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Faut-il rejeter les Hadiths faibles (Da’if) ?

 

 

 

 

La Méthodologie des Savants Sunnites traditionnels concernant l’utilisation et la mise en pratique des Hadiths Faibles (Da’if)

 

La grande majorité des savants Sunnites du Hadith, comme l’Imam ibn Hajar al-‘Asqalaniyy, l’imam Ibn Salah, l’imam Ahmad, ou l’imam an-Nawawiyy dans l’introduction de son « al-Adkhar » ont dit que les Ahadiths classés comme faibles sont acceptés et peuvent être mis en pratique dans les questions relatives aux « actes vertueux » (Fada’il al-‘Amaal) [1]. Ce n’est que très récemment qu’une poignée de réformateurs ont commencé à vouloir rejeter de telles narrations. Même l’Imam Boukhari a rempli ses livres de Ahadith classés comme faibles, non pas dans son Sahih, car celui-ci répertorie uniquement les Ahadith authentiques, mais si vous prenez Al-Adab Al-Moufrad, il y a bons nombres de Ahadith dits « faibles ». On trouve aussi ces Ahadith dans les Sunnan d’at-Tirmidhi, le Musnad d’Ahmad ibn Hanbal, le recueil d’ibn Majah, le Mustadrak de l’imam Hakim et bien d’autres. Ce n’est donc pas parce qu’un Hadith est faible qu’il doit être rejeté, contrairement au Hadith inventé (ou forgé – mawduh) qui lui n’est pas pris en compte.

Aujourd’hui les gens ont inversé le sens de la notion d’être « scrupuleux » (wara’).

Sur les questions relatives aux « actes vertueux », ils diront : « Je préfère être prudent, ce Hadith est peut-être faible, je préfère ne pas le mettre en pratique ». Non ! Même si le Hadith est faible, s’il mentionne des actes vertueux, alors il doit être mis en pratique, pour être en sécurité, car il y a probablement d’autres sources qui témoignent de son authenticité. Car le statut « faible » ne signifie pas que le Prophète ﷺ n’a pas dit la parole concernée.

Que veut dire « Hadith faible » ?

Le sens, c’est qu’il y a une faiblesse d’un des narrateurs dans la chaîne de transmission et par exemple, les savants ont dit de lui que le narrateur concerné a pu avoir des problèmes de mémoire dans sa vieillesse ou qu’il a perdu ses livres et donc que sa capacité à mémoriser était affaiblie, ou qu’il y a eu des doutes concernant son nom. Donc il y a tout de même une forte probabilité, pour la plupart des Hadiths faibles, qu’ils relatent bien en réalité la parole du Prophète ﷺ.

C’est juste par principe de précaution que ces Hadiths furent déclassés de « authentiques » (Sahih) ou de « bons » (Hassan) vers le statut « faible » (Da’if).

Pour cette raison, être prudent concernant les Hadiths relatifs aux actes vertueux, ça consiste à les mettre en pratique et non à dire : « ce Hadith est faible, donc je vais l’ignorer ». En regardant les Ahadith qui parlent du jeûne lors du mois béni de Rajab, untel pourrait dire : « Ces Hadiths sont faibles, alors par sécurité je ne vais pas les mettre en pratique et je ne jeûne pas ». Nous répondons : « Mets-toi en sécurité en appliquant ces Ahadith » car ils indiquent un acte que le Prophète ﷺ nous a encouragés à faire. Peut-être que le Prophète ﷺ l’a dit ou peut-être pas. Dans ce cas, mets-toi en sécurité en le mettant en pratique, ainsi tu n’auras pas perdu cette opportunité d’obtenir des récompenses.

De grands savants du Hadith comme l’Imam Ahmad ibn Hanbal, Ibn al-Mahdi ou ‘Abd Allâh ibn al-Mubarak avaient pour coutume de dire : « Lorsque nous rapportons des Ahadith concernant le licite (halal) et l’illicite (haram), nous faisons preuve d’une rigueur extrême, et lorsque nous rapportons ce qui concerne les actes vertueux et ce qui est similaire (histoires et récits), alors nous sommes plus indulgents. » [2]

L’imam ibn Taymiyyah رحمه الله a déclaré : « …En conclusion, les narrations de ce type (faibles et qui concernent les bonnes actions), elles doivent être partagées et pratiquées en vue d’encourager les gens [aux bonnes actions] et pour les dissuader [de faire de mauvaises actions], mais pas en ce qui concerne l’istiḥbāb (les actes recommandables). Ensuite, croire en leur issus (c’est-à-dire qu’elles sont dignes de récompenses ou de punitions), cela dépend des preuves fondées sur le Shariʿah. » [3]

Quant à l’Imam al-Hafiz ‘Allamah Mulla ‘Ali al-Qari il a dit : « … le Hadith faible peut être pratiqué selon les vertus qu’il contient (fada’il) selon le consensus des savants. » [4]

C’est uniquement dans ce qui concerne la croyance (‘Aqida) et ce qui est autorisé (Halal) et ce qui est interdit (Haram), que les Hadiths faibles ne sont pas acceptés. Et malgré tout, l’Imam Ahmad ibn Hanbal رضى الله عنه, à l’origine de l’école Hanbalite, était d’avis qu’on pouvait utiliser les Ahadith faibles dans la détermination de ce qui est Halal ou Haram en l’absence d’un Hadith authentique. Ainsi, l’Imam Ahmad préférait choisir un Hadith faible plutôt que de recourir au raisonnement analogique (Qiyas) pour toute issue sur laquelle aucun Hadith Sahih ou Hassan n’existait comme support. Tandis que d’autres Juristes et Savants préféraient recourir au Qiyas plutôt que de prendre en compte un Hadith faible pour le Halal et le Haram. Quant à l’Imam an-Nawawi رحمه الله était d’avis que le Hadith faible peut être pris en compte concernant le Halal et le Haram seulement lorsqu’il s’agit de faire preuve de scrupule.

Que veut dire « faire preuve de scrupule » ?

C’est en rapport à des questions du type : « cette transaction est-elle licite ou non ? » Vendre tel bien de telle manière est-il licite ou non ? S’il n’y a pas de Hadiths particuliers (Sahih ou Hassan) offrant une réponse claire, mais qu’il existe un hadith faible qui indique que c’est Haram, alors ici, on accepte le Hadith faible et on ne fait pas l’acte, par scrupule, car le Hadith faible l’indique.

De nos jours, beaucoup de gens pensent qu’un Hadith faible doit être rejeté et mis de côté. C’est faux et c’est grave de penser cela !

Sur cette question du Hadith faible, l’écrasante majorité des Savants Sunnites de l’Islam (Ahl as-Sunnah), c’est-à-dire quasiment tous les Savants de l’Islam Sunnite, et là on parle de consensus (‘ijma) parmi eux, ont dit qu’un Hadith faible peut être utilisé en ce qui concerne les actes vertueux et tout ce qui est en dessous de cela. A ce titre, dans son introduction des 40 Ahadith, l’Imam an-Nawawiyy a déclaré : « Les savants autorisent, à l’unanimité (‘ijma), l’application du Hadith faible lorsqu’il s’agit d’œuvres méritoires… » [5]

Qu’est-ce qui est en dessous des actes vertueux ?

La Biographie Prophétique (Sira), les récits biographiques qui narrent les mérites des pieux (Manaqib) et l’Histoire. Donc, tout Hadith faible utilisé dans les ouvrages de biographie Prophétique, ou dans les livres d’Histoire ou dans les livres qui narrent les mérites des pieux, comme ceux sur les Compagnons, ou ceux qui leur ont succédé, ou ce qui concerne « les Signes de la Fin des Temps », alors là aussi, les Hadiths faibles sont acceptés, à moins que la faiblesse tombe au même niveau que celui d’un Hadith fabriqué (Mawdu’), ou que le Hadith faible entre en conflit avec un Hadith authentique, auquel cas le Hadith Sahih est accepté en dépit de celui qui est faible.

Les principes d’utilisation du Hadith faible sont-ils maintenant plus clairs ? On veut s’en assurer, car aujourd’hui, lorsque nos jeunes viennent vers l’Islam, ils entendent des gens parler à tort et à travers du Hadith faible, au point où ils imaginent qu’on doit rejeter ces Hadiths. Non, ce n’est pas vrai !

Retenez bien qu’il existe en vérité une probabilité non négligeable que le Prophète ﷺ ait réellement prononcé ce qu’on trouve dans les Hadiths dits « faibles ».

Ainsi, nous acceptons et nous utilisons le Hadith faible dans ce qui concerne les actes vertueux, la biographie Prophétique, dans les livres qui narrent les mérites des pieux, d’Histoire, sur les Signes de la Fin des Temps.

Et Allâh est plus Savant.

 

Notes :

Références : L’imam an-Nawawiyy, Sheykh al-Habib ‘Ali al-Jifri & Mufti Abdur-Rahman ibn Yusuf

[1] C’est-à-dire la récitation du Qour’an, la Glorification d’Allâh (tasbih), les invocations (dou’as), l’aumône, libérer un esclave, le bon comportement, etc.
[2] Voir dans Tadrib ar-Rawi de l’imam As-Suyuti
[3] Ibn Taymīyah, dans Majmūʿ Fatāwá, Vol. 18, Section 65-68
[4] Mirqat al-Mafatih
[5] Il précise cela malgré le fait qu’il utilise les Ahadith Sahih dans l’ouvrage en question.

L’importance des prières de Subh et de ‘Asr

 

 

 

 

Le Hadith :

Selon Abou Musa , le Prophète Muhammad ﷺ a dit : « Celui qui accomplit les deux prières de la fraîcheur entrera au Paradis. » [1]

L’Imam an-Nawawi رحمه الله ajoute : « Les prières de la fraîcheur sont celles de l’aube (Subh) et de l’après-midi (al-‘Asr). »

Il existe d’autres Hadiths sur ce même thème, venant renforcer cette narration.


Commentaire :

1. Le Hadith souligne l’importance qu’ont pour les Musulmans les deux prières de Subh et de al-‘Asr , bien qu’il faille prier l’ensemble des cinq prières obligatoires (dans leur temps) [2].

2. Le Subh intervient au moment où on dort confortablement, donc cette Salat demande beaucoup d’efforts car il faut se lever, sortir de son lit douillet, d’où la promesse du Paradis.

3. Al-‘Asr intervient au moment où on est occupé au travail ou à vaquer à ses occupations, donc cela demande également un effort pour prier à ce moment-là (quitter momentanément son travail ou ses occupations).

Par conséquent, ces deux prières interviennent à des moments « confortables » où il serait aisé de passer outre en restant couché ou en continuant ce à quoi on est occupé. Ainsi, celui qui observe scrupuleusement ces deux prières de Subh et de ‘Asr, qui en prend spécialement soin, pourra facilement sécuriser les trois autres sans trop de peine supplémentaire. Les efforts entrepris pour préserver ces deux prières représentent un moyen efficace pour avoir une fin heureuse, mourir avec la Foi et donc entrer au Paradis, inshaa Allâh (succès éternel).

Wa Allâhu a’alam.


Notes :

Réf : An-Nawawi dans Sharh Riyad as-Salihin et Ibn ‘Allan dans Dalil al-Faliheen.

[1] Bukhari n°574 et Muslim n°635

[2] Rappel : Il n’est pas permis au fidèle d’accomplir une prière canonique tant qu’il n’est pas certain que son temps légal est entré. Pour connaître le temps légal des cinq prières quotidiennes, vous pourrez vous référer à l’article suivant : Quand peut-on retarder la prière (dans les notes)

REJET d’une Narration Sur la Violence Conjugale

 

Sheykh Gibril Fouad Haddad

 

 

REJET

 

 

Question :

En surfant sur le net, je suis tombé sur le récit suivant, mais hélas, je n’ai pu trouver aucun commentaire. Pouvez-vous me donner une explication ?

Le récit :

Il a été rapporté que Ash’ath bin Qais a dit : « Une nuit, j’étais invité (dans la maison) de ‘Umar, et au milieu de la nuit il s’en alla frapper sa femme, et je les ai séparés. Quand il revint se coucher, il me dit : « O Ash’ath, apprend de moi quelque chose que j’ai entendu du Messager d’Allâh : « Un homme ne doit pas être interrogé sur la raison qui l’a poussée à battre sa femme, et ne va pas dormir jusqu’à ce que tu ais prié le Witr ». Et j’ai oublié la troisième chose. » [1] et [2]

Le Hadith est classé Hasan (bon) par la maison d’édition Darussalam.

 

Réponse :

Méfiez-vous des éditeurs irréligieux qui (1) traduisent mal et (2) mentent sur le statut des hadiths sans scrupules. Premièrement, le libellé Arabe stipule clairement « Diftu` Umara », ce qui signifie : « J’ai accueilli `Umar (chez moi). » Deuxièmement, le hadith n’est pas hasan, mais très faible comme indiqué par le maître du hadiths Hanbali al-Maqrizi dans son Mukhtasar Kitab al-Witr (p. 50) ainsi que par d’autres, car il ne vient que par ‘Abd ar-Rahmân Musli qui non seulement est « inconnu » comme indiqué par ad-Dhahabī dans al-Moughni fil-Du’afā’, mais qui n’est pas non plus connu comme ayant rapporté autre chose si on regarde l’ensemble de la littérature du hadith! Cela fait de lui un homme à « la fiabilité complètement inconnue » (majhul) selon le critère de Ibn Hajar dans son Taqrib al-Tahdhib.

En outre, le fait qu’Ibn Hajar ai effectivement classé ‘Abd ar-Rahmân Musli comme « acceptable » (Maqbul) est une erreur comme l’ont souligné al-Arna’ût et Ma’ruf dans leur Tahrīr Taqrīb al-Tahdhīb puisque la définition de Maqbul est : « Celui qui a rapporté très peu de hadiths qui ne contiennent rien sur la base de quoi ils puissent être rejetés : s’il est corroboré [par d’autres narrations] alors il est appelé Maqbul ». Même si nous retenions ce rang-là pour Musli, ce n’est pas assez pour élever sa narration au rang de « juste » parce « Maqbul » signifie que son récit peut servir à en renforcer un autre, d’une chaîne différente, mais tout autant faible et dont le contenu est identique ou similaire et qui peut alors être classé comme étant hasan – mais une telle narration n’existe pas.

Cette narration particulière est rapportée par Abû Dâwûd, Ibn Majah et Ahmad (Arna’ūt ed. 1:275 §122 « isnād da‘īf » = Shākir ed. 1:219 §122 « isnād da‘īf »), toutes via ‘Abd ar-Rahmân Musli. [3]

Pour terminer, le sens des mots : « Un homme ne doit pas être interrogé sur la raison qui l’a poussée à battre sa femme » ne signifie qu’il est libre de le faire et bien au contraire il ne lui est pas permis de le faire, car le Prophète ﷺ a explicitement interdit de battre sa femme – mais cela veut plutôt dire qu’une personne ne doit pas être pressée de divulguer quelque chose de blâmable à propos de sa femme.

