Fès 2013
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Voici comme promis le compte rendu de notre beau voyage à la Médina de Fès au Maroc, ville que certains nomment « la Cité des Saints ».
La fondation de Fès est traditionnellement située au début du IXe siècle, sous le règne d’Idriss II, mais certains historiens la font remonter à la fin du VIIIe siècle, sous le règne d’Idriss Ier, père du précédent.
Sa médina est placée sous la protection de l’UNESCO ; elle est inchangée depuis le XIIe siècle. Son rayonnement international passé en fait l’une des capitales de la civilisation arabo-musulmane aux côtés de Damas, Bagdad, Cordoue, Istanbul, Grenade ou encore Alexandrie. Se balader là-bas c’est faire un saut dans le temps (dépaysement garanti). La ville est considérée comme la capitale spirituelle et religieuse du Maroc, abritant en son sein de nombreuses mosquées, madrassas, des mausolée de Saints ayant vécus sur place, ainsi que la célèbre Université Sunnite Al-Quaraouiyine.
Visite de la tombe et zaouïa de siddi Moulay Idriss II [qu’Allâh soit satisfait de lui] :
Siddi Moulay Idriss II avait à la fois atteint de haut degrés dans les Sciences Islamiques et dans la spiritualité. Il était un Saint, un Sharif et un un chef d’Etat. Il est dit qu’il savait lire à quatre ans, écrire à 5 ans et connaissait par cœur le Qour’an à 8 ans. Par ailleurs et malgré son jeune âge, il montrait une sagesse exemplaire. On rapporte qu’à l’âge de 11 ans, il avait déjà parachevé sa formation théologique et littéraire et était promu Imam. Il est considéré comme le fondateur de la ville de Fès et il est dit qu’il fit l’invocation suivante lors de la fondation de la cité :
« Ô Allâh, Tu sais que je n’ai pas construit cette ville par vanité, par désir de renommée ou par orgueil. Mais je voudrais que tu y sois adoré, que Ton Livre y soit Lu et Ta Loi appliquée tant que durera le monde. Ô Allâh, guide vers le bien ceux qui y habitent et aide les à l’accomplir, voile à leurs yeux l’épée de l’anarchie et de la dissidence… ».
Pour ceux qui n’ont jamais été à Fès, il faut comprendre que cette ville est un véritable labyrinthe constitué de plus de 9000 rues et ruelles. Lorsque nous avons décidé d’effectuer cette visite, nous étions loin de nous douter à quel point nous diriger et nous repérer relèverait à ce point du casse-tête.
Plan sous le bras, nous avons marché et cherché la zaouïa pendant un bout de temps jusqu’à comprendre qu’en fait la porte que nous cherchions n’était plus visible puisqu’en travaux (ainsi que le mausolée par la même occasion). Sur conseil d’un habitant, nous avons emprunter une ruelle qui menait vers une petite porte. En gravissant les escaliers situés derrière la porte nous sommes arrivés sur une terrasse en hauteur du haut de laquelle nous pouvions contempler Fès et bien sur (lot de compensation) la zaouia de siddi Moulay Idriss II et son magnifique minaret.
L’Université d’Al-Quaraouiyine :
Elle a été fondée dans les années 245 (Hégire), au milieu du 9ème siècle (après J.C.). C’est la première Université créée dans le monde et encore en activité (certains diront la Zitouna, d’autre Al-Azhar et d’autres encore Harvard). Al-Quaraouiyine a donné naissance non seulement à des érudits religieux, mais à également produit de grands juristes, des spécialistes du hadith, des historiens, des mathématiciens, des astronomes, des médecins, des ascètes, des maîtres de la littérature, de la linguistique et des poètes.
L’apport scientifique et le patrimoine intellectuel de l’Université Al-Quaraouiyine ont contribué à la construction de l’identité Islamique et ont permis l’émergence, au bénéfice de l’humanité, de pionniers ayant œuvré dans les divers champs de la connaissance, dont, bien entendu, les sciences islamiques que sont l’Étude du Qour’an, le Hadîth, le Droit (Malékite principalement) et les fondements de la Religion.
En droit et en jurisprudence, les ouvrages de référence enseignés à Al-Qarawiyyîn étaient la Mudawwanah de Sahnûn, un des tout premiers juristes à avoir introduit le malékisme au Maghreb, la Risâlah d’Ibn Abî Zayd Al-Qayrawânî, juriste malékite originaire de Kairouan, tout comme le précédent, le Tahdhîb d’Al-Barâdi`î, puis plus tard le Mukhtasar de Khalîl.
