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Sayddina Ali vs Les Faux Monnayeurs

Billet

 

 

Un jour, Sayddina ‘Ali (‘alayhi as-salaam) se trouva confronté à un groupe qui refusait l’enseignement des gens (as-Sahabas). Ils disaient : « Nous on ne prend pas des gens, on prend directement du Qour’an et de la Sunnah. Tu es une personne et nous on préfère laisser parler le Qour’an (et la Sunnah), nous sommes Ahl ul-Qou’ran ! ».

Sayddina ‘Ali était pourtant l’élève et le Compagnon du Prophète Muhammad ﷺ depuis qu’il était un très jeune enfant, mais ces gens dirent : « Non, non, non, nous suivons le Qour’an ». (Aujourd’hui, des gens similaires disent : nous suivons uniquement le Qour’an et la Sunnah (ce qui signifie Boukhari en général).

A notre époque, nous retrouvons des gens avec cette même mentalité, comme les Kharijites, et ce type de groupe existera jusqu’à ce que Dajjal vienne. Et ces gens feront partie de ceux qui le suivront et il agira comme eux, en combattant les croyants, en tuant les Musulmans, ce genre de choses. Dajjal sera un humain, un leader, et il aura des personnes qui le suivront et parmi eux beaucoup de Juifs et de Musulmans, parmi ceux qui ont ce type de mentalité.

Sayddina ‘Ali leur dit alors : « Ok, voici le Qour’an (et les Hadiths) ». A l’époque, le Sahih de Boukhari n’existait pas, mais il est clair qu’aujourd’hui, Saydinna ‘Ali aurait placé le Qour’an et Boukhari devant lui. Sayddina ‘Ali se trouvait donc d’un côté et eux se trouvaient de l’autre, avec le Qour’an entre eux. Sayddina ‘Ali leur dit alors : « Laissons-le Qour’an parler, laissons-le décider qui est sur la vérité. » Puis il leur demanda : « Qui va décider ? ». Ils répondirent : « Le Qour’an (ou le Hadith). »

Sayddina ‘Ali plaça sont doigt sur le Qour’an et dit : « Ô Qour’an, parle ! Qui est sur la vérité? Eux, ou moi ? ». (Aujourd’hui il placerait assurément un doigt de son autre main sur al-Boukhari, demandant également : « Ô Boukhari, parle ! Qui est sur la vérité? Eux, ou moi ? »).

Le groupe de gens regardait Sayddina ‘Ali et ils dirent : « Nous pensons que …  », Sayddina ‘Ali les stoppa net et dit : « Shuuuut, vous avez dit que le Qour’an (et la Sunnah) allait parler, pourquoi parlez-vous ? Taisons-nous et écoutons ce que le Qour’an à nous dire… ».

Ils restèrent assis en silence, regardants le Qour’an puis se regardant les uns et les autres.

Sayddina ‘Ali leur dit alors : : « Et bien … j’attends… votre idéologie est celle-ci ! Et si quelqu’un à finalement à parler et doit s’exprimer sur l’interprétation du Qour’an et de la Sunnah, alors qui est plus savant ? Moi qui ait appris directement auprès du Prophète Muhammad pendant des années et des années, ou vous ? ».

Le groupe de gens demeurait assis là et Sayddina ‘Ali ne les laissa pas parler, il leur dit : « Si vous voulez revenir à la compréhension, alors référez-vous aux Compagnons qui eux connaissent tout cela bien mieux que vous. Si vous voulez comprendre le Qou’an (et la Sunnah), c’est aux Sahabas qu’il faut demander ».

Aujourd’hui, nous rencontrons des gens avec cette même mentalité, ils disent : « Oh, nous suivons le Qour’an, nous suivons le Hadith », alors qu’en vérité ils suivent leur propre mentalité et leur propre compréhension du Qour’an et des Hadiths.