Wa Allâhu a’alam

 

Notes :

[1] Sunan Ibn Majah – Les chapitres sur le mariage – كتاب النكاح  Réf. anglaise : Vol.3, Livre 9, Hadith 1986 / Réf. Arabe : Livre 9, Hadith 2062

[2] Source : http://www.sunnah.com/urn/1320630

[3] « isnād da‘īf » signifie que la chaîne de transmission est classée comme étant faible.

Les Quatre Imams Étaient-ils Soufis ?

 

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Les Quatre Imams Étaient-ils Soufis ?

 

 

 

Question :

Les quatre grands Imams (Abu Hanifah, Malik ibn Anas, ash-Shafi’i et Ahmed ibn Hanbal) étaient-ils Soufis? Qu’ont dit ces monuments de savoir à propos de cette Science de la Purification des cœurs?

 

Réponse :

Pour débuter cet article [1] et pour faire taire définitivement les détracteurs du Tasawwuf (science de la purification de l’âme), c’est-à-dire ces gens qui taxent les Soufis de bida’a (d’innovations blâmables), de shirk (d’association), voire de koufr (mécréance), nous allons citer leur référence absolue, celui qu’ils nomment le Sheykh de l’Islam (Sheykh al-Islam) : al-Hāfidh Ibn Taymiyya (661-728 H.).

Cela en étonnera surement plus d’un, mais sachez que selon al-Hāfidh Ibn Taymiyya (RahimahuLlâh), les quatre grands Imams : Abu Hanifah, Malik ibn Anas, ash-Shafi’i et Ahmed ibn Hanbal (qu’Allâh les agréé) étaient tous des leaders/Imams dans le HADITH, le TAFSIR, le *TASAWWUF* et le FIQH.

Pour vérifier cela, il suffit de regarder dans son ouvrage Minhaj al-Sunnah [2] :

« أئمة أهل الحديث، والتفسير، والتصوف، والفقه، مثل الأئمة الأربعة وأتباعهم »

 

Donc,  d’après al-Hāfidh Ibn Taymiyya, les quatre imams n’étaient pas juste impliqués dans le Tasawwuf  (le Soufisme), mais ils étaient aussi des imams/leaders dans cette Science !

Je me demande bien qu’elle fatwa effrayante et barbare les pseudo-Salafis d’aujourd’hui vont bien pouvoir émettre contre ces quatre grands Savants (ou même contre ibn Taymiyya) ?

La réalité, c’est que Tasawwuf est un chemin noble et il représente un excellent moyen menant à la purification de l’âme. C’est la raison pour laquelle l’ensemble de la Communauté Musulmane (Ummah) l’a accepté, sauf bien sûr, les Ahl al-Bid’ah (pseudo-Salafis) d’aujourd’hui.

Il y a une autre chose que nous pouvons comprendre à partir de ce texte écrit par l’imam Ibn Taymiyya, c’est que l’Imam Abu Hanifah était un IMAM dans le Hadith. C’est une véritable gifle sur le visage de ceux qui (parmi les Salafis) disent qu’il était da’if  (faible) dans le Hadith.

P.S. Le terme « Ahl-Hadith » fait ici référence à ceux qui étaient les maîtres et les savants du Hadith, et non pas à ceux qui aujourd’hui se font appeler les « Ahl-Hadith » et qui sont seulement connus pour leurs compétences de clavier sur Internet.

Nos frères Salafis ont beaucoup de mal avec le fait que leur référence absolue ait pu tenir de tels propos. Et pourtant, il est rapporté d’ibn Taymiyya qu’il était lui même un Soufi, disciple dans la voie Qadiriyya (celle de l’Imam ‘Abdal Qadir al-Jilaniyy) [3]

Par ailleurs, Ibn Taymiyya a parlé du Tasawwuf et de ce qui s’y rapporte dans différents ouvrages, ses paroles sont donc tout à fait trouvables et vérifiables pour quiconque cherche la vérité :

 

En voici quelques-unes :

« …certains ont critiqué les Soufis et le Soufisme en disant qu’ils étaient des innovateurs, en dehors de la Sunna, mais la vérité est qu’ils s’efforcent d’obéir à Allah (…) Parmi eux on trouve les personnes les plus proches [d’Allah] grâce à leurs efforts (actes) » [4]

« Les prodiges des saints sont absolument vrais et corrects et reconnus par tous les savants musulmans. Le Coran l’a indiqué en différentes places et les Hadîth du Prophète (paix et salut sur lui) l’ont mentionné et celui qui nie les prodiges des saints, est innovateur ou disciple d’innovateurs. » [5]

« Allah Tout-puissant dévoilera à Ses saints des états qui n’ont jamais été dévoilé auparavant et Il leur donnera l’appui sans mesure. Si ce saint commence à parler des choses de l’invisible, passées ou présentes ou futures, cela est considéré comme Bâb Al-‘Ilm Al-khâriq, la connaissance extraordinaire. Tout ce qu’un saint fait qui est de l’extraordinaire, pour les gens ou pour des auditeurs, de guérison ou de connaissance d’enseignement, est accepté et nous devons remercier Allah pour cela. » [6]

« Les grands Sheykhs Soufis sont bien connus et acceptés, tels que : Bayazîd Al-Bistâmi, sheikh Abdul Qâdir Jilâni, Junayd ibn Muhammad, Hasan Fudayl Al-Basrî, Ibn Al-Ayyâd, Ibrahim Ibn Al-Adham, Abî Suleymân ad-Dâranî, Ma‘rûf Al-Karkhî, Siri as-Saqtî, sheikh Hammâd, sheikh Abul Bayân. (…) Ces grands Soufis étaient les leaders de l’humanité et ils appelaient à ce qui était juste et interdisaient ce que Dieu avait interdit de mauvais. » [7]

« J’ai porté le manteau Soufi (khirqa) d’un certain nombre de Sheykhs Soufis, appartenant à des Turuq (voies, confréries) diverses, parmi eux Abdel Qâdir Al-Jîlâni, dont la Tariqa est la plus grande de celles bien connues, que la miséricorde d’Allah soit sur lui. » [8]

« Il est dit qu’après le Sceau des Prophètes (paix et salut sur lui), la révélation ne descend pas sur un autre. Pourquoi pas ? En fait elle descend, mais alors ce n’est pas appelé ‘la révélation’ (mais une inspiration : Ilhâm). C’est ce que le Prophète (paix et salut sur lui) a mentionné quand il a dit, ‘ le croyant voit avec la Lumière de Dieu. ‘ Quand le croyant regarde avec la Lumière de Dieu, il voit toutes les choses : le premier et le dernier, le présent et l’absent. Comment une chose peut-être cachée de la Lumière de Dieu ?… Donc la signification de la révélation existe, même si elle n’est pas appelée révélation. (…) ce qui est considéré comme un prodige pour un saint est que parfois le saint pourrait entendre quelque chose que les autres n’entendent pas ou voir quelque chose que les autres ne voient pas, pas lorsqu’il est endormi, mais dans un état réveillé de vision (mushâhada). Il peut connaître des choses que d’autres ne peuvent pas connaître, par le biais de l’inspiration. » [9]

Etc…

 

Cette introduction étant terminée, nous allons maintenant revenir à nos quatre grands Imams et citer quelques-unes de leurs paroles à propos du Tassawuf :

L’Imâm Abû Hanîfa (85-150 H.) a dit : « Si il n’y a avait pas eu ces deux ans, j’aurais péri. (…) Pendant deux ans, j’ai été le compagnon de Sayyidina Ja‘far as-Sâdiq et j’ai acquis la science spirituelle qui a fait de moi un Connaissant (‘ârif) de la Voie. » [10]

L’Imâm Mâlik Ibn Anas (95-179 H.) a dit : « Celui qui étudie la jurisprudence (tafaqaha) et n’étudie pas le soufisme (tasawwuf) est un pervers (fâsiq); et celui qui étudie le soufisme et n’étudie pas la jurisprudence est un hérétique (zindîq); celui qui allie les deux, atteint la vérité ou est le parfait réalisé (tahaqqaqa). » [11]

L’Imâm Shâfi‘î (150-205 H.) a dit : « J’ai fréquenté des soufis et j’ai tiré profit de ce (compagnonnage) à travers trois de leurs paroles :

– Le temps est comme une épée, si tu ne le coupe pas, il te coupe.
– Si tu n’occupes pas ton âme avec la vérité, elle t’occupe avec l’erreur (ce qui est vain).
– Le manque de protection (une totale indigence ou pauvreté). »

Il a dit aussi :

« j’ai aimé trois choses de votre religion : le fait de ne pas imposer ce qui est (trop) difficile, que les gens se réunissent dans la douceur, (l’amabilité), la suivance (l’imitation) de la voie des gens de ‘Tassawwuf’ » [12].

L’Imâm Ahmad Ibn Hanbal (164-241 H.), avant la compagnie des soufis a dit à son fils : « Oh! Mon fils, sois avec ceux qui étudient le Hadîth, et loin des assemblées de ceux qui se nomment soufis. Car parmi eux, certains ignorent les principes de la religion ». Plus tard, il fut le compagnon de Hamza Al-Baghdâdî, le Soufi ; et il connut les états spirituels des initiés et il dit à son fils : « Sois dans les assemblées de ceux qui sont Soufis, (al-qawm), car par leur fréquentation la science, la vigilance intérieure (al-murâqabah), l’humilité (al-khashiyah), l’ascétisme (az-zuhd) et l’aspiration spirituelle augmentent. »

On a rapporté que l’Imâm Ahmad Ibn Hanbal a dit des soufis : « Ne sais-tu pas que parmi les groupes, le meilleur est le-leur ? » On a dit : «  Mais, ils font le samâ‘ (chants spirituels) et connaissent l’extase (al-wajd, al-jadhb), il a dit : « Ils appellent à se réjouir en Allah… »   [13]

Il ne s’agit là que d’un échantillon de ce que nos grands Imams nous ont légués comme paroles sur cette noble et indispensable Science de la purification (at-Tasawwuf). Nous espérons que cela suffira à éclairer les cœurs en quête de Vérité.

Qu’Allâh nous facile le chemin de la purification des cœurs, auprès des maîtres authentiques.

Allâhouma sali ‘ala sayidina Muhammad wa ‘ala alihi wa as-sahbihi wa saalam

 

Notes :

[1] La 1ère partie de l’article est basée sur les recherches de Sheykh M. Yasir al-Hanafi

[2] Al-Hāfidh Ibn Taymiyya, Minhaj al-Sunnah (Volume 1, pages 172-173)

L’ouvrage Minhaj Al-Sunnah représente un travail fantastique réfutant les Rawafidh (Chiites) et c’est un livre que nous devrions tous avoir en notre possession et que nous devrions tous avoir lu et nous reconnaissons le mérite qui est dû à al-Hāfidh Ibn Taymiyya pour ce livre.

Pour en savoir plus sur le Soufisme, rdv sur notre page SPIRITUALITÉ (Tassawuf)

[3] Dans un manuscrit unique de Hanbali Yusuf ibn ‘Abd al-Hadi (d. 909 H./1503 CE), intitulé « Bad’ al- ‘ulqa bi labs al-khirqa », découverte dans la bibliothèque de la l’université Princeton, Ibn Taymiyya est inscrit dans une généalogie spirituelle Soufie avec d’autres Savant Hanbalites très connus. Les liens dans cette généalogie sont en ordre de descendance de ‘Abdul Al-Qâdir Al-Jilâni :

– Cheikh ‘Abdul Qâdir Jilâni d. 561 H./1165 CE)
– Abou ‘Oumar b. Qoudama (d. 607 H./1210 CE)
– Mouwaffaq ad-Din b. Qoudama d. 620 H./1223 CE)
– Ibn Ali b. Qoudama d. 682 H./1283 CE)
– Ibn Taymiyya d. 728 H./1328 CE)
– Ibn Qayyim al-Jawziyya d. 751 H./1350 CE)
– Ibn Rajab d. 795 H./1393 CE)

En outre, il y a un autre manuscrit unique, aussi trouvé dans la Bibliothèque Princeton, du travail d’ Ibn Taymiyya lui-même, dans un livre nommé, « Targhib al-Mutahabbin fi labs Khirqat al-Mutammayyazan » par Jamal ad-Din al-Talyani. Voici les propres mots d’Ibn Taymiyya, cités dans son : « al-Mas’ala at-Tabraziyya »: « j’ai porté le manteau Soufi béni de Cheikh Abdul Qâdir Jilâni, ayant entre lui et moi deux cheikhs Soufis. » Dans un autre manuscrit il dit : « J’ai porté le manteau soufi d’un certain nombre de cheikhs Soufis, appartenant à des voies spirituelles diverses, parmi eux Abdul Qâdir Al-Jilâni, dont la Tariqa est la plus grande et la plus connue, que la miséricorde d’Allah soit sur lui. » Après IbnTaymiyya, la lignée continue à travers son étudiant et disciple, Ibn Qayyim Al-Jawziyya et son étudiant Ibn Rajab.

Les références pour ce que nous avons mentionné sont : manuscrit « Al-Hadi » dans la Bibliothèque Princeton, Collection Yahuda, fol. 154a, 169b, 171b-172a; manuscrit « at-Talyani », Chester Beatty, 3296 -8- à Dublin, fol. 67a.

[4] Passage extrait de Majmu’a Fatawa Ibn Taymiyya al-Kubra, volume 11. Voir le scan ICI
[5] Passage extrait de Mukhtasar al-Fatawa al-Masriyya.
[6] Passage extrait de Majmu’a Fatawa Ibn Taymiyya al-Kubra, volume 11.
[7] Passage extrait de Majmu’a Fatawa Ibn Taymiyya al-Kubra, volume 10.
[8] Passage cité à partir de al-Mas’ala at-Tabraziyya, transmise par Jamal ad-Din al-Talyani dans son Targhib al-Mutahâbbin fi labs Khirqat al-Mutammayyizîn.
[9] Passages cités dans Majmu’a Fatawa Ibn Taymiyya al-Kubra.

[10] Phrase tirée de Durr al-Mukhtâr.

[11] Même si on ne peut pas la relier de manière certaine à l’Imam, la phrase est retenue car rapportée par plusieurs grands spécialistes du hadîth comme Sheykh Ahmad Zarrûq, Sheykh ‘Ali ibn Ahmad al-‘Adawî dans le tome 2 de ses œuvres et par al-Hâfiz `Ali al-Qari al-Harawi, Ibn Ajiba et d’autres.

[12] Phrase citée par ‘Ijluni dans son Kashf al-Khafâ, vol. 1, p. 341.

[13] Phrase citée dans le Tanwir al-Qulûb.

La purification est la moitié de la Foi

 

Commentaire du Hadith par Sheykh Ahmad at-Tijâniyy Sall

 

purification_

 

 

Sayyidunâ Abû Mâlik Al Ash’arî radhiyallâhou ta `ala `anhou rapporta que le Messager d’Allâh salallâhou `alayhi wa sallam a dit :

« La purification est la moitié de la foi. »

Ce hadîth est authentique et rapporté par les Imâms Muslim Ibn Al Hajjâj, Ahmad Ibn Hanbal et Abû Hâtim Ibn Hibbân.

Cette parole fait partie des plus importantes du Prophète salallâhou `alayhi wa sallam et elle englobe plusieurs  formes de purifications.

