Sunnisme.com

L’Islam encourage-t-il le Mariage ou le célibat

 

 

 

Règle : Le mariage ne porte nullement ombrage à l’ascèse (az-zuhd) [1]

 

– Explication –

Le mariage fait l’objet d’un accord unanime (‘ijma) du point de vue de la Loi et de la coutume. C’est une pratique bien établie et il s’agit d’un signe de perfection et de sincère virilité pour l’homme.

Allâh dit dans la Qour’an : « Parmi Ses signes est qu’Il a créé pour vous à partir de vous-même des épouses afin que vous trouviez auprès d’elles le calme (quiétude) et le gîte et qu’Il a établi entre vous des liens de tendresse (affection) et de miséricorde. Il y a en cela des signes certains pour des gens qui méditent » [2]

La mariage est par ailleurs une recommandation Prophétique, une incitation à multiplier sa descendance. Selon le Messager d’Allâh ﷺ, celui qui en a les moyens est incité à se marier pour protéger ses parties intimes (des péchés) et cela aide à baisser son regard.

L’argument le plus solide, c’est l’exemple Prophétique : se marier est la Sunnah de l’envoyé du Seigneur des Mondes ﷺ. Le Messager d’Allâh ﷺ a d’ailleurs eu plusieurs épouses et en tant qu’exemple pour l’Humanité, si cela avait été nuisible il ne se serait pas marié, le nombre de ses épouses aurait été inférieur et il nous l’aurait déconseillé ou interdit.

De même, les plus ascètes des hommes parmi les Compagnons et compagnonnes et ceux qui leur ont succédé se sont mariés sans que cela ne leur nuise (au contraire), et parfois avec plusieurs épouses. D’ailleurs, certains auraient détesté rencontrer Allâh en tant que célibataires. Il est à noter également que lorsqu’une femme devenaient veuve, il était fréquent qu’elle se remarie.

Le célibat fut déconseillé, bien qu’il puisse renfermer une répression (positive) du désir et qu’il puisse être une marque de retenue (pour celui qui en fait le choix et qui est capable de cela). De grands rapprochés d’Allâh furent célibataires non mariés, comme saydinna ‘Issa عليه السلام, ou les Imams an-Nawawi ou ibn Taymiyyah الله يرحمهم. Parmi les femmes, on peut citer saydda Maryam (‘alayha salaam). Si l’ascèse de ces grands personnages ne souffre d’aucun doute, cela ne signifie pas pour autant que s’ils avaient été mariés cela aurait nui à leur état. Il est d’ailleurs rapporté que saydinna ‘Issa عليه السلام se mariera lors de son retour sur terre et il est certain que son rang auprès d’Allâh n’en sera nullement affecté de manière négative.

Cela dit, si cette capacité de retenue est louable, le Prophète Muhammad ﷺ est d’un rang encore plus élevé que n’importe quel autre créature et il possédait d’ailleurs lui aussi cette capacité de retenue et ce au plus haut niveau, mais malgré cela, le nombre élevé de ses épouses n’a nui en rien à son rang ou à son adoration d’Allâh. Au contraire, cela l’a renforcé, car il protégeait ses épouses, assurait leurs droits, œuvrait pour elles et s’employait à les guider et à les diriger. Son intérêt pour ses épouses ne se limitait pas au seul plaisir mondain et temporaire, mais il touchait aussi à l’aspect intellectuel et spirituel.

Pour ce qui est du célibat et de l’ascèse, on a observé dans d’autres religions, ce que cela peut donner comme dégâts et conséquences désastreuses chez ceux qui revendiquent assumer cette abstinence, sans en avoir la force spirituelle, se retrouvant ainsi confrontés à leurs propres limites.

