Sheykh Muhammad Sayyid al-‘Alawî al-Mâlikî
Par son élève
Fakhruddin Owaisi al-Madani
Introduction
Parmi les grands érudits de l’Islam traditionnel de l’époque contemporaine, As-Sayyid Muhammad Ibn Alawi al-Maliki fut, sans l’ombre d’un doute, le savant le plus respecté et aimé de la ville sainte de la Mecque. Il fut un descendant du Prophète (salallahou ‘alayhi wassalaam), chef des Ahl ul-Bayt, Imam du hadith de notre époque, une autorité dans les quatre Madhhabs, un guide spirituel de la plus haute station, appelant à Allâh et ayant une réputation sans précédent dans le monde de la science islamique traditionnelle.
Sa Famille
Descendant de la noble et célèbre famille Al-Maliki Al-Hasani de La Mecque, le Sayyid est directement relié au Prophète bien-aimé lui-même, par l’intermédiaire de son petit-fils, l’imam al-Hassan Ibn Ali, puisse Allâh être satisfait de lui. La famille Maliki, l’une des plus respectées de la Mecque, a vu plusieurs de ses membres se succéder depuis des siècles au poste d’enseignant à la Mosquée Sacrée dont cinq des ancêtres du Sayyid furent même imams d’obédience malikite dans cette dernière.Son grand-père, As-Sayyid Abbas al-Maliki fut le Mufti de la Mecque ainsi que Qadi (juge), Imam et Khatib [1] de la Mosquée Sacrée. Il occupa ce poste durant l’époque Ottomane puis hachémite, et continua à le tenir après que le royaume saoudien fut créé. Le défunt roi Abd al-Aziz ben Saoud avait beaucoup de respect pour lui. Pour en savoir plus sur lui, on peut consulter Nur al-Nibras Asanid fi as-Sayyid al-Jadd Abbas par son petit-fils as-Sayyid Muhammad al-Maliki.Son père, Alawi as-Sayyid al-Maliki fut, quant à lui, l’un des plus grands savants de la Mecque du siècle précédent. Il enseigna diverses sciences islamiques traditionnelles à la Mosquée Sacrée de la Mecque pendant près de 40 ans! Parmi les centaines d’étudiants venus du monde entier bénéficier de ses enseignements à la Mosquée Sacrée, nombreux occupent aujourd’hui des postes religieux. Le défunt roi Faysal ne prenait aucune décision sur Mekkah sans consulter préalablement as-Sayyid ‘Alawi. Il décéda en 1971 et ses funérailles furent les plus importantes à la Mecque en 100 ans! Pendant les trois jours qui ont suivi sa mort, les stations de radio locales saoudiennes diffusèrent uniquement des récitations du saint Coran. C’est un événement qui lui fut entièrement dédié. Pour en savoir plus sur Sayyid al-Alawi, il est possible de consultez sa biographie appelée Safhat Mushriqah min Hayat al-Imam as-Sayyid al-Sharif ‘Alawi bin Abbas al-Maliki écrite par son fils, le savant érudit as-Sayyid Abbas al-Maliki, qui est le jeune frère de Sayyid al-‘Alawi al-Maliki, beaucoup plus connu, en Arabie Saoudite, pour sa belle voix dans la récitation de Qassaid. Cette ouvrage contient des articles écrits sur Sayyid al-‘Alawi par des chercheurs à travers tout le monde islamique.