Dans un premier temps ce hadith fait référence à la purification physique visible ou invisible, par l’eau ou par la terre. Le Prophète salallâhou `alayhi wa sallam nous commande la purification des souillures sur les vêtements ou sur le corps tel que l’urine, les excréments, le sang etc.. Ainsi que la purification rituelle tel que les ablutions ou les grande ablutions ou même le tayamoum dans certains cas.

D’après ‘Uthman, le Messager de d’Allâh  salallâhou `alayhi wa sallam a dit : « Celui qui fait ses ablutions et les fait bien, ses péchés sortent de son corps, au point même de sortir de dessous ses ongles. » rapporté par Mouslim.

La forme de purification citée dans ce hadith fait référence aussi à la purification du cœur.

Le Prophète nous dit : « il y a dans le cœur un morceau de chair qui, lorsqu’il est saint tout le corps est sain, et lorsqu’il est corrompu tout le corps se corrompt. C’est le cœur ».

Le dhikr est un moyen de polir les souillures qui y prennent place. Allâh nous mentionne à plusieurs reprises dans le Qour’an l’importance de se souvenir de lui.

Il ta `ala nous dit : « O, vous qui croyez ! Invoquez Allah d’une façon abondante  » Qour’an : Sourate 33, verset : 41.

Le prophète salallâhou `alayhi wa sallam nous a parfaitement enseigné la manière de purifier son coeur. Il nous dit dans un hadith:  « Les cœurs se rouillent comme se rouille le fer » . Un compagnon dit alors : « comment les polir ? » , et le prophète salallâhou `alayhi wa sallam répondit : « par l’invocation avec la formule « Lâ Ilâha ila Allah ».

Ce que nous devons retenir à travers ce hadith c’est qu’il y a deux formes de purification. Une de l’ordre du visible et une de l’ordre de l’invisible. Et chacune de ses purifications son liées.

L’autre moitié appartient à Allâh et c’est a travers le Sheykh qu’Allâh purifie totalement le croyant. Sans le Sheykh la purification est incomplète et par conséquent la foi le reste aussi.

« (…) Et n’eussent été la grâce d’Allah envers vous et Sa Miséricorde, nul d’entre vous n’aurait jamais été pur. Mais Allâh purifie qui Il veut. Et Allâh est Audient et Omniscient. » Sourate 24 verset 21

Fin de citation.

 

Publié avec l’autorisation de l’honorable `Arif biLlâhi Thierno Sheykh Ahmad at-Tijâniyy Sall

 

Quelle différence entre Hadith classique et Hadith Qudsi?

 

Ustadh Tabraze Azam

 

Hadith_Qudsi

 

 

Question :

Assalamualaikum,

Je n’ai jamais compris quelle est la nature du Hadith Qudsi, ni en quoi il est différent des hadiths « classiques ». En outre, les hadiths « classiques » sont des « traditions » et les narrations de ce que le Prophète (paix sur lui) a fait, a dit et de tout ce qu’il nous a enseigné. Quelle différence y a-t-il dans la manière dont le Prophète (paix soit sur lui) a reçu cette information d’Allah, entre la révélation Coranique et le Hadith Qudsi?

 

Réponse :

J’espère que vous êtes dans le meilleur état physique et spirituel, incha Allah.

Une Narration Sacrée (al-Hadith al-Qudsi) est une narration (hadith) qui, du point de vue de sa signification, vient d’Allah, l’Exalté, et qui dans la perspective de son libellé, vient du Messager de Dieu (qu’Allah le bénisse et de lui donne la paix). [Jurjani, al-Ta`rifat]

 

La différence entre les Narrations Classiques (Hadith) et les Narration Sacrées (al-Hadith al-Qudsi)

La Narration Sacrée (al-Hadith al-Qudsi) est attribuée à Allah, le Très-Haut, et reliée à Lui. Le Messager de Dieu (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix) recevait le sens d’Allah, par voie d’inspiration ou de rêve, et puis il (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix) en informait sa communauté avec ses propres mots.

C’est contraire aux autres narrations (hadith) que le Messager de Dieu (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix) n’attribuait pas à son Seigneur, ni ne reliait à Lui.

 

La différence entre la Narration Sacrée (al-Hadith al-Qudsi) et le Coran

Il y a beaucoup de différences entre le Coran et la Narration Sacrée (al-Hadith al-Qudsi). Parmi les plus notables d’entre elles figurent le fait que le Coran est miraculeux dans sa formulation et qu’il a été révélé par l’intermédiaire de l’ange Gabriel (Jibril). Une Narration Sacrée (al-Hadith al-Qudsi), ne possède pas ces caractéristiques.

 

Autres qualités uniques que seul le Coran possède :

[1] La transmission de masse (mutawatir) dans tous ses mots et toutes ses lettres;
[2] L’illicéité de toucher le Coran pour celui qui se trouve dans un état d’impureté rituelle mineure (et le réciter pour celui qui se trouve dans un état de grande impureté rituelle);
[3] L’exigence, et la spécification, de sa récitation dans la prière;
[4] Il est appelé le Coran;
[5] C’est un acte d’adoration que de réciter le Coran et on est récompensé pour chaque lettre;

Les mots et les significations du Coran, viennent d’Allah à travers la révélation manifeste; contrairement aux narrations (hadiths).

[`Ayni, `Umdat al-Qari Sharh Sahih al-Bukhari; Siraj al-Din, Sharh al-Mandhuma al-Bayquniyya; al-Sayyid Muhammad bin `Alawi, al-Manhal al-Latif fi Usul al-Hadith al-Sharif]

Voilà un aperçu de ce qui peut être dit à propos de la différence entre la Narration Sacrée (al-Hadith al-Qudsi) et le Coran.

Et Allâh est plus savant.

Wassalam,

Ustadh Tabraze Azam, vérifié & approuvé parSheykh  Faraz Rabbani

 

© Traduit avec l’autorisation de l’honorable sheykh Faraz Rabbani (qu’Allâh le récompense)

 

Al-Albani

Sheykh al-Albani est-il une référence à suivre?

 

 

 

« Certes cette science (allusion à la science du hadith) est une religion, regardez donc de qui vous la prenez. » – ibn Sirin (sharh Sahih de Muslim, an-Nawawî)

 

 

Le Sheykh Al-Albani (rahimahouLlâh) est la référence contemporaine dans la science du Hadith chez nos frères Salafis. A ce titre, certains lui attribuent le plus haut degré de savoir dans cette science, n’hésitant pas à le placer au dessus des plus grands maîtres comme al-Boukhari ou an-Nawawî. Mais le rang qui lui est donné est-il justifié? Sheykh al-Albani est-il une référence à suivre? Peut-on dire de lui qu’il fut un savant du Hadith? A-t-il véritablement suivi les traces bénies des Pieux Prédécesseurs (as-Salaf as-Salih)? C’est ce que nous allons voir dans cet article inshaa Allâh.

Nous précisons que cet article ne vise pas à dénigrer gratuitement un homme qui a donné sa vie pour l’Islam et encore moins à juger de son intention, mais il vise à rétablir la vérité sur son rang au sein de cette science et donc sur la pertinence et la qualité de ses divers travaux et ouvrages. Qu’Allâh fasse miséricorde au Sheykh Al-Albani, qu’Il lui pardonne ses erreurs et qu’Il le récompense pour ses pieuses actions.

 

Sommaire :

 

1/ Sheykh Al-Albani était-il un Mouhaddith ?
2/ Sheykh Al-Albani peut-il être suivi dans la Jurisprudence (Fiqh)?
3/ Sheykh Al-Albani et l’interprétation (ta’wil) faite par l’Imam Al-Boukhari concernant « El-Wajh »
4/ Le ta’wil de l’Imam Ahmad ibn Hanbal
5/ Le Tawwassul de l’Imam Ahmad ibn Hanbal
6/ Une anecdote qui en dit long…

 

1/ Le Sheykh Al-Albani était-il un Mouhaddith ?

 

La science s’apprend auprès des savants. Le Prophète Muhammad ﷺ a pris le Qour’an de Jibril (‘alayhi salaam) puis il l’a ensuite enseigné à ses Compagnons [ra] qui ensuite l’ont à leur tour transmis à leur successeurs (tabi’in puis tab-tabi’in), et ainsi de suite jusqu’à nos savants aujourd’hui qui ont pu acquérir les Sciences Islamiques par ces chaines ininterrompues. C’est grâce à cette transmission que notre religion a été préservée des innovations, des graves erreurs et des falsifications comme on en trouve dans les autres religions.

Aujourd’hui, par ignorance, on donne du crédit à n’importe qui, sous prétexte qu’il vient d’Arabie Saoudite ou qu’il se réclame suivre les Salafs. Mais il ne suffit pas de s’autoproclamer « sur la voie des salafs » pour que cela soit vrai … encore faut-il le prouver de manière irréfutable.

Concernant Sheykh Nâsir ad-Dîn al-Albânî, avec tout le respect qu’on lui doit, il ne peut pas être qualifié de savant du Hadith car il est connu de lui que c’est un autodidacte, hors toute Science Islamique se reçoit de la bouche de savants compétents et reconnus l’ayant eux même reçue de savants compétents et reconnus. Le Messager d’Allâh ﷺ a été très clair à ce sujet : « Celui pour qui Allâh veut le bien, Il lui facilite l’apprentissage de la religion, certes la science de la religion est par transmission orale ». [rapporté par Al-Boukhary]

Pour plus d’infos sur ce sujet, lire l’article « La Science Sacrée peut-elle s’obtenir simplement à partir des livres?« .

Or, Sheykh Al-Albani n’a pris connaissance des hadiths qu’en consultant des ouvrages dans des bibliothèques. A cela, se rajoute le fait que Sheykh Al-Albani ne rapporte pas un seul hadith par chaîne de transmission (Sanad) le reliant à Rassoul Allâh ﷺ, or, pour être ne serait-ce qu’un Hafidh il faut en avoir reçu (avec les chaines de transmissions) et mémorisé à la lettre prêt, au minimum 100 000, pour un Muhaddith le chiffre monte à 400 000 ! Malgré cela il y en a qui n’ont pas hésité a le qualifier de grand Muhaddith du siècle !

Cette méthode d’apprentissage qui consiste à étudier seul sans passer par des savants qui enseignent et valident les acquis de l’élève tout au long de leur parcours est une grave innovation et a valu à Sheykh Al-Albani de commettre d’innombrables et gravissimes erreurs dans l’authentification et l’interprétation des Hadiths. Comment d’ailleurs peut-on se permettre d’authentifier ou d’affaiblir des Hadiths ou des narrateurs alors que l’on a même pas une chaîne de transmission remontant à Rassoul Allâh ﷺ? Et malgré cela, Sheykh Al-Albani s’est permis de remettre en cause les travaux de sommités du Hadith comme An-Nawawi, Al-Boukhari, Al-‘Asqalani et d’autres.

Dans les livres de Hadith de Sheykh Al-Albani, on trouve par ailleurs de nombreuses aberrations. Ainsi il n’est pas rare qu’il donne un statut particulier à un Hadith et que quelques pages plus loin dans ce même livre ou dans un autre il donne un statut différent à ce même Hadith! Dans une de ces réfutations et analyse concernant le travail de Sheykh Al-Albani, le grand savant du Hadith Hassan ‘ali Al-Saqqaf a compté pas moins de 500 contradictions! [1]

Dans cette vidéo disponible sur notre chaîne YouTube, le Sheykh Muhammed Yasir al Hanafi donne un exemple concret de la manière dont Al-Albani joue avec le statut des narrateurs de Hadith selon ce qu’il a besoin d’appuyer ou d’affaiblir pour soutenir son opinion!

Des dizaines de shouyoukh du Hadith comme al-Ghumari, al-A’dami, as-Sakaf, abu-Ghudda, Sheykh Mamdouh Saïd (qui l’a réfuté dans un ouvrage de 6 tomes) on écrit des livres entiers pour dénoncer ses graves et nombreuses erreurs … Parmi ces réfutations, on peut citer :

1- Le très connu savant du hadith Indien Habib al-Rahman al-A’zami (raa) qui a écrit : – Al Albani Shudhudhuh wa Akhta’uh (Les erreurs et les aberrations de Albani) en quatre volumes.

2 -Le savant syrien Sa’id Ramaban Al Buti qui a écrit les deux classiques : – Al-Lamadhhabiyya Akhtaru Bid`atin Tuhaddidu al-Shari`a al-Islamiyya (le non suivi d’une école de jurisprudence est l’innovation la plus dangereuse menaçant la loi sacrée islamique) – As-Salafiyya Marhalatun Zamaniyyatun Mubaraka La Madhhabun Islami (Du temps des pieux prédécesseurs c’était une époque historique bénie, pas une école islamique de la pensée)

3- Le savant du hadith marocain ‘Abd Allah Ibn Al Siddiq Al-Ghumari qui a écrit : – Irgham al-Mubtadi` al-Ghabi bi Jawaz al-Tawassul bi al-Nabi fi al-Radd `ala al-Albani al-Wabi (réfutation d’Al Albani en ce qui concerne le tawassul du Prophete) – al-Qawl al-Muqni` fi al-Radd `ala al-Albani al-Mubtadi` (le discours persuasif dans la réfutation d’Al-Albani l’innovateur) – Itqan al-Sun`a fi Tahqiq Ma`na al-Bid`a (ouvrage sur la signification précise de ce qu’est l’innovation).

Dans sont ouvrage « It-haf Ul Adhkiya fi Jawaz It Tawassoul bil Anbiya wal Awliya » il écrit à son propos :

« Pour résumer, j’affirme que le Shaykh Al Albânî (qu’Allâh le pardonne) est motivé par des objectifs et des désirs autres que ceux qu’il prétend se donner. Si, dans ses lectures, il rencontre un hadîth ou un propos [d’un compagnon] (athar) qui ne s’accorde pas avec son point de vue, alors, il s’efforce de le considérer comme faible (da’if). Par la ruse et les artifices, il essaie ensuite de faire croire à ses lecteurs que son point de vue est le bon; alors qu’il se trouve complètement dans l’erreur.Il est plutôt un pécheur et un fraudeur. Par sa duplicité, il a réussi à égarer ceux qui lui faisaient confiance et qui pensaient qu’il était fiable […] Al Albânî a bien lu la remarque de Al Hâkim, mais elle ne lui a pas plu. Il a donc préféré, de manière obstinée et malhonnête, se focaliser sur la supériorité de la version rapportée par ‘Awn, qui est en réalité faible […] Malheureusement, Al Albânî est opiniâtre et maladivement obstiné, comme le sont tous les gens qui l’ont suivi […] Il y a une autre chose que je voudrais démontrer ici: on ne peut pas compter sur la fiabilité du jugement de Al Albânî sur l’authenticité ou la faiblesse des ahâdîth, car il a pour habitude d’employer tout un arsenal de tactiques de falsification, et il ne dédaigne pas mentir dans ce qu’il rapporte des savants en déformant leurs paroles ou en travestissant le sens de leurs propos. Il a l’audace de s’opposer au consensus et de réclamer l’abrogation (naskh) de textes sans preuve. Il commet énormément d’excès à cause de son ignorance des fondements [du fiqh] et des règles sur l’inférence et la déduction (istinbat) (des preuves tirées du hadîth) […] Les opinions incongrues et hétérodoxes de Al Albânî, résultats de ses recherches individuelles impies, sa tromperie, son absence d’honnêteté dans son classement des hadiths en authentiques ou faibles selon son bon vouloir, sa déformation des propos de savants et des illustres personnages de l’Islâm; tout cela en réalité est un châtiment d’Allâh, mais il ne s’en rend pas compte.Il fait ainsi partie de ceux qui pensent faire le bien, alors qu’ils sont dans l’erreur. Nous demandons à Allâh de nous préserver de la maladie dont il a affecté Al Albânî, et nous recherchons refuge en Lui contre son mal. Toutes les louanges vont à Allâh, le Seigneur des Mondes. » [2] 

4- Le savant du hadith marocain ‘Abd al-‘Aziz ibn Muhammad ibn al Siddiq Al-Ghumari qui a écrit : – Bayan Nakth al-Nakith al-Mu`tadi (l’exposition de la trahison du rebelle).