Les Musulmans bien guidés, ceux qui font partie d’Ahl as-Sunnah wa l-Jama’a, suivent la compréhension de Saydinna Rassoul Allâh (salallâhou ‘alayhi wassalaam), cette compréhension qu’il a transféré aux Compagnons et que les Compagnons ont ensuite transférée aux grands Imams (Abou Hanifa, Malik, Shafé’i, Ahmad ibn Hanbal, Ibn Sirin…) qui l’ont à leur tour transférée à d’autres savants, qui l’ont ensuite transférée à d’autres savants, etc. jusqu’à ce que cette compréhension nous atteigne aujourd’hui. C’est cela la compréhension.

Comme nous l’enseigne Allâh dans son Livre, as-Siraat al-Mustaqeem (le droit/bon chemin) ne se trouve pas dans les livres, il se trouve dans le cœur et l’esprit de ceux qui ont reçu ce savoir. Allâh ta’ala dit : « Sirata allatheena an’amta ‘alayhim », ce qui signifie « Le chemin de ceux que Tu as comblés de faveurs », c’est-à-dire le chemin des Prophètes, des Véridiques, des (vrais) Martyrs, des Pieux, des Awliyas et des ‘Ulamas qui ont reçus ces sciences et cette compréhension via cette chaîne de transmission.

Les gens qui aujourd’hui piochent dans le Qour’an et dans les livres de Hadiths et disent : « Nous suivons uniquement le Qour’an et la Sunnah » n’ont en vérité aucune garantie à donner qu’il s’agit de la compréhension du Prophète Muhammad ou de celle des Compagnons. Ils ne suivent en réalité que leur propre compréhension de ces textes et celle-ci peut venir du nafs ou de Shaytan.

Voilà la raison pour laquelle nous devons suivre la compréhension d’un Imam (Abou Hanifa, Malik, Shafé’i, Ahmad ibn Hanbal). Voilà la raison pour laquelle nous devons suivre l’une des quatre grandes écoles.

Il y a un Hadith qui est connu, mais surtout très mal compris et qui requiert une attention toute particulière. Lorsque le Messager d’Allâh ﷺ a dit qu’il allait y avoir un groupe qui allait aller au Paradis et que les autres 71 ou 72 allaient aller en enfer, les Compagnons demandèrent : « Quel est ce groupe Ô Rassoul Allâh ? » Le Prophète Muhammad ﷺ ne leur a pas répondu : « Celui qui suit le Qour’an et le Hadith », parce que tous suivent le Qour’an et le Hadith et le Prophète ﷺ sait aussi très bien que toutes les sectes proclameront suivre le Qour’an et le Hadith (la Sunnah). Il répondit : « Le groupe sauvé est celui qui suivra ce sur quoi Moi et mes Compagnons sommes ». On voit donc que c’est leur personnalité et leur compréhension qui est visée et ceux qui suivent cela font partie du groupe sauvé qui ira au Paradis. Cette compréhension a été transmise au travers du temps, de savants à savants, d’esprits à esprits et de cœurs à cœurs et ce jusqu’à nos jours et ceux qui aujourd’hui prétendent posséder cette compréhension sans même l’avoir reçue de savants qui s’inscrivent dans cette lignée sont des menteurs et des falsificateurs.

Le groupe bien guidé est nommé « Ahl as-Sunnah wa l-Jama’a ».

* Sunnah renvoi à la compréhension du Qour’an du Prophète et

* Jama’a renvoi à la compréhension des Compagnons du Hadith.

C’est à partir de ce Hadith (relatif aux groupes) que cette appellation a été créée.

