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Rabi’ al-Awwal : le mois de l’Amour

 

 

 

 

L’islam. Quel cadeau est l’islam ! Lumière sur lumière. Événement après événement. Pour nombre d’entre nous, ramadan est un mois intense et unique spirituellement, car c’est bien sûr le moment le plus propice pour se rapprocher d’Allah. Les ouvertures et les bénédictions n’y ont pas de fin. Le neuvième mois : une renaissance. Or ce n’est pas le seul moment de l’année, il y en a d’autres et le mois de rabi’ al-awwal en est un. C’est aussi un mois pair ; le troisième de l’année islamique. Il est pour beaucoup le mois de la lumière et de l’amour, le vrai amour. Celui qui est là pour rester, quelles que soient les épreuves et les circonstances. Il y a plusieurs sortes d’amour : les frileux, les peureux, les tièdes, ceux qui sont intenses pour une durée limitée puis disparaissent, ceux qui durent, mais s’essoufflent, ceux qui perdurent malgré les tempêtes, les douloureux, ceux qui demandent beaucoup d’efforts et enfin ceux qui progressent avec le temps et donnent beaucoup de fruits. Celui-là ne fait pas de mal, au contraire, que du bien et il n’est pas difficile à se concrétiser : qui peut ne pas aimer le Prophète lorsqu’il a appris à le connaître ? L’amour pour notre Prophète est la sève de notre vie. Il nous a tout appris, nous a guidés patiemment vers la lumière. Il exhalait l’amour et la sagesse, le sourire et la douceur. Il ne repoussait pas, ne faisait pas de mal, pardonnait les faux pas avec patience, consolait, parlait le langage unique des hommes, des femmes et des enfants. Il est un père aimant, notre éducateur spirituel, notre racine, notre lien à Allah. C’est un amour que l’on doit entretenir quoi qu’il se passe. Tous ceux qui sont entrés dans cette religion pourront dire que la vie en compagnie du Prophète a une toute autre dimension. Elle devient douce même dans les moments amers. Elle est enfin pourvue d’oxygène et d’un noble but qui est de se rapprocher d’Allah. Nous sommes enfin accrochés au câble de la « vraie » vie. La lumière de l’islam se propage par les efforts de la oumma alhamdoulillah, néanmoins nous avons tout autant besoin de la lumière du Prophète pour vivre l’islam de la plus pure des manières.

Qu’est-ce qu’un mawlid [1] ? Ce sont des vers chantés qui relatent la vie du Prophète souvent accompagnés de tambourins. Le mawlid est une très ancienne pratique. L’Imam as-Suyuti du Caire (quinzième siècle) رحمه الله en avait déjà parlé dans ses ouvrages et avait même rédigé une fatwa en faveur de cette commémoration. La grande poétesse et érudite de la langue arabe ‘Aicha al-Ba’ouniya de Damas (seizième siècle) رحمها الله a écrit des mawalid et de nombreuses éloges en l’honneur de la naissance du Messager de Dieu . Il est aussi intéressant de savoir qu’elle mentionne dans l’un de ses ouvrages (al-Mawrid al-Ahna), que lorsqu’elle était à la Mecque, elle entendit un homme réciter un mawlid un vendredi soir en face du Haram, et elle eut une vision du cher Moustafa juste après. Il y a bien d’autres exemples.

Dans le monde musulman, rabi’ al-awwal est un mois de bonheur et de festivités. À Tarim, il y a des mawalid plusieurs fois par jour, de jour comme de nuit. C’est comme être plongé dans un océan d’amour et de bien-être, il n’y a pas d’autres préoccupations que d’être enveloppé par la lumière du mawlid ! Le Prophète se trouve réellement présent parmi nous, le cœur est soulevé. Nous sommes envahis par une joie et une allégresse particulières, qui n’ont pas leur pareil dans d’autres occasions. En Jordanie, il y a des mawalid tous les jours, dans les centres, les maisons et les mosquées du nord au sud du pays. Il y a aussi des animations pour les enfants. Le centre al-Hawra à ‘Amman organise des visites dans les hôpitaux et le douze ils ont distribué des cadeaux aux nourrissons nés ce jour-là ainsi qu’à leurs mamans. Ils organisent également des activités caritatives en faveur des orphelins, des veuves, des démunis, etc… Cela continue jusqu’à rabi’ ath-thani. En Indonésie, les mawalid ne s’arrêtent pas durant ces deux mois que ce soit en plein-air, dans les écoles ou les centres etc… Ils prennent des dimensions gigantesques !