5- Le savant du hadith syrien ‘Abd Al-Fattah Abu Ghudda qui a écrit : – Radd `ala Abatil wa Iftira’at Nasir al-Albani wa Sahibihi Sabiqan Zuhayr al-Shawish wa Mu’azirihima (réfutation des fabrications de nasir al Albani, de son ami Zuhayr al Shawish et de leurs défenseurs)

6- Le savant du hadith égyptien Mohammad Awwama qui a écrit : – Adab Al-Ikhtilaf (les règles pour exprimer la divergence d’opinion).

7- Le savant de hadith égyptien Mahmud Sa`id Mamduh qui a écrit : – Wusul al-Tahani bi Ithbat Sunniyyat al-Subha wa al-Radd `ala al-Albani (la confirmation mutuels que les Dhikr avec des Perles sont une Sunna dans la réfutation d’Al-Albani) – Tanbih al-Muslim ila Ta`addi al-Albani `ala Sahih Muslim (avertissement aux musulmans concernant l’attaque de Al Albani sur le sahih muslim)

8- Le savant du hadith Saoudien Isma’il ibn Muhammad Al-Ansar qui a écrit : – Ta`aqqubat `ala « Silsilat al-Ahadith al-Da`ifa wa al-Mawdu`a » li al-Albani (critique du livre de hadith de Al-Albani) – Tashih Salat al-Tarawih `Ishrina Rak`atan wa al-Radd `ala al-Albani fi Tad`ifih (établissement en tant que correct de salat Tarawih en vingt Rak`as et la réfutation de son affaiblissement par Al-Albani) – Ibahat al-Tahalli bi al-Dhahab al-Muhallaq li al-Nisa’ wa al-Radd `ala al-Albani fi Tahrimih (Le fait qu’il est licite pour la femme le port de bijoux contrairement à la refutation d’Al Albani)

9- Le savant syrien Badr al-Din Hasan Diab qui a écrit : – Anwar al-Masabih `ala Zulumat al-Albani fi Salat al-Tarawih (éclaircir l’obscurité d’Al-Albani sur la prière du Tarawih).

10- Le directeur des activités religieuses à Dubaï ‘Isa ibn ‘Abd Allah ibn Mani’Al-Himyari qui a écrit : – al-I`lam bi Istihbab Shadd al-Rihal li Ziyarati Qabri Khayr al-Anam (l’avis en ce qui concerne la recommandation de se deplacer pour visiter la tombe du Prophete) – al-Bid`a al-Hasana Aslun Min Usul al-Tashri (la bonne innovation est une des sources de législation islamique)

11- Le ministre des affaires islamiques et religieuses des Emirats Arabes Unis Shaykh Muhammad Ibn Ahmad al Khazraji qui a écrit : – L’article : al-Albani : Tatarrufatuh (les Positions Extrémistes d’Albani).

12- Le savant syrien Firas Muhammad Walid Waysdans son édition : – Ibn al-Mulaqqin’s Sunniyyat al-Jumu`a al-Qabliyya (les prières Sunna qui doivent précéder salat Al-Jumu`a).

13- Le savant syrien Samer Islambuli qui a écrit : – Al-Ahad, Al-Ijma`, Al-Naskh.

14- Le savant jordanien As`ad Salim Tayyim qui a écrit : – Bayan Awham al-Albani fi Tahqiqihi li Kitab Fadl al-Salat `ala al-Nabi

15- Le savant jordanien Hassan ‘ali As-Saqqaf qui a écrit les deux volumes : – Tanaqudat al-Albani al-Wadiha fi ma Waqa`a fi Tashih al-Ahadith wa Tad`ifiha min Akhta’ wa Ghaltat (les erreurs qu’Albani a commises en ce qui concerne l’authentification des hadiths authentiques et faibles) – Ihtijaj al-Kha’ib bi `Ibarat man Idda`a al-Ijma` fa Huwa Kadhib (le recours du perdant à l’expression: que celui qui réclame le consensus est un menteur!) – al-Qawl al-Thabtu fi Siyami Yawm al-Sabt (le discours ferme en ce qui concerne le jeûne du samedi) – al-Lajif al-Dhu`af li al-Mutala`ib bi Ahkam al-I`tikaf (« le jeu dangereux contre lui qui joue avec les régles d’I`tikaf) – Sahih Sifat Salat al-Nabi ﷺ (Les critères authentiques de la prière du Prophete) – I`lam al-Kha’id bi Tahrim al-Qur’an `ala al-Junub wa al-Ha’id Talqih al-Fuhum al-`Aliya (l’inculcation du discernement élevé) – Sahih Sharh al-`Aqida al-Tahawiyya (l’explication correcte de la ‘aquida tahawiyya).

Jamais un « savant » du Hadith n’a été autant réfuté. Il faut bien comprendre que c’est la science de la transmission qui a protégé notre religion, cette science qui n’existe dans aucune autre religion. Comme l’a dit le grand imam Ibn al-Mubarak, qui est élève de Sufyan at-Thawri, de Malik ibn Anas et de Abu Hanifa et qui fut un grand spécialiste du hadith ayant le statut de Amir al-Mouminin dans la science du Hadith : « La chaîne de transmission fait partie de la religion et s’il n’y avait pas la chaîne de transmission, chacun dirait ce qu’il veut ».

Alors Al-Albani peut-il êtres qualifié de savant du Hadith ou mieux encore de mouhaddith ?

– Un mouhaddith qui n’a pas de sheykh en hadith et qui est autodidacte
– Un mouhaddith qui est perdu sans ses livres
– Un mouhaddith qui ne connait pas par cœur 10 hadiths avec leur chaîne de transmission.
– Un mouhaddith qui ne cite même pas un hadith par chaîne de transmission jusqu’au Prophète ﷺ.
– Un mouhaddith dénoncé par les spécialistes du hadith et dont les ouvrages de réfutation contre lui ne se comptent plus.

Une telle personne n’est pas un mouhaddith.

Le sheykh al-Albany (rahimahu Allâh) était un chercheur dans la science du hadith (à son niveau), mais on ne peut pas dire de lui qu’il fut un spécialiste du hadith ou un mouhaddith, car il ne transmet aucun hadith par chaîne de transmission et sa science n’est pas non plus transmise par chaîne de transmission !

 

2/ Le Sheykh Al-Albani peut-il être suivi dans la Jurisprudence (Fiqh)?

 

Sheykh Nâsir ad-Dîn al-Albânî, une des grandes références du wahhâbisme et ils le considèrent comme le plus grand savant du hadîth, malgré ses grandes lacunes en la matière. Loin de se limiter à cette discipline, le Sheykh s’est également lancé dans la Fatwa, mais là aussi sans posséder la formation et les compétences nécessaires, faute d’avoir étudier auprès de savants. Cet apprentissage basé sur l’autodidaxie lui a valu d’émettre des Fatwas complètements absurdes et dangereuses pour les Musulmans.

Jadis, le Sheykh Bin Baz fut interrogé sur une parole d’Al-Albani concernant la zakat (scan -> ICI), il a dit que Al-Albani n’est qu’un muhaddith (sous entendu qu’il ne connait pas le fiqh car la question concerne le fiqh) et il précise qu’il (Al-Albani) n’a pas étudié auprès des Shuyukh (savants), mais qu’il a appris dans les livres. Donc, même Ibn Baz qui est du même mouvement (wahhabite) que Al-Albani reconnait que ce dernier n’a pas de Sheykh. Maintenant, la question qui se pose est comment peut on prétendre que cet homme est un mouhhadith (selon certains, il aurait été le mouhaddith de notre temps) alors qu’il n’a pas de Sheykh?

Voici quelques-unes de ses pires fatâwâ, afin d’attirer l’attention des musulmans sur les dérives de cet homme, d’une part, et d’autre part pour avertir ceux qui ne le connaissent pas ou peu :

1/  » Les femmes du Prophète  peuvent tomber dans la fornication «  [silsilat al ahâdîth as-sahîha, hadîth 2507, tome 6, P.26 première édition Maktabat al-Ma`ârif li an-Nachr wa at-Tawzî` – ar riyâdh].

2/  » Le fondateur du mouvement Salafî c’est Allâh «  [Fatâwî al-Albânî fî al-Madînah wa al-Imârât, p.18, première édition Dâr ad-Diyâ’, Egypte].

3/  » Il est interdit à la femme qui a des poils qui poussent au degré que ça devienne une barbe de se raser «  [Fatâwî al-Albânî fî al-Madînah wa al-Imârât, p.248, première édition Dâr ad-Diyâ’, Egypte].

4/  » L’étonnement est un Attribut d’Allâh «  [Ach-Chaykh Al-Albânî wa manhajuhu fî taqrîrî masâ’il al-I`tiqâd – Muhammad Sarrûr Cha`bân p. 243, première édition, dâr al-Kiyân Ar-Riyadh].

5/  » Quand la parole du Prophète contredit son acte, on favorise son acte «  [Fatâwî al-Albânî fî al-Madînah wa al-Imârât, p.39, première édition Dâr ad-Diyâ’, Egypte].

6/  » Appel à la destruction de la coupole qui couvre la tombe du Prophète  et à faire sortir la tombe du Prophète  de sa mosquée «  [Tahdhîru as-Sâjid, ach-Chaykh Al-Albânî, p.58, 3 ème édition, Al-Maktabatu al-Islâmîy, Bayrûth].

7/  » Le Prophète  n’est pas la meilleure des créatures «  [At-Tawassul Anwâ`uhu wa Ahkâmuhu, Al-Albânî, p. 149, première édition, Maktabat al-Ma`ârif li an-Nachr wa at-Tawzî` – ar riyâdh]. Le scan de la couverture : ICI et le scan du passage en question : ICI

8/  » Le fait de fêter le Mawlid est tiré de la célébrations des nasârâ (chrétiens) et un suivi de leur actes «  [Fatâwî al-Albânî fî al-Madînah wa al-Imârât, p.155, première édition Dâr ad-Diyâ’, Egypte].

9/  » Il est interdit de suivre une école précise comme l’école Châfi`ite ou Hanafite «  [Fatâwî al-Albânî fî al-Madînah wa al-Imârât, p.43, première édition Dâr ad-Diyâ’, Egypte].

10/ Le fait de faire la ressemblance entre le fiqh Hanafite et l’évangile [Mukhtasar Sahîh Muslim d’Al-Mundhirî, Tahqîq Al-Albânî, Hadîth n° 2060, p.543, 3ème édition Maktabat al-Ma`ârif li an-Nachr wa at-Tawzî` – ar riyâdh].

11/  » La Jamâ`a du Tablîgh est un groupe de soufis moderne. Elle ne se base ni sur le Livre ni sur la Sunna du Prophète «  [Fatâwî al-Albânî fî al-Madînah wa al-Imârât, p.31, première édition Dâr ad-Diyâ’, Egypte].

12/  » Il est interdit d’embrasser le Coran car c’est une bid`a et un égarement «  [Risâlat Kayfa yajib `alaynâ an-nufassira al-Qur’ân al-Karîm, Al-Albânî, p.28, première édition Al-Maktaba al-Islâmiyya, Jordanie].

13/  » Dire « Sadaqa Allâhu al-`Adhîm  » après la lecture du Qur’ân est une bid`a «  [Fatâwî al-Albânî fî al-Madînah wa al-Imârât, p.163, première édition Dâr ad-Diyâ’, Egypte].

14/  » Il est interdit de faire le Adhan (l’appel à la prière) en utilisant le micro et le haut parleur «  [Al-Ajwiba an-Nâfi`a `an as’ilati lujnati masjidi al-Jâmi`ati, Al-Albânî, p.18, deuxième édition, Al-Maktab al-Islamîy, Bayrûth].

15/  » Le Mihrâb dans la mosquée est une bid`a «  [Silsilat al-ahâdîth ad-Da`îfa, Al-Albânî, hadîth n°448, tome 1 p.641, deuxième édition, Maktabat al-Ma`ârif li an-Nachr wa at-Tawzî` – ar-Riyâdh].

16/  » Interdiction aux femmes savantes et aux dâ`iyyât (prêcheuses) de donner des cours aux femmes dans les mosquées «  [ référence : Al Albânî dans son ouvrage  » silsilat al ahâdîth as-sahîha, hadîth n°2680, tome 6, P.401 première édition Maktabat al-Ma`ârif li an-Nachr wa at-Tawzî` – ar riyâdh].

17/  » Celui qui prie at-Tarawîh 20 raka`a contredit la Sunna «  [Al-Hâwi min fatâwî ach-Chaykh Al-Albânî, Abû Hammâm al-Misrîy, tome 1, p.326, Al-Matba`a al-`Ilmiyya – Egypte].

18/  » Il est interdit de dire à une personne après le cours « fais moi du`â’ «  [Qâmus al-Bida` Mustakhraj min Kutûb al-Albânî, Machhûr as-Salmân wa Ahmad Ach-Chukûkânî, p. 702, troisième édition, Dâr al-Imâm Al-Bukhârî – Qatar].

19/  » Interdiction à l’imâm pendant le prêche de faire du`â’ pour les mujâhidîn (combattants) et ceux qui combattent pour défendre l’Islâm «  [Al-Ajwiba an-Nâfi`a `an as’ilati lujnati masjidi al-Jâmi`ati, Al-Albânî, p.72, deuxième édition, Al-Maktab al-Islamîy, Bayrûth].

20/  » Le peuple Palestinien doit quitter la Palestine et ne doit pas rester sous l’autorité sioniste «  [Fatâwâ Ach-Chaykh Al-Albânî, `Ukkâchatu `Abdu al-Mannân, p.18, deuxième édition, Dâr al-Jîl, Bayrûth].

21/  » L’intifâda Palestinienne contre l’occupation sionniste est un acte harâm et n’est pas autorisé » [Enregistrement audio Al-Hudâ wa an-nûr ach-Chaykh al-Albânî].

22/  » Allâh a deux yeux «  [Al Fatwâwî Al-Kuwaytiyyatu Al-Albânî, p.43, première édition, Dâr Ad-Diyâ’ – Egypte].

23/  » Le rire est un Attribut d’Allâh «  [silsilat al ahâdîth as-sahîha, hadîth 2810, tome 1, P.738 première édition Maktabat al-Ma`ârif li an-Nachr wa at-Tawzî` – ar riyâdh]. Pour une bonne compréhension du Dahik [Rire] d’Allâh, voir notre article sur le sujet.