C’est très bien de nous montrer via le Sahih de Boukhari que tel Hadith remonte au Prophète Muhammad ﷺ, mais montrez-nous également que la compréhension de ce Hadith que vous nous donnez remonte aussi Prophète Muhammad. Possédez-vous cette compréhension ou n’avez-vous que le livre en votre possession ? S’ils possèdent cette chaîne de transmission alors qu’ils nous la donnent : Untel Sheykh nous a rapporté de son Sheykh qui rapporte de son Sheykh qui rapporte de ses shuyukhs… qui rapportent que le Messager d’Allâh ou que les Compagnons ont expliqué telle ou telle chose de la manière suivante. Si la personne n’en est pas capable alors elle peut prétendre suivre si ou cela, en vérité elle ne suit que les livres. Clamer « suivre le Kitab et la Sunnah » est un magnifique Slogan, mais il n’est pas possible de suivre le Kitab et la Sunnah sans la compréhension des Compagnons et sans la compréhension d’un Imam.

Si as-Siraat al-Mustaqeem pouvait être expliqué juste à partir des livres alors il n’y aurait pas eu besoin qu’un Messager soit envoyé. C’est la raison pour laquelle saydunna Abd al-Qadir al-Jilaniyy (rahimahouLlâh) a dit : « Le Kalam des ‘Ulamas, le Kalam des Awliyas est comme le Jus du Qour’an et de la Sunnah », ce qui signifie qu’ils en extraient l’essence et vous l’offrent. Autrement, le Qour’an et le Hadith constituent une Science brute qui est ouverte à la mauvaise compréhension, à la mauvaise interprétation et à l’égarement. Seuls les étudiants des Sahabas possèdent cette connaissance et si vous n’avez pas de liens (chaines) avec eux vous n’avez aucune garantie que vous êtes sur as-Siraat al-Mustaqeem.

Imaginiez qu’on vous donne un faux billet, il a beau ressembler au vrai billet, si son origine ne remonte pas au gouvernement officiel qui l’a imprimé, alors ce n’est rien d’autre qu’une contre façon sans valeur, une tromperie.

C’est la même chose pour les autres livres. Une personne n’a pas le droit de dire « Abd al-Qadir al-Jilaniyy a dit ceci » et faire le commentaire de sa parole alors qu’elle ne possède pas une chaîne qui remonte à Abd al-Qadir al-Jilaniyy concernant ce livre et la compréhension de ce livre.

De la même manière, il y a aujourd’hui des gens qui se prétendent Qadiriyy ou qui se prétendent Naqhsbandiyy, ou Shadhili, etc. qui se disent Soufis, qui se disent « spirituels » mais qui ne suivent pas la Sunnah. Ces gens jouent de la musique ou ce genre de choses. Et si on leur demande « Pouvez-vous relier cette pratique ? » Ils peuvent vous donner quelques noms sur quelques générations et après cela ils ne pourront pas aller plus loin, car il n’existe pas de chaines concernant ce type de pratiques.

C’est pourquoi Allâh continue la Fatiha en disant : « ghayri almaghdoobi ‘alayhim wa la ad-dalin », ce qui signifie : « non pas (le chemin) de ceux qui ont encouru Ta colère, ni des égarés », c’est-à-dire ceux qui malgré tout suivent autre chose que la voie authentique du Messager d’Allâh.

* Maghdoobi renvoi à ceux qui ont la connaissance, mais qui ne la pratiquent pas. Ils savent que le Messager d’Allâh ﷺ et ses Compagnons sont sur la vérité, mais ils ne la suivent pas.

* Wa la ad-dalin renvoi à ceux qui pratiquent, mais qui n’ont pas une science correcte alors ils se sont égarés. Le daaaaaaaaaaaaa (mad) de dalin, montre qu’ils sont partis loiiiiiiiiiiiiiin de la vérité. [1]

Qu’Allâh nous compte parmi ceux qu’Il a favorisés par as-Siraat al-Mustaqeem.

 

Notes :

Article basé sur un Dars de Shaykh Ahmed Dabbagh (hafidhahuLlâh)

[1] Dans des exégèses on trouve que Maghdoobi renvoi aux Juifs, tandis que Wa la ad-dalin renvoi au Chrétiens. Ceci est également vrai, mais il existe plusieurs degrés de compréhension.