Sa Naissance et son éducation
As-Sayyid Muhammad al-Hasan Ibn ‘Alawi Ibn Abbas Ibn Abd al-Aziz naquit en 1946, dans la ville sainte de la Mecque. Issu de la célèbre famille de savants traditionnels et de Sayyid : al-Maliki al-Hasani, il eut le privilège d’avoir pour père et premier professeur le savant le plus reconnu de la Mecque. Il reçut son éducation au domicile familial et au sein de la Mosquée Sacrée (à la Mecque) où il mémorisa le Saint Coran à un jeune âge, et fut autorisé à enseigner les livres étudiés avec son père. Il étudia également les différentes sciences islamiques traditionnelles telles que la Aquida, le Tafsir, le Hadith, le Fiqh, le Usul, Mustalah, Nahw etc, auprès d’autres grands érudits de la Mecque et de Médine, qui lui accordèrent tous l’autorisation (ijaza) afin de transmettre ces sciences qu’il maîtrisait parfaitement. A l’âge de 15 ans il enseignait déjà les livres de Hadith et de Fiqh à la Mosquée Sacrée de la Mecque aux autres étudiants, et ce sur ordre de ses maîtres ! Après avoir terminé son éducation traditionnelle dans sa ville natale, son père l’envoya à al-Azhar, en Égypte, où il poursuivit ses études, et devint, à l’âge de 25 ans, le premier et le plus jeune saoudien à obtenir son doctorat au sein de cette université. Sa thèse sur le hadith fut excellente et très appréciée par les éminents ulémas d’al-Azhar de l’époque, dont l’imam Abu-Zahra.
Ses voyages en quête de la connaissance
Il est de la tradition de tous les grands ulémas de parcourir le monde pour s’enquérir de la science. Le Sayyid ne fit pas exception à la règle et, dès son plus jeune âge, voyagea à cette fin. Il parcourut ainsi l’Afrique du Nord, l’Égypte, la Syrie, la Turquie et le sous-continent Indo-Pakistanais afin d’apprendre auprès des grands savants, de rencontrer les Awliyas, de visiter des mosquées et sanctuaires, et de recueillir des manuscrits et des livres. Dans chacune de ces terres, il rencontra d’éminents savants et Awliyas dont il bénéficia immensément et qui furent en retour impressionnés par ce jeune étudiant de Makkah à qui ils donnèrent une attention particulière. Nombre d’entre eux tenaient déjà son père en grande estime et furent donc honorer de l’avoir pour étudiant.
Ses Ijazas
Le système traditionnel d’enseignement est fondé sur l’Ijaza ou la « permission de transmettre des connaissances ». Ainsi, seul celui qui obtient une Ijaza certifiée par des savants reconnus est autorisé à enseigner. Chaque branche de la connaissance et chaque livre de Hadith, Fiqh, Tafsir etc., possède une Sanad ou « chaîne de transmission » remontant à l’auteur de l’ouvrage lui-même en passant par ses élèves et étudiants. Beaucoup de Sanads, telles que celles relatives au Coran, Hadith, Tasawwuf remontent jusqu’au Prophète bien-aimé lui-même.Ainsi, si as-Sayyid Muhammad al-Maliki était honoré d’être le Sheykh qui, à son époque, possédait le plus grand nombre de Ijazahs, il avait également la plus courte « chaîne de transmission » remontant jusqu’à son ancêtre, le Prophète Muhammad. Cette faveur divine, ajouté au fait que le Sayyid avait, au cours de ses voyages et dans son pays d’origine, obtenu plus de 200 Ijazas des plus grands érudits de son temps, fit dès lors de sa propre Ijaza l’une des plus rares et prestigieuses au monde, reliant ses étudiants à de nombreux grands savants. Les Shouyoukhs qui lui délivrèrent leurs Ijazas étaient parmi les grands savants de tous les coins du monde islamique. Nous tenons à en mentionner quelques-uns ici :
De La Mecque :
– Son érudit père et premier enseignant, al-Sayyid Alawi bin Abbas al-Maliki
– Sheykh Muhammad Yahya Aman al-Makki
– Sheykh al-Sayyid Muhammad al-Arabi al-Tabbani
– Sheykh Hasan Sa‘id al-Yamani
– Sheykh Hasan bin Muhammad al-Mashshat
– Sheykh Muhammad Nur Sayf
– Sheykh Muhammad Yasin al-Fadani
– As-Sayyid Muhammad Amin Kutbi
– As-Sayyid Ishaq bin Hashim ‘Azuz
– Habib Hasan bin Muhammad Fad‘aq
– Habib Abd-al-Qadir bin ‘Aydarus al-Bar
– Sheykh Khalil Abd-al-Qadir Taybah
– Sheykh Abd-Allah al-Lahji
De Médine :
– Sheykh Hasan al-Sha‘ir, Sheykh al-Qurra of Madinah
– Sheykh Diya-al-Din Ahmad al-Qadiri
– As-Sayyid Ahmad Yasin al-Khiyari
– Sheykh Muhammad al-Mustafa al-Alawi al-Shinqiti
– Sheykh Ibrahim al-Khatani al-Bukhari
– Sheykh Abd-al-Ghafur al-Abbasi al-Naqshbandi
De la région de Hadramawt, au Yémen :
– Al-Habib Umar bin Ahmad bin Sumayt, Grand Imam de Hadramawt.