Les actions ne manquent pas pour faire le bien et diffuser l’amour que l’islam nous donne, mais que bien trop souvent nous ne savons redistribuer. Que l’on soit seul ou accompagné, on peut tous lire ou écouter la sira, faire des mawalid des salawat, des anachid, des compétitions de poèmes, donner, aider, offrir des cadeaux régulièrement, faire une liste de sounan à piocher quotidiennement, s’éloigner des disputes, pardonner, etc… C’est le mois de notre guérison, de notre bien-être. Les salawat font des miracles, guérissent, apaisent. Elles nous apportent une paix intérieure. Cette paix que nous invoquons sur le Prophète nous revient. C’est tellement beau… La pollution interne se dissipe et laisse place à la lumière. Le dernier Messager a atteint le meilleur degré que l’on se souvienne de lui ou pas. L’amour qu’Allah lui porte n’est pas entre nos mains. En revanche, nous, nous sommes dépendants de la source d’amour qu’Allah met à notre disposition à travers Son Prophète .

Cette paix que nous invoquons sur le Prophète ﷺ nous revient. Share on X

Qu’Allah illumine nos cœurs par cette lumière et améliore nos caractères. Qu’Allah nous fasse entrer dans Son firdaws et partager les majalis du Prophète et des Sahaba رضي الله عنهم. Amen. Quelle magnifique compagnie ! Nous l’avons tant désirée dans cette dounya, mais n’avons pu y accéder. Ce serait un cadeau incroyable. Oui… être en présence de la meilleure création, cela n’a pas de prix, et pourtant seulement notre amour est requis.

Maryam Szkudlarek


Notes : 

[1] Les livres sont nombreux. Habib ‘Umar a écrit plusieurs mawalid, mais il y en a beaucoup d’autres et cela depuis des siècles.

Mawlid Salafis

 

 

Le Mawlid des Salafis

 

Prophète Muhammad : BIDA’A !
Mohamed ibn ‘Abd al-Wahhab : HALAL !

 

 

 

BismiLlâhi ar-Rahman ar-Rahim,

Comme nous l’avons vu dans nos articles dédiés au Mawlid [1], nos frères (dits) Salafis s’opposent violemment à la commémoration de la naissance de notre bien aimé Prophète, Saydunna, Habibuna, Nabiyyuna, Mawlana Muhammad, Rassul Allâh (salaLlâhou ‘alayhi wasalaam). Dans leur grande majorité, les savants Sunnites ont vu dans cette commémoration une très bonne innovation (bida’a hassana) [2] et la plupart des grands savants ont d’ailleurs autorisé et encouragé ces célébrations [3] faites de réjouissance, de récitation du Qour’an, de Dhikr, de Sama’a, de Salawats, etc.

Pour donner un exemple de ces mises en garde contre le Mawlid, il suffit de regarder dans les ouvrages des références de la Salafiyya, comme ce livre de Bin Baz (rahimahuLlâh) intitulé « Tahdhir mina al bida’a » (mise en garde contre les innovations) où il écrit [4] :

« Commémorer la naissance du Messager d’Allâh (Mawlid) ne fait pas partie de l’Islam mais plutôt des innovations que Allah et son Messager ont ordonné de délaisser et dont il faut se méfier, il ne convient pas à celui qui est raisonnable de se laisser tromper par le grand nombre de gens qui le font partout dans d’autres pays. Parce que la vérité ne se fait pas à partir du grand nombre de ceux qui le pratiquent. »

Dans sa « fatwa », Bin Baz déclare clairement que le Mawlid est célébré partout dans le monde et par un très grand nombre de personnes, mais pour lui le nombre de Musulmans (et parmi eux bien entendu les savants) s’étant mis d’accord ne semble pas compter, malgré les nombreux hadiths qui accordent une grande importance sur le fait de rester accroché à la majorité [5].

Tandis qu’il condamnent fermement ceux qui osent commémorer la naissance du Prophète Muhammad (salaLlâhou ‘alayhi wasalaam), la meilleure créature d’Allâh, envoyée comme miséricorde pour l’Humanité [6], ces mêmes Salafis ne voient aucun problème à commémorer une semaine entière la naissance de leur maître à penser Mohamed ibn abd al-Wahhab (rahimahuLlâh), fondateur de la Wahhabiyya, groupe minoritaire en marge du monde Musulman Sunnite traditionnel.

Bizarrement, lorsqu’il s’agit de Mohamed ibn abd al-Wahhab, cette commémoration ne tombe plus sous l’appellation d’innovation interdite qui mène en enfer, mais devient soudainement une très bonne chose, comme si finalement leur définition de l’innovation ne s’appliquait que lorsqu’il est question de montrer son amour pour le Prophète Muhammad. Comme l’a si bien dit Sheykh Yahiya Rhodus : « Il n’existe pas de meilleur moyen pour détruire le Deen que d’éloigner la Ummah du Prophète ».