Le prestige de cette université est en outre dû à la quantité des savants, juristes et penseurs, célèbres dans tout le monde Musulman, qui a marqué son parcours. On peut ainsi citer parmi ces hommes, l’éminent jurisconsulte Abû ‘Imrân Al-Fâsî (d. en 1039), l’homme de lettres Abû `Alî Al-Qâlî, le poète Sâbiq Al-Matmâtî, l’illustre Qadi, le Juge Abû Bakr Ibn Al-`Arabî (d. en 1148), le célèbre grammairien Ibn Âjrûm (d. en 1323) ou plus récemment le grand Hafidh et Muhhadith Sheykh Abdellah Ibn As-siddîq Al-ghumârî.
Des savants européens ont aussi étudié dans cette prestigieuse Université. Parmi eux, l’humaniste flamand Nicolas Clénard (1495-1542), professeur à l’Université de Louvain, le mathématicien hollandais Jacob Golius (1596-1667) ou encore le mathématicien auvergnat Gerbert d’Aurillac (938-1003), qui, après avoir introduit en Europe les chiffres arabes et la numération décimale qu’il a étudiés à Al-Quaraouiyine, deviendra plus tard le Pape Sylvestre II.
Visite de la tombe et zaouïa de siddi Sheykh Ahmad Tijaniyy [qu’Allâh soit satisfait de lui] :
Elle est située dans sa magnifique Mosquée/Zaouia à quelques mètres seulement d’Al-Quaraouiyine. C’est dans ce lieu rayonnant et lors de cette visite (Ziarat) que la parole du Messager d’Allâh (salallâhou ‘alayhi wassalam) sur la niyah s’est imposée à moi : « Quiconque quitte son pays en vue de Allâh et de son Prophète parviendra jusqu’à eux. Qui le quitte en visant un avantage de ce bas monde, l’obtiendra. Qui le quitte désirant une femme, l’épousera. Son exil atteindra le but qu’il s’est proposé en émigrant. »
Sayyiduna Sheykh Ahmed Tijani (Rahimuhullâh) était un grand sage et un ami d’Allâh subhanahu wa ta’alaa et fondateur de la Tareeqah Tijaniya. Il est né en 1150/1737 à Madh Ain en Algérie. Il était un descendant du Prophète Muhammad (sallallahu alayhi wasallam) par le premier fils de Sayyida Fatima Zahra (radhiallahu ‘anha) Sayyiduna Imam Hassan (radhiallahu ‘anhu) et plus tard par Moulay Idris al-Akbar, le célèbre fondateur du Maroc.
Il a étudié à l’Université Qarawiwiyin de Fès et est devenu un Savant Musulman de renom ainsi qu’un Pieux. Il propagea les enseignements authentiques du Qour’an et de la Sunnah à travers sa Tareeqah et aida les gens a atteindre la proximité avec Allâh azzawajal.
Sa Tareeqah compte maintenant des millions d’adeptes dans le monde et en particulier sur le continent africain.
La Medersa Attarine :
Celle-ci doit son nom au quartier où elle se situe : quartier Attarine (les épiciers). Elle a été édifiée sous le règne du sultan Mérinide Abou Saïd Othman entre 1323 et 1325. Sa fonction principale était d’héberger les étudiants de l’Université d’al-Qarawiyine. La Medersa Attarine est un symbole de l’art architectural Mérinide. Elle l’a même portée à son summum. Pour s’en convaincre, il suffit de promener son regard le long des murs et des plafonds. Le raffinement était sans conteste le maître mot des artisans qui l’ont bâtie. Décorations, matériaux nobles (Zellige, bois de cèdre, marbre de Carrare…), calligraphie… rien n’a été laissé au hasard. Une vraie merveille pour les étudiants.
Visite de la tombe de Siddi ‘Abd al-‘Aziz ibnu Mas’ud ad-Dabbagh [qu’Allâh soit satisfait de lui] :
Juste après notre visite auprès de la tombe de Saydunna Sheykh Ahmad Tijaniyy (radhia Allâhou ‘anhou) et alors que je faisais mon wudhu dans la cour de sa Zaouïa, je suis tombé nez à nez avec Mawlana Kemal qui était accompagné d’un de ses amis prénommé Ilyas, venu d’Angleterre et qui se trouvait alors aussi dans la Zaouïa.
