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Le présent inestimable

– S’éduquer et s’apaiser pour trouver l’équilibre dans son foyer –
 
 

بسم الله الرحمن الرحيم

Se remettre en question n’est pas souvent plaisant et pourtant cela peut ouvrir les portes d’une vie bien plus belle. C’est vrai, cela demande du travail, un engagement sincère et constant, une grande motivation. Cependant, n’est-ce pas la raison de notre présence sur cette terre ? Nous sommes extrêmement reconnaissants envers Allah de nous avoir fait entrer dans cette famille de l’islam et de nous avoir donné cette chance d’explorer nos problèmes et nos traumatismes sous le jour du test à passer. Il y a des circonstances que nous ne choisissons pas, dont nous nous empresserions volontiers de nous débarrasser comme d’une braise dans la main, mais elles sont là. Elles sont là pour nous pousser à changer nos habitudes, prendre responsabilité, demander de l’aide et avancer en maturité et en sagesse. Profitons de de ce mois sacré pour explorer trois sujets très importants qui sont le mariage, les enfants et le divorce, car toute perte, changement ou évènement sont des invitations à réfléchir.

C’est sounna de se marier. Néanmoins, cela ne veut pas dire que lorsqu’untel veut se marier, il est capable de le faire. Nous sommes malheureusement issus de sociétés malades, fatiguées et en mal d’amour – au Moyen-Orient également, même si la famille et l’environnement sont un peu plus protégés – ce qui a des répercussions désastreuses dans nos foyers. Beaucoup ne sont pas aptes à vivre en couple, et le nier, c’est foncer droit dans le mur et reproduire son passé dans le présent, voir son mariage se décomposer, se remarier et revivre la même histoire sans jamais comprendre que le problème est en nous et que la situation ne s’améliorera pas tant que nous ne ferons pas face à notre Histoire. Peut-on s’exprimer avec calme et empathie si étant enfant on n’a vu que cri et colère ? Il faut se reprogrammer à travers des thérapies, des cours psychoéducatifs, des groupes sociaux ou autres. 

Le mariage n’est pas une question d’âge ! L’âge n’a en réalité rien avoir là-dedans, mais c’est plutôt l’intelligence et l’équilibre émotionnel qui aideront au succès de celui-ci. Les divorces ne cessent d’augmenter partout dans le monde, ils sont incroyablement élevés, même en Jordanie et ailleurs. Pour quelles raisons ? Le manque de préparation comme il est mentionné plus haut, mais aussi cette utopie dans laquelle beaucoup de gens vivent pensant que le mariage doit être parfait ; que si l’attirance, la passion ainsi que la connexion physique et émotionnelle diminuent, et bien il faut s’arrêter là. Seulement la réalité est tout autre. Le mariage demande travail et tolérance ! Le « tout, tout de suite » de nos sociétés ne nous aide pas à comprendre ce point. Rien n’est parfait dans les relations avec autrui et tout demande patience quelles que soient l’époque et la culture. « Les relations mènent au chemin spirituel ultime, parce qu’elles nous posent constamment le défi d’aimer et d’accepter dans les situations dans lesquelles nous sommes plus enclins à fuir et rejeter. Pour cette raison plus que toutes, les relations sont l’endroit où notre spiritualité apparaît clairement. Vous pouvez en dire plus sur la véritable spiritualité d’une personne par la façon dont il ou elle traite sa (son) partenaire que par sa présence à l’église. » [1] Prendre la décision de s’engager à la hâte, sans vraiment réfléchir ou pour faire plaisir à autrui peut engendrer un autre plus grand problème : avoir des enfants en sous-estimant la responsabilité et les conséquences.