Falsification de la Ghunya de Sheykh Abd al-Qadir al-Jilani

 

~ Collection : les erreurs dans la ‘Aqida ~

 

 

 

 

BismiLlâhi ar-Rahmani ar-Rahiim,

Voici la version originale de la Ghunya At-Talibeen du grand Sheykh, Mawlana ‘Abd al-Qadir al-Jilani (rahimahuLlâh), en page 392, publiée par Tameer Insaniyat (Pakistan).

Les manuscrits et les éditions imprimées parlent de VINGT RAK’AT DE TARAWEEH

 

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Maintenant, observez cette version Salafi de l’ouvrage :

-> Ghuniya At-Talibeen , page 591, publiée par la Maktaba Saudiya , Hadith Manzil, Pakistan (maison d’édition Salafi).

 

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Ceux qui ont publiés ce livre ont fabriqués cela et ont publiés une version tronquée de la Ghuniya At-Talibeen qui contient 11 rakats de Taraweeh incluant trois Rakat de witr. Autrement dit, ces frères wahhabites changent la version originale et déclarent à la place que le nombre de rakats de Taraweeh est de huit! [8 (tarawih) + 3 (witr)], ce qui correspond à leur opinion habituelle sur la question.

Donc, si un auteur important n’est pas de leur avis, ce n’est pas un problème pour ces gens, il leur suffit simplement de re-sortir le livre dans une nouvelle édition après avoir modifié (falsifié) ce qui ne va pas dans leur sens.

Ces basses méthodes de falsifications ne sont aucunement conformes à l’éthique Musulmane et reflètent bien l’esprit sectaire de gens qui n’hésitent pas à tromper les Musulmans pour arriver à leurs fins.

Qu’Allâh nous préserve des falsificateurs.

Wa Allâhou a’alam.

 

La Doctrine du Faucon gris
[al-Bâz al-Ashab]


Par l’imam Muhyi ad-Dîn ‘Abd al-Qâdir al-Jîlânî

 

 

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Au nom d’Allâh, le Tout-Miséricordieux, le Très -Miséricordieux.La louange est à Allâh qui a modalisé le comment et s’est exalté au-dessus de la modalité.Il localisa le lieu et se rendit inaccessible à la localisation.

Il est trouvé en toute chose, mais échappe par Sa Sainteté à toute circonstance de temps et de lieu.

Il est présent auprès de toute chose tout en s’élevant au-dessus du fait « d’être-avec » (‘indiyya).

Il est le commencement de toute chose, mais ne connaît pas de fin.

Si tu demandes « où ? », tu Le cherches dans le lieu.

Si tu demandes : « comment ? », tu Le cherches dans la modalité.

Si tu demandes : « quand ? », tu Le renfermes dans la temporalité.

Si tu affirmes « Il n’y a pas », tu Le prives de l’être.

Si tu dis « si », tu Lui renvoies l’imperfection.

Si tu demandes « pourquoi », tu t’opposes à Lui dans Sa Puissance royale.

Gloire à Lui et exalté soit-Il.

Il ne peut être devancé par une antériorité, ni être rattrapé par quelque chose d’ultérieur, ni être à une similitude, ni être rapproché d’une apparence de forme.

Il n’est point abaissé par une complémentarité, ni connu par une corporéité.

Gloire à Lui et exalté soit-Il !

S’Il était une forme (sabah), Il serait connu quantitativement.

S’Il était un corps (jism), Il aurait une constitution composite.

Non, Il est Unique (wahid) contrairement à l’affirmation de ceux qui Lui attribuent un fils (banawiyyah). Il est transcendant (samad) contrairement à ce qu’imaginent les idolâtres. Il n’a pas de similitude (matal) au contraire de ce qu’avancent les insensés. Il n’est point analogue à Sa Parole contrairement à ce que disent les hérétiques qui cherchent à Le décrire.

