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Celui qui aspire à la rencontre d’Allâh, Allâh aspirera à sa rencontre

– Hadith Qudsi

 

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Hadith : « Celui qui désire rencontrer Allâh, Allâh aime le rencontrer »


Rapporté par El-Bukhâri dans le livre de l’unicité, d’après Abî Huraïra, en des termes évidents qui prouvent son appartenance à Allâh et son caractère de hadith qudsi (Divin).

D’après Abî Huraïra, le Messager d’Allâh (salallâhou ‘alayhi wassalaam) a dit : « Allâh Le Très-Haut a dit : « Si Mon serviteur aspire à Ma rencontre, j’aspirerai à Sa rencontre, et s’il déteste Ma rencontre, Je détesterai sa rencontre ».

Commentaire du hadith [1] :

« Celui qui aime la rencontre d’Allâh, Allah aimera sa rencontre ».

El-Qastalâni a dit : « El-Khattâbi a dit : « Aimer la rencontre d’Allâh, c’est préférer l’au-delà à ce bas monde et ne pas aimer y résider longtemps. Bien au contraire, il doit toujours être prêt à le quitter ».

Quant à la rencontre, elle est de plusieurs sortes :

Il y a entre autres la vision ou bien la résurrection, en vertu de la parole du Très Haut : « Ceux qui traitent de mensonge la rencontre d’Allâh sont perdus » [2]. C’est-à-dire la résurrection. Elle peut être aussi la mort, en vertu de la parole du Très Haut : « Pour celui qui espère la rencontre d’Allâh, le terme fixé par Allâh approche ». [3]

Ibn El-Athîr a dit : « Par rencontre, il faut entendre le départ vers l’au-delà et l’aspiration à ce qu’il y a auprès d’Allâh, et non la mort, car tout le monde abhorre la mort. Ainsi, celui qui se détourne de ce bas monde et l’ abhorre, aura aimé la rencontre d’Allâh ; et celui qui préfère ce bas monde et s’y sent en sécurité aura détesté la rencontre d’Allâh. »

Quant au désir d’Allâh de rencontrer Son serviteur, il consiste à vouloir le bien pour lui et à lui accorder Ses bienfaits.

Hassân Ibn El-‘Assoued a dit : « La mort est un pont qui mène l’amoureux vers Son bien-aimé ».

Dans le hadith de Hamîd, d’après ‘Anas, qui est rapporté par Ahmed, Ennisâ’ï et El-Bezzâr, il est dit : « Lorsque le croyant se trouve à l’article de la mort, un annonceur de bonne nouvelle lui vient de la part d’Allâh. Aussi, aucune chose ne devient plus aimée de lui, que la rencontre avec Allâh. Par conséquent, Allâh aimera sa rencontre ».

Dans la version d’Ibn Abi Layla, il est dit : « Le Messager d’Allâh a dit : « Lorsque le serviteur se trouve à l’article de la mort, s’il fait partie des rapprochés, ce sera alors le repos, les parfums et les jardins de la félicité. Lorsqu’il aura cette bonne annonce, il aimera la rencontre d’Allâh, et Allâh aimera encore plus sa rencontre ». Rapporté par Ahmed.

Quant à l’incroyant, lorsqu’il se trouve à l’article de la mort, on lui annoncera la mauvaise nouvelle du châtiment d’Allâh, et aucune chose ne lui sera plus abhorrée, que ce qui l’attend après la mort. Il détestera alors la rencontre d’Allâh et Allâh détestera sa rencontre.

Dans le hadith de ‘Aïcha (radhia Allâhou ‘anha), il est dit : « Lorsqu’Allâh veut du bien à quelqu’un, Il lui attache, une année avant sa mort, un ange qui l’assistera et l’affermira dans la voie du bien, au point où on dira de lui : « Il est mort dans la meilleure des situations ». Et lorsqu’il verra sa rétribution, son âme désirera la rencontre d’Allâh et Allâh aimera sa rencontre. Par contre, lorsqu’Allâh veut du mal à quelqu’un, Il lui attache, une année avant sa mort, un démon qui le séduit et l’égare, au point où on dira de lui : « Il est mort dans la plus mauvaise des situations ». Et lorsqu’il verra ce qu’Allâh lui a préparé comme châtiment, son âme s’inquiétera et détestera la rencontre d’Allâh. Allâh détestera alors sa rencontre ».