Avoir des enfants est une excellente chose en islam, cependant personne n’est obligé d’avoir des enfants (même toute sa vie) et encore moins d’en avoir neuf mois pile après le mariage. Ne mélangeons pas culture et religion. Nous ne nous connaissons pas avant le mariage. Certes, nous avons parlé et nous nous sommes mis d’accord sur de nombreux points de la vie familiale, mais il nous reste à découvrir la personne en face. Alors pourquoi se précipiter ? C’est vrai que cela marche pour certaines personnes, néanmoins il n’y a absolument rien de mal à profiter du mariage à deux, se connaître, apprendre à s’aimer et à s’accepter avant de passer à l’étape suivante. Les enfants ne nous appartiennent pas. Ils nous ont été confié par Allah et c’est notre devoir d’en prendre soin. Un enfant a tous les droits de naître dans un environnement sain où règnent l’amour et la paix. C’est une des pires injustices de ce monde que de commencer sa vie et la plus importante phase de l’existence au sein de gens qui ne sont pas psychologiquement ou émotionnellement stables. Toute sa vie cet enfant va payer les conséquences désastreuses du manque de patience et de discernement de ses parents. Plus tard il aura aussi des problèmes relationnels, il aura à briser le cercle de ce qui lui est arrivé et s’il ne le fait pas sa descendance continuera à souffrir comme il a souffert et ainsi de suite. Cela lui prendra beaucoup de temps pour se reconstruire et trouver un équilibre avec l’aide d’un professionnel. Cet article n’est bien sûr pas réservé qu’aux jeunes. On apprend à tout âge et il y a de fortes chances que si une personne a toujours des relations difficiles avec ses enfants, son époux (se), des membres de sa famille ou qu’elle a vécu plusieurs divorces, qu’il y a des problèmes en elle qu’elle n’a pas réglés. Le temps seul n’arrange rien. Allah nous mettra toujours dans la même situation pour nous montrer que le test n’a pas été passé, même si le traumatisme a eu lieu vingt ans ou quarante ans auparavant. Nous voulons rejoindre Allah dans les meilleures conditions, c’est notre plus noble intention. Nous avons à notre charge la génération suivante et leur donner du bien c’est donner de l’amour au monde, leur donner de la douleur c’est être responsable du mal-être de l’humanité. 

Le divorce était courant chez les Compagnons رضي الله عنهم, et les histoires de couple de certains d’entre eux n’étaient pas des contes de fées, ce qui est une source d’enseignement pour nous. L’imam as-Sakhaoui  رحمه الله mentionne bien dans son encyclopédie des grands érudits et érudites, ad-Daw al-Lami’, de l’Égypte du quinzième siècle, les chaykahte qui étaient mariées, veuves ou divorcées, et le dernier cas revient assez fréquemment. Ils avaient des problèmes comme nous en avons. Néanmoins, le divorce reste le moyen de dernier recours quelles que soient l’époque et la société. Lorsque l’on se marie, l’intention est de construire une vie à deux, ce qui veut dire accepter que l’on ne soit pas toujours en accord avec ce qui a lieu. Une fois encore, il ne faut pas avoir peur de consulter l’aide de professionnels et cerner le problème. Le mariage n’est pas facile, mais abandonner trop vite peut avoir des conséquences émotionnelles et physiologiques graves dans le futur surtout si l’on vient à regretter son choix. Oui, bien sûr, nous croyons tous au destin, mais comme nous le savons également nous avons un libre-arbitre et chaque action a une répercussion. Il est étonnant que dans des situations où le musulman a la possibilité d’agir il prétend s’en remettre complètement à Allah sans rien faire, hors ce n’est pas la signification du tawakkoul. Il y a des gens qui essayeront des dizaines voire des centaines de fois d’atteindre le succès dans un emploi, un projet, une entreprise, etc. mais lorsque l’on parle de mariage, ils abandonnent dans les premiers mois ou premières années. Quelle est la différence ? Le mariage est un projet et il demande du dévouement également. Et quel noble projet ! C’est un jihad contre son ego du matin au soir : la moitié de la foi. Si l’on ne travaille pas sur son mariage, Allah ne nous donnera pas le tawfiq, mais on dira après que c’est le destin ! Pourtant, pour beaucoup un divorce est incroyablement douloureux qu’il y ait des enfants ou non. C’est un lien émotionnel et spirituel qui se brise, c’est une douleur physique, un déphasage, de l’anxiété, du stress, de l’insomnie, des pertes de mémoire incroyables, etc. Nous ne sommes pas encore bien équipés pour nous occuper de ceux qui traversent ces moments difficiles bien qu’ils soient malheureusement extrêmement nombreux. Nous leur disons d’avancer et d’oublier, sans comprendre la peine et le sentiment d’échec qu’ils traversent. Ils ne sont pas prêts à « tourner la page ». Cette expression ne veut vraiment rien dire. Ils n’en ont pas besoin en fait, le pansement des plaies prendra le temps qu’il faudra et leur vie continuera sur cette page ou sur une autre. En revanche, ils ont besoin d’apprendre à se connaître, comprendre le problème et travailler sur eux-mêmes tout en nous ayant comme compagnons fidèles. Bien entendu, le divorce peut avoir du bon, comme toutes les épreuves de la vie, si l’on travaille sur soi et accepte sa part de responsabilité dans l’échec du mariage. Il peut parfois être nécessaire pour nous aider à y voir plus clair, cependant il n’est pas la seule manière possible pour prendre ses distances. On peut se mettre d’accord pour s’éloigner un certain temps, comme le Prophète ﷺ l’avait fait avec ses épouses رضي الله عنهن. Les écoles de jurisprudence détaillent les différentes manières de procéder. Dans tous les cas nous avons le droit à deux divorces révocables – ce qui est un immense cadeau d’Allah – et il est important de divorcer dans les règles et de ne pas se séparer durant la ‘idda

