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Amir al-Mouminin Abdul Qadir al-Jazairi


Par Maryam Szkudlarek
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Un froid matin de novembre nous sommes en route vers ce que fût autrefois l’une des résidences de l’imam ‘Abdul Qadir al-Jazairi, qu’Allah lui fasse miséricorde. Sur le chemin, nous admirons des maisons troglodytes. La France est magnifique. Nous arrivons, nous garons, traversons des ruelles et empruntons un chemin en pente pour arriver au château. Il s’agit du château d’Amboise, un lieu riche en Histoire. On y trouve également la tombe d’un des génies de la Renaissance : Léonard de Vinci. Malgré le brouillard, la vue sur la ville est impressionnante. La Loire est juste en face, derrière les maisons traditionnelles de la région. L’horloge de l’église indique onze heures vingt. C’est certainement ce que voyait l’imam lorsqu’il venait contempler la ville. Il sortait dans son long izaar [1] blanc et son haut à manches longues recouvert d’une cape blanche qui couvrait aussi sa tête. Il avait une allure et un charisme grandioses et les habitants ne pouvaient s’empêcher de l’admirer. Depuis la hauteur, il semblait être une apparition, un ange peut-être.

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Amir al-Mouminin ‘Abdul Qadir al-Jazairi fut emprisonné avec une partie de sa famille et sa suite dans ce grand château froid en 1848, un novembre aussi. En parcourant les pièces du château, je m’imagine la vie du chaykh et de sa famille entre les pierres gelées. De nos jours il y a le chauffage, mais ce n’était pas le cas à l’époque. Il n’y avait certainement pas de lits douillets ni de couvertures chaudes non plus. L’humidité se fait toujours sentir, qu’en était-il à l’époque ? Ces conditions très précaires ont coûté la vie à certains membres de sa famille dont une ou deux de ses épouses et quelques enfants. Dans une des salles, son portrait est exposé. Une photo le montre passant une porte dans ses habits blancs habituels. C’est l’apparition divine que les gens voyaient.

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Le Jardin est aussi sublime. On y trouve plusieurs sortes d’arbres et de plantes, c’est tellement agréable. Sa famille s’y repose. Sur les dalles, un cercle sur un socle indique le nom des défunts en calligraphie arabe. Je remarque le nom Fatima.
Était-ce son épouse ? Ou peut-être sa fille ? ‘Abdul Qadir, était-ce son fils ? Nous récitons la Fatiha [2]. Quel voyage dans le temps ! L’imam aura séjourné une courte période de sa vie à Amboise, néanmoins c’était certainement l’une des épreuves les plus douloureuses de sa vie après sa défaite contre les Français. La boutique est remplie d’objets sur l’imam, ennemi d’hier, héro d’aujourd’hui…

 