Nous avons discuté un cours instant et ils m’ont ensuite invité à les suivre pour rencontrer leur Sheykh, ce que j’ai accepté avec grand plaisir et honneur. Nous sommes tous partis en taxi et c’est ainsi que nous avons pris la destination d’un des cimetières situés à l’extérieur de Bal el-Futuh.
Ces cimetières sont connus pour abriter les tombes et sanctuaires d’un très grand nombre de Saints. Au point que l’on a pu appeler ce lieu : « La couche des illustres » (Matrah al-Ajilla) ou encore « La couche du Paradis » (Matrah al-Janna). Nous y trouvons de ce fait plusieurs Saints réputés pour avoir atteint le degré de Qutb (Pôle).
Après avoir marché plusieurs minutes sous le soleil, entre les tombes, les oliviers, les troupeaux de vaches et les chardons, nous sommes arrivés à destination. Sur place, se trouvait une vingtaine de frères Anglais, d’origines Pakistanaises pour la plupart (avec de belles et longues barbes). D’autres étaient de Fès et d’autres du Danmark.
C’est ainsi que par la grâce d’Allâh nous nous sommes retrouvés être les invités du grand Sheykh et Maître Soufi Ahmed ad-Dabbagh (hafidahou Allâh), qui se trouvait avec ses élèves au pied de la tombe de son ancêtre, le célèbre Pôle Abou Faris Siddi ‘Abd al-‘Aziz ibnu Mas’ud ad-Dabbagh (radhia Allâhou ‘anhou), un Sharif de descendance Hasani et Idrisi dont l’ancêtre serait ‘Isa ibn Idris (le fondateur de Fès).
Aussi incroyable que cela puisse paraitre, nous avions prévu cette visite, mais Allâh a voulu que les choses se fassent de cette manière, Gloire à Lui.
Laissez moi vous présenter ce grand Awliya enterré ici, Siddi ‘Abd al-‘Aziz ibnu Mas’ud ad-Dabbagh (radhia Allâhou ‘anhou) :
Siddi ‘Abd al-‘Aziz ibnu Mas’ud ad-Dabbagh était illettré, mais était capable d’interpréter des Hadiths et des Versets du Qour’an d’une incroyable difficulté et les Savants de son époque ont reconnu sa Science (dixit Sheykh Hamza Yusuf). Son enseignement fut cependant recueilli par l’un de ses disciples les plus proches, Siddi Ahmed ibn Mubarak qui était aussi un grand théologien. On considère que Siddi ‘Abd al-‘Aziz est parvenu au degré de Ghawt (secours), ce qui est un degré supérieur à celui de Qutb. Selon une autre terminologie, le Ghawt est appelé Qutb al-A’zam (le Qutb Suprême).
Siddi ‘Abd al-‘Aziz est né en 1095/1683 et semblait, avant sa naissance même destiné à atteindre les plus hauts sommets de la Sainteté. Un oncle de la mère de notre personnage, Siddi al-‘Arbi al-Fishtali, lui-même un Saint, eut une vision du Prophète (salallâhou ‘alayhi wassalaam) qui lui annonça qu’il allait « naître un grand Wali (Saint) chez le fils de sa sœur ». Celle-ci n’étant pas encore mariée, il demanda qui devait être son père et il lui répondit que son nom était Mas’ud ad-Dabbagh. L’oncle, désespérant d’assister à la venue de cet enfant élu avant sa mort, annonça cependant à sa nièce qu’elle aurait un fils et qu’elle devrait l’appeler du nom de Siddi ‘Abd al-‘Aziz. Il lui confia aussi des chaussures et une shashia (coiffe en laine) qu’elle devait lui remettre.
Ces objets que Siddi ‘Abd al-‘Aziz revêtit dès son jeune âge, furent pour lui les premiers véhicules d’une initiation spirituelle. À travers l’itinéraire spirituel de Siddi ‘Abd al-‘Aziz il nous sera d’ailleurs plus facile de nous rendre compte de ce qu’implique ce terme d’ « initiation » dans la voie du Soufisme.