Pour avancer et garder l'équilibre dans le couple, il est nécessaire de dialoguer et de faire des efforts

Certains psychologues disent que l’anxiété est la raison première des mariages qui se brisent. Il faut apprendre des techniques pour s’apaiser, être pleinement présent, s’occuper de soi et prendre soin de ses besoins régulièrement et ne pas attendre que quelqu’un le fasse pour nous. Le mariage ne règlera pas nos soucis personnels, c’est à nous de le faire avant, car se gérer soi-même est une chose, mais vivre à deux en est une autre ; cela peut provoquer des émotions ou des angoisses longtemps enfouies qui peuvent affecter la vie de couple.

Nous vivons dans une époque que l’on pourrait appeler : « le printemps de la culture », tout est là devant nous, beau, frais, agréable, accessible et gratuit. Nous n’avons absolument aucune excuse de ne pas nous documenter sur la nature de nos problèmes et essayer de les résoudre au lieu de blâmer les autres. Il est temps pour nous de faire de réelles modifications quant à notre façon de voir les choses, d’améliorer l’ambiance familiale et la société dans son ensemble. La génération du Prophète ﷺ avait travaillé si dur pour suivre son exemple et plaire à Allah, devenant ainsi à leur tour des modèles pour les générations suivantes. Mais, nous, que faisons-nous pour nous-mêmes et pour ceux qui prendront notre place ? Rajab est là et la récompense des bonnes actions est multipliée. Quelle serait la récompense de celui qui travaille sur lui (elle)-même, son mariage, sa famille ou aide un couple en crise ou ceux qui traversent un divorce ?  Ramadan approche à grands pas, le deuxième avec le Corona. Serons-nous différents et meilleurs à la fin de celui-ci ? Pouvons-nous être fiers de nos efforts ? Nous demandons à Allah de nous inspirer, de nous montrer la Voie dans tous les aspects de nos vies et de remplir nos cœurs d’Amour et nos actions de sincérité, amine.

Maryam Szkudlarek

Notes :

[1] Citation de Gay Hendricks tiré du livre « The Big Leap ».

A lire sur le même sujet :

Conseils Pour Un Mariage Heureux
7 conseils pour les Maris attentionnés – Mufti ibn Yusuf Mangera

Les 7 Arbres à Planter et Nourrir pour Atteindre le Bonheur

 

 

 

 

Toute créature désire vivre dans le bonheur, qu’il s’agisse d’un chien, d’un oiseau, ou de n’importe quel être humain. Et c’est justement ce que l’Islam propose de manière concrète : une vie équilibrée et juste, éclairée et lumineuse, synonyme de paix intérieure en adéquation avec les règles et les équilibres mis en place par le créateur de cet Univers. Une vie qui se prolongera dans l’au-delà au Paradis (inshaa Allâh ) dans un bonheur immense, sans failles et ce éternellement.

Pour que cette Paix intérieure que chacun recherche se réalise, il y a sept arbres qu’une personne doit impérativement planter et nourrir. [1]


1/ l’Arbre Spirituel

Une personne peut tout posséder d’un point de vue matériel, s’il elle n’a pas donné un sens à sa vie, il va lui manquer quelque chose de primordial.