Vingt ans après avoir été libéré, il rencontrera à la Mecque un homme que, tout comme lui, l’Histoire de l’islam n’oubliera pas : l’imam Chamil, qu’Allah lui fasse miséricorde. Ces deux personnages fascinants ont tous deux échoué au combat face à leurs ennemies respectifs, cependant ils ont laissé un héritage précieux et puissant. Leur image et les symboles qu’ils représentent sont ceux de la foi et du courage, de l’optimisme et du miracle. Les cœurs ne les ont pas oubliés. « Assurément, ce monde est maudit comme l’est tout ce qu’il contient,
à l’exception du souvenir de Dieu et de ce qui s’y rapporte, du savant et de celui qui étudie » [3]. C’est exactement l’enseignement que l’on peut tirer de ces parcours extraordinaires. Leurs chemins ont été une sadaqa jariya [4] pour les générations futures, par le biais du rappel à Allah, la connaissance sacrée et la spiritualité. Ils n’ont pas pu sauver leurs terres de l’envahisseur, néanmoins ils ont peut-être ouvert la porte aux générations suivantes à une connexion plus sincère à Allah. La gratitude se goûte réellement après avoir recouvré quelque chose de perdu. Le vrai cadeau est d’avoir des exemples de foi et de courage, transmettant l’islam au travers d’évènements familiers ou propres à la culture des gens. Leur apprentissage des sciences de l’islam et leurs bonnes actions n’ont jamais cessé, même bien après leurs immenses déceptions. Ils ont tenu bon jusqu’à ce qu’Allah les rappelle. C’est en fait-là que le tawfiq se trouve ; à travers l’image qu’on laisse à l’humanité quelle que soit la réponse qu’Allah donne à nos requêtes. La dounia [5] est courte et éphémère, elle change et rechange, ce qui était important hier ne l’est plus aujourd’hui et vice versa, comme les livres, les marque-pages et les tasses avec l’image de l’imam ‘Abdul Qadir al-Jazairi que l’on trouve à Amboise ou les vignettes, sacs et vêtements avec l’image de l’imam Chamil. Qui aurait pu imaginer pareil scénario cent cinquante ans auparavant lors de leur jihad [6] ? Néanmoins le souvenir de foi et de courage que l’on a pu observer ou entendre ne change pas, il traverse époques, cultures et traditions. Il donne l’énergie et la confiance dont les successeurs ont besoin pour agir en leur temps et époque.
Maryam Szkudlarek


Notes :


[1] C’est un habit pour les hommes qui couvre du dessus du nombril jusqu’à après les genoux.
[2] « Celle qui ouvre », c’est le chapitre qui est récité sur les défunts, ainsi que lorsque l’on fait des invocations pour qu’Allah donne une ouverture.
[3] Rapporté par Tirmidhi.
[4] Une charité continue.
[5] Le monde d’ici-bas.
[6] Combat légiféré par les lois islamiques.