Rien ne se meut, dans le bien ou le mal, dans le secret ou ouvertement, sur la terre ferme ou dans l’océan, sans Sa Volonté ; contrairement à ce que disent les Qadariyya. Sa Puissance ne peut être égalée, Sa Sagesse n’a pas de limite, ce qui dément les propos des Hadaliyyah.

Ses Droits sont nécessairement respectés et Son Argument est irrésistible. Nul n’a aucun droit sur Lui et ne peux Lui demander des comptes, lorsqu’Il interroge, en dépit du credo des Nizaimiyyah. Il est Juste et ne peut être injuste dans Ses Décrets. Il est Véridique, ne contredit jamais Ses Déclarations. Il parle par un discours éternel. Il n’y a pas de créateur de Sa Parole.

Il a révélé le Qur’ân, stupéfiant les maîtres de l’éloquence par son agencement ; balayant les arguments des Murâdiyyah.

Notre Seigneur couvre les défauts et pardonne les péchés de celui qui se repent. Et si quelqu’un retourne à son péché, après le repentir, les péchés du passé ne seront pas pris en compte, par commisération pour l’être humain.

Il est loin de toute falsification et trop saint pour être injuste.

Nous professons qu’Il accorde entre eux les coeurs des croyants et qu’Il égare les mécréants, en opposition à la croyance des Hachimiyyah.

Nous reconnaissons que les libertins de cette communauté sont meilleurs que les Juifs, les Chrétiens et les Zoroastriens en réponse aux Ja’fariyyah.

Nous reconnaissons qu’Il se voit lui-même comme Il voit autrui, qu’Il entend tout appel, qu’Il est conscient de toute chose cachée, en opposition aux Ka’biyyah.

Il a créé ses créatures dans la meilleure nature immaculée (fitra) puis les a projetées, en toute indépendance, dans la ténèbre du gouffre. Il les ramènera à leur premier état, contrairement à la croyance des Dahriyyah.

Lorsqu’Il les réunira pour le Jour du Jugement, Il se manifestera à Ses amis qui le verront par la vue physique comme l’on voit la lune. Il ne sera pas voilé, sauf de ceux qui nient la possibilité de cette vision comme les Mu’tazilites.

Comment pourrait-Il se voiler à Ses amis ou les garder devant son voile, alors que Ses Promesses éternelles de la rencontre ont déjà été proclamées toujours : « Ô toi âme pacifiée, retourne à ton Seigneur satisfaite et agréée » [1]

Penses-tu que dans le Paradis tu te contenteras des houris ? ou des parures de soie ?

Comment le fou de Layla (Majnûn Laylà) pourrait-il être heureux sans Layla al-‘Amiriyya » ? Comment les amoureux pourraient-ils trouver le repos sans le souffle des arômes ambrés (venant de Sa Présence) ? Comment des corps liquéfiés par la réalisation de la « ‘ubudiyya » (servitude) pourraient-ils ne pas connaître le bonheur de s’asseoir dans Sa Proximité (‘indya) ? Comment ceux qui veillèrent les nuits opaques (passées dans Son souvenir) ne jouiraient-ils pas de Sa contemplation apaisante ? Comment des coeurs ayant savouré le lait de l’Amour (divin) pourraient-ils ne pas boire le vin seigneurial ? Comment des esprits, ayant connu la prison des corps sensibles, ne se repentiraient-ils pas dans les jardins sacro-saints, pour se repaître dans ces champs sublimes et boire aux sources qui étanchent toute soif ? Ils y parviennent au terme de leur intense nostalgie et trouvent l’explication de leur plainte. Le Juge des amoureux se dresse alors ouvertement et tranche la question.

Lors de la rencontre de leur Seigneur, c’est Lui qui commence par leur adresser la salutation. Il leur ordonne d’entrer dans les Paradis de l’Eden.