On doit impérativement se poser les bonnes questions existentielles : « D’où est-ce que je viens, où suis-je maintenant, vers quoi est-ce que je me dirige, y a-t-il un être supérieur, si oui qui est-Il, quels sont Ses Attributs, quelle doit-être ma relation avec Lui, que dois-je réaliser pour atteindre Son Agrément, a-t-Il envoyé des représentants sur terre, qu’est-ce qui est correct, qu’est-ce qui ne l’est pas, etc… ». Ceci permet de déterminer notre relation au Créateur, à Sa Meilleure créature ﷺ et nous donne le cap sur notre façon de concevoir notre vie ici-bas. Il y a des gens qui ont la richesse, la renommée, ils ont tout ce qui peut être désiré d’un point de vue matériel, mais cela ne les empêche pas de se suicider. Pourquoi ? Car ils n’ont pas planté cet arbre.

L’Humain nait trois fois.

Une première fois physiquement, lorsqu’on sort du ventre de nos mamans, une étape que même les animaux partagent avec nous. Les animaux aussi mangent, boivent, dorment, se mettent avec un partenaire, font des enfants, élèvent leurs enfants, éduquent leurs enfants, travaillent (comme l’abeille), construisent leur maison, se battent (parfois), se baladent, etc. Nous partageons donc beaucoup de choses avec le règne animal. Pourquoi ce parallèle avec les animaux ? Tout simplement, car si on place son bonheur dans l’une de ces choses, rappelons-nous qu’elles ne sont pas des finalités de l’être humain, alors que même les animaux les partagent avec nous. Vous avez trouvé un super job ? Même les animaux travaillent… Vous êtes devenu chef ? Cela existe chez les loups ou chez les abeilles… Vous avez des enfants ? Même les ânes et les moustiques ont des enfants, un habitat, mangent de bons repas…

Il y a donc autre chose de plus fondamental à découvrir et à accomplir sans quoi, quelle différence y a-t-il entre moi et un animal ..?

La seconde naissance, c’est le jour (ou la nuit) où l’on réalise pourquoi nous sommes nés. Ce jour où on comprend pourquoi on a été créés, où l’esprit s’éveille. Ce jour-là, on entame une nouvelle vie, différente de celles des animaux.

La troisième naissance, c’est lorsque l’Humain a atteint ce but. Car c’est après ça que la vraie vie commence.  Allâh dit dans le Qour’an : « Quiconque, homme ou femme, aura fait le bien tout en étant croyant, Nous lui assurerons une vie heureuse… » [2] Voilà la vraie vie que doit atteindre l’être humain.

Le mois de Ramadan est la période privilégiée pour planter et nourrir l’Arbre de la Spiritualité et récolter ses fruits ici-bas et dans l’au-delà. Quand cet Arbre pousse, nous pouvons bénéficier de son ombre protectrice (lorsque les soucis et les épreuves arrivent, nous sommes protégés) et récolter ses délicieux fruits (la proximité avec Allâh et Son Messager ﷺ, la ma’rifah (vraie connaissance d’Allâh), l’Amour, les bénédictions, la paix, la joie, le bonheur… ).


2/ l’Arbre Famille

Cet arbre concerne la famille proche, c’est-à-dire nos parents, nos époux/ses, nos enfants, oncles, tantes, frères et sœurs…

Il s’agit d’avoir une bonne relation avec eux, de remplir nos devoirs vis-à-vis d’eux, ne pas leur nuire et maintenir les liens avec eux. Avoir cette bonne relation familiale donne beaucoup de joie. Les réunions familiales sont des moments de bonheur magnifiques et apportent de surcroit la barakah d’Allâh. Allâh dit par exemple dans le Qour’an : « Les gens du Paradis seront, ce jour-là, dans une occupation qui les remplit de bonheur; eux et leurs épouses sont sous des ombrages, accoudés sur les divans…. » [3]. D’autres versets mentionnent aussi les parents, les enfants, la joie ressentie, etc..

Lorsque Saydinna Adam (‘alayhi salaam) était au Paradis, il ressentit malgré tout un manque. Allâh créa alors Sayyda Hawa (qu’Allâh soit satisfait de notre mère) pour lui tenir compagnie. L’être humain est une créature sociale, le véritable bonheur ne peut venir que si nous avons des interactions les uns avec les autres. Les personnes seules et isolées sont rarement heureuses, même si certaines peuvent le prétendre. De mauvaises expériences familiales peuvent amener quelqu’un à vouloir s’isoler, mais on remarquera la plupart du temps que ces personnes sont aigries ou amères. Cela est dû aux mauvaises expériences vécues et non à la famille au sens général. Il suffit de voir comment les gens partagent leurs vies sur les réseaux sociaux pour comprendre à quel point ils aiment partager ces moments avec leurs proches. Allâh à placé dans la famille une certaine Rahma et les femmes doivent particulièrement veiller à préserver cela, car c’est d’elles que naissent les enfants dont elles prendront soin par la suite.