Les plus belles histoires d’amour ne sont pas des contes de fée

Les plus belles histoires d’amour ne sont pas des contes de fées…

Maryam Szkudlarek

Les plus belles histoires d’amour ne sont pas des contes de fée
À la fin des années cinquante, dans un petit village du Portugal un couple d’à peine vingt ans se marie. Deux filles naissent, puis l’époux quitte sa terre natale, gouvernée alors par un dictateur tyrannique, laissant son épouse enceinte du troisième enfant. Il part pour la France pour trouver un avenir meilleur. Le voyage prendra des semaines et sera extrêmement périlleux. Certains de ses compagnons y périront. Il ne donnera pas de nouvelles pendant des mois. Puis, deux ans plus tard, les billets de train arrivent pour que tout le monde le rejoigne. Ce sera des jours, des mois, des années dures, très difficiles. Des épreuves qui laissent des traces. Néanmoins, soixante ans plus tard, ils sont toujours là, plus amoureux que jamais, veillant l’un sur l’autre, ne pouvant dormir si leur moitié est souffrante.
À la fin des années soixante, dans un petit village kurde de la Turquie, un homme de trente-cinq ans perd son épouse. Il est sans enfant. Il se marie donc avec la sœur de celle-ci, âgée alors de 14 ans. Ils auront neuf enfants dont un qui mourra en bas âge et une autre plus tard d’un cancer. Malgré leur différence d’âge, ils font une jolie paire, la joie enfantine mariée à la voix de la sagesse. Il aime énormément son épouse et tous ses enfants. Ces derniers sont d’une grande bonté et générosité, ayant grandi dans un environnement sain, pur et innocent. L’année dernière, ce sage que les gens aimaient saluer et demander ses du’a, décéda le vendredi 22 de ramadan 1441, à plus de quatre-vingt-dix ans, qu’Allah lui fasse miséricorde. Son épouse fut très triste et pleura beaucoup. Elle dit : « Il y a de mes bien-aimés dans ces tombes, mais je les ai tous oubliés, car sa mort est bien plus douloureuse que toutes les autres. »
En 2007, Ustadha perd son compagnon de vie de quinze ans son aîné. Celui qui partagea sa vie quarante ans. Celui qui joua le rôle du père qu’elle avait perdu quand elle était enfant. Celui avec qui elle avait quitté la Palestine et émigré dans les pays alentour. Celui avec qui elle eut un train de vie aisé pendant longtemps avant de tout perdre. Celui avec qui elle voyagea à travers le monde. Le choc et la douleur sont immenses. Ses enfants, inquiets pour sa santé, l’inscrivent dans un centre de Qur’an pour qu’elle s’occupe. Elle deviendra au bout de quelques années une des enseignantes du centre, spécialiste des dix récitations. Ce grand amour s’est sculpté dans les sillons de l’apprentissage du livre d’Allah.
En 2019, dans une maison d’un lotissement rupin de Dubaï, un shaykh nous convie chez lui. Son épouse nous accueille. Elle est Égyptienne, très belle, instruite, cultivée, parlant l’arabe littéraire, le français et l’anglais. C’est une hôte extrêmement agréable et gentille. Elle nous dit qu’elle a cinq enfants. Une autre femme est présente, effacée, discrète. En réalité la charmante dame n’a pas cinq enfants, mais trois. Le bébé qu’elle a sur les genoux n’est pas le sien, mais celui de l’autre femme qui est la deuxième épouse de son mari. L’aînée des cinq, qui a quinze ans, mentionne que la situation est effectivement « bizarre ». Tout le monde sourit puis rit. Je suis subjuguée par la beauté de cette femme, son attitude, sa gentillesse, sa générosité et son innocence. J’observe toute la famille. Des milliers de questions auxquelles je ne peux avoir de réponses me passent par la tête, mais ce qui est sûr, c’est qu’il y a beaucoup d’amour : l’amour d’une femme pour l’enfant d’une autre, l’amour d’une mère pour son enfant, l’amour d’une demi-sœur pour son demi-frère, l’amour d’une femme pour ses invités et surtout l’amour d’Allah.
Le mariage n’est pas un conte de fées. Les relations humaines n’ont jamais été simples et encore moins les relations de couple. Il faudra faire des efforts pour obtenir une union forte qui résiste aux tentations et aux tempêtes. Un professeur turc m’a un jour dit : « Le mariage est un bateau. Parfois le ciel est clair, parfois la mer est houleuse, mais il tient bon. » Chaque histoire est différente. Les êtres humains ne sont pas parfaits, les circonstances non plus. Cependant, les objectifs doivent rester les mêmes pour tout le monde. Gardons en tête que le mariage est la moitié de la foi donc il faut s’attendre à ce que ce soit difficile ; qu’il faut faire preuve de gratitude en toutes circonstances, et d’une belle patience (sans cris et sans plaintes) ; qu’il est primordial de vouloir un mariage heureux et de ce fait travailler sans relâche pour l’avoir ; qu’il ne faut jamais abandonner comme on n’abandonnerait pas sa famille de naissance, ni ses études et son travail ; que le divorce n’est pas envisageable, c’est une porte condamnée ; qu’il faut être prêt à se sacrifier, et surtout se rendre précieux (se) à ses yeux.
Le mariage est la meilleure école pour se reformer, si on le prend comme il se doit. L’époux (se) est le miroir qui reflète notre personne qu’Allah tient en face de nous. Il serait stupide de casser le miroir seulement parce que l’on n’aime pas ce qu’on y voit dedans.
« Ne perdez pas de vue la personne avec laquelle vous êtes tombé(e) amoureux (se), ramenez-la. » Maryam Lemu1
Maryam Szkudlarek

 

Notes :
1 Voir son code de conduite (code of conduct) à avoir pour construire un mariage solide. Son histoire de mariage ainsi que celle de ses parents, qu’Allah leur fasse miséricorde, sont de véritables leçons d’enseignement.