Un jour, trois Compagnons رضي الله عنهم se présentèrent un jour auprès des épouses du Prophète ﷺ pour les interroger quant à sa vie privée en disant : « Comment le Prophète vivait-il ? » Alors qu’elles racontaient des éléments de sa vie privée, l’un d’entre eux déclara : « Quant à moi, je n’épouse pas les femmes » (prétendant observer le célibat). Le deuxième déclara : « Quant à moi, je prie et je ne dors pas » et le troisième déclara : « Quant à moi je jeûne et je ne mange pas ». Ayant pris connaissance de leurs propos), le Prophète ﷺ loua Allâh, fit Son éloge, et dit : « Je connais Allâh mieux que vous, je le crains plus que vous, mais la nuit, je prie et je dors, le jour, je jeûne et je mange, et j’épouse les femmes. Celui qui se détourne alors de ma tradition (Sunnah) n’est pas des miens ». [3]

Croire qu’il est nécessaire de sacrifier une vie de famille pour arriver à être un bon Musulman ou un ascète accompli est faux et va à l’encontre de la Sunnah. Cette conception du sacrifice selon laquelle il faut tout abandonner (et donc le mariage) est une erreur, c’est un moyen par lequel Shaytan souhaite nous éloigner d’Allâh. Abandonner son travail, sa famille, sa maison, etc. n’est pas suffisant pour atteindre la proximité d’Allâh. L’ascétisme (az-zuhd) consiste à détacher son cœur de la douniya et non à détacher son corps extérieur de la douniya (bas-monde). L’ascétisme ce n’est pas se placer hors du monde, c’est placer le monde en dehors de soi. En Islam, la vie monastique [4] n’existe pas. Un Musulman peut effectuer des retraites spirituelles ponctuelles, mais pas s’isoler de manière permanente. S’éloigner de ce monde n’est pas une solution, on peut devenir un Waliy (ami – rapproché) d’Allâh tout en restant là où on habite, tout en continuant à travailler, tout en aillant une famille. On n’a pas besoin d’abandonner les gens (sa femme, ses enfants, ses parents, etc.) ni leur droit pour se rapprocher d’Allâh Ta’ala, au contraire en remplissant ses obligations, on effectue ce sacrifice et on se rapproche d’Allâh. C’est l’attachement, l’obéissance et la force relationnelle que l’on a avec Allâh qui détermine la proximité avec Lui et pas seulement l’adoration extérieure et solitaire (prière, jeûne…). De plus, c’est dans nos relations aux autres que nous sommes testés, donc il serait vain de vouloir atteindre cette proximité en s’isolant.

Enfin, il n’est pas nécessaire que son époux/se soit un(e) « saint(e) » pour cheminer vers Allâh. Certains Awliyas sont arrivés à des niveaux très élevés justement grâce au bon comportement dont ils ont fait preuve à l’égard d’épouses (ou d’époux) qui étaient parfois difficilement supportables [5]. Le Prophète ﷺ, qui fut le plus grand de tous les ascètes, n’a-t-il pas dit ﷺ : « Le croyant qui a la foi la plus complète est celui qui a le meilleur caractère et le meilleur d’entre vous est celui qui traite le mieux son épouse. » ? [6] Nous apprenons de ce hadith que le bon traitement envers sa femme, son mari et sa famille compte parmi les actes les plus aimés d’Allâh et de Son Messager ﷺ.

Se marier est donc une Sunnah importante et bénéfique, qui fut plébiscitée par le Messager d’Allâh ﷺ pour le bien être physique et spirituel des croyant(e)s.

Et Allâh est plus savant.

 

Notes :  

[1] Al-Qadiyy ‘Iyad dans ash-Shifa’
[2] Qour’an, s30, v21
[3] Al-Bukhârî & Muslim
[4] Relative aux moines qui quittent tout et vivent cloîtrés, parfois dans le silence, le célibat et la solitude, pour se consacrer exclusivement aux activités religieuses.
[5] A ce propos, lire notre article sur la colère, dans lequel des exemples sont cités
[6] At-Thirmidhi, selon Abou Houreyra

Existe-t-il un moyen pour une femme Musulmane d’épouser un non-Musulman?