Mais ils s’y refusent et ils jurent qu’ils ne désirent pas regarder un autre que Lui, ni avoir une autre intention. Ils n’acceptent rien des mondes créés. Leurs demandes ne sont pas orientées vers le bas. Ils n’ont quitté les jouissances de cette vie que pour atteindre cette union sublime. Que l’échanson qui fait circuler le vin leur serve un verre dont la Pureté découle de Sa pureté. Boisson bienheureuse !

Et si (la coupe) s’éloigne des convives, elle revient tous les matins et soirs, augmentant leur nostalgie des lumières de Son Apparition radieuse.

Par Ta Vérité ! l’oeil auquel Tu ne montres pas Ta Splendeur, est malheureux. Tu as anéanti par Ta Beauté tous les amoureux. Au nom de la Passion que l’on éprouve pour toi, sois prévenant avec tes sujets ! Des coeurs se liquéfient littéralement par nostalgie pour toi et la passion n’en laisse rien subsister.

Si je goûte, mais sans avoir encore atteint mon but, je n’oublie pas la recommandation de ta passion Je n’ai jamais désespéré, ô mon Dieu, même lors de la perdition, que Ta Bienveillance n’efface ma faute.

Comment pourrait-il y avoir refus (de Sa part), ô mes frères, alors que dans les moments qui précèdent l’aube il y a des instants seigneuriaux, des allusions célestes et des parfums angéliques ?

La preuve de la véracité de l’affaire gît dans les chants des oiseaux, avec leurs mélodies « davidiennes » [2] ; dans le bruissement de l’eau dans les jardins, dans la danse des branches des arbres, revêtues de leurs parures Paradisiaques. Tout cela n’est que soumission et reconnaissance de son Unicité (wahdâniyya).

Ô gens de l’amour ! Le Vrai se manifeste (tajallà) au moment de l’aube (suhur). Il appelle : « Y a-t-il des repentants pour que je leur accorde un repentir agrée ? Y a-t-il quelqu’un qui demande Mon Pardon, pour que Je lui remette tous ses péchés ? Y a-t-il quelqu’un qui cherche l’obtention de bienfaits, pour que Je lui en prodigue avec abondance ? ».

Les esprits, lorsqu’ils retrouvent leur pureté, irradient Sa Joie. Ils deviennent indifférents aux divers états et tout malheur leur est facile à supporter.

Assurément, l’odeur exhalée par leurs larmes est toute parfumée ; et par leur patience face à certaines séparations, ils ont mérité de rejoindre les degrés élevés. Leurs propos sont certifiés auprès des diverses catégories d’amoureux et fidèlement rapportés avec leurs chaînes de transmission, d’une génération à l’autre. Ils demeurent en paix, leurs affaires sont accomplies sans demandes de leur part. Le cadeau du Vrai (hubb) s’avère évident.

Quels beaux chemins empruntés [à la suite d’hommes véridiques] et quelle sublime doctrine, fondée sur les principes des écoles hanafite, châfi’ite, mâlikite et hanbalite.

Qu’Allah nous protège de tous ceux qui « ont divisé » (farraqu) et se sont donc écartés [de l’orthodoxie] (maraqu) aussi rapidement qu’une flèche quitte l’arc. Puisse Allâh nous compter tous aux nombres de ceux qui possèdent de hautes salles construites au-dessus d’eux !

Qu’Allah déverse Sa Grâce sur notre seigneur Muhammad (salallâhou ‘alayhi wassalaam) la plus noble des créatures, et sur sa famille et ses compagnons. Qu’Il les privilégie de la plus auguste salutation. qu’Il les salue d’un salut abondant, perpétuellement renouvelé chaque soir et matin.

Et la louange est à Allah, le Seigneur des Mondes.

Notes :

[1] Qur’ân, sourate n°8, verset 28.

[2] Mélodies « Davidiennes », c’est à dire: qui rappellent les merveilleux chants du prophète Dâwûd (David) – ‘Alayhi salam.