– Sheykh al-Sayyid Muhammad Zabarah, Mufti duYemen
– Sheykh al-Sayyid Ibrahim bin Aqeel al-Ba-Alawi, Mufti de Ta‘iz
– Imam al-Sayyid Ali bin Abd-al-Rahman al-Hibshi
– Al-Habib Alawi ibn Abd-Allah bin Shihab
– As-Sayyid Hasan bin Abd-al-Bari al-Ahdal
– Sheykh Fadhl bin Muhammad Ba-Fadhal
– Al-Habib Abd-Allah bin Alawi al-Attas
– Al-Habib Muhammad bin Salim bin Hafeez
– Al-Habib Ahmad Mashhur al-Haddad
– Al-Habib Abd-al-Qadir al-Saqqaf
De Syrie :
– Sheykh Abu-al-Yasar ibn Abidin, Mufti de Syria
– Sheykh al-Sayyid al-Sharif Muhammad al-Makki al-Kattani, Mufti de l’école Malikite
– Sheykh Muhammad As‘ad al-Abaji, Mufti de l’école Shafi‘ite
– Sheykh al-Sayyid Muhammad Salih al-Farfur
– Sheykh Hasan Habannakah al-Maydani
– Sheykh Abd-al-Aziz ‘Uyun al-Sud al-Himsi
– Sheykh Muhammad Sa‘id al-Idlabi al-Rifa‘i
D’Egypte :
– Sheykh al-Sayyid Muhammad al-Hafiz al-Tijani, Imam et savant du Hadith en Egypt
– Sheykh Hasanayn Muhammad Makhluf, Mufti d’Egypte
– Sheykh Salih al-Ja‘fari, Imam d’al-Azhar
– Sheykh Amin Mahmud Khattab al-Subki
– Sheykh Muhammad al-‘Aquri
– Sheykh Hasan al-‘Adawi
– Sheykh al-Sayyid Muhammad Abu-al-‘Uyun al-Khalwati
– Sheykh Dr.Abd-al-Halim Mahmud, Recteur d’al-Azhar
D’Afrique du Nord ( Maroc, Algérie, Libye, Tunisie) :
– Sheykh al-Sayyid al-Sharif Abd-al-Kabir al-Saqali al-Mahi
– Sheykh al-Sayyid Abd-Allah bin al-Siddiq al-Ghimari, Imam et savant du Hadith
– Sheykh al-Sayyid Abd-al-Aziz bin al-Siddiq al-Ghimari
– As-Sharif Idris al-Sanusi, Roi de Libye
– Sheykh Muhammad al-Tahir ibn ‘Ashur, Imam de Zaytunah, Tunisie
– Sheykh al-Tayyib al-Muhaji al-Jaza’iri
– Sheykh al-Faruqi al-Rahhali al-Marrakashi
– Sheykh al-Sayyid al-Sharif Muhammad al-Muntasir al-Kattani
Du Soudan :
– Sheykh Yusuf Hamad al-Nil
– Sheykh Muddassir Ibrahim
– Sheykh Ibrahim Abu-al-Nur
– Sheykh al-Tayyib Abu-Qinayah
Du sud-continent Indo-Pakistanais :
– Sheykh Abu-al-Wafa al-Afghani al-Hanafi,
– Sheykh Abd-al-Mu‘id Khan Hyderabadi
– Imam al’Arif Billah Mustafa Rida Khan al-Barelawi, Mufti d’Inde
– Mufti Muhammad Shafi’ al-Deobandi, Mufti du Pakistan
– Mawlana Muhammad Zakariyyah al-Kandahlawi, Imam et savant du Hadith
– Mawlana Zafar Ahmad Thanawi
– Sheykh al-Muhaddith Habib-al-Rahman al-‘Azami
– Sayyid Abu-al-Hasan Ali al-Nadawi
Les savants cités ici ne sont que les plus célèbres ayant accordé leur Ijaza à notre Sheykh, mais il y en a encore beaucoup d’autres. En Sayyid Muhammad al-‘Alawi, on pouvait trouver ce qu’il y avait de meilleur dans tous ces Shouyoukhs de divers horizons.