 

Ustadha Zaynab Ansari Abdul-Razacq

 

 

mariage_musulman

 

 

Question :

Je suis actuellement intéressé par un homme qui n’est pas Musulman et avec qui je voudrais me marier. En grandissant, j’éprouve des difficultés à trouver un homme Musulman que je puisse aimer, en raison de leur manque de courtoisie, de leur mépris et le leur manque de préoccupation pour la justice sociale. Je me suis convaincue que j’épouserais un homme Musulman pour la seule raison que c’est haram d’épouser un non-Musulman, mais je ne suis pas du tout enthousiaste à ce sujet et préfèrerai ne jamais avoir à me marier de ma vie. Actuellement, je connais un homme non-Musulman à qui je plais, mais il ne pense pas se convertir. Je suis follement amoureuse de lui. Ce n’est pas la première fois que j’éprouve des sentiments pour un non-Musulman et ce même si je suis bien pratiquante et que je porte le hijab. Existe-t-il un moyen dans la religion pour que mon mariage avec un homme non-Musulman soit licite?

 

Réponse :

Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louange à Allâh, Seigneur de l’Univers. Que la paix et les bénédictions d’Allâh descendent sur le Prophète Muhammad, sa famille, ses Compagnons et tous ceux qui les suivent.

Chère Sœur,

Assalamou alaikoum,

Merci pour votre question. Je prie que vous soyez en bonne condition de santé et de foi.

Allâh le Très-Haut dit : « Le croyant serait-il semblable au pervers? Il est certain qu’ils ne sont point égaux. C’est ainsi que ceux qui croient et pratiquent le bien seront accueillis au Paradis du refuge en récompense de leurs œuvres, tandis que les impies auront pour séjour l’Enfer. Et chaque fois qu’ils tenteront d’en sortir, ils y seront ramenés et s’entendront dire : “Subissez le supplice du Feu que vous traitiez jadis de mensonge ! ” » (Coran, 32: 18-20)

Allâh nous dit que nous ne pouvons pas comparer les gens de foi à ceux qui n’en ont pas. Notre foi est un phare. Si nous l’éteignons pour poursuivre quelques gains mondains au détriment de notre demeure céleste, que nous reste-t-il?

De femme à femme, je pense que vous devriez vous demander ce que vous avez intériorisé de votre Islam pour que vous puissiez être attirée par des hommes extérieurs à la foi? Cela vient plutôt de vous que de ces hommes. Vous devriez vous concentrer à renforcer votre foi. Souvenez-vous que nos actes (notamment le port du hijab et les rituels extérieurs de culte) sont vides sans conviction dans la vérité qu’Allâh sait ce qui est le mieux pour nous.

Si vous sentez que vous avez un avenir avec cet homme, vous devriez demander à Allah qu’Il le guide vers l’Islam et qu’Il vous l’accorde comme un conjoint si cela représente un bien pour votre deen (religion) et votre dunya (bas-monde).

Mais vous devez être ferme avec cette personne ; votre foi passe avant tout.

Enfin, vous devez prendre vos distances. Les émotions obscurcissent le jugement. Présentez-le à la communauté Musulmane, puis laissez-le seul.

Qu’Allah vous récompense,

Ustadha Zaynab Ansari Abdul-Razacq

 

© Traduit avec l’autorisation de l’honorable sheykh Faraz Rabbani (qu’Allâh le préserve)

 


Épouser une femme qui a perdu sa virginité

Par Sheykh Ahmad Kutty [1]


 

Couple_Islam

 

 

Question :

Respectables savants, que la paix soit sur vous. J’ai fais la cour à une sœur pendant six mois et je l’ai questionnée sur son passé sexuel. Elle a menti et a dit qu’elle était vierge. La nuit dernière, j’ai parlé avec elle au milieu de la nuit, et elle a admis avoir perdu sa virginité dans une précédente relation avec son petit ami. Maintenant je me sens mal, furieux et trahi. Je suis sûr qu’une certaine confiance a été perdue. J’aime beaucoup cette femme, mais je ne sais pas quoi faire. Avez-vous des conseils à me donner?


Réponse de Sheykh Ahmad Kutty :

Wa ‘alaykoum Salam wa Rahmatullâhi wa barakatuh.
Au nom d’Allâh, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
Tous les éloges et remerciements sont dus à Allâh, et paix et bénédictions sur Son Messager.

Mon frère, nous apprécions vraiment le fait que vous nous ayez envoyé à cette question, et nous applaudissons votre désir de bien connaître les enseignements de l’Islam. Qu’Allâh nous aide tous à rester ferme sur le droit chemin. Amin.

