Par le Mufti Muhammad ibn Adam al-Kawthari [1]
De manière générale, les anniversaires ne sont pas quelque chose qui devrait être célébré ou pour lequel nous devrions nous réjouir. Quand c’est l’anniversaire de quelqu’un, ca signifie qu’il reste à cette personne un an de moins à vivre, et non le contraire. Comme tel, quelle logique y a-t-il à célébrer et à montrer son bonheur alors qu’il reste à cette personne une année de moins à vivre?
Avant de pouvoir comprendre l’avis Juridique concernant les fêtes d’anniversaire, il est utile de rappeler ici que l’imitation des non-musulmans (Kuffar) est quelque chose que l’Islam réprouve strictement.
Dans un Hadith rapporté entre autres par l’imam Abu Daoud, le Messager d’Allâh (salallâhou ‘alayhi wasasalaam) dit :
« Celui qui imite un peuple en fait partie ». [2]
Il convient de rappeler ici que tout ce que les non-Musulmans portent ou font n’est pas forcément Haram ni illégal. L’imitation qui est interdite, est celle qui entre dans le cadre de l’un des deux points suivants :
- a) Quand une personne fait quelque chose avec l’intention d’imiter les non-Musulmans, ce qui signifie qu’elle le fait parce qu’elle veut ressembler à l’un ou à l’ensemble d’entre eux.
- b) Quand une personne fait quelque chose qui est propre et spécifique aux non-croyants ou qui fait partie de leur foi. Ce sera également considéré comme de l’imitation, donc illicite (Haram). [3]
À la lumière de ce qui précède, il existe différents statuts en ce qui concerne le statut Juridique (Shari’a) de la célébration des anniversaires :
1) S’il est célébré en imitant certaines ou toutes les coutumes propres aux non-Musulmans, ou que des actes interdits dans la Shari’ah y sont commis, il n’y a alors aucun doute quant à son illicéité. L’allumage des bougies sur un gâteau servant à dénombrer le nombre d’années écoulées, le fait de souffler dessus, l’écoute de la musique, les chants, les dépenses exagérées et immodérées, se donner en spectacle, etc – toutes ces choses sont des pratiques illégales et interdites. Ainsi, si on fête les anniversaires en adoptant les coutumes citées ci-dessus, alors cela ne sera pas permis.
2) Si les actes blâmables mentionnés ci-dessus sont évités, alors il y a deux possibilités :
- a) Si l’on fête les anniversaires avec l’intention d’imiter les non-Musulmans ce qui signifie qu’on veut être comme eux, alors, comme indiqué précédemment, cela sera considéré comme une imitation des Kuffar, donc illicite.
- b) S’il n’y a pas d’intention d’imiter les non-Musulmans (et que les mauvaises manières mentionnées ci-dessus sont également évitées), alors l’avis concernant la célébration des anniversaires dépendra du fait que cette fête trouve ou non son origine dans les coutumes religieuses des non-Musulmans et fait partie de leur foi. (La célébration d’anniversaire ne peut pas être considéré comme propre aux Kuffar, car cette pratique est devenue un phénomène généralisé qui est effectuée dans de nombreuses et différentes régions du monde). Personnellement, j’ignore si la célébration des anniversaires à un lien avec la foi Chrétienne ou une autre croyance, pour cette raison je suis incapable de donner un jugement décisif.
Toutefois, j’ai mentionné sur quel critère l’avis devra être basé. Si les origines de fêtes d’anniversaire sont liées à une croyance particulière, alors leur illicéité ne fait aucun doute. Si, toutefois, il n’a aucun lien avec la foi des non-Musulmans, alors (et Allâh est plus Savant), il semble qu’il serait permis de les célébrer (à condition que les mauvaises manières ci-dessus soient évitées).
3) Si l’on remercie Allâh et qu’on montre de la gratitude pour avoir bénéficié d’une année de vie supplémentaire, qu’on exprime ainsi le bonheur et la joie, alors il n’y en cela rien de mal. [4]
Et Allâh est plus Savant.
Muhammad ibn Adam al-Kawthari
Darul Iftaa, Leicester, Royaume-Uni
Notes du traducteur :
[1] La biographie du Sheykh est disponible ici : Biographie de Mufti Muhammad ibn Adam al-Kawthari
[2] Sunan Abu Dawud
[3] Voir la fatwa du Sheykh Mufti Taqi Usmani
[4] Voir : al-Fatawa al-Rahimiyya (Urdu), (6 / 320)