El-Bukhâri l’a rapporté aussi dans le livre de la tendresse :

Hadjâdj nous a rapporté d’après Hammâm, d’après Qatâda, d’après ‘Anas, d’après ‘Ubâda Ibn Essâmet, d’après le Prophète qui a dit : « Celui qui aspire à la rencontre d’Allâh, Allâh aspirera à sa rencontre, et celui qui déteste la rencontre d’Allâh, Allâh détestera sa rencontre ». ‘Aïcha (ou une de ses épouses) a dit : « Mais nous détestons, tous, la mort! ». Il lui répondit : « Ce n’est pas de cela qu’il s’agit, mais lorsque le croyant est sur le point de rendre l’âme, on lui fait la bonne annonce de la satisfaction d’Allâh et de Sa générosité, et il n’aspirera plus qu’à ce qu’il voit devant lui. Il désirera alors rencontrer Allâh et Allâh aimera le rencontrer. Et quand l’incroyant est sur le point de rendre l’âme, on lui annonce le châtiment d’Allâh et Son supplice, et rien ne lui devient plus détestable que ce qu’il voit devant lui. Il détestera alors rencontrer Allâh et Allâh détestera le rencontrer ».

El-Bukhâri l’a rapporté aussi, d’après sa chaine de transmission, remontant à Abî Moussa El-Ach’arî, d’après le Prophète qui a dit : « Celui qui désire la rencontre d’Allâh, Allâh aimera sa rencontre, et celui qui déteste la rencontre d’Allâh, Allâh détestera sa rencontre ».

Muslim a rapporté également ce hadith dans son Sahîh, livre des invocations, chapitre : « Celui qui désire la rencontre d’Allâh, Allâh aimera sa rencontre », avec plusieurs versions :

D’après Churaïh Ibn Hâni, d’après ‘Aïcha qui a dit : « Le Messager d’Allâh a dit : « Celui qui aspire à la rencontre d’Allâh, Allâh aspirera à sa rencontre, et celui qui déteste la rencontre d’Allâh, Allâh détestera sa rencontre. Et la mort a lieu avant la rencontre d’Allâh ».

La première, avec sa propre chaîne de transmission, d’après Sa ‘d Ibn Hichâm.

D’après ‘Aicha qui a dit : « Le Messager d’Allâh a dit : « Celui qui désire la rencontre d’Allâh, Allâh aimera sa rencontre, et celui qui déteste la rencontre d’Allâh, Allâh détestera sa rencontre », J’ai dit : « Ô Prophète d’Allâh! Tu parles de l’aversion de la mort? Car nous détestons, tous, mourir ! ». Il a répondu : « Ce n’est pas de cela qu’il s’agit, mais lorsque le croyant reçoit la bonne nouvelle de la miséricorde d’Allâh, de Sa satisfaction et de Son Paradis, il désire la rencontre d’Allâh, et Allâh aimera sa rencontre. Et quant à l’incroyant, lorsqu’il reçoit la promesse du châtiment d’Allâh et de Son courroux, il déteste la rencontre d’Allâh, et Allâh détestera sa rencontre ».

Dans la troisième version de Muslim, il est dit, d’après sa propre chaîne de transmission, d’après Churaïh, d’après Abî Huraïra :

Le Messager d’Allâh a dit : « Celui qui désire la rencontre d’Allâh, Allâh aimera sa rencontre, et celui qui déteste la rencontre d’Allâh, Allâh détestera sa rencontre ». Churaïh dit : « Je suis allé voir ‘Aicha et je lui ai dit : « Ô mère des croyants! J’ai entendu Abû Huraïra rapporter un hadith du Prophète. Et si tel est le cas, tel qu’il le rapporte, nous sommes tous perdus alors! ». Elle a répondu : « Le perdu est celui qui a été désigné tel par le hadith du Prophète ! De quoi s’agit-il ?». J’ai dit : « Il a dit : « Le Messager d’Allâh a dit : « Celui qui désire la rencontre d’Allâh, Allâh aimera sa rencontre, et celui qui déteste la rencontre d’Allâh, Allâh détestera sa rencontre ». Or, il n’y a pas, parmi nous, celui qui ne déteste pas mourir !». Elle a répondu : « Le Messager d’Allâh l’a dit, certes, mais ce n’est pas comme tu le penses. La vérité est que lorsque le regard se figera, que la poitrine se mettra à râler, que la peau aura la chair de poule et que les doigts se crisperont, à ce moment-là : « Celui qui désire la rencontre d’Allâh, Allâh aimera sa rencontre, et celui qui déteste la rencontre d’Allâh, Allâh détestera sa rencontre ».