Chronologie de la vie du Prophète Muhammad (infographie)

 

 

BismiLlâhi ar-Rahmani ar-Rahim,

Cette frise chronologique (Timeline) élaborée sous forme d’infographie présente en bref les grands événements historiques marquants de la vie du Prophète , le plus parfait des hommes et dernier des Messagers d’Allâh. Cette biographie montre les différentes périodes de la vie du Prophète, de sa naissance à ses derniers instants, en s’appuyant sur des récits authentiques. Le format visuel est idéal pour apprendre ou se remémorer la Sirah du bien-aimé. Le lecteur peut en suivant la ligne faire un voyage avec le plus noble des hommes et apprendre à connaître et à aimer celui qui a vécu pour que l’Islam soit transmis à toute l’humanité. Réalisé en haute résolution, vous pouvez sans problème imprimer cette timeline pour l’avoir à portée de main, pour l’afficher à votre domicile ou dans votre mosquée.

A TÉLÉCHARGER ICI

 

 

Allâhumma salli ‘alâ Sayyidinâ Muhammadin wa ‘alâ Âlihi wa Sahbihi wa sallim.

Wa Allâhu a’alam

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L’Histoire du Compagnon hors-norme Julaybîb

 

 

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Il est rapporté dans les Livres d’Histoire que Julaybîb رضي الله عنه était un Sahabi qui était:

  • de très petite taille
  • avec une apparence difforme
  • sa lignée était inconnue
  •  personne ne savait qui étaient ses parents
  • sans clan pour le protéger
  • aucune tribu n’étant prête à l’accepter
  • solitaire, même les petits enfants de Médine l’embêtaient et se moquaient de lui
  • en raison de son handicap, personne ne voulait s’asseoir en sa compagnie.

Il survécut du mieux qu’il put et passa beaucoup de nuits seul à Médine, à se arpenter les rues, pleurant de désespoir alors que les larmes coulaient sur ses joues. Personne ne voulait lui offrir de l’amour ou la compassion, il n’avait pas de famille et pas un seul ami au monde.

La vie pour lui était une lutte solitaire.

Après l’arrivée du Prophète d’Allâh ﷺ à Médine, le destin de Julaybîb رضي الله عنه changea. Il allait s’asseoir en compagnie du Prophète ﷺ et écoutait attentivement, parlant rarement. Timide, il gardait son regard baissé. Dorénavant, en la personne du Prophète d’Allâhﷺ il avait le meilleur des amis. Ces jours de solitude et de désespoir étaient terminés grâce à la venue du Meilleur de la création ﷺ. Julaybîb رضي الله عنه faisait maintenant partie de la communauté des croyants.

Un jour, alors qu’il était assis en compagnie du Prophète ﷺ, celui-ci lui demanda : « O Julaybîb, demande quelque chose, y a-t-il quelque chose que tu désires ? »

Il leva lentement la tête et dit d’une voix timide :  « Ô Messager d’Allâh, Allâh m’a béni par ta compagnie, je m’assieds devant tes pieds bénis et j’écoute tes paroles bénies, que pourrais-je bien désirer de plus ? »

Le Prophète d’Allâh ﷺ lui demanda : « Souhaiterais-tu te marier mon cher Julaybîb ? » Il sourit timidement se demandant qui voudrait donc l’épouser.

« Oui Messager d’Allâh j’aimerais bien. »

Le Prophète d’Allâh ﷺ se rendit à la maison d’un Sahabi important et noble parmi les Ansar.

Il lui dit : « Je suis venu pour demander la main de ta fille en mariage ».

Le Sahabi fut ravi et dit : « Ô Messager d’Allâh existe-t-il une plus grande bénédiction que celle-ci ? »

Le Prophète ﷺ déclara alors : « Je ne la demande pas pour moi-même, c’est pour Julaybîb que je demande. »

Le Sahabi resta pantois : « Pour Julaybîb ? », demanda-t-il avec étonnement. « Oui pour Julaybîb » répondit le Messager d’Allâh ﷺ.

