Ad-Dhahabi estime que ses avis juridiques, sur divers sujets, s’élèvent à trois cents volumes, voire plus. Il a été emprisonné pendant une grande partie de sa vie au Caire, à Alexandrie et à Damas pour ses écrits, les savants de son époque l’accusant d’avoir pour croyance le fait qu’Allâh soit une entité corporelle, ceci à cause de ce qu’il mentionne dans al-Aqida al-Hamawiyya, al-Wasitiyya et d’autres ouvrages, dans lesquels il décrit la « Main », le « Pied », le « Tibia » et la « Face » d’Allâh comme des attributs littéraux (Haqiqi), et dit qu’Il (Allâh) est sur le Trône en personne.
Cela est erroné car insinuer que ces attributs puissent être prit au sens littéral est une innovation et une inférence injustifiable à partir des textes Coraniques et des hadiths qui les mentionnent. La voie des premiers musulmans (Salafs) était la simple acceptation de ces expressions, avec foi, sans évoquer leur signification, et sans additions, soustractions, ou significations subsidiaires imaginées comme étant synonymes, tout en reconnaissant la transcendance absolue d’Allâh au-dessus des caractéristiques des choses créées (Tafwid), en conformité avec le verset Coranique : » Il n’y a rien qui Lui ressemble « [3]
Quant aux interprétations figurées qui permettent de préserver la transcendance divine (Ta’awil), les savants spécialistes de la doctrine y ont seulement eu recours à une époque où les gens de l’innovation blâmable (Ahl ul-bid’a), citant des hadiths et des versets Coraniques, ont semé la confusion dans l’esprit des Musulmans du commun quant à savoir si Allâh possède des attributs similaires à ceux de Sa création ou s’Il est transcendant au-dessus de toute image concevable à l’esprit des hommes.
La fermeté des savants à condamner ceux qui ont soulevé de telles confusions a traditionnellement été très catégorique, et c’est sans doute la raison pour laquelle un certain nombre d’Imams de l’école Shafé’ite, parmi lesquels Taqi ad-Din Subki, Ibn Hajar Haytami et al-Izz Ibn Jama’a, ont donné des avis juridiques formels (fatwas) stipulant qu’Ibn Taymiya était égaré et égarait en matière de dogme, et ils ont mis en garde les gens contre l’acceptation de ses théories.
Le savant Hanafite Muhammad Zahid al-Kawthari a écrit : « Quiconque pense que tous les savants de son époque ont participé à un simple complot contre lui à cause de jalousies personnelles, devrait plutôt mettre en doute sa propre intelligence et sa compréhension après avoir étudié [ndt : constaté] la répugnance de ses écarts dans la croyance et dans ses ouvrages, pour lesquels il a d’ailleurs été invité à se repentir à plusieurs reprises et déplacé de prison en prison jusqu’à sa mort à cause de ses positions ».
Bien que quelques-uns nient qu’Ibnou Taymiyya était un auteur abondant, éloquent et un savant du hadith, sa carrière, comme celle d’autres, démontre qu’un homme peut être remarquable dans un domaine et souffrir de carences radicales dans un autre, l’indicateur le plus fiable étant la façon dont les Imams spécialistes en la matière jugent son travail.
Par cet aspect, en effet, selon les normes de tous les précédents savants d’Ahl al-Sunna, il est clair qu’en dépit de l’héritage volumineux et influent laissé par Ibnou Taymiyya, ce dernier ne peut pas être considéré comme une autorité en matière de croyance (‘Aqida), un domaine dans lequel il a commit de profondes erreurs incompatibles avec la doctrine de l’Islam, tout comme pour un certain nombre de ses avis juridiques qui ont violé le consensus des Savants des Musulmans Sunnites (‘ijma).
Il convient de rappeler que ces questions [ndt : dogmatiques] n’appartiennent pas au domaine du raisonnement personnel (ijtihad), qu’importe le fait qu’Ibnou Taymiyya ait agit ainsi par conviction sincère, ou simplement, comme l’Imam Subki l’a dit, du fait que, « son érudition ait dépassé son intelligence ».
Il mourut à Damas en 728/1328.
Notes :
[1] Shihabuddin Abu al-‘Abbas Ahmad ibn an-Naqib al-Misri (1302 – 1367) était un savant Shafé’ite, qui excella dans le domaine de la Jurisprudence (Fiqh).
[2] Tiré de ‘Umdat AS-Salik par l’Imam Ahmad ibn Naqib al-Misri
[3] Qour’an S42 V11
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