L’Imâm Mâlik l’a rapporté aussi dans le Muwatta’, livre des enterrements, en ces termes : D’après Abû Huraïra, le Messager d’Allâh a dit : « Allâh le Très-Haut a dit : « Lorsque le serviteur désire Me rencontrer, J’aime le rencontrer, et lorsqu’il déteste Me rencontrer, je déteste le rencontrer ».

Notes :

[1] Par les Imams an-Nawawi et al-‘Asqalani
[2] Qour’an, 6/31
[3] Qour’an 29/5

Explication du Hadith
« Les femmes seront habillées, mais nues »

 

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Dans un Hadith authentique, Sayyiduna Abu Hurayra (ra) rapporte que le Messager d’Allâh (salallahou ‘alayhi wassalaam) a dit :

« Deux catégories des gens de l’Enfer que je n’ai pas encore vues : des hommes portant des fouets pareils aux queues des bovins et frappant les autres. Des femmes dévêtues, bien que vêtues, séductrices et faciles à séduire. Elles portent une coiffure haute comme la bosse recourbée des chameaux à longs cous. Elles n’entreront jamais au paradis et n’en sentiront même pas l’odeur, bien que celle-ci soit perceptible de telle et telle distance. » [1]

L’Imam an-Nawawi rahimahullaah.gif commente [2] :

« Ce Hadith est l’un des Miracles du Prophète puisque ces deux genres de femmes sont effectivement apparus et existent désormais. Le Hadith condamne ces deux genres de femmes qui sont, selon divers avis : les femmes couvertes des faveurs d’Allâh, mais sans lui en rendre grâce ; celles qui couvrent une partie de leur nudité en en exhibant une autre ; celles qui s’habillent de vêtements très fins qui laissent transparaitre la couleur de la peau. Ensuite, celles enclines à tout ce qui s’écarte de la piété et de la dévotion à Allâh et qui apprennent à leurs semblables la mauvaise conduite ; celles qui marchent en se pavanant, avec déhanchement, ou encore celles qui adoptent la coiffure inclinée des cheveux, à savoir celle des prostituées et arrangent la chevelure de leurs semblables pareillement ».

Le Mufti Muhammad ibn Adam al-Kawthari explique [3] :

« Dans ce Hadith, le Messager d’Allâh décrit deux types de personnes, qu’il n’a pas vues, et qui entreront dans le feu de l’Enfer. En d’autres termes, ce sont deux choses qui entrainent le châtiment et l’Enfer dans l’Au-delà. Puisse Allâh Tout-Puissant nous sauver tous, Amine. […] La signification de « Des femmes dévêtues, bien que vêtues » (comme cela est expliqué par l’Imam an-Nawawi et d’autres), c’est qu’elles seront à moitié nues. Une partie de leur corps sera couverte tandis que l’autre restera exposée. Ceci est clairement vérifiable aujourd’hui, en ce que beaucoup de femmes portent des jupes courtes et exposent leurs bras, leur cou, leurs cheveux, etc. […] En résumé, ce Hadith est l’un des miracles Prophétiques (mu’jizah) du Messager d’Allâh. […] Le Prophète a prédit la situation de certains individus ainsi que leurs actions, ce qui a permis à ce que ses compagnons (qu’Allâh soit satisfait d’eux tous) ainsi que nous-mêmes soyons informés à leur sujet. Ainsi, la morale de ce Hadith est de se retenir et de s’abstenir de ces actions, car elles conduisent au feu de l’Enfer ».

Et Allâh est plus Savant.