Le Sahabi répondit : « Je dois consulter ma femme. »

Il dit alors à son épouse : « Le Prophète d’Allâh a demandé la main de notre fille en mariage, pour Julaybîb. »

Elle commença à pleurer et à gémir : « Non, pas Julaybîb, n’importe qui d’autre, mais pas Julaybîb, je ne permettrai jamais cela. »

En entendant l’agitation, la fille arriva.

On rapporte qu’elle était si belle qu’aucune des femmes des Ansar ne pouvait rivaliser avec sa beauté. Elle était si timide et modeste que peut-être que le ciel lui-même n’avait jamais vu sa tête découverte. Elle avait tellement de Taqwa, qu’elle passait ses jours et ses nuits en adoration.

La fille demanda ce qui se passait. On lui raconta que le Prophète d’Allâh ﷺ était venu demander sa main pour Julaybîb رضي الله عنه.

Alors que la mère continuait de crier et de pleurer, la fille déclara :

« Ô ma mère, craint Allâh, pense à ce que tu viens de dire, tu te détournes du Prophète d’Allâh. Ô ma mère, il ne convient pas à un croyant de prendre sa propre décision une fois qu’Allâh et Son Messager ont décidé d’une affaire. Penses-tu que le Prophète d’Allâh nous apporte une disgrâce ? Que Julaybîb est béni, à tel point qu’Allâh et Son Messager demandent la main de ta fille en son nom. Ne sais-tu pas que les anges eux-mêmes envient la poussière présente sur les pieds de celui qui est un bien-aimé d’Allâh et de Son Prophète ? Demande au Prophète de m’envoyer Julaybîb car il n’y a pas de plus grand privilège que d’être béni par un tel mari. Le Prophète d’Allâh est venu à nous avec un tel cadeau merveilleux, alors pourquoi pleures-tu et te lamentes-tu ? »

Le cœur de la mère se remplit de remords. Elle déclara alors :

« Ne dis plus rien ma fille, je me suis trompé et je me repens 1000 fois pour cela. Il n’y a personne que je préfère pour toi que Julaybîb. »

Le lendemain, le Nikaah (mariage) est fait.

‘Uthman رضي الله عنه & ‘Ali رضي الله عنه donnèrent à Julaybîb une somme d’argent pour l’aider à organiser la fête de Walimah (banquet) et à acheter un logement.

Peu de temps après, Julaybîb رضي الله عنه tomba martyr durant une expédition.

Le jour de l’expédition, son beau-père, l’avait imploré :

« Ô Julaybîb, c’est juste une expédition, ce n’est pas un Jihad obligatoire, c’est Fardh Kifayah, c’est un Jihad volontaire, par conséquent, comme tu es nouvellement marié, passe donc du temps avec ton épouse. »

Julaybîb رضي الله عنه, celui qui avait passé toute une vie dans le désespoir avait maintenant trouvé une femme aimante.

Mais écoutez la réponse qu’il fit à son beau-père.

« Ô mon père, tu dis une chose bien étrange, mon Prophète bien-aimé est dans le champ de bataille face aux ennemis de l’Islam et tu souhaites que je reste à la maison avec ma femme ? Je sacrifierai mon sang et mon âme plutôt que de voir mon Prophète affronter les difficultés pendant que je suis assis à la maison dans le luxe. »

C’était un spectacle bien étrange que de voir le tout petit homme Julaybîb رضي الله عنه portant une épée presque aussi grande que lui. Le Sahaba le regardait avec émerveillement, lui le doux et gentil Julaybîb رضي الله عنه était transformé en un lion.

« Qui ose faire la guerre à mon Prophète ﷺ? » Dit-il alors qu’il chargeait les rangs de l’ennemi.

Après cette bataille, le Prophète d’Allâh ﷺ  demanda aux Sahabas d’aller voir si quelqu’un manquait dans les familles et les clans. Chacun retourna voir si tous les membres de sa famille étaient présents.