Ainsi, voici ce que déclara Bin Baz à l’occasion de cette semaine dédiée à commémorer la naissance de Mohamed ibn abd al-Wahhab :

« Chers frères, chers organisateurs de cette semaine, je me suis langui de votre rencontre et de ma présence parmi vous […] je remercie la famille royale, l’émir Salman fils de ‘Abdou l-‘Aziz, Émir de la région de Riyad pour sa participation à la cérémonie d’ouverture, tout comme je remercie les frères participants pour l’organisation de cette semaine, pour leurs efforts et leur collaboration. » [7]

Surprenant non? On pourrait nous rétorquer que c’est un avis isolé, mais nous allons voir que d’autres ténors de la Salafiyya ont tenu exactement la même position. Ainsi, voici ce qu’a déclaré Ibn ‘Utheymin (rahimahuLlâh) dans un de ses ouvrages intitulé « Fatawa al-‘Aqidah ».

Pour rappel, Ibn ‘Utheymin fait aussi partie de cette poignée de gens qui ont déclaré que la fête du Mawlid est une bida’a (dans le sens de la mauvaise innovation) et que c’est haram (interdit) [8], ce qui sous-entend au niveau de la Shari’ah que ceux qui le font auront mérité d’être châtiés par Allâh et que ceux qui s’en seront abstenus auront mérité d’être récompensés pour s’en être abstenus. Si Ibn ‘Utheymin considère tout à fait normal et légitime qu’un Musulman soit châtié pour s’être réjouit de la naissance du Prophète Muhammad, il ne voit par contre aucun mal à ce que les Musulmans commémorent la naissance de Mohamed ibn Abdal Wahhab et qu’ils en soient récompensés par Allâh dans l’au-delà.

Ainsi, lorsqu’on lui a posé la question sur la différence qu’il peut y avoir entre cette semaine entière consacrée à Mohamed ibn Abdal Wahhab et la commémoration de la naissance du Prophète, il a déclaré :

« Premièrement la semaine de Mohamed ibn Abdal Wahhab, n’est pas considérée comme un acte par lequel on recherche l’agrément d’Allâh. Mais c’est un acte pour lever le doute que certaines personnes peuvent avoir à son sujet, et cela montre ce dont Allâh a comblé les Musulmans par cet homme. »

« Deuxièmement, cela n’est pas quelque chose de répétitif [9] Et ça ne se perpétue pas tout comme se perpétuent les fêtes, et c’est une chose qui est évidente chez les gens. Et c’est pour faire connaître cet homme, à beaucoup de gens, à ceux qui ne le connaissent pas. » [10]

On voit nettement vers qui est portée l’attention des shuyukh Salafis et qui mérite selon eux d’être célébré et connu. Pendant une semaine ils étudieront sans sourciller la sira de cet homme, mais ils condamneront fermement et sans détour ceux qui oseront faire la même chose pour la meilleure des créatures, le Prophète Muhammad (salaLlâhou ‘alayhi wasalaam), le bien-aimé d’Allâh.

Voilà comment d’un coup, ce qui selon la définition qu’ont les Salafis de la bida’a, devrait logiquement être sévèrement blâmé et considéré comme digne du châtiment Divin, devient par « magie » une bonne innovation pour laquelle on se languit et on se réjouit. ‘Ajib !

Je vous pose la question mes frères Salafis : Quelle naissance est donc la plus digne d’être célébrée, celle de Mohamed ibn abd al-Wahhab ou celle du Prophète Muhammad (salaLlâhou ‘alayhi wasalaam)? Qui d’entre ces deux hommes mérite le plus d’être connu, honoré et aimé des Musulmans?

Qu’Allâh nous préserve du sectarisme et augmente notre amour pour celui qui est digne, Mawlana Khayr ul-Khalq, Saydunna Muhammad (salaLlâhou ‘alayhi wasalaam).

 

♡♡♡ Allâhumma salli ‘ala Saydinna Muhammad wa ‘ala ‘alihi wa as-Sahbihi wa Sallim ♡♡♡

 

Notes :

[1] Voir notre dossier consacré au Mawlid
[2] Voir notre article consacré à la définition de ce qu’est l’innovation (bida’a)
[3] Voir notre article consacré aux savants qui ont autorisé la célébration du Mawlid
[4] Voir les scans ici : 1 – 2
[5] Voir notre article sur la nécessité de suivre le Groupe majoritaire (as-Sawad al-Azam)
[6] Qour’an : s21, v107
[7] Voir les scans ici : 123 – 4
[8] Voir les scans ici : 12 – 3
[9] Cette commémoration semble pourtant se répèter chaque année
[10] Voir les scans ici : 12

Ps : Notons que d’autres commémorations sont fêtées en Arabie Saoudite, comme par exemple la fête nationale qui célèbre la naissance du royaume. Voir ici et

 

Est-il permis de fêter les anniversaires?
 