Notes :

[1] Hadith authentique (Sahih), rapporté par l’Imam Muslim  (n °2128)

[2] Sharh du Sahih de Muslim, par l’Imam an-Nawawi

[3] Muhammad ibn Adam al-Kawthari – Fatwa n° 15175461

Si le Hadith est authentique, c’est mon Madhaab


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Question :

Les Imams des Madhaabs (écoles) ont déclaré : « Si le Hadith est authentique, alors il s’agit de mon madhaab ». Par conséquent, si nous trouvons un Hadith dans Al-Bukhari et Muslim, contredisant notre madhaab, nous devons agir selon le Hadith et délaisser l’avis de notre madhaab. C’est bien cela ?

Réponse :

Cette déclaration est fréquemment utilisée, mais hélas bien souvent mal comprise ou mal interprétée par des groupes qui vulgarisent à outrance les Sciences Religieuses.

L’ensemble des Imams des madhaab [1] ont dit que si leur avis contredit un Hadith, alors le Hadith doit être suivi et leur avis mis de côté. Cependant, lorsqu’ils ont déclaré cela, ils parlaient à leurs élèves qui étaient des savants et non à l’homme du commun et encore moins à quelques jeunes occidentaux vivant 1200 ans plus tard, n’ayant aucune connaissance de l’étendue des sciences de la Shari’ah.

Voici comment cette déclaration émise par ces grands Imams a été comprise par les grands savants du passé.

Ibn Abidine déclare dans « al-Hashiyah » (1/68) :

« Ceci est également rapporté des quatre Imams par l’Imam ash-Sharani. Et il n’est pas caché que c’est adressé à celui qui est qualifié pour analyser les preuves et possède la connaissance du muhkam (clarté) de son mansukh (abrogation). Donc, si les savants d’un madhaab analysent une preuve et agissent ensuite en accord avec le résultat de cette analyse, il est correct de l’attribuer à un madhaab, car cela est alors émis avec la permission du fondateur du madhaab, car il n’y a aucun doute que s’il avait eu connaissance de la faiblesse de sa preuve, il se rétracterait et suivrait la preuve la plus solide ».

Ibn Abidine stipule ici clairement que seuls les savants sont compétents et autorisés à agir dans ce domaine non l’homme du commun.

L’illusion de la Science.

Sheykh Abd al-Ghaffar Uyun As-Sud a retranscrit dans « Daf al-Awham » (p.15) les conditions stipulées par Ibn Abideen permettant de suivre le Hadith et de délaisser le madhaab :

« C’est une bonne prescription, car à notre époque nous voyons beaucoup de gens qui ont en eux l’illusion de la connaissance, pensant qu’ils sont au-dessus des étoiles, alors qu’ils se trouvent au niveau le plus bas. Peut-être ce type de personne a lu l’un des six livres – par exemple – puis elle tombe sur un Hadith qui rentre en contradiction avec le madhaab d’Abou Hanifah.  Cette personne dit alors : « quitte le madhaab d’Abou Hanifah … et prend le Hadith du Messager d’Allâh SAW ! Alors qu’il se peut que ce Hadith soit abrogé ou contredise ce qui est plus fort que lui en termes de chaine de transmission (Sanad), ou bien encore qu’il fasse partie des choses dont on ne tient pas compte. Cette personne n’a pas connaissance de cela, car elle n’a pas les compétences nécessaires lui permettant de faire le tri. S’il était permis que ce type de personne agisse sans restriction sur la base de Hadiths, ils seraient égarés dans de nombreuses questions juridiques et ils égareraient ceux qui viendraient leur poser des questions ».

Comme le dit le Sheykh, combien de ces gens trompés existe-t-il à notre époque? Ceux qui nous disent de prendre tel Hadith et de délaisser le l’avis du madhaab, alors qu’en même temps ils ignorent les bases les plus élémentaires de l’école et de la Shari’ah?