Alors, le Prophète ﷺ parla avec les larmes aux yeux et dit :

« J’ai perdu mon bien-aimé Julaybîb رضي الله عنه, trouvez-le. »

Ils trouvèrent son petit corps couché à côté d’ennemis qu’il avait tués durant la bataille.

Le Prophète d’Allâh demanda qu’une tombe soit creusée. Le Prophète d’Allâh arriva, se tint devant sa dépouille et dit : « Il en a tué sept, puis il a été tué. Cet homme fait partie de moi et moi de lui. » Il le prit alors dans ses bras, à lui seul. Puis il fut enterré.

Les Compagnons pleuraient abondamment : « Que nos pères et nos mères soient sacrifiés pour toi, O’ Julaybîb , رضي الله عنه que ton statut est élevé ! »

Un tel Sahabi, qui autrefois avait vécu comme un paria, évité et rejeté par la société autour de lui.

Il a aimé Allâh et Son Messager ﷺ et a ainsi atteint un degré très élevé.

Lui qui n’était pas beau fut béni d’une belle épouse, lui qui était pauvre fut béni par une femme riche, lui qui n’avait ni famille ni statut, fut béni par une femme ayant un statut et une lignée nobles, lui qui avait vécu dans la solitude et le désespoir fut aimé par Allâh et Son Messager ﷺ.

Lui de qui le Messager d’Allâh ﷺ dira : « Cet homme fait partie de moi et moi de lui. »

Il est dit que suite à son martyre, le ciel fut rempli de milliers d’anges qui étaient venus participer à sa Janazah. Julaybîb رضي الله عنه, le solitaire, était devenu un bien-aimé d’Allâh et de son Prophète ﷺ, il n’était plus un homme seul.

Tel est le statut des amoureux du Prophète ﷺ.

Quant à sa femme, il est dit qu’il n’y avait pas de veuve à Médine dont la main était plus recherchée dans le mariage que la sienne.

Subhan Allâh, Al-HamduliLlâh, Allâhu Akbar

 

Notes :

On trouve ce récit dans les livres d’histoire, ainsi qu’une partie dans le Sahih de l’Imam Muslim (Chap. 27, n°131 – 2472 ou Chap. 31, n° 6045)

L’Histoire d’Amour entre Allâh et Sa créature

 

Tazkiyya an-Nafs

 

 

Amour Allâh

 

 

 

# Pourquoi Allâh nous a-t-Il créés ?

L’Histoire d’Amour entre Allâh et Sa créature est le propos même de notre existence. Allâh nous a créés car Il s’aime et non pas par besoin, c’est un point essentiel à comprendre et à mémoriser car Allâh est exempt du besoin. Il nous donne alors par pur Amour un cadeau immense qui est l’opportunité de Le connaître, de l’aimer, de recevoir Son Amour et de vivre en Sa présence. Quand le croyant réalise cela, il tombe amoureux de Son Seigneur et de tout ceux qui recherchent ou ont recherché Sa Satisfaction, comme le Prophète Muhammad ﷺ et les autres Prophètes, les Awliyas, les pieux, etc…

 

# Comment obtenir cet Amour ?

En adoptant Ses Qualités, celles qu’Il a reflétées sur Son noble Messager ﷺ. Ainsi, après avoir adopté une croyance saine et en complément de la pratique des obligations rituelles, Allâh attend de nous que nous luttions pour nous purifier et que nous adoptions les nobles caractères, c’est-à-dire que nous soyons miséricordieux, pardonneurs, généreux, patients, endurants, justes, reconnaissants, pures, humbles, doux, hospitaliers, sincères, modestes, affectueux, respectueux, courageux, honnêtes, simples, souriants, compatissants, etc. Chaque péché ou mauvaise caractéristique que nous abandonnons nous rapproche de Lui, de même qu’à chaque fois que nous adoptons une de ces nobles qualités, Allâh nous aime davantage.

