L’importance et le caractère unique de l’Isnad
Par Sheykh Muhammad Daniel [1]
En vérité, Allâh, à qui toutes les louanges et les remerciements reviennent, a béni cette Ummah par l’honneur de l’isnad [2]. C’est cette chaîne continue et ininterrompue qui sert à préserver et protéger cette Ummah (communauté) de toutes faussetés. C’est une caractéristique unique et saillante de cette Ummah et aucune autre nation dans le passé n’en a jamais bénéficié. Al-Khatib al-Baghdadi rapport dans son livre « Sharaf Ashaab al-Hadith » (L’honneur des gens du Hadith) cette parole de Muhammad ibn Hatim Ibn Muzafar :
« Certes, Allâh a béni, honoré et privilégié cette Ummah par l’Isnad et jamais aucune Ummah n’a avant ou après bénéficié de cette bénédiction, au contraire les livres qu’ils ont entre leurs mains sont un mélange de paroles. Ils ne possèdent aucun moyen de différencier entre ce qui a été révélé à leurs Prophètes dans la Torah et la Bible et ce qui a été mentionné et prit de ceux qui n’étaient pas dignes de confiance. Cependant, cette Ummah ne sélectionne que les récits de ceux qui ont été loyaux et qui sont bien connus à leur époque pour leur honnêteté et leur fiabilité et qui ont pris de ceux qui ont des qualités similaires à celles qu’ils possèdent eux-mêmes ; et ainsi de suite jusqu’à la fin de la narration. Ces récits sont ensuite étudiés avec la plus grande diligence afin d’identifier :
– quel narrateur a la mémoire la plus forte,
– quel narrateur est le meilleur dans l’enregistrement des narrations,
– quel narrateur a passé le plus de temps en compagnie des contemporains de qui il rapporte.
Puis, le texte lui-même est analysé sous plus de vingt angles différents permettant à chaque écrit d’être comparé aux autres. N’est-ce pas là l’un des plus grands bienfaits qu’Allâh ait accordé à cette Ummah? »
Je souhaiterais maintenant fournir une brève compilation de citations de grands Muhadithin et Salafs (qu’Allâh leur fasse Miséricorde) :
1) L’Imam ash-Shafi’i a dit : « L’exemple de celui qui est en quête de Hadith sans Isnad est semblable à celui d’une personne qui recueille du bois dans la nuit, le transporte en fagot et se fait mordre par le serpent qu’il contient sans même sans rendre compte. » [3]
2) L’imam Abdullah ibn al-Moubarak a dit : « La chaîne de transmission (Isnad) fait partie de la religion et s’il n’y avait pas l’Isnad, chacun dirait ce qu’il veut. »
3) L’imam Ahmad ibn Hanbal a dit : « Chercher l’Isnad le plus élevé est une Sunna de nos Salafs »
4) L’imam Yazid ibn Zari disait : « Dans toute religion il y a eu des chevaliers et les chevaliers de cette Ummah ce sont les gens des Asaneed (chaines de transmissions) »
5) l’Imam Sufyan at-Thawri disait : « L’Isnad est l’arme d’un croyant. Si quelqu’un ne possède pas d’arme, avec quoi peut-il donc combattre ? » Et il disait aussi : « Développez-vous dans le Hadith car c’est une arme ».
6) L’imam Az-Zuhri a dit : « Les asaneed sont les escaliers par lesquels nous atteignons les textes classiques) ».
7) Le Sultan Ibrahim ibn Adham a dit : « En vérité, si Allâh fait miséricorde à cette Ummah c’est en raison des voyages des gens du Hadith »
8) Ibn Arabi a dit : « En effet, Allâh a béni cette Ummah par l’isnad qu’Il n’a jamais donné à autrui. Donc, soyez prudents et n’adoptez pas les chemins des Juifs et des Chrétiens en rapportant sans Isnad, confisquant ainsi cette générosité qu’Allâh vous a accordée ».