Même si les relations familiales peuvent parfois être difficiles, le Musulman peut en tirer profit en agissant toujours bien malgré tout (c’est-à-dire conformément à l’éthique Musulmane). Si un mariage ne fonctionne pas, il est toujours possible de se séparer, convenablement et respectueusement, sans détruire son au-delà. Par ailleurs, une femme doit pouvoir se remarier, sans être stigmatisée. Rappelons-nous qu’à l’exception de Sayyda ‘Aïsha (‘alayha salaam), toutes les épouses du Prophète Muhammad ﷺ furent des veuves ou des femmes divorcées. La seule chose qui est irremplaçable dans la vie d’une personne c’est Allâh et Son Messager (l’Islam). Il ne faut donc rien prendre comme but ou finalité autre que Allâh et le Prophète Muhammad ﷺ. On peut aimer d’un amour très profond son conjoint ou ses enfants, mais il faut garder à l’esprit le véritable objectif et ne pas exagérer l’amour envers les créatures au risque de dépérir s’il venait à diminuer ou à disparaitre. Dire de quelqu’un (ou de quelque chose) qu’il est « toute notre vie » ou « qu’on ne pourrait pas vivre sans lui » n’est pas une chose raisonnable. Par exemple, certains scientifiques disent que le coup de foudre dure généralement 3 jours, après il diminue ou disparait. Quant à l’amour « fou », il dure généralement 18 mois, ensuite le couple revient vers un amour plus normal, ou bien il se sépare.


3/ l’Arbre de la Provision

Il s’agit de l’arbre essentiel de la subsistance (rizq), du budget, du travail, du moyen de gagner sa vie…

C’est particulièrement important pour les hommes, bien que les femmes puissent elles aussi travailler, gérer un business, etc. La subsistance permet de subvenir à nos besoins fondamentaux et à ceux des personnes qui sont à notre charge (avoir un toit, manger, s’habiller, etc.). Cela permet aussi d’aider ceux les plus pauvres concernant ces mêmes besoins fondamentaux. L’arbre de la Provision est donc bénéfique à la fois à la personne qui le plante, mais aussi à ceux avec qui elle partage ses fruits. Si on n’a pas cela, il est très difficile d’être heureux.

Même si cela peut paraître évident, il nous parait important de rappeler que seule une subsistance licite (halal) peut être profitable.

Certains frères refusent de travailler sous prétexte qu’ils visent at-Tawakkul (s’en remettre pleinement et en toute confiance à Allâh). Ceux qui agissent ainsi ont une mauvaise conception de la définition du Tawakkul. En effet, At-Tawakkul, c’est mettre physiquement en œuvre tous les moyens possibles (capacité, énergie, efforts…) et s’en remettre ensuite spirituellement à Allâh quant au résultat de ce que nous avons entrepris et bien sûr s’en satisfaire. En aucun cas le Tawakkul ne signifie se tourner les pouces et attendre que les choses tombent toutes cuites dans nos assiettes.

S’il est indispensable que tout un chacun possède l’Arbre de la Provision, il ne faut pas là non plus tomber dans des extrêmes et faire de notre subsistance (travail, business, argent…) le but final de notre vie.


4/ l’Arbre du Développement Personnel

C’est l’Arbre du temps passé pour soi-même à développer de nouvelles compétences, à apprendre, à suivre des cours ou des ateliers, à augmenter son savoir, sa sagesse,  son bon comportement, etc. C’est le sens même de la Tazkiyyah (purification intérieure) enseignée par les Maîtres de Tasawwuf (Soufisme) et qui est essentiel à chaque être humain. C’est l‘essence même de l’Islam. En parallèle, il faut aussi développer ses compétences sur ce qui nous aide à nous améliorer dans notre vie (parentalité, apprendre une nouvelle langue, savoir gérer son temps, etc.). Un savoir qui pourra ensuite être redistribué (voir plus bas).

Si cet Arbre manque à l’appel, cela entraîne un déséquilibre et il sera difficile, voir impossible de vivre dans le bonheur, la paix, la joie et l’équilibre.


5/ l’Arbre de la Santé

Cet arbre-là n’est pas à négliger. Il est impératif de prendre soin de sa santé corporelle, mais aussi de sa santé spirituelle, de son cœur, de manger sainement, de dormir suffisamment, de faire de l’exercice, de se soigner, etc.