L’Imam An-Nawawi a dit :

« Ce qu’a dit l’imâm Ash-Shafé’i ne signifie pas que quiconque voit un hadith Sahih doit dire « C’est le madhaab Ash-Shafé’i ! », en appliquant simplement le sens littéral ou la signification apparente de cette parole. Ce qu’il a dit s’applique très certainement uniquement aux personnes qui ont le rang de l’ijtihad dans le madhaab. Et ceci, à condition que la personne soit fermement convaincue que l’imam Ash-Shafé’i n’avait pas connaissance soit de l’existence du hadith, soit de son authenticité. Et cela n’est possible qu’après avoir recherché dans tous les livres Ash-Shafé’i et dans d’autres ouvrages similaires de ses compagnons, ceux qui ont pris de lui leur science et d’autres personnes similaires ». [2]

C’est certainement une condition difficile à remplir. Peu sont ceux en qui nous retrouvons ses compétences à notre époque. Ce que nous avons expliqué comportait des conditions, car l’Imam Ash-Shafé’i a cessé d’agir selon le sens apparent de nombreux hadiths (preuves), qu’il considérait [authentiques] et connaissait. Cependant, il a établi des règles pour critiquer les hadiths ou leur abrogation ou leur circonstance spécifique ou leur interprétation et ainsi de suite.

Ainsi, quiconque parmi les Shafé’ites trouve un hadith qui contredit son Ecole doit examiner s’il est absolument accompli [en terme de compétence] dans toutes les disciplines de l’ijtihâd, ou sur ce sujet en particulier, ou des questions spécifiques. Si c’est le cas, alors il est en droit de l’appliquer de façon indépendante. Dans le cas contraire, s’il trouve qu’aller à l’encontre du Hadith lui pèse – après avoir recherché et n’avoir trouvé aucune justification pour le faire – alors il devrait l’appliquer si un autre Imâm indépendant (mujtahid) qu’Ash-Shafé’i l’a appliqué. C’est dans ce cas une bonne raison pour lui de quitter l’avis du madhaab de son Imâm.

L’Imam Taqi As-Soubki a écrit un traité appelé « Maana Qawl Imam al-Muttalibi » dans lequel cette question du suivi des Hadiths et des Madhaab est largement traitée et expliquée. Il a retranscrit au début les paroles de l’Imam Ibn Salah et de l’imam An-Nawawi (RA) et a dit :

« Ceci confirme qu’il est difficile d’atteindre ce rang et que tout un chacun devrait prendre garde à ne pas être trompé par cela ».

Prêtez attention à la façon dont l’Imam As-Soubki déclare clairement à quel point il est difficile d’atteindre le rang et la position permettant d’agir conformément à cette déclaration des fondateurs des Madhaabs, et aussi qu’il ne faut pas se leurrer en s’imaginant suffisamment qualifié pour agir selon le Hadith en délaissant le madhaab.

Discutant de cette déclaration, Sheykh Yusuf Bin Isma’il Nibhaani a dit :

« En vérité, la déclaration suivante : « Quand le Hadith a été authentifié, alors il s’agit de mon Madhaab » a été rapportée de chacun de ces quatre Imams qui étaient exempts de l’opinion personnelle. En vérité, cette déclaration ne s’adresse à personne d’autre qu’à leurs compagnons (Ashaab), c’est-à-dire les Juristes (Fuqaha) des écoles qui étaient de grands et illustres Aimmah (Imams) pleinement qualifiés dans les sciences rationnelles et narratives de la Religion (Deen). La déclaration est dirigée vers ceux qui sont venus après ces illustres Aimmah parmi les grands ‘Ulémas de leurs Madhaab, c’est-à-dire ceux qui étaient les Ahl ut-Tarjeeh (les sommités). Chacun d’entre eux, qui étaient les Hafidhin du Hadith de Rassouloullâh , avait une pleine connaissance des dalils (preuves) de tous les Madhaab. En vérité, c’est à eux que s’adressait cette déclaration, car ils (ces grands Fouqahas) sont capables de concilier entre le Hadith à partir duquel l’Imam a tiré la preuve et le Hadith (venu après) qui a été établi comme authentique après l’Imam. Ils (ces illustres Fouqahas) peuvent voir lequel des deux Hadiths est le plus authentique, le plus fort et lequel des deux hadiths est venu le plus tard, car celui qui vient le plus tard peut être le Naasikh (l’abrogateur) du précédent ».

Comme nous l’avons dans ces diverses citations, le fait qu’un Hadith soit authentique n’est pas suffisant pour permettre à l’homme du commun d’agir selon celui-ci, car il existe de nombreux autres critères que seuls les savants les plus érudits sont capables de prendre en compte.