Pour arriver à progresser efficacement, le suivi d’un Sheykh est indispensable car le croyant lambda ne pouvant voir Allâh, c’est difficile de L’aimer autant que si c’était le cas. Mais Son Messager ﷺ a été vu et les Awliyas reflètent ses qualités. C’est pourquoi il est demandé aux Musulmans d’aimer les Mashaykh, les Awliyas, car ils peuvent les voir et alors cet amour qui leur est porté peut être transféré vers le Prophète Muhammad ﷺ puis vers Allâh.

Celui qui a compris que cette relation entre Allâh et Sa créature n’est qu’Amour ne verra plus jamais Son adoration comme un fardeau. Les gens s’extasient devant le Taj Mahal construit par l’empereur moghol Shâh Jahân par amour pour son épouse, mais que dire alors du Paradis qu’Allâh a créé par pur Amour pour Ses serviteurs ? Gloire à Allâh !

 

# Quels bénéfices pour nous ?

Allâh nous propose en retour 3 magnifiques cadeaux :

1/ Vivre avec Lui en Sa présence pour toujours dans le Royaume des Cieux et du Paradis,
2/ Communiquer avec Lui,
3/ Voir Allâh

 

# Que se passe-t-il pour ceux qui refusent cet Amour ?

Le nom de l’union (c’est-à-dire la proximité avec Allâh) est appelée « Paradis », tandis que le nom que porte la séparation se nomme « Enfer » (qu’Allâh nous en préserve).

 

——–

 

Qu’Allâh nous facilite et nous illumine le chemin qui mène à Sa Satisfaction.

Wa Allâhou a’alam

 

Ach’arisme et Maturidisme : les deux écoles théologiques Sunnites

 

– Témoignages d’historiens et de chercheurs non-Musulmans –

 

 

histoire

 

 

Les écoles de croyance (‘Aqida), Ach’arite et Maturidite sont les deux madhhab qui ont été adoptés à l’unanimité par les savants Musulmans depuis leur création à l’époque bénie des Salafs (Pieux Prédécesseurs) par les imams Abû al-Hasan al-Ash’ari et Abû Mansour al-Maturidi (qu’Allâh soit satisfait d’eux).

Nous avons déjà beaucoup de témoignages scientifiques et historiques issus de l’héritage Musulman qui attestent indiscutablement de ce fait. Si certains aujourd’hui nient cette évidence, cela ne peut tromper que les plus ignorants parmi les Musulmans. Pour renforcer encore davantage la panoplie de preuves et d’arguments dont nous disposons déjà, nous avons également été chercher dans les ouvrages scientifiques et historiques écrits par des non-Musulmans. Vous pourrez constater que ces chercheurs, professeurs, historiens et universitaires occidentaux témoignent eux aussi que les écoles de Croyance Ash’arite et Maturidite sont les deux écoles théologiques Sunnites majoritaires.

 

Citation n°1 : Du professeur et historien Dominique Chevallier (m. 2008), spécialiste du monde arabe.

« … La théologie centrale qui a été adoptée par l’État, utilisée dans les mass-médias, les moyens d’information, et transformée en une motivation chez le peuple, est vraiment la théologie Ach’arite, la théologie Sunnite traditionnelle. » [1]

Citation n°2 : Tirée de l’encyclopédie UNIVERSALIS, dans « Dictionnaire des Idées & Notions en Religion »

« La doctrine Ash’arite rencontre de nombreux succès et attire les plus brillantes personnalités : elle va devenir hégémonique (dominante) de l’univers Sunnite. » [2]

Citations n°3 : Tirée de l’encyclopédie UNIVERSALIS, le « Dictionnaire de l’Islam, religion et civilisation »

« Abû L-Hasan ‘ali ben ismâ’îl al-Ash’ari Fondateur de l’école de théologie musulmane à laquelle se sont ralliés la majorité des Sunnites. » [3]