24/  » Allâh a réellement une main «  [Ach-Chaykh Al-Albânî wa manhajuhu fî taqrîrî masâ’il al-I`tiqâd – Muhammad Sarrûr Cha`bân p. 216, première édition, dâr al-Kiyân Ar-Riyadh ].

25/  » L’infaillibilité des prophètes n’est pas absolue «  [Fatâwî al-Albânî fî al-Madînah wa al-Imârât, p.18, première édition Dâr ad-Diyâ’, Egypte].

26/  » Il est possible que le Prophète  oublie les versets qu’il a cité aux gens «  [Al Fatwâwî Al-Kuwaytiyyatu Al-Albânî, p.30-31, première édition, Dâr Ad-Diyâ’ – Egypte].

27/  » Il est harâm d’embrasser la main de son père et de sa mère, car cela fait partie des innovations «  [Qâmus al-Bida` Mustakhraj min Kutûb al-Albânî, Machhûr as-Salmân wa Ahmad Ach-Chukûkânî, p. 718, troisième édition, Dâr al-Imâm Al-Bukhârî – Qatar].

28/  » Il est harâm de rendre visite chaque vendredi à ses parents décédés car cela fait partie des innovations « . [Ahkâm Al-Janâ’iz wa bida`ihâ, p.258, quatrième édition, Al-Maktab al-Islâmiy – Bayrût].

29/  » Il est harâm aux femmes de porter tout or en bijoux formant un cercle, comme les bagues, les bracelets, les colliers, les ceintures, etc. «  [Âdâb az-Zafâf Al-Albânî, dans l’introduction de l’ouvrage et à la p.222, première édition, Maktabat al-Ma`ârif lî Nachri wa at-Tawzî` – Ar-Riyâdh].

Lorsqu’il a été interrogé sur cette fatwa, le sheykh Wahbaal-Zu aylī a déclaré :

« En effet, la déviation de certains qui s’occupent par la Science ou ceux qui apprennent par eux-mêmes sans un enseignant n’a pas de valeur en termes de Sciences ou de Shari’ah et leurs avis sont exclus et rejetés. Déclarer l’Or interdit (harām) pour les femmes est à la fois une déviation Islamique et intellectuelle, car le Noble Coran a clairement fait savoir dans le Aya : « Cet être (la fille) élevé au milieu des parures et qui, dans la dispute …». [43:18] qu’il fait partie de sa nature et de sa disposition qu’une femme se pare de bijoux. Il a également été établi dans la Sunnah Prophétique que le Prophète a dit : « L’or et la soie sont halal (autorisé) pour les femmes et haram (interdit) pour les hommes » [Musnad de l’Imam Ahmad b. Hanbal, vol.14, pp. 499-500, Hadith #19407, Dar al-Hadith, Edition du Caire]. Dire que c’est haram c’est aller à l’encontre de l’ijma’ (consensus des Savants). Je n’ai pas lu le livre Âdâb az-Zafâf, mais s’il contient de tels avis, il ne mérite pas qu’on s’y attarde. » [3]

30/  » Il est autorisé à une femme d’allaiter directement par le sein un homme étranger à elle «  [Enregistrement audio Al-Hudâ wa an-nûr ach-Chaykh al-Albânî].

31/  » Il est harâm de réciter la Fâtiha pour un mort et ou de réciter le Qur’ân en ayant l’intention que les hasanât soient destinées au mort «  [Ahkâm Al-Janâ’iz wa bida`ihâ, p.256, 257, 259, quatrième édition, Al-Maktab al-Islâmiy – Bayrût].

32/  » Il est harâm de présenter sa ta`ziyya (condoléances) à la famille d’un mort devant les tombes ni dans un endroit précis et il est interdit de limiter cela à trois jours «  [Ahkâm Al-Janâ’iz wa bida`ihâ, p.255, quatrième édition, Al-Maktab al-Islâmiy – Bayrût].

33/  » Il est harâm d’inscrire le nom du mort ainsi que la date de sa mort sur sa tombe «  [Ahkâm Al-Janâ’iz wa bida`ihâ, p.265, quatrième édition, Al-Maktab al-Islâmiy – Bayrût].

34/  » La masturbation pendant le mois de Ramadan n’annule pas le jeûne « . [Tamâm al-Minnah Al-Albânî p.418, cinquième édition, Dâru ar-Râyah – Ar-Riyâdh].

35/  » Il est harâm de s’habiller en pantalon pour les hommes comme pour les femmes «  [Fatâwî al-Albânî fî al-Madînah wa al-Imârât, p.18, première édition Dâr ad-Diyâ’, Egypte et également dans l’enregistrement audio Al-Hudâ wa an-nûr ach-Chaykh al-Albânî].

36/  » Il est Sunna de mettre la montre à la main droite «  [Fatâwî al-Albânî fî al-Madînah wa al-Imârât, p.149, première édition Dâr ad-Diyâ’, Egypte].

37/  » Il est harâm de rendre le jour de vendredi comme un jour férié «  [Al-Ajwiba an-Nâfi`a `an as’ilati lujnati masjidi al-Jâmi`ati, Al-Albânî, p.65, troisième édition, Al-Maktab al-Islamîy, Bayrût].

38/  » Il est harâm de dire  » Bismi Allâhi ar-Rahmâni ar-Rahîm  » avant de manger, il faut juste dire  » Bismi Allâh «  ». [silsilat al ahâdîth as-sahîha, hadîth 346, tome 1, P.681 première édition Maktabat al-Ma`ârif li an-Nachr wa at-Tawzî` – ar riyâdh].

39/  » Il est harâm de faire salât sur le Prophète lorsqu’on est étonnée d’une chose «  [Qâmus al-Bida` Mustakhraj min Kutûb al-Albânî, Machhûr as-Salmân wa Ahmad Ach-Chukûkânî, p. 701, troisième édition, Dâr al-Imâm Al-Bukhârî – Qatar].

40/  » Il est harâm de voyager spécifiquement pour rendre visite au Prophète  «  [Fatâwî al-Albânî fî al-Madînah wa al-Imârât, p.12, première édition Dâr ad-Diyâ’, Egypte et dans Ahkâm Al-Janâ’iz wa bida`ihâ, p.265, quatrième édition, Al-Maktab al-Islâmiy – Bayrût]. ].

41/  » Donner des noms aux mouvements et groupes musulmans est une bid`a sauf le mouvement Salafi «  [Fatâwî al-Albânî fî al-Madînah wa al-Imârât, p.27, première édition Dâr ad-Diyâ’, Egypte].

42/  » Il est harâm de louer les appartements aux soufis s’ils déclarent qu’ils sont soufis «  [Fatâwî al-Albânî fî al-Madînah wa al-Imârât, p.136, première édition Dâr ad-Diyâ’, Egypte].

43/  » Il est harâm au musulman de boire debout «  [silsilat al ahâdîth as-sahîha, hadîth 177, tome 1, P.340 première édition Maktabat al-Ma`ârif li an-Nachr wa at-Tawzî` – ar riyâdh].

Qu’Allâh lui fasse Miséricorde, lui pardonne et nous pardonne.

 

3/ Sheykh Al-Albani et l’interprétation (ta’wil) faite par l’Imam Al-Boukhari concernant « El-Wajh »

 

Il est connu que les salafis interdisent formellement toute interprétation (ta’wil) des Textes sacrés, préférant une lecture purement littéraliste. Pourtant, les plus grands savants et parmi eu les Salafs, ont parfois eu recours à l’interprétation. Observez ce que dit sheykh Al-Albani [rahimahou Allâh] de ceux qui font le ta°wil du mot Wajh dans le verset 88 de la sourate el-Qassas.

Il dit : « un croyant ne peut pas dire une chose pareil » !!

Or, parmi les savants qui utilisent l’interprétation, nous trouvons par exemple l’imam Al-Boukhari [rahimahou Allâh]. Voici dessous les scans des pages.

Tout d’abord la parole de l’imam Al-Boukhari disant que El-Wajh (parfois traduit par Visage ou Face) signifie la Royauté :

a1

 

Puis, le scan des paroles de Al-Albani donnant son opinion qui est que ceux qui font le ta’wi ne peuvent être croyants :

a2

a3

Ainsi, il apparait que des dits « salafis » (ou wahhabis) ne suivent pas ceux dont ils se réclament sur des questions aussi importantes que la ‘Aqida (croyance). Pour sheykh Al-Albani, celui qui fait le ta’wil (interprétation) du mot El-Wajh, ne peut être qualifié de Musulman. On ne tombera pas dans le raccourci de dire qu’Al-Albani fait directement le takfir du grand savant al-Hafidh al-boukhari, mais les propos demeurent très graves car par cette parole, il excommunie de très nombreux savants, des Compagnons et un nombre considérable de Musulmans !

Pour d’avantages de précision sur al-Wajh, lire l’article : L’interprétation du Wajh [Face] d’Allâh selon quatre Tafsirs qui font autorité – [ Ibnou Kathir, Ibn ‘Abbâs, At-Tabari, Al-Qurtubi ]

 

4/ Le ta’wil de l’Imam Ahmad ibn Hanbal

 

On a vu précédemment que Sheykh al-Albani [rahimahou Allah] condamnait ceux qui pratiquent l’interprétation (ta’wil) de certaines expressions ou mots du Coran et que pour lui par exemple, celui qui faisait le ta’wil de al-Wajh ne pouvait pas être Musulman. Or, il se trouve que la grande majorité des savants acceptent ces interprétations si elles sont conformes à la langue arabe et à la Majesté d’Allâh ta’ala. Et contrairement à ce que disent les wahhabis, certains savants du Salaf ont pratiqué le ta’wil comme ce fut le cas d’al-Boukhari [radhia Allâhou ‘anhou].

Nous allons voir maintenant qu’un autre grand Imam du Salaf, l’Imam Ahmed ibn Hanbal [radhia Allâhou ‘anhou] pratiquait également le ta’wil. Il est à noter que les « savants » Salafis se réclament de lui et de son école. Voici un passage du célèbre livre de l’imam ibnou Kathir [rahimahou Allah] « el-Bidaya wa el-Nihaya »  – le début et la fin -, dans lequel il exprime et relate clairement le ta’wil (l’interprétation) de l’attribut de « la venue d’Allâh » faite par l’imam Ahmed ibn Hanbal concernant le verset 22 de la sourate el-Fajr « et ton Seigneur vint » « و جاء ربك » en disant qu’il s’agit de la venue de Ses Récompenses.

Encore une fois nous constatons qu’un très grand imam du Salaf et de plus qui est l’imam dont se réclament les salafis fait lui aussi le ta’wil des attributs d’Allâh, comme cela est le cas de beaucoup de savants parmi les plus grands.

J’adresse ici une question à nos frères et sœurs qui suivent le minhaj dit « Salafi », allez-vous suivre al-Albani et dire que l’imam Ahmed ne mérite plus la qualification de Musulman [astarfighu-Llâh]?

Voici le scan :

Ahmad

 

5/ Le Tawwassul de l’Imam Ahmad ibn Hanbal

 

L’Imam Ahmad a dit à Abou Bakr al-Marwazi : « yatawassalu bi al-nabi fi dou’a’ih »« Que celui qui fait des Dou’as utilise le Prophète ﷺ comme cause (wassilah). » Le même récit se retrouve dans le Manasik de l’Imam Ahmad tel qu’il est rapporté par son élève Abou Bakr al-Marwazi. Le fait que l’Imam Ahmad ibn Hanbal ait encouragé à faire le Tawassul à travers RassouluLlâh lors des dou’as est aussi rapporté par l’imam ibn Taymiyya dans ses fatawas (volume 1 page 140, voir aussi Mafaahim page137). Sheykh ibn Taymiyyah lui-même a mentionné la narration d’al-Marwazi prise de son livre sur les Manasik (rites du Hajj) que l’imam Ahmad lui a écrit en lui disant: « Que celui qui fait des Dou’as utilise le Prophète comme cause (wassilah). ». Se référer à : Qa’idah fit-Tawassul wal-Wassila (p. 98 and 155).

Quant à Sheykh al-Albani, il a dit : « L’Imam Ahmad à permis le Tawassul par le biais du Messager seul, et d’autres tels que l’imam As-Shawkani ont permis le Tawassul par son intermédiaire, celui d’autres prophètes et par les Pieux. [Notez au passage qu’il omet de mentionner l’Imam Malik et l’Imam Shafi’i comme autorisant aussi le Tawassul] Cependant, nous [c’est-à-dire Albani et ses semblables], comme c’est le cas dans tous les domaines où il y a désaccord, nous suivons tout ce qui est appuyé par la preuve quelle qu’elle soit, sans suivre aveuglement l’opinion des hommes ». [al-Albani, At-Tawassul page 38]. Voir le scan ICI.

Alors que les salafis proclament suivre l’imam Ahmad, lorsque sa position ne leur plait, ils délaissent son avis. Ainsi, Sheykh al-Albani a dit en substance : « On ne suit pas l’Imam Ahmad sur son tawassoul, même s’il l’a fait car on n’est pas Ahmadiyyine ».

Ceci prouve :

1/ que l’Imam Ahmad (imam du Salaf, Imam Mujtahid al-Mutlaq, qui a eu des dizaines et des dizaines de shouyoukh parmi des sommités incontestables des premières générations et qui a mémorisé et rapporté plus de 1 million de Hadith) faisait le tawassoul et donc qu’il l’approuvait.

2/ que les Salafis se réclament de gens qu’ils ne suivent que sur ce les points qui valident leur propre doctrine.

Voici une preuve solide et supplémentaire que malgré leurs dires, Al-Albani et ses semblables ne suivent pas les Salafs us-Salih mais prennent uniquement ce qui va dans le sens de leur doctrine, loin de la Voie des Salafs as-Salih, celle qui se trouve aujourd’hui répartie dans les deux écoles de ‘Aqida (Ash’arite et Maturidite), les quatre écoles de Fiqh (Malikite, Shafe’ite, Hanafite et Hanbalite) et les Turuqs authentiques de Tassawuf.

Plus d’infos dans cette vidéo : ICI

 

6/ Une anecdote qui en dit long…

 

Pour terminer, nous allons narrer un récit qui illustre parfaitement tout ce que nous avons rapporté dans cet article, prouvant encore une fois l’incompétence de Sheykh al-Albani dans les Sciences Islamiques. Ce témoignage que mentionne l’immense érudit et océan de savoir, le Sheykh Mohammed Âwama (Hafidahoullah) souligne également l’importance de la science reçue par chaîne de transmission. Il rapporte cela dans son livre « L’impact du noble Hadith sur la divergence des Imams Juristes qu’Allah les agrée », page 47, il dit :

« [la situation me pousse à vous raconter cette anecdote], de ces choses qui font rire et pleurer en même temps, rapportant cela de notre Sheykh, l’érudit de la ville de Homs (Syrie) et sa singularité, le Cheikh des Lectionnaires et le garant de la Fatwa, le lectionnaire, l’exégète, le Juriste et l’ascète, le Sheykh Abdul Aziz Ôyoun Al-Soud, mort en 1399 de l’hégire, qu’Allah Le Très Haut lui accorde Sa Miséricorde.