Sa carrière d’enseignant
A l’instar de tous les shouyoukhs traditionnels et de ses ancêtres avant lui, le Sayyid était, dans ses activités, exclusivement animé par l’Amour d’Allâh, et n’enseignait que pour Lui. La notion de « carrière » ne se trouve donc pas adapter à son cas, cette dernière étant étroitement lié à des gains matériels. Il hébergeait un grand nombre d’étudiants dans sa propre résidence, leur assurant nourriture, boissons, abris, vêtements, livres, etc., en contrepartie de quoi ceux-ci étaient tenus de suivre les règles et l’éthique dont doit faire preuve tout étudiant en Science Sacrée. Ses élèves restaient avec lui pendant de nombreuses années, apprenant les différentes branches de la connaissance islamique, avant de retourner dans leurs pays d’origine. Ainsi, nombre d’étudiants reçurent son enseignement, devenant à leur tour savants de l’Islam et de l’Ihsan dans leur propre pays, en particulier en Indonésie, en Malaisie, en Egypte, au Yémen et à Dubaï.A son retour d’al-Azhar, il fut nommé professeur d’études islamiques à l’université Umm al-Qura de La Mecque, où il enseigna à partir de 1970 et en 1971, il fut, suite au décès de son père, désigné pour lui succéder dans l’enseignement à la Mosquée Sacrée. Il hérita ainsi du poste occupé par sa famille depuis plus d’un siècle.Il lui arrivait également d’enseigner dans le Haram de Médine, et ses cours étaient les plus fréquentés dans les deux Harams. Toutefois il dut, au début des années quatre-vingt, quitter son poste d’enseignant à l’université Umm al-Qura ainsi que sa présidence à l’enseignement au sein du Haram en raison des fatwas de certains savants fanatiques de la secte wahhabite, qui considérèrent sa présence comme une menace à leur idéologie extrémiste et à leur autorité. Il enseigna dès lors les grands livres de Hadith, Fiqh, Tafsir Tasawwuf à son domicile et à la mosquée de la rue al-Maliki dans le quartier de Rusayfah à Makkah où il recevait, lors de ses cours publiques entre le Maghreb et la ‘Isha, pas moins de 500 personnes par jour, dont beaucoup d’étudiants de l’Université. Le cours durant la nuit précédant son décès fut également très rempli.Très respecté par le gouvernement saoudien Sayyid Muhammad ‘Alawi al-Maliki fut souvent consulté par le considéré Roi lui-même sur d’importantes affaires. Il fut également, durant trois années consécutives, désigné comme chef du jury à la compétition internationale de Qira’at (lecture du Coran) à La Mecque.
Ses écrits
Ecrivain prolifique, le Sayyid a rédigé près d’une centaine d’ouvrages traitant de sujets religieux, juridiques, sociaux et historiques. Nombre de ses livres sont considérés comme des chefs-d’œuvres et sont prescrits en tant que manuels dans les instituts islamiques du monde entier.