Citation n°4 : De l’historien Rochdy Alili

« […] l’Acharisme, principale école théologique du Sunnisme, naquit d’une déclaration surprenante prononcée dans la grande Mosquée de Bassora en 913 … » [4]

Citation n°5 : Tirée du livre d’histoire « Histoire des Religions en Europe : Judaïsme, Christianisme et Islam »

« En réalité, l’appellation Sunnite n’est apparue qu’avec l’école Ash’arite, après le IXe siècle, notamment avec les disciples d’Al-Ash’arî (873- 935) que furent Al-Bâquillâni, Al-Juwayni et Al- ‘Isfârâ’ini. » [5]

Citation n°6 : De Pierre Lory, directeur d’études (Sciences religieuses)

« L’Ash’arisme est devenu la théologie officielle, « orthodoxe » pourrait-on dire, au sein du Sunnisme » [6]

Citation n°7 : Tirée de l’encyclopédie UNIVERSALIS, le « Dictionnaire de l’Islam, religion et civilisation »

« C’est ainsi qu’ont vu le jour les grandes écoles théologiques Sunnites. La principale a été fondée par Al-Ash’ari (m. en 324/935), et dont les plus illustres représentants ont été al-Baqillani (m. en 403/1013), al-Djuwayni (m. en 478/1085), Fakhr al-Din al-Razi (m. en 606/1209)» […] « La deuxième grande école théologique Sunnite a pris naissance, elle, en Transoxiane, dans un milieu purement Hanafite. Fondée par al-Maturidi (m. en 333/944), elle a compté dans ses rangs notamment Abu l-Mu’in al-Nasafi (m. en 508/1114). » [7]

Citation n°8 : De Louis Gardet, philosophe, spécialiste de l’Islam

« Un enfer temporaire pour le pécheur non repenti qui reste croyant deviendra la réponse la plus officielle du Sunnisme, Ash’arite aussi bien que Mâturîdite. » [8]

Citation n°9 : De André Bazzana, Nicole Bériou, Pierre Guichard, avec les Éditions « Presses universitaires de Lyon »

« L’Islam orthodoxe se rallie finalement au XIe siècle (calendrier Grégorien, soit Xe siècle de l’Hégire) à la doctrine dite « Acharite » (du nom d’al-Ash’ari, docteur du Xe siècle) … » [9]

 

Qu’Allâh nous accorde la Science juste et utile ainsi que la clairvoyance.

 

Notes :

[1] « Les Arabes et l’histoire créatrice », H. Hanafi, sous la direction de Dominique Chevallier, p. 20

[2] Dictionnaire des Idées & Notions en Religion, Encyclopédie UNIVERSALIS 2012, -Paragraphe : « le développement du Sunnisme »

[3] Roger Arnaldez, Dictionnaire de l’Islam, religion et civilisation, Encyclopédie UNIVERSALIS, Paragraphe : « Abû L-Hasan ‘ali ben ismâ’îl al-Ash’ari »

[4] « Qu’est-ce que l’Islam ? », Rochdy Alili, paragraphe : « L’ACHARISME »

[5] « Histoire des Religions en Europe : Judaïsme, Christianisme et Islam », Ed. DeBoeck, p.110

[6] « Le Rêve et ses interprétations en Islam », Pierre Lory, Ed. Albin Michel (2003), dans l’index bibliographique

[7] Tiré de l’encyclopédie UNIVERSALIS 2013, Dictionnaire de l’Islam, religion et civilisation

[8] « Les hommes de l’Islam : approche des mentalités », Louis Gardet, page 212

[9] « Averroès et l’averroïsme, Un itinéraire historique du Haut Atlas à Paris et à Padoue », André Bazzana, Nicole Bériou, Pierre Guichard, p.21,

A lire également sur le sujet : Les Asharites et les Maturidites Les deux écoles de croyance Sunnite majoritaires et traditionnelles