Par le Mufti  Muhammad ibn Adam al-Kawthari [1]

 

 

islam anniversaire

 

 

Au nom d’Allâh, le Très Clément, le Très Miséricordieux,

De manière générale, les anniversaires ne sont pas quelque chose qui devrait être célébré ou pour lequel nous devrions nous réjouir. Quand c’est l’anniversaire de quelqu’un, ca signifie qu’il reste à cette personne un an de moins à vivre, et non le contraire. Comme tel, quelle logique y a-t-il à célébrer et à montrer son bonheur alors qu’il reste à cette personne une année de moins à vivre?

Avant de pouvoir comprendre l’avis Juridique concernant les fêtes d’anniversaire, il est utile de rappeler ici que l’imitation des non-musulmans (Kuffar) est quelque chose que l’Islam réprouve strictement.

Dans un Hadith rapporté entre autres par l’imam Abu Daoud, le Messager d’Allâh (salallâhou ‘alayhi wasasalaam) dit :

« Celui qui imite un peuple en fait partie ». [2]

Il convient de rappeler ici que tout ce que les non-Musulmans portent ou font n’est pas forcément Haram ni illégal. L’imitation qui est interdite, est celle qui entre dans le cadre de l’un des deux points suivants :

  • a) Quand une personne fait quelque chose avec l’intention d’imiter les non-Musulmans, ce qui signifie qu’elle le fait parce qu’elle veut ressembler à l’un ou à l’ensemble d’entre eux.
  • b) Quand une personne fait quelque chose qui est propre et spécifique aux  non-croyants ou qui fait partie de leur foi. Ce sera également considéré comme de l’imitation, donc illicite (Haram). [3]

À la lumière de ce qui précède, il existe différents statuts en ce qui concerne le statut Juridique (Shari’a) de la célébration des anniversaires :

1) S’il est célébré en imitant certaines ou toutes les coutumes propres aux non-Musulmans, ou que des actes interdits dans la Shari’ah y sont commis, il n’y a alors aucun doute quant à son illicéité. L’allumage des bougies sur un gâteau servant à dénombrer le nombre d’années écoulées, le fait de souffler dessus, l’écoute de la musique, les chants, les dépenses exagérées et immodérées, se donner en spectacle, etc – toutes ces choses sont des pratiques illégales et interdites. Ainsi, si on fête les anniversaires en adoptant les coutumes citées ci-dessus, alors cela ne sera pas permis.

2) Si les actes blâmables mentionnés ci-dessus sont évités, alors il y a deux possibilités :

  • a) Si l’on fête les anniversaires avec l’intention d’imiter les non-Musulmans ce qui signifie qu’on veut être comme eux, alors, comme indiqué précédemment, cela sera considéré comme une imitation des Kuffar, donc illicite.
  • b) S’il n’y a pas d’intention d’imiter les non-Musulmans (et que les mauvaises manières mentionnées ci-dessus sont également évitées), alors l’avis concernant la célébration des anniversaires dépendra du fait que cette fête trouve ou non son origine dans les coutumes religieuses des non-Musulmans et fait partie de leur foi. (La célébration d’anniversaire ne peut pas être considéré comme propre aux Kuffar, car cette pratique est devenue un phénomène généralisé qui est effectuée dans de nombreuses et différentes régions du monde). Personnellement, j’ignore si la célébration des anniversaires à un lien avec la foi Chrétienne ou une autre croyance, pour cette raison je suis incapable de donner un jugement décisif.

Toutefois, j’ai mentionné sur quel critère l’avis devra être basé. Si les origines de fêtes d’anniversaire sont liées à une croyance particulière, alors leur illicéité ne fait aucun doute. Si, toutefois, il n’a aucun lien avec la foi des non-Musulmans, alors (et Allâh est plus Savant), il semble qu’il serait permis de les célébrer (à condition que les mauvaises manières ci-dessus soient évitées).

3) Si l’on remercie Allâh et qu’on montre de la gratitude pour avoir bénéficié d’une année de vie supplémentaire, qu’on exprime ainsi le bonheur et la joie, alors il n’y en cela rien de mal. [4]

Et Allâh est plus Savant.

Muhammad ibn Adam al-Kawthari
Darul Iftaa, Leicester, Royaume-Uni

 

Notes du traducteur :

[1] La biographie du Sheykh est disponible ici : Biographie de Mufti Muhammad ibn Adam al-Kawthari

[2] Sunan Abu Dawud

[3] Voir la fatwa du Sheykh Mufti Taqi Usmani

[4] Voir : al-Fatawa al-Rahimiyya (Urdu), (6 / 320)