Dans toutes leurs affaires, les hommes comme les femmes doivent respecter les enseignements de l’Islam qui appellent à une coopération sur la base de la bonté et de la piété tout en respectant les règles de la morale et de politesse. Il convient tout d’abord de souligner que les Musulmans, hommes et femmes, doivent observer la haya’ (la réserve ou pudeur) dans toutes leurs correspondances et conversations.

Si elle vous a révélé son passé, alors vous ne devriez jamais divulguer ses secrets à personne. Vous devez déterminer si vous êtes intéressé par un mariage avec elle, ou alors, si vous pensez que son passé désagréable est susceptible de vous hanter dans votre relation conjugale. Il vous reste alors deux choix : soit de l’épouser si vous trouvez qu’elle est devenue chaste et s’est repentie de son passé, soit de rester loin d’elle tout en ne divulguant pas son secret.

Si par « faire la cour » vous voulez dire que vous êtes sorti avec elle dans le sens ordinaire du mot tel qu’il est utilisé et pratiqué dans cette société, alors certainement nous ne sommes pas autorisés à faire cela, car dans l’islam il n’est pas permis de s’isoler avec un membre du sexe opposé (à l’exception de ceux avec qui nous sommes étroitement liés par le sang ou par le mariage), il ne nous est pas permis de céder librement et sans distinction au mélange et à la mixité avec les membres du sexe opposé.

Le Prophète (salallahou ‘alayhi wassalaam) a dit :  » Quand un homme et une femme s’isolent, ils sont rejoints par un troisième compagnon (qui leur chuchotent des suggestions malveillantes) [2]. » Il est donc indispensable à un croyant d’éviter de telles situations.

Allâh nous à prescrit, non seulement de complètement nous abstenir de la fornication, mais aussi de rester loin d’elle autant que faire ce peut. C’est parce que la nature humaine est perfide, car le mal est pétrie avec elle de telle façon que seul celui qui est aidé par Allâh peut être protégé contre les chuchotements néfastes de l’âme charnelle. C’est par Son infinie miséricorde qu’Allâh nous a mis en garde contre notre propre nature, de sorte que nous ne nous retrouvions pas entraînés dans la perdition. Pour cette raison, selon les règles de la jurisprudence Islamique, ce qui conduit à l’interdit (haram) est également considéré comme interdit.

Par conséquent, puisque sortir avec quelqu’un conduit au péché, cela est considéré comme interdit. Si, par ailleurs, par « faire la cour » vous voulez dire apprendre à connaître une femme dans le but d’un mariage, alors cela est autorisé, lorsque c’est fait dans les limites de l’éthique Islamique : tant que vous évitez les choses que nous avons mentionnées plus haut, et aussi longtemps que votre contact avec elle n’implique pas l’isolement interdit ou l’intimité.

Si donc, au cours de vos conversations avec elle, cette dernière vous révèle sa vie passée, vous êtes alors face à deux choix: soit la quitter et ne jamais divulguer ses secrets à quelqu’un d’autre, soit, si vous êtes raisonnablement sûr qu’elle a des remords et s’est repentie, couvrir ses fautes et l’aider à préserver sa chasteté par le biais d’un mariage légal avec elle. Après tout, l’Islam nous enseigne qu’une personne qui s’est repentie d’un péché est comme celle qui n’a jamais péché.

Toutefois, si vous avez du mal à vous résoudre à lui pardonner, et que vous avez une forte suspicion que son passé déplaisant est susceptible de vous hanter dans votre relation conjugale, vous avez alors intérêt à la quitter plus tôt que plus tard. Clôturez le chapitre avec elle et ne divulguez jamais à personne quoi que ce soit de ses secrets à propos de cette affaire.

Qu’Allâh nous aide tous à rester chastes. Qu’Il couvre nos fautes et nous lave de tous nos péchés, à la fois extérieurs et intérieurs, majeurs et mineurs. Amin.

 

Notes du traducteur :

[1] La biographie du Sheykh est disponible ici : Biographie de sheykh Ahmad Kutty

[2] Il s’agit de Shaytan – maudit soit-il –