouvé) qu’il en devient préférable pour la victime qu’elle épouse son violeur (supposé ou condamné). S’il est vrai que la Loi Sacrée autorise une certaine souplesse en ce qui concerne la culture et les coutumes locales, cela se limite à ce qui ne contredit pas la Loi Sacrée ou ne sabote pas ses nobles desseins. En bref, la Loi Sacrée confirme les pratiques qui sont en accord avec elle, mais rejette celles qui ne le sont pas.

D’autres suggèrent que les Lois sont destinées à s’appliquer uniquement dans les cas de relations sexuelles consensuelles, comme lorsque les couples le font dans l’espoir de forcer leurs familles à accepter leur mariage, et que lorsque cela est rapporté, l’acte est enregistré comme un viol. Agir ainsi, permet en quelque sorte de protéger la société contre la honte d’admettre que les femmes ont des rapports sexuels avant le mariage consensuel, mais cela ouvre une porte à la destruction de la vie des femmes qui ayant déjà subi une injustice sont forcées d’en subir une seconde encore bien plus grande, ce qui conduit parfois à leur suicide à cause de l’angoisse et du désespoir.

Il y a quelque chose de profondément anormal et injuste lorsqu’une société Musulmane utilise la honte engendrée par un viol comme un moyen permettant de faciliter la propagation de la corruption et la mort injuste de femmes.

La première génération de Musulmans (as-Salafs) était fière d’agir conformément aux prescriptions coraniques invitant les gens à abandonner l’infanticide des filles, un acte qui était la plupart du temps commis dans le but d’éviter la honte à la famille. Ainsi, pendant des siècles, les Musulmans ont été fiers de leur contribution à faire progresser le statut des femmes. Mais quelle fierté y a-t-il à arrêter d’enterrer les jeunes filles dans le sable si c’est uniquement pour leur permettre de grandir et d’atteindre l’âge adulte sans changer nos comportements vis-à-vis d’elles? Ces histoires tragiquement fréquentes de femmes violées à maintes reprises ne peuvent être décrites une fois de plus que comme une déformation de l’Islam, faite malheureusement par les Musulmans eux-mêmes.

Notes :

[1] Après s’être reconverti à l’Islam, Sheykh Musa Furber est parti étudier plusieurs années les Sciences Islamiques à Damas (Hadîth, Qou’ran, Fiqh, Grammaire arabe avancée, Sira, etc.). Il possède la qualification pour émettre des avis juridiques (fatwas) et a obtenu son autorisation de délivrer des avis juridiques auprès de très grands savants du Dar al-Ifta’ al-Misriyya et parmi eux le Grand Mufti d’Égypte, Sheykh ‘Ali Joumou’a. Le Sheykh est actuellement chercheur à la Fondation Tabah.

[2] Qour’an, s5/v32 : […] «Quiconque tue un être humain non convaincu de meurtre ou de sédition sur la Terre est considéré comme le meurtrier de l’humanité tout entière. Quiconque sauve la vie d’un seul être humain est considéré comme ayant sauvé la vie de l’humanité tout entière ! » […]

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