9) Sheykh Mohammed Ibn Aslam al-Tusi a dit : « Etre proche avec l’Isnad c’est être proche avec Allâh, car il ne fait aucun doute qu’être proche de notre Prophète (salallâhou ‘alayhi wassalaam) c’est être proche d’Allâh ».
10) Le Musnid de son temps, Abdul Hay al-Kittani a dit : « Plus les Isnad d’un narrateur sont élevées, plus ils sont proches de l’Apôtre d’Allâh ».
11) Ibn Rahmoun a dit : « Dans le passé et il y a encore peu de temps, chercher l’Ijazah faisait partie de la Sunna du Savant du Hadith dans le but de préserver la tradition de l’isnad et donc de la Shari’ah. Cependant, nous sommes à une époque où cela a été oublié et dans laquelle l’Ijazah et le Sanad ont été négligés car les savants ont cru que la connaissance ne se trouvait que dans l’enseignement et dans l’excellence ».
12) L’imam Abou Nasr Ahmad ibn Nasr al-Faqih a dit : « Il n’y a rien de plus pénible pour les gens de déviance (ilhaad), ni de plus méprisé par eux que l’audition de Hadith et de leur narration avec Isnad ».
13) Des gens vinrent visiter l’imam Yahya ibn Mu’in alors qu’il souffrait dans sa dernière maladie juste avant sa mort et ils lui demandèrent ce qu’il désirait. Il répondit : « Une maison vide et à une chaîne élevée ».
14) Alors que Sheykh Abou Bakr Ahmad ibn Ishaq donnait un jour un cours à une personne, celle-ci commença à narrer un hadith en disant : « Il a dit … » L’homme l’arrêta et lui dit : « Jusqu’à quand allez-vous continuer à dire cela, arrêtez de dire « Il a dit … » (en narrant des Hadith). Le sheykh lui dit alors : « Levez-vous kafir (mécréant) et il vous est désormais interdit de revenir dans ma maison. Puis il regarda les élèves et leur dit : « Je n’ai jamais interdit à quiconque de pénétrer dans ma maison, cette personne est la seule ».
15) En résumé, moi, Muhammad Daniel, humble serviteur d’Allâh dit :
Il suffit à l’honneur des Croyants (Mu’min) que leur nom soit à jamais lié aux noms des plus grands savants de la Ummah.
Et il suffit à l’honneur et la bénédiction des Mu’min que leur nom soit lié à celui de la personne la plus honorable et bénie de cette Ummah. N’est-il donc pas étrange que nous trouvions aujourd’hui des Musulmans qui rejettent la narration avec Ijazah et l’Isnad, alors que cela demeure une lumière pour la Ummah ?
Notes :
[1] Article en provenance de l’Académie de Sciences Islamiques Classiques de Cordoba
[2] Isnad : Dans la transmission des Sciences Islamiques il s’agit des chaines de transmission reliant les élèves à leurs maitres. Cette chaîne permet d’authentifier si la personne qui enseigne telle ou telle science l’a bien reçue d’un maître (sheykh) authentique l’ayant lui-même reçue d’un maître, etc. Ce sont ces mêmes chaines qui ont permis de protéger les Hadiths de toute falsification et invention. En effet cette chaîne des rapporteurs et la fiabilité que l’on attribue à ceux-ci permettent d’évaluer le degré de recevabilité du Hadith, du Récit, du livre, ou de la parole rapportée. Ainsi, les savants sont reliés entre eux, d’élèves à professeurs, jusqu’aux Salafs, qui sont eux-mêmes reliés au Prophète Muhammad [saw], qui est relié à l’ange Jibril [as], qui est relié à Allâh ta’ala.
[3] Le Mufti Muhammad ibn Al-Kawthari explique que cela signifie qu’il recueille et rassemble tous types de narrations, qu’elles soient authentiques ou forgées.