D’ailleurs, un Hadith peut être Sahih et ne pas être suivi, et ce, pour plusieurs raisons.

Il peut par exemple être authentique (Sahih), mais abrogé. Al-Hafidh Ibn Hajar déclare dans « Fath Al-Bari » (1/413) :

« Et combien de Hadiths sont mansukh (abrogé) mais sont Sahih en termes de critères d’authentification ».

Un Hadith peut induire en erreur ceux qui n’ont sont pas experts.

L’imam Al-Hafidh Ibn Abd al-Barr rapporte du Qadi al-mujtahid Ibn Abi Lailah qu’il a dit :

« Nous en suivons quatre dans la connaissance : deux en Egypte et deux à Médine. Laith bin Saad et Amr bin al-Harith en Egypte, et Malik et al-Majishun à al-Madinah, et sans eux, nous aurions été égarés ».

Khatib al-Baghdadi rapporte dans « Al-Faqih wal Mutafaqqih » (2:80) :

« Un homme posa une question à Ibn Uqdah à propos d’un Hadith, il lui dit alors : Ne t’occupe pas de ces Hadiths, car ils ne sont bons que pour celui qui en connaît l’explication (Tawil), et Yahya bin Suleiman rapporte d’Ibn Wahb qu’il a dit : J’ai entendu Malik dire : Un grand nombre de ces hadiths sont source d’égarement… ».

Il est obligatoire de consulter les juristes (fuqahâ) pour la compréhension du Hadith.

Al-Khatib rapporte dans « al-Faqih wal Mutafaqih » (2:15-19), une longue déclaration de l’Imam Al-Muzani qui était l’un des plus brillants élèves de L’Imam Ash-Shafé’i. A la fin, Al-Muzani déclare :

« Alors, regardez – puisse Allâh avoir pitié de vous – les Hadith que vous avez compilés, et cherchez la connaissance avec les gens du Fiqh afin que vous puissiez devenir des Juristes (fuqahâ) ».

Chez les Malikites, l’un des critères permettant de délaisser un Hadith est la pratique du peuple de Médine (ahl ul-Madinah).

L’imam Abi Zaid al-Qairawani Al-Maliki (d.386) a expliqué la position des Salaf quant au fait d’agir selon certains hadiths et de ne pas agir selon les autres et que tout ce qui est Sahih ne doit pas forcément être mis en pratique. Il a dit dans « Kitab al-Jami » (p.117), tandis qu’il énumère les croyances d’Ahl al-Sunna :

« On doit se soumettre à la Sunnah. Ils (les Salafs) ne doivent pas être contredits par l’opinion personnelle et ne peuvent pas à être contestés par le raisonnement analogique. Leur interprétation est notre interprétation, leurs actions sont nos actions, et ce qu’ils ont abandonné, nous l’abandonnons […] ».

L’Imam Malik ibn Anas a dit :

« La pratique (des gens de Médine) est plus solidement établie que le Hadith. Le frère de Muhammad Ibn Abi Bakr Ibn Hazms lui a dit : « Pourquoi n’émettez-vous pas un avis en fonction de ce Hadith ou encore de celui-ci? ». Il répondit : « Je n’ai pas trouvé de gens qui pratiquent selon ce Hadith ».

Les Salafs imitent les Compagnons, même si extérieurement cela semble contredire le Hadith.

Ibrahim an-Nakhai dit :

« Si j’avais vu que les Compagnons allaient jusqu’aux poignets dans leurs ablutions, j’aurais fait la même chose, même si j’avais lu qu’ils allaient jusqu’au coude ».

Et dans « al-Hujjah fi Bayan al-Mahajjah », Abul Qasim al-Taymi al-Asbahani (2:401) rapporte que Ibrahim An-Nakhai a dit :

« S’ils avaient uniquement lavé leurs ongles, nous n’aurions pas lavé davantage … ».

L’Imam Ahmad a dit de l’Imam Ash-Shafé’i qu’il suffit comme preuve.