Avant même qu’il ne parvienne à l’état d’ « ouverture » (Fath) et de connaissance suprême, Siddi ‘Abd al-‘Aziz rapporte de lui-même des prodiges (Karamat) et des dévoilements spirituels (Kushufat) dont il aurait fait l’expérience sitôt après avoir revêtu la coiffe et les chaussures que lui avait légués son oncle (avec une sensation de chaleur extraordinaire dans tout le corps, jusqu’à ce que ses yeux se mettent à pleurer abondamment).
Durant son enfance et son adolescence, il se mit à chercher des personnes connues ou simplement soupçonnées pour leur appartenance à la wâlaya… il ne ménagea pas ses efforts pour atteindre ce but. Chaque fois qu’il rencontrait un maître, il ne le quittait jamais avant d’être convaincu qu’il n’était pas un véritable wali. Sa recherche a ainsi duré, de l’âge de 9 ans jusqu’à l’âge de 21ans. À un certain moment, il avait pour habitude d’aller tous les vendredis soir dans la sépulture du wali Ali Ben Hirzum et lisait la prière avec toutes les personnes présentes et ce, jusqu’à l’aube. Un vendredi après avoir terminé la prière comme à l’accoutumée, il sortit aux premières lueurs du jour et vit un homme assis par terre. Il s’approcha de lui et cet homme commença à lui parler de certaines choses concernant Siddi ‘Abd al-‘Aziz, qui lui étaient très personnelles et que seul Siddi ‘Abd al-‘Aziz pouvait connaître ; là, il eut l’impression d’être en face d’un vrai wali, un connaisseur de Allâh ! Il lui demanda avec insistance de lui enseigner l’essence de la parole (kalam), ou théologie dogmatique, et le dhikr ; ce qu’il refusa de faire ; mais devant l’entêtement du jeune homme et sa détermination, il accepta finalement de lui donner son enseignement secret, à condition de promettre de ne jamais s’arrêter, ce qu’il lui promit aussitôt. Alors, il lui dit qu’il devait répéter ce dhikr tous les jours sept mille fois : « mon Dieu, par le Prophète Muhammad, fais que je puisse rencontrer notre seigneur Muhammad durant cette vie, et avant ma mort ! » . Quand il repartit, un des croyants présents, Omar ibn Hawari, qui était aussi un maître, le rejoignit et lui dit : « sais-tu qui est l’homme qui t’a enseigné le dhikr ? »
– C’est notre maître El-Khidr, la paix soit sur lui !
Au début ce dhikr lui pesa beaucoup, la première journée il ne le terminait que la nuit venue. De jour en jour il s’allégea et il le terminait au coucher du soleil ; puis il s’allégea encore, et il le finit au petit matin. il est resté avec son maître Omar et il l’accompagnait partout où il allait, il l’aimait et lui aussi l’aimait. Il a suivi son enseignement et il lui a révélé juste avant sa mort, que son maître était le wali Arabi al-Fishtali . C’est grâce au maître Omar qu’il a pu apprendre presque tout l’enseignement et les secrets du wali Fishtali.
C’est en 1125/1713 de l’Hégire que Siddi ‘Abd al-‘Aziz rapporte avoir connu l’ « ouverture suprême ».
Trois jours après la mort du maître Omar, il a reçu l’illumination (al-fath) et Allâh lui a fait connaître les réalités de son âme. Cela s’est passé le jeudi 8 de Rajb, en 1125 de l’hégire ; sa femme l’avait envoyé chercher de l’huile chez Ali Ben Hirzum pour frire le poisson ; en route, il eu soudain la chair de poule, accompagnée d’un grand frisson et sa peau fourmillait de partout. Cet état allait en s’accentuant, jusqu’à son arrivée au cimetière. Ses symptômes augmentaient d’une façon impressionnante ; sa poitrine tremblait tellement fort que sa clavicule tapait sur sa barbe. Il pensa que sa fin était arrivée. Ensuite, il est sorti de son corps une vapeur ressemblant à celle du bouillon de couscous . Son être commençait à s’allonger pour devenir de plus en plus grand. Alors, les choses se découvraient à lui, et apparaissaient comme s’ils les tenaient dans ses mains. Alors, il vit toutes les villes, tous les villages et tous les quartiers, et tout ce qui est sur la terre. Il vit également toutes les mers et les terres avec tout ce qu’ils peuvent contenir d’hommes et d’animaux. Il vit le ciel comme s’il était au dessus, et il voyait ce qu’il contenait, et alors il perçut une forte lumière ressemblant à un éclair, mais qui arrivait de toutes les directions : au-dessus et en dessous de lui, à sa droite ainsi qu’à sa gauche, devant et derrière lui. Un grand froid l’envahit, il cru être mort. Il se protégea de cette lumière en mettant ses mains sur son visage ; et là, tout son corps, ainsi que tous ses membres sont devenus » œil » : ses yeux , sa tête, ses pieds, tous ses membres avaient la faculté de voir. Il regarda ses habits et vit qu’ils ne pouvaient cacher son corps et empêcher cette vision ; le fait de mettre ses mains sur ses yeux n’affectait pas non plus cette faculté. Une heure après, tout redevint normal.