Contrairement à ce que certains imaginent, la spiritualité n’a rien à voir avec le fait de se priver à outrance de nourriture ou de sommeil.

Anas a rapporté le Hadith suivant : « Trois hommes sont venus voir les épouses du Prophète ﷺ dans leurs maisons et leur demandèrent comment était la pratique cultuelle du Prophète. Quand elles les en informèrent, cela [la pratique cultuelle du Prophète ﷺ sembla leur paraître peu. Ils dirent : «Que sommes-nous par rapport au Prophète ﷺ alors qu’Allah lui a déjà pardonné tous ses péchés passés et futurs ? » L’un d’eux dit : «Pour ma part, je m’engage à passer toute les nuits en prière. » L’autre dit : «Et moi je m’engage à jeûner sans interruption le restant de ma vie.» Quant au troisième il dit: «Moi je m’engage à m’éloigner des femmes et à ne jamais me marier. » Ces propos furent rapportés au Prophète ﷺ, qui alors alla à leur rencontre et dit : «Est-ce bien vous qui avez tenu de tels propos ? Je jure par Allâh que je connais Allâh mieux que vous et que je Le crains plus que vous, mais la nuit, je prie et je dors, le jour, je jeûne et je mange, et j’épouse les femmes. Celui qui se détourne alors de ma Sunnah (tradition) n’est pas des miens. » [4]

Il y a donc un équilibre à avoir sur ces questions, c’est-à-dire ne pas de priver excessivement et ne pas non plus exagérer sur le sommeil et la nourriture. Il est rapporté que le Prophète Muhammad dormait quatre fois dans une journée complète. Cela lui permettait de dormir suffisamment pour accomplir ses adorations, mais pour aussi gérer au mieux sa vie quotidienne. [5]

Il ne sert à rien de se prendre pour un super héros à vouloir dormir juste quelques heures dans une nuit en pensant devenir ainsi un Saint et imaginer récolter des fruits de cette privation. Dans quelques mois la seule chose qu’on aura gagnée c’est un arrêt maladie et une attitude de mort vivant. Quel avantage spirituel y a-t-il à être complètement épuisé, agité et de mauvaise humeur ? Le repos c’est essentiel. Aujourd’hui, la sieste se répand jusque dans les grandes entreprises dont certaines invitent leurs employés à en effectuer une petite en début d’après-midi (20/30mn). Ces multinationales ont compris que cela améliore la qualité du travail de ceux qui s’y adonnent.

Quant aux régimes alimentaires, il suffit de suivre simplement deux Sunnah pour être en bonne santé et éviter le surpoids. Suivre ces deux traditions Prophétiques permet de ne pas avoir à devenir dépendant de ces types d’alimentations déséquilibrés qui changent chaque été au gré des modes et n’ont aucun bénéfice puisque les personnes concernées connaissent ensuite l’effet yo-yo [6]. Ces deux Sunnah sont :

1) Manger uniquement lorsqu’on ressent la faim et non pas parce que c’est l’heure de manger (on nourrit le corps et non l’horloge).
2) Remplir son estomac à la moitié, au grand maximum (1/4 de solide, 1/4 de liquide). [7]

Si on veut aller plus loin et avoir un maximum de bénéfices dans ce bas monde et dans l’au-delà, il est toujours possible de rajouter le jeûne de deux jours dans la semaine, qui est aussi une Sunnah (lundi et jeudi) et dont on sait aujourd’hui que cela est très bénéfique pour la santé, al-hamduliLlâh. [8]

Par ailleurs, on imagine mal comment une personne peut s’épanouir avec une maladie qui traîne et qu’elle ne soigne pas alors que cela la gène au quotidien. Il est rapporté que le Prophète Muhammad ﷺ disait : « Certes, ô gens de Dieu, traitez vos maladies. » [9]

En résumé, il est véritablement essentiel pour le bonheur d’une personne qu’elle accorde une importance toute particulière à sa santé.


6/ l’Arbre de l’Interaction Sociale

Il s’agit là d’avoir de bonnes relations avec l’ensemble des créatures d’Allâh, Musulmans, non-Musulmans, famille, collègues, société civile, monde végétal, animal et aussi de leur être bénéfique.