L’Imam Al-Bayhaqî dans « Ash-Shafé’i Manaqib » (2:154) rapporte que l’Imam Ahmad a dit :

« Hammad bin Ahmad al-Basri a dit : J’étais avec Ahmad Ibn Hanbal et nous discutions d’une question, un homme dit à Ahmad : Ô Abou Abdallâh il n’y a  pas de Hadith authentique à ce sujet! Il (Ahmad) lui répondit : Même s’il n’y a pas de Hadith authentique à ce sujet, il y a l’avis d’Ash-Shafé’i, et sa preuve est la plus établie à ce sujet ».

Tous ces arguments et ces citations de nos savants Sunnites démontrent que le seul critère d’authenticité d’un Hadith n’est pas suffisant pour qu’il soit possible à n’importe quel quidam de le suivre, comme certains le pensent. Au contraire, une connaissance profonde et exhaustive est nécessaire pour rassembler tous les Hadiths sur une question particulière et pouvoir ensuite en tirer un avis. Ceci est le travail des meilleurs juristes (fuqahâ). S’aventurer dans le Hadith sans posséder la connaissance suffisante peut égarer les gens comme cela a été attesté et mentionné par les Imams du passé. [3]

Qu’Allâh nous préserve de l’ignorance et de l’égarement.

 

En complément de l’article, vous pouvez également regarder cette vidéo de Sheykh Mumtaz ul-Haqq al-Hanafiyy (sous titrée en français) :

 

 

 

Notes :

[1] Malik ibn Anas, Ahmad ibn Hanbal, Ash-Shafé’i, Abou Hanifa – Qu’Allâh les agrées –

[2] An-Nawawi, al-Majmu’ Sharh al-Muhadhdhab (1:64), citant la Fatwa d’al-salah, wa Masa’il (1:54, 1:58-59). Cf. at-Tahanawi, I’la’ as-Sunan (2:290-291).

[3] Il faut également comprendre que les 4 Imams ont vécus avant al-Boukhari et Muslim. Il était donc plus facile pour les 4 Imams de vérifier les chaines de transmissions. Al-Boukhari et Muslim sont arrivés plus tard, par conséquent il leur était plus difficile de vérifier ces chaines. Il se peut donc qu’ils n’aient pu authentifier tel ou tel hadith pour la raison qu’ils manquaient d’informations sur certains transmetteurs. Et ainsi de suite, car plus vous vous éloignez dans le temps et plus le nombre de transmetteurs augmente (et donc ceux qui affaiblissent les chaines aussi). De même, avec le temps, des informations se perdent sur les rapporteurs. Il devient donc beaucoup plus difficile d’authentifier avec certitude un hadith. Cela explique pourquoi certains Hadths authentifiés par nos 4 Imams ne se trouvent pas dans les deux Sahih.

Il faut aussi noter que lorsque l’on connait la grande rigueur des 4 Imams dans leurs critères d’authentification des hadiths, il est aisé de comprendre pourquoi les Savants ont cette confiance dans les Hadiths utilisés et authentifiés par nos 4 grands Imams Mujtahid.

Lire en complément l’article : Le Hadith égare ceux qui sont dénués de Fiqh

Le Hadith égare ceux qui sont dénués de Fiqh [1]

 

justice balance

 

 

L’Imâm ash-Shâfi’î رضي الله عنه a dit : « Vous [les savants du hadîth] êtes les pharmaciens tandis que nous [les juristes] sommes les médecins ». Mullâ ‘Alî al-Qarî a commenté comme suit : « Les premiers savants ont dit : le savant du hadîth sans connaissance du fiqh est tel le vendeur de médicaments qui n’est pas médecin : il est en leur possession mais il ne sait pas quoi en faire, et les savants du fiqh sans connaissance du hadîth sont tels des médecins sans médicament : il sait ce qui constitue un remède, mais n’en a pas de disponible » [2]. Ceci est un rappel envers ceux qui invitent le commun des musulmans à pratiquer leur religion en prenant directement dans les Hadiths, sans même être des savants dans ce domaine et pire encore, sans prendre en compte l’avis des spécialistes du Fiqh.