Il m’a raconté cette anecdote il y a 9 ans environ, à mon domicile à Alep (Syrie). Il a dit : est entré à la mosquée, juste avant l’Adhan du « Dhohr », près de moi un homme que je ne connaissais pas, et qui m’a été nommé plus tard, et notre Sheykh me l’a nommé, c’est le Sheykh Nasser Al-Albani ! Il s’est assis, attendant l’Adhan, et quand le Muezzin a dit : « Allahou Akbara Allahou Akbara », cet homme a réagi énergiquement et avec colère, en disant : « ceci est faux, ceci est Bid’â (innovation) » ! Alors notre Sheykh lui a dit : « qu’est-ce qui est faux et Bida’â ? » Il a répondu : « ceci est contraire au Sahih de Mouslim » ! Alors notre Sheykh lui a répété la question : « et qu’est-ce qui est dans Sahih Mouslim » ? L’homme dit alors : « ce qui est dans Sahih Mouslim : « Allahou Akbarou Allahou Akbarou » avec Dhama sur le Ra’a. A ce moment notre Sheykh lui dit, avec son Adab (noblesse de caractère) connu et sa sérénité : « vous avez reçu Sahih Mouslim de vos Chouyoukhs qui l’ont reçu de leurs Chouyoukhs, jusqu’à l’Imam Mouslim, qu’il a rapporté le Hadith avec la Dhama sur le Ra’a ? Ou bien ceci (ce que vous mentionnez là) est l’impression de l’éditeur » ?! Notre Sheykh a dit : « il s’est tu et je me suis tu, puis il pria et s’en alla ». »

 

Nous espérons que cet article servira de lumière éclairante pour ceux qui cheminent sincèrement sur le Chemin d’Allâh Exalté, de Son bien aimé Messager ﷺ digne de confiance dans la révélation, de sa famille pure et parfumée, de Ses nobles Compagnons bon guides et bien guidés, des Awliyas Ses fidèles Alliés et de Ses Savants dévoués.

 

 

Notes :

– Basé en partie sur les travaux de l’équipe d’Aslama.com, de sheykh Gibril Fouad Haddad et d’autres Shuyukh – qu’Allâh les récompense –

[1] Sur le site Masud.co.uk vous trouverez exposées 50 erreurs et contradictions de Al-Albani. Cela confirme la médiocrité de ses travaux en terme de Hadith.

[2] Source : at-Tahwid.net

[3] Dans Fatāwa Mu’āsira de Sheykh Wahba al-Zuhaylī, pages 203-204, Dār Al-Fikr, Damas, 2003

– Sur le même sujet, lire également : Les ijazas de Ibn Baz et de Al-Albani – Par Sheykh Nuh Ha Mim Keller

– A écouter (anglais) : Who was Nasiruddin Albani Salafi?

– Pour les arabophones, voici lire ce livre complet en PDF : Les aberrations et les erreurs de Al-Albani de Sheykh Habibur Rahman A’zami

Explication du Hadith de la descente d’Allâh (an-Nouzoul)

 

Les paroles des grands Savants de l’Islam

 

 

hadith descente nouzoul

 

 

Il fait partie de la croyance (‘Aqida) de tout Musulman d’affirmer qu’Allâh existe sans endroit ni espace, mais alors que dire du hadith dit de la « descente d’Allâh » (Nouzoul)?
Depuis quelques années, une poignée de savants contemporains se réclamant des Pieux Prédécesseurs ainsi que ceux qui les suivent, tentent de faire en sorte que les Musulmans adoptent leur lecture strictement littéraliste. Ils affirment pour Allâh l’endroit, le déplacement, le fait de s’asseoir, etc. faisant croire ainsi à leurs adeptes qu’il s’agit là de la croyance et de la méthodologie des Salafs (Pieux Prédécesseurs). Nous allons (inshaa Allâh) démontrer dans cet article que cette affirmation n’a jamais existé, ni chez les Prédécesseurs, ni chez leurs successeurs.

 

Explication du Hadith de la « descente » d’Allâh (an-Nouzoul)

 

Abu Hurayra رضي الله عنه  a rapporté que le Messager d’Allah ﷺ a dit : « Abû Hurayra, qu’Allah l’agrée, que le prophète ﷺ a dit :

« A partir du dernier tiers de la nuit, notre Seigneur descend au ciel le plus proche de la terre et dit : « J’exauce les invocations de celui qui M’invoque, Je donne à celui qui Me demande et pardonne à celui qui Me demande le pardon ». [1]

Il existe deux opinions des savants concernant cette narration (hadith). On peut ainsi l’interpréter des deux manières suivantes :

1) Sa miséricorde, Son Ordre et les anges descendent  (de même que nous pouvons dire en anglais « le Roi a construit cette ville », c’est à dire qu’il a ordonné que la ville soit construite, bien qu’en réalité ce soit si les ouvriers qui aient fait le travail). [2]

Il a été rapporté de (l’Imam) Malik رضي الله عنه qu’il a interprété (le hadith an-nouzoul) de cette manière. Ainsi, il a dit qu’il s’agit de la descente de Sa miséricorde (la Miséricorde d’Allâh) et (la descente) de Son Ordre ou de Ses Anges, tout comme on dit « Le Roi a fait telle chose » c’est-à-dire que ce sont ses subordonnés qui l’ont fait sur son ordre » [3]

2) C’est une métaphore exprimant Sa douceur envers ceux qui invoquent (c’est-à-dire à cette heure de la nuit) et c’est la réponse qu’Il leur donne. [4]

Ainsi, dans son livre Fath al-Bari [5], l’imam Ibn Hajar al-‘Asqalani رحمه الله a expliquer ce hadith de la manière suivante :

« Quant à sa parole « Yanzilou Rabbouna ‘ila s-Samaa’i d-Dounya », les anthropomorphistes se sont basés dessus pour confirmer une direction à Allah et ils disent que c’est la direction du dessus (al-oulouww) et cela a été renié par les savants (al-joumhour), parce que parler ainsi revient à limiter Allâh, qui est exempt de cela. Puis les gens ont divergé sur le sens de an-nouzoul : certains l’ont pris selon le sens apparent et en réalité, ce sont les anthropomorphistes (al-Mouchabbihah), et Allah est exempt de ce qu’ils disent. Certains ont carrément nié la véracité de tous les hadiths parvenus à ce sujet, ceux-là sont les Khawarij et les Mou’tazilah et ceux-là sont vraiment étonnants parce que d’un côté ils interprètent ce qui est parvenu dans le Qour’an qui est du même ordre, et d’un côté ils renient ce qui est parvenu du hadith soit par ignorance, soit par entêtement.

Certains sont passés sur ces textes comme ils ont été révélés en y croyant dans leur globalité et en exemptant Allah du comment des anthropomorphistes, et ceux-là sont la majorité des savants du Salaf. [Par ailleurs], al-Bayhaqi ainsi que d’autres, ont rapporté des quatre imams, des deux Soufyan, des deux Hammad, de al-Awza’i, de al-Layth, et d’autres, qu’ils ont interprété (ta°wîl) ce texte selon ce qui est digne concernant Allah et qui est utilisé dans la langue des Arabes. Certains autres sont allés tellement loin dans l’interprétation que cela revenait à une sorte de distorsion. Certains autres ont fait la différence entre ce qui est une interprétation « proche » c’est-à-dire utilisée dans la langue des Arabes, et ce qui serait éloigné, et par conséquent, ils ont interprété dans certains cas et ils ont fait le tafwid [laisser le sens à Allah] dans certains cas, et cela a été rapporté de l’imam Malik. Il a été confirmé par Ibn Daqiq al-Id, de parmi les savants de la nouvelle génération, que al-Bayhaqi a dit que la plus saine [de toutes ces voies] est d’y croire sans comment et de passer sous silence ce qui est visé. »

En outre, Ibn Hajar al-`Asqalani رحمه الله, le célèbre commentateur du Sahih al-Bukhari (Fath al-Bari), mentionne une citation de l’imam Baydawi dans laquelle il dit que ce qui est entendu par la « descente » est la lumière de Sa miséricorde et non pas le fait qu’Il se déplace d’un endroit à un autre.

Quant à l’Imam an-Nawawi رحمه الله, voilà ce qu’il dit :

« Ce hadith fait partie des hadiths sur les attributs. Il a suscité deux opinions célèbres parmi les savants, que nous avons détaillées dans le livre de la foi. En résumé, la première opinion est celle de la majorité des savants parmi les pieux anciens et quelques théologiens dogmatiques, qui estiment qu’il faut croire que cette descente est vraie d’après ce qui sied à Allah, sans la comparer, dans son sens apparent, à la descente des créatures.

En outre, ils estiment qu’il ne faut pas essayer de l’interpréter tout en sanctifiant et en purifiant Allah des attributs des humains comme le fait de changer de place, de faire des mouvements et autres caractéristiques humaines.

La deuxième opinion est celle de la majorité des théologiens dogmatiques ainsi que de certains groupes de pieux anciens. Cette opinions est rapportée par Mâlik et El-Azwâ’ï qui estiment que cette descente doit être interprétée d’après ce qui sied a Allah et en fonction de ces lieux.

A la suite de quoi, ils ont interprété ce hadith de deux façons :

La première est celle de Mâlik Ibn ‘Anas et d’autres savants ; elle soutient la miséricorde d’Allah, Son ordre ou Ses anges; c’est comme on dit :

{ Le Diable a fait ceci, lorsque ses suppôts font quelque chose par ses ordres.}

La deuxième est à prendre au sens métaphorique dans un sens métaphorique, et elle signifie se tourner vers ceux qui invoquent avec l’exaucement et la douceur, et Allah et plus savant.

Et sa Parole :

« Cela durera jusqu’à la pointe de l’aurore »; signifie la prolongation du temps de la miséricorde et de la douceur totale jusqu’à ce que pointe l’aurore. Il y a là une incitation à rechercher les invocations et le pardon durant tout le temps mentionné jusqu’à ce que pointe l’aurore. Ce hadith stipule aussi que le dernier tiers de la nuit est le moment le plus propice pour la prière, les invocations et la demande de pardon; il est meilleur que son début. » [6]

L’Imam al-Haramayn رحمه الله a dit dans son épître al-Nizamiyya, en page 20 :

« Celui qui possède un iota de raison n’a aucun doute sur le fait que le changement, le déplacement et le mouvement sont parmi les attributs des corps. »

L’Imam Al-Qurtubi رحمه الله a dit que le hadith est élucidé par ce qui est rapporté par an-Nasa’i dans ses Sunan al-Kubra et dans ‘Amal al-Yawm wa al-Layla selon lequel le Prophète ﷺ a dit :

« Allah attend jusqu’à ce que la première partie de la nuit soit terminée, alors Il ordonne à un héraut (munadiyan) de dire : Est-ce qu’il y a quelqu’un invoquant de sorte qu’une réponse puisse lui être apportée, quelqu’un qui demande pardon afin qu’il puisse lui être pardonné, tout requérant afin que sa demande puisse être satisfaite? »  [7]

La narration cité plus haut est confirmée par le hadith de `Uthman ibn Abi al-`As al-Thaqafi qui rapporte du Prophète ﷺ qu’il a dit :

« Les portes du ciel sont ouvertes au milieu de la nuit et un héraut appelle : Est-ce qu’il y a quelqu’un qui invoque de sorte qu’une réponse puisse lui être apportée? Est-ce qu’il y a quelqu’un qui demande de sorte qu’il puisse lui être accordé? Est-ce qu’il ya quelqu’un d’affligé de sorte qu’il puisse être délivré? A ce moment, il n’y a pas un Musulman qui invoque, sans qu’Allâh lui réponde, à l’exception de la femme adultère qui court après son plaisir et son compagnon intime. » [8]

L’Imam Abu al-Walid al-Baji رحمه الله a stipulé dans son commentaire du Muwatta  de l’Imam Malik :

« Si le Prophète ﷺ dit que notre Seigneur Exalté descend chaque nuit au ciel le plus proche c’est dans le but de nous informer qu’une réponse est apportée à la supplication formulée à ce moment particulier, les demandeurs se voient dotés de ce qu’ils demandent, et ceux qui demandent le pardon sont pardonnés. Cela nous averti quant au grand mérite de ce moment-là et nous encourage à faire des invocations abondante, des demandes, et à se repentir et demander pardon à ce moment. […] »

L’Imam Ibn al-`Arabi al-Maliki رحمه الله a déclaré :

« Il est rapporté que les innovateurs ont rejeté ces hadiths, les Salafs les ont transmis tels qu’ils sont venus, et d’autres les ont interprétés, et ma position est la dernière. La parole : «Il descend » se réfère à Ses actes, et non pas Son essence. En effet, c’est une expression pour Ses anges qui descendent avec Son ordre et Son interdiction. Et tout comme la descente peut se rapporter au corps, elle peut également se rapporter à des idées ou des notions spirituelles (ma`ani). Si l’on prend le hadith pour se référer à un phénomène physique, alors la descente correspondrait à l’attribut de l’ange envoyé pour exécuter un ordre. Si on le prend pour se référer à un événement spirituel, il cela correspondrait à : Il n’a pas agi, puis Il a agi : ce serait appelé une descente d’un grade à un autre, et c’est un sens arabe authentique. »

Le grand Imam de la ‘Aqida du Salaf Abu Mansur al-Maturidi (رضي الله عنه  m. 333) a dit :

« Suggérer un endroit pour Allah est de l’idolâtrie. » [9]

L’auteur d’Ash-Shifa, Al-Qadi `Iyad رحمه الله a dit :

« Ce qui est signifié par Sa descente est l’approche de Sa Miséricorde, l’augmentation de Sa bonté envers Ses serviteurs, et l’acceptation de leur repentir, comme il est de coutume pour les rois généreux et les Seigneurs cléments quand ils s’approchent près d’une personne en souffrance, d’un nécessiteux, et d’un faible. » [10]

Enfin, on peut citer l’Imam Ibn Al-Jawzi رحمه الله, le grand spécialiste des chaînes de transmission du hadith (Hafidh), l’exégète (Moufassir), le grand savant de l’école Hanbalite qui a dit dans son livre « Saydou l-Khatir » :

« Tu trouves des gens qui entendent les nouvelles concernant les attributs [de Allah] et qui leur donnent le sens physique, comme certains qui déclarent que Allah descend au ciel ou qu’Il se déplace. Ceci est une mauvaise compréhension car celui qui se déplace, se déplace d’un endroit à un autre et cela implique que l’espace soit plus grand que lui, cela implique aussi le mouvement alors que tout cela est impossible au sujet de Allah (Al-Haqq) ‘azza wa jall ».

Qu’Allâh nous accorde une bonne croyance, une bonne compréhension, et qu’Il nous préserve de Lui attribuer ce qui ne sied pas à Sa Majesté.

Et Allâh est plus savant.

 

Notes :

Réf : Sheykh Faraz Rabbani et de Sheykh Gibril Fouad Haddad, etc.