Cela fait également partie des éléments essentiels au bien-être et donc au bonheur de chaque être humain. C’est un élément sur lequel le Messager d’Allâh ﷺ a énormément insisté tout au long de sa vie.


7/ l’Arbre du Service Gratuit

Tout ce qu’Allâh vous a donné comme compétences et habilités, partagez-les avec Ses créatures. Si vous avez de l’argent, partagez-le avec la création, il y a beaucoup de nécessiteux sur terre. Si vous avez des capacités intellectuelles, des connaissances, partagez-les également. Si vous avez de la sagesse, de bons conseils, partagez-les avec la création. Si vous êtes docteur, gardez un temps pour conseiller ou recevoir gratuitement des patients qui en ont besoin. Certains sont bons en cuisine, d’autres pour l’aménagement intérieur, d’autres en design, d’autres en jardinage, d’autre en travaux, d’autres dans l’éducation des enfants, la comptabilité, etc.

Le bénévolat est une chose magnifique qui procure un sentiment d’altruisme et de bonheur incroyable. Aider son prochain est un facteur puissant d’épanouissement personnel et de satisfaction. Parmi ces avantages, il a été démontré que cela permet de faire de nouvelles rencontres, d’améliorer son estime de soi (valorisation) et sa santé mentale, de stimuler le bonheur (sens à sa vie), de dépenser son temps libre de manière utile et même d’améliorer son CV.

Soyons utiles de quelque manière que ce soit en fonction de nos compétences, l’humanité à besoin du partage des compétences que chacun possède, quelles qu’elles soient.

Imaginez la Satisfaction d’Allâh et de Son Messager ﷺ lorsque nous aidons notre prochain en lui apprenant quelque chose, en l’aidant ou en lui apportant ce dont il  besoin.

Le Prophète Muhammad ﷺ a dit que le Jour du Jugement, Allâh dira aux gens :

« – O fils d’Adam ! Je suis tombé malade et tu ne M’as pas visité.
– O Seigneur, dit l’homme, comment aurais-je pu Te visiter Toi qui est le Seigneur des mondes ?
– Ne sais-tu pas, reprit Allâh, qu’un de mes serviteurs était malade et tu ne l’as pas visité ? Ne sais-tu pas que si tu l’avais visité tu M’aurais trouvé auprès de lui ?

– O fils d’Adam ! J’avais faim et tu ne M’as pas nourri !
– O Seigneur, comment aurai-je pu Te nourrir alors que Tu es le Seigneur des mondes ?
– Ne sais-tu pas qu’un de mes serviteurs t’a demandé à manger et tu ne l’as pas nourri ? Ne sais-tu pas que si tu l’avais nourri tu aurais trouvé ta nourriture auprès de Moi ? [Etc.] » [10]

Bien entendu, Allâh est exempt des besoins comme boire, manger, etc., mais cela démontre à quel point Allâh accorde une importance toute particulière à l’altruisme et à la bienveillance.

Un jardin composé de ces sept Arbres est comme un jardin du Paradis sur terre. Celui qui n’est pas heureux, qui ne trouve pas la joie, le bonheur, doit se demander lequel de ses Arbres il n’a pas planté ou suffisamment nourri. Il doit se demander également s’il n’y a pas l’un de ces Arbres auquel il apporte trop d’importance au détriment des autres, ce qui peut provoquer un déséquilibre.

Qu’Allâh nous accorde le succès.


Notes :

[1] Tiré des enseignements de Mawlana Sheykh Ahmad Dabbàgh حفظه الله. Ces conseils sont à appliquer au quotidien. Le temps de Ramadan représente la meilleure période pour bien agir et développer des compétences supplémentaires. Pour en savoir plus, lire aussi la Sourate al-Mu’minûn.
[2] Qour’an, s16, v97
[3] Qour’an, s36, v55 et 56
[4] Al-Boukhari et Muslim
[5] Lire notre article :  L’importance de la Gestion du Sommeil en Islam
[6] L’effet yo-yo est un processus qui décrit la perte de poids rapide, mais qui entraîne une reprise de poids elle aussi rapide, voire plus importante que par rapport au niveau de départ.
[7] Dans d’autres traditions, il est question de remplir l’estomac au 2/3 maximum (1/3 de solide, 1/3 de liquide).
[8] Voir l’émission : Les vertus scientifiques du jeûne – Les chroniques de la science
[9] Rapporté par At-Tirmidhî
[10] Sahih de Muslim, n°171