Il était dans un état de grande faiblesse, incapable de continuer à marcher pour finir sa course ; il se mit à pleurer rebroussa chemin sans achever son parcours ; Dans les premiers temps, ce phénomène extraordinaire recommença et cessa toutes les heures, et à force, il fit partie de lui. Plus tard, il ne s’arrêta qu’une heure le jour et une heure la nuit ; il arriva un moment où il devint continu. Après sa nuit de fath, il alla visiter le wali Idriss ; il vit chez lui un faqih (juriste), le hadj Ahmed Jurnadi qui est l’imam d’Idriss, qui est aussi un arif (savant , gnostique) ; il lui raconta tout ce qui lui était arrivé. Siddi Ahmed Jurnadi lui demanda de répéter cela encore une fois, et quand il eut fini, il le regarda en pleurant et lui dit : cela fait 400 années qu’on a pas vu un tel phénomène ! Il lui donna beaucoup d’argent, et lui fit promettre de venir le voir lorsqu’il serait dans le besoin ; et s’il lui arrivait malheur, il faudrait qu’il aille voir un certain Abd Allâh al-Tawdi. Après la mort de Ahmed Jurnadi, il fit ce qu’il lui avait dit, et partit à la rencontre d’Abd Allâh, qui était un Saint, et qui par sa qualité de wali devina le jour de son arrivée, ainsi que le but de sa visite. Il resta avec lui, le guidant et le conseillant, afin d’éliminer la peur qu’il avait en lui. Au troisième jour de ‘id, il vit saydunna Muhammad (salallâhou ‘alayhi wassalam), et son maître lui dit : « avant ce jour, j’avais peur qu’il ne t’arrive quelque chose, maintenant que Allâh t’a fait rencontrer le Prophète, mon cœur est en paix et mon esprit est serein, je peux rentrer chez moi. » C’est là qu’il réalisa, que tant qu’il n’avait pas rencontré le Prophète après son fath, les ténèbres pouvaient interrompre ce phénomène ; c’est pour cela qu’il (le maître) était resté auprès de lui, pour le protéger. À ce moment, il réalisa le chemin parcouru, les efforts dépensés pour respecter les règles établies pour toutes les situations, l’une menant à la suivante, jusqu’à aboutir à la servitude absolue.
Dans une autre partie du Kitâb al-ibrîz, la description du fath (ce mot ici traduit par illumination peut également vouloir dire ouverture, dans le sens ouvrir violemment ou transpercer) devient plus précise et obéit à un ordre chronologique. Il dit en effet : « Sachez que si Allâh veut donner à un serviteur l’une des lumières de la vérité (haqq), elle pénètre son essence (dhat) de tous les côtés en transperçant la peau jusqu’aux os. La souffrance qui s’en suit est semblable à l’ivresse de la mort. Cette formidable lumière a pour but de révéler tous les secrets concernant les créatures et les objets. Ainsi, s’il veut lui montrer les créatures humaines, la lumière lui révèlera les secrets de leur création. Il en sera de même pour les animaux et les végétaux. Et avant chaque vision, il souffrira physique ment de la même manière. La rencontre avec le Prophète se fera quand l’élu aura la vision de son essence noble (dhat alcharifa), pour cela il faudra plus de cent mille rayons de lumière pour faire disparaitre toutes les qualités obscures. Par exemple pour obtenir la patience (sabr), la lumière transperçante fera disparaitre l’angoisse et l’anxiété. Pour obtenir la clémence, il éliminera la sévérité , et ainsi de suite, jusqu’à disparition de toutes les mauvaises qualités. De cette façon, l’élu verra son soi noble, car il aura traversé un nombre très important de stations (maquamat). C’est à ce moment qu’il est prêt à rencontrer notre seigneur al-Rasûl Muhammad. »
Siddi ‘Abd al-‘Aziz est l’héritier de dix maître du Soufisme dont la plupart étaient considérés comme ayant le degré de Qutb. On peut citer :
– Siddi ‘Umar ibn Muhammad al-Hawari
– Siddi ‘Abd Allâh al-Barnawi
– Siddi Yahiya Sahib al-Jarid (Qutb)
– Siddi Mansour ibn Ahmad (du Jbal Lahbib ; Qutb)
– Siddi Muhammad as-Sarraj (Qutb)
– Siddi ‘Ali ibn ‘Isa al-Maghribi (Qutb)
– Siddi Ahmad ibn ‘Abd Allâh al-Misri (Ghawt)
Ce dernier était le Ghawt, donc le chef suprême de la hiérarchie initiatique de son époque.