Mentionnons ici quelques œuvres sélectionnées sur divers sujets :
Aquida :
– Mafahim Yajib ‘an Tusahhah
– Manhaj al-Salaf fi Fahm al-Nusus
– Al-Tahzir min al-Takfir
– Huwa Allah
– Qul Hazihi Sabeeli
– Sharh ‘Aqidat al-‘Awam
Tafsir :
– Zubdat al-Itqan fi ‘Ulum al-Qur’an
– Wa Huwa bi al-Ufuq al-‘A’la
– Al-Qawa‘id al-Asasiyyah fi ‘Ulum al-Quran
– Hawl Khasa’is al-Quran
Hadith :
– Al-Manhal al-Latif fi Usul al-Hadith al-Sharif
– Al-Qawa‘id al-Asasiyyah fi ‘Ilm Mustalah al-Hadith
– Fadl al-Muwatta wa Inayat al-Ummah al-Islamiyyah bihi
– Anwar al-Masalik fi al-Muqaranah bayn Riwayat al-Muwatta lil-Imam Malik
Sirah :
– Muhammad al-Insan al-Kamil
– Tarikh al-Hawadith wa al-Ahwal al-Nabawiyyah
– ‘Urf al-T ‘arif bi al-Mawlid al-Sharif
– Al-Anwar al-Bahiyyah fi Isra wa M’iraj Khayr al-Bariyyah
– Al-Zakha’ir al-Muhammadiyyah
– Zikriyat wa Munasabat
– Al-Bushra fi Manaqib al-Sayyidah Khadijah al-Kubra
Usul :
– Al-Qawa‘id al-Asasiyyah fi Usul al-Fiqh
– Sharh Manzumat al-Waraqat fi Usul al-Fiqh
– Mafhum al-Tatawwur wa al-Tajdid fi al-Shari‘ah al-Islamiyyah
Fiqh :
– Al-Risalah al-Islamiyyah Kamaluha wa Khuluduha wa ‘Alamiyyatuha
– Labbayk Allahumma Labbayk
– Al-Ziyarah al-Nabawiyyah bayn al-Shar‘iyyah wa al-Bid‘iyyah
– Shifa’ al-Fu’ad bi Ziyarat Khayr al-‘Ibad
– Hawl al-Ihtifal bi Zikra al-Mawlid al-Nabawi al-Sharif
– Al-Madh al-Nabawi bayn al-Ghuluww wa al-Ijhaf
Tasawwuf :
– Shawariq al-Anwar min Ad‘iyat al-Sadah al-Akhyar
– Abwab al-Faraj
– Al-Mukhtar min Kalam al-Akhyar
– Al-Husun al-Mani‘ah
– Mukhtasar Shawariq al-Anwar
Divers :
– Fi Rihab al-Bayt al-Haram (Histoire de Makkah)
– Al-Mustashriqun Bayn al-Insaf wa al-‘Asabiyyah (Etude de l’orientalisme)
– Nazrat al-Islam ila al-Riyadah (Le sport en islam)
– Al-Qudwah al-Hasanah fi Manhaj al-Da‘wah ila Allah (Méthode de Dawah)
– Ma La ‘Aynun Ra’at (Description du Paradis)
– Nizam al-Usrah fi al-Islam (L’islam et la famille)
– Al-Muslimun Bayn al-Waqi‘ wa al-Tajribah (Le monde musulman contemporain)
– Kashf al-Ghumma (Les vertus dans l’aide des concitoyens musulmans)
– Al-Dawah al-Islahiyyah (Appel pour la réforme)
– Fi Sabil al-Huda wa al-Rashad (Ensemble de discours)
– Sharaf al-Ummah al-Islamiyyah (La supériorité de la Oumma musulmane)
– Usul al-Tarbiyah al-Nabawiyyah (La méthode prophétique dans l’éducation)
– Nur al-Nibras fi Asanid al-Jadd al-Sayyid Abbas
– Al-‘Uqud al-Lu’luiyyah fi al-Asanid al-Alawiyyah (Ensemble des Ijazahs de son grand-père)
– Al-Tali‘ al-Sa‘id al-Muntakhab min al-Musalsalat wa al-Asanid (Ensemble de Ijazahs)
– Al-‘Iqd al-Farid al-Mukhtasar min al-Athbah wa al-Asanid (Ensemble de Ijazah)
Il s’agit d’une liste sélective des travaux que le Sayyid a écrit et publié. Il existe de nombreuses autres publications qui ne sont pas mentionnées ici et de nombreux travaux qui doivent encore être publiés. Ne sont pas non plus mentionnées les nombreuses et importantes œuvres classiques que le Sayyid a repérées, étudiées et publiées avec des notes et commentaires. Considérée dans sa totalité, la contribution du Sayyid dans ce domaine a été gigantesque. Bon nombre de ses œuvres ont été traduites en langues étrangères. [2]
Ses autres activités
Le Sayyid fut également un ardent propagateur de la véritable orientation islamique et de la spiritualité et voyagea dans toute l’Asie, l’Afrique, l’Europe et l’Amérique en appelant les gens à accepter la Parole d’Allâh et de Son dernier Messager Muhammad.Afin de faire face aux activités des missionnaires chrétiens, il fonda plus de 70 écoles islamiques en Asie du Sud-Est, qu’il géra personnellement. A la simple vision de la lumière Muhammadienne sur son visage, de nombreux chrétiens et bouddhistes embrassèrent l’Islam. Partout où il se rendait, savants et habitants le recevaient avec jubilation et il s’adressait souvent à des foules de centaines de milliers de personnes.Il fut, non seulement du fait de son affiliation généalogique au Prophète mais aussi pour son immense savoir, sa sagesse, ses nobles manières et son charisme spirituel, tendrement aimé et chérit à travers le monde musulman. Il était connu pour être très généreux de ses connaissances, de ses richesses et de son temps.