[1] Sahih al-Bukhari, Hadith Qudsi
[2] Sheykh Faraz Rabbani
[3] Rapporté par le Sheykh Az-Zourqani Al-Misri Al-Azhari Al-Maliki, dans son commentaire d’al-Mouwatta
[4] Ibn Hajar al-`Asqalani dans Fath al-Bari Sharh Sahih al-Bukhari et Nawawi dans Sharh Sahih Muslim
[5] Fath al-Bari, volume 3, p. 23 – Scan dispo ICI
[6] Réf : Somme de Hadith Qudsi avec les commentaires d’Ibn Hajjar Al-‘Asqalani et d’an-Nawawi, Ed. Iqra
[7] D’après Abu Sa`id al-Khudri et Abu Hurayra par al-Nasa’i dans al-Sunan al-Kubra (6:124 #10316) et `Amal al-Yawm wa al-Layla (ed. Faruq Hammada p. 340 #482). Al-Qari l’a déclaré authentique dans Mirqat al-Mafatih (1994 ed. 3:299).
[8] Narré par al-Bazzar, Kashf al-Asrar (4:44); at-Tabarani, al-Kabir (9:51). Al-Haythami l’a déclaré authentique dans Majma` al-Zawa’id (10:209). Egalement  rapport – avec une chaine faible – par Ahmad dans son Musnad
[9] Cité dans le Kitab al-Fiqh al-Akbar bi Sharh al-Qari d’Abu Hanifa (Caire: Dar al-Kutub al-`Arabiyya al-Kubra, 1327/1909) p. 16; cf. al-Maturidi, Sharh al-Fiqh al-Akbar in Majmu`a Rasa’il (Hyderabad: Matba`at Majlis Da’irat al- Ma`arif al-Nizamiyya, 1903).
[10] Al-Qari, Mirqat al-Mafatih (1892 ed. 2:136-137, 1994 ed. 3:298-301).]

° Le statut de l’Imam Abou Hanifa dans le Hadith [1]

 

Hanifa

 

 

Nous sommes aujourd’hui à une époque où l’Islam est attaqué de partout, que ce soit par des non-Musulmans ou que ce soit par des groupes qui se réclament de notre Religion. Le nom des Salafs (Pieux Prédécesseurs) est sali par un groupe prétendant les suivre à la lettre et trompant les gens par des slogans aguicheurs mensongers comme celui-ci : « l’Islam ( le Qour’an et la Sunnah) selon compréhension des pieux Prédécesseurs ». Un des leaders de ce groupe, sheykh Al-Albani (RA) a soutenu et propagé l’information erronée selon laquelle le grand Imam du Salaf, Abou Hanifa (RA) ne serait pas un narrateur fiable dans la transmission du Hadith. Insha Allâh, nous allons démontrer par cet article qu’il n’en est rien.

Ayant vécu à une époque où des Sahabas étaient encore en vie, l’Imam Abu Hanifah (80-150 H) fait partie de la génération des Tabi’in. Il a d’ailleurs vu Anas ibn Malik (mort en 93 H), même s’il n’est pas authentique qu’il ait rapporté d’après lui ou d’après tout autre Sahabi. L’Imam as-Suyûtî mentionne, dans Tabyid as-Sahifah [2] que Ibn Hajar al-‘Asqalani a dit : « Ibn Sa’d a rapporté avec une chaine (Sanad) dans laquelle il n’y a pas de détérioration que Abou Hanifah a vu Anas ». Ibn Hajar poursuit en mentionnant que ceci distingue Abu Hanifah de tous les autres Imams des principales villes de ses contemporains comme al-Awza’i, Hammad ibn Zayd, Hammad ibn Salamah, at-Thawri, Malik, Muslim ibn Khalid and al-Layth ibn Sa’d.

L’autorité de l’Imam Abu Hanifah [radhia Allâhou ‘anhou] dans la Jurisprudence (Fiqh) est acceptée par tous au sein de Ahl us-Sunnah, à la fois par ses partisans que par ses détracteurs. Cependant, certains insistent encore en jetant le doute sur sa fiabilité dans la narration des hadiths. L’Imam Abu Hanifah n’a pas rapporté un grand nombre de hadiths car sa préoccupation était le Fiqh et l’enregistrement de ses masa’il [3], mais sa dépendance à l’égard des hadiths et athars ressort de manière évidente de ses avis et en ce sens il fait partie des mukthirin – c’est-à-dire de ceux ayant rapporté de grandes quantités de hadith [4].

Al-Khatib al-Baghdadi a rapporté dans son Tarikh Baghdad [5] avec une chaîne de narration authentique [dans laquelle tous les rapporteurs, al-Khallal, al-Hariri, an-Nakha’i et Muhammad ibn Isma’il al-Farisi sont thiqat (dignes de confiance)] à partir de Makki ibn Ibrahim (126-214 H), qui rapporte de Abu Hanifah et qui est l’un des plus vieux Sheykhs de l’Imam Bukhari et qui rapporte les six célèbres collections de hadith. Il est décrit par Ibn Hajar comme un « thiqah thabt » dans al-Taqrib, ce qui est un des plus hauts niveaux de fiabilité. Il a déclaré à propos de Abu Hanifah : « Il était le plus savant des gens de son temps ». (kana a’lama Ahli zamanihi) « La Science » (al-‘ilm) à ce moment-là était la connaissance du Qour’an et de la Sunnah, cela démontre que Abu Hanifah avait une vaste connaissance des hadiths, mais sa préoccupation n’était pas de rapporter. L’Imam ad-Dhahabi a écrit : « La logique, la dialectique et la philosophie des anciens n’existaient pas, par Allâh, ceci ne faisait pas partie des sciences des Sahabah, des Tabi’in , de al-Awza‘i, d’at-Thawri, de Malik et de Abu Hanifah. Plutôt, leurs sciences étaient le Qour’an et le Hadith. » [6]

La fiabilité de l’Imam Abu Hanifah dans la narration des hadiths a été transmise par ces cinq Imams de la science de al-Jarh wa l-Ta’dil (la critique et l’éloge) :

1. Abu Dawud as-Sijistani (202-275 H), l’auteur des Sunan Abu ‘Umar ibn’ Abd al-Barr (368-463 H) rapporte ce qui suit [7] :

‘Abd Allâh ibn Muhammad ibn ‘Abd al-Mu’min ibn Yahya (al-Qurtubi), qu’Allâh lui fasse Miséricorde, nous a raconté que : Abu Bakr Muhammad ibn Bakr ibn ‘Abd ar-Razzaq, connu sous le nom de Ibn Dasah, nous a raconté : « J’ai entendu Abu Dawud Sulayman ibn al-Ash‘ath ibn Ishaq as-Sijistani, qu’Allâh lui fasse Miséricorde, dire : « qu’Allâh fasse Miséricorde à Malik , il était un Imam. Qu’Allâh fasse Miséricorde à ash-Shafi’i, il était un Imam. Qu’Allâh fasse Miséricorde à Abu Hanifah, il était un Imam ».

‘Abd Allâh ibn Muhammad ibn ‘Abd al-Mu’min al-Qurtoubi est fiable (Saduq) tel que mentionné dans Lisan al-Mizan (4:587), qui indique également qu’il « fait partie des plus anciens sheykhs d’Abou Omar (Ibn ‘Abd al-Barr) ». Ibn Dasah (m. 346) est digne de confiance (thiqah) et c’est un rapporteur des Sunan de Abu Dawud as-Sijistani (Siyar A‘lam al-Nubala). La chaîne de transmission est donc bonne (hassan).

Le terme « Imam » a des significations différentes, mais quand il est utilisé dans le contexte de la science du hadith et de la critique du rapporteur, il équivaut à « digne de confiance » (thiqah) et « argument » (hujjah) et « solide » (thabt) , tel que mentionné par as-Sakhawi dans son Sharh Alfiyyat al-‘Iraqi [8]. Al-Hafiz Ibn Hajar al-‘Asqalani donne également le statut de « Imam » à Abu Hanifah lorsqu’il note sa fiabilité dans Taqrib al-Tahdhib, indiquant que ce terme est suffisant pour établir la fiabilité.

2. Ali ibn ‘Abd Allâh al-Madini (161-235 H), le grand Imam d’Al-Jarh wa l-Ta’dil

Muhammad ibn al-Husayn ibn Ahmad ibn al-Husayn Abu l-Fath al-Azdi al-Mawsili (M. 374) a mentionné dans son livre al-Du’afa , « ‘Ali ibn al-Madini a dit : At-Thawri , Ibn al-Moubarak, Hammad ibn Zayd, Hushaym, Waki ‘ ibn al-Jarrah, ‘ Abbad ibn al-‘Awam et Ja’far ibn Awn ont rapportés d’après Abou Hanifah. Il est digne de confiance (thiqah) , il n’y a aucun mal (risque) en lui. » [9]

Abu l-Fath al-Azdi l’a rapporté sans chaîne, mais sa manière de rapporter (utilisant le sighat al-jazm – une manière de procéder de type « Il a dit ») indique que selon lui, il est authentique.

3. Shu’bah ibn al-Hajjaj (85-160 H), le créateur de la science d’Al-Jarh wa l-Ta’dil

Ibn ‘Abd al-Barr a rapporté via Hakam ibn al-Mundhir via Abu Ya’qub Yusuf ibn Ahmad ibn Yusuf Ibn al-Dakhil d’après Ahmad ibn al-Hasan al-Hafiz via ‘Abd Allâh ibn Ahmad ibn Ibrahim al-Dawraqi : Yahya ibn Ma’in a été interrogé sur Abu Hanifah tandis que j’écoutais. Il a dit : « [Il est] digne de confiance (thiqah), je n’ai entendu personne affaiblir (son statut). Voici Shu’bah ibn al-Hajjaj, lui écrivant et lui conseillant de rapporter. Et Shu’bah est Shu’bah ! » [10]

Ad-Dawraqi est digne de confiance (thiqah) selon ad-Daraqoutni et fiable (Saduq) selon Ibn Abi Hatim [11]. Le reste des narrateurs est connu comme étant des Huffaz et des Muhaddithin mais leur fiabilité est inconnue. Ce récit est donc soit faible (da’if) soit bon (hassan), selon les principes utilisés.

Shu’bah ibn al-Hajjaj ne rapporterait de personne d’autre que de narrateurs dignes de confiance, donc si la narration citées ci-dessus est bonne, cela reviendrait à déclarer, selon Shu’bah, que Abu Hanifah est digne de confiance.

4. Yahya ibn Ma’in (158-233 H), le grand savant d’al-Jarh wa l-Ta’dil

Ahmad ibn Muhammad ibn al-Qasim ibn Muhriz, un étudiant d’Ibn Ma’in, a rapporté dans sa transmission de Ma’rifat al-Rijal d’Ibn Ma’in de Yahya ibn Ma’in qu’il a dit : « Abou Hanifah, il n’y avait pas de mal en lui. » Et il a dit une fois : « Abou Hanifah faisait partie, selon nous, des gens intègres. Il n’a pas été accusé de mensonge. Ibn Hubayrah l’a frappé après qu’il ait refusé le poste de juge et il a refusé d’être juge » [12]

La fiabilité de Ibn Muhriz est inconnue (il est majhul al-hal), mais ses récits d’après Ibn Ma’in sur les rapporteurs de hadiths ont généralement été acceptés par les savants du Rijal, et cette transmission de lui est corroborée par d’autres narrations (mentionné ci-dessous). Il est bien connu que la déclaration d’Ibn Ma’in « il n’y avait pas de mal en lui. » est équivalente à sa déclaration « digne de confiance » (thiqah), tel que mentionné dans Tadrib al-Rawi. Ce récit prouve par conséquent que l’imam Abou Hanifah est digne de confiance selon Ibn Ma’in.

Al-Khatib al-Baghdadi rapporte : (Abu l-Hasan Muhammad ibn Ahmad ibn Muhammad ibn Ahmad) ibn Rizq (325-412) nous a raconté : Ahmad ibn ‘Ali ibn ‘Umar ibn Hubaysh al-Razi nous a raconté : J’ai entendu Ahmad ibn Muhammad ibn ‘Isam (m. 313) dire : J’ai entendu Muhammad ibn Saad al-‘Awfi dire : J’ai entendu Yahya ibn Ma’in dire : « Abou Hanifah était digne de confiance. Il ne narrait pas un hadith s’il ne l’avait pas mémorisé et il n’aurait pas narré ce qu’il n’avait pas mémorisé ».

Ibn Rizq est digne de confiance selon al-Khatib et al-Barqani. Ahmad ibn Ali ibn ‘Umar ibn Hubaysh est digne de confiance [13]. La fiabilité de Ahmad ibn Muhammad ibn ‘Isam est inconnue. Il est mentionné dans Tarikh Asbahan d’Abou Nou’aym. Muhammad ibn Sa’d al-‘Awfi est faible (layyin) selon al-Khatib , mais selon ad-Daraqoutni : « il n’y avait pas de mal en lui. » La narration est donc faible (da’if) ou bonne (hassan), mais plus probablement bonne comme cela est soutenu par des avis similaires de Ibn Ma’in comme les deux narrations mentionnées ci-dessus.

Hafiz al-Mizzi (654-742), le professeur d’ad-Dhahabi, écrit dans l’ introduction de son ouvrage majeur sur les narrateurs (Tahdhib al-Kamal) : « Là où nous n’avons pas parlé de la chaîne de transmission entre nous et son locuteur : c’est là où il y a la certitude (sighat al-jazm) [c’est-à-dire là où il utilise le mode actif, comme « il a dit », « il a rapporté »], c’est donc lorsque nous n’avons pas constaté de problème dans la chaîne de transmission depuis le locuteur auquel il est relié, quant à ceux que vous trouverez sous la forme d’ incertitude (sighat al- tamrid) [c’est-à-dire en utilisant la forme passive, comme « il a été dit », « il a été rapporté »], alors c’est qu’il y a probablement un problème dans la chaîne de transmission jusqu’à son locateur … » [14]

Dans Tahdhib al-Kamal, sa biographie de Abu Hanifah, il mentionne les deux narrations citées plus haut, sans isnad, et aussi une troisième : « Salih ibn Muhammad al-Asadi al-Hafiz a dit : J’ai entendu Yahya ibn Ma’in dire : « Abu Hanifah était digne de confiance dans le hadith. » [15] Salih ibn Muhammad ibn ‘Amr ibn Habib al-Asadi  (m. 293) est digne de confiance comme le mentionne ad-Daraqoutni , al-Khatib et d’autres [16]. Par conséquent, cette narration est authentique selon al-Mizzi.

Il existe d’autres récits d’Ibn Ma’in déclarant Abu Hanifah digne de confiance, comme mentionné dans Tarikh Baghdad, mais ils contiennent des faiblesses (dans les chaines).

Sur la base de ces quatre récits susmentionnés (d’après de ad-Dawraqi , Ibn Muhriz, Salih ibn Muhammad al-Asadi et al-‘Awfi), les savants ultérieurs ont accepté que l’opinion préservée (Mahfuz) de Yahya ibn Ma’in est qu’Abu Hanifah est digne de confiance. Cela ressort clairement de la relation des seules trois narrations précitées par al-Mizzi dans son Tahdhib al-Kamal, suivi par ad-Dhahabi dans son Siyar et par al-‘Asqalani dans Tahdhib al-Tahdhib. Dr. Bashshar Awwad mentionne également dans ses notes de bas de page de Tarikh Baghdad que l’opinion préservée (Mahfuz) de Yahya ibn Ma’in est que Abou Hanifah est digne de confiance. Aucun des savants ultérieurs comme Mizzi, ad-Dhahabi et al-‘Asqalani n’a mentionné une quelconque critique d’Ibn Ma’in à propos d’Abou Hanifah, indiquant ainsi qu’ils avaient pour croyance que la critique formulée à son encontre est inauthentique ou peu fiable.

Il y a cependant une narration avec une chaîne authentique de Ibn Ma’in, comme rapporté par ‘Adi , dans son Kamil fi Du’afa al-Rijal de ‘Ali ibn Ahmad ibn Sulayman (227-317) qui est thiqah (digne de confiance) selon Ibn Yunus (Siyar A’lam al-Nubala) d’après Ahmad ibn Sa’d ibn Abi Maryam (m. 253) qui est Saduq (fiable) selon Ibn Hajar dans al-Taqrib : « J’ai demandé à Yahya ibn Ma’in (son avis) à propos de Abu Hanifah et il a déclaré : « Ses hadiths ne sont pas écrits. » Ce récit se trouve également dans Tarikh Bagdad. Critiquer cette narration en raison de (la présence de) Ahmad ibn Sa’d ibn Abi Maryam comme l’a fait l’imam al-Kawthari dans son Ta’nib al-Khatib est incorrect, comme il ressort des notices biographiques sur Ahmad ibn Sa’d ibn Abi Maryam. De le même façon que l’expression « Ses hadiths ne sont pas écrits » n’indique pas nécessairement une faiblesse selon l’usage d’Ibn Ma’in ; si cela est accepté comme un affaiblissement (tad’if), cela entrerait en contradiction avec les narrations plus fiables et plus nombreuses mentionnées ci-dessus, et serait donc (considéré) comme shâdhdh (une anomalie) et donc rejeté par rapport aux récits mahfuz de Ibn Ma’in. Il y a une autre narration racontée dans Tarikh Baghdad [17] d’après Ibn Ma’in qui a dit que (le statut de) Abu Hanifah  « a été affaibli » mais que cela est sans aucun doute fabriqué en raison d’un narrateur particulier dans la chaîne (Uthman ibn Muhammad ibn Abi Shaybah).

5. Abu ‘Abd Allah al-Hakim al-Naysaburi (321-405 H), l’auteur d’al-Moustadrak

Abu ‘Abd Allah al-Hakim al-Naysaburi, l’un des premiers à écrire sur le sujet de « Ulum al-Hadith », a écrit dans son ouvrage fondamental Ma’rifatu ‘Ulum al-Hadith [18] que, « Ce type de science est la connaissance des imams bien connus  et dignes de confiance (al-a’immat al-thiqat al-mashhurin) appartenant aux Tabi’in et à leurs successeurs [c’est-à-dire les deuxième et troisième générations] de ceux dont les hadiths sont collectés pour la mémorisation, la révision et la recherche de bénédiction à travers eux. Nous allons les énumérer, de l’est à l’ouest. » (P. 642) Dans sa liste des « fameux imams digne de confiance » de Kufa, il a mentionné « Abu Hanifah al-Nu’man ibn Thabit al-Taymi » (p. 649).

En bref, il est donc établi à partir de Yahya ibn Ma’in, Abu Dawud as-Sijistani et de al-Hakim qu’ils considéraient Abu Hanifah comme étant digne de confiance et fiable dans la narration de hadith. La narration de Shu’bah n’est pas aussi fortement établie, tandis que la narration de Ibn al-Madini est bonne selon Abû al-Fath al-Azdi. Une fois qu’il est établi par les savants fiables d’al-Jarh wa l-Ta’dil qu’un narrateur est digne de confiance (thiqah) comme c’est le cas ici, toute critique inexpliquée (Jarh mubham) ne sera pas acceptée, sur la base des principes reconnus de cette science. Par conséquent , la déclaration d’al-Boukhari « ils l’ont abandonné » (« sakatu ‘anhu » qui, pour al-Boukhari est équivalent à « tarakuhu »), d’an-Nasa’i « il n’est pas fort » (laysa bi l- Qawi), l’évaluation de Muslim dans son al-Kuna wa l-Asma [19] qu’il est « confus dans hadith » (mudtarib al- hadith) et « Da’if » d’après ad-Daraqoutni ne seront pas acceptées étant donné qu’elles sont inexpliquées. La critique expliquée, mentionnée dans la version imprimée de Mizan al-I’tidal d’ad-Dhahabi dans lequel il est mentionné : « an-Nasa’i et d’autres l’ont affaibli en raison de sa mémoire », est une insertion, ajoutée plus tard par un scribe, comme cela est établi par des éléments (preuves) internes (ad-Dhahabi a dit qu’il n’aurait pas mentionné les biographies des quatre imams de fiqh) et externes ( al-‘ Asqalani ne le mentionne pas dans Lisan al-Mizan , qui est une extension des travaux d’ad-Dhahabi et les premiers manuscrits de Mizan al-I’tidal ne contiennent pas de biographie d’Abu Hanifah ) . Ceci a été détaillé par Abu Ghuddah dans ses notes de al-Raf’ wa l-Takmil.

Ibn Ma’in, en fait, nous fournit aussi une explication de la raison de la critique d’Abou Hanifah faite par d’autres muhaddithun. Ibn ‘ Abd al-Barr rapporte : « ‘Abd ar-Rahman ibn Yahya nous a rapporté : Ahmad ibn Sa’id nous a rapporté : Abu Sa’id ibn al-A’rabi a rapporté : ‘Abbâs ibn Muhammad ad-Duri nous a rapporté : J’ai entendu Yahya ibn Ma’in dire : « Nos compagnons sont allés trop loin dans [leurs préjugés] contre Abu Hanifah et ses compagnons. » On lui a dit : «Abou Hanifah ment-il » Il dit : « Il était plus noble que cela. » [20] L’éditeur Abu al-Ashbal al-Zuhayri a dit : « Son isnad est sahih. » Cela indique que les muhaddithun avaient un parti pris contre Abu Hanifah et ses élèves en raison de ce qu’ils ont perçu comme l’émission excessive de décisions fondées sur l’opinion, donc il convient de prendre leur critique avec précaution. Hafiz Ibn ‘Abd al-Barr (d. 463 H) a écrit : « Ceux qui ont rapporté d’après Abou Hanifah , et l’ont déclaré digne de confiance, et on fait son éloge , sont plus nombreux que ceux qui le critiquaient , et ceux qui le critiquaient parmi les savants du hadith, l’ont fait pour la plupart pour son immersion dans l’opinion juridique, l’analogie et l’Irja’ [et ces critiques sont incorrectes]. » [21]

La critique expliquée (Jarh mufassar) a cependant la préséance sur l’accréditation (ta’dil).

Certains savants d’al-Jarh wa l-Ta’dil ont expliqué leur critique d’Abou Hanifah. Ibn Abu Dawud (230-316) a dit, comme cela est rapporté par al-Khatib [22] que Abou Hanifah rapporta 150 hadiths et se trompa sur la moitié d’entre eux. Cependant, on sait qu’il y a eu des personnes qui ont fabriqué des narrations avec des chaînes passant par Abu Hanifah, et c’est probablement ces récits que ces savants ont critiqués. Ceci est connu pour avoir été le cas avec Ibn ‘Adi qui a rapporté des narrations de Abu Hanifah à travers Abba ibn Ja‘far al-Najirami qui était actif dans le troisième siècle de l’Hégire et qui rapportait des hadiths fabriqués à travers Abu Hanifah [23]. Beaucoup de ses faux hadiths sont inclus dans le Musnad Abi Hanifah de Abu Muhammad al-Harithi (257-340). Al-Najirami est probablement la raison pour laquelle Ibn Abi Dawud a pensé que Abu Hanifah a commis des erreurs et s’est embrouillé dans ses narrations. En outre, il existe une question concernant l’intégrité de Ibn Abi Dawud lui-même, comme mentionné dans Lisan al-Mizan.

Il existe, cependant, une autre narration de Ibn al-Madini comme rapporté par al-Khatib dans Tarikh Baghdad (15:581) : ‘Ali ibn Muhammad (ibn al- Hasan) al-Maliki m’a informé : ‘Abd Allah ibn ‘Uthman as-Saffar nous a rapporté : Muhammad ibn ‘Imran as-Sayrafi nous a rapporté : ‘Abd Allah ibn ‘Ali ibn ‘Abd Allah al-Madini nous a raconté : « J’ai questionné mon père concernant Abu Hanifah , le champion de l’opinion, et il l’a gravement affaibli et a dit : « S’il était en face de moi, je ne le questionnerai sur rien. Il a relaté cinquante hadiths avec erreur. » Il s’agit d’une critique expliquée, l’affaiblissement étant dû à des erreurs trouvées dans ses narrations. Tous les narrateurs sont dignes de confiance, en plus de sheykh al-Khatib, Ali ibn Muhammad ibn al-Hasan al-Maliki (350-437 H) qui est fiable (Saduq) tel que mentionné dans Tarikh Baghdad (13:584), et du fils d’Ibn al-Madini dont la fiabilité est inconnue. Cette narration a donc une chaîne discutable. En outre, elle est contredite par la narration mentionnée ci-dessus de Ibn al-Madini selon laquelle Abu Hanifah est digne de confiance dans le hadith. Elle est également contredite par la narration de Yahya ibn Ma’in mentionnée ci-dessus dans lequel il dit : « Je n’ai entendu personne l’affaiblir », et Ibn al-Madini était un contemporain. Cette narration de Ibn al-Madini est donc une offense (munkar) par rapport à son Matn (texte), d’autant que les spécialistes ultérieurs dans le domaine de la critique des narrateurs qui ont eu une connaissance des narrations de hadiths disponibles d’Abu Hanifah dans le Masanid, Kitab al-Athar et dans d’autres ouvrages, comme les imams al-Mizzi , ad-Dhahabi, Ibn Kathir et Ibn Hajar al-‘Asqalani, n’ont fait que des éloges de lui et l’ont évalués comme étant solide dans le hadith, et s’ils avaient trouvé un grand nombre d’erreurs dans ses hadiths par rapport aux hadiths d’autres narrateurs, ils n’auraient pas fait à son sujet une telle évaluation.

Ce qui précède est une analyse détaillée de la majeure partie de l’information authentique des premiers savants concernant explicitement la fiabilité d’Abu Hanifah dans la narration de hadith. Il y a bien sûr beaucoup d’autres narrations relatives à la piété et à la connaissance de l’Imam Abu Hanifah, et d’autres l’ont critiqué par rapport au fiqh et à religion, mais cela n’a pas beaucoup d’importance quand il s’agit de sa fiabilité dans le hadith. Cependant, de nombreuses preuves concernant la connaissance de Abou Hanifah, son honnêteté et sa mémoire étayent la conclusion qu’il était digne de confiance dans le hadith.

En somme, il est établi qu’Abu Hanifah est digne de confiance selon Yahya ibn Ma’in, Abu Dawud et al-Hakim, et probablement selon Shu’bah ibn al-Hajjaj et Ibn al-Madini, par conséquent la critique ambiguë de certaines muhaddithun ne sera pas acceptée sur la base du principe selon lequel une critique inexpliquée est rejetée à la lumière de l’accréditation, alors que les déclarations authentiques de Ibn Abi Dawud et Ibn ‘ Adi expliquant la critique de Abu Hanifah sur ces [prétendues] erreurs peuvent être expliquées par les fabrications délibérées contre Abu Hanifah qui circulaient à cette période. Il ne fait aucun doute que les grands savants prémodernes ultérieurs, ceux qui ont eu un accès complet à toutes les sources primaires et les ont utilisées dans leurs travaux, comme al-Mizzi (dans Tahdhib al-Kamal), ad-Dhahabi (dans Siyar A’lam an-Nubala et Tadhkirat al-Huffaz ) et al-‘Asqalani (dans Tahdhib at-Tahdhib), ont tous accepté Abu Hanifah comme étant digne de confiance dans le hadith, en se fondant sur une analyse complète des preuves. Il doit donc être admis que Abou Hanifah était digne de confiance dans la narration de hadith. Les détracteurs modernes de Abu Hanifah, comme al-Albani, ont déterré des déclarations critiquant Abu Hanifah après que la oumma se soit mise d’accord pour les rejeter et sans avoir aucune connaissance apparente des principes d’al-Jarh wa l-Ta’dil. Ces gens présentent ces déclarations comme étant une preuve concluante que Abu Hanifah était faible dans la narration de hadith. Si on analyse cette affaire de manière rigoureuse et scientifique, en tenant compte de tous les éléments de preuves et des principes énoncés par les savants d’al-Jarh wa l-Ta’dil, sans prendre parti en faveur d’Abou Hanifah ou contre lui, il apparait clairement qu’il était un transmetteur fiable de hadith.

Notes du traducteur :

[1] Article réalisé à partir des travaux du Muhaddith Pakistanais, ‘Abd ar-Rashid an-Nu’mani, pouvant être trouvés en arabe et parfois en anglais (extraits).
[2] Mahmud Muhammad Mahmud Hasan Nassar ed. p. 34
[3] Règles Juridiques
[4] Voir Abu Hanifah wa Ashabuhu l-Muhaddithun, pp. 19-23
[5] Dr. Bashshar ‘Awwad Ma’ruf ed. 15:473
[6] Tadhkirat al-Huffaz, 1:192
[7] Dans son al-Intiqa fi Fada’il al-A’immati l-Thalathat al-Fuqaha (Abd al-Fattah Abu Ghuddah ed. pp. 66-67)
[8] Dans a-Raf’ wa l-Takmil, p. 75-6
[9] Cité dans par Ibn ‘Abd al-Barr dans Jami‘ Bayan al-‘Ilm wa Fadlih, Abu al-Ashbal al-Zuhayri ed., p. 1083
[10] Al-Intiqa fi Fada’il al-A’immat al-Thalathat al-Fuqaha, p. 197
[11] Misbah al-Arib 2:133
[12] Ma’rifat al-Rijal, Muhammad Kamil al-Qassar ed., vol. 1, no. 230; et al-Khatib avec une chaine dans Tarikh Baghdad 15:580
[13] Tarikh Baghdad 5:510
[14] Tahdhib al-Kamal, Bashshar ‘Awwad Ma‘ruf ed., 1:153
[15] Tahdhib al-Kamal 29:424
[16] Misbah al-Arib , 2:93
[17] Tarikh Bagdad 15:581
[18] Dans « écrit 49 des Sciences du Hadith », p. 642
[19] N° 963 ed. ‘Abd al-Rahim Muhammad Ahmad al-Qashqari
[20] Jami‘ Bayan al-‘Ilm wa Fadlih, Abu al-Ashbal al-Zuhayri ed., p. 1081
[21] Jami‘ Bayan al-‘Ilm wa Fadlih, cité dans les notes d’al-Intiqa’ fi Fada’il al-A’immat al-Thalathah, p. 185
[22] Tarikh Bagdad 15:576
[23] Lisan al-Mizan 1:231