Siddi ‘Abd al-‘Aziz ibnu Mas’ud ad-Dabbagh est décédé le 1131/1718. (réf : Kitâb al-Ibrîz – Siddi ‘Abd al-‘Aziz ad-Dabbagh, Saints & Sanctuaires de Fès – Faouzi Skali).
Qu’Allâh soit satisfait de lui, qu’Il déverse Sa Miséricorde sur sa tombe et l’éclaire, qu’Il lui accorde Ses meilleures rétributions, qu’Il l’honore le Jour du Jugement Dernier et qu’Il nous fasse profiter des bénéfices de son enseignement.
Je souhaite rendre grâce à Allâh pour les bienfaits dont Il nous a comblés en ce jour important.
La bibliothèque de l’Université Al-Quaraouiyine de Fès :
Normalement fermée au public, nous avons grâce à Allâh eu le privilège de visiter la bibliothèque de l’Université al-Quaraouiyine de Fès. Vous ne trouverez d’ailleurs quasiment aucune photo de l’intérieur du bâtiment.
La bibliothèque d’Al-Quaraouiyine est l’une des plus grandes bibliothèques du Maroc. Elle fut fondée en 1349 par le Sultan mérinide Abû `Anân Al-Marînî qui en fit construire les locaux dans la partie orientale de la cour intérieure de la Mosquée. Elle fut dotée d’un grand nombre d’ouvrages traitant des différents champs de la connaissance. À la fin du XVIe siècle, le Sultan sa`dite Ahmad Al-Mansûr As-Sa`dî déplaça la bibliothèque vers les bâtiments qu’elle occupe aujourd’hui. Comme beaucoup d’autres institutions similaires, l’Université Al-Quaraouiyine doit son prestige et son influence séculaires en grande partie à cette bibliothèque riche d’ouvrages et de manuscrits, qu’on venait consulter des contrées les plus lointaines.
Parmi les manuscrits les plus rares et les plus célèbres que contient la bibliothèque d’Al-Qarawiyyîn, figurent des extraits du Muwatta’ de l’Imâm Mâlik, rédigé pour le Sultan almoravide Yûsuf Ibn Tâshfîn sur un parchemin en peau de gazelle. On y trouve également un manuscrit de la Sîrah d’Ibn Ishâq, datant de la fin du IXe siècle. C’est le manuscrit le plus ancien de la bibliothèque. On peut également y découvrir le manuscrit original des `Ibar d’Ibn Khaldûn, que ce dernier avait écrit pour le compte du Sultan Abû Fâris Al-Marînî, et qui fut gracieusement offert à la bibliothèque d’Al-Quaraouiyine en 1396.
Récemment rénovée, elle couvre une superficie de 1.022 m2. Le bâtiment est édifié en 4 étages et offre une multitude d’espaces. La bibliothèque compte plus de 21.250 ouvrages et 6.000 manuscrits. Cette bibliothèque a été fondée en 750 de l’Hégire (1350 après J.C.) par le Sultan Abou Inane Al-Marini. La salle de lecture (je posterais plus tard les photos insha Allâh) a été instaurée par le Roi Mohammed V. Dotée de livres rares offerts par les sultans, princes et érudits de l’époque, l’endroit attire depuis toujours de nombreux chercheurs et étudiants.
Voilà, chers frères, chères sœurs ou simples visiteurs, j’espère que cette visite de Fès en notre compagnie vous aura plu et que cela vous donnera envie d’y aller et de profiter des nombreuses effluves spirituelles et de la Baraka qui émanent de Fès
Gloire et Louanges à Allâh pour ce magnifique voyage qu’il nous a permis de réaliser et de partager avec vous.