De l’Epreuve

 

Par l’imam Muhyi ad-Dîn ‘Abd Al-Qâdir al-Jîlânî

 
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Lorsque le serviteur rencontre une épreuve, il commence par vouloir la surmonter par ses propres forces. S’il n’y parvient pas, il cherche alors l’aide des créatures: les sultans, les hommes du pouvoir, les gens de ce bas monde, les riches, ou bien les médecins lorsqu’il s’agit de maladies.

Et si cette tentative ne résout toujours rien, alors il se tourne vers son Seigneur par la prière de demande, l’humble supplique et la louange.

Ainsi, tant qu’il se sent capable de triompher par lui-même des obstacles, il ne se tourne pas vers les créatures ; et tant qu’il trouve assistance auprès d’autrui, il ne s’oriente pas vers le Créateur. Mais après cette dernière tentative, même s’il ne trouve pas de réponse auprès du Créateur, voilà qu’il se jette à Ses pieds dans un abandon total. Il persiste dans la demande et la louange, reconnaissant pleinement son impuissance et son indigence, avec à la fois, crainte et espoir.

A ce moment là, le Créateur lui ôte la force même d’implorer, refuse de lui répondre, afin de l’amener finalement à se détacher de toutes les causes secondes et moyens habituels. Lorsque ce renoncement est accompli, le Créateur exécute Son Décret et manifeste Son Acte en lui. Le serviteur s’anéantit par rapport à tous les moyens et mouvements propres et demeure comme un pur Esprit (ruh). Il ne voit rien d’autre que l’Acte d’Allâh atteint la certitude dans le Tawhid [1]; attestant qu’il n’ y a nécessairement point d’agent, en réalité, sinon Allâh. Point d’incitateurs au mouvement ou au repos, point de mal ni de bien, ni de préjudice ni de bienfait, ni de don ni de refus, ni d’ouverture ni de fermeture, ni de mort ni de vie, ni d’honneur ni d’humiliation, qui ne soient dans la Main (le Pouvoir) d’Allâh. Il devient alors par rapport au destin comme le nourrisson entre les mains de la nourrice ou comme le mort entre les mains du laveur de morts, ou encore comme la balle sous les coups du maillet du joueur de Polo.

Il se trouve retourné, déplacé, modifié, démuni de toute cause motrice que celle-ci soit sienne ou provienne d’autrui. Absent de lui-même, il est entièrement englouti dans l’Acte de Son Seigneur (Mawlâ). Il ne perçoit plus que Son Maître et Son Acte, ne reconnaissant nul autre dans tout ce qu’il voit, entend ou connaît.

Ce sont Ses paroles qu’il entend. C’est par Sa science qu’il sait, par Son Bienfait qu’il se délecte, par Sa
proximité qu’il est heureux, par Son rapprochement qu’il s’embellit et s’ennoblit. Par Sa Promesse il est apaisé et rassuré. Par Son discours, sa solitude se dissipe. De tout autre que Lui, il se désintéresse, et éprouve répulsion. Il se réfugie avec assurance dans Son Evocation d’Allâh (Dhikr) [2]. En Lui seul, il place sa confiance et à Lui seul il s’en remet totalement. Il s’éclaire à la lumière de Sa connaissance, et s’en revêt comme d’un habit. Il découvre les merveilles Ses sciences et est élevé à la dignité propre à la connaisance des secrets de Ses décrets.

C’est à partir de Lui qu’il entend et prend conscience; puis il loue et remercie pour ce privilège et adresse des prières (dou’a) [3].

Notes :

[1] Tawhid : C’est à dire l’Unicité d’Allâh.

[2] Dhikr : Le rappel, l’évocation, la mention d’Allâh ou tout propos annoncé par la langue et le coeur et qui glorifie Allâh, Le loue, Lui rend l’hommage, l’éloge et Lui accorde toutes les qualités de perfection, de Majesté et de Beauté.

[3] Dou’a : C’est à dire l’invocation, distincte de la prière canonique (as-salat), et comportant des demandes pour soi et/ou d’autres.