Sufyan ibn `Uyayna a déclaré : « Le Hadith est un piège excepté pour les fuqahâ » [3] Ibn Abi Zayd dit de cette parole : « Cela signifie qu’excepté eux (les spécialistes de la Jurisprudence), autrui pourrait considérer la chose (le hadith) de manière apparente alors qu’il est à interpréter à la lumière d’un autre hadith, ou par une [autre] preuve dont il n’a pas connaissance, ou bien qu’il s’agirait d’un hadith délaissé et qui ne doit pas être pris en compte ou [encore] pour tout autre raison qui ne peut être perçue que part celui qui est versé [dans la science] et qui a appris (le fiqh). » [4]

Abd Allah ibn Wahb a dit : « Le Hadith est un piège excepté pour les Oulémas. Chaque mémorisateur de hadith qui ne dispose pas d’un imam en fiqh est égaré (dâll), et si Allâh ne nous avait pas secouru par Mâlik et ‘al-Layth [ibn Sa’d], nous aurions été égarés. » [5]

Ibn Wahb a déclaré : « Sans Malik Ibn Anas et al-Layth Ibn Sa’d, j’aurais péri; j’avais l’habitude de penser que tout ce qui est [authentiquement] rapporté du Prophète (salallahou ‘alayhi wassalaam) devait être mis en pratique ». [6]

Il a également déclaré : « J’ai recueilli beaucoup de hadiths et ils m’ont conduit à la confusion. J’ai consulté Malik et al-Layth et ils m’ont dit : « Prend ceci, et laisse cela ». [7]

Ibn `Uqda a répondu à un homme qui l’interrogeait à propos d’un récit : « Gardez au minimum de tels hadiths, en vérité, ils sont inappropriés, sauf pour ceux qui connaissent leur interprétation ».

Yahyâ ibn Sulayman a rapporté d’Ibn Wahb qu’il a entendu Malik dire : « Bon nombre de ces hadiths sont [un sujet d’] égarement; j’ai rapporté certains hadiths et pour chacun d’eux j’aurais souhaité par deux fois être battu à l’aide d’un bâton. Je ne les rapporterais certainement plus! ». [8]

Par sa parole, « Bon nombre de ces hadiths sont [un sujet d’] égarement », Mâlik voulait dire qu’ils étaient utilisés dans un mauvais contexte et un sens erroné, car la Sunnah est sagesse et la sagesse c’est le fait de replacer chaque chose dans son contexte. [9]

Ibn al-Moubarak a dit : « Si Allâh ne m’avait pas secouru par Abou Hanifa et Sufyan [at-Thawri] j’aurais été comme le reste du peuple ». Ad-Dhahabi le rapporte sous cette forme : « J’aurais été un innovateur ». [10]

Sufyan a déclaré : « L’explication du Hadith est meilleur que le Hadith ». [11]

Ishaq ibn Râhûyah a déclaré : « Je m’asseyais en Irak avec Ahmad ibn Hanbal, Yahya ibn Ma’în, et nos compagnons, répétant les récits d’une, deux, trois voies de transmission … Mais alors que je demandais : Quel est son intention? Quel est son explication? Quel est son fiqh? Ils restèrent tous muets sauf Ahmad ibn Hanbal ». [12]

Ibn Abi Layla a déclaré : « Un homme ne comprend pas les hadîths avant qu’il ne sache quoi en prendre et quoi en laisser ». [13]

 

Notes du traducteur :

[1] Cette traduction reprend en partie un texte de Sheykh G.F. Haddad
[2] Al-Qârî, Mu`taqad Abî H.anîfata al-Imâm fî Abaway al-Rasoûl `Alayhi al-Salât wa al-Salâm (p. 42)
[3] Les Fouqahâs sont les spécialistes du Fiqh (la Jurisprudence Musulmane)
[4] Al Jāmi’, pg. 150
[5] Ibn Abi Hatim, ad-Dhahabi, Ibn ‘Abdul Barr
[6] Ibn Rajab, Bayhaqi, Ibn Asakir
[7] Qadi ‘Iyad
[8] Al-Khatib
[9] Sheykh Ismâ`îl al-Ansârî cite par ‘Awwâma, dans Athar al-Ikhtilaf (p.77)
[10] Ibn Hajar, ad-Dhahabi
[11] Ibn ‘Abdul-Barr
[12] Ibnoul-Jawzi, ad-Dhahabi, Ibn Abi Hatim
[13] Ibn ‘Abdul-Barr