L’approche du Sayyid
Le Sayyid suivait et préconisait de suivre l’importante majorité traditionnelle de l’islam : la voie des Ahl al-Sunna wa al-Jama’ah, la marque de ce qu’est la tolérance et la modération, la connaissance et la spiritualité, et l’unité dans la diversité. Il croyait en l’adhésion sans fanatisme aux quatre Madhhabs (écoles) reconnus et enseignait le respect des grands ulémas et awliyas du passé.Il désapprouvait la pratique de certaines sectes contemporaines consistant à jeter l’anathème (déclarer mécréant) de manière hâtive ou d’accuser d’associationnistes (mushriks) ses coreligionnaires. Il était également très critique à l’égard des soi-disant réformateurs du 20ème siècle qui, d’après lui, veulent tout simplement, au nom de « l’islam pur » effacer l’islam des générations précédentes.Il considérait la condamnation de tous les Ash’aris, ou de tous les Hanafis, Shaffi’is et Malikis ou de tous les soufis, comme certaines sectes le font de nos jours, comme une condamnation de l’ensemble de la Oumma islamique des dix derniers siècles et comme l’attitude d’un ennemi de l’islam, et non celle d’un ami.
Le Sayyid était fermement convaincu que les éminents savants Sunni-Soufi s’inscrivant dans le suivi d’un madhhab des cent dernières années, sont notre lien au Qour’an et à la Sunnah, et non une barrière comme certains voudraient le faire croire. La juste compréhension du Qur’an et de la Sunnah se trouve en effet dans l’interprétation de nos grands savants de l’Islam et non dans les caprices et fantaisies de ces extrémistes modernes qui n’hésitent pas à condamner la majorité des Musulmans du monde entier. Il considérait la majorité de cette Ummah comme étant bonne, et soutenait que c’était aux groupes fanatiques minoritaires qu’il appartenait de vérifier leurs idéologies extrémistes.
Le Sayyid fut également un partisan du soufisme authentique basé sur la Shari’a, le soufisme des grands awliyas et Saints de cette Oumma, et était lui-même un maître spirituel de la plus haute qualité, lié à la plupart des grands ordres spirituels de l’Islam, par l’intermédiaire des Shouyoukhs de la Tariqah. Il considérait que la récitation du Dhikr, seul et en assemblée, fait partie intégrante du bien-être spirituel du musulman, et tous ses étudiants étaient tenus de prier salat at-Tahajjud et de lire, matin et soir, leurs Awrads. [3]
Le Sayyid estimait enfin que les musulmans doivent fournir les efforts nécessaires et utiliser leurs ressources pour l’essor de la Oumma tant d’un point de vue spirituel que social et matériel et ne pas gaspiller leurs temps précieux à se battre pour des questions sans importance. Aussi, les musulmans ne doivent pas se condamner les uns les autres sur des questions qui ont été source de divergence entre les ulémas mais plutôt se donner la main dans la lutte contre le mal et le péché.
Les opinions du Sayyid sont illustrées dans son ouvrage le plus célèbre Mafahim Yajib un Tusahhah (concepts qui doivent être corrigés), un livre qui fut accepté dans le monde islamique, et très apprécié dans les cercles de science.
Dernières remarques
Sayyid Muhammad al-‘Alawi fut et reste une bénédiction pour cette Oumma. Cet héritier biologique et spirituel du bien-aimé Prophète, était tendrement aimé par les habitants de la Mecque et de Médine, comme l’a prouvé son enterrement, et par toute personne qui venait à le rencontrer. Sa maison dans la ville sainte de La Mecque était ouverte durant toute l’année aux savants, étudiants, et milliers de personnes venant le visiter. Généreux avec ses hôtes, il était également connu pour son franc-parler et ne craignait pas de dire la vérité, ce qui lui valut de vivre de très durs moments. Le soutien d’Allâh semblait, néanmoins, toujours etre avec lui. Radiy Allâhu wa anhou ardaah. Ameen.Pour en savoir plus sur la vie et les réalisations du Sheykh al-Imam Dr as-Sayyid Muhammad Ibn ‘Alawi al-Maliki, vous pouvez consulter son excellente biographie intitulée : Al-Maliki ‘Alim al-Hijaz écrite par le célèbre écrivain et historien de la Mecque, le Dr Zuhayr Kutbi.
Sa mort
Il est décédé le vendredi 15 du mois de Ramadan (et il avait toujours souhaité rendre l’âme au mois de Ramadan) en état de jeûne, dans sa maison à La Mecque. Sa mort fut soudaine. Voici quelque chose que j’ai écrit à un ami après sa Janazah (pour laquelle j’ai du venir de Médine précipitamment) :Oui ! … c’est une perte énorme …… les condoléances sont venues de l’ensemble du monde musulman, et les prières de Janaza ont été réalisés partout. Il est décédé durant le mois de Ramadan, un vendredi !J’ai été à sa Janaza (dans la Chambre d’abord grâce à son frère Sayyid Abbas .. puis au Haram par l’Imam Subayl )…… des milliers et des milliers de personnes ont participé à ses funérailles … tout le monde pleurait et était ému … il s’agit d’une scène inoubliable … Allâhu Akbar ….
Quel homme … Quelle perte … Quelle immense Janaza … Je sais que mes yeux n’ont jamais vu quelqu’un comme lui …. jamais vu quelqu’un tant aimé par les gens que lui… jamais vu un savant de son niveau et de sa connaissance et de sa sagesse …
Il y avait au moins 500 soldats déployés par le gouvernement saoudien au cimetière Ma’ala afin de contrôler les milliers de personnes sous le coup de l’émotion ….. même la famille royale était présente.
Les gens étaient en train de crier haut et fort la Kalima tout au long de la procession qui remplissait les rues de La Mosquée sacrée jusqu’au cimetière. Le Sayyid a été enterré à côté de son père, près de la tombe de son ancêtre Sayyida Khadijah.
Avant son décès, il avait téléphoné à un ancien étudiant de l’Indonésie et lui a demandé s’il pourrait venir à La Mecque pendant le Ramadan? Quand il a dit non … le Sayyid a dit : « ne participeras-tu pas à mes funérailles?! » En effet, il est décédé pendant le Ramadan, un vendredi matin … de quel signe de plus de l’acceptation d’Allâh a-t-on besoin?
Makkah le pleure, l’Arabie le pleure … le monde islamique tout entier le pleure.
Puisse Allâh lui accorder la place la plus élevée dans al-Jannah à côté de son ancêtre bien-aimé, Sayyidina Rasulillah. Ameen.
Notes :
[1] Khatib, celui qui fait la khoutba (le prèche qui a lieu lors de la prière du vendredi)
[2] Nous pouvons malheureusement remarquer qu’aucun des livres du noble Sheykh n’ont été traduit en langue française.
[3] Pluriel du mot wird, signifiant litanie de Dhikr ( Récitation de Coran